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Debout dans le noir de sa chambre, Jimin se balance d'un pied à l'autre, alors qu'il tiens sa fille contre son torse. Il est à bout de force. Jae Hwa, le petit nourrisson n'a pas cessé de pleurer, depuis le début de soirée.
Si Jimin s'écoutait, il l'aurai déjà déposé dans son berceau et quitté l'appartement pour prendre l'air. La pluie qui s'abattait dehors l'attirait, il voulait se noyer sous ces gouttes d'eau. Jimin voulait redevenir cet homme insouciant sans cette épuisante responsabilité de paternité. Triste ironie, lui qui voulait tant devenir père. Il voulait s'arracher le cœur de se sentir aussi minable.
❝ ━ Merde mais tu veux quoi à la fin ?!❞
Il avait levé l'enfant à bout de bras devant lui, comme si ça pouvait changer quelque chose à la situation. Elle pleurait toujours à s'en briser les cordes vocales. Sa voix ne dépassait même pas les cris de Jae Hwa. S'il avait été cruel, il aurai voulu l'étouffer avec un coussin et finir enfin une nuit qu'il n'a pas eu depuis un long moment. Ca lui manquait le calme presque angoissant de son appartement.
Mais ce nourrisson n'a rien demandé, même s'il l'aimait pas, Jimin ne serai pas capable de lui faire du mal. Elle n'était pas la raison principale de son mal-être. Pourtant, ça ne l'empêche pas d'avoir des idées meurtrières lui passer par l'esprit.
Il ne savait plus quoi faire, Jimin à vérifié sa couche qui est toujours propre, elle ne veut pas boire son biberon, sa grenouillère est mise comme il faut.
Il étai perdu.
❝ ━ Je t'en supplie tais-toi❞
A bout de souffle, il ne faisait que chuchoter les larmes de fatigue pendu à ses yeux. Il observait cet enfant, ces joues étaient rougies par l'effort de ces cris, mouillées aussi. Ses petits poings était crispés, même dans la pénombre de la pièce, il pouvait voir ces phalanges blanchir. Jimin est sur que s'il venait à les ouvrir, il trouvera la marque de ces petits ongles au creux de ses paumes. Il l'a tenait d'une main, couchée le long de son avant bras alors qu'il passait son autre main dans ces mèches décoloré et son front légèrement perlé de sueurs.
Epuisé, il s'abandonna à attraper son téléphone et appeler le premier numéro. La seule personne qu'il pouvait se permettre de déranger peu importe l'heure, il savait qu'il viendrait. Il était désespéré et avait atrocement besoin d'aide et de soutiens, sinon il sentait qu'il allait faire une connerie sous la pression.
Jimin ne vérifia même pas, il déposa seulement Jae Hwa dans son berceau, pleurant toujours. Après de longue seconde où les cris du nourrisson s'harmonisait avec les sonnerie, une voix grave et endormie retentit de l'autre côté du combiné.
❝ ━ Hum ?❞
Jimin lança un regard vers le berceau de sa fille avant de quitter la pièce pour s'éloigner des hurlements, se calant contre le mur du couloir. Il reconnaissait le timbre endormi de son ami.
❝ ━ Tae, sa voix était tremblante de fatigue et de désespoir. Aide-moi.❞
Il entendit un soupire et des bruits de frottement, surement le-dit Tae qui quittait son lit. Il s'en voulait de le tirer ainsi de son lit, mais il était à bout. Il se fera pardonner en lui offrant une entrée dans un vernissage d'un des artistes qu'il apprécie. Même s'il savait que leur amitié n'avait pas besoin de ces commodité pour s'apporter le soutiens et l'amour qu'ils ont. Ils ont toujours été là, l'un pour l'autre.
Une relation, que ce soit amoureuse ou amicale, n'est pas toujours répartie de part égale. C'est comme une balançoire, parfois l'un a besoin de plus d'attention, d'amour et de soutiens, la balance penchant un peu plus vers lui. Et ce soir, c'est bien vers lui que la balance penche atrocement, il était sur d'avoir touché le sol.
❝ ━ Qu'est-ce qui ce passe ? demanda l'autre au bout du fil, semblant encore à moitié endormi.
━ C'est Jae, souffla Jimin. Ca fait des heures qu'elle pleure, j'y arrive plus.
━J'entends ça, répondit-il cette fois-ci un peu plus réveillé mais toujours avec son timbre grave. T'as vérifié sa couche ?
━ Oui ! J'ai tout fait, sa couche, ses habits, elle veux pas sa putain de tétine, ni boire son lait ! s'exclama de manière désespéré le nouveau père à bout de force.
━ J'arrive, expira longuement l'homme au bout du fil.
━ Merci Taehyung, chuchota Jimin alors qu'il s'est laissé glissé contre le mur du couloir. ❞
Il savait qu'il pouvait compter sur lui.
Jae Hwa pleurait toujours, abandonnée dans son berceau, et Jimin, qui s'était glissé juste à côté de la chambre, ne sentait pas ces propres larmes couler le long de ces joues devenue creuses, traçant une rivière salée de malheur. Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal au cœur.
Le fait qu'il s'est rendu compte qu'au final, il ne méritait pas d'avoir des enfants, son malheur qui l'avait tant hanté par le passé avait trouvé son explication ? Il a voulu aller à contre courant du destin et le voilà à le regretter amèrement.
Ou bien le fait de s'être laissé volontairement allé dans son mensonge jusqu'à être arrivé au pieds du mur ? Jimin ne devait pas avoir d'enfant, voilà pourquoi ; il ne pourrait pas gérer une simple crise de larme, souhaitant tout au fond de lui d'étouffer son bébé. N'est-ce pas horrible ? Quel affreux père il faisait.
Il se détestait, il voulait taper sa tête contre le mur jusqu'à perte de connaissance. Mais les bruits des coups qui raisonnaient à présent, ne sont pas ceux de sa tête frappant le mur inlassablement mais le son de quelqu'un toquant à la porte.
Taehyung est déjà là. Il n'attendis pas que Jimin vienne lui ouvrir, il avait le double de l'appartement, le plus jeune souhaitait simplement annoncer son entrée.
Jimin ne bougea pas, attendant de voir son ami débarqué à l'autre bout du couloir, il avait ramené ces jambes contre son torse. Ne se faisant pas attendre, le nouveau venu arriva, habillé d'un imperméable humide par dessus son pyjama. Ces cheveux étaient trempé et ses yeux fatigués cherchait dans le noir ceux son ami.
❝ ━ Min-ah, murmura Taehyung par dessus les pleurs de Jae Hwa, je suis là, tout ira bien, tenta-t-il de le rassurer en s'agenouillant devant lui.
━ Non ça n'ira pas, non, pleura avec douleur Jimin qui releva sa tête contre le mur alors que ces yeux s'accrochait au plafond. Je n'y arriverai pas Tae, j'en ai déjà marre.
━ Si si, j'ai confiance en toi, parla avec douceur le châtain en déposant sa main sur son genoux pour lui montrer tout son soutiens. Allé lèves toi, on va aller voir ce que la petite princesse réclame.❞
Ne laissant pas à Jimin le choix, il lui attrapa des ces fins doigts encore mouillé de la pluie qui s'échouait dehors pour le tirer vers le haut et le mettre sur ces deux pieds. Suivant les pleures du nourrisson, Taehyung entra dans la chambre de Jimin, où se trouvait un berceau à côté du lit.
Lâchant la main de Jimin, Taehyung retira rapidement son parka humide, le jetant sans faire trop attention sur le sol pour avancer rapidement vers le berceau de Jae Hwa alors qu'il soufflait dans ces mains dans le but de les réchauffer.
❝ ━ Mooow petit bébé, mais qu'est-ce qu'il t'arrive, parla Taehyung d'un ton inquiet et concerné, alors qu'il glissa lentement ces fins doigts de part et d'autre du petit corps du nourrisson. Voyons voir pourquoi tu embêtes Appa.❞
Adossé à la porte, Jimin observait son meilleur ami s'occuper de sa fille. Ses pleures s'étaient légèrement calmé lorsqu'il l'avait relevé pour l'amener contre lui, mais pas moins d'une minute plus tard, ces cris reprirent. Le nouveau venu ne semblait pas avoir trouvé la clé de son calme.
Il souffla agacé et épuisé. Ils n'aillaient pas réussir à la faire taire avant le petit matin à se rythme, il ferai mieux d'aller se faire un café pour se sentir un peu moins fatigué. Mais avant qu'il ne fasse un mouvement pour faire ce qu'il avait en tête il vit Taehyung se tourner vers lui.
❝ ━ Retires ton t-shirt, ordonna le châtain alors que la petite pleurait toujours dans ces bras.
━ Hein ? Jimin croyait avoir mal entendu du à la fatigue accumulée.
━ Mets toi torse nu et pose toi sur son ton lit, répéta Taehyung en s'avançant vers lui pour le presser. ❞
Ne comprenant pas où il voulait en venir, mais par dessus tout exténué, il fit simplement ce que son ami lui dit. Attrapant les pans de son T-shirt, il le passa par dessus sa tête pour dévoiler son torse ferme, tracé de quelques abdominaux. Un frisson traversa sa peau fraichement dénudée alors qu'il s'installa contre sa tête de lit.
Il observa d'un regard absent Taehyung déposer Jae Hwa sur ces draps pour détacher les boutons de sa grenouillère, libérant ainsi ces petites cuisses rondouillettes et ses petits bras frêles. Rapidement, son body rejoignit les draps, pour laisser le bébé presque nue, seulement vêtue de sa couche.
Le plus jeune vérifia rapidement qu'elle était propre avant de la reprendre dans ces bras.
❝ ━ Qu'est-ce que tu fabriques ? demanda Jimin intrigué. J'ai pas besoin qu'elle attrape froid ! râla le père le ton inquiet malgré lui, alors qu'il observait son ami venir vers lui, sa fille dans ces bras.
━ Assis toi confortablement, répondit simplement Taehyung d'un regard bienveillant en maintenant la petite chaudement contre lui.❞
Perplexe, Jimin s'exécuta en s'installant correctement contre la tête de lit. Semblant satisfait, Taehyung s'assis à ses côtés avant de venir poser délicatement Jae Hwa sur le torse du nouveau père. Ce dernier frissonna au contact, les bras levé de part et d'autre ne sachant que faire.
C'était bien différent de lorsqu'il la portait ainsi, mais habillé. Là, il pouvait sentir les vibrations de son tout petit contre contre sa poitrine. Elle paraissait encore plus frêle et minuscule ainsi sur son torse, recroquevillée. Elle pleurait toujours, mais ces cris semblaient s'affaiblir.
❝ ━ Prend la dans tes bras idiot, se moqua gentiment Taehyung en observant son ami stupéfait fasse à sa petite fille qui se calmait petit à petit. La petite princesse avait juste besoin d'amour et réconfort, ce n'est encore qu'une petite chose, elle a besoin d'être rassurée avec ta chaleur, de se sentir en sécurité. ❞
Jimin assimilait les paroles de son meilleur ami alors qu'il observait le nourrisson contre lui. Il ne s'attendait pas à ce que le contact de sa peau contre la sienne fera cessé sa crise de larme. Et étrangement, sa petite joue sur son torse, ces petites mains contre sa poitrine et ses bras légèrement musclés qui entouraient tendrement son maigre corps, le calmait, ça avait quelque chose d'apaisant. Toutes ces craintes s'étaient envolées, sa migraine semblait avoir disparu. Il n'y avait plus que la petite Jae Hwa aux pommettes encore humide de ses larmes qui étaient posée directement contre son torse.
❝ ━ Je vais lui chauffer un biberon, chuchota Taehyung en déposant une couverture sur le dos du nourrisson et par dessus Jimin. Elle doit-être assoiffée après avoir autant pleuré.❞
Jimin hocha lentement la tête avant d'oser glisser précautionneusement sa main contre le dos nu de Jae Hwa. Il caressait délicatement, de haut en bas, dessinant des arabesques relaxant. Il avait tout a coup peur de la blesser, sentant les remords remonter en surface. Il n'aurait pas du lui hurler ainsi alors qu'elle pleurait pour un peu d'amour et de réconfort. Quel affreux père il faisait, au lieu de lui procurer la sécurité qu'elle réclamait, il lui criait de se taire.
❝ ━ Chante lui une berceuse, proposa Taehyung sur le pas de la porte en observant bienveillamment, comme lorsqu'elle était encore dans le ventre de ...❞
Il ne fini pas sa phrase pour le bien de Jimin qui hocha de nouveau sa tête avant d'observer sa fille qui respirait bruyamment. Comment une si petite chose pouvait faire autant de bruit en hurlant autant ?
Après avoir passé sa main sur sa tête, la descendant dans une longue caresse apaisante, Jimin commença à chuchoter cette berceuse qu'il aimait lui chanter alors qu'elle n'avait pas encore pointé le bout de son nez. Pour le temps de quelque seconde, il avait oublié qu'il était Park Jimin, qu'il tenait Jae Hwa dans ces bras, mais plutôt sa fille, et cette idée lui fit serrer son cœur.
A son retour, Taehyung tomba sur un tableau aussi triste qu'attendrissant. Jimin s'était endormi, la bouche entrouverte alors que la petite suçait son pouce, les yeux grands ouverts sur son torse.
Un jour plus tard.
Une journée dans cette voiture pour repenser aux trois dernières années de ma vie. Vingt quatre heures et quelque pour remarquer tous ces détails qui auraient dû me faire tiquer, qui auraient dû me mettre la puce à l'oreille.
Toutes ces petites phrases qu'il me chuchotait, me rappelant que sans lui, je n'étais rien, que sans lui, je n'aurais pas réussi. Tous ces coups que je me suis pris en croyant dur comme fer que je le méritais, que si je n'avais pas fauté, que SI je me tenais à carreau, rien ne se produirait.
Toutes ces choses qui dictaient ma vie, qui résumaient mon existence.
Cette journée assise dans cette voiture dans une rue perdu au milieu d'une résidence m'a permis de ressasser tous ces souvenirs qui ont marqué ma vie à ses côtés, ces événements qui ont fait de moi celle que je suis devenue : peureuse, craintive et inlassablement angoissée.
A présent, je marche à travers d'autres rues que celles de Séoul, je respire un autre air que celui de ma ville natale. Le GPS m'a déposée à plus de trois cents kilomètres de mon enfer. Je les abandonné à quelque mètres de la destination finale pour charpenter les rues avec pour seule compagnie ma valise.
Je n'y avais jamais mis les pied auparavant, à Busan, et c'est une bonne chose. Je n'ai aucun souvenir qui m'y attache.
Un nouveau lieu, un nouveau départ, une nouvelle vie.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, la pluie a cessé de s'abattre, laissant malgré tout, un vent maritime fouetter tout sur son passage. Parmi eux, mon corps qui se dandine au gré du vent. Je marche sous les lueurs du soleil qui se réveille lentement de son sommeil hivernal.
Et la seule chose que je souhaite à l'instant, c'est un chocolat chaud. C'est frustrant et étrange, cette envie arrive à surpasser celle de mon besoin de nicotine. Et ça a le don de m'agacer plus qu'autre chose. Je suis actuellement dehors, sans nulle part où aller, et la seule chose à laquelle je pense, c'est un chocolat chaud. Alors que détestait cette boisson.
Mais vu l'heure assez matinale, je doute de pouvoir trouver un café ouvert. Je devrais d'abord aller à la recherche d'un hôtel, ou motel, pour me reposer. Mon téléphone éteint, je ne prendrai pas la peine de l'allumer, au risque de me faire localiser.
Je suis sûre qu'à son réveil, il ne se souviendra pas de notre discussion. Il aura oublié ce qu'il m'avait craché et sa décision. Je suis certaine qu'à l'heure actuelle, il a déjà retourné la maison sens dessus dessous. Mais je suis aussi certaine d'une chose, c'est que je n'y mettrai plus jamais les pieds. Quoi qu'il m'en coute je ne retournerai jamais à ces côtés, autant me donner la mort.
Tirant ma petite valise derrière moi, la tête en l'air, je découvre la ville à peine réveillée qui vient de m'accueillir : Busan. Et alors que mes pupilles sont à la recherche d'une affiche ou d'un panneau avertissant d'un quelconque lieu d'hébergement provisoire, une douce chaleur m'arrive.
Je m'arrête dans mon avancée et remarque que je viens tout juste de passer devant un café d'où, ce qui semble être un serveur ou propriétaire, aux épaules large, est sorti pour en tirer le rideau de fer.
On peut y lire sur la devanture 𝐵𝑎𝑏𝑦 𝑇𝑜𝑛𝑖𝑔𝘩𝑡™, un des fameux cafés de la chaîne 𝑪𝑯𝑰𝑴 𝑪𝒐𝒎𝒑𝒂𝒏𝒚™. Ces cafés à la réputation de vous accueillir comme chez vous, qui ont fait fureur à travers toute la Corée et, apparemment, même dans quelques autres villes en dehors du pays.
C'est ce qu'il me faut à l'instant, comme si le ciel était avec moi. Comme si mes vœux étaient exaucés, pour la seconde fois en moins de deux jours. Je rigole à cette pensée qui me semble beaucoup trop naïve, beaucoup trop belle pour être vraie, beaucoup trop simple. C'est exactement ce à quoi penserait quelqu'un d'aussi désespéré que moi, d'aussi naïf que moi.
Et si je souhaite changer de vie, je dois apprendre à ne plus avoir ce genre de pensées, ne plus espérer des autres et croire facilement aux paroles des autres. Je ne peux croire qu'en moi, en mes capacités et ne plus jamais me faire avoir par la douceur d'un sourire angélique ou de la bienveillance d'un regard. Il faudrait que je grandisse. Le diable se cache souvent derrière les plus beaux des anges. Mais pour pouvoir mettre toutes ces choses au clair, il me faut mon chocolat chaud, et une cigarette.
Et instinctivement, je tire derrière moi ma valise, et m'avance vers ce café pour y entrer. Une douce chaleur vient m'envahir alors que la délicieuse odeur de brioche envahit mes sinus et me pousse vers le comptoir.
En marchant doucement vers ce dernier, je remarque une personne au teins hâlé, endormie, et dans ses bras, un adorable nourrisson. Son visage endormi reposant sur le haut du crâne de la petite fille alors que cette dernière tient fermement le pull de son père, accroché à son torse tel un petit koala. Un tableau attendrissant à voir, qui me provoque un sourire douloureux.
Aussi physiquement qu'émotionnellement, ce sourire me fait mal au plus profond de moi. J'imagine qu'un hématome est en train de se former sur le haut de ma pommette, la cause de cette douleur.
Mais ce n'est pas aussi douloureux que mon cœur, que je sens se torde, se compresser sous ces émotions soudaines. Cette pensée, savoir que je ne pourrai jamais avoir ce genre de vue, moi aussi, à mon tour, vient empoigner mon cœur pour le serrer entre ses doigts, l'écraser dans sa paume.
Voir cet homme, agir tel un père protégeant son enfant, malgré la fatigue, serrant ainsi entre ses bras, malgré le sommeil, son enfant presque inconsciemment, me rappelle à quel point ma vie est bien minable, à quel point je suis minable. Je ramène inconsciemment ma main à mon ventre alors que mon cœur se serre.
Pardonne moi mon ange, tu ne connaitra pas la douce étreinte d'un père.
Ce tableau qui me semble pourtant naturel, je n'aurais jamais pu l'imaginer avec Dae Sung.
Et voilà que je rapporte tout à lui, de nouveau ! Changer de ville ne m'a pas suffit apparemment. Je me suis éloignée de lui physiquement, mais il est toujours là mentalement, hantant ma tête. La moindre des choses me le rappelle, chacune de mes pensées lui est dédiée, adressée. Tel un automatisme, son prénom flotte dans mes pensées et son image se faufile à travers mon esprit.
Je ne sais combien de temps je fixe cet homme ainsi, mais un courant d'air, ainsi qu'une voix derrière moi vient me tirer de mes pensées.
❝ ━ Désolé madame mais ne nous sommes pas encore ouvert, me dit l'homme que j'avais aperçu dehors, en entrant à son tour.
━━ Oh, j-je suis désolée, je lui réponds gênée de la situation Je, j'ai cru que ... désolée. Je balbutie en faisant demi-tour, tirant ma valise avec moi.
━━ Allez Jin-ah ! Trente minutes avant ne vont pas te tuer, fait une voix d'homme derrière moi. Eh Mademoiselle ! Ne partez pas ! ❞
Je me retourne en devinant que c'était à moi que la personne parlait, et tombe sur les pupilles de l'homme endormi auparavant ; éveillée à présent, dans ses bras l'enfant qui lui tirait une de ses mèches brunes. Je lui adresse un sourire timide, alors que je vois ces pupilles me détailler avec curiosité, son regard s'attardant sur mon visage.
❝ ━ Ne vous dérangez pas pour moi, ça ir-
━━ Hep Hep Hep, me coupe l'homme d'un sourire, en s'approchant de moi. Installez-vous, je vais m'occuper de vous, me dit-il alors qu'il se tourne vers le second homme qui était à l'extérieur, en lui tendant l'enfant. Tu veux bien la porter le temps que je prenne sa commande ?
━━ Je veux bien te prendre la petite et te laisser t'occuper de la commande, mais tu m'expliques comment tu comptes t'y prendre en cuisine ? râle le plus grand en quittant la pièce pour aller je ne sais où avec l'enfant.
━━ Ne faites pas attention à lui, il est grognon tant qu'il n'a pas bu son café, me dit celui que je devine être le père, en m'accompagnant vers une table. Que souhaitez-vous prendre ? me demande-t-il d'un sourire chaleureux.
━━ Êtes vous sûr que ça ne gênera pas votre patron ? Je n'ai pas envie de vous causer de quelconques ennuis, dis-je, gênée d'être entrée sans même m'être rendue compte qu'il était encore fermé.
━━ Le patron, non, au contraire ! Il sera le premier à vous accueillir dit-il enthousiaste Pour lui, le bien être du client passe avant tout, je suis sûr qu'il grondera Seokjin s'il était là. Trente minutes avant l'ouverture ce n'est rien ! Alors reprend-il que voulez-vous ?
━━ Heu, je souhaiterais boire un chocolat chaud, s'il vous plaît.
━━ Et vous voulez manger quelque chose avec ? me demande-t-il toujours avec ce sourire. Histoire de bien débuter la journée !
━━ J-je je ne sais pas. Un croissant ou une brioche, peu importe, dis-je. Du moment que j'ai mon chocolat chaud.
━━ D'accord ! acquiesce-t-il. Je vous ferai un truc maison, ou plutôt Seokjin vous le fera, me dit-il avec un clin d'œil, avant qu'il ne disparaisse à son tour.❞
Je l'observe quitter la pièce dans la même direction que celui qui semble s'appeler Seokjin, avant de m'asseoir plus profondément dans le petit fauteuil sur lequel je suis installée. Un soupir m'échappe, alors que ma tête rencontre le dossier, fermant mes paupières.
Il avait l'air si chaleureux et accueillant. Son sourire avait quelque chose d'affectueux, comme un doux câlin durant lequel on vous chuchotes, ça ira, ne t'en fais pas. Peut-être que je suis entrain de délirer, il me faut impérativement une cigarette, je déraille.
Il y a peu je me suis promis de ne plus faire confiance à personne et me voilà a me sentir en sécurité et apaisé avec un simple sourire ! Qu'est-ce qui se passe avec moi ? Dae Sung avait aussi ce sourire à en faire réchauffer le cœur de bonheur.
Je dois reprendre ma vie en main, recommencer tout depuis le début en commençant par faire le point de ce que j'ai actuellement, et ce que je n'ai plus.
Le compte est rapide, j'ai tout perdu.
Mais j'ai gagné la plus importante des choses, quelque chose qui devrait être normale et en possession de tout le monde. J'ai du me battre et souffrir pour ; la liberté. Je suis consciente que physiquement c'est le cas, mais qu'en est-il de mon esprit. J'ai encore cette affreuse peur de le voir venir débarqué à n'importe quel moment venir me tirer par les cheveux et me ramener de nouveau dans cette prison d'or.
Je rouvre mes yeux pour fixer la valise que j'ai emportée avec moi. Elle ne contient que quelques habits, ma trousse de toilette, ainsi que mon ordinateur portable. Le strict minimum.
Je me penche vers elle tout en étouffant un gémissement de douleur, en grimaçant. Je devine que ma hanche est, elle aussi, marquée d'ecchymoses. Ca partira d'ici une semaine, j'ai connu bien pire. Je laisse glisser la tirette de la valise pour en tirer mon ordinateur portable. Il m'aidera à trouver un logement, un travail, une nouvelle vie.
Tout cela autour d'un bon chocolat chaud, et après une cigarette.
❝ ━ Et voilà votre chocolat chaud ainsi que des beignets encore tout chauds ! lance l'homme, toujours accompagné de son sourire chaleureux, me réveillant de mes songes.❞
Je n'ai pas le temps de le remercier qu'il s'est de nouveau éclipsé. Je ne lui apporte plus d'attention avant de diriger mon regard vers le plateau, attraper le mug encore fumant pour le serrer de mes dix doigts, et humer son odeur sucrée, les yeux fermés.
Qu'est-ce que ça fait du bien du calme et de la douceur.
Je souffle doucement dessus avant de plonger mes lèvres et avaler une gorgée de la boisson chaude. Un soupir d'aise s'échappe de mes lèvres alors que je fixe droit devant moi, perdue à travers mes pensées.
La tasse fumante au bord de mes lèvres, que j'apporte de temps à autre à ma bouche, le regard perdu devant moi, je reste ainsi un long moment. Mon cœur semble moins angoissé, le calme régnant m'aide sûrement beaucoup.
Seulement quelques bruits d'ustensiles provenant de ce qui me semble être la cuisine, ainsi que des gazouillements lointains d'enfant, bercent ce silence. Tout ce dont j'ai besoin pour reprendre mes esprits, me rappeler que j'ai enfin réussi, que je suis enfin libre.
A cette pensée, un soubresaut me surprend. Et avant même que je dépose la tasse sur la table, je sens mes larmes couler le long de mes joues.
Liberté.
J'amène mes jambes à ma poitrine, sur le fauteuil, en les entourant de mes bras. Je fixe toujours devant moi mais ma vue se brouille, due à l'humidité qui s'y accumule.
Je suis libre.
Un sourire s'étire sur mes lèvres alors que je ne retiens plus mes pleurs, laissant mes larmes nettoyer mes plaies encore présentes sur mon visage. Je dépose l'une de mes mains sur mon ventre.
Nous sommes enfin libres.
Je renifle doucement alors que mon sourire se transforme en un petit rire. Je reste ainsi un long moment, caressant délicatement mon ventre, le sourire aux lèvres, alors que mes larmes dévalent mes joues, à contempler droit devant moi les personnes à l'extérieur, qui se pressent à travers la vitrine.
Mes poumons se gonflent de joie alors que je soupire de bonheur. Je n'ai jamais été aussi heureuse. Beaucoup plus heureuse que le jour qui était censé être le plus beau : lorsqu'il m'avait glissé cette bague en diamant au doigt.
Aujourd'hui, il l'est ; le plus beau de mon existence.
Je fixe ma main gauche, là où trône ce qui me relie encore à lui. J'aurais dû la lui laisser, la lui jeter au visage alors qu'il dormait dans ce lit. J'aurais dû m'en séparer depuis si longtemps. Ce n'était pas un bijou qui prouvait notre lien, mais une laisse qu'il m'avait attachée ; une laisse qui se resserrait petit à petit autour de moi, m'étouffant amèrement.
Je la regarde, ma main en l'air, comme si c'était la première fois que je découvrais ce bijou beaucoup trop exhibitionniste, beaucoup trop voyant. J'avais vraiment aimé porter cette bague ?
En une grimace, je la glisse de mon doigt pour la retirer ; il était temps.
Je me redresse, remets mes pieds au sol et me penche pour la déposer et attraper ma tasse ainsi qu'un beignet, mais remarque quelque chose d'autre sur mon plateau : des pansements.
J'en prends un du bout des doigts et fronce les sourcils. Ce n'est pas un hasard car il y en plus de trois déposés sur ce plateau. Je les fixe, mon bras tendu devant moi, avant de comprendre, en amenant mon autre main sur mes lèvres, ouvertes. Et ce ne sont sûrement pas les seules parties blessées de mon visage.
Un autre sourire touché s'étire sur mes lèvres alors que mon cœur se gonfle un peu de bonheur. C'est sûrement le serveur qui m'a laissée prendre commande, qui les a déposés. Une adorable et discrète attention, alors qu'il ne m'avait même pas dévisagé. J'en avais oublié mes propres blessures. Il s'était adressé à moi comme si je n'avais rien, comme si j'étais normale.
Normale ? Suis-je normale ? Qu'est-ce qu'être normal ?
Être libre ?
Vivre sans craindre d'entendre la serrure d'une porte s'ouvrir ? Vivre sans craindre à chaque fois qu'une main se relève brusquement ? Vivre sans craindre les hurlements et cris qui nous sont peut-être adressés ? Vivre sans craindre ces fameux regards que personne ne perçoit mais qui nous rappellent que la soirée sera longue ?
Si tout cela est être normal, alors je suis loin de l'être, à des années-lumière.
Mais n'ai-je pas fait le premier pas pour y arriver ?
Et sans mentir, le geste de cet homme inconnu, le fait qu'il ne me dévisage pas au point où j'en ai oublié mes propres blessures, me réchauffe le cœur. Je me sens humaine à part entière, un peu plus vivante.
▿
HEAVEN PAIN™
Coucou !
Un Seokjin un peu grognon sans son café, un Hoseok chaleureux endormi et un bébé au milieu !
Mais aussi un Jimin perdu et un Taehyung venu à la rescousse !
Vous en pensez quoi ?
J'espère que jusqu'ici je ne vous ai pas perdu car on commence enfin avec l'intrigue principale, n'hésitez pas à me faire part de votre avis, c'est toujours super motivant ❤
Merci de me lire 💕
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