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Maison des Cares...

14h04...

Ma mère: je viens d'une famille pauvre. Nous étions cinq enfants et mes parents peinaient à tous nous prendre en charge. Mon père était un simple mécanicien et ma mère vendait sur le marché de la place. Quant à mes frères et sœurs, ils se battaient pour pouvoir survivre par leurs propres moyens. Mes soeurs pensaient que le mariage était le meilleur moyen pour elles de s'en sortir, et mes frères eux, n'ont pas eu d'autres choix que de se lancer dans le monde de l'illicite. Moi, j'avais horreur de cette vie de misère, je voulais vivre une vie de luxe, une vie qui conviendrait à une fille comme moi. Et je voulais y parvenir sans avoir à trop me battre.

Ma mère: j'avais une amie, à qui je confiais tout. Je lui avais dit que tout ça ne me convenais pas et un de ces beaux jours j'en avais tellement marre que j'avais fini par lui demander de m'engager chez ses parents en tant que femme à tout faire. Oui, parce qu'elle, elle était plein aux as, vêtements chics, bijoux de valeur. Et je m'étais dit, une fois là-bas, je pourrais facilement dérober des objets de valeur, les revendre et me faire beaucoup d'argent pour un bon début. Elle a refusé ma proposition, me disant que je ne devais pas me résoudre à des tâches aussi basses.

Ma mère: je lui avais dit que je n'avais pas le choix si je voulais sortir de toute cette misère et elle m'avait répondu qu'il y avait un autre moyen très facile. Aveuglée par la recherche de l'argent, je lui ai dis que peu importe ce qu'elle pouvait me proposer, j'allais accepter sa proposition. Le même soir, elle m'a emmené avec elle dans un club de striptease et elle m'a présenté au propriétaire. Je me rappelle bien, il m'avait demandé si je savais faire des danses sensuelles et je lui ai dit qu'en une nuit je pouvais apprendre. Ma détermination était telle que j'étais prête à tout accepter sur le moment.

Ma mère: comme prévu, j'ai passée toute une nuit à apprendre à danser et au fil du temps j'ai perfectionné tout ça. Je n'ai pas mis du temps à me faire un nom et très vite je suis devenue la danseuse la plus prisée du club. "Bree" c'est ainsi qu'ils me surnommaient. C'était la première fois que je tenais dans mes mains des sommes aussi importantes. Ma vie se résumait maintenant aux fêtes, au shopping, au boulot, ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais mais je vivais maintenant loin de la misère de mes parents et c'est tout ce qui m'importait.

Ma mère: un beau soir, on a reçu la visite d'une personnalité importante, qui avait entendu parler de la nouvelle vedette du club. Lorsqu'on m'a dit qu'il s'agissait d'une personnalité importante, je croyais qu'il s'agissait d'un homme d'affaires venu là pour tromper sa femme, mais non. Il s'agissait du baron de la drogue le plus puissant de tout le Mexique. J'ai dansé comme je dansais d'habitude, mais sauf qu'il y avait quelque chose de différent ce soir-là, j'avais reçu beaucoup plus d'argent que d'habitude. Ce n'était pas pour me déplaire et ça n'a fait que grimper, puisque ce fameux baron insistait pour me voir de plus en plus fréquemment.

Ma mère: il est même allé jusqu'à verser une somme colossale au propriétaire du club pour faire de moi exclusivement sa propriété. Je dois avouer que je n'étais pas contre, j'étais bien payée. On a commencé à vivre ensemble, il m'offrait tout ce que je désirais et je lui offrais tout ce qu'il désirait de moi. Jusque là, la vie que je menais ne me dérangeais en rien. Mais il a fallu que les choses basculent du tout au tout lorsque j'ai appris que j'étais enceinte. Peut-être on aurait pu former une belle petite famille je ne sais plus. Mais je sais que cette nouvelle ne ravissait ni Emiliano, ni moi.

Ma mère: qui dit enfant, dit responsabilité, ma vie ne serait plus jamais la même et je ne pouvais pas me permettre de voir tout ce que j'avais pu accomplir s'effondrer comme ça. Il m'a demandé d'avorter, mais j'ai refusé. J'étais peut-être assoiffée d'argent, mais je n'aurais jamais eu le courage de me débarrasser de ce petit bout de moi. Alors j'ai décidé de garder le bébé. Emiliano a continué à s'occuper de nous, bien que désormais il ne s'intéressait plus physiquement à moi. Il ramenait d'autres femmes à la villa, et je ne voulais surtout pas après mon accouchement vivre dans ses conditions.

Ma mère: j'ai donc pris une décision radicale. Après mon accouchement, j'ai collectionné toutes mes affaires de valeur, une forte somme d'argent et mes documents de voyage et j'ai choisi le bon moment pour m'enfuir et abandonner Leonardo à son père. J'ai réussi à fuir loin et à refaire ma vie. Faire comme si je n'avais jamais été une stripteaseuse, faire comme si je n'avais jamais eu d'enfant. Et c'est sur cette base que j'ai refait ma vie avec Adem que j'ai rencontré quelque temps après. Voilà, tu sais tout.

Un silence assez pesant plane dans l'air.

J'ai le regard rivé sur ma mère. J'hésite entre rire et crier. Je suis à la fois choquée et perdue. Jamais de ma vie je n'aurais imaginé que ma mère aurait pu être ce genre de femme, qui ne vit que pour l'argent, le paraître, qui boit toute la nuit au point de se retrouver ivre-morte dans le lit d'un inconnu le matin.

Ma mère: j'imagine que si j'étais restée aux côtés de mon fils, certes Emiliano aurait continuer de s'occuper de lui parce qu'il aurait trouvé enfin un héritier qui saura gérer ses affaires à sa mort. Mais moi, j'aurais été considérée comme la première femme de sa vie qui n'a plus la même valeur qu'elle avait avant et ça je ne l'aurais pas supporté.

- Encore une fois tu n'as pensé qu'à toi. Pourquoi tu n'imagines pas que Emiliano serait resté avec toi et aurait peut-être décidé de faire de toi sa femme et vous aurez peut-être formé une belle petite famille.

Ma mère: peu importe...le fait est fait et même si je regrette de ne pas avoir été là pour vous mes enfants, si jamais Léo venait à me tuer, je n'aurais que ce que je mérite. On ne saura jamais panser le coeur d'un enfant qui a autant de haine en lui.

Je la regarde dans les yeux et elle nettoie les derniers résidus de larmes au coin de ses yeux avant de me sourire.

Ma mère: alors, tu restes pour le dîné?

Je la fixe pendant un court moment avant de la prendre dans mes bras sans que elle-même ne s'y attende. Elle finit par répondre à mon étreinte et me serre tout aussi fort.

- Bien-sûr que je reste, je n'aimerais pas manquer ton échec cuisant et il faudra bien que quelqu'un passe la commande dans un restaurant du coin.

Ma mère: si jamais mon repas te plaît tu me devras une journée de shopping.

Je souris silencieusement sans rien dire et je reste dans cette position. On ne s'est quasiment jamais prise dans les bras et je dois avouer que c'est un peu comme...

Magique.

[•••]

Appartement commun...

23h48...

Je ferme la porte derrière moi en soupirant de joie. La soirée s'est parfaitement bien déroulée, mon père est rentré avec Tiago et on a dégusté le dîné ensemble, finalement ma mère ne s'en sort pas si mal bon...c'était exquis.

Un moment en famille pareil est très rare chez nous, tellement rare que j'ai préféré rentrer parce que tout ça commençait à me donner des frissons. Je n'y suis pas encore habituée. Tiago a préféré dormir là-bas, il doit discuter avec ma mère, elle lui doit aussi des comptes.

Je retire mes chaussures et je finis par trouver l'interrupteur, j'allume la lumière et je dois avouer que je n'ai même pas été étonnée de trouver Evrad installé dans un sofa une bouteille de bière à la main.

- Je peux savoir qui t'a parlé de cet appartement?

Evrad: Edan.

- Où sont les autres?

Evrad: Edan et Layla sont sorti pour je ne sais où, et je doute qu'ils rentreront de la soirée. Et le reste avait une réunion au quartier général, je suis persuadé qu'ils en ont pour toute la nuit. Donc, on est que tous les deux toi et moi.

- C'est ce dont j'ai toujours rêvé si tu savais.

Je roule légèrement les yeux et je vais m'installer dans le sofa avec lui, je lui prends sa bouteille de bière de la main et je prends une gorgée.

- C'est horrible ce truc.

Evrad: tu es drôlement de bonne humeur ce soir, la soirée a été belle à ce que je vois.

- Figure-toi que j'étais avec mon amant.

Evrad: tu ne me prendras pas à ce même jeu deux fois. Tu sors de chez tes parents, et les choses se sont arrangées à ce que je vois. Ta bonne humeur en témoigne fortement.

- Arrête de m'espionner Evrad, si jamais je mets la main sur un de tes espions je le tue. Je te préviens d'avance.

Evrad: dans ce cas j'en trouverais un autre.

Il tend son bras sur le pose-tête du sofa et je n'hésite pas à poser ma tête dessus.

- Evrad, tu n'avais pas besoin de simuler ta mort tu sais? Je gérais la situation.

Evrad: quand tu dis...

- Que je gère, les choses tournent toujours mal. Écoute, je retire ce que j'ai dit, mais pour une fois je me sentais capable d'assurer tes arrières et nous faire sortir indemnes de cette histoire tous les deux, tu n'avais pas besoin d'ajouter ton grain de sel.

Evrad: je suis vraiment désolé si je t'ai blessée, mais il fallait que je disparaisse. C'est à moi qu'ils en voulaient et je ne voulais pas prendre le risque de te perdre par ma faute. J'en ai parlé à Youssef et il n'était pas contre, il m'a même dit que c'était une super idée et c'est lui qui m'a demandé de ne pas te mettre au courant et il avait raison parce que te connaissant tu aurais tout fait pour t'y opposer.

- Tu sais quoi? Oublions toute cette histoire, elle est désormais derrière nous. Mais si jamais tu me refais un coup pareil Williams, je vais te traquer et lorsque je te retrouverais et...

Evrad: pas de menaces ce soir ma jolie, s'il-te-plaît.

Je roule des yeux et je me rapproche un peu plus de lui. Sur le moment, une idée me traverse l'esprit. L'ambiance est idéale et je n'ai pas envie de la plomber mais il faut que je clarifie tout ce soir.

- Evrad.

Evrad: ne plombe pas l'ambiance s'il-te-plaît.

- Et Daliyah? Qu'est-ce que tu vas faire d'elle et de ton enfant?

Il reste silencieux un moment et prend une gorgée de bière.

Evrad: jusqu'ici j'avais du mal à l'avouer mais je crois que depuis que Daliyah est revenue, mes sentiments ne sont plus les mêmes. Je me suis remis avec elle par nostalgie mais si non, je ne l'aime plus autant que je l'ai aimée par le passé, j'ai juste voulu me voiler le visage pour éviter de lui faire du mal mais en fin de compte j'ai fini par la blesser encore plus. Je compte bien m'occuper de notre enfant comme il se doit mais Daliyah et moi ce n'est plus possible.

Je ne dis rien et me contente de passer mes doigts sur sa joue gauche. Inutile de me mentir à moi-même. Cette nouvelle me réjouit plus que tout. Et je crois savoir pourquoi, je comprends enfin tout ce qui se passe...

- Evrad...

Evrad: hum?

- Je crois que...je suis amoureuse...

Evrad: je sais...si j'étais toi j'allais aussi m'aimer.

- Tu n'es qu'un imbécile, c'était mon moment de romance.

Il sourit simplement et se rapproche de moi pour coller ses lèvres aux miennes...

A suivre...





































Cartel.

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