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02 ans plus tôt...

Lima, Pérou...

Restaurant...

11h39...

- Qu'est-ce qu'on fait ici Léo? Tu veux qu'on pose une bombe dans les cuisines?

Leonardo: n'ait pas ce genre de pensées Zafiro, pour une fois on est là pour profiter.

Il ferme ma portière et me tend son bras, que je saisis sans hésiter. Mais je ne bouge pas pour autant, constatant que je reste sur place, il baisse la tête en ma direction en haussant un sourcil.

- Tu es sûr qu'on va juste « profiter »? On ne va tuer personne? Même pas une petite blessure?

Leonardo: j'ai créé un vrai missile dis donc! Non Zafiro, on ne tuera personne, même pas une petite blessure, si on est là, c'est parce que j'ai besoin de t'avouer quelque chose.

Je fronce directement les sourcils après sa phrase, Léo qui veut faire des aveux, c'est nouveau ça! Je me laisse faire et tous les deux on se dirige vers l'intérieur du restaurant. C'est un restaurant plutôt chic mais simple. Il y a peu d'affluence, chose qui n'est pas dans les habitudes de Léo.

D'habitude, il aime les endroits noirs de monde et je me suis toujours demandé pourquoi. Il réussit à commettre des forfaits sans jamais éveiller les soupçons ou encore attirer l'attention sur lui.

Une fois installés à table, la serveuse vient directement prendre nos commandes et on se retrouve enfin tous les deux seuls. J'observe les lieux pendant de brèves secondes histoire d'analyser les gestes des personnes tout autour, pendant que lui il fait de même.

- Pourquoi est-ce que Youssef et Livio ne sont pas venu avec nous?

Leonardo: je voulais qu'on soit juste tous les deux.

- Et pourquoi?

Leonardo: je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai des aveux à te faire.

- A propos de quoi? Tu veux me renvoyer chez mes parents c'est ça? Si c'est le cas tu perds ton temps je n'en ai aucune envie, si tu veux te débarrasser de moi, aucun problème mais ne me renvoie pas chez mes parents.

Leonardo: tu es très loin du compte chica.

- De quoi est-ce qu'il s'agit dans ce cas? Tu commences à m'agacer avec tout ce suspens.

Leonardo: prends au moins le temps de déguster ta boisson tu veux?

En effet, nos boissons venaient d'être servies. Je roule des yeux et je prends une gorgée de la mienne, avant de reposer mon regard sur lui. Je suis vraiment impatiente de savoir ce qu'il a à me dire. Si Léo parle de faire des aveux c'est qu'il ne s'agit pas d'une histoire à prendre à la légère.

Le connaissant, ça doit être important.

- Alors?

Leonardo: je doute que tu seras toujours aussi impatiente lorsque tu sauras toute la vérité.

- La vérité à propos de quoi? Tiago? Il est mort?

Leonardo: non, ne t'inquiète pas. Il n'est pas mort, il va très bien. Ce dont je veux te parler me concerne moi, mais aussi Tiago et toi. Mais enfin et surtout ta mère.

Ma mère?

Je me souviens du jour où il était venu me prendre chez moi, ma mère avait évoqué un fait comme quoi Léo en avait après elle. Au début, j'ai cru qu'elle était une ex trafiquante de drogue qui devait de l'argent au cartel, mais plus le temps passait et puisque je n'entendais plus Léo en parler, mes doutes ont finis par se dissiper.

- Qu'est-ce qu'elle a fait?

Leonardo: commençons par le début tu veux? Je ne sais pas si tu le sais, mais tout cet empire que tu vois, tout ce cartel, n'est pas tombé du ciel pour atterrir entre mes mains. Mais je l'ai hérité de mon père. C'était un trafiquant de drogue très influent en Italie, et il a réussi à s'emparer du plus grand territoire au Mexique. Il a ainsi pu étendre son pouvoir et sa prospérité allait de paire. Tout se passait bien dans sa vie jusqu'au jour où il a fallu qu'il rencontre ma mère...

Il marque une courte pause et prend une gorgée de sa boisson. Lorsqu'il a parlé de sa mère j'ai pu sentir l'amertume vibrer dans sa voix. J'ai préféré ne rien dire de peur qu'il n'arrête son histoire, je prends aussi une gorgée de ma boisson et je garde le regard rivé sur lui.

Leonardo: je ne saurais te la décrire, je ne saurais te dire si elle était brune ou blonde, si elle avait des yeux bleus ou marrons, je ne saurais rien te dire d'elle. Certes, je la connais mais je n'ai jamais eu la chance de l'observer comme chaque enfant le ferait avec sa mère, pour lui chanter sa beauté. Moi, je n'ai pas eu la chance de pleurer dans les jupes de ma mère lorsque j'avais un problème. Tout ça pourquoi? Parce que cette bonne femme a osé m'abandonner à mon père. Elle a osé...

Son doigt était à présent en train de jouer avec son verre, je m'attendais à ce qu'à tout moment il ait une montée de colère et qu'il casse son verre dans un geste violent. Ce genre de scènes ne se produit que lorsqu'un de ses hommes de lui obéit pas comme il le souhaite ou que sa marchandise se retrouve dans de mauvaises conditions.

Leonardo: mon père était un homme assez strict, il ne lésinait pas sur l'éducation de futur baron de la drogue qu'il me donnait. Il savait qu'il allait mourir un de ces jours, et tout ce qu'il souhaitait, c'est que je sois assez grand pour gérer son business à sa mort. En gros, il ne me donnait pas l'amour qu'un père doit normalement donner à son fils. Et même si je ne le montrais pas, j'en souffrais. Aucun amour paternel, aucun amour maternel, je n'ai connu que l'amour des armes et de la drogue. Que demander de plus?

Il avait posé cette question en souriant et en ancrant son regard dans le mien. À cet instant j'ai bien cru qu'il me reprochait quelque chose. Mais peut-être j'ai dû me faire des idées. Les expressions faciales de Leonardo peuvent souvent être bien trompeuses.

- Et...pourquoi est-ce que tu me racontes tout ça à moi? Je veux dire, si ça te fait autant de mal tu n'y étais pas obligé. Et tu as dit au début que ça me concernait, qu'est-ce que j'ai à y voir?

Leonardo: tu as tout à y voir Zafiro, parce que tu lui ressembles...

- Pardon? Désolé mais ta blague est de très mauvais goût. Tu veux dire que je ressemble à ta mère disparue?

Leonardo: rectification, ma mère n'a pas disparue je sais exactement où elle habite et je sais avec qui elle a refait sa vie. Si je te parle d'un certain Adem Cares, ça te dit quelque chose?

Je reste un moment interdite tout en continuant à soutenir son regard. Je suis brusquement ramenée à la réalité lorsque je vois un petit sourire narquois naître sur ses lèvres. Je pousse ma chaise légèrement en arrière et un petit rire nerveux s'échappe d'entre mes lèvres.

- Ne me dis pas que...

Leonardo: et si je te dis que ma mère c'est une certaine Ambre Cares, tu y crois? Cette belle femme aux allures chics, qui m'a abandonné sans aucun scrupule bien trop préoccupée par son image, elle n'aurait jamais acceptée être vu en tant que la femme d'un baron de la drogue.

Il rigole face à sa phrase tandis que moi je reste interloquée face à la nouvelle. Ça ne peut pas être vrai...

Ma mère...

Ambre...

Cette femme qui passe son temps à se prendre pour le nombril du monde, est en fait une personne qui en cache beaucoup sous ses nombreuses couches de maquillage.

J'ai toujours su qu'elle ne portait pas ses enfants à cœur. Mais de là, à abandonner son propre fils au dépit de quoi en fait?

Prise d'une soudaine montée de rage, je quitte promptement ma chaise et je me dirige vers les toilettes. Léo quant à lui continuait de rire, il sait que cette vérité me tourmente et ça lui fait plaisir de me voir aussi perdue.

Une fois dans les toilettes, je me rassure de fermer la porte à clés derrière moi et je vais me tenir devant le miroir.

Donc si je comprends bien, je ne suis qu'une petite marionnette dans le jeu depuis le début. Si Leonardo s'est rapproché de moi c'est uniquement parce qu'il savait que j'étais la fille de sa mère...

Il savait que j'étais sa soeur...

Et si ça se trouve, il m'a fait entrer en confiance pour mieux me tuer...

Lorsque je réalise cet aspect là de l'histoire, j'ai comme une sorte de déclic. Je me rince rapidement le visage et mon premier réflexe est de retirer mes talons. Une course contre la montre se prépare.

Je sors ensuite des toilettes et une fois que je me suis rassurée qu'il est toujours installé à table, en train de discuter avec la serveuse, j'enchaîne une course folle vers la porte, bousculant tout le monde qui se trouvait sur mon chemin.

Une fois hors du restaurant je continue de courir dans l'espoir de trouver un taxi le plus rapidement possible, je finis par en trouver un à quelques mètres du restaurant. Je demande au chauffeur de me conduire à la villa dans laquelle on séjourne l'équipe et moi.

Le reste était censé se rendre à l'entrepôt pour un contrôle de routine, donc je suis bien sûre qu'il n'y a personne là-bas. Au bout de vingt minutes de trajet, le taxi finit par me déposer à destination. Je signale au chauffeur qu'il doit rester m'attendre sur place.

Comme je l'avais imaginé, il n'y avait personne à la villa. Je monte vite dans ma chambre afin de collectionner quelques affaires ainsi que mes pièces de voyage.

Sauf que je ne me souviens plus très bien où je les ai laissé, j'ai dû remuer complètement ma chambre pour les trouver et lorsque je les trouve enfin et que j'avais enfin accroché mon sac à mon épaule, je tombe nez à nez avec Leonardo adossé contre l'encadrement de la porte les bras croisés.

Je fais un pas en arrière, laissant ma main tâtonner partout afin de trouver tout objet pouvant me servir d'arme.

Leonardo: tu pars déjà ma chère petite sœur? Tu m'abandonnes comme l'a fait notre mère?

- Laisse-moi partir.

Leonardo: si non?

Au même moment, ma main tombe sur la lampe de chevet. Dommage, j'aimais bien la lumière douce de cette lampe dans la nuit. Sans prévenir, je la lance en sa direction mais à ma grande surprise il a esquivé sans avoir à trop se mouvoir.

J'aurais dû m'en douter.

Maintenant, il faudra que je sorte de cette chambre même si c'est à la force de mes bras. Je soupire un bon coup avant de me diriger en courant vers lui, telle une lionne sur sa proie.

Il réussit facilement à me maîtriser et malgré mes cris de rage il ne semble pas avoir du mal à me contrôler, ce qui me met dans une rage encore plus folle.

Sans prévenir, il me propulse dans la chambre et puisque je ne m'y attendais pas, j'ai trébuché et j'ai frappé mon nez contre le sol, ce qui m'a très vite value une douleur assez vive et un beau saignement.

Je ne l'oublierai jamais cette chute.

La douleur m'immobilise couchée à même le sol, j'ai vraiment mal.

Leonardo: relève toi Zafiro, si je te voulais du mal il y a longtemps que je t'aurais achevée avec une balle dans la tête.

Il raconte tout ça pour me dissuader. Je lève légèrement les yeux et je tombe sur l'un de mes bandeaux dont je me sers pour tenir mes cheveux. Je n'ai pas le choix.

Puisque je le sentais au dessus de moi, j'ai juste déduis et en un geste je l'ai fait trébucher à l'aide de mes pieds. Avant qu'il n'ait le temps de se rendre compte de ce qui se passait j'ai ramassé mon bandeau et je suis passée au dessus de lui.

J'ai passé le bandeau autour de son cou et je ne me suis pas retenue de serrer autant que je pouvais. Bizarrement, il se débattait à peine et je dois avouer qu'à un moment j'ai voulu abandonner quand j'ai repensé au fait qu'on pouvait bien être frère et soeur lui et moi.

Mais il n'y a pas de retour en arrière.

Leonardo: souviens-toi de ma cinquième règle, tout ça se retournera contre toi...

Il ferme les yeux à la fin de sa phrase et je ne peux pas décrire la panique qui m'a prise. J'ai lâché mon emprise et je n'ai même pas pris le temps de tester son pouls que je me suis enfuie en emmenant avec mes poids seulement mes documents de voyage et l'arme de Léo.

La vitesse avec laquelle je courrais n'a pas laissé le temps aux hommes de main d'apercevoir mon état. Mais ce n'était pas le cas pour le chauffeur qui n'a pas manqué de me reluquer à travers le rétroviseur sans pour autant démarrer.

Je pose mon arme sur sa tempe sans hésiter.

- Démarre mon mignon si tu ne veux pas voir ta tête éclater là tout de suite sous l'effet d'une balle.

Il allume le moteur, pris de peur, sauf que quelqu'un frappe violemment sur le capot ce qui me fait lever les yeux.

Ashton: descends de cette voiture Zafiro! Tu te rends compte de ce que tu viens de faire? Tu sais ce que tu viens de faire?

- Démarre.

Chauffeur: mais je ne peux pas l'écraser mademoiselle.

- Fais ce que je te dis, faut apprendre à être courageux mon petit tu crois que je fais comment pour vivre?

Ashton: descends Zafiro et viens me montrer que tu es une femme!

- Roule lui dessus.

Chauffeur: mais mademoiselle...

Pourquoi continuer à tergiverser alors que j'ai une arme en main? Je change de cible et je vise maintenant Ashton, je ne compte pas le tuer ce pauvre petit. Je veux lui laisser le temps de savourer la mort de son chef.

Je tire dans son épaule et il décale automatiquement de la route.

- Maintenant démarre si non la prochaine balle te sera destinée. Emmène-moi à l'aéroport.

Il s'active les mains tremblantes, moi je me contente de m'adosser et je pose mon regard sur le rétroviseur affrontant ainsi mon reflet.

Je viens de tuer le chef.

Je crois que je viens de me mettre dans de sacrés beaux draps.

A suivre...



























































Cartel.

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