[67]
Villa des Williams...
21h04...
- Reste tranquille Kaynaa, de grâce. Tu n'as plus deux ans alors arrête de gigoter comme ça.
Kaynaa: justement je n'ai plus deux ans, j'en ai douze, alors je peux bien dormir à l'heure à laquelle je le souhaite!
- J'ai dit non. Merci de ne plus discuter avec moi.
Elle râle légèrement et recouvre complètement sa tête à l'aide de sa couverture. Enfin. Je tourne ma tête vers Kayla qui était en train de lire un livre grâce à la lumière de sa lampe de chevet.
- Qu'est-ce que tu lis?
Kayla: c'est un roman policier, enquêtes, meurtres, suspects...
- Je sais ce qu'est un roman policier, et c'est bien si tu lis ce genre de chose. Tu comprendras qu'il faut se ranger du côté des gangsters plutôt que de celui des policiers. On est jamais sûrs de rien avec eux. Bref, une fois que tu auras fini tu te couches et évite de veiller jusqu'à tard dans la nuit d'accord?
Kayla: d'accord, bonne nuit maman.
Je lui souris et je sors de la chambre. Ça me fait toujours ce petit effet là lorsqu'elle m'appelle maman, sachant que c'est moi qui me suis occupée d'elle depuis qu'elle est sortie du ventre de sa mère, elle n'a que moi. Pourtant la réalité est que c'est la fille de Daliyah.
La ressemblance est écrasante d'ailleurs, heureusement qu'elle n'est que physique.
Mais s'il y a bien une chose qui s'est perpétuée dans le temps c'est la haine que Kaynaa lui porte. Ça doit peut-être être dû au fait que j'ai aussi détesté Daliyah, qui sait?
Je descends dans la cuisine afin de prendre quelque chose à grignoter. Il est vrai que, j'ai pris le dîné il y a une ou deux heures mais j'ai encore faim.
Je ne m'attendais pas à trouver Evrad installé dans une chaise haute, son ordinateur ouvert devant lui.
- Tu ne dors pas?
Evrad: je n'ai plus deux ans tu sais?
Kaynaa a vraiment de qui tenir.
Je vais prendre le bol de guacamole dans le frigo et un paquet de chips dans un des coffres et je viens m'installer près de lui.
- Tu fais quoi?
Evrad: je commande des joyaux, j'ai une autre vente aux enchères la semaine prochaine et d'ici là, je dois déjà avoir fait fabriquer les bijoux.
- Et la vente aux enchères d'aujourd'hui? Tu ne m'as parlé de ce que ça t'a rapporté. Ou tu as décidé de dilapider la moitié de l'argent dans une maison close et ensuite venir me raconter comment on t'a mis le couteau sous la gorge pour que tu donnes ta malette?
Il rigole légèrement, puis quitte l'écran des yeux pour poser son regard sur moi.
Evrad: où est-ce que tu vas chercher des idées pareilles ma jolie? L'argent gagné je l'ai versé dans notre compte en banque comme d'habitude, tu n'as juste pas vérifié tes notifications.
- Beaucoup trop accaparée par la charge des enfants que tu me laisses à longueur de journée.
Evrad: tu veux dire que je ne suis jamais là pour eux?
- Tu sais, on peut oublier toute cette affaire de qui est là pour eux ou pas si demain tu les prends tous avec toi et moi je vais prendre du bon temps avec Layla.
Evrad: demains ils ont école.
Dit-il avec une pointe de moquerie dans la voix, je roule des yeux et je mets une chips dans ma bouche. Il faut que je trouve un moyen de le piéger.
J'étais concentrée à réfléchir à comment je vais le laisser avec tous les enfants lorsqu'un bruit de verre qui se brise provenant de l'étage, interrompt le silence qui s'était déjà installé.
Evrad: je n'y vais pas.
Je crois que le jour où je vais le piéger n'est pas encore arrivé. Je soupire d'agacement et je quitte ma chaise haute pour me diriger vers les escaliers. Sûrement c'est l'un des garçons qui s'est cru dans un film d'évasion et voulait à tout prix quitter sa chambre pour la salle de jeu sans que je ne m'en rende compte.
Ils passent leur temps à me faire ce coup. Mais on peut pas être plus malin que le chef bandit.
Une fois à l'étage je n'ai pas eu du mal à identifier ce qui s'était brisé, un vase qui était posé sur un coffre du couloir. Et juste à côté de ce coffre se trouvait Kaynaa, assise à même le sol les genoux ramenés vers sa poitrine.
Qu'est-ce qu'il y a encore?
Je vais m'asseoir en face d'elle et je soupire doucement en prenant ses mains dans les miennes. Elle était un peu réticente au début mais elle a fini par se laisser faire.
- Qu'est-ce qui se passe?
Elle lève ses yeux rougis vers moi, je fronce légèrement les sourcils et je fais un peu plus pression sur ses mains.
- Qu'est-ce qu'il y a?
Kaynaa: pourquoi tu ne m'aimes pas?
Pardon?
Je reste un temps soit peu, choquée par sa question et je finis par me ressaisir.
- Bien-sûr que je t'aime, où est-ce que tu vas chercher une idée pareille?
Kaynaa: pourquoi tu es si attentionnée avec Kayla mais tu ne te comportes jamais comme ça avec moi? Tu me trouves beaucoup trop brute c'est ça?
- Mais non ma chérie...écoute, si tu es brute tu le tiens de moi okay? Je ne peux ne pas aimer ma doublure, regarde-toi, tu es tellement jolie, ces jolies yeux verts, ces beaux cheveux frisés, tu les tiens de moi et je ne peux pas te décrire à quel point j'en suis fière. Je suis désolée si tu as cru que Kayla comptait beaucoup plus pour moi que toi, vous êtes toutes les deux mes filles et je vous aime de la même façon. D'accord?
Elle se retenait autant qu'elle pouvait de pleurer, son nez rouge en était la preuve. Je la prends dans mes bras avant qu'elle n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit.
Ça me déchire le coeur de savoir que ma propre fille pense ça. Je ne veux pas qu'elle vive avec cette impression que moi j'ai eu en grandissant d'être mal aimée par ma mère. En fin de compte j'ai compris qu'elle m'aimait mais à sa manière. Mais lorsqu'on est jeune, on ne le comprend forcément pas de cette façon. Moi, je veux faire preuve de beaucoup d'amour envers elle pour qu'elle ne se sente pas délaissée. Et je compte bien y arriver.
Mon petit diamant à moi.
[•••]
École...
14h28...
...: installez-vous là, Mesdames Williams.
Nous nous installons dans les sièges en face de la table du bureau et nous posons simultanément nos regards sur la femme assise de l'autre côté de la table.
Ce matin, Evrad m'a appelé pour me dire qu'il avait été convoqué à l'école des enfants pour une raison qu'il ignorait. Et comme il n'était pas disponible, j'ai dû prendre sa place. Heureusement que Layla s'est proposée de m'accompagner.
Dans le bureau de Madame le Proviseur se trouvait aussi une autre femme au visage renfrogné et à côté d'elle une petite fille au visage balafré. Kaynaa quant à elle, était assise dans un sofa de l'autre côté de la pièce. Les pieds croisés et chantonnant tranquillement une chanson.
Okay, je crois avoir déjà un petit aperçu de ce qui a bien pu se passer.
Proviseur: j'espère que vous allez bien mesdames. À qui est-ce que je dois m'adresser pour le cas de la petite Diamante Kaynaa Williams?
- À moi. Je suis sa mère.
Proviseur: très bien, est-ce qu'il est déjà arrivé à votre fille d'avoir des comportements violents en dehors des locaux de notre institution?
- Ça, je crois que ça ne concerne que moi. Prochaine question.
Proviseur: je vois. Alors je vais en venir directement au fait, la jeune fille que vous voyez là et votre fille se sont battues.
...: ou plutôt votre fille a battu la mienne!
Je tourne ma tête vers la personne qui venait de parler et il s'agissait de la femme au visage renfrogné. Je suppose que c'est la mère de la petite.
- Et je peux savoir ce qui s'est passé?
Proviseur: Williams, racontez à votre mère ce qui s'est passé.
Kaynaa: un « s'il-te-plaît » aurait aussi fait l'affaire vous savez?
J'ai manqué de rire face à sa réponse, mais il fallait bien que je garde mon masque de mère sévère bien en place.
- Aller Kay je t'écoute.
Kaynaa: bon, d'accord. Je me suis rendue dans la classe de Kaïs et Jiress ce matin parce que j'avais besoin d'argent. J'ai oublié ma trousse à la maison. Et lorsque j'y étais, je ne les ai pas vu donc je m'apprêtais à faire gentiment demi-tour lorsque j'ai entendu celle-là...je ne sais pas comment elle s'appelle alors on va l'appeler Bernadette. Elle était en train de discuter avec son groupe d'amies en riant. Et lorsque j'ai prêté un peu plus l'oreille à ce qu'elle disait, je me suis rendue compte en fait qu'elles se moquaient de moi. Et puis je ne sais pas comment j'ai fait pour en arriver aux mains. Mais en tout cas, c'est elle qui m'a provoqué.
Proviseur: tout ne se règle pas par la violence, vous auriez pu interpeller quelqu'un de l'administration pour demander de l'aide.
Kaynaa: et en attendant je les laisse ternir ma réputation c'est ça? Merci mais non merci. Si c'était à refaire je le referais.
Layla: elle n'a fait que se défendre, on ne peut pas lui en vouloir pour ça. Celle à qui on doit faire des reproches c'est Bernadette, d'ailleurs son éducation est à revoir. Qui lui a appris à se moquer des gens sans aucune raison valable?
...: je ne vous permets pas de remettre en doute l'éducation de ma fille. Moi au moins, je ne passe pas mon temps à lui enseigner la valeur de l'argent et lui apprendre comment mettre des minis jupes.
Je roule des yeux, qu'est-ce qu'elle peut être ennuyeuse.
Proviseur: madame Williams, nous nous verrons dans l'obligation de renvoyer temporairement votre fille de l'école le temps qu'elle médite sur la gravité de ses actes.
- Pardon?
Je rigole doucement avant de me redresser dans mon siège.
- On ne va renvoyer personne ici, est-ce que c'est clair? Vous savez, il me suffit juste d'un claquement de doigts pour vous faire perdre votre poste et votre famille. Vous imaginez? Madame le Proviseur, inclue dans des affaires de trafics...ou votre famille périt dans un terrible accident de voitures. Essayez seulement, de sortir ma fille d'ici, et je vous assure que vous allez le regretter amèrement. Des questions?
Je l'entends déglutir difficilement et elle s'arrange dans son siège. Maintenant que j'ai six enfants, j'ai six fois plus de raisons de menacer des gens.
...: mais? Donc tout ça, pour ne même pas rendre justice à ma petite fille? Tout ça parce qu'elle a de l'influence? Elle croit peut-être être la seule à en avoir, attendez juste que mon mari arrive.
Et puis quoi encore?
Je me lève de mon siège et j'arrange ma tenue.
- Si non, c'était un plaisir d'assister à cette petite comédie. Kaynaa, mi amor, va dans les toilettes et arrange ta chevelure puis tu retournes en classe. Maman a tout réglé ne t'inquiète pas.
Elle me sourit en m'envoie un bisous volant à moi et à Layla avant de quitter la pièce. Qu'est-ce qu'elle est adorable. Tout compte fait, je fais bien de lui apprendre à se battre.
Je m'apprêtais à quitter le bureau à mon tour lorsque la porte du bureau s'ouvre laissant apparaître un homme noir à la carrure imposante.
Lui: désolé pour le retard, j'ai eu un léger empêchement. Où est ma fille?
Donc c'est lui le fameux père sauveur de l'humanité? Il faut dire que je suis déçue. Je m'attendais à mieux.
- Est-ce que vous pouvez libérer le passage?
Il baisse les yeux vers moi et comment décrire à quelle vitesse son regard s'est illuminé lorsqu'il m'a vu. Je fais un pas en arrière par pure précaution et je soutiens son regard.
Layla: vous êtes sourd? Elle vous a demandé de dégager!
Lui: tiens, qui est-ce que je vois là? La magnifique Zafiro sous mes yeux...
Pardon?
C'est quoi cette histoire encore? Même lorsque je prends une pause je réussis à me faire des ennemis. C'est fou comment je suis douée.
- Et vous êtes?
Lui: mon nom n'a pas d'importance, sache juste que...
Il bouge le col de son manteau pour me faire voir son cou et je remarque directement ce tatouage.
Ce maudit tatouage du lézard en forme de cercle.
Incroyable!
Lui: tu vas payer pour la mort de Maëlle.
Je roule des yeux et je le contrains à libérer le passage. Je me faufile à l'extérieur et je hâte le pas afin de sortir de cette école. Quelle est l'utilité de revenir quinze ans après pour la mort d'une personne qui n'était qu'un pion au sein du cercle?
Layla: Jamila ralentis s'il-te-plaît, comparé à toi je ne suis pas habituée à courir avec des talons.
Je m'arrête et je me tourne vers elle.
- Tu y crois toi? J'ai tué une fille dans un parc il y a des années mais on trouve toujours le moyen de me coller à la peau pour des choses aussi ridicules.
Layla: n'oublie pas que c'est à cause de ce cercle que Evrad a dû simuler sa mort et que toi tu as décidé de te rendre aux mexicains tête baissée.
- Mais regarde, je ne suis pas morte. Ils ont échoué la première fois et je ferais tout mon possible pour qu'ils échouent également cette fois-ci et qu'ils ne reviennent plus jamais.
Layla: c'est quoi le plan?
Je reste silencieuse pendant un court moment, songeant à un moyen facile de me débarrasser de ce fardeau rapidement avant qu'ils n'atteignent ma famille.
Mes pensées finissent par se rediriger vers une seule et même personne.
- Je vais faire appel à la seule personne qui pourra tous les écraser en moins de temps qu'il n'en faut pour cligner des yeux.
Layla: et de qui tu parles?
- Le seul et l'unique Leonardo Bellucci.
A suivre...
Cartel.
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