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Evrad.

Appartement...

08h22...

Je m'installe à table où Daliyah se trouvait déjà. Je la salue et elle y répond à peine. Elle semblait ailleurs, elle tenait une tranche de pomme dans sa main et jouait avec. Elle ne me regardait même pas et avait le regard rivé sur sa tranche de pomme.

- Tout va bien?

Daliyah: comment veux-tu que j'aille bien?

Dit-elle d'un ton lasse en levant le regard vers moi.

Daliyah: je n'ai pas envie d'être pénible avec mes plaintes à tout va mais Evrad, tu n'as pas l'impression que quelque chose cloche entre nous? Depuis qu'on s'est remis ensemble rien n'est plus comme avant, tu es distant, tu n'es plus attentionné comme avant, je te vois une fois sur cinq, je n'ai même pas l'impression d'être en couple, même Jamila te voit plus que moi.

- Dali...je suis très occupé en ce moment et tu le sais. Le cambriolage tout ça, je risque perdre des clients si je n'agis pas vite. Raison pour laquelle je suis constamment occupé, mais promis dès que toute cette histoire sera résolue, on passera plus de temps ensemble.

Daliyah: je sais que tu ne tiendras pas ta promesse, tu m'as fait cette même promesse et jusque là j'attends toujours. Qu'est-ce qui a changé depuis le temps? Pourquoi est-ce qu'on est plus comme avant? Tu te rappelles? Tu te rappelles d'avant? On était quasiment inséparable, tu te rappelles de nos virées nocturnes? Ces moments passés étaient juste incroyables, pourquoi ne pas tout recommencer?

- A cette époque on était un peu plus jeunes, je n'avais pas tout un business à faire tourner, je n'avais pas les mêmes charges qu'actuellement.

Daliyah: alors laisse-moi t'aider avec tes charges, c'est toujours un mieux si tu le fais avec la personne que tu aimes.

Elle pose sa main sur la mienne et nos regards se croisent. Son regard était luisant de peine et d'espoir. Je n'ai pas envie de la blesser, mais je tiens à la tenir éloigner de tout ça. Ce n'est pas que c'est un métier dangereux, mais elle a cette capacité à se mettre dans de fâcheuses situations assez rapidement. En gros, elle est maladroite.

- Je...

Avant que je n'ai le temps de terminer ma phrase, Jamila fait son apparition dans la pièce. Elle s'est réveillée drôlement tôt aujourd'hui! Elle s'installe à table et je prends la peine de scruter son visage, elle est de mauvaise humeur. Même s'il est vrai qu'elle n'est jamais réellement de bonne humeur, mais là...

- Tu es rentrée à quelle heure hier? Je ne t'ai pas entendu.

Jamila: je ne sais plus.

- Qu'est-ce qui s'est passé dans ton sommeil pour que tu sois d'aussi mauvaise humeur?

Jamila: rien ne s'est passé dans mon sommeil...fous-moi la paix tu veux?

Daliyah: alors Evrad je peux venir travailler avec vous?

- Tu t'y connais au moins en joyaux?

Daliyah: non, mais je peux apprendre! Allez...

Jamila: une Célia deuxième du nom, c'est super ça! Un conseil, fais attention à Layla elle peut parfois sembler très agressive.

- Jamila, arrête. Dali on en reparlera plus tard, laisse-moi le temps de réfléchir s'il-te-plaît.

Elle répond juste d'un hochement de tête positif et retire sa main de mon emprise. Elle se met à manger comme si ce n'était que ces paroles qu'elle attendait.

- Si non, tu as pu trouver toutes les entrées possibles chez les Yankins?

Jamila: oui et ce soir on pourra aller leur reprendre ces bijoux.

- Pourquoi aussi vite? Il nous faut un bon plan avant d'agir.

Jamila: tu crois peut-être que les bijoux vont rester là à attendre que tu finisses de te brosser les cheveux? J'ai dit ce soir et si tu n'es pas d'accord tu risques te débrouiller sans moi.

- Du chantage?

Jamila: prends ça comme tu veux, j'ai déjà trop fait pour toi. Écarter les potentielles menaces sur ton chemin, tu penses que je le ferais encore pour longtemps?

Je la regarde d'un air amusé, sa mine boudeuse est drôle. Elle le fait constamment et elle n'a pas idée d'à quel point il m'est impossible de la prendre au sérieux lorsqu'elle fait ça.

Jamila: tu trouves ça drôle?

- Pas la peine de t'énerver petite jefa on fera comme bon te semble, c'est bon.

Jamila: j'aime quand tu reconnais mon autorité.

Daliyah racle doucement sa gorge avant de s'excuser et de quitter la table. Je la regarde partir tandis que Jamila réprime à peine son rire.

Jamila: la pauvre...elle voit sa place menacée, c'est dommage je n'ai même pas encore réellement commencée à la faire rager.

Je pose mon regard sur elle, et à la façon dont elle a froncé les sourcils, j'ai compris qu'elle a tout de suite regretté ses paroles. Elle pousse sa chaise en arrière et se lève à son tour, de là j'avais une belle vue sur les contours fins de son visage. Aujourd'hui elle a attaché ses cheveux, chose qu'elle fait rarement, et je constate que ça fait ressortir le vert de ses yeux et ça les rend un peu plus grand. Un visage aussi fin et pur mais pourtant, combien de fois a-t-il été éclaboussé par le sang?

Jamila: arrête de me fixer, on dirait que tu veux me faire avouer mon dernier meurtre.

Je me freine dans ma contemplation et je me lève à mon tour.

- Où est-ce que tu vas?

Jamila: chez la coiffeuse, cette couleur de cheveux commence à m'agacer.

Elle ment.

Peut-être la couleur de cheveux commence à l'agacer mais vu la façon dont elle est habillée elle est loin d'aller chez la coiffeuse. D'habitude, c'est quelqu'un qui s'habille d'une façon très chic, l'effet de sa mère je suppose, sauf lorsqu'elle va tuer. Et là, je sais qu'elle va tuer.

Et lorsqu'elle ment, inconsciemment elle plisse des yeux. Elle ne s'en rend peut-être pas compte mais moi je l'ai remarqué.

- Ah bon? Laisse-moi t'accompagner alors, c'est un salon mixte j'espère? J'ai envie de diminuer ma touffe de cheveux.

Jamila: j'ai une voiture, je sais conduire alors non merci.

Elle n'attend pas ma réponse et se dirige vers la porte d'un pas rapide. J'aimerais bien la suivre, mais bon. Je sais comment faire pour lui faire cracher le morceau. C'est fou comment je réussis à la faire flancher facilement.

Je l'entends claquer la porte violemment et un sourire naît sur mes lèvres. C'est amusant de la faire flancher.

[•••]

Appartement de Layla et Edan...

14h08...

Je sonne à la porte et en une fraction de secondes celle-ci s'ouvre sur Layla encore en pyjama. Comme d'habitude, elle avait cette expression rieuse sur le visage. La joie de vivre de cette fille m'épatera toujours.

Elle se met sur le côté et me laisse entrer, j'entre et je me dirige directement vers la salle de séjour où Edan était installé dans un canapé, une canette de soda à la main.

Edan: Lila a encore fuguée? Si oui cette fois-ci je vais réellement la frapper et on en reparlera plus, n'essaie même pas de m'en empêcher.

Je m'installe dans le canapé près de lui.

- Elle n'osera plus après toutes les menaces de la dernière fois. Bref...Layla tu peux nous laisser seuls? Et prière de ne pas écouter aux portes s'il-te-plaît.

Elle roule des yeux en souriant et s'en va, une fois que je juge qu'elle est assez loin je pose mon regard sur Edan d'un air sérieux.

Edan: je connais cette tête, qu'est-ce qu'il y a? Jamila s'est enfuie? Tu paniques parce que tu t'es rendu compte que tu l'aimes, c'est ça? Tu vois? J'avais raison!

- Tais-toi tu veux? Cesse de raconter des conneries de grâce. Si Jamila s'était enfuie je ne serais même venu jusqu'ici.

Edan: parce que tu l'aimes!

Je me résigne à le ramener à la raison, depuis un certain temps, il me chante la même chose, et comme si ça ne suffisait pas, Layla s'est alliée à lui. Ils sont persuadés que Jamila et moi sommes fait pour finir ensemble. C'est mieux que je les laisse.

- Bref, les appels redoublent Edan, je ne sais pas s'ils ont réussi à nous retrouver mais il faut qu'on règle cette histoire une bonne fois pour toute. Jamila devient de plus en plus curieuse et elle ne va pas tarder à découvrir, si elle l'apprend tu sais que ça risque de causer des dégâts.

Il dépose sa canette sur la table basse et prend son air sérieux à son tour.

Edan: Evrad j'aimerais bien mais il s'agit là de toute une organisation, je pense que si tu en parles avec Youssef on pourra gérer. Il a pleins d'hommes avec lui et qui sait? Peut-être qu'il connait cette organisation, peut-être qu'il peut régler tout ça à l'amiable.

- Youssef est le meilleur ami de Jamila et si il est au courant, elle le sera aussi. Et c'est à éviter.

Edan: tu es sûr que c'est juste parce que tu as peur qu'elle fasse des dégâts, que tu ne veux pas la mettre au courant?

- Tu vois une autre raison?

Edan: tu dis vouloir la protéger mais sache que tu ne fais que l'enfoncer Evrad, chaque fois qu'elle met un pied dehors elle n'a pas idée du danger qui la guette. Tu te rends compte qu'elle peut se faire tuer à tout moment? Et que tu ne seras pas toujours là pour la protéger.

Mon sang se glace d'un coup et je me lève en passant nerveusement mes mains sur mon visage.

- Arrête de dire ça, c'est une intouchable, elle ne peut pas mourir.

Edan: c'est une intouchable pour ceux qui cherchent à la ramener au Mexique mais pas pour cette organisation qui l'accuse d'avoir tuer l'un des leurs...décidément cette fille a le don de se mettre dans des situations critiques.

- Mais tu ne comprends pas! C'est moi qu'ils veulent, c'est moi qui ais tué Pablo, ils ont constaté ma proximité avec elle et maintenant ils veulent aussi s'en prendre à elle.

Edan: tu t'inquiète autant parce que tu l'aimes.

- Tu crois vraiment que c'est le moment?

Sans le vouloir j'ai un peu trop haussé le ton et j'ai donné un coup de pied dans la table ce qui a fait tomber le vase qui se trouvait dessus.

Edan: Layla l'aimait bien ce vase, tu auras affaire à elle tout à l'heure crois-moi.

Lorsqu'on regarde la situation sous cet angle, on dirait que de nous deux c'est moi le plus impulsif et lui le plus calme alors que c'est tout le contraire.

Je soupire doucement et je me réinstalle dans le siège. Il faut vraiment que je pense à parler à Youssef, il peut m'être d'une grande aide. Tout ce que je veux c'est en finir avec cette histoire une bonne fois pour toute.

Layla: Edan qu'est-ce que je t'ai dit? Lorsque tu veux te mettre en colère frappe sur autre chose que sur mes affaires.

Edan: cette fois-ci c'est Evrad.

Layla: Evrad...

La sonnerie de mon téléphone l'interrompt dans son élan et je le sors de ma poche. C'est le nom de Youssef qui s'affiche à l'écran, quand on parle du loup. Je décroche directement en sortant de la pièce.

- Oui?

Youssef: Evrad, tu vas bien?

- Oui je vais bien, mais qu'est-ce qu'il y a? Il y a un problème?

Youssef: Jamila est avec toi? On devait se voir depuis ce matin et je l'attends depuis un long moment maintenant, j'essaie de l'appeler mais elle ne répond pas.

- Non elle n'est pas avec moi...tu sais quoi? Je vais essayer de l'appeler et je vais demander à Layla puis je te fais signe.

Youssef: d'accord merci.

Une fois qu'il a raccroché, je me précipite dans le salon où Layla et Edan se trouvaient toujours.

- Layla, tu as des nouvelles de Jamila?

Layla: non, on a pas discuté récemment pourquoi?

- Ce n'est pas possible.

Je compose son numéro et je lance l'appel, mais je n'ai pour seule réponse que la sonnerie du téléphone mais rien. J'essaie, deux, trois,...dix fois mais toujours rien.

Je commence vraiment à paniquer, peut-être qu'elle est chez la coiffeuse et elle se fait laver les cheveux donc elle n'a pas accès à son téléphone. Peut-être je m'inquiète pour rien.

- Layla essaie de l'appeler s'il-te-plaît.

Layla: d'accord.

Edan: qu'est-ce qu'il y a Evrad?

- Youssef vient de me dire qu'il avait rendez-vous avec elle mais qu'elle ne s'est pas pointée et elle n'a pas laissé de nouvelles.

Layla: elle ne répond pas.

- Incroyable.

J'aurais peut-être dû sortir avec elle tout à l'heure, peut-être elle a mis plus de temps que prévu au salon de coiffure, peut-être son téléphone est loin d'elle.

Tous les « peut-être » possibles mais je ne veux pas admettre qu'elle ait été enlevé.

Je risque ne pas bien le prendre.

A suivre...


































































Cartel.

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