| 𝐎𝐒 | Amina
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𝐎𝐧𝐞-𝐬𝐡𝐨𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 StormHair
𝐒𝐩𝐞́𝐜𝐢𝐚𝐥 𝐒𝐚𝐢𝐧𝐭-𝐕𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐢𝐧
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~ 2838 mots ~
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Amina
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Assise sur le rebord de la fenêtre, je laisse mes yeux sombres vagabonder vers les êtres vivants en contrebas. Des sourires sur chaque visage, de la bonne humeur à chaque pas, de l'amour et de la tendresse à chaque mouvement. Il n'y a rien de mieux qu'un doux air pour apaiser un cœur inquiet. Inquiet et incertain de ce qui l'attend.
Une tasse de thé brûlante entre les mains, je ne peux empêcher mon regard fatigué de dévier toutes les minutes vers la grande horloge murale du salon, celle-ci indiquant à présent 23h39. Il fait nuit depuis plus de deux heures, maintenant. Qu'est-ce qu'il peut bien faire ?
Lui est-il arrivé quelque chose ? Est-il blessé, seul quelque part ? Ou au contraire, va-t-il parfaitement bien ? Malgré son expérience dans le domaine, malgré toutes les choses qu'il a pu faire, je ne peux m'empêcher d'être inquiète pour lui. Inquiète qu'il ne revienne pas un jour.
Que deviendrait sa famille sans lui ? Et moi, que deviendrais-je, me sentant misérable quand il n'est pas près de moi ? On a passé tellement de temps ensemble que maintenant, je ne me vois plus seule sans sa présence. Et la moindre idée de le savoir seul quelque part, pouvant être mal en point ou en grand danger, me donne presque la nausée.
Bien que je sois au courant pour sa sombre voie, bien que je sois au courant de ses activités interdites et dangereuses, je ne peux m'empêcher de me faire du souci. Combien de fois est-il revenu, blessé et minable ? Combien de fois est-il revenu, désolé et fatigué ? Beaucoup trop. Bien trop de fois à mon goût...
Un long soupir s'empare de moi et je quitte finalement le rebord de ma précieuse fenêtre. Il ne faut pas que je pense au pire, cela ne sert à rien. Il m'a déjà prouvé à de nombreuses reprises qu'il était capable du mieux comme du pire. Il n'est pas du genre à abandonner. Il reviendra quand il le pourra. J'en suis certaine.
S'il y a bien une chose que j'ai retenu de lui, c'est sa loyauté inconditionnelle pour la Tsarine. Et par loyauté, je veux également dire son amour pour les membres de sa famille. Ses frères et sœurs sont absolument tout pour lui. Il ne pourra jamais les abandonner. Alors, je sais qu'il reviendra, ne serait-ce que pour eux.
Nettoyant rapidement ma tasse encore tiède, je repense à la première fois où nous nous sommes rencontrés. À ce moment-là, je venais tout juste d'arriver à Liyue. Je ne connaissais personne et je ne savais pas encore que je comptais m'y installer de manière définitive...
Un soleil brûlant inonde le ciel profondément bleu de cette belle journée de printemps. Le vent salé soulève avec douceur mes courts cheveux bouclés, tandis que j'observe l'animation présente tout autour de moi d'un regard purement émerveillé. C'est tellement différent d'Inazuma, tellement plus accueillant...
Descendant lentement du bateau, je ne peux empêcher mes yeux de se poser sur tous les stands présents sur le port, comme un bonjour accueillant pour tous les nouveaux arrivants. C'est comme si je découvrais ces lieux pour la toute première fois. Comme si mon esprit s'imaginait que les choses avaient changé pour le mieux.
Cela fait un an jour pour jour que je suis venue à Liyue pour la première fois. Pour le festival des lanternes. J'en ai d'ailleurs gardé un excellent souvenir, y ayant fait la rencontre de ma toute première amie Mondstadtoise : Sucrose. Une amie dont la timidité et le sérieux m'ont tout de suite séduite.
Notre amitié est simple et appréciable, malgré le fait que nous nous voyons très peu. La distance ne nous permet pas de nous rencontrer souvent, tout comme son travail d'alchimiste. Alors nous communiquons essentiellement par lettres. Mais j'ai promis de lui rendre visite dès que possible, ne serait-ce que pour lui apporter les fleurs de Cerisier séchées qu'elle m'a demandé pour l'une de ses prochaines expériences.
Un doux sourire sur les lèvres, je me remémore notre rencontre maladroite. Je venais de commander un plat, des boulettes de crevettes dorées, dont le parfum de pomme de terre m'a tout de suite donné l'eau à la bouche, lorsque quelqu'un m'a violemment percuté, faisant ainsi se renverser mon précieux repas. C'est en relevant la tête que je l'ai vu : une jolie jeune fille aux cheveux verts et aux timides yeux ambrés.
Visiblement très timide et gênée, elle s'était confondue en excuses, se sentant atrocement mal pour « l'affront » qu'elle avait osé commettre à mon égard. Quant à moi, je ne savais plus si je devais lui dire ses quatre vérités ou si je devais lui pardonner. Mais sa tête adorable et paniquée m'a finalement forcé la main, et ainsi, j'ai accepté ses excuses.
Pour me remercier de ma gentillesse, et en signe de respect, elle m'avait acheté un nouveau plat, que nous avons par ailleurs partagé, en signe de paix et de nouvelle amitié. Malheureusement, dès la première bouchée, nous nous sommes retrouvées avec la bouche en feu.
Incapables de parler convenablement après ce tragique évènement, nous n'avons jamais eu le courage de demander quel était ce plat. Et malgré moi, qu'est-ce que j'avais rigolé ! Rigolant d'ailleurs légèrement en repensant à cette scène, et marchant tranquillement dans les escaliers pour me rendre à mon auberge, je m'arrête tout à coup lorsque j'entends un appel à l'aide.
- Ah, stop ! S'il vous plaît, que quelqu'un l'arrête !
Je me retourne rapidement, surprise d'une telle animosité dès mon arrivée. Malheureusement, je n'ai pas le temps de faire le moindre autre mouvement que je me retrouve aussitôt prisonnière d'une main violente, un couteau placé sous ma gorge. Je lâche mon sac de voyage sous le coup de la surprise, avant de me statufier sur place.
- Ne bougez pas ou je l'égorge ! s'exclame mon malfaiteur.
Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ? J'étais tranquillement en train de me remémorer de tendres souvenirs, et me voilà maintenant au centre d'une situation dangereuse, avec un homme qui me retient en otage, et des soldats de Liyue qui tentent de s'approcher pour me venir en aide.
- Lâchez cette jeune femme ! hurle un soldat, en menaçant l'homme de sa lance.
- Si vous me laissez partir, je la relâcherai ! Sinon...
Je sens la lame froide du couteau appuyer davantage contre la peau de mon cou. Je me crispe de plus en plus, imaginant le pire à cet instant précis. Je ne parviens plus à réfléchir correctement. Je ne pense plus à rien. J'ai juste... Peur. Peur que ma vie s'arrête ainsi, ici, sans que je ne puisse lutter. Mon espoir s'envole loin de moi... C'est alors que j'entends une nouvelle voix. Une voix forte et masculine. Sa voix.
- Relâche-la tout de suite si tu ne veux pas mourir.
Un violent frisson s'empare alors de mon être, tout comme mon agresseur. Celui-ci ne fait plus le moindre geste, le moindre mouvement, tandis que l'homme mystérieux fait lentement son apparition dans mon champ de vision. Un jeune homme roux aux yeux bleus d'un froid intense, muni d'un arc braqué sur la tête du malfaiteur.
Froid, glacial, silencieux, comme hésitant à le tuer devant tout le monde, son regard dévie finalement sur moi, s'adoucissant aussitôt devant ma panique bien visible. C'est comme si son aura meurtrière avait tout à coup quitté son corps pour me transmettre un message plein de soutien et de compassion. Comment quelqu'un peut-il changer d'expression aussi facilement et aussi rapidement ?
C'est alors que, d'un coup, la pression qui était présente sur mes épaules et mon cou disparaît soudainement. Je me sens plus légère, le danger semblant finalement écarté loin de moi. Mais avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, je sens mes jambes céder sous mon poids, mon corps chutant rapidement vers le sol... Jusqu'à ce que des bras apparaissent dans mon champ de vision restreint.
- Hop-là. Attention mademoiselle. Vous risquez de vous blesser.
Aucun mot ne sort de ma bouche, mon corps tremblant comme une feuille, tandis que le jeune homme mystérieux me réceptionne avec une facilité déconcertante, empêchant ainsi mon corps de rencontrer durement le sol. Nous restons ainsi durant de longues minutes, le jeune homme me maintenant fermement contre son torse, ma tête ressentant alors le moindre battement rapide de son cœur.
Suite à cet événement, Tartaglia, c'est ainsi qu'il s'est présenté, est resté près de moi jusqu'à ce que je me sente mieux. Nous avons par la suite longuement discuté et j'ai ainsi découvert que malgré son air froid et dangereux au premier abord, il est en réalité un garçon très gentil. Cependant, au fond de moi, je doute qu'il me dise totalement la vérité quand il s'adresse à moi...
Un nouveau soupir quitte mes lèvres, tandis que je pose doucement ma main sur mon cou, à l'emplacement exact où le couteau s'était placé. Par moment, il m'arrive de ressentir sa présence, et mon cœur s'emballe de peur sans que je ne puisse rien y faire. Si Tartaglia n'avait pas été là, à ce moment précis, que serais-je devenue ? Serais-je morte à l'heure qu'il est ? Ou au contraire, aurais-je été sauvé ? Notre rapprochement aurait-il été seulement possible ?
Je ferme les yeux un court instant à la suite de ces diverses questions. Le destin a décidé que je vive, que je survive. Il a voulu que Tartaglia me sauve la vie pour que je puisse l'aider en retour. C'est une chose que j'ai envie d'imaginer. Parce que je refuse de croire qu'il n'y a que de la noirceur au fond de son cœur.
Tartaglia n'est pas seulement le Onzième Exécuteur des Fatuis. Il n'est pas qu'un être dépourvu d'émotions et de sentiments. Et encore moins un simple criminel. C'est avant tout un être humain, loyal et protecteur. Un homme aimant et passionné par tout ce qu'il entreprend. Il ne sera jamais un cœur de pierre à mes yeux. Jamais.
J'ai envie de croire en lui. J'ai envie d'avoir foi en lui. Et plus que tout, j'ai envie qu'il vive une vie meilleure, sans Fatuis, sans danger, et sans noirceur. Mais est-ce que ce sera vraiment possible ? Est-ce que son âme ne serait pas déjà trop soumise à l'emprise du mal ? Pourrais-je un jour le sauver de sa condition ?
Je sais que je compte pour lui. Il me l'a déjà montré à de nombreuses reprises. Et cela allait toujours au-dessus des mots ou des jugements. Mais maintenant, j'aimerais juste qu'il me le dise. Plus de faux semblant, plus de jeu. Que du sérieux. Je veux jouer carte sur table avec lui, qu'on soit honnête l'un envers l'autre. Tous les deux.
J'aimerais qu'il me partage ses doutes et ses peines, ses joies et ses mystères. J'aimerais qu'il se confie à moi, qu'il me montre qui il est vraiment, tout au fond de son cœur. Je veux davantage compter pour lui, comme lui compte pour moi. Et plus important encore, je veux être là pour lui, comme lui a été là pour moi quand j'en ai eu besoin. Cependant, me laissera-t-il seulement m'approcher suffisamment de lui pour me le permettre ?
Tandis que des dizaines de questions germent dans mon esprit inquiet et perturbé, un son familier se fait soudain entendre. Un son léger que je pourrais reconnaître entre mille. Un cliquetis pourtant faible, mais qui résonne dans tout l'appartement, jusqu'au plus profond de mon être. Des clés que l'on tourne dans une serrure !
Délaissant aussitôt ma tasse dans l'évier, je m'empresse de me diriger à grandes enjambées vers la porte d'entrée de l'appartement, les mains encore mouillées. Pendant un court instant, mes yeux le cherchant désespérément dans la pénombre, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai tout imaginé. Et c'est alors que je l'aperçois. Grand. Fort. Beau... Et blessé. Des égratignures parsemant son magnifique visage qui m'a tant de fois réconforté.
Mon cœur se serre à cette vue et je pose lentement mes mains sur celui-ci, comme pour me donner une certaine contenance. Nos regards se croisent alors. Ses yeux bleus se plongeant dans mes prunelles presque noires à cet instant précis. D'une démarche lente, hésitante, il s'approche de moi, se pinçant les lèvres comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait me dire.
S'arrêtant finalement à quelques centimètres de mon corps, nos regards ne se quittent pas une seule seconde, tandis que les larmes me montent violemment aux yeux et que mes mains se mettent à trembler douloureusement contre mon corps. J'ai froid, horriblement froid, et je lutte de toutes mes forces pour ne montrer aucun geste de violence ou de détresse.
Malheureusement, je sais qu'il a déjà compris l'état dans lequel je me trouve. Il l'a toujours compris. Il l'a toujours su. D'un sourire, d'un simple petit sourire, je ressens finalement tout le soulagement et tout l'amour qu'il ressent pour moi, même s'il ne me le dira jamais. Il est bien trop fier pour cela.
- Pardon d'être parti aussi longtemps, princesse. J'aurais préféré rentrer plus tôt. J'espère que tu ne t'es pas trop inquiétée... murmure-t-il, sans jamais me lâcher du regard. Mais sache que même gravement blessé, même à l'article de la mort, je serais revenu auprès de toi. Toujours. Donc ton inquiétude n'a pas besoin d'exister.
Un silence s'installe entre nous. Un silence agréable, plein de sous-entendus, remplis d'actes inavoués et de paroles sincères. Notre regard ancré dans celui de l'autre, nous nous analysons doucement, tendrement, comme si nous cherchions à nous redécouvrir une nouvelle fois, comme si nous ne nous étions jamais réellement regardés jusqu'à présent.
C'est alors que je repense à cet extrait de texte, à ce doux paragraphe qu'il m'avait écrit peu de temps avant de partir en mission. Un paragraphe que je ne voulais pas lire, comme un mauvais présage, comme si cette lettre était un signe que je ne pourrais plus jamais le revoir. Un paragraphe que j'ai malgré tout difficilement lu et qui m'a touché autant qu'il m'a déboussolé.
« Je veux me réveiller chaque matin à tes côtés. M'endormir chaque soir en te serrant dans mes bras. Voir ton sourire quand tu poses ton regard sur moi. Sentir ton bonheur de me savoir tout près de toi. À chaque instant. Je veux faire de toi mon essentiel. Celle que je veux garder au fond de mon cœur. Celle avec qui je partagerais tout... Et malgré ma vie sombre et dangereuse, malgré mes changements d'humeur imprévisibles et sournois, je veux pouvoir t'appartenir, comme toi tu m'appartiendras. Mon cœur est à toi. Il l'a toujours été... »
Une boule se forme dans ma gorge en repensant à cela, tandis que mes joues chauffent doucement et que mon cœur tambourine fortement dans ma poitrine. C'est seulement à partir de cet instant que je réalise le sens de cet écrit. C'est seulement à partir de cet instant que je réalise que... Que c'est sa façon à lui de me faire une déclaration. Sa déclaration.
Et c'est finalement maintenant que je le réalise. Et c'est finalement maintenant que je comprends l'état dans lequel je me trouve quand je suis ou non à ses côtés. Aussi perturbée et innocente qu'une jeune fille devant sa première amourette. Aussi terrifiée et essoufflée qu'une athlète qui tenterait de vaincre sa peur. Et aussi soumise et esclave de ses sentiments qu'une personne accro à la drogue.
Me voilà maintenant perdue et déboussolée, cherchant par tous les moyens un point de repère pour ne pas perdre pied avec la réalité. Il m'aime, je le sais maintenant. Et c'est réciproque. Purement et simplement réciproque. Ce n'est en aucun cas un rêve. Il s'agit bien de la réalité. Son souffle chaud sur mon visage en est la preuve.
Le temps s'écoule lentement, durant lequel je prie de tout mon cœur pour qu'il fasse le premier pas. Des larmes toujours au bord des yeux, je ne parviens plus à réfléchir correctement. Comment le pourrais-je, alors que l'homme qui me cause tant de tracas et qui a malgré tout réussi à faire chavirer mon cœur se tient debout devant moi, blessé certes, mais magnifique et presque irréel ?
- Tu n'es qu'un imbécile... est la seule chose que je parviens à prononcer.
La distance disparaît finalement entre nous et il me prend alors dans ses bras, me serrant avec force contre son torse. C'est alors que les larmes coulent. Mes larmes. Je les ai retenus toute la journée, en tentant tant bien que mal de penser à autre chose. Il m'est à présent devenu impossible de les retenir plus longtemps.
Alors, je me laisse aller à mon chagrin et à mon trouble, le serrant avec toute la force de mes petits bras, mes mains agrippant fermement ses vêtements, en faisant néanmoins attention de ne pas lui faire mal, tellement soulagée qu'il soit enfin là, devant moi. Enfin près de moi. Sa chaleur m'avait manqué. Sa présence aussi. Tout m'avait manqué...
- Je suis rentré.
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