[70]
Villa des Williams...
19h19...
- Alors Layla?
Layla: c'était plutôt facile de l'attraper, je me suis presque ennuyée. C'est dommage, je m'attendais à plus d'actions.
- Et leur fille?
Layla: placée dans un orphelinat comme tu le voulais.
Edan: vous avez réussi à en finir avec ce Malone?
Evrad: oui et heureusement, une minute plus tard j'aurais perdu ma femme et mes filles.
- Tu serais resté seul avec quatre fils à élever, puis deux ans après ma mort tu te serais remarié avec une fausse blonde qui a déjà subi quinze chirurgie. Mes fils vont la détester et un de ces jours tu retrouveras son cadavre enterré dans le jardin.
Un silence de mort plane dans la pièce. Tous les regards sont posés sur moi, il est vrai que moi-même je ne sais pas où je vais chercher des idées pareilles.
- Bon! Où est-ce que vous l'avez mise?
Layla: dans le sous-sol. Nous, on rentre chez nous. On a eu assez d'activités physiques aujourd'hui et tan mieux, Edan commençait déjà à se faire un peu vieux.
Edan: n'importe quoi!
Je secoue la tête et je fais signe à Evrad de me suivre. On va dans le sous-sol et moi je sors l'arme qui n'avait pas quitté la poche interne de mon par-dessus.
J'ouvre la porte qui se trouvait là et en effet, la femme de Malone était installée dans une chaise, les mains attachées dans son dos et un bandeau recouvrant ses yeux.
Elle: qui est là?
Elle lève brusquement la tête et la bouge dans tous les sens pour détecter le moindre mouvement. Evrad s'installe sur la table qui se trouvait de l'autre côté de la pièce et moi je vais lui retirer son bandeau.
Elle papillonne des cils pendant un bref moment avant de poser son regard sur moi.
Elle: donc tout ça, c'était toi? Attends seulement que mon mari remarque ma disparition et je t'assure ma jolie que tu vas passer un sale quart d'heure.
- De quel mari tu me parles?
Elle: mon mari! Malone, il viendra me sortir de là et il te fera payer pour ce que tu es en train de me faire.
- Ah Malone? Je crains qu'il ne viendra jamais ma chérie. Tu sais, avant de venir te rendre visite j'ai eu une petite entrevue avec lui et elle n'a pas été des plus douces. Puisqu'il a fallu que l'un d'entre nous meurt et il s'avère que ça soit lui l'heureux élu. Tu vois toutes ces tâches de sang sur moi, apparemment c'est le sien.
Elle: quoi? Non...tu n'as pas fait ça. Malone est vivant et...il viendra me sortir de là j'en suis sûre.
- Je comprends maintenant pourquoi plein de personnes ont l'habitude de dire que l'espoir fait vivre. J'en ai la preuve juste en face de moi.
Elle arrive à peine à étouffer ses sanglots. Oh, la pauvre. Dommage, elle choisira mieux son mari la prochaine fois.
Elle: ma fille...puisque mon mari est mort, laissez-moi au moins m'en aller avec ma fille.
- Non, je crains que ça aussi ça ne soit pas possible.
Elle: ne me dîtes pas que vous l'avez tuée!
- Mais non, je n'ai pas encore atteint ce niveau là voyons. Je l'ai envoyée dans un orphelinat. Elle n'a plus de père et bientôt elle n'aura plus de mère. Donc c'est là-bas qu'est sa place.
Elle: elle ne s'en sortira jamais là-bas! Pourquoi est-ce que tu es aussi cruelle?
Je m'abaisse à sa hauteur et je lui souris.
- Je ne suis pas cruelle ma jolie, je ne fais que me défendre. Si on m'attaque c'est logique que je cherche à me défendre par tous les moyens de bord.
Elle ne répond pas mais continue de pleurer, j'avais même l'impression qu'elle avait du mal à respirer à un moment. Je m'apprêtais à lui faire mon discours d'au-revoir et enfin abréger toutes ces souffrances. Sauf qu'un coup de feu retentit et encore une fois je reçois du sang en plein visage.
Evrad commence beaucoup trop a adopté cette habitude de m'éclabousser avec du sang.
Je me redresse et me tourne vers lui.
- C'était à moi de la tuer, tu n'as pas le droit de me voler mes proies. Et puis, pourquoi faut-il toujours que tu m'éclabousses avec du sang?
Evrad: vous parliez beaucoup trop et je trouve que le sang comme ça sur le visage ça te donne un certain charme, tu ne trouves pas toi?
- Un certain charme?
Evrad: oui attends...
Il semble réfléchir pendant un court instant et moi je le fixe attendant qu'il apporte une justification valable à sa réplique.
Evrad: voilà...tu as autant de charme qu'un joyau tâché de sang.
- Je suis la représentation exacte d'un joyau tâché de sang en ce moment.
Evrad: oui mais il faut que tu prennes un bain, je ne tiens pas à dormir avec l'odeur du sang près de moi. Tu viens?
Je roule des yeux et je vais saisir la main qu'il me tendait. Il passe sa main autour de mes épaules et nous remontons à l'étage. Cette journée n'a pas été de tout repos dis donc.
[•••]
Quelques jours plus tard...
Villa des Williams...
08h18...
Kaynaa: non.
Styliste: et celle-ci?
Kaynaa: non plus.
Styliste: et celle-là? Elle est noire, pas trop près du corps, pas trop courte, pas trop longue. Exactement ce que vous avez demandé miss Williams.
Kaynaa jette un coup d'oeil désintéressé sur la robe et finit par hausser négligemment les épaules.
Kaynaa: d'accord, pourquoi pas.
Toutes les stylistes soupirent de soulagement et elles incitent Kaynaa à monter sur l'estrade. Ce n'est pas trop tôt, encore un peu et je m'endormais dans ce canapé. Ça fait plus d'une heure qu'on propose des tas de robe à Kaynaa mais elle trouve toujours un moyen de porter une critique.
Trop courte.
Trop longue.
Trop près du corps.
Et j'en passe. Pourtant avec Kayla ça a été très facile, elle a aimé presque toutes les robes qui lui ont été proposées et elle a même eu du mal à choisir.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire des quadruplés : Kamal, Kayden, Kinash et Kaynaa. Comme à l'accoutumée, ils ont exigé une belle et grande fête pour pouvoir impressionner tous leurs camarades issus de familles riches.
Je retire mes lunettes de soleil et je quitte le pouf dans lequel j'étais installée.
- Je vais voir comment les préparatifs avancent, Kaynaa fais-moi l'effort de ne pas plus embêter les stylistes.
Je quitte ensuite la chambre et je vais dans le jardin. La décoration avance bien, et tout le reste suit. Si ça ne tenait qu'à moi, je n'assisterai même pas à cette fête pleine d'enfants de riche.
Je retourne à l'intérieur afin de prendre une douche et m'apprêter aussi. Ma maquilleuse et ma coiffeuse terminent leur travail et je reste à me contempler devant le miroir.
Est-ce que c'est ce genre de vie que je rêvais avoir?
Non, pas du tout. Je m'imaginais être en cavale pendant des années encore, avoir à changer de pays à chaque fois que je me sentirais en danger.
Mais maintenant...
Je me retrouve avec toute une famille à ma charge, à organiser des anniversaires à mes enfants et à me tenir derrière eux au moment de souffler les bougies et de chanter la traditionnelle chanson de joyeux anniversaire.
La porte de la chambre s'ouvre laissant apparaître Evrad à son seuil.
Evrad: tu es prête? Les autres sont en train d'arriver et ils demandent après toi.
J'enfile mes boucles et je me tourne vers lui.
- Je suis presque prête. Tu m'aides à enfiler le bijou que tu m'as offert la dernière fois?
Il vient se tenir derrière moi et m'aide à l'enfiler, pendant ce temps je continue de me contempler.
Evrad: tu m'as l'air un peu évasive, qu'est-ce qu'il y a?
- Hum...rien, juste que je ne m'imaginais pas finir ma vie comme ça. Je n'imaginais même pas finir ma vie qui plus est avec toi en plus.
Evrad: c'est vrai ce mensonge?
- Oui, au début je te trouvais beaucoup trop coincé avec ton histoire de « c'est moi le chef, ce que je dis c'est ce qui doit être fait » tu te prenais un peu beaucoup trop la tête à mon goût.
Evrad: vraiment? A vrai dire moi aussi tu m'agaçais à force de paraître parfois aussi indifférente face aux situations graves.
- Non c'est toi qui était trop coincé, la situation est peut-être grave mais ça ne vaut pas le peine d'en faire tout un plat.
Evrad: voilà de quoi je parlais.
Je le regarde à travers le miroir avant de me mettre à rire. Oui, il est toujours aussi coincé. Je quitte le siège de ma coiffeuse et je me tiens en face de lui. Il riait aussi, mais j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Lorsque j'étais assise je ne le remarquais pas mais maintenant que je suis en face de lui, je sens tout de suite qu'il y a quelque chose qui cloche.
- Evrad...il y a un problème?
Il cesse de rire et prend mes mains dans les siennes.
Evrad: Jamila, je sais que tu n'y crois pas mais...j'ai un mauvais pressentiment, je sens que quelque chose de mauvais se prépare.
- Et ça recommence, Evrad il ne faut surtout pas que tu imagines ce genre de choses le jour de l'anniversaire de nos enfants de grâce. Tout va très bien se passer, cet anniversaire va se dérouler comme les autres c'est-à-dire parfaitement et il n'y aura pas de drames. Okay?
Il ne répond pas et se contente de soupirer. Les mauvais pressentiments de Evrad ont tendance à se réaliser, et le fait qu'il en ait un en ce jour précis, ne me plaît pas du tout.
Je me détache de son emprise et je fais un pas en arrière.
- On y va? La fête va bientôt commencer.
Il se contente de hocher la tête positivement et me tend son bras que je saisis sans hésiter.
Tout va bien se passer.
16h27...
...: Madame, il sera bientôt l'heure de souffler les bougies et les petits sont introuvables.
Je me tourne brutalement vers elle.
- Comment ça ils sont introuvables? Vous avez fouillé la maison de fond en comble vous en êtes bien sûre?
...: Oui madame.
Je lui fais signe qu'elle peut disposer et elle s'en va. J'aurais dû prévoir que ces enfants allaient me faire un coup pareil.
- Evrad, les quadruplés sont portés disparus apparemment.
Il fronce les sourcils et pose son verre de vin sur la table.
Evrad: comment ça? Ils ne doivent pas être bien loin! Ils doivent être en train de se foutre de nous comme ils aiment si bien le faire.
- Tu peux aller les chercher s'il-te-plaît? Je reste ici pour faire diversion.
Evrad: d'accord.
Il explique brièvement la situation à Edan, Isaac, Alessio et Wassim et tous les cinq, se dirigent vers l'intérieur.
Pendant qu'ils fouillaient, j'ai dû faire en sorte que les invités ne se doutent de rien en inventant tout un tas d'excuses aussi ridicules les unes que les autres. Ces enfants vont me payer cette blague de mauvais goût.
Mon téléphone vibre dans ma main, je regarde et il s'agissait d'une notification d'un nouveau message de Evrad.
« Rejoins-nous au lac sans te faire remarquer, c'est urgent. »
Sur le coup, j'ai tout de suite imaginé le pire. Je me suis surprise à imaginer les cadavres de mes enfants baignant dans leur propre sang.
Je chasse vite ces idées absurdes de ma tête et je pose mon verre de vin sur la table. Je quitte le jardin en me rassurant que personne ne me regarde et une fois assez loin, je hâte le pas pour me diriger vers le lac qui se trouve tout au fond de notre grand jardin.
Heureusement que j'ai été habituée à me déplacer rapidement en talons hauts. De loin, j'ai pu apercevoir Evrad et compagnie tenus debout près des enfants. Je me rapproche rapidement et mon premier réflexe une fois à leur hauteur est de me rassurer qu'aucun de mes enfants ne manquent à l'appel.
Kaïs, Kayla, Kamal, Kayden, Kinash et...
Pas de Kaynaa.
Comment ça pas de Kaynaa?
- Où est votre soeur? Evrad où est Kaynaa?
Evrad: Kamal, tu répètes à ta mère ce que tu viens de me raconter?
Kamal avait le visage rouge et le regard apeuré, c'était aussi le cas pour Kayden et Kinash.
- Qu'est-ce qui vous est arrivé? Qui vous a frappé? Pourquoi Kaynaa n'est pas avec vous?
Kamal: en fait...avec les autres on a décidé de venir perdre un peu de temps ici. Tout se passait bien et on ne comptait pas mettre long, juste prendre un peu d'air et retourner au lieu de la fête sauf que...lorsqu'on était sur le point de rentrer, une camionette bizarre s'est garée là et des hommes sont sortis et ils ont pris Kaynaa avec eux, puis ils sont repartis aussi vite qu'ils ont apparus. Je suis désolé maman, on a essayé de les en empêcher mais on a pas réussi...
Là, c'est comme si la terre s'ouvrait sous mes pieds et que je tombais de plus de dix étages. Je n'arrive même pas à savoir comment je me sens en ce moment, tout ce que je sais c'est que je suis immobilisée sur place me demandant si ce qui est en train de se passer est bien réel.
Edan: il y a des traces de roues là et elles sont encore un peu fraîches, donc ça s'est passé il y a moins de trente minutes.
Wassim: et aussi...on a trouvé ce mot.
Sa phrase attire mon attention et je lui arrache quasiment le mot des mains. Je le déplie maladroitement et à une vitesse indescriptible. Je m'empresse de lire rapidement le message sur contenait le bout de papier.
« Je t'avais dit que j'allais me venger tôt ou tard, et comme je l'ai fait à notre mère il y a quelques années maintenant, je vais te priver de ta fille pendant un beau petit moment. J'espère que d'ici là tu seras toujours en vie. Pour l'instant, je te souhaite bonne chance pour mettre la main sur moi. On se dit à la prochaine Zafiro.
Ton très cher frère, Léo »
Je n'y crois pas.
Je me laisse tomber sur mes genoux, le bout de papier toujours entre mes mains et ma main recouvrant ma bouche.
Qu'est-ce qui l'empêche de la tuer?
Rien.
Même s'il s'agit de sa nièce, il est tout à fait capable de la tuer comme moi j'ai essayé de le faire avec lui. Comme quoi, tout le temps que j'ai passé en cavale n'aura servi à rien si sa vengeance ne s'est pas abattue sur moi mais plutôt sur ma fille.
En même temps, j'aurais dû le prévoir. J'aurais dû m'y attendre.
Que tôt ou tard, il prendrait sa vengeance.
Fin?
C'était : Cartel tome un - « Petit joyau tâché de sang ».
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top