[60]
3 ans plus tôt...
México, Mexique...
Maison des Cares...
14h39...
...: dale, dale, dale, ya le diste una, ya le diste dos, ya le diste tres, ya le diste cuatro, ya le diste cinco...
Elle réussit enfin à frapper la piñata correctement et celle-ci se brise sous la violence du coup et pleins de friandises se déversent sur le sol. Les enfants se précipitent vers ceux-ci afin de les ramasser.
Moi je reste installée à ma place sirotant mon verre de jus d'ananas. Cette fête m'ennuie. Mais je suis obligée d'y être puisque ma mère m'y a obligée. C'est l'anniversaire d'une de mes cousines à qui je n'ai pratiquement jamais adressée la parole.
Mais bien-sûr il a fallu qu'on organise sa fête ici comme si elle n'avait pas de maison. Je soupire une énième fois d'agacement et je vide mon verre d'une traite. Je m'apprêtais à le remplir à nouveau lorsque j'entends ma mère siffler mon prénom. Qu'est-ce qu'elle veut encore?
Ma mère: ¿Por qué estás aquí sentado solo? ¿No quieres divertirte con los demás? (Pourquoi est-ce que tu es assise ici toute seule? Tu ne veux pas t'amuser avec les autres?)
Je ne réponds rien et me contente de la fixer. Elle sait très bien pourquoi je souhaite rester dans mon coin mais elle se sent obligée de faire tout ce cinéma.
Ma mère: de todos modos, como no tienes nada que hacer, te daré una comisión. (Peu importe, comme tu n'as rien à faire, je vais te donner une commission.)
Avant même que je n'ais le temps de refuser, elle m'avait déjà saisie par le bras et traînée de force vers la table où se trouvait le buffet.
Ma mère: ves ahí, falta el pastel. Quiero que vayas a la panadería más cercana y me traigas un tres leches, a Francesca le encantan. (Tu vois là, il manque le gâteau. Je veux que tu ailles dans la boulangerie la plus proche et que tu me ramènes un tres leches, Francesca en raffole.)
- Je ressemble à une coursière c'est ça?
Ma mère: allons querida, fais l'effort au moins pour Francesca. Tu n'aimerais pas qu'elle termine son anniversaire sans avoir eu son gâteau.
Elle fait une légère pression sur mon avant-bras qu'elle tenait fermement. Je la fixe pendant une poignée de secondes avant de me résigner. De toute façon, ça m'aidera à me distraire un peu.
Elle me donne sa carte bancaire et me demande d'en acheter au moins cinq. Je pense que je vais en acheter six, un de plus pour moi-même, il faut bien que j'ai ma paie.
Comment elle a fait pour oublier d'acheter un gâteau à un anniversaire d'abord? C'est censé être la première chose qu'on commande je crois.
Puisqu'il faisait légèrement chaud, je n'ai pas eu besoin d'aller enfiler un par-dessus. J'ai emprunté la voiture de mon père et j'ai roulé jusqu'à la boulangerie où j'ai jugé pouvoir trouver des gâteaux mangeables.
J'y arrive au bout de quinze minutes de trajet et puisqu'il n'y avait pas trop d'affluence, j'ai pu passer rapidement ma commande mais j'ai dû patienter plus de dix minutes le temps qu'elle les emballe. Entre-temps je suis allée m'installer dans une chaise à l'extérieur.
Je m'amusais à observer les passants et les personnes qui étaient tenues là discutant du soleil et du beau temps. Des femmes qui tenaient leurs enfants par la main et semblaient s'adonner à une discussion plutôt passionnante pour elle.
Un vieil homme assit devant une supérette qui racontait des histoires à pleins d'enfants assis tout autour de lui.
Tout ceci dans une ambiance plutôt joviale. Enfin, on parlera de cette jovialité au passé car lorsque trois voitures de couleur noire se sont garées exactement devant la boulangerie, tous ceux qui se trouvaient dans la rue ont déserté à une vitesse incroyable.
Je fronce légèrement les sourcils ne comprenant rien à la situation. Je pose mon regard sur les voitures, quand-même impatiente de voir qui va en sortir. Je viens rarement dans cette rue donc je ne connais pas trop les lois d'ici. Ça doit être un groupe de dealers craints du coin.
En effet, un groupe d'hommes sort des diverses voitures et vu leur accoutrement on ne dirait pas des dealers mais en réalité je suis sûre qu'ils le sont.
Néanmoins, je reste installée à ma place mais je ne détourne pas le regard. Ils étaient trois, donc chacun d'eux sortait d'une voiture. Ils discutaient gaiement et une fois à ma hauteur, leur discussion s'éteint petit à petit et leurs regards se posent sur moi.
Un noir. Un métis. Un blanc.
...: J'espère que tu es au courant que tu n'es pas censée être là.
C'était le blanc qui venait de m'adresser la parole, il se tenait au dessus de moi les mains dans ses poches. C'est possible d'avoir des yeux aussi sombres mais qui laissent entrevoir autant de malice?
Le fait que j'étais obligée de lever les yeux afin de le voir me dérangeait un peu alors j'ai dû me lever à mon tour. Bien qu'il était plus grand que moi, au moins je ne me sentais plus regardée de haut.
- Pourquoi?
Il m'observe pendant quelques minutes et puis il sourit et pose son regard sur les autres qui se tenaient derrière lui. Il ramène son regard sur moi mais son visage ne s'assombrit pas pour autant.
...: A ce que je vois tu n'es jamais passée par ici alors je vais te prévenir : une jeune femme comme toi ne devrais pas se retrouver dans des zones pareilles toute seule. C'est très dangereux pour toi, tu sais?
- Donc si j'ai envie de viennoiseries de cette boulangerie en particulier je n'ai pas le droit de venir ici parce que vous vous amusez à jouer les gangsters?
Je ne sais pas où j'ai pris le courage afin de lui cracher ça au visage, mais si jamais il sort une arme et m'explose la tête on ne pourra pas dire que je ne l'ai pas cherché.
Il sourit de plus belle et fait quelques pas en arrière.
...: Laisse la récupérer sa commande et s'en aller Léo.
C'est l'homme métis qui venait de le dire en rentrant dans la boulangerie, le noir le suit sans rien dire. Le fameux Léo me fixe toujours aussi souriant avant de me dépasser, mais avant de rentrer je l'entends lancer un « on se reverra plus tôt que tu ne le crois Zafiro. »
Je frissonne légèrement lorsque je réalise comment il vient de m'appeler. Personne ne m'a jamais appelé par mon premier prénom, même pas ma mère comme si elle avait oublié qu'elle me l'avait donné.
Je vais trop loin là...
La véritable question est comment il a fait pour connaître mon identité? Sur le coup, j'ai commencé à paniquer, je suis allée récupérer mes gâteaux, payé ma commande et je suis retournée chez moi.
Il ne fera rien. Il ne m'arrivera rien. Si ça se trouve tout ce qui vient de se passer n'était qu'un rêve. On ne se reverra pas.
[•••]
2 jours plus tard...
Maison des Cares...
10h27...
Après l'anniversaire, j'ai dû me rendre à Guadalajara sous l'ordre de ma mère afin d'aller donner un paquet à ma grand-mère, il y avait plein de gens qui y allaient aussi mais il a fallu que ça soit moi qu'elle envoie. Il arrivera bien un jour où je ne lui servirais plus de commissionaire.
Le chauffeur gare dans le parking et je descends de la voiture sans attendre qu'il vienne me l'ouvrir. Je rentre à l'intérieur de la maison et je claque la porte assez bruyamment pour faire savoir que je suis là.
D'habitude quand je le fais, ma mère réagit d'une façon ou d'une autre mais là, je n'ai rien entendu. Elle est peut-être sortie. Je me dirige vers la salle de séjour où je compte bien me verser un verre de whisky et m'affaler dans un sofa..
C'est ce qui était prévu à la base, sauf que la scène qui se trouvait face à moi, une fois mes pieds mis dans la salle de séjour, était loin d'être celle à quoi je m'attendais.
Je fais instinctivement un pas en arrière.
Léo: tu t'en vas déjà? Mais tu viens tout juste d'arriver. J'ai fait faire des cookies pour toi. Tu n'en veux pas?
Je pose mon regard sur le plateau de cookies, je pose ensuite mon regard sur le bout de l'arme qu'il avait pointée sur la tête de ma mère, je pose le regard sur mon père qui était installé dans un autre siège, pétrifié par la peur.
- Je peux savoir ce que tu fais là? Si c'est pour la scène de l'autre jour, ex...
Léo: si tu comptes t'excuser je t'arrête tout de suite, ce n'est pas la peine. Allez mange un cookie.
Et qu'est-ce qui me prouve que tes cookies ne sont pas empoisonnés?
J'allais lui dire ça, si seulement le même courage que la dernière fois me revenait encore une fois.
- Je n'ai pas envie de manger un cookie. Léo dis-moi ce que tu veux qu'on en finisse une bonne fois pour toute!
Léo: c'est simple, c'est toi que je suis venu chercher. Sache qu'à partir de maintenant, tu ne vivras plus avec tes parents mais avec moi.
Pardon?
Mais...qui fait ça?
- Et je peux au moins savoir pourquoi?
Il sourit comme il sait si bien le faire et pose son regard sur ma mère qui était étonnamment calme pour quelqu'un qui est à deux doigts de mourir.
Léo: tu ne lui as rien dit Ambre?
Je pose aussi mon regard sur ma mère attendant qu'elle apporte une réponse à sa question.
Ma mère: c'est à moi que tu en veux...Leonardo, tu as déjà réussi à éloigner Tiago de moi ne fais pas de même avec Jamila s'il-te-plaît...tue-moi si tu veux mais ne fait pas ça, ne la fait pas rentrer dans ce monde...
Léo: arrête ça Ambre...tout ce cinéma ça ne marche pas avec moi. Peu importe ce que tu me diras, il n'en demeure pas moins que Jamila viendra avec moi et c'est tout.
- Et je peux savoir de quoi vous parlez? Maman, tu le connais? C'est à cause de lui que Tiago est parti? Et pourquoi est-ce qu'il t'en voudrait? J'ai l'impression d'avoir loupé pleins d'épisodes et toi papa tu ne dis rien?
Léo: tu poses beaucoup trop de questions Jamila, je crois que Ambre a dû te dire que la curiosité est un vilain défaut...qu'est-ce que je raconte moi? Elle n'est pas foutue d'être une bonne mère. Tout ce qui l'intéresse ce sont ses vêtements, son argent et elle-même...
Ma mère: Leonardo ne fais pas ça...
Léo: trop tard.
Avant que je n'ai le temps d'interpréter tout ce qui est en train de se dérouler sous mes yeux, je me sens légèrement ramenée vers l'arrière et bientôt un mouchoir imbibé de somnifère vient se présenter sous mon nez.
Malheureusement j'ai compris bien trop tard qu'il ne fallait pas que j'inhale le produit, mais je l'avais déjà fait et il a fallu juste quelques minutes pour que je me sente partir et que je perde connaissance pour de bon.
A suivre...
Cartel.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top