𝓝°3.2-𝓛𝓾𝓬𝓲𝓯𝓮𝓻, 𝓵𝓪𝓲𝓼𝓼𝓮 𝓶𝓸𝓲 𝓻𝓲𝓮𝓷 𝓺𝓾'𝓾𝓷𝓮 𝓯𝓸𝓲𝓼[M x OC]
~~~ 5761 mots
ᴅᴇᴜxɪᴇ̀ᴍᴇ ᴘᴀʀᴛɪᴇ
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𝒥ℯ 𝒸𝓇ℴ𝒾𝓈 𝒷ℴ𝒾𝓇 𝓊𝓃 𝓋𝒾𝓃 𝒹ℯ ℬℴ𝒽ℯ̂𝓂ℯ,
𝒜𝓂ℯ𝓇 ℯ𝓉 𝓋𝒶𝒾𝓃𝓆𝓊ℯ𝓊𝓇,
𝒰𝓃 𝒸𝒾ℯ𝓁 𝓁𝒾𝓆𝓊𝒾𝒹ℯ 𝓆𝓊𝒾 𝓅𝒶𝓇𝓈ℯ𝓂ℯ
𝒟'ℯ́𝓉ℴ𝒾𝓁ℯ 𝓂ℴ𝓃 𝒸ℴℯ𝓊𝓇
ℒℯ 𝓈ℯ𝓇𝓅ℯ𝓃𝓉 𝓆𝓊𝒾 𝒹𝒶𝓃𝓈ℯ - 𝒞𝒽𝒶𝓇𝓁ℯ ℬ𝒶𝓊𝒹ℯ𝓁𝒶𝒾𝓇ℯ
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— Au fait, fit Albert, William souhaite te rencontrer.
Allongé, il tenait fermement contre lui le corps nu de son amante. D'un geste presque mécanique mais sensuel à la fois, il laissait la pulpe de son index frôler la peau de la femme.
— Enfin... soupira Marianne.
Le drap enroulé autour de ses hanches, elle se redressa pour plaquer ses genoux contre sa poitrine.
Un frisson d'anxiété la parcourut. Elle allait bientôt faire la rencontre de l'axe central du Prince du crime. Car si la fratrie s'évertuait à dire que ce légendaire criminel était composé à parts égales par eux trois ; le mathématicien, en étant son cerveau, était pourtant celui qui l'incarnait le plus.
— Tu appréhendes ? demanda le châtain.
Toujours avachi entre le matelas et les coussins rembourrés en plume d'oies, il avait déplacé sa main pour que ses phalanges puisse cette fois caresser les reins de la brune.
— Un peu... avoua-t-elle. J'ai eu l'occasion d'apercevoir votre frère, lors du bal. Il a quelque chose qui donne envie d'aller vers lui, mais en même temps, une aura intimidante se dégage de sa personne. Elle donne l'impression qu'au moindre faux pas, son intelligence pourrait me balayer d'un simple revers de la main.
Albert lâcha un petit rire. Il comprenait parfaitement ce que voulait dire son amante car, même si c'était lui qui s'était dirigé vers le blond, un profond sentiment d'anxiété mêlé à de l'excitation l'avait animé lors de leurs premiers échanges.
Il se redressa à son tour à côté de Marianne, et tout en déposant un myriade de baisers le long de son épaule gauche, il demanda :
— Pourquoi me vouvoies-tu encore ?
Il avait terminé sa phrase en ancrant ses yeux émeraudes dans les améthystes de la brune. Mais la pénombre dans laquelle était plongée la pièce avait transformé les reflets violets de ses pupilles en carbonados.
Sous les rayons de lune, le châtain décernait à peine les traits de la femme. Il aperçut néanmoins le faible sourire qu'elle lui rendit.
— C'est éviter que vous ne vous attachiez de manière déraisonnable…
L'éclat de gaité qui retroussait ses lèvres était morne. Il ressemblait à ce sourire qu'elle utilisait parfois au début de leur rencontre lorsqu'elle était obligée de mentir à la société sur sa vie utopique dans le domaine des Bradford-Clark.
Albert fronça les sourcils.
— Tu ne crois pas qu'il est un peu tard, pour penser à ça ?
— Peut-être est-ce moi qui suis déraisonnable, dans ce cas…
— Hm, oui... murmura Albert.
Il déposa quelques baisers le long de son cou avant de frôler ses lèvres.
— Ou bien sommes nous encore trop raisonnables, susurra-t-il avant de l’embrasser.
Marianne lui rendit son baiser avec passion.
— D'ailleurs, souffla le châtain en se rallongeant. Tu ne m'as jamais répondu, où as-tu appris à danser ?
Comme si le ciel s'était subitement chargé de lourds nuages gris, l'obscurité de la pièce ne l'empêcha pas de voir le visage de son amante s’assombrir.
— Je doute que les sœurs t'aient enseigné ces mouvements, rigola-t-il gentiment.
Sa volonté de détendre l'atmosphère marcha puisque son amante échappa un rire.
— Effectivement, fit-elle. C'est l'héritage de ma mère…
Albert ne répondit rien, laissant à la brune le temps de s'exprimer. Il la vit alors crisper ses doigts sur les draps qui l’entouraient.
— Je pense que vous vous en doutez, mais mon union à Dimitri n'a pas été un mariage d’amour...
En vue de leurs caractères respectifs et de leurs différences d'âge, l'aîné des Moriarty, contrairement au reste de la société, n'avait pas été assez stupide pour croire à cette ineptie.
— Au départ, c'était ma mère, qui aurait dû se marier à lui, continua la femme. Elle aussi, sans aucune véritable volonté…
Marianne lâcha un lourd soupir avant de s'allonger près du châtain. Ce dernier l'accueillit entre ses bras pour la maintenir contre lui dans une étreinte protectrice.
— Que s'est-il passé ? demanda-t-il.
— Ma mère était serveuse dans une taverne. Elle adorait danser, et lorsque vous m'avez vu à Durham, j'ai essayé de reproduire le peu de mouvements dont je me souvenais d'elle, expliqua son amante. Je n'ai jamais connu mon père, nos finances étaient donc maigres, cependant, la patronne du bar était brave et nous logeait sans trop de frais. Mais un jour, ma mère est tombée malade. Les médicaments étaient trop coûteux pour que nous puissions en acheter, c'est comme ça que nous avons rencontré Dimitri.
Albert resserra ses bras autour de sa bien-aimée. Il se doutait, sans trop de mal, du récit qui allait suivre.
— Il lui a prêté de l'argent en lui assurant que si sa maladie ne lui permettait pas de le rembourser à la date convenus, ce n'était pas grave et qu'il lui accorderait, à ce moment là, un délai supplémentaire, fit la jeune femme.
Elle eut soudain un haut-le-coeur en repensant au ton pernicieux qu'avait utilisé l'homme à cet instant.
— Il avait l'air si gentil, ses paroles étaient si mielleuses et nous étions si pauvres…
— Tu avais quel âge ? demanda le châtain.
— Huit ou neuf ans, je crois…
Les deux amants restèrent un instant silencieux avant que la brune ne reprenne son histoire.
— Le jour du remboursement, nous n'avions bien évidement pas eu assez de temps pour récupérer l'argent prêté. D'autant plus que la maladie de ma mère s'était aggravée à cause de son retard pour se soigner, expliqua la femme. Contrairement à ce qu'il nous avait dit au début, Dimitri exigea que nous le remboursions de suite, prétextant un besoin urgent d'argent. En étant dans l'incapacité de le faire, il se mit alors à nous menacer de nous envoyer au tribunal. Ma mère était tellement paniquée ; s'il faisait cela, elle risquait de terminer en prison et moi, à la rue.
C'est donc comme ça qu'il s'y prend.. songea Albert, écoeuré par cette répugnante vérité.
— Elle se mit alors à supplier sa clémence de trouver un terrain d'entente. C'est en profitant de l'extrême faiblesse des gens, qu'il obtient en les manipulant, que Dimitri arrive toujours à ses fins. Dans le cas de ma mère, il lui a demandé de l'épouser. Il était veuf et chercher à se remarier, mais selon lui, aucune des femmes de la noblesse n'étaient aussi "attractive" qu’elle.
— Et toi ? Que voulait-il faire de toi ?
— Je ne sais comment elle a su s'y prendre et je crois que je préfère en être à jamais ignorante, mais en échange de son mariage, elle a négocié avec Dimitri que je rejoigne un des couvents de la ville.
— Celui de Saint Alban ?
Marianne acquiesça d'un signe de tête.
— Mais comme je vous l'ai dis plus tôt, sa maladie s'était aggravée, et je crains que la perspective de son mariage avec cet homme abjecte n'ait pas arrangé les choses, soupira la brune. Elle est décédée quelques semaines après notre séparation, avant même que leurs vœux puissent être célébrés. Je ne l'ai su qu'à mes quinze ans, lorsque Dimitri est venu me chercher pour me sortir du couvent ; plus exactement, ce sont les femmes de chambres qui m'ont tout expliqué. Lui s'est contenté de me dire que je devais l’épouser.
Un frisson d'horreur la parcourut en se remémorant ce macabre souvenir.
— Cet homme me faisait, non, me fait si peur... Sous ses airs de noble érudit, il cache une ombre méphitique qui me hurle que tout en lui est dangereux.
Comme pour apaiser la glace qui semblait couler dans ses réminiscences, Albert tira sur eux les couvertures. La soie moutonneuse apaisa un peu Marianne qui se cala d'avantage contre le torse du châtain.
— Nous l'arrêterons, je te le promet, affirma-t-il. Mieux, nous ferons en sorte qu'il ne puisse plus jamais recommencer.
࿇
— Enchanté de faire enfin votre connaissance, madame.
William s'inclina légèrement pour baiser la main de Marianne.
— Moi de même, répondit cette dernière en effectuant une petite révérence.
La baronne faisait enfin la connaissance des membres du Prince du crime. Comme le lui avait promis Albert, il était lui même venu la chercher pour l'encourager, accompagné de Louis avec qui la jeune femme avait déjà noué quelques liens à force que le blond conduise la voiture du comte.
Une fois les salutations terminées, Marianne dut de nouveau expliquer les agissements de son mari et évoquer la part d'ombre de son passé. Se posa ensuite la question des actions qui s'offraient au Prince du crime.
— Je pense que nous devrions agir rapidement, intervint Fred. Pour éviter de nouvelles victimes.
— Je suis également de cette avis, renchérit Marianne. Entre les réunions prolongées avec les députés et mes "participations" aux clubs de lecture qui se sont multipliées, je crains que Dimitri ne se doute de quelques chose…
William, le menton pincé entre l'index et le pouce de sa main gauche, écoutait avec attention la discussion tout en faisant tourner ses méninges à vive allure.
— Cependant, il nous reste un problème à élucider... lâcha-t-il, toujours à moitié plongé dans ses réflexions.
— Lequel ? demanda Albert.
Son cadet soupira.
— Dimitri Bradford-Clark est un homme vicieux, certes, mais rusé ; c'est indéniable, dit-il en relevant la tête vers lui. Bien que les contrats qu'il fait signer aux débiteurs soient particulièrement désavantageux, ils sont rédigés dans les règles de l'art et ne sont donc pas condamnables par la justice…
— Tu veux dire que tout ces gens qu'il a arnaqué n'obtiendront jamais réparation, Will ?! s'offusqua Bond.
Moran fit claquer sa langue d’agacement.
— Certains nobles sont vraiment sans scrupule, grogna-t-il.
— Dans ce cas, intervint Albert en réfléchissant, pourquoi ne pas réitérer le plan que nous avions effectué pour Dublin ?
— Dublin ? répéta James en haussant les sourcils.
— Le baron Dublin... précisa alors William.
Il prit de nouveau sa pose réfléchie avant de continuer :
— Tu voudrais que nous l'obligions à signer un testament avantageux pour ses domestiques ? Hm, pourquoi pas…
— Pas besoin, intervint Moran. S'il crève, tout revient à sa femme, non ? continua-t-il en haussant les épaules. Et après ça, ce sera à toi de jouer, Esmeralda…
Le brun lança un regard presque intimidant à la jeune femme. Fidèle à lui-même, le colonel ne voyait pas la venue de la brune dans leur cercle d'un bon œil. Et en vue du ton peu sympathique, presque atrabilaire qu'il employait pour lui adresser la parole, sa méfiance n'était pas passée inaperçue auprès de Marianne.
— Le problème, répondit-elle timidement, c'est que je crains ne pas avoir été désignée comme héritière par mon mari…
— Hein ? lâcha Sébastien de sa voix rauque.
— Vous vous êtes mariés sous le signe de la séparation des biens, c'est ça ? intervint William.
Marianne acquiesça d'un signe de tête avant de baisser ses yeux sur sa robe prune.
— Je m'y étais attendu... continua le blond.
— Comment ça ? Expliques toi, William, insista Moran, impatient.
Le mathématicien se tourna alors vers lui.
— Comme je l'ai dis tout à l'heure, le baron Bradford est quelqu'un de particulièrement rusé. Par sécurité, il parait tout a fait évident qu'il se soit marié sous le régime de la séparation des bien, évitant ainsi que sa fortune ne soit mélangée à celle inexistante de sa femme, expliqua-t-il. En cas de décès, tout irait à la personne qu'il a désigné, autrement dit, quelqu'un d'autre que son épouse. C'est un moyen de faire croire que sa mort ne servirait à rien et rendre ainsi tout complot inutile…
— Est-ce qu'on pourrait finir par m'expliquer qui était ce fameux baron Dublin ?! s'excita Bond subitement.
— Oui, pardon, s'exclama Louis en se tournant vers elle. Cette affaire date de bien avant que vous nous rejoignez…
— Nous venions à peine d'emménager à Durham... soupira Albert sur un ton emprunt de nostalgie
— Le baron habitait la résidence à côté de la notre, reprit le benjamin des Moriarty. C'était un homme abject qui nourrissait une profonde aversion pour la classe populaire…
— À tel point de laisser crever un gamin qui n'avait rien fait, cracha Moran.
Lorsque la fratrie lui avait raconté l'affaire Dublin, le brun avait presque été déçu que le baron soit mort et qu'il ne puisse plus lui faire la peau de ses propres mains.
— Comme il était veuf et sans enfant, nous nous sommes arrangés pour que sa fortune revienne aux domestiques qui travaillaient sur ses terres, continua Louis.
— Mais pour cela, nous avions utilisé sa maladie du cœur à notre avantage, intervint William. Sa mort est ainsi passée pour parfaitement naturelle…
— C'est donc bien vous qui êtes à l'origine de sa mort... souffla Marianne avant de lancer un regard lourd de sous entendu à son amant.
Ce dernier rigola. Le châtain se rappelait parfaitement du soir où il avait nié tout lien avec cette histoire.
— Son altruisme a étonné tout le monde, parmi les nobles, continua la brune. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, ce fut l'exemple même de la bonté et son acte fut loué à plusieurs reprises ; mais pour nous, ses connaissances, nous avions trouvé ça étrange. Notamment Dimitri qui fut assez préoccupé les jours qui ont suivit son décès…
Moran lâcha un rire moqueur.
— Il a dû capter que sa mort était pas naturelle, et il a flippé pour sa vie.
Marianne acquiesça d'un signe de tête, elle aussi de cet avis.
— Revenons à notre sujet, intervint William. Votre mari est-il soigné pour quelque chose ? demanda-t-il en se tournant vers la femme.
La baronne réfléchit.
— Non, pas que je sache... répondit-elle en secouant négativement la tête.
— Et a-t-il l'habitude de prendre une infusion ou une liqueur d'une plante en particulier ?
— Il boit un peu de vin lors des repas et il me demande souvent de lui monter du Whisky lors de ses rendez-vous, mais à part ça, rien d’autre...
— Hm... Ce sera donc à nous de provoquer cette maladie imaginaire, marmonna William.
Il resta un instant silencieux avant de poursuivre :
— Je pense que nous pouvons nous arrêter là pour aujourd'hui, dit-il en se levant.
Albert et Marianne l’imitèrent.
— Il faut que je réfléchisse à une association de plantes qui seraient néfastes et que nous pourrions lui faire ingérer sans difficulté.
— Il nous faut aussi un temps de latence pour que nous puissions lui faire rédiger le testament, intervint Fred.
William opina de la tête.
— Je suis désolée, messieurs, mais je vais devoir vous laisser, intervint Marianne. Dimitri rentre bientôt, et si je ne suis pas chez moi, il risque de se méfier de quelque chose…
— Je vous raccompagne, s'exclama Albert.
Devant la politesse grotesque que les deux amants utilisaient pour se parler, Moran et Bond ne purent s'empêcher d'échanger un regard entendu avant de lâcher un rire moqueur. Le directeur du Mi6 qui avait feint de ne rien remarquer, savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant que le colonel ne s'amuse à faire quelques remarques sur leur relation.
— Il vous faut un cochet, je viens avec vous, intervint Louis en se dirigeant vers l’entrée.
— Je vous recontacterai quand tout sera près, informa William avant de saluer la baronne. Cela ne devrait pas tarder…
࿇
— Monsieur le comte, s'exclama Dimitri, quel plaisir !
— Monsieur Bradford-Clark, répondit chaleureusement l'ainé des Moriarty en rendant au baron son sourire hypocrite.
Il n'avait pas fallu plus de quelques heures au cadet des Moriarty pour mettre au point un plan. Ainsi quatre jours plus tard, le Prince du crime était déjà prêt à passer à l'offensive.
《Albert, fit William, as-tu pu trouver un prétexte pour obtenir un rendez-vous chez Dimitri ?
Son frère acquiesça.
— Je lui ai dis être intéressé par l'une de ses exploitations non loins de Durham, répondit-il.
Comme l'avait supposé Marianne, Bradford s'est empressé de m'inviter chez lui.
Moran lâcha un rire moqueur.
— Kss, ces gros porcs ne résistent jamais à l'appel d'un comte….
Albert rigola, pour une fois d'accord avec lui.》
— Entrez, entrez, je vous en pris, miaula le baron.
— Merci, répondit le châtain.
《Bien, reprit William. Lorsque tu arriveras chez lui, je pense que vous monterez directement dans son bureau.
Son frère aîné acquiesça d'un signe de tête.
— Pendant ce temps, continua le blond en se tournant vers les autres membres du Prince du crime, Moran, Bond et Fred, vous devrez vous infiltrer discrètement et assommer les domestiques ; et j'insiste sur le mot « assommer".
Tous se tournèrent alors vers Sébastien.
— Ça veut dire quoi, ça ?! se défendit le brun. Mais quel image vous avez de moi, à la fin ?!
William lâcha un petit rire avant de continuer.
— Louis, dit-il en se tournant vers son petit frère, en tant que cochet, je pense qu'ils te feront attendre dans la cour. Ce sera donc à toi de t'éclipser discrètement pour aider les autres à s’infiltrer.
Ce dernier acquiesça d'un signe de tête.
— Une fois cette étape réglée, William recentra son attention sur James, Porlock et Sébastien, l'un de vous devra discrètement prévenir Marianne. N'oubliez pas les femmes de chambres qui devraient se trouver avec elle.
Tous acquiescèrent d'un signe de tête.
— Si elle ne s’est pas trompée, son mari devra déjà lui avoir demandé de vous apporter un verre de Whisky, continua le mathématicien en échangeant un regard avec son aîné.》
— Ah, ce doit être ma femme, s'exclama Dimitri en écoutant quelqu'un toquer à la porte de son bureau. Entre !
À ce moment Marianne apparut, un plateau à la main et un sourire de façade placardé sur le visage.
— Enchanté, madame, la salua Albert en feintant ne pas la connaître.
— C'est un honneur de vous accueillir, monsieur le comte, répondit la brune en plongeant dans une élégante révérence.
《Et comment il va mourir, le vieux ? demanda Moran en faisant référence au baron qui devait s'approcher de la soixantaine.
— Il y a quelques jours, j'ai donné à Marianne un pot de pétasite. Elle a dû en verser dans le verre de son mari à chaque repas.
Moran et Bond froncèrent les sourcils, attendant une explication.
Si tout deux s'étaient rencontrés en mauvais termes, le blond et le brun partageaient désormais des réactions souvent similaires ; bien que le plus grand soit légèrement plus impulsif.
— C'est une plante qui sert à lutter contre la migraine, intervint Porlock. Mélangée à du millepertuis, elle provoque des convulsions et la mort en quelques minutes.
— Exact, c'est pour ça que j'ai également donné un pot de Millepertuis à Marianne. Afin d'être certain que le baron en ingère, je lui ai conseillé dans mettre dans les deux verres de Whisky.
— Grand frère, tu es sûr que ce n'est pas dangereux pour Albert ?
— Ne t'en fait pas, Louis, répondit William. Le Millepertuis est une plante inoffensive qui est censée réduire le stress. Elle n'est dangereuse que si elle est consommé avec de la pétasiste.
— Et tu penses qu'ils auront le temps de faire rédiger son testament à Bradford ? demanda Moran.
— C'est vrai que Fred nous a décrit des symptômes plutôt foudroyant... renchérit Bond.
— La dose de Millepertuis que j'ai donné à Marianne ne sera pas suffisante pour tuer le baron, expliqua le cadet des Moriarty. Elle provoquera seulement quelques spasmes, de quoi effrayer assez Bradfort pour marchander sa vie…
— Hm, tu utilises donc le même procédé que ce type quand il souhaitait obtenir de nouveaux esclaves... réfléchi Sébastien.
Un sourire pernicieux anima les lèvres du blond.
— Exactement, mon cher Moran…》
— Que... Que m'arrive-t-il ?!
Pris de convulsion, le baron laissa choir son verre de cristal qui se brisa en percutant le parquet.
— À... À l'aide... tenta-t-il d'articuler en tendant ses doigts vers Albert.
Ce dernier, les mains dans le dos, se contenta de sourire en l’observant.
Le flegme dont il faisait part était presque effrayant, pensa Marianne, mais en même temps il lui permit de conserver elle aussi son calme.
— Je crois que vous ne vous sentez pas très bien, mon cher Dimitri, lâcha le comte. Que diriez-vous de vous asseoir à votre bureau ?
Le baron se traina alors tant bien que mal jusqu'à son fauteuil où il se laissa tomber.
— Ma... Marianne, murmura le baron de sa voix étranglée. Appelle un do... Domes... Un domestique…
Ses spasmes étaient si glaçants que la jeune femme ne pouvait plus parler.
— Je crains que cela ne soit impossible, s'exclama alors Albert.
Il pressa ensuite l'épaule de sa compagne pour la rassurer. Cette dernière sursauta à son contact. Elle posa sa main sur celle de son amant comme pour lui assurer qu'elle allait bien.
— Ou... Oui, affirma-t-elle à son tour. Tous nos gens sont actuellement endormis.
Le baron ne put qu'écarquiller les yeux, l'esprit embrouillé entre ses convulsions et le tableau qui lui faisaient face. Depuis quand sa femme connaissait-elle le comte Moriarty ?
— Cependant, intervint Albert, j'ai exactement ce qui vous permettrez d'aller mieux…
Il sorti alors un petit sachet de poudre de sa poche.
《Mais si on ne le tue pas, il risque de nous dénoncer ! s'exclama Bond.
— C'est là où j'entre en scène, expliqua l'ainé des Moriarty.
William opina de la tête avant de poursuivre.
— J'ai également donné à Albert un peu de Millepertuis. En échange du testament, il devra lui faire croire que ce sachet est un remède à ses spasmes.
Le blond se tourna vers son frère.
— Le baron risque de refuser le marché dans un premier temps. Mais au rythme que ses tremblements augmenteront, il finira par accepter.》
— J... Jamais ! s'offusqua Dimitri.
— En es-tu bien sûr ? intervint Marianne.
《Bien sûr, il faudra être persuasif, informa William avant de sourire, mais je crois que pour cela, une aide inattendue t’épaulera...》
L'assurance et le ton mielleux qu'elle utilisa subitement surprit Albert. Il la vit alors se glisser jusqu'au bureau de son mari. Elle avait détaché ses cheveux, et en un instant, le châtain cru reconnaître Esmeralda.
William, pensa-t-il dans un rictus amusé, je vais finir par croire que tu sais lire l’avenir...
— Tu es tout pâle…
Une goutte de sueur perlait le long de la tempe du baron, et son regard renvoyait les yeux inquiets d'un animal face à un chasseur.
— Tu... Tu es de mèche avec lui, souffla Bradford entre deux hoquets. Sale... Sale putain !
— Alors, Dimitri, intervint Albert, êtes-vous enfin décidé à sauver votre vie ?
La rage déformait les traits du baron et ce sentiment de supériorité qu'il en retirait était exaltant. Bradford n'était pas encore prêt à céder, et ce n'est qu'en sentant le goût métallique du sang effleurer ses lèvres qu'il abdiqua.
— Que... Qu'est-ce que... s'essouffla-t-il lorsque ses mains se salirent du liquide poisseux en essuyant son nez.
— Je ne suis pas médecin, mais je dirais quelque chose comme une commotion cérébrale, répondit Esmeralda. Tu devrais accepter le marcher du comte, mon cher Dimitri...
Le baron lui renvoya un regard paniqué.
— C'est... C'est d'accord ! s'écria-t-il. Mais par pitié, donnait moi ce remède...
— Pas-
— Pas avant que tu n'ai écrit sur cette feuille que je suis ton héritière.
D'une voix assurée, la brune avait coupé la parole à son amant. Elle n'en connaissait pas la raison, mais elle se sentait galvanisée par une force soudaine qui la poussait enfin à agir pour faire changer les choses.
《Seulement, quelque chose m'échappe, grand-frère, fit Louis d'une voix songeuse.
— Qui a-t-il ? s'enquit William.
— Si nous parvenons à faire écrire son testament au baron, pourquoi mettre le nom de sa femme et non pas directement l'obliger à tout léguer à ses domestiques ?
— C'est aussi la question que je me posais, intervint Bond.
— Tout simplement pour plus de crédibilité, expliqua le mathématicien. Quelque chose dont nous a parlé Marianne m'a intrigué ; et je dois avouer qu'à l'époque ça ne m'avait pas traverser l'esprit. Grossière erreur, d'ailleurs...
— Tu veux parler des qu'en-dira-t-on ? demanda Albert.
Son petit frère acquiesça d'un signe de tête.
— Avec le recul, je me dis que nous avons eu de la chance que Dublin soit un vieille homme veuf et plutôt solitaire. Mais ce n'est pas le cas de la famille Bradford-Clark. Ils ont des cousins un peu partout en Grande-Bretagne, ainsi que de nombreux amis qui tous connaissent parfaitement la mentalité du baron. Je pense que peu de gens attribueraient de la crédibilité à son testament si tout revenait à ses domestiques, d'autant plus que sa femme est encore en vie. Si nous ne souhaitons pas que sa mort soit remise en question pour éviter que des soupçons planent sur Marianne, il est impératif que ce soit son nom à elle, qui apparaisse.》
— D'a... D'accord... Je vais signer... Je vais écrire et signer...
D'une main tremblante, le baron se saisie de la plume qui était posée dans l'encrier. Il traça ensuite les lettres aux graphismes antiqua pour former le prénom de sa femme et la désigner comme héritière. Il termina en griffonnant en bas de la feuille un D entremêlés d'un B et d'un C, puis la plia d'en une enveloppe.
— Parfait, s'exclama Albert.
— Do... Donnez moi l'antidote, maintenant...
Le baron était au bord de l'évanouissement.
Le comte attendit que sa compagne scelle la lettre d'un peu de cire qu'elle modela grâce au sceau des Bradford-Clark, et consentit enfin à donner le petit sachet qui contenait une poudre blanche. Dimitri la fit tomber dans le deuxième verre de Whisky qu'Albert avait à peine entamé, et but goulument le tout.
Et alors que le baron se croyait sortit d'affaire, il se tordit subitement dans tous les sens avant de s'effondrer lourdement sur son bureau.
Marianne qui s'était adossée contre la table se redressa précipitamment en portant ses mains à ses lèvres.
— On... On a réussit... souffla-t-elle les larmes aux yeux.
Elle se retourna brusquement vers son amant pour réitérer ses paroles :
— On a réussi !
Le châtain lui sourit, à la fois amusé et attendrit par sa réaction.
— Pas exactement, il nous reste encor-
Mais il ne put terminer sa phrase, coupé par l'arrivée brutale de sa bien-aimé dans ses bras.
— Oh, Albert, je ne te remercierai jamais assez, toi et tes frères, pleura-t-elle avant de libérer le châtain de son étreinte.
— Tu viens de me tutoyer ? s'étonna ce dernier en la dévisageant.
Face à cette constatation, la jeune femme ne put s'empêcher de rougir.
Mais au même moment, une agitation anormale derrière la brune attira son regard. Il remarqua alors le baron, à peine conscient, sortir de son tiroir un pistolet.
— Attention ! s'écria-t-il.
Albert dégaina alors son revolver et tira sur Dimitri qui s'effondra définitivement sur son bureau. Mais le châtain n'avait pas été assez rapide et avant de trépasser, Bradford avait eu le temps de tirer. La balle de son pistolet avait alors fendu l'air comme la faucheuse mortelle, percutant la cage thoracique de sa femme et portant ainsi le même rôle macabre.
— Marianne !
La brune s'effondra entre les bras de son amant.
— Marianne, tu m'entends ? souffla-t-il en tapotant son visage.
Mais la jeune femme était à peine conscience.
— Reste avec moi, je vais te faire sortir de là...
Contrôlant la panique qui s'emparait peu à peu de lui, il passa ses mains sous sa taille et sa nuque pour la porter.
— Albert, attends... le retint-elle d'une voix faible. Je...
— Ne parle pas, il faut économiser tes forces.
La femme lui répondit d'un sourire qui lui glaça le sang. C'était celui qu'elle utilisait habituellement pour cacher sa souffrance. Celui avec lequel elle lui avait confié sa vie à leur première rencontre, sous sa véritable identité.
— Albert... murmura-t-elle de nouveau.
Avec difficulté, elle effleura du bout des doigts la joue de son amant.
— Je crois que je n'aurais jamais dû te tutoyer, en fin de compte...
Dans son rire se mêla une toux rauque avec quelques gouttes de sang.
Son amant fronça les sourcils.
— Ne parle plus, il faut que tu économises tes forces, insista-t-il.
— Je... Je crains que ce ne soit trop tard, Albert... Au cas où, j'ai écrit un testament qui lègue toute ma fortune aux domestiques. Tu le trouveras dans ma chambre. A... Assure-toi qu'il soit appliqué…
La larme qui était apparue au coin de son œil roula le long de sa joue. D'un geste énergique, le châtain l'essuya, comme si ce geste lui permettait de retenir le glas qui s'apprêter à sonner.
— Ne dis pas n'importe quoi, te voilà libre maintenant-
— Albert, j'ai été heureuse de partager un bout de ta vie, même si cela aura été court, murmura son amante. Je sais que tu comptes te dédier à corps et âme au Prince, mais s'il te plaît, promet moi d'être heureux…
Puis tout doucement, ses paupières s’abaissèrent.
— Marianne ! s'écria le châtain.
Il tapota la joue de son amante, en vain.
— Marianne, réveille-toi !
L'inquiétude de comprendre ce que son silence signifiait faisait légèrement vibrer sa voix.
— Albert, j'ai écouté des coups de feu, que se passe-t-, le colonel rentra en trompe dans le bureau.
Il pâlit en voyant le corps sans vie de Marianne dans les bras du comte.
— Merde, qu'est-ce qu'il s'est passé ?! ne pu-t-il s'empêcher de lâcher.
Il se rua ensuite vers son ami et inspecta le corps de la jeune femme.
— Oï, Esmeralda, réveille-toi !
Il tapota les joues de la femme qui ne réagit pas.
— Elle perd trop de sang... maugréa-t-il. Merde, Albert, grouille toi, il faut qu'on l'emmène à l'hosto !
— Grand-frère !
Ce fut au tour de Louis d'arriver précipitamment dans le bureau. Mais face à la scène qui se jouait devant ses yeux, le benjamin des Moriarty resta sans voix.
Le cadavre de Dimitri gisait encore dans le fauteuil où il s'était affalé ; tendit que celui de sa femme se mourrait dans les bras du châtain. Ce dernier, le visage baissé, n'avait d'ailleurs pas dis un mot depuis son arrivée. Seul l'ancien colonel semblait prendre conscience de l'urgence de la situation.
Au moment où il attrapa le corps de la femme, Louis s'approcha doucement, comme intimidé par la glaçante vérité qu'il devrait sûrement révéler.
— Attends, Moran.
Le brun qui s'apprêtait à sortir se stoppa.
— Louis, on doit se dépêcher sinon elle va…
Le blond ignora ses paroles et plaqua son index et son annulaire contre la jugulaire de la brune.
Rien.
Il ne sentait aucune pulsation.
Une vague de douleur enserra alors son coeur, et la gorge nouée, il déclara :
— C'est trop tard, Moran, elle est déjà morte…
࿇
La disparition étrange du baron Dimitri Bradford-Clark et de sa femme firent la une des journaux pendant plusieurs jours. Personne ne comprenait ce qui avait pu arriver, notamment Scotland Yard qui était perdu par le nombre flagrant d'incohérences.
Le baron avait été tué par un revolver introuvable sur les lieux du crime, tandits que sa femme était morte d'une balle qui émanait du pistolet que tenait encore Bradford-Clark dans sa main. C'était à n'y rien comprendre, et face à ce mystère, Lestrade n'avait eu d'autre choix que de faire appel au célèbre consultant détective.
Cependant, Sherlock Holmes était tout aussi perdu que les policiers. Le brun avait bien sûr décelé toutes sortes de détails qui lui permettaient d'être presque certain que tout cela était un énième acte de la pièce du Prince du crime, mais quelque chose le gênait. Le scénario était décousu, comme incohérent, et c'était bien la première fois que cela arrivait. Et ne pas affoler inutilement la foule, Sherlock décida d'officialiser la thèse un peu farfelue d'un cambriolage qui aurait mal tourné.
De leur côté, les Moriarty s'étaient assurés discrètement que le testament du baron puis celui de Marianne soit correctement appliqués. Ainsi, les domestiques avaient pu retrouver leur liberté tout en héritant chacun d'une coquette somme que tous avaient durement mérités.
— Je te sers un thé, Albert ? demanda William.
Le directeur du Mi6 était descendu à Durham afin de s'éloigner quelques jours de l'agitation qui brouillait les rues de Londres.
— Non merci, déclina poliment le châtain.
Les mains croisées derrière le dos, il observait la nuit noire à travers l'immense fenêtre du petit salon.
Son cadet fronça les sourcils.
En tant qu'ainé et fils héritier du titre des Moriarty, Albert n'avait rien laissé paraître face à la mort de son amante. Aucune larme ne s'étaient échappé de ses yeux, aucun soupir n'avait traversé ses lèvres ; et son petit frère était persuadé que le châtain s'était imposé ce carcan aussi bien durant les représentations publiques que lorsqu'il était seul.
— Tu avais raison, souffla Albert. Comme toujours...
William dévisagea ses traits qui se reflétaient dans les vitres grâce aux bougies.
— Je vais me coucher, continua son frère avant de se diriger vers la porte, il faut encore que je remonte à Londres demain. Bonne nuit, William.
— Bonne nuit, Albert.
Le mathématicien regarda s'éloigner son frère, le cœur serré.
Une fois seul, le blond sortit une feuille de son veston, impeccablement plié. C'était une lettre que Marianne lui avait subtilement glissé lors de leurs première rencontre.
Du bout des doigts, il la déplia :
William,
Si je me permet de vous écrire, c'est avant tout pour que cela reste entre nous.
Si Albert n'a encore osé vous en parler, je pense pour autant que vous vous doutez de la nature de notre relation. Hors, je crains de la finalité du plan que nous nous apprêtons à mettre en place. Je sais que votre bonté d'âme vous pousserait à me sauver, même si je vous disais que mon manque de courage a mené à la perte des centaines d'innocents. Je sais aussi qu'en demandant son aide au Prince du crime, j'ai accepté, en échange, de vous confier ma vie.
Cependant, si je venais par mégarde à rompre notre contrat et que la mort venait me chercher avant vous, je vous supplie de n'en tenir rigueur à personne, pas même à vous, mais surtout de vous assurer qu'Albert ne fasse pas cette erreur. J'ai essayé, sans succès, de garder mes distances avec lui. Devant mon entreprise infructueuse, voilà que je suis une nouvelle fois obligée de m'en remettre à vous pour veiller sur celui que j'aime.
Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez.
Bien cordialement,
Une âme damnée,
Esmeralda.
꧁FIN꧂
Et voilà, on arrive à la fin de cette courte histoire :)
Vous a-t-elle plu ?
De mon côté, je mesuis beaucoup attachées au personnage de Marianne ;-;
D'ailleurs, je le rapelle pour ceux qui aurez loupé l'information, mais une fiche personnage ainsi qu'un dessin sont postés dans mon Original Charactere Book la concernant 🤗
(Me tuez pas pour la sad end s'il vous plaît 🙇♀️)
Hâte d'avoir vos retours ^^
D'ici là, je vous dis à la prochaine,
Prenez soin de vous 💕
~Crunch
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