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Villa des Cares...
09h33...
Soline: mademoiselle?
Elle accompagne sa réplique en me secouant légèrement l'épaule, je pousse un petit gémissement d'agacement avant de recouvrir ma tête de la couverture.
Soline: vous avez de la visite mademoiselle, il faut vous lever!
- Cette personne peut bien attendre non? Laisse-moi tranquille!
Soline: mais c'est qu'il s'agit de votre cousine, mademoiselle.
Ma cousine?
Je retire la couverture de ma tête et me redresse d'un coup sec. Ma cousine? Quelle cousine? Et pourquoi cherche-t-elle à me voir?
Je fronce mes sourcils et je pose mon regard sur Soline qui était tenue droite comme un piquet en face de moi.
- Et de quelle cousine tu me parles?
Soline: j'ignore comment elle s'appelle mademoiselle, votre mère a demandé à ce que je viennes vous réveiller et que je vous demande de vous apprêter afin d'aller la voir.
Les sourcils toujours aussi froncés, je hoche juste la tête de haut en bas, puis de bas en haut avant de lui demander de libérer les lieux.
Elle s'exécute et moi je quitte mon lit afin d'aller prendre une douche.
Finalement, la soirée au musée hier, s'est bien terminée. Je sais que je peux leur faire confiance, ils ne diront rien au cartel Mexicain. Ça je le sais. Mes menaces ont fait effet sur eux.
Je m'apprête rapidement et me munis d'une paire de lunettes de soleil et de mon téléphone avant de quitter ma chambre.
Je vais tout d'abord dans la salle à manger pour voir si ma mère et ma soit disant cousine y sont, et ce n'était pas le cas. Alors, je me dirige vers la terrasse et elles s'y trouvaient effectivement.
Ma mère est la première à me remarquer puisqu'elle m'avait directement dans son champ de vision. Une femme était assise en face d'elle, elle était de dos donc tout ce que je pouvais apercevoir c'était sa masse de cheveux bruns lui tombant dans le dos en formant des sortes d'ondulations.
Je me rapproche d'elles en plissant des yeux et en restant sur mes gardes. Si ça se trouve c'est peut être une intruse. Une fois à leur hauteur, je vais me mettre aux côtés de ma mère sans pour autant m'asseoir et je fixe celle qui se trouvait à présent en face de nous.
Ma mère: ¿no vas a saludar a tu prima, querida? (Tu ne salues pas ta cousine ma chérie?)
La femme en face de nous lève les yeux vers moi, un sourire accroché à ses lèvres, attendant que je la salue. Et ce n'est qu'au moment où nos regards ce sont croisés que je l'ai reconnu.
En effet, il s'agit de ma cousine : Amélia. La fille de la grande soeur de ma mère. Je m'installe dans la chaise à côté de ma mère et je soupire.
- ¿Qué haces aquí? (Qu'est-ce que tu fais ici?)
Ma mère: te pedí que la saludaras, no que la inundaras con preguntas (Je t'ai demandé de la saluer pas de l'inonder de questions)
- Tengo derecho a saber qué hace ella aquí, ¿no? (J'ai bien le droit de savoir ce qu'elle fait ici, non?)
Ma mère se contente de soupirer de fatigue en hochant la tête négativement. Elle sait déjà que c'est peine perdue avec moi. Je pose mon regard sur Amélia, qui ne se gênait pas de me déshabiller du regard en souriant.
- Puedes volver a tu contemplación más tarde. Primero dime ¿por qué estás aquí? (Tu reviendras à ta contemplation plus tard. Dis-moi d'abord pourquoi tu es là?)
Amélia: ¿ya no puedo visitar a mi familia? (Je n'ai plus le droit de venir rendre une petite visite à ma famille?)
Elle porte son verre de jus à sa bouche et en avale quelques gorgées en me regardant toujours en souriant. Il est bien vrai que je m'entends plutôt bien avec elle, mais si elle continue à se foutre de moi comme ça, je risque très vite perdre patience.
Je plisse des yeux encore une fois mais elle ne le remarque pas puisque je porte des lunettes de soleil.
- ¿Me tomas el pelo? (Tu te fous de moi?)
Amélia: ¿quién, yo? ¡Claro que no! (Qui? Moi? Bien-sûr que non!)
Elle disait ça un petit sourire en coin. Elle a toujours aimé faire ça. Elle sait clairement que je déteste cette attitude chez elle, mais elle fait ça à chaque fois pour m'énerver.
Je retire mes lunettes de soleil d'un geste vif, et j'étais prête à l'insulter même si je sais que si je le fais, ça va encore plus l'amuser. Ma mère pose sa main sur mon épaule et me la caresse. Je tourne mon regard vers elle, et elle aussi ne cachait pas son sourire.
Ma mère: calme-toi, elle blague c'est tout!
Sa blague, n'est pas drôle du tout. Elle sait très bien qu'elle ne doit pas quitter le Mexique pour les États-Unis comme ça, risquant de faire tomber ma couverture.
- Si elle est donc là, juste pour blaguer, elle peut repartir maintenant. Si tu veux je te paie ton billet d'avion directement pour le Mexique.
Elle me regarde sans rien dire, perdue. Puis elle pose son regard sur ma mère.
Ma mère: no prestes atención a lo que dice. Sigue con lo que me estabas contando. (Ne prête pas attention à ce qu'elle dit. Continue donc avec ce que tu étais en train de me raconter.)
J'avais oublié que Amélia ne parlait et ne comprenait pas le français. C'est pour ça qu'elle me fixait comme un arbre que l'on vient tout juste d'abattre.
Amélia: dije que la abuela ha estado preguntando por ti durante más de tres semanas. Te extraña terriblemente y está segura de que estás aquí al menos para el día de los muertos. Después de todo, han pasado dos años desde que te fuiste de México. (Je disais, grand-mère demande après vous depuis plus de trois semaines maintenant. Vous lui manquez terriblement et elle veut que vous soyez là au moins pour la fête des morts. Après tout, ça fait deux ans que vous avez quitté le Mexique.)
Je la regarde pendant une fraction de secondes, impassible. Je tourne la tête vers ma mère, et dans son regard luisait une lueur de peine. J'espère qu'elle ne va pas pleurer!
Toute la famille ignore la vraie raison pour laquelle on a quitté le bercail. On a inventé une histoire selon laquelle, mon père avait été affecté ici pour pouvoir mener à bien ses fonctions. Certes, ils ont insisté pour qu'on reste, mais on leur a dit qu'ici il toucherait un salaire deux fois supérieur à celui qu'il touchait là-bas.
Ils ont finalement cédé, et nous ont laissé partir.
Je ramène mon regard sur Amélia et je hausse les épaules.
- Ya veremos, pero ¿por qué te enviaron? Los teléfonos también se utilizan para llamar, que yo sepa. (On verra bien, mais pourquoi ils t'ont envoyé? Les téléphones servent aussi à appeler que je sache)
Amélia: según ellos soy la única que puede lograr convencerte (Selon eux je suis la seule qui peut réussir à vous convaincre)
Elle balance sa chevelure en arrière et sourit, fière d'elle. Je hoche la tête de gauche à droite et je pose de nouveau mon regard sur ma mère.
- Maintenant qu'elle a fait ce pour quoi on l'a envoyée ici, elle peut rentrer non?
Ma mère me regarde, puis regarde Amélia, qui se régalait de son petit déjeuner, et puis le pose de nouveau sur moi.
Ma mère: d'ici demain je me rassurerai qu'elle prenne le premier vol pour le Mexique s'il y en a. Mais Jamila, promets-moi que tu vas songer à un potentiel retour au pays.
Elle pose sa main sur la mienne et je fronce les sourcils. Elle me demande clairement de me jeter dans la gueule du loup là. J'étais prête à lui répondre mais la sonnerie de mon téléphone nous interrompt.
Je regarde de qui il s'agit, et c'est un numéro inconnu. Je le fixe pendant quelques secondes et je finis par poser mon regard sur ma mère.
- On en reparlera.
Je me lève après ça et je me dirige vers l'intérieur de la villa en décrochant.
- Allô?
...: alors la nouvelle recrue comment tu te portes ce matin?
Je roule des yeux en reconnaissant la voix de Wassim, il faut dire qu'elle ne m'a pas du tout manquée. Au contraire. Je m'installe dans une chaise haute de la cuisine et je hausse mon sourcil droit comme si il pouvait me voir en ce moment.
- Évite d'utiliser le terme la nouvelle recrue la prochaine fois. Qu'est-ce que tu veux? Comment tu as eu mon numéro de téléphone? Et qui t'a autorisé à m'appeler?
Wassim: du calme la lionne! Une question à la fois s'il te plaît. J'ai eu ton numéro grâce à Edan, et ne me demande pas comment il a fait pour l'avoir parce que je ne sais pas.
Décidément, ce Edan est bien plus intéressant que ce que je croyais.
- Et tu veux quoi maintenant?
Wassim: Evrad m'a chargé de te dire que la réunion avec notre nouveau client aura lieu dans deux jours. Mais que tu passes aujourd'hui à sa villa pour apprendre quelques notions de base sur la gemmologie.
Sérieusement?
Il me manque plus que ma mère me fasse un goûté et le mette dans mon sac avant de m'embrasser le front et de me souhaiter bonne chance pour ma journée de cours.
Aucun rapport, mais bon.
- Je ne suis pas si nulle que ça, mais bon. Où et à quelle heure?
Wassim: chez lui même à 13h pétante.
- Je viendrai à l'heure voulue donc ne comptez pas sur moi pour respecter l'heure que vous m'imposez. Si non, c'est tout ce que tu avais à me dire?
Wassim: oui...en fait non. Célia sera là, donc prépare toi déjà à en baver.
Je rigole légèrement en ramassant une pomme dans le panier de fruits.
- C'est plutôt elle qui devra s'apprêter à en baver.
Je raccroche après ça et mords dans la pomme. Et je souris, ça se voit que cette Célia ignore à qui elle a à faire.
Je pose mon regard sur la baie vitrée ou plutôt sur celles qui se trouvaient à l'extérieur. Ma mère et Amélia étaient en pleine discussion, une discussion qui semblait être bien juteuse puisque ma mère riait aux éclats.
Phénomène qui ne se produisait quasiment plus, depuis qu'on a emménagé ici. Je sais que sa famille lui manque, les repas traditionnels lui manquent, la chaleur familiale, la maison familiale, les cris des enfants et des petits-enfants...
Mais ce sacrifice en vaut la peine, je sais qu'elle nous a suivi jusqu'ici pour notre sécurité, pour la sécurité de notre famille toute entière.
Je rallume mon téléphone et je vais vérifier les vols de demain et effectivement il y en a un pour le Mexique, parfait.
On jettera Amélia dans le premier avion à la première heure, ni vu, ni connu. Elle n'a pas à être ici, elle n'a pas à être mêlée à mes histoires.
A suivre...
Cartel.
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