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Retour dans le présent...
Appartement commun...
00h14...
Je passe un dernier coup de brosse dans mes cheveux et je lève les yeux vers le ciel en soupirant d'agacement. Je ne sais pas pourquoi mais je souhaite tellement qu'il fasse son apparition comme la dernière fois sur le balcon et qu'on se mette à discuter sur mes conneries.
On dirait que je suis quelque peu nostalgique bien que j'ai du mal à me l'avouer à moi-même, mais je pense qu'il me manque sincèrement.
Je jette un coup d'oeil pour la énième fois au travers de la balustrade et je ne vois pas une silhouette qui ressemble à la sienne. Avec toutes les émotions fortes que j'ai eu dernièrement, je commence à devenir un peu folle je crois.
Il faudra que je pense à me détendre un de ces jours.
Je me réinstalle sur le table du balcon et je continue de me brosser les cheveux, puisque je n'ai pas sommeil il faut bien que je m'occupe, soit c'est ça, soit je me contente de compter les étoiles.
...: Jamila?
A l'entente de cette voix je me tourne brusquement, espérant tomber sur Evrad comme je le souhaite depuis plus d'un quart d'heure maintenant, mais non. C'est plutôt Edan.
Il vient me rejoindre dehors et s'installer dans la chaise près de la table.
Edan: pourquoi tu es encore debout à cette heure de la nuit?
- Dormir sachant que Leo est dans les parages est une très mauvaise idée. Il est capable de rentrer dans cet appartement et de tous nous tuer dans nos sommeils respectifs.
Edan: il est redoutable à ce point?
- Tu ne l'as jamais vu à l'oeuvre c'est pour ça que tu poses des questions aussi stupides.
Edan: tu peux alors m'expliquer pourquoi est-ce que tu te brosses les cheveux?
- De peur qu'ils ressemblent à une serpillère comme ceux de Daliyah, d'ailleurs elle est où? Elle est déjà morte?
Edan: ais un peu de compassion pour elle Jamila, elle vient de perdre le père de son enfant.
- Et alors? Je ne lui ai jamais demandé de porter son enfant. Et puis dis-moi, pour quelqu'un qui vient de perdre son frère jumeau tu es drôlement calme et gaie, qu'est-ce qui me prouve que ce n'est pas toi qui l'a assassiné?
Edan: quoi? Pourquoi je ferais ça? C'est insensé ce que tu racontes Jamila. Ce n'est pas parce que tu ne me vois pas attristé que je ne suis pas touché par la mort de mon frère, je fais juste tout pour rester fort pour ma mère et ma soeur.
- Et pourquoi tu n'es pas resté à New-York avec elles? Pourquoi tu as préféré venir ici, au lieu de porter le deuil de ton frère comme il se doit?
Edan: tu sais quoi? Tu commences vraiment à m'agacer, je ne sais pas comment Evrad fait pour te supporter. Bonne nuit.
Il quitte sa place et sans même attendre que je réponde à son souhait, il s'en va.
D'habitude je ne m'attarde pas sur les paroles des gens, mais là ce qu'il a dit à vraiment attiré mon attention.
Je ne sais pas comment Evrad fait pour te supporter.
Il a parlé de Evrad au présent et non au passé et en plus de ça je trouve qu'il est beaucoup trop joyeux pour quelqu'un qui porte un deuil. Je ne sais pas si c'est le fait que j'ai une immense envie de voir Evrad, ou s'il s'agit de ce que je pense...
Il se peut que Evrad ne soit pas mort.
Si c'est le cas, ça veut dire qu'ils m'ont prise pour une imbécile, chose que je déteste. J'espère pour eux que si mes doutes sont vrais, qu'ils ont des raisons valables à me donner.
[•••]
Appartement commun...
10h18...
Tiago: je suis le grand frère Jamila et c'est moi qui décide, j'ai dit qu'on ira à Guadalajara que tu le veuilles ou pas!
- Subitement tu es le grand frère? C'est mignon tout ça! Si toi tu as si peur que ça, tu n'as retourner là-bas tout seul, moi je vais rester ici et attendre Léo de pied ferme.
Je prends une bouteille de jus dans le frigo et je vais m'installer dans l'une des chaises qui se trouvait dans la cuisine.
Tiago: pourquoi est-ce que tu ne fais jamais l'effort de m'écouter? Qu'est-ce qui te dit que lorsqu'il viendra, ce sera pour te faire un câlin?
- Qui a dit qu'il venait pour me faire un câlin? J'ai décidé d'arrêter ma cavale et même s'il veut me tuer tu sais très bien que ce n'est pas le fait que je change de ville qui va le freiner. Tu penses que qui nous protègera là-bas? La familia?
Je prends une gorgée de mon jus tout en roulant des yeux.
Youssef: pourquoi est-ce que vous vous disputez à une heure pareille de la matinée?
Dit-il en traversant la porte de la cuisine, il vient me prendre ma bouteille de jus des mains et s'installe dans une autre chaise.
Tiago: je vais prendre de l'air, je crois que c'est mieux. Si jamais je ne reviens pas sachez que je suis mort, tué par mon frère.
Il sort de la cuisine sans attendre nos réponses. Je secoue la tête négativement en le regardant partir, il faut toujours qu'il en fasse trop celui-là!
Youssef: il va sûrement pleurer dans les jupes de sa mère.
- Je n'en doute pas une seconde.
Youssef: qu'est-ce que tu as prévu pour aujourd'hui?
- D'enquêter sur la mort de Evrad.
Il manque presque de s'étouffer avec sa gorgée de jus, j'arque un sourcil tout en lui tendant un mouchoir. Il se saisit du mouchoir, nettoie sa bouche et pose son regard sur moi.
- Quoi? Tu as quelque chose à me dire?
Youssef: a propos de quoi? Je suis juste étonné que tu veuilles encore te mêler au cercle alors qu'on a déjà réussi à se débarrasser d'eux.
- Qui te dit que je vais me mêler de nouveau au cercle? J'ai ma petite idée sur comment je vais procéder, pour ça tu peux me faire confiance.
Youssef: si tu le dis...
Je le fixe intensément sans rien dire pendant que lui vide la bouteille d'un coup. Il me cache quelque chose et je le sais. Mais ce n'est pas dans ses habitudes d'être aussi stressé pour un mensonge.
- Bon! Il faut que je te laisse, j'ai du pain sur la planche.
Dis-je en quittant ma place.
Youssef: fais attention à toi hada.
- Je n'y manquerais pas, et surtout si tu viens à discuter avec Leonardo évite de lui dire que tu m'as rencontré.
Youssef: de toute façon il sait tout et il voit tout.
Je ne dis rien et je me dirige vers le salon où Edan était en train d'arranger son par-dessus Layla tenue à côté de lui.
- Où est-ce que vous allez?
Layla: demande à Edan, il refuse de m'emmener avec lui.
Edan: cette ville est beaucoup trop dangereuse pour que je te traine avec moi n'importe où.
Layla: mais on est véhiculé!
Edan: tu penses peut-être que si une balle t'est destinée, elle ne t'atteindra pas parce que tu es véhiculée? Laisse-moi rire, de toute façon le débat est clos tu ne viens pas avec moi.
Layla n'ajoute plus rien et quitte le salon, moi je pose mon regard sur lui.
- Moi je viens avec toi.
Edan: c'est hors de question.
- Tu n'as aucune raison à me donner, moi j'ai passé la majeure partie de ma vie ici, donc je ne risque rien.
Edan: je n'ai pas envie de te ramener avec moi, c'est tout.
- Si tu ne me ramènes pas avec toi, je ferais en sorte qu'on t'adresse avant même que tu n'ais atteint la prochaine rue et j'en suis tout à fait capable, si tu veux me provoquer essaie de traverser le pas de cette porte sans moi.
Il me regarde pendant un laps de temps, choqué. Avant de soupirer et se résigner.
Edan: tu es une vraie psychopathe.
- Merci de me le rappeller.
Il m'ouvre la porte et me laisse passer la première et il sort à ma suite. On se dirige vers le bas de l'immeuble en silence, juste devant il y avait sa voiture garée. Je me demande comment il a fait pour s'en procurer une aussi rapidement, ça doit être un coup de Livio.
Une fois devant la voiture, il semble fouiller ses clés pendant un bon petit moment mais il ne les trouve pas.
Edan: j'ai dû les laisser là haut, attends moi là je reviens.
- D'accord...attends, tu as quelque chose là dans les cheveux.
Edan: quoi?
Je me rapproche un peu de lui et je fais mine de retirer quelque chose avant de m'éloigner.
- C'est bon.
Il s'en va tandis que moi je le regarde s'en aller d'un air moqueur, jouant avec son téléphone dans mes mains. Je n'ai pas perdu mes facultés de pickpocket dis donc!
Je l'allume directement et à ma grande surprise il était déjà déverrouillé, je vais directement dans sa messagerie et c'est uniquement sa dernière conversation qui m'a attirée.
Evrad.
J'aurais dû le savoir.
A ce moment je ne sais même pas si je dois être heureuse parce qu'en réalité il n'est pas mort ou est-ce que je dois me mettre dans une rage folle parce qu'il a osé me mentir comme ça pendant plus d'une semaine et encore, c'est parce que je l'ai découvert de moi-même, jusqu'à quand est-ce qu'il comptait se foutre de moi comme ça?
« On se retrouve dans l'épicerie finalement, je trouve que c'est un endroit très discret. »
C'est le message qu'il venait tout juste d'envoyer à Edan. Bien évidemment de je ne l'ai pas ouvert pour ne pas éveiller les soupçons et j'ai éteint le téléphone. Edan revient quelques minutes plus tard tout essoufflé.
Edan: c'est bon je les ai, on peut y aller.
- Tiens ton téléphone, tu l'as laissé tomber quand tu montais. Finalement, je ne viens plus avec toi. J'ai un autre programme bien plus important, amuse-toi bien.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je me dirige vers le côté opposé à la sienne. Je sais exactement de quelle épicerie il s'agit et il faut que j'arrive avant Edan. Je dois régler mes comptes avec Evrad.
Je trouve rapidement un taxi et après avoir doublé diverses voitures sur le chemin, on arrive enfin devant l'épicerie. A travers la vitre j'ai pu l'apercevoir adossé contre le mur de celle-ci.
J'ai beau vouloir manifester ma haine habituelle...mais la joie qui s'efforçait à prendre place en moi était beaucoup plus forte.
Mais rien à faire, il faut qu'il sente mon mécontentement. Je paie le chauffeur et je descends de la voiture. Il ne semble pas me remarquer aux premiers abords, je me rapproche de quelques pas de lui et je finis par m'immobiliser à une distance raisonnable.
- Tu attends quelqu'un?
Il lève les yeux vers moi et sa mine ne s'est pas faite prier avant de changer du tout au tout.
Evrad: Jamila?
- Tu es surpris de me voir c'est ça? Tu pensais que ton jeu allait durer assez longtemps c'est ça? Tu es fier de toi maintenant? Tu voulais qu'on t'accorde un peu d'attention tu l'as obtenue, n'est-ce pas?
Evrad: Jamila...ce n'est pas du tout une histoire d'attention, je l'ai fait pour te protéger, pour que toute cette histoire de cercle cesse facilement je n'ai jamais voulu te faire de mal.
Il fait quelques pas en avant tandis que moi j'en fais quelques uns en arrière.
- Comme d'habitude, tu crois tout faire pour me protéger alors que cette fois-ci tu m'as fait beaucoup plus de mal que tu ne le crois.
Evrad: Jamila...
- Evrad...je ne sais même pas à quel point te décrire toute la haine que je ressens envers toi en ce moment...
Evrad: c'est impossible que tu me haïsses Jamila.
- Si c'est très possible et tu devras t'y faire, tu m'as vraiment déçue Evrad. Je te souhaite toute la misère du monde à ta femme enceinte et toi.
Je fais quelques pas en arrière et je finis par lui tourner le dos pour m'en aller, pourquoi est-ce que je ressens un tel pincement au coeur? Pourquoi est-ce que je ressens l'envie de revenir sur mes pas et le laisser me prendre dans ses bras?
Je soupire doucement et je finis par me résigner à m'en aller. Je crois que c'est mieux.
A suivre...
Cartel.
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