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Debout parmi les convives, sa main tenant tendrement ma hanche, ceinturant ma taille, il me dirige vers une autre personne. Depuis plus de deux heures que nous sommes à cette soirée, et déjà trois fois que j'ai dû me réfugier aux toilettes. J'ai toujours eu un peu du mal avec le monde, la foule. Une multitude de yeux qui vous regarde, des personnes qui pensent tout autour de vous. Mais je n'ai jamais été aussi malade, juste quelques nausées. Il faut dire que ça fait un moment que je n'avais pas croisé autant de pupilles, ressenti de regards.

Assez drôle, me dirait-on, pour une scénographe qui travaillait la plupart de son temps sur des plateaux de tournage. Heureusement, grâce à l'homme qui me maintient fermement contre lui, je n'ai plus à l'affronter. Je travaille de chez nous et ma manager s'occupe de gérer tout ce qui touche à l'extérieur. Enfin ma manager mais aussi sa secrétaire.

Je n'ai plus à sortir. Il a raison, je n'ai pas besoin de sortir pour vivre ma vie, elle peut venir jusqu'à moi, jusqu'à chez nous.

Un énième haut le cœur, alors que j'amène le verre de champagne à mes lèvres, contemplant les gouttelettes de pluie glisser lentement sur les imposantes vitres de la pièce, et je me crispe, tentant de refouler cette remontée acide. Je me force à sourire à l'homme qui discute poliment avec mon mari et m'excuse discrètement pour rejoindre les pièces d'eau. Une fois arrivée, je bouscule la première porte venue et m'accroupie au sol alors que je me vide.

Il n'y a plus rien dans mon estomac, je n'ai plus rien à régurgiter, mais je continue à cracher, à subir ces haut-le-cœur malgré moi. Je n'ai plus que de la bile qui traverse mon œsophage et brûle ma gorge pour finir au fond de la cuvette, laissant sur son passage, une brûlure acidulée, beaucoup plus acide que lorsque je devais ingurgiter les boissons favorites de mon homme.

Je tousse en évitant de m'étouffer, calant mon dos contre le mur derrière moi, pour reprendre mon souffle hachuré. Je sens une larme couler le long de ma joue, par l'effort douloureux, alors que j'essuie la sueur perlant sur mes tempes.

Je me sens mal. Cette robe près du corps m'asphyxie, ces talons haut-perchés ne font qu'accentuer mon mal de tête et ma hanche se fait douloureuse. J'ai besoin de fumer pour me calmer, pour me détendre et penser à sourire pour le reste de la soirée. Juste une cigarette, juste quelques inspirations allégeant mon esprit.

Je me relève tant bien que mal, la robe sur mon corps et ces escarpins à mes pieds me compliquent la tâche mais je réussis à être sur mes deux jambes. J'ai connu bien plus douloureuse, comme situation. J'ai toujours réussi à me relever, malgré la plus intense des nuits, la plus douloureuse des soirées. Alors ce n'est sûrement pas une gastro pointant le bout de son nez qui va me rendre faible, ni ces personnes à l'extérieur.

Je m'avance vers les lavabos et me penche alors que j'ai ouvert le robinet pour rafraîchir mon visage et la peau de mon cou bouillante. Mes doigts caressent ma nuque avant de les passer sur mes joues, que je tapote doucement pour atténuer la rougeur due à l'effort d'il y a quelques minutes. Manège que j'ai répété pour la quatrième fois de la soirée. J'aurais bien aimé rejoindre les balcons, respirer l'air humide par l'averse qui se déchaîne, ressentir les gouttes s'échouer sur mon visage et caresser mes pommettes. Je dois me contenter de ce robinet.

Je me redresse et souffle péniblement. J'ai besoin de respirer un peu. J'attrape mon sac et fouille maladroitement son contenu pour en retirer l'objet qui calmera mes tourments, ainsi que celui qui me permet d'y accéder : une cigarette et un briquet. Je range le reste dans mon sac à main avant de coincer le bâtonnet entre mes lèvres.

Je me dirige alors prestement vers l'une des cabines pour m'y réfugier, mais la porte principale s'ouvre à la volée, laissant place à une femme charmante, emplie de charisme et sûre d'elle : la secrétaire de mon mari.

Tiens elle est revenue elle. Ca faisait quelque mois que je ne l'avais plus vue. Je n'avais  pas chercher à comprendre et je m'en plaignais pas. La vie était beaucoup plus douce sans son parfum fort et son regard perçant. Mais bon, elle était de nouveau auprès de mon mari. J'imagine qu'elle ne le lâcherai jamais, faudra vivre avec elle. 

Elle me fixe de son regard que je ne saurais traduire. De la moquerie ? De l'orgueil ? De la jalousie ou de la pitié ?

Peu importe, je sais juste qu'à cet instant, elle arrive vers moi, un sourire du coin des lèvres alors qu'elle fixe les miennes avec intérêt. Ses pas raisonnant sur le carrelage la ramènent à quelques décimètres de moi, alors qu'elle prend la parole de sa voix qui m'a toujours narguée, semblant toujours se moquer de moi. Ca aussi ça m'avait pas manqué.


Tut tut tut, fait-elle en claquant sa langue arrogamment contre son palais. Que faites-vous, Madame Kang ? demande-t-elle en me retirant, ou devrais-je dire en m'arrachant ce que maintenaient mes lèvres. Savez-vous que c'est très mal vu, une femme telle que vous, d'avoir ce genre de choses entre de si jolies lèvres ? me sermonne la femme perchée sur ses escarpins, alors qu'elle écrase de sa main, ma cigarette pas encore entamée. Heureusement pour vous que Dae Sung m'a demandé de jouer au baby-sitter avec sa femme chérie, vous risqueriez d'entacher la carrière de notre cher juge, avec vos petites bêtises.


Elle parle comme lui.

Elle écrase ce qu'elle m'a arraché devant mon visage alors que son sourire narquois ne quitte pas le sien. Son petit rire accentue mon mal de crâne mais je ne souhaite en aucun cas le lui faire savoir. Je suis certaine qu'elle ne cherche qu'à m'incommoder et je ne lui ferai pas ce plaisir, en aucun cas. Il faudrait plutôt que je lui rappelle sa place, que nous ne sommes pas au même niveau. Elle est aux ordres de Dae Sung alors que je suis à ses côtés. Et même si elle chercherai par tout les moyens de se hisser à sa hauteur, elle restera sa secrétaire et moi sa femme. 

Je recule d'un demi pas pour la toiser à mon tour, passant une main le long de mes cheveux pour les replacer correctement alors que je m'avance droit devant, la bousculant de l'épaule. Si son regard peut être aussi confiant, je peux tout aussi bien l'être de mes gestes. Jamais au grand jamais je ne lui montrerai que ses agissement m'agacent. Avec Dae Sung, j'ai appris à maquiller mes émotions, il m'apprend tant de choses. 

Et c'est donc lorsque j'arrive à hauteur de la porte, que je lui dis, sans pour autant me retourner :


Pour vous, c'est Monsieur Kang, très chère secrétaire. Vous semblez l'avoir oublié.


Un ricanement arrive à mes oreilles alors que je quitte la pièce pour refaire mon entrée parmi les convives, à la recherche de celui qui partage ma vie, avant de l'apercevoir discuter, verre de champagne à la main, avec un homme plus petit de quelques faibles centimètres. Ils étaient debout aux côtés des grandes vitres, dévoilant à travers la nuit, la pluie qui s'abat sur le jardin, noyant un peu plus la piscine qui s'y trouve.

Je m'approche d'eux en observant la carrure de celui qui a conquis mon cœur. Son sourire angélique a fait des ravages sur mon âme, alors que ses lèvres pulpeuses ont fait chaque partie de mon cœur, sienne. A chaque pas, je m'avance vers ce corps imposant, alors que ses yeux se font discrets derrière son sourire charmant et ses mèches brunes.

Je ne suis plus qu'à quelques mètres et sa voix douce arrive à mes tympans, caresse les souvenirs de nos débuts, lorsque nous étions des adolescents en voie de devenir des adultes, ce que nous sommes à présent, me rappelant que cette même voix peut atteindre des notes graves, par moments.

Arrivée à sa hauteur, je m'incline poliment face à l'homme avec lequel il semble entretenir une discussion importante et me place aux côtés de mon mari. Automatiquement, sa main vient retrouver ma hanche alors qu'il me rapproche de lui. Je vois l'homme face à lui me détailler rapidement de haut en bas, avant que son regards ne s'attarde sur la grande main de mon mari sur ma taille.

Dae m'adresse un regard alors qu'il embrasse ma tempe doucement, délicatement. Qu'est-ce que j'aime lorsqu'il est ainsi, aussi doux que sa voix. Mes paupières se closent instinctivement, savourant le moment, avant de les ouvrir lorsque ses lèvres quittent ma peau. Un sourire discret se dessine sur mes lippes. J'aime plus que tout ces moments de tendresse, je les savourent délicieusement à chaque fois. 


Mon cœur, je te présente Monsieur Min, celui dont je t'ai parlé quelques fois, me dit-il en me souriant, avant de rencontrer le regard de l'homme que je peux qualifier être le collègue de mon homme. Celui qui me facilite rarement la tâche lors de procès et les rend plus animés, n'est-ce pas Yoongi-ssi ? rit-il avant de reprendre, en poussant légèrement mon bas de dos pour me mettre en avant. Yoongi-ssi, je vous présente ma précieuse épouse, Kang So Hyun.

━━ Ravi de vous rencontrer Madame, me salue d'un petit sourire Monsieur Min, en s'inclinant légèrement vers l'avant.

━━ Et moi de même, Monsieur Min, fais-je en mimant son geste.


J'adresse un légers sourire, avant de remercier un serveur qui vint m'offrir un verre de champagne. Ce n'est sûrement pas une bonne idée d'en boire, mais j'ai besoin de me détendre. L'altercation avec la secrétaire de Dae Sung m'a énervé bien plus que je ne le pensait. Moi qui croyait ne plus la voir, ça faisait quand même plus de cinq mois que je ne l'avais plus vue. Et la dernière fois, j'aurai juré l'avoir vu avec un ventre légèrement rond, surement attendant un enfant. 

Mais ce soir, elle était toujours aussi mince, avec sa taille mannequin. Je me suis souvent demandé si elle mangeait quelque chose. C'est sûrement le fruit de mon imagination, cette image d'elle avec un gros ventre. Peut-être inconsciemment un peu jalouse de sa taille. Surtout depuis que Dae Sung me fait la remarque de me laisser aller d'avantage. 

Il faudrait que je pense à faire un régime, pour retrouver cette silhouette de mes années à la fac. Je planifie distraitement ce que je pourrais retirer de mes futurs plats tout en amenant le verre de champagne à mes lèvres, ignorant le haut le cœur. Je ne veux surtout pas revoir la vipère qui travaille pour Dae de nouveau. 

Et lorsqu'on parle du loup, je la vois traverser la salle de ses hauts talons, la tête hautes et un sourire sur ces lèvres. Ses long cheveux se balancent contre son dos à chacun de ses pas, marchant vers nous. 


Je la vois passer juste à côtés de l'avocat qui discute avec mon époux, sans lui adresser un seul regard pour venir déposer sa main manucurée sur l'avant bras de Dae Sung. Et comme un automatisme, sa main qui  réchauffait le bas de mon dos, disparu pour venir ajuster le nœud de sa cravate.  

J'ignore le froid laissé par sa main et m'autorise à détailler l'homme en costume noir face à moi, pendant que la secrétaire chuchote à l'oreille de Dae. Monsieur Min si je me souviens bien, avait déjà ses yeux posé sur la femme aux côtés de mon époux. 

Ce n'était pas étonnant, elle attire tout les regards, c'est une très belle femme. Mais étrangement, le regard de cet avocat est différent de tout ces hommes qui la reluquaient. Je n'ai pas eu le temps de cerner l'origine de son regard que la vipère se retire, pour se tourner enfin vers nous, et se pencher vers l'homme en costume noir. 


━ Yoongi, prononça simplement la vipère d'un sourire étrange avant de tourner son dos pour partir.

━ Dara, répondit l'avocat d'un souffle avant de se pencher à nouveau vers Dae et moi.


J'adresse un léger sourire à cet homme avant qu'il nous quitte, pour nous laisser à deux. Je l'observe se diriger vers deux autres hommes, vêtu de son costume noir, qui contraste étonnamment avec la pâleur de sa peau, un énième collègue que je rencontre.

C'était étrange, cette tension de quelque seconde qui était venue nous englober. Entre le regard fière de Dae Sung, alors qu'il avait remplacer sa main, là il avait laissé un vide, le sourire étrange de la vipère et cet homme intriguant. 

Je ressens des doigts qui s'enfoncent sur ma hanche, alors qu'un souffle vient s'échouer sur ma nuque, remontant vers mon oreille.

Un murmure me parvient malgré les voix qui s'élèvent de la salle. Je pourrais l'entendre malgré l'orage qui gronde dehors et la pluie qui rafale le sol et attaque les vitres ; ses chuchotis atteignent directement mes tympans. Je tourne instinctivement mon regard vers le sien, souriant.


Tu t'éloignes une dernière fois de ta place pour aller je ne sais où, et ce soir tu verras les étoiles, mon ange. Et souris, nous ne sommes pas à un enterrement. Sois une épouse obéissante, je ne crois pas que tu souhaiterais le regretter.


Un éclair traverse le ciel, se faufilant à travers les vitres hautes pour illuminer la salle un millième de seconde, projetant ainsi l'ombre d'un couple, s'enlaçant tendrement pendant que l'homme, Kang Dae Sung, murmure à sa tendre femme Kang So Hyun, des mots d'amour à lui en faire briller les pupilles.

Et c'est ainsi que le couple s'en va vers une autre rencontre, discutant avec d'autres convives, alors que la pluie s'abat sur la ville de Séoul.







HEAVEN PAIN


Hey ! Je vous remercie d'avoir lu ce chapitre.

J'espère qu'il ne vous a pas ennuyés, mais don't worry, ces premiers chapitres sont là pour déposer le contexte et le décor. Chaque petit détails compte (;

N'hésitez pas à me faire savoir si quelque chose ne vous a pas plu.

Je vous retrouve au prochain chapitre !

En attendant, n'oubliez pas que je vous aime et que si vous êtes dans cette situation, n'hésitez pas à en parler ! Je vous assure que ça vous aidera.

LOVE YOU

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