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Le vide.
Oui le néant étouffant.
Voilà ce que je ressent actuellement en rangeant correctement cette chaise sous la table. Je n'arrive plus à ressentir cette peur, ce stress. C'est comme si je m'en foutais de tout, que je vive, que je meurs ou que je survive simplement.
Rien n'a plus d'importance.
Et pourtant j'avais enfin réussi à me procurer un matelas et réserver un lit de secondes mains pour le mois prochain. Je me suis même permise de faire un peu de shopping pour me changer les idées, prendre du temps pour moi et seulement moi grâce au deuxième travail dans lequel je me suis fait engager pour essayer de me tirer vers le haut. Un travail au noir, en tant que femme de ménage dans une boite de nuit, l'avantage était que je suis payé tout le soirs à la fin de mon service, me permettant d'avoir de l'argent rapidement.
Mais simplement quatre jours sont passés et je les ai senti. Mais aujourd'hui un peu plus. C'était le vide en moi.
Peut-être que le cauchemars qui a hanté ma courte nuit y était pour quelque chose mais je n'arrive pas à esquisser le moindre sourire, même faux. Je n'y arrive tout simplement pas. C'était trop me demander. J'ai presque mon estomac qui se tord dès que j'essaye d'étirer mes lèvres.
Peut-être que c'est bien la seule chose que je ressent parmi tout ce lourd vide.
Et ces foutus nausées n'arrangent rien à mon état, mon estomac est ballonné et j'ai des remontées acides. J'ai peur qu'au moindre mouvement, le simple chocolat chaud que je me suis forcer à boire s'étale au sol. Tout était pesant autours de moi, tout me paraissait comme étant un potentiel danger. C'est affreux. Le moindre regard insistant, le moindre objet posé de travers, le moindre son percutant. Tout, tout, tout peut me tomber dessus. Il peut bien se cacher n'importe où pour me sauter au cou.
Cette journée est s'annonce clairement horrible et elle ne fait que commencer.
Ça fait quatre jours exactement qu'elle était passée.
Et depuis, j'ai toujours cette crainte de revenir au café pour y faire mon service. Comme s'il pouvait débarquer à n'importe quel moment pour venir me chercher en me tirant par les cheveux. Il était tellement capable de le faire, et peut-être qu'il m'observait quelque part dans un recoin, me faisant volontairement mariner. Je sais qu'il adore voir la peur scintiller au creux de mes pupilles, me voir trembler de terreur et surtout, le supplier. Et peut-être qu'il n'attendait que le moment où je m'écroule pour venir me surplomber et me narguer de son sourire malsain.
J'ai à présent cette boule au ventre à chaque fois que je franchissait le pas de la porte. Je tentais de ne rien laisser paraître, essayant d'être professionnelle au maximum même avec ce client juste épuisant. Et même l'idée de quitter ce poste m'avait effleurer l'esprit, mais où allais-je trouver un travail pareil si rapidement ?
Mais aujourd'hui, c'était beaucoup plus différent, je n'avais aucun nœud à la gorge, aucune boule au ventre, je ne craignait pas de le voir à chaque fois qu'un client entrait. Non rien, aucune peur, juste le vide. Et je ne sais pas si cela doit m'effrayer ou non.
Je crois qu'il peut bien venir là, maintenant, me hurler toutes les atrocités du monde qu'il sait si bien dire, lever la main pour venir l'abattre brutalement sur moi, abuser de nouveau que ça ne me fera rien. Totalement rien.
Après tout, c'est ce qu'il a toujours réussi à faire, me guérir pour me briser un peu plus douloureusement, un peu plus profondément. Et peut-être que je l'était finalement, brisée.
Je suis la seule à blâmer, celle qui lui avait laissé pleinement la liberté de le faire, d'user pleinement de mon corps de la manière qu'il le souhaitait. Ce n'était que moi qui était revenu dans ces bras toutes ces fois après qu'il ai tenté d'effacer ces bleus par des mots doux. Ce n'était que moi qui lui souriait après ces engueulades gorgée d'insanités, parce que sous la colère, on ne croyait pas ce que l'on hurle. Et ce n'était que moi qui lui pardonnais à chaque reprise.
J'ai toujours fermé les yeux sous toutes ces violences, aveuglée par je ne sais quoi.
De l'amour ?
Alors cet amour était maladif, de couleur bleue et jaunâtre.
Ces tons que prenait mon épiderme, toile vierge bleutée par les preuves de son amour, pinceau chancelant brutalement sur ma peau. Et pourtant il avait commencé si tendrement par le violet de ces doux suçons possessifs faits par ces lèvres pécheresses. Mais apparemment, ces lippes ne suffisaient plus, il a fallu que ces mains viennent à leur tour finir le tableau que représentait son amour pour moi.
Mais il allait revenir, je le sentais, comme d'habitude, il revenait toujours un peu plus déterminé à me détruire.
Un client entra alors que je débarrassais la table qui venais d'être vidée. Et si hier et les jours d'avant je me serai tournée rapidement pour m'assurer que ce n'était pas lui, aujourd'hui, je ne fis rien. Je suis extenuée, aussi mentalement que physiquement. Et je suis sûr que cette fois-ci, s'il m'attrape il en finira définitivement avec moi.
Je suis occupée à déposer les verres vides sur mon plateau de la fameuse table près de la vitre, celle de ce fameux client qui vient tout les jours. Mais étrangement, aujourd'hui il n'était pas encore là. Tant mieux, ça me fera des vacances, je ne suis pas vraiment d'humeur à supporter sa lourdeur ni tenter de le remettre à sa place.
Déposant le plateau débarrassé sur le comptoir avec un petit soupire pour mon dos encore douloureux, je prend un chiffon afin de le passer sur la table. Je remarque qu'elle est occupée par un nouveau client. Je n'oublie donc pas alors de prendre mon petit carnet pour noter la commande, de gestes mécaniques.
Sans un regard pour le client, je passe le chiffon avant de lui demander ce qu'il souhaite consommer d'une voix dénouée de tout entrain, les yeux rivés sur mon carnet. Mais malheureusement, je reconnais rapidement cette voix.
❝ Je ne t'ai pas trop manqué ce matin ? ❞
Et d'habitude, je lui aurai adressé un sourire faux avant de légèrement rentrer dans son jeu, lui montrant clairement que ces remarques ne me faisait rien. Evidement, je ne les supportais pas, et elle me blessaient de temps en temps, mais cela serai lui faire un plaisir que de le lui faire comprendre.
De plus j'avais remarqué qu'en faisant cela, la discussion était plus agréable et moins pesante pour mon moral. Sans se mentir, c'était presque amusant et drôle de le voir embêter parce que je ne cédais pas à ces remarques. Il avait ce petit charme à ces sourires provoquant qui cherchaient clairement à me déstabiliser. Et j'en suis sur, nombreuses sont celles qui ont du tomber dans ce piège. Mais malheureusement pour lui, j'ai été vacciné contre ce genre de belles gueule d'ange. Car j'ai appris que derrière pouvait se cacher le plus vicieux des démons.
Et je me suis pris un malin plaisir à refuser toutes ses avances. C'était un peu une bouffée de nouveauté, une source d'amusement dans cette nouvelle vie épuisante et douloureuse.
Mais aujourd'hui, je n'avais pas la tête à lui répondre ou répliquer d'une autre pique. Je voulais seulement en finir avec cette journée et aller me rouler en boule dans mon nouveau matelas pour hiberner jusqu'à mon autre service à la boite de nuit.
❝━ Que prenez vous Monsieur ? je lui demande en pliant distraitement le chiffon.
━ Ce n'était pas trop ennuyant sans moi ? et je peux deviner son sourire à l'intonation qu'il a prit. Cet homme déborde d'amour pour sois mais je suis trop fatiguée pour lui en faire la remarque. Je suis venue un peu plus tard aujourd'hui, ma nuit ne fut pas de tout repos, il me dis d'un ton suggestif, mais je ne pouvais pas finir ma journée sans voir ton joli sourire ...
━ Comme d'habitude ? je lui demande une autre fois, sans un regard pour lui.
━ Oui, un thé au citr-
━ D'accord, je le coupe en lui tournant le dos.❞
Je marche en soupirant tentant de redresser ma posture pour alléger la douleur à mon dos. Tel un automatisme je passe de l'autre côté du comptoir pour préparer la commande et en profiter pour mettre un peu d'ordre et encaisser une cliente. Je vois au loin Seokjin servir une table avant de revenir vers moi souriant. Je me contente de soutenir quelque seconde son regard avant de l'abaisser pour verser l'eau bouillante dans la tasse contenant des tranches de citron et un sachet de thé.
Inspirant profondément, je retourne auprès de cet homme dont je ne connais toujours pas le prénom pour lui déposer son thé au citron et les quelques macarons. Je fais volte-face sans prendre la peine de voir s'il lui fallait autre chose, même si je sais qu'il aura toujours une remarque du bout des lèvres pour moi.
Il ne me laisse pas le temps de faire un pas m'éloignant de lui, que mon poignet se fait emprisonner par des doigts, me retenant.
Mon cœur se fige avant de se mettre à battre un peu plus rapidement, me coupant le souffle. Ma main libre vient instinctivement se placer contre mon ventre, dans un reflexe que je n'ai pus contrôler. Je devrais éviter de le faire ici, au travail, je ne dois pas prendre le risque qu'il découvre ma grossesse. Mais cette poigne ferme autours de mon poignet m'empêchait de réfléchir correctement.
Et enfin.
Après une longue et épuisante journée d'un vide accablant, une émotion.
De la peur.
Une peur qui traversa en frissons tout le long de mon dos, se faufilant à travers mon corps pour le crisper tout entier. Mon souffle n'avait pas repris, mais mon cœur pompait.
Il pompait et battait comme s'il courrait à en perdre haleine. Il tentait de s'échapper, en vain, de ma poitrine, prêt à se lacérer pour se faufiler d'à travers mes côtes et se cacher dans un recoin sombre, loin, très loin.
Je l'entendait marteler brutalement en moi, et à travers tout mon corps, sans que je ne puisse inspirer ne serait-ce que l'infime goulée d'air.
Et pourtant, cette main là, maintenant mon poignet, était douce.
Elle ne me tenait pas si fortement.
Elle me serrai à peine.
Et je ne sais par quel miracle, j'ai pu reprendre mon esprit pour tenter de surpasser cette peur qui me rongeait brutalement pour m'agiter et me détacher de cette emprise. Je devais impérativement m'en libérer. C'était urgent, mon cœur allait me lâcher.
Une fois que ce touché disparu, je me tourne face à cet homme, le cœur battant toujours aussi frénétiquement. Ma respiration je ne m'en souciais plus, j'essaye de plisser les yeux, juste pour m'assure que ce n'est pas lui. J'ai du mal à discerner correctement ces traits, mais je fronce les sourcils dans le but de lui faire comprendre qu'il venait de dépasser une limite. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de me retenir. De simplement me toucher. Je suis prête à bien le lui faire comprendre, enfin ... si ma voix accepte de me laisser parler.
Mais il me devança en se redressant légèrement sur son siège.
❝ Est-ce que ... ça va ? ❞
Il n'y avait pas de filtre moqueur ou hautain dans sa voix, elle m'avait l'air plus douce qu'à l'accoutumée, voir fluette. Je le regarde incrédule en fixant son regard qui traduisait de l'inquiétude ?
Je ne sais pas, mais ces traits avait quelque chose de différents par rapport à toute les autres fois, je n'y lis aucune lueur de jeu ou d'amusement dans ces yeux. Qu'est-ce qui lui arrive si soudainement lui ? Est-ce que la panique me fait voir des choses qui ne sont pas réelles ?
❝━ Heu oui ? je lui réponds, mes sourcils toujours froncés d'incompréhension.
━ Tu en es sur ? insiste-t-il en croisant ses bras sur la table, son regard toujours encré au miens. Tu-
━ Oui, je le coupe sèchement. Et après en quoi ça vous regarde ? je fini en lui tournant de nouveau le dos, gardant toujours l'une de mes mains crispées sur mon ventre.❞
Je déguerpie rapidement, sans attendre une quelconque réponse de part. Je me précipite à l'arrière cour pour souffler rapidement; dans l'espoir de calmer les battements frénétiques de mon cœur.
Heureusement que cet après midi, les clients étaient plus rare. Et après tout Jungkook allait arriver d'une minute à l'autre, je pouvais me permettre de quitter la salle, sinon je sentais que j'allais faire un malaise en plein milieu. Les mains tremblantes, je cherche mon paquet de cigarettes dans la poche avant de mon tablier.
Je ne m'attendais pas à une tel réaction de ma part, je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce n'était qu'une main tenant mon poignet.
Rien d'anormal.
Mais une main qui m'a tenu par surprise, sans que je ne la vois venir. Mes jambes en tremblent encore. Je sens distinctement chaque gouttes de sueurs froides se balader et glisser lentement le long de mon dos.
Ma respiration n'arrangeait rien à mon cas et encore moins ce foutu briquet qui refusait de sortir ne serait-ce qu'une flamme. Je me débat contre la petite molette, mais rien n'y fais aucune flamme ne veux surgir. Je ne sais pas si ce sont mes doigts moites où ma vision qui m'empêchait de voir clairement. Peut-être que le réservoir de gaz était vide, mais ce n'était clairement pas le moment. Avec un cri de rage, ou de détresse, s'arrachant de du fond de ma gorge, je jette d'un geste rageur le briquet contre le mur face à moi.
Je le vois s'éclater en morceaux pour s'échouer lamentablement à terre, à mes pieds. Etrangement, je me sens un peu mieux. Mais ma cigarette n'était toujours pas allumée. Il m'en fallait une impérativement, sinon je ne donnerai pas cher de ma peau. Je ne veux même pas me souvenir de cette fois, où prise de détresse, parce qu'il avait jeter mon paquet je me suis retrouvée sans cigarettes.
C'avait été l'une des nuits les plus atroces de ma vie, je n'avait rien pour me distraire de la douleur lancinante au creux de mes reins. Cette nuit où chaque seconde s'écoulait tel une heure éternelle, le soleil c'était levé sur des cicatrices zébrant mes cuisses. J'avais besoin de m'occuper, de m'oublier, de soigner la douleur par une autre, et son rasoir brillait dans la salle de bain.
A son réveil, il m'avait trouvé étalé à même le sol, baignant dans mon propre sang, et à la place de m'emmener aux urgences, il avait préférés me désinfecter lui même mes plaies ... me baignant dans une douche de whiskey.
Alors non, je ne veux plus de douche à l'alcool, je ne veux plus me réveiller dans une marre de sang, je veux simplement une cigarette. La seule qui à le pouvoir de m'apaiser.
D'un pas précipité, je rentre de nouveau au café pour me diriger vers la cuisine sans un regard autour de moi. Seokjin gardait surement des briquets quelque part dans la cuisine. Oui, il en a toujours dans une cuisine.
Je ne fais pas attention aux personnes présentes dans la cuisine ni à le haut le cœur qui me pris face à l'odeur des viennoiseries et me mets à chercher lamentablement dans les tiroirs. Ma vision se brouille de plus en plus alors que je passe en revu tiroir après tiroir. Et ce n'est qu'au cinquième que j'en trouve finalement un.
Je soupire de soulagement en relevant la tête pour apercevoir Seokjin et autre homme aux cheveux noirs, peut-être le client chiant mais avec la précipitation et les larmes qui m'empêche de voir clair je n'y prête pas attention. Je suis bien trop heureuse d'avoir trouvé un briquet.
Je veux juste me calmer, me détendre un peu pour faire passer cette crise d'angoisse qui pointe le bout de son nez, je ne peux pas me permettre de la laisser prendre le dessus. Parce qu'avec la fatigue qui a déjà pris le contrôle de mon corps, le résultat serai déplorable. Je traverse cette fois-ci le café pour sortir dehors dans la rue. Je crois croiser Jungkook à la porte poussant la poussette de la petite qu'il garde.
❝ Oh salut Noona ! ❞
Oui je l'ai entendu, mais je n'ai pas le temps de lui répondre, je ne fais pas du tout confiance à ma voix. Je le saluerait plus tard. Je suis sur que sa bonne humeur et son aura bienveillante pourrai rendre ma journée un peu plus agréable.
Une fois dehors, je ressors ma cigarette et replace le briquet rouge face à elle alors que mes main tremblaient encore.
Mais c'est sans compter sur le vent qui fait dévier la flamme pour l'éteindre. Le ciel est contre moi aujourd'hui, c'est clair, je ne vois pas d'autre solution. Je suis maudite. De toute la semaine, en ce fin d'hiver le vent était calme et c'est juste maintenant, alors que j'ai impérativement besoin de fumer qu'il décide de se lever ? Un rire amère quitte mes lèvres en sentant une première larme s'échouer lentement le long de ma joue.
Mon cœur se serre un peu plus alors que j'essaye de figer mes mains tremblantes. Mes poumons ne veulent pas coopérer, je réussi à peine à prendre quelques bouffées d'air. Je sens mes larmes chaudes, presque brûlantes s'échouer lamentablement sur mon visage à chaque courant d'air.
Abattue, n'arrivant même pas allumer une simple cigarette, je m'accroupie, contre la devanture du café, me préoccupant guère des passants. Je suis épuisée, vidée de toute force. J'ai mal au dos, j'ai mal au ventre, j'ai mal au cœur, j'ai mal à l'âme.
Peut-être que je ne pourrai jamais vivre normalement, cette crise me l'a bien prouvée. Ce client, bien qu'insupportable c'était inquiété visiblement pour moi, et voilà comment j'ai réagis ... Que ferai-je plus tard. Est-ce que j'ai pris la bonne décision ? Je n'arrive même pas à me faire vivre correctement, comment pourrai-je mettre au monde ce petit ange en moi ? Je souhaitais l'éloigner de cette bulle de peur qui m'entourais, je croyais sincèrement qu'en fuyant j'allais pouvoir m'en débarrasser.
Mais cette peur, cette terreur qui prend aux trippes me colle à la peau, un peu comme toutes ces cicatrices qui décorent mon épiderme, indélébiles. Impossible de s'en débarrasser ...
Je veux seulement que ça s'arrête.
Que je ne ressente plus rien comme ce matin, du vide. Est-ce trop demandé ?
Ce n'était pas si mal au final, être vide de toute émotions, une simple coquille creuse qui survies.
Je fixe mes mains sur mes genoux, qui tremblotent encore et toujours.
Et peut-être qu'il est là, qu'il me voit et en profitera pour venir me chercher. Je suis enfin au plus bas, prête à abandonner, je n'ai plus rien à perdre, je ne suis même pas sur de pouvoir offrir un foyer paisible à cet être en moi. Alors à quoi bon rester en vie ?
Je n'arrive plus à réfléchir correctement, tout s'embrouille dans ma tête, se mélange, s'entrchoque.
Et alors que je fixait devant moi sans pour autant voir quelque chose, une main vint me prendre ma cigarette et ensuite le briquet.
Je sursaute.
C'est bon il est venu et la première chose qu'il fait c'est de m'arracher ces choses qu'il déteste tant. J'avais raison, il allait venir, il était là, à m'observer m'effriter lentement, et être à terre, comme il aime si bien. Pour pouvoir me dominer pleinement.
Je ferme fortement les yeux, à en voir ces petites lumières blanches danser sous mes paupières. J'attend le coup venir, mes épaules sont rentrées et ma respiration s'est coupée.
Je l'attend.
J'attend que sa main s'abatte sur moi.
J'attend que ces doigts viennent tirer mes cheveux en arrière.
J'attend.
Mais rien.
Et deux doigts se faufilent sous mon visage.
Doucement.
Délicatement.
Un douceur dont j'avais oublié la sensation.
Une main vint se poser sous mon menton, le tirant doucement vers le bas pour entrouvrir mes lèvres tremblantes. Mes paupières encore fermées, je ne veux pas voir ce qu'il va me faire. Je n'ai pas envie de m'imaginer au risque de lui vomir dessus, l'estomac affreusement sensible.
J'ai complément oubliée que nous sommes dans la rue, mon esprit est parti loin, très loin. Comme dans ces moments où il me forçait de le prendre en bouche, m'étouffant de sa virilité, me baisant vulgairement la bouche.
Je m'attendais à recevoir sa longueur contre les lèvres avant de m'ordonner de sa voix grave de le prendre entièrement sans le mordre, les paupières et les poings crispés. Mon cœur martèle d'appréhension, je ne veux pas, je ne veux pas ...
Et alors que je m'attend à quelque chose de brusque, chaud et amère, c'est quelque chose de plus fin et dont je connais si bien la texture vient se faufiler entre mes lèvres. Une cigarette.
❝ Ouvre ta bouche, me parle une voix beaucoup trop douce pour être la sienne. Tiens la, que je te l'allumes. ❞
J'ouvre mes paupières doucement lorsque j'entend le son distinct de la roulette, la cigarette pendant au bout de mes lèvres. Mes yeux encore embués de larmes, j'aperçois une flamme jailli juste devant moi, me faisant prendre une grande inspiration. Sous la surprise, j'entrouvre mes lèvres et la cigarette encore éteinte s'échoue entre mes cuisses repliées et mon ventre.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je reconnais cette main qui tiens le briquet face à mon visage. La même main qui a tenu mon poignet un peu fermement il y a quelque minutes plus tôt.
Elle n'est pas à lui,
non ce n'est pas lui qui m'a trouvé.
J'arrive à reconnaître ces doigts légèrement boudinés qui on de nombreuses fois jouée avec la hanse des tasse de thé que je lui servais. Je relève mon regard humide vers les propriétaires de ces doigts qui avait visiblement les sourcils légèrement froncés.
Je le vois à travers mes larmes venir glisser délicatement sa main prêt de mes cuisses sans pour autant les toucher, m'arrachant sans que je ne puisse le contrôler un sursaut, pour prendre cette cigarette échouée, la tenant du bout des doigts.
Il me la présente de nouveau face à mes lèvres, sans pour autant avoir une quelconque expression sur ces traits. Cette fois-ci, je réagis et l'attrape d'une main tremblante pour la coincer tant bien que mal entre mes lèvres, elles-mêmes tremblotantes.
❝ Arrête de trembler pour que je puisse te l'allumer, me dit-il doucement alors que sa main libre se posant sur la mienne qui tenait ce rouleau de nicotine, dans un touché aérien, frôlant à peine le dos de ma main. Voilà comme ça, me chuchote-t-il après avoir réussi à enflammer le bout. ❞
Je ferme les paupières en inspirant profondément cette première goulée d'air empoisonnée de nicotine, me sentant petit à petit apaisée. L'étau qui resserrai mon cœur s'était mis lentement à se délier.
Et malgré le froid d'hiver qui tapait contre mon corps recroquevillé et peu couvert, mes tremblements s'étaient atténués.
Peut-être grâce a ces dizaines d'inspirations que je prenait, imbibées de nicotine, ou cette main posée sur mon genoux qui dessinaient de légère arabesques ou encore le fait que ce n'était pas lui. J'avais les paupières fermées et je ne me concentrait que sur le simple fait de délier ce nœud au creux de mon estomac.
Peu importe, cette peur qui me comprimait l'âme et la poitrine, elle s'était envolé en même temps que la fumée qui quittait mes lèvres.
Elle avait quittée mon corps pour ne laisser derrière elle qu'un vide de nouveau.
Mais ce vide était moins pesant que ce matin, ce vide était un peu plus chaleureux, moins froid. Il était juste là, pour effacer les autres émotions sans pour autant m'étouffer. Un vide silencieux mais libérateur.
En ouvrant les paupières, ne sentant plus cette douce chaleur et discrètes caresses sur mon genoux, je tombe sur un regard inquiet.
Jungkook accroupit face à moi alors que je pouvais encore voir derrière lui, une personne s'éloigner.
Ses cheveux étaient de jais s'envolant au grès du vent et plus bas, au creux de sa main, ces doigts jouaient à tourner la roulette d'un briquet rouge pour en faire jaillir des flammes.
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HEAVEN PAIN™
Hey ! Bonsoir petit papillon, j'espère que ce petit chapitre de 4100 mots t'ai plu. Merci de me lire et de lui donner autant d'amour, je vous aime énormément ❣
LOVE LOVE
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