Je trouve le feu fascinant.

Ces longues flammèches rougeoyantes aussi belles que destructrices dont on doit parfois se méfier.

Imprévisible, dévastateur mais si captivant, voici ce qu'est le feu à mes yeux.

Un élément fougueux et parfois inattendu, une bête sauvage et insoumise dont la puissance évolue sans limite.

Le feu est mon ami. Mon allié de toujours présent à chaque étape de ma vie.

Cependant, je l'avoue, il m'a aussi causé beaucoup d'ennuis. Si le monde connaissait ce que je suis réellement, il me qualifierait de « pyrokinésiste ». Mais le nom importe peu. Les étiquettes que nous assignons à tort et à travers ne définissent jamais tout ce qu'une personne peut être ou devenir.

Je connais mes faiblesses et ce dont je suis capable, et cela me suffit.

Je n'ai jamais vraiment su quand mon pouvoir s'est manifesté. Est-il en moi depuis toujours ?

Je sais que c'était très tôt. Déjà bébé, je brûlais mes draps et mes peluches lorsque je n'étais pas satisfaite.

Mon père s'est enfuit de peur et a laissé ma mère avec une enfant au caractère explosif dans les deux sens du terme... Elle m'aimait trop pour m'abandonner malgré le pouvoir terrifiant que je détenais.

Je n'ai jamais été à la crèche.

L'école primaire a été ma première scolarisation. Une scolarisation qui a laissé des séquelles, et pas seulement à moi. Un de mes camarades m'a bousculé pour ensuite ricaner et m'insulter. La bêtise des petits garçons à cet âge... Bien sûr, de nature impulsive, je n'ai pas apprécié et j'ai déversé ma colère sur lui.

Je ne réglais pas bien ma puissance à l'époque et ses mains, qui faisait office de bouclier, ont été tellement soufflé par la chaleur qu'il a fallu lui amputer jusqu'aux coudes.

Après ça, ma mère a convaincu le proviseur avec des arguments imparables. En plus, ce garçon était déjà connu pour sa personnalité belliqueuse et méchante, cet « accident » n'étonnait presque pas.

Ma mère s'est tout de même dépêchée de déménager, m'interdisant complètement l'utilisation du feu qui brûlait dans mes veines.

J'étais, à ce moment-là, perdue et en colère. Certes, j'avais exagéré mais c'était lui qui avait commencé ! Mon esprit de petite fille ne comprenait pas encore la notion de bien et de mal. Ce pauvre garçon avait perdu la moitié de ses deux bras par ma faute et je m'en moquais.

Même avec les mises en garde de ma mère et les conséquences désastreuses, je n'arrivais pas à canaliser mon énergie et ma colère. Des étincelles crépitaient obligatoirement lorsque je retenais la rage qui bouillonnait en moi.

Ma mère m'a élevé du mieux qu'elle pouvait tout en cherchant l'origine de ma particularité mais sans jamais rien trouver.

J'en ai vu passer des villes et des maisons différentes. A chacun de mes dérapages, on disparaissait de la circulation. Elle me reprochait à chaque fois mon manque de retenue et je sanglotais car je ne parvenais pas à me maîtriser.

Cela faisait partit de ma vie : déménagement à répétition, avertissements maternels fréquents et solitude pesante.

Le soir en cachette, je faisais naître dans ma paume une étincelle qui évoluait en flammèche aux couleurs de l'automne. Je regardais ce miracle avec des yeux émerveillés, complètement sous le charme de ces flammes rougeâtres. Elles naissaient entre mes doigts ! Je savais de quoi était capable ce feu imprévisible et redoutable et je n'arrivais pas à en détacher mon regard.

Ma seule compagnie, mon seul ami. Que ma mère le veuille ou non, j'étais cette fille explosive, à la force destructrice qu'elle ne cessait de mettre en garde.