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Villa de Leonardo...

15h28...

...: Ça y est, je crois qu'elle se réveille...

...: Ce n'est pas trop tôt, dis-moi tu ne lui pas fait inhaler tout le flacon de somnifère non?

...: Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

J'ouvre péniblement les yeux et j'ai pris au moins cinq minutes pour m'adapter à la lumière du jour. Mon regard tombe directement sur le plafond. Plafond d'une pièce qui ne m'est pas du tout familière.

Je fronce les sourcils face à cette constatation et je me redresse subitement dans le lit. Je tombe directement sur les visages des deux hommes qui accompagnaient Leonardo hier.

- Qu'est-ce que vous faites là? Qu'est-ce que je fais là? Vous savez quoi? Ne répondez à aucune de mes questions, je veux juste que vous me rameniez chez moi sans faire d'histoires.

...: Pour ça, il faudra en discuter avec Léo mais je doute qu'il ne te laisse t'en aller.

...: Et si on faisait plutôt les présentations...moi c'est Livio Handerson et lui, Youssef Marins et toi Zafiro...

- Jamila, je m'appelle Jamila.

Livio: ici, tu devras t'habituer à ce qu'on t'appelle Zafiro, ordre spécial de Léo.

Youssef: moi, je vais t'appeler hada, j'aime beaucoup le contraste de la couleur de tes yeux avec ta peau.

Je roule des yeux et je descends du lit. Donc eux, ils trouvent ça normal de m'arracher à ma liberté comme ça, mais en plus de vouloir m'imposer leurs règles. Je me dirige vers la porte bien décidée à m'en aller d'ici. Sauf que je n'ai pas le temps de le faire puisqu'elle s'ouvre de l'extérieur laissant apparaître un Leonardo toujours aussi imposant.

Je fais deux pas en arrière afin de  le laisser passer et que moi je puisse faire de même une fois qu'il serait entré dans la pièce. Mais au contraire, il entre et ferme la porte derrière lui. Bien-sûr.

Je vais m'asseoir dans un siège proche de la fenêtre, si jamais il tente quoi que ce soit, je veux être d'avoir un moyen assez facile de m'échapper.

Leonardo: laissez-nous.

Dit-il en s'adressant à Youssef et Livio, ceux-ci s'exécutent sans faire d'histoires. A partir du moment où la porte s'est refermée sur eux, la pièce est devenue subitement froide, comme si la mort venait de faire un petit tour ici.

- Pourquoi est-ce que je suis là?

Il était présentement tenu en face du bar présent dans la chambre en train de se verser un verre de whisky. Il en prend une gorgée tout en s'adossant contre un meuble.

Leonardo: parce que je veux.

- D'accord...je ne sais pas pour qui tu t'es pris, mais il faut tout de suite que tu me ramènes chez moi. D'après ce que j'ai compris tu as des problèmes avec ma mère alors c'est elle qui était censée se trouver ici et non moi, alors libère-moi!

Leonardo: laisse-moi réfléchir deux secondes...non, je n'en ai pas envie.

Je me lève d'un coup, bien décidée à sortir d'ici sauf qu'il a suffi qu'il siffle un « assieds-toi » une seule fois pour que je m'asseye immédiatement.

Leonardo: j'aime bien ton côté coriace et tout le reste, mais sache que maintenant tu es sous ma responsabilité ce qui signifie que c'est moi qui donne les ordres et toi tu les exécutes, on est d'accord?

Je ne réponds rien et je me contente de le fusiller du regard. Je croise mes bras et je m'adosse contre le mur.

Leonardo: je suppose qu'on est d'accord. Est-ce que tu sais ce que ton frère pratiquait comme activité avant de disparaitre?

Il attire tout de suite mon attention en parlant de ce point. Ça fait deux ans maintenant que Tiago a disparu sans laisser aucune trace de lui. J'ai beau essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer mais jusque là je ne trouve aucune réponse.

Leonardo: vu ton expression faciale, tu n'es pas au courant. Ils ont préféré te garder dans le déni à ce que je vois.

- Tu pourrais donc arrêter de tourner autour du pot et me dire la vérité.

Leonardo: j'aimerais bien, mais je ne pense pas que le moment soit bien choisi. On ira pas-à-pas. Tout d'abord je tiens à clarifier certaines choses, si tu ne le savais pas jusqu'à présent à partir du moment où ton chemin a croisé le mien tu es officiellement mêlée au Cartel Mexicain.

Pardon?

D'habitude je crois qu'il est question de demander l'avis d'une personne avant de lui faire intégrer toutes ces histoires.

- A quel moment je t'ai dit que j'avais envie d'être trafiquante de drogue?

Leonardo: c'était une information et non une doléance chica. Et j'ai plein d'autres informations pour toi, de un désormais tu devras te faire à ce qu'on t'appelle Zafiro, c'est avec ce nom là que tu oeuvreras au sein du cartel. De deux, tu fais désormais partie des cinq intouchables, ce sont des personnes qui détiennent le pouvoir absolu, celles qui ont la main mise sur tout le territoire. De trois, maintenant ton quotidien ne sera plus le même, ta vie se résumera aux armes, à la drogue, à tes entraînements que je prendrais moi-même le soin d'organiser. De quatre, n'essaies même pas de t'échapper puisque où que tu ailles je te retrouverais. Et enfin, de cinq, si jamais tu tentes quoi que ce soit contre moi, sache que ça se retournera contre toi et c'est toi et toi seule qui te retrouvera en mauvaise posture. J'espère que c'est claire?

Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à ses règles, surtout la dernière mais je me suis contentée de hocher positivement la tête machinalement.

J'ai l'impression d'être dans un rêve, il a fallu juste l'espace d'une journée pour que ma vie bascule du tout au tout. Mais je ne saurais dire si elle a basculée de façon négative ou positive.

La vie de l'illégalité m'a toujours attirée, mais je ne pensais pas y être impliquée de manière aussi inattendue.

Leonardo: des questions?

Je ne réponds rien et pose mon regard sur lui.

Leonardo: très bien. Une styliste sera là dans moins de deux heures pour tes vêtements, et aussi pour t'aider à t'apprêter. Ce soir on a un évènement de prévu.

Suite à cette phrase il sort de la chambre en fermant délicatement la porte derrière lui. Je me retrouve maintenant seule dans cette pièce, à même de m'enfuir à tout moment. Sauf que, je compte rester et bien voir ce que l'avenir me réserve avec lui.

[•••]

Retour dans le présent...

Appartement commun...

17h47...

J'avais stoppé mon récit pendant quelques instants et je prenais le temps d'observer l'expression faciale de tout un chacun. Ils sont tous concentré sur ce que je raconte. Je quitte ma place et je vais me verser un verre de whisky.

Layla: Jamila tu n'as pas fini l'histoire, là tu ne nous as raconté que comment tu as rencontré Leonardo.

Alessio: d'ailleurs, tu as une idée de pourquoi il a décidé de t'inclure dans toutes ces histoires?

- J'y arrive, laissez-moi juste le temps de m'hydrater.

Je vide mon verre d'un coup sec et je retourne m'asseoir à ma place.

- A partir de ce jour, mon train de vie a réellement changé. Chaque jour je m'entraînais au combat avec Youssef, j'apprenais à magner des armes avec Livio, je me présentais à chaque soirée chic au bras de Leonardo. Et avec les coups qu'on multipliait, l'ampleur que notre réseau prenait et la renommée qu'il m'apportait de plus en plus. J'ai fini par devenir la femme la plus craint du cartel, ce qui est toujours le cas jusqu'à présent. Tout allait pour le mieux, j'avais commencé à m'habituer à cette vie, plus même je m'y étais faite et je ne souhaitais plus m'en détacher mais il a fallu que les choses dérapent...

Je marque une courte pause et je lâche un petit rire nerveux.

- J'avais sous-estimé la cinquième règle de Leonardo et voilà où j'en suis, pour l'avoir fréquenté pendant un assez long moment et pour tous ceux qui l'ont côtoyé, on sait tous qu'il ne se trompe quasiment jamais.

Wassim: est-ce que tu pourrais être plus précise? Si tu vivais bien avec lui pourquoi est-ce que tu l'as tué? Enfin, il n'est pas vraiment mort...alors pourquoi est-ce que tu as essayé de le tuer?

- Je l'ai fait parce que je pensais me protéger et protéger ma famille...en réalité c'était sur un coup de tête et si j'avais su je l'aurais laissé faire ce qu'il avait en tête...Tiago, qu'est-ce qui s'est passé pour que tu quittes le Mexique?

Il sursaute légèrement et s'arrange dans son siège, il était assis entre Livio et Youssef. Tous les regards étaient désormais posés sur lui.

Tiago: mais tu sais déjà ce qui s'est passé.

- Je ne l'ai jamais entendu de ta bouche, je n'ai jamais entendu ta version des faits.

Il soupire et s'avachit dans son siège.

Tiago: j'ai commencé à travailler pour le cartel quand j'avais dix-neuf ans, il y a six ans maintenant. Quand j'entrais dans toutes ces histoires d'illicite, je ne savais pas très bien dans quoi je me fourrais. Je savais très bien que je risquais ma vie et celles de ma famille, mais sur le moment, tout comme Jamila j'avais cette envie là de goûter au danger. Tout comme Jamila également, c'est Leonardo qui m'a fait rentrer dans toutes ces histoires. Il ne m'avait pas laissé beaucoup de choix de toute façon.

Tiago: il m'a imposé les mêmes règles qu'il avait imposé à Jamila, j'ai subi la même formation qu'elle a eu à subir. Et je me sentais exactement comme elle, ce style de vie me plaisait. Mais j'ai commis une erreur, je ne sais même pas ce qui m'a pris de faire ça. Alors qu'on devait recevoir une cargaison importante d'armes provenant du Brésil, j'avais reçu un appel du camp ennemi...ils m'avaient promis une forte somme d'argent si je détournais le camion chargé d'armes en leur faveur.

Livio: donc si je comprends bien c'est toi qui avait détourné ma marchandise.

- Du calme, Livio. Laisse-le terminer.

Tiago: oui c'est bel et bien moi qui ai détourné le camion. Mais j'ai tout de suite regretté lorsque j'ai perçu l'argent de leur part. Je savais à partir de cet instant que j'avais non seulement mis ma vie en danger mais aussi et surtout celle de Jamila. Parce que je savais très bien qu'au cas où Léo me ratait en tant que sa cible, il allait s'attaquer directement à la personne la plus proche de moi. Je ne me suis jamais senti aussi con que ce jour-là, et je me suis encore senti plus con lorsque j'ai décidé de m'enfuir comme un lâche avec l'argent, croyant peut-être qu'il ne me retrouvera pas...

Youssef: pourtant le lendemain de ta fuite, nous étions au courant de tous tes faits et gestes, de tous tes déplacements. Mais tout comme avec Jamila, Léo nous avait demandé de te laisser t'en aller, que tu allais revenir de toi-même.

Layla: ce Léo on dirait un vrai devin, avec tout ce que j'ai pu entendre de lui...

Isaac: donc, si je comprends bien, lorsque Tiago s'est enfui, Leonardo savait exactement où est-ce qu'il se trouvait mais il a préféré le laisser croire qu'il maitrisait la situation. Deux ans plus tard, il s'en prend à Jamila, mais au lieu de lui faire payer pour les erreurs de son frère, il la prend sous sa coupole. Mais...pourquoi?

- Tu veux ta réponse...tout ça c'est à cause de ma mère, je ne le dirais jamais assez. Mais pour que vous le compreniez aisément, on va remonter à ce jour. Au jour où j'ai tué Leonardo.

A suivre...















































Cartel. 

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