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México, Mexique...

Appartement commun...

14h40...

- Je n'ai pas la tête à jouer aux devinettes retire-moi ce bandeau des yeux.

Youssef: qu'est-ce que tu peux être rabat-joie dès fois! C'est bon je le retire.

Il me retire le bandeau et mon premier réflexe est de lui donner un coup de coude, il l'a bien mérité. Il m'a fait grimper des escaliers les yeux bandés. Si je trébuchais ne serait-ce qu'une seule fois, on allait retrouver son cadavre au rez-de-chaussée.

Je me tourne afin de scruter l'appartement et j'ai manqué de pousser un cri de surprise. Je fronce les sourcils et je me tourne de nouveau vers Youssef.

- On est où You?

Youssef: tu es devenue aveugle? On est revenu chez nous chica.

- Pourquoi est-ce que tu nous as emmené ici? Quand je disais vouloir revenir au Mexique, je ne parlais pas de me jeter directement dans la gueule du loup! Tu nous as ramené à México! Les trafiquants rôdent dans les rues ici à toute heure de la journée et de la nuit! On va me reconnaître en moins de cinq secondes ça c'est sûr!

Youssef: respire hada, depuis quand tu as aussi peur du danger, je sais que tu es plus forte que ça. Ce n'est pas tout mais il faudra que tu m'aides à retirer le plastique sur les meubles.

Il me dépasse et va s'installer dans un sofa plastifié afin de retirer ses chaussures, quant à moi je vais me diriger vers la fenêtre et je prends le risque de l'ouvrir. J'aimais bien me tenir à cet endroit précis lorsque mon appart' était bondée par des fumeurs qui s'amusaient à discuter de femmes et d'argent autour de bouteilles d'alcool et de lignes de drogue.

Je souris face à cette pensée. Il faut dire que maintenant que je suis de retour, et une fois que j'aurais résolu tous mes problèmes avec le cartel, je reprendrais ma vie d'avant. Enfin, ça, c'est si jamais je m'en sors vivante.

- Et mes parents? Où sont-ils?

Youssef: dans la maison que vous occupiez lorsque vous viviez ici.

- Comment est-ce que tu as réussi à les convaincre?

Youssef: ça n'a pas été très difficile, une fois que j'ai réussi à convaincre ta mère en lui parlant de son image, elle s'est chargée de convaincre ton père.

Je me contente de hocher la tête positivement sans pour autant répondre. Au même moment, la porte de l'appartement s'ouvre laissant apparaître Tiago et Livio.

- Où est-ce que vous avez laissé Miranda?

Livio: Daliyah a eu envie de vomir en route et Miranda était la seule femme présente dans la voiture alors on leur a laissé la voiture et on a emprunté un taxi.

- Et si Miranda la tue en route? Et pourquoi a-t-il fallu qu'on ramène Daliyah avec nous? Pourquoi elle n'est pas allée vivre avec ma mère...oh pardon sa nouvelle mère?

Tiago: calme-toi Jamila, tu es encore plus amère que d'habitude. On ne pouvait pas laisser Daliyah seule avec son chagrin là-bas à New-York quand même!

- Quelle preuve de sentimentalité je vois là! Et tu as pensé au fait qu'ici elle peut facilement se faire tuer par une balle en pleine rue?

Il fronce le sourcils et semble y songer pendant un moment. Sincèrement? Il n'y avait pas pensé? Je roule des yeux et je tourne de nouveau mon regard vers la fenêtre.

Livio: il n'y a rien à manger dans la cuisine Youssef, tu étais chargé de remplir les placards avant notre arrivée.

Youssef: les épiceries, il y en a une rafale ici, tu n'as qu'à sortir et faire quelques pas, entrer dans une épicerie, sortir l'argent de ta poche et nous acheter des trucs à cuisiner.

Tiago: et tu penses que qui va faire la cuisine? Jamila, dans l'état où elle se trouve, elle est capable de nous empoisonner.

Quelle belle image dis donc!

Livio: Miranda ne s'y connait pas en nourriture Mexicaine.

Ils continuent de se disputer ainsi pendant au moins cinq minutes, moi je me contente de les observer et un petit sourire nait sur mes lèvres. C'était exactement pareil lorsqu'on vivait ici.

Les jours où on passait la nuit ici, on ne trouvait pratiquement rien dans les placards pour le petit déjeuner alors ils se disputaient ainsi pour savoir lequel d'entre eux devait faire les courses. Tiago n'était pas là, mais à ce que je vois il a les mêmes habitudes.

Youssef: okay c'est simple, l'un de nous devra passer au restaurant de la famille des Cares pour prendre des plats à commander.

Livio: s'ils voient des visages familiers on aura des réductions à coup sûr.

Leurs regards se posent directement sur Tiago et moi. Je quitte mon emplacement actuel et je me dirige vers mon ancienne chambre en secouant la tête négativement.

- Hors de question que j'y aille, je risque me faire coincer par une de mes multiples tantes qui me racontera les même bêtises « oh ma petite Zafiro! Ce que tu as grandie... ». J'ai mieux à faire.

Youssef: tu n'es pas obligée d'y entrer, Tiago peut le faire pendant que toi tu patientes dehors.

- Et qu'est-ce que j'ai en échange?

Livio: une petite virée nocturne ce soir, c'est tout ce que j'ai à dire.

Je souris et je reviens sur mes pas.

- C'est d'accord, on y va Tiago?

Tiago: donc moi on ne me promet rien et on ne me demande pas mon avis?

Youssef: toi tu n'as pas de choix, de gré ou de force. Tu iras.

Tiago se contente de secouer la tête négativement et s'avance. Je le suis en réajustant ma veste en jean. Puisqu'il était devant moi, il ouvre la porte et se met sur le côté afin que je puisse passer mais j'ai à peine le temps de mettre un pied à l'extérieur que je me fais interrompre.

Livio: on aimerait peut-être vous parler de quelque chose avant que vous ne partiez...

Youssef: non! Ce n'est pas très urgent, ça peut attendre qu'on termine notre repas n'est-ce pas Livio?

Il pose son regard sur Livio et Livio fait de même, ils se fixent pendant quelques secondes et puisque ce petit jeu a fini par me soûler, je suis sortie et j'ai invité Tiago à faire de même. Si ces deux-là veulent jouer à la bagarre, qu'ils le fassent mais pas en ma présence. La dernière fois j'en ai bien subi les frais avec mon nez.

Puisqu'on avait pas de voiture, on a dû prendre un taxi. Le trajet s'est fait rythmé par les petits cris de joie que poussaient mon frère. Se remémorant chacune des bâtisses qu'il voyait, me racontant chacun des souvenirs qu'il avait avec ceux-ci.

Je me contentais de hocher la tête et de sourire afin de ne pas gâcher son engouement, normalement j'aurais pris un plaisir fou à le faire, mais il faut dire que cette ville m'avait aussi manquée.

Elle a réussi à me faire oublier pendant un laps de temps que Evrad me manquait. Je me suis surprise à l'imaginer en train de m'appeler pour me convaincre de revenir à l'appartement parce que je risquais de me faire prendre...

Tiago: je crois qu'on est arrivé Jamila, ils ont refait la peinture à ce que je vois.

On descend de la voiture, il paie le chauffeur et il se dirige directement vers l'entrée. Moi je reste immobile devant le restaurant. Une fois face à la porte d'entrée, il se tourne vers moi et me fixe en fronçant les sourcils.

Tiago: tu ne viens pas?

- J'étais sérieuse quand je disais que je n'ai aucune envie de croiser un membre de la famille. Vas-y toi! Et commande toutes les spécialités du restaurant. On doit se régaler ce soir.

Il hausse les épaules et pénètre à l'intérieur du restaurant. Moi je me contente de m'adosser contre un mur et observer les niños qui s'amusaient à courir derrière leur ballon de foot torses nus.

Toute la rue leur sert de terrain à ce que je vois, et ils se prennent tellement pour des professionnels au point de s'arrêter pour faire une danse de la joie après chaque but. Danse rythmée par leur chant à l'unisson et leurs cris de joie.

Ils ne semblent même pas se rendre compte du fait que bientôt ils devront affronter la vie réelle. La dure réalité des rues de México.

Je finis par porter mon attention sur autre chose...

Cette voiture noire aux vitres fumées qui vient tout juste de garer de l'autre côté de la rue. Je suis bien curieuse de voir qui va en sortir. Quel fils ou quelle fille de riche peut bien s'aventurer ici?

La portière s'ouvre du côté conducteur et le chauffeur, qui semblait plus être un homme de main en sort et va ouvrir la portière arrière gauche.

Une belle blonde, à la taille fine et plutôt bien grande de taille en sort. Elle était vêtue d'une simple robe rouge en satin qui s'arrêtait net au dessus des genoux mettant ainsi ses longues jambes en valeur. Elle balaie l'endroit du regard avant de se mettre dos à moi et se tourner vers la personne qui venait de sortir du côté droit.

Vu de dos il s'agissait d'un homme.

Cette silhouette me dit quelque chose.

Cette coiffure...

Non...je dois certainement me faire des idées. Il y a beaucoup de soleil en ce moment, ça doit être ça.

Mais je veux en être sûre...

Alors c'est le coeur battant à une vitesse incontrôlée que j'attends impatiemment qu'il se retourne et lorsqu'il le fait enfin...

J'ai l'impression que la terre vient de s'ouvrir sous mes pieds et que je tombe d'une infinité d'étages, mon corps chute sans jamais atteindre le fond.

C'est bien lui...

Ce sourire, ces mimiques, ce regard...

C'est lui.

Une vague de frissons parcoure chacun de mes membres et m'immobilise sur place. Qu'est-ce que je fais? Je suis censée m'enfuir, si jamais il me voit, il saura que je suis dans les parages et ce ne sera pas du tout bon pour moi...

Il discute pendant un bref instant avec la blonde et il lui tend son bras qu'elle saisit sans hésiter. L'homme de main s'adresse à eux et leur indique le restaurant de la main.

Le restaurant. Je suis adossée sur le mur de ladite bâtisse. Comme brusquement ramenée à la réalité, je me décolle du mur et je me précipite à l'intérieur, il faut que j'aille prévenir Tiago. J'aurais pu m'en aller et le laisser là, puisque d'une part il le mérite mais je sais qu'en ce moment je ne suis pas capable d'encaisser la disparition d'une autre personne qui m'est chère.

Je le cherche du regard en tournant sur moi-même quelques fois et en bousculant les serveurs pour me frayer un passage. Je finis par le trouver, assit au bar, discutant avec l'une de nos cousines.

Je me dirige vers lui d'un pas alerte et je l'attrape par le bras.

Tiago: tu t'es décidée à entrer finalement, je...

- Il faut qu'on s'en aille d'ici maintenant.

Tiago: quoi? Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a?

- Ne pose pas de questions, lève-toi on s'en va!

Tiago: tu me fais peur là Jamila, sois plus claire!

J'entends la porte du restaurant s'ouvrir derrière moi et je ne peux pas m'empêcher de tourner légèrement la tête pour voir. Et c'était bien lui qui venait de faire son apparition. Je crois que Tiago a suivi mon regard et a vu la même chose que moi, puisque je l'ai entendu murmurer un juron.

Tiago: je crois qu'il y a une porte à l'arrière, viens on s'en va d'ici!

Il m'attrape fermement par le bras et c'est en courant et en heurtant des gens au passage qu'on finit par sortir par l'arrière du restaurant. On continue notre petite course jusqu'à trouver un taxi.

Une fois à l'intérieur, c'est la respiration haletante et l'esprit encore ailleurs qu'on emprunte le chemin du retour.

Tiago: Jamila tu...tu ne l'avais pas tué? Peut-être c'est son sosie qu'on a vu...

- Tu n'as pas reconnu ce petit éclair malicieux dans son regard? C'était lui, c'était bel et bien Leonardo.

Tiago: comment il a fait pour s'en sortir vivant?

- Je n'en sais rien, je suis pourtant sûre de l'avoir étranglé ce jour-là. À moins qu'il ait simulé sa mort...

Mais oui, c'est logique...

Tiago: donc...on est dans un sacré pétrin c'est ça?

- Oui mais on ne fuira pas cette fois.

Tiago: on vient de le faire.

- Oui et alors? Tu voulais qu'on aille lui faire la bise et lui demander ce que ça fait d'être un mort vivant?

Il ne répond rien et soupire une dernière fois avant de reprendre sa respiration normale.

Tiago: tu crois que c'est de ça que Livio voulait nous parler?

Je pose mon regard sur lui et je fronce les sourcils...Livio et Youssef ne m'auraient quand même pas menti sur ce point, pendant deux ans...

Quand j'y pense, Youssef faisait très souvent allusion à Leonardo à certains moments...

Non...

- Tu as une arme sur toi?

Tiago: du calme tigresse, s'ils nous ont caché la vérité c'est peut-être pour une bonne raison. On ne va pas directement sortir les armes sans connaître la vraie histoire.

- Quelle vraie histoire? Un mensonge aussi lourd est très grave tu t'en rends compte? Nous sommes les seuls perdants dans toute cette histoire. C'est à nous que Leonardo en veut, pas à eux! Ils se sont bien foutu de nous..ton arme.

Il me la donne et bientôt le taxi ne tarde pas à se garer devant notre immeuble. Je descends promptement de celui-ci et je grimpe les escaliers à une vitesse fulgurante, qui m'étonne moi-même. Suivie de très près par Tiago.

Je me retrouve en moins de dix minutes devant notre porte,je l'ouvre avec fracas et en quelques foulées je me retrouve dans le salon où il y avait tout le monde.

Je pointe mon arme en direction de Youssef surtout, celui-ci retire ses pieds de la table et lève des mains vers le ciel.

Youssef: je m'attendais à ce que vous rentriez avec des chili con carne pas avec une arme pointée sur moi!

Livio: pose ça Jamila qu'est-ce qu'il y a?

- Qu'est-ce qu'il y a? Tu me demandes ce qu'il y a? S'il y a une chose que je déteste et vous le savez, c'est qu'on me prenne pour une idiote! Vous avez réussi à me berner pendant deux longues années, deux années de déni, deux années de cavale...

Layla: Jamila tu me fais vraiment peur là...

- Je te fais peur? Ce n'est pas le cas pour ces deux idiots on dirait, ils ne me craignent pas c'est pour ça qu'ils m'ont caché pendant deux ans que Leonardo n'est jamais mort!

J'avais hurlé la dernière phrase avec une force qui me laissait perplexe. Décidément je me découvre de nouvelles facultés aujourd'hui.

J'arrange promptement mes cheveux qui étaient maintenant dans un désordre astronomique.

- J'ai été prise pour une conne pendant deux ans...deux ans, vous imaginez? Vous vous êtes moqué ouvertement de moi...

Livio: à aucun moment on ne s'est moqué de toi, on a voulu te dire la vérité mais Léo ne voulait pas, il voulait te laisser t'amuser dans la nature comme tu l'as fait. Il nous disait qu'à un moment tu allais te fatiguer et tu allais revenir à lui toute seule

Youssef: c'est vrai ce qu'il dit hada, tu sais qu'il est mieux de ne pas s'immiscer dans les affaires de Léo, on a préféré le laisser gérer les choses à sa manière. Allez, baisse cette arme, s'il-te-plaît...

Mes mains tremblaient tellement j'étais en colère et à la fois bouleversée. Je finis par jeter l'arme à mes pieds et Tiago m'a incité à aller m'asseoir dans un sofa encore plastifié.

Je mets ma tête entre mes mains et je tape nerveusement du pied.

Livio: on est vraiment désolés Jamila...jamais on aurait voulu te faire du mal et tu le sais...

Edan: n'empêche que...toute cette histoire est assez intrigante. Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que vous en arriviez à ce point?

Alessio: Jamila il est peut-être temps que tu nous dises ce qui s'est réellement passé...

Wassim: on ne mérite peut-être pas de savoir mais peut-être qu'on te sera d'une grande aide...

Je lève la tête et j'arrange de nouveau mes cheveux. Je les regarde un à un avant de m'enfoncer dans mon siège sous le bruit désagréable du plastique.

- Vous voulez savoir? Tout ce qui s'est passé...avec Léo? Je vais vous le dire et c'est loin d'être une histoire de conte de fées...tout a commencé il y a trois ans...

A suivre...















































Cartel.

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