[32]

Lieu de rendez-vous...

22h19...

Le coup qu'il m'a administré était d'une telle puissance que lorsque je me suis écroulée à même le sol je sentais à peine mon nez. Tout ce que je sentais c'était un écoulement chaud quittant mes narines pour venir caresser ma peau.

Livio: oh...Jamila je suis vraiment désolé, ce coup était censé atterrir sur le visage de Youssef.

Il s'abaisse à mon niveau et était prêt à me toucher sauf que j'ai mis ma main tâchée de sang entre nous pour lui faire comprendre que je n'ai aucune envie qu'il me touche.

Youssef: tu vois ce que tu as fait? Hada, ça va?

Il pose sa main à plat dans mon dos ce qui me fait me redresser promptement.

- Ne me touche pas! Mon nez est brisé à cause de vos discussions infantiles inutiles. J'ai eu ma dose pour aujourd'hui.

Je sors de la maison tout en tenant mon nez ensanglanté. Des souvenirs de ce jour-là me reviennent en tête au moment où je me retrouve à l'extérieur.

J'avais aussi le nez ensanglanté lorsque j'étais revenue au Mexique afin de prévenir mes parents. Cette vie commence à me rattraper peu à peu et j'ai comme l'impression que bientôt je me retrouverai encore à tremper dedans la tête la première.

...: Jamila!

Je ne daigne pas m'arrêter ni même me retourner et je me contente de continuer mon chemin. J'entends ses pas derrière moi et il ne tarde pas à me rattraper.

Evrad: tu comptes rentrer toute seule comme ça?

- A ton avis?

Evrad: mon avis c'est que tu devrais te laisser raccompagner, allez viens.

Il m'attrape mon bras droit et m'incite à rebrousser chemin pour qu'on puisse aller jusqu'à sa voiture. Sauf que je ne suis pas du même avis et je me raidis sur place. Ce qu'il fait qu'il s'arrête à son tour et se tourne vers moi.

Evrad: qu'est-ce que tu fais?

- Je n'ai aucune envie de rentrer avec toi.

Evrad: tu préfères errer dans les rues le nez en sang, et qu'on te prenne pour une catcheuse de rue? Allez viens.

Je ne bouge toujours pas et je le fixe attendant qu'il me lâche enfin. Il se contente de soupirer et lâche enfin ma main.

Evrad: d'accord, je vois.

Je croyais qu'il avait enfin jeté l'éponge et je m'apprêtais à m'en aller sauf qu'en une fraction de secondes il a réussi à me percher à son épaule. Je n'arrive pas à y croire.

- Pose-moi tout de suite si non...

Evrad: si non?

Je ne termine pas ma phrase, sachant pertinemment que je ne ferais rien et je le laisse m'emmener avec lui. Une fois devant sa voiture, il me dépose et je monte dans la voiture sans même qu'il ne me le demande. Il monte à son tour du côté conducteur et ensuite démarre.

Le trajet a commencé en silence, le sang s'écoulait de plus en plus de mon nez et je le sentais déjà à l'intérieur de ma bouche.

Evrad: Jamila ce n'est vraiment pas le moment de jouer à l'indifférente. Prends un mouchoir et stoppe ce saignement.

- Je trouve que la couleur du sang concorde bien avec la couleur de mes cheveux. Tu ne trouves pas toi?

Il se contente de soupirer et roule pendant un court instant avant de se garer au bord de la route. Il ramasse la boîte de mouchoirs et en sort trois. Il ne se contente pas de me les tendre, mais il sort son téléphone et allume la torche.

Evrad: tiens ça et tu pointes bien ton visage.

Je lève les yeux au ciel et je fais ce qu'il dit. Il attrape ma tête de sa main droite et à l'aide de sa main gauche il se met à nettoyer le sang qui emplissait mes lèvres et mon menton.

Pendant ce temps, moi je le fixais. Pourquoi est-ce qu'il s'applique autant? Si c'était lui qui avait le nez en sang, ça ne m'aurait pas dérangé. Pas le moins du monde.

- Ah...

Je décale légèrement la tête mais il me ramène à lui en attrapant mon menton.

- Ça fait mal.

Evrad: tu es plus forte que ça.

Je fronce les sourcils et j'essaye encore de m'échapper sauf qu'il me ramène encore à lui. Je le fusille du regard et je me laisse faire.

Evrad: qu'est-ce qui t'a pris de te mettre entre eux?

- Qu'est-ce qui t'a pris de ne pas te mettre entre eux? C'était à vous de le faire. Si tu t'étais comporté en homme on ne se serait pas retrouvé au bord d'une route en train de sécher du sang sur mes lèvres.

Il rigole légèrement avant de me lâcher enfin et de me remettre les mouchoirs imbibés de sang.

Evrad: celui-ci tu le tiens fermement sous ton nez et je suis sérieux.

Je lève les yeux au ciel mais je fais néanmoins ce qu'il dit. Ça fera des remontrances en moins.

- Mais quand j'aurai mal au bras j'arrête!

Il se contente juste de rigoler doucement avant de démarrer à nouveau.

[•••]

Villa des Johnson...

09h17...

Je regarde le bleu qui prend un espace énorme au milieu de mon visage. On ne voit que ça. Super. J'attache mes cheveux en un chignon mal fait et je ramasse et enfile mes lunettes de soleil que j'ai laissé sur le lave-mains.

Je retourne dans ma chambre et je vais directement sortir l'une de mes valises du dressing. Je l'ouvre et la fouille pendant quelques secondes avant de trouver ce que je cherchais. Je vérifie qu'elle est bien chargée avant de la mettre de côté et de refermer la valise.

Je garde l'arme dans ma main tout en sortant de la chambre. Je descends dans la cuisine où je trouve Layla et Daliyah. D'ailleurs, pourquoi elle est là?

Layla: ce bleu te va à ravir!

- Je pense qu'il t'irait tout aussi bien qu'à moi. Tu veux qu'on essaye?

Dis-je en lui montrant le bout de mon arme.

Layla: non c'est bon je peux m'en passer.

Dit-elle en rigolant. Je m'installe dans une chaise haute en posant mon arme sur la paillasse.

Daliyah: chic comme petit déjeuné, je mange et j'ai la vue sur une arme.

- Je peux toujours te coller une balle entre les yeux, comme ça tu ne verras plus rien.

Elle me foudroie du regard et se reconcentrer sur son assiette. Qu'est-ce que j'ai encore bien pu lui faire? D'ailleurs elle est où Lorena? Elle ne nous aurait jamais laissé prendre le petit déjeuné dans la cuisine avec les employés qui montent et qui descendent.

Youssef et Livio font leur apparition dans la pièce. Vu la façon dont ils sont habillés, ils viennent d'ailleurs. Ils n'ont pas dormi ici.

- Ça s'est réconcilié à ce que je vois.

Youssef: on a discuté et il faut dire que c'était une malheureuse mésentente

- Et vous vous en rendez compte seulement après m'avoir cassé le nez

Livio: qu'est-ce que tu faisais entre lui et moi d'abord?

Je lève les yeux au ciel sans rien répondre. Ils viennent s'installer à ma gauche et à ma droite, et leurs regards se posent directement sur mon arme.

Youssef: on ne tue pas le matin, tu le sais ça?

Layla: laisse au moins le temps à cette personne de prendre son petit déjeuner.

Daliyah pousse un soupir d'agacement avant de quitter sa chaise en marmonnant « vous êtes une bande de tarés » avant de s'en aller.

- Laissez tomber, celle-là je la garde pour plus tard.

Livio: à qui est-ce que tu réserves ce malheureux sort?

- A Haris, d'après les dires de Juliette il était de mèche avec eux, alors puisqu'il est encore ici, je me débarrasse de lui et on en parle plus.

Youssef: tu n'auras pas besoin d'aide?

- Quelle aide? Je ne suis même pas sûre qu'il sait courir, une balle en plein coeur et fin de l'histoire.

Livio: vous êtes conscients que vous devrez quitter la ville après ça? J'en ai déjà parlé à ma mère, elle n'était pas très ravie mais c'est le mieux à faire. Si Juliette et consort étaient déjà au courant de ta présence ici, qui est-ce qui sait à qui ils ont parlé de ça?

...: Moi je savais qu'il traitait quelque chose avec ma soeur, mais j'étais loin d'imaginer que c'était une mission d'une telle envergure.

On se tourne tous en la direction de Lorena qui se tenait à la porte. Elle n'était pas aussi droite et bien habillée que d'habitude. Elle arborait encore son pyjama, ses cheveux étaient dans un état pitoyable et elle avait des poches énormes sous les yeux.

- Tu as bu?

Lorena: tout mon mariage était basé sur un tissu de mensonges, ma soeur a toujours été jalouse de moi, de mon argent, de mon mariage. Jamila ma jolie tu as très bien fait de la buter, elle ne méritait plus de vivre.

Ses larmes se sont mises à dégringoler sur ses joues, et ça ne s'arrêtaient plus. Elle tenait à peine sur ses jambes et il faut peu pour qu'elle tombe.

Lorena: tu es une bénédiction pour moi jolie Jamila et tu le seras encore plus quand tu en auras terminé avec la vie de ce sale chien qui me sert de mari. Tu sais? Il a réussi à contacter les Mexicains et il leur a parlé de toi. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne viennent ici en finir avec nous tous. Tue le et enfuis-toi avant...qu'il ne soit trop tard.

La situation dans laquelle je me trouve est plus compliquée que ce que je croyais.

- Layla appelle les jumeaux et dis leurs de préparer leurs valises et toi aussi fais de même, Youssef, fais le tour de la maison et ne laisse pas Haris s'enfuir. Livio on aura besoin de votre jet familial, fais le préparer pour dans une heure exactement. Quant à moi, je me charge d'éliminer le chivato.

Je ramasse mon arme sur la paillasse et je quitte la cuisine. Je grimpe les escaliers afin d'aller fouiller tout d'abord à l'étage tandis que Youssef va fouiller dans le jardin.

J'ouvre toutes les portes sans exception, dans les chambres : je fouille les dessous de lits, les armoires du dressing, je déplace les housses des lits. Mais toujours aucune trace de vie.

Je m'apprêtais à redescendre afin d'aller fouiller le bas, sauf que le bruit de la porte coulissante qui se situe au bout du couloir me fait me retourner.

Amateur.

Je presse le pas et j'atteins rapidement la porte, il était déjà au bas de l'escalier, sa valise derrière lui. J'ai la possibilité de tirer et l'achever sur le champ mais ça serait moins drôle que de le voir souffrir.

J'entame la descente des escaliers, mais il était assez rapide. Je l'ai sous-estimé. A cette allure il s'enfuira facilement. J'étais prête à lui tirer dessus, lorsque Youssef fait son apparition et se jette sur lui.

Il essaie de se débattre mais Youssef l'a maîtrisé facilement, il a l'habitude de ce genre de situations.

Je les rejoins en quelques foulées et je finis par me trouver devant notre traître. Je retire mes lunettes de soleil pour mieux lui faire face.

- Lâche le.

Youssef: si tu essaies de t'enfuir mon mignon je te promets que c'est la fin.

- Laisse, je préfère quand il court.

Il lâche Haris, qui s'écroule à même le sol en essayant de reprendre sa respiration. Je pointe l'arme sur lui tout en me maintenant au dessus de lui.

- Alors? Une dernière volonté?

Haris: Jamila, on peut toujours trouver un arrangement je t'en supplie ne fais pas ça.

- Et qu'est-ce qui me contraint à ne pas le faire? Tu les as mis sur ma trace espèce d'imbécile! Mais tu sais ce qu'ils trouveront? Ta carcasse et ça leur servira de leçon.

Haris: c'était beaucoup trop d'argent. Je ne pouvais pas le laisser, j'en avais besoin. Je suis désolé Jamila. Si tu me laisses partir je te promets que je les mettrais sur une fausse piste.

- Ma mère m'avait fait une promesse un jour. La promesse de toujours me protéger, mais pourtant...elle a failli à sa promesse et voilà où j'en suis. Je ne crois plus aux promesses depuis.

Ma réplique s'est envolé en même temps que cette balle qui venait de transpercer sa poitrine. Il a eu le temps de pousser un dernier cri de douleur avant de s'éteindre pour de bon.

- Tu as un couteau?

Youssef: oui mais qu'est-ce que tu veux en faire? Il est déjà mort de toute façon.

Il me passe son couteau de poche et moi je lui donne l'arme. J'ouvre le couteau et me baisse au niveau de Haris. Je déboutonne sa chemise et puisque son torse s'offrait tout seul à moi, je me suis contentée de répondre à ses attentes en gravant mon nom dans sa chair.

Si j'avais su, j'aurais peut-être dû le faire lorsqu'il était vivant. Ses cris de douleur auraient été un pur régal pour moi.

- Ça lui fera un beau tatouage tu ne trouves pas?

Youssef: toujours aussi pleine de surprise Zafiro...

A suivre...




























Cartel.

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