Chapitre 10 - Perspectives
~ "I like this place and could willingly waste my time in it." As You Like It ~
Kaya exécuta d'un pas pressé le trajet de retour depuis la fac, le sang fouetté par l'entrain et la bonne humeur. Les trois heures de cours théoriques dont elle avait bénéficié ce jour-là l'avaient plus ragaillardi qu'elle ne l'avait espéré. Alors que les stations de métro défilaient, l'esprit de l'étudiante foisonnait d'inspiration. Elle était parvenue à ne pas accumuler trop de retard dans ses révisions et travaux à rendre lors de son séjour à l'hôpital, et ses projets de spécialisation professionnelle, qu'elle devrait soumettre au jury afin de valider son diplôme, avançaient bien. Son book se remplissait, son site WEB tournait, seule l'exposition qu'elle avait à monter demeurait en rade. Retourner à la fac lui avait néanmoins insufflé le regain d'énergie nécessaire pour s'y consacrer.
Elle monta en hâte les marches de son nouvel immeuble et fit irruption dans le studio de vingt-huit mètres carrés prêté par Kuze. Il en possédait au moins deux autres dans le quartier. Kaya arracha les lacets de ses chaussures en toile sur le carrelage anthracite du minuscule genkan. Debout dans le prolongement de celui-ci, affairé devant la kitchenette, Tõya haussa un sourcil face à son empressement. Elle se glissa entre son dos et la porte de la salle-de-bain pour se jeter dans le séjour. Doté d'un placard intégré et d'une fenêtre donnant sur un balcon, l'espace leur tenait lieu de salle-à-manger d'un côté et de chambre de l'autre.
Si excitée qu'elle s'en serait presque frotté les mains, la jeune femme se débarrassa de son blouson, s'installa à table et ouvrit son ordinateur après avoir chaussé ses lunettes. Les yeux sur l'écran qui s'allumait, elle perçut tout de même à la lisière champ de vision les coups d'œil de Tõya. Il posa sur l'égouttoir l'assiette qu'il venait de nettoyer, puis s'empara d'une tasse à café dans l'évier. Après quelques tentatives de capter son attention par des regards appuyés, il abandonna et s'adonna au reste de la vaisselle avec un reniflement aigri.
Kaya était déjà trop concentrée sur sa boîte mail. Sa série, Rush, réalisée lors des Roaring Runs, avait suscité un engouement inattendu de la part de professionnels de l'événementiel et du domaine nocturne. En l'espace de quelques jours, elle avait reçu une poignée de demandes de renseignements pour la réalisation de reportages. Les commissures des lèvres tirées par l'euphorie, elle étudia le détail des informations que lui envoyaient ses potentiels clients, puis s'attela à répondre à leurs questions et à leur envoyer les plaquettes de ses prestations.
Tõya dut s'y reprendre à trois fois pour parvenir à l'appeler.
— Mh ? marmonna-t-elle d'un ton distrait, levant le menton sans décrocher les prunelles de son écran.
— Thé agrumes ou fruit rouge ? demanda-t-il, sa voix traînante ponctuée d'un accent excédé.
— Agrume, merci.
Le vilain referma le frigo et tira la seconde chaise, sur laquelle il se laissa tomber, cannettes en mains. Il fit glisser la première vers elle, et décapsula la seconde. Ses doigts s'activant à toute allure sur son clavier, Kaya se trémoussait d'enthousiasme à l'idée de réaliser des reportages dignes de ce nom. Des reportages dans la ligne de son identité professionnelle, qui se construisait comme une évidence. Le silence uniquement comblé par le cliquetis des touches se prolongea jusqu'à ce que Tõya arrive à bout de patience.
Il décala tout à coup sa chaise de sorte à se retrouver collé à la sienne, et étendit le bras sur son dossier. Sa stature nerveuse et brûlante se pressa derrière elle. Il planta le menton dans son trapèze pour regarder l'écran par-dessus son épaule.
— Bon, qu'est-ce qui te réjouit comme ça ? Partage un peu.
Déjà, il plongeait le nez contre sa peau et faisait courir ses lèvres contre son échine. Son souffle cuisant s'écrasa contre le duvet de sa nuque. Kaya se décida finalement à lâcher son clavier avec un rire affectueux. Elle glissa une main à travers ses épis indisciplinés, et lui gratta le cuir chevelu.
— Tu sais les photos que j'ai prise aux Roaring Runs ? J'ai partagé le reportage sur mon site, et ça m'a attiré des clients !
En quelques clics, elle ouvrit sa page professionnelle. Tõya releva la tête, mais enroula les bras autour d'elle afin de la tenir plus étroitement contre lui.
— Du coup, je suis en train de réfléchir à mon exposition pour mon jury de fin d'étude, reprit-t-elle. Je crois que je tiens mon thème. J'ai vraiment envie de couvrir des événements moins conventionnels, plus subversifs. De montrer un autre angle de vue. Plus sombre. Plus sauvage.
Le vilain étira un rictus perfide contre son lobe d'oreille.
— Ça c'est ce que je veux voir, approuva-t-il.
— Évidemment, rétorqua Kaya avec un rire nasal, nullement surprise.
Il se détacha d'elle et inclina le buste afin de l'observer par en-dessous. Sa main remonta sur la colonne de l'étudiante, jusqu'à lui presser la nuque. Elle se pencha en avant, attirée par son regard scélérat, jusqu'à mouler ses lèvres ouvertes aux siennes. Ils échangèrent leurs souffles, leurs langues se rencontrant paresseusement. Le pouce de Tõya caressa la base de son crâne.
— On dirait que ça te réussi d'embrasser tes penchants pour la vie de dissidente.
Elle se recula en roulant des yeux.
— C'est surtout ma vocation que j'embrasse. Vivre de mes photos inédites c'est mon rêve de gosse.
Le vilain acquiesça, l'expression soudain lointaine, grimée d'amertume. Interpellée, Kaya glissa la main sous le col de son tee-shirt pour lui massaer l'échine et s'enquit :
— C'était quoi ton rêve de gosse ?
Il esquissa un sourire cynique.
— Devenir un héros. Surpasser le Numéro 1.
— Tu plaisantes ?
— Nan. Mais c'était pas un rêve de gosse. Juste ma raison d'exister.
Les doigts de Kaya s'immobilisèrent sur sa nuque.
— Comment ça ?
Le sourire de Tõya s'accrut, aliéné de ressentiment. Il ouvrit les mains en un geste démonstratif.
— Littéralement parlant. J'ai été conçu pour ça.
"J'ai tellement essayé d'exister que j'ai brûlé à mort", lui avait-il dit le soir d'Halloween. Elle parcourut ses cicatrices, les lignes d'agrafes qui maintenaient les greffes en place. Comment était-il passé de fils du Numéro 2 à l'adolescent miséreux terré dans un abri de carton ? De futur héros prodigue à vilain consumé corps et âme ?
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il eut un haussement d'épaule indolent. Son faciès retrouve son flegme.
— J'étais juste le prototype. Ils ont fini par pondre le dernier modèle.
La façon, bien trop détachée, avec laquelle il prononça ces mots le trahissait. La peine noua le ventre de Kaya, mais il coupa court à la discussion en se redressant pour prendre une gorgée de son mugicha en cannette. Après l'avoir regardé déglutir, elle s'apprêtait à revenir à son clavier quand son smartphone, posé près d'elle, se mit à sonner. Devant le numéro de Setsuha, elle se leva aussitôt.
— Tu tombes bien, je voulais t'appeler ! salua-t-elle son interlocutrice.
Elle se glissa sur le balcon exigüe, que le caisson du climatiseur mangeait à moitié, et referma la vitre derrière elle. L'atmosphère crépusculaire, froide et humide, la fit fermer son bras libre sur elle-même.
— Désolée de pas t'avoir contacté plus tôt, s'excusa l'ailée. J'ai appris par Taru que tu étais plus à l'hôpital... ça va ?
— Beaucoup mieux, avoua-t-elle. Quand est-ce qu'on peut se voir ? Je préfère te parler de tout ça en face.
— Si tu veux. On peut aller prendre un café après les cours. Mais il faut que je te demande quelque chose.
Notant que la voix de Setsuha était dépourvue de son habituel sérénité, Kaya se fit attentive.
— Oui ? Tout va bien ?
— Pas vraiment. Kaya, s'il te plaît, répond-moi franchement : est-ce que tu connais la véritable identité de Mr Compress ?
— Hum... non, pas du tout. Même Kuze la connaît pas. Mais je pense que Dabi doit le savoir.
— Je pense aussi. C'est pour ça qu'il fallait que je vérifie.
— Vérifie quoi ?
— C'est Atsuhiro.
Interdite, Kaya mit un moment à comprendre.
— Quoi ?
— Atsuhiro est Mr Compress.
Il fallut que son amie le répète pour que la réalité la frappe de plein fouet. En un éclair, elle revit le braquage à la Tokyo Opera City, durant lequel Mr Compress avait eu particulièrement l'œil sur Setsuha, mais avait opté pour Kaya comme otage. Puis cette soirée au Baratin, où Dabit s'était fait un plaisir de tourmenter Sako... glissant une nuée d'insinuations à propos de son acolyte.
— Oh, le con, lâcha-t-elle. Comment tu l'as su ?
— Mon frère a fait le rapprochement. Atsuhiro ne sait pas encore que je suis au courant. Ne dis rien à Dabi, s'il-te-plaît.
— Non, évidemment. Mais qu'est-ce que tu vas faire ?
— Ma situation est pas vraiment comme la tienne. J'ai plus aucune certitude le concernant, alors...
Setsuha laissa sa phrase en suspens et Kaya hocha la tête, quand bien même elle ne pouvait pas la voir. Elle avait pu s'engager avec Dabi en toute connaissance de cause, bien au fait de ses crimes et de sa position. L'ailée n'avait eu droit qu'à un masque de gentleman cachant le masque du vilain.
— J'suis désolée, Setsu. Si je peux faire quoique ce soit...
— Merci. Pour être honnête je suis rassurée que tu m'aies pas menti aussi. J'aurais compris, par rapport à ta relation avec Dabi, mais ça aurait été dur à encaisser.
— Je t'aurais jamais fait ça ! Je te jure que si j'avais su... tu veux vraiment pas que je cuisine Dabi sur Sako ? Je peux, hein.
— Non. C'est gentil, mais non. Si j'apprends quoique ce soit de plus je veux que ce soit de la part de Atsuhiro, pas de quelqu'un d'autre.
__ __ __
Kaya s'était à peine éclipsée sur le balcon pour pouvoir passer son coup de fil dans un semblant d'intimité que le portable de Dabi s'anima à son tour. Son intention initiale d'ignorer le destinataire s'évapora dès qu'il avisa le nom qui s'affichait.
📩 Nugget - 18 : 04
Loutre à Fahrenheit
Tu me reçois ?
Le format pseudo codé du message fit expirer un très long souffle harassé au vilain.
Qu'est-ce qu'ils trafiquent encore ?
✉️ Fahrenheit - 18 : 04
Keskya?
📩 Nugget – 18 : 05
L'oiseau est dans son nid ?
Je répète : l'oiseau est dans son nid ?
Dabi émit cette fois un rire nasal devant ses tentatives de précaution naïvement puériles. Il décida de le titiller un peu.
✉️ Fahrenheit – 18 : 05
Pas besoin de répéter, j'ai bien lu
📩 Nugget – 18 : 05
Confirmation svp
L'oiseau est dans son nid ?
✉️ Fahrenheit – 18 : 05
Tu veux dire Kaya ?
📩 Nugget – 18 : 06
Affirmatif
Code vert ?
Qu'est-ce qu'ils sont cons, c'est pas possible, s'ébahit-il avec un ricanement muet.
✉️ Fahrenheit – 18 : 06
Oui Kaya est là
Oui vous pouvez venir
Pour info c'est pas comme ça qu'on crypte une conversation
Délinquants du dimanche
📩 Nugget – 18 : 07
On est en bas !
Vous nous ouvrez ?
Bande de... ! jura-t-il mentalement avant de se lever de mauvaise grâce. D'un coup d'œil, il vérifia que Kaya était toujours absorbée par son coup de fil, puis traversa le studio. Le temps qu'il ouvre la porte, les jumeaux se trouvaient déjà derrière, uniforme sur le dos, encombrés de gros sacs d'affaires, la mine radieuse d'excitation. Un élan de joie donna un coup dans la poitrine de Dabi. Ces canailles parvenaient décidément à lui tirer des réactions dont il ne pouvait se prémunir.
Ganta ouvrit la bouche, prêt à piailler, mais Dabi se dépêcha de le museler sous sa large paume. Il plaça un index devant ses lèvres, leur faisant signe de se taire. Les garçons comprirent instantanément ses intentions, et jubilèrent en silence. Ils déposèrent leur chargement puis retirèrent sans bruit leurs chaussures.
Planqués dans le dos de Dabi, ils le suivirent à l'intérieur en même temps que le coulissement de la vitre annonçait le retour de Kaya. Celle-ci perçut aussitôt l'étrange atmosphère qui l'attendait, et dévisagea le vilain, la mine interrogatrice, avant de remarquer les formes qui remuaient derrière lui avec des gloussements étouffés.
Elle avait à peine arrondit les yeux de surprise que, n'y tenant plus, les jumeaux bondirent sur elle.
— KAYA !
Leur aînée poussa un véritable hurlement de joie. Tombant à genoux, elle reçut ses frères dans une étreinte écrasante. Les yeux brillants de larmes, elle embrassa tour à tour leurs têtes bouclées, la bouche pressée contre leur crâne alors qu'elle inhalait leur odeur.
— Vous m'avez manqué ! Vous m'avez tellement manqué !
Les commissures des lèvres tirées par une mimique satisfaite, Dabi retourna prendre place à table.
— On a dit qu'on allait faire nos devoirs chez un potes après les cours et en fait on est venu ici ! expliqua Ganta, triomphant.
— Et comme on avait sport aujourd'hui, on t'a pris pleins d'affaires dans nos sacs, renchérit Bunta.
Kaya les prit chacun par l'épaule et les observa avec sérieux.
— Je suis très très contente de vous voir, mais les visites surprises comme ça, c'est trop risqué. La prochaine fois on en discute avant, d'accord ?
Un coude affalé sur la table, tempe appuyé contre ses phalanges, Dabi lança :
— Oui parce que les codes secrets c'est bien mignon, mais ça sert à rien.
— C'est parce que tu répondais n'importe comment ! s'insurgea Ganta en pivotant vers lui.
— Nan, c'est juste que vous enfumerez personne avec votre langage de dessin animé.
Kaya se redressa, intriguée :
— Qu'est-ce qu'ils t'ont écrit ?
Il s'empara de son portable, prêt à lui lire les messages, quand les jumeaux, peu disposés à endurer ses moqueries, lui sautèrent dessus avec des exclamations de protestation. En un instant, il se retrouva sur ses pieds, à se débattre avec deux furies braillardes. L'écran levé haut par-dessus leurs tête, il déclama tout fort :
— "Loutre à Fahrenheit". Ça c'est du génie, vraiment. Votre oncle devinera jamais qui c'est.
Kaya éclata de rire.
— Non ! protesta Ganta en tirant sur son tee-shirt.
— "Tu me reçois ? ". Bah écoute, si j'ai du réseau, y a pas de raison. "L'oiseau -".
Le langure l'escalada en quelques prises agiles et lui arracha son portable, avant de bondir sur la table, encouragé par les cris enthousiastes de son frère.
— Rends-moi ça, Macaque, gronda Dabi en tentant de saisir le singe beige.
S'ensuivit une poursuite à travers l'espace confiné du studio, sous l'hilarité de Kaya et les piaillements surexcités des garçons, jusqu'à ce que le vilain torde dans son dos le bras d'un Bunta redevenu humain et nu. Il empocha son bien récupéré et laissa le gamin se rhabiller.
— Eh, Dabi, tu vas revenir au squat ? s'enquit Ganta, la frimousse ingénue.
L'appellation fit tiquer Kaya, qui se fit songeuse.
— Je peux y passer, répondit Dabi. Mais vaut mieux qu'on se retrouve ailleurs.
Les yeux brou-de-noix de la jeune femme le scrutèrent, emplis d'une question qui lui noua le ventre. Il secoua discrètement la tête en signe de dénégation. Non, il ne tenait pas à révéler son véritable nom aux jumeaux. Pas encore. Si Dabi était parvenu à endosser le rôle de frère aîné, Tõya était loin d'y être prêt.
– – –
Posté devant le portail de l'université, les mains dans les poches de son manteau de laine, Atsuhiro fouillait du regard les grappes d'étudiants qui circulaient sur le campus. En cette fin d'après-midi, le soleil déclinant balayait les bâtiments de rayons obliques. La douce lumière dorée embrasait les érables aux feuilles pourpres. Setsuha lui apparut au milieu d'une bourrasque de feuilles mortes, merveilleuse dans sa tenue de velours et de soie, son teint ambré resplendissant d'un éclat d'or blanc. Sa chevelure frisée, nouée en chignon brouillon, faisait une masse éclatante autour de son visage. Le mouvement réflexe qu'eurent ses ailes pour rajuster son plumage lui coupa le souffle. Lorsqu'elle l'avisa, elle se figea brièvement, puis étira un sourire qui lui laboura le ventre.
— Que me vaut cette visite improvisée ? roucoula-t-elle.
D'une main légère, elle joua avec le pan de l'écharpe passé à son cou. Il esquissa une moue charmeuse.
— J'avais envie de te voir. Tu es libre, ce soir ?
— Pas vraiment, j'ai déjà des trucs de prévus... mais on peut prendre un café.
— Un café, c'est parfait.
Il lui présenta donc son bras et ils prirent la direction de leur café habituel. Setsuha lui confia qu'elle ne s'y était pas rendue ces derniers temps et qu'elle espérait que les éditions spéciales d'automne n'avaient pas encore été remplacées par celles d'hiver.
— Toi et tes citrouilles, s'amusa-t-il avec un reniflement nasal.
Il se trouva néanmoins ravi pour elle lorsqu'ils constatèrent que le fameux pumpkin spice latte se trouvait toujours à la carte. Lui se contenta de son traditionnel café noir et serré. Tandis qu'elle sirotait sa curieuse boisson avec délice, Atsuhiro lui fit remarquer :
— C'est drôle, parce qu'avec ton Alter je t'associerais davantage à l'hiver.
— J'adore l'hiver, confirma-t-elle. Le froid, la lumière, les chocolats chauds...
— Les gros pull, les feux de cheminée, les marrons, le pain d'épice, poursuivit-il avec délectation.
Ils émirent à l'unisson un son de régal qui les fit s'esclaffer, avant que Setsuha ne se râcle la gorge et porte son gobelet à ses lèvres. Lui-même sentit un flot d'amertume lester son estomac de plomb. Que seraient-ils devenus, d'ici l'hiver ? Un silence passa avant que l'ailée ne reprenne sous le ton de la conversation :
— Tu sais mon amie, Kaya ?
— La serveuse au Baratin, la situa-t-il.
— C'est bientôt son anniversaire, elle pense y organiser quelque chose.
— Au Baratin ? C'est original.
— Dabi y sera, alors c'est l'endroit tout désigné.
Le nom de son acolyte dans la bouche de la jeune femme accrut son malaise. C'était bien la dernière personne à laquelle il voulait penser à l'instant présent. Il nota qu'elle le scrutait sans y paraître. Leur étrange double date impromptu lui revint en mémoire.
— Tu m'as surpris, la dernière fois, avoua-t-il. Je sais que tu n'es pas étroite d'esprit, mais fréquenter aussi sereinement un vilain, c'est quelque chose.
S'il s'y était pris autrement, l'aurait-elle fréquenté tout aussi aisément ? La courte paire de secondes durant laquelle Setsuha le considéra avant de répondre le troubla.
— Je peux en dire autant de toi. Ce n'est pas anodin d'avoir ses habitudes au Baratin.
Le sujet se faisait épineux. Il leva sa tasse, faisant mine de porter un toast.
— On ne s'est pas trouvé pour rien. Ce sont les joies d'être des libres penseurs.
— Est-ce que Monsieur le libre penseur sera présent à la fête, alors ? l'invita Setsuha, la mine taquine.
Il sentait venir le désastre, mais s'arracha un :
— Si je suis disponible, pourquoi pas ?
Quand Setsuha quitta le café, il resta un moment attablé. Son masque d'élégance se morcela alors qu'il se massait la mâchoire, avant d'étouffer un soupir accablé sous la paume de sa main. Qu'était-il en train de faire ?
Dans deux jours, Dabi et lui lanceraient l'embuscade destinée à piéger Fukurõ Muhaoto. Comment pourrait-il faire face à Setsuha après ça ? Quel genre d'homme serait-il, s'il continuait à la retrouver pour des rendez-vous galants alors qu'il détenait son frère captif ?
Dabi avait raison. Peut-être était-il temps de tout lui révéler.
~ "J'aime cet endroit et pourrais volontiers y perdre mon temps" Comme il vous plaira ~
Enfin les retrouvailles Kaya et les jumeaux !
J'ai beaucoup aimé écrire un peu la "vie domestique" du Tokaya x)
Puis Dabi change pas, il reste le grand frère des jumeaux hehe
Un petit date Atsuha... on est du pdv de Compress alors on se rend peut-être moins compte des états d'âme de Setsuha mais j'espère que c'était clair !
Des attentes, des hypothèses pour la suite ? ;)
Petite annonce
Dans le cadre du kinktober, je publie quelques textes sur mon insta. Pour le moment on a un Hiromiri (LMI) sur le thème Voiture, un Hawru sur Bain moussant et un Atsuha sur Strip-Tease, d'autres arriveront au fil du mois !
Si ça vous intéresse, retrouvez-moi sur
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