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Appartement de Evrad...

19h04...

Evrad: tu n'es pas sérieuse! Jamila dis-moi que tu rigoles.

- J'ai l'air d'un clown?

Il me fixe un instant sans rien dire avant de rire nerveusement.

Evrad: hors de question que je te laisse faire ça

- C'était une information figure-toi.

Je quitte ma place sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, je traverse la baie vitrée prête à me rendre dans ma chambre mais je tombe sur Daliyah tenue derrière celle-ci l'oreille collée contre sa paroi.

- J'espère que tu as aimé ce que tu as entendu!

Elle a à peine le temps de répondre que je me sens saisie par le bras, il me retourne pour que je puisse lui faire face.

Evrad: j'ai dit que tu ne feras pas ça, on va trouver un moyen de se sortir de cette histoire et surtout tout le monde doit être entier à la fin

- Mais si on suit ma méthode à moi tout le monde sera entier

Il soupire d'agacement sans lâcher mon bras.

Evrad: de toute façon je n'irais pas les voir. Ton plan n'a pas de sens. Tu ne sais de quoi ils sont capables Jamila, ils vont réussir à en finir avec ta vie à la minute même où je leur aurais annoncé ça

- Je suis une intouchable Evrad

Evrad: tu es peut-être une intouchable là-bas au Mexique mais ici ce n'est pas le cas

- Ça c'est ce que tu crois.

Je me détache de son emprise sans changer d'emplacement.

- Écoute si tu ne veux pas aller leur parler, je réussirai à convaincre Wassim pour qu'il y aille. Mais mon plan est le meilleur, fais-moi confiance.

Il ne dit rien et me fixe.

- Et puis si jamais quelque chose m'arrive, ils auront des problèmes avec le cartel Mexicain qui ne donnera pas cher de leurs peaux. Souviens-toi qu'ils me veulent vivante.

Il hoche la tête avant de soupirer de nouveau.

Evrad: si jamais quelque chose t'arrive, si tu meurs Jamila, je te tue.

- Tu t'inquiètes pour rien, il n'y a aucune chance pour que ça arrive. Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire.

Je jette un dernier coup d'oeil à Daliyah qui ne manquait pas de me dévisager. On dirait que c'est tout ce qu'elle a à faire de sa vie.

Je monte dans ma chambre me changer, je quitte l'appartement sans même tâcher de dire au-revoir. Je vais prendre ma voiture et j'emprunte le chemin jusque chez mes parents. Ce sont les dernières personnes que j'ai envie de voir mais j'ai besoin d'aide.

Et mon père est le seul qui peut m'aider actuellement.

Je sonne à la porte et une femme de ménage ne tarde pas à m'ouvrir, elle me salue poliment, je la dépasse sans y répondre et je me dirige vers la salle de séjour.

En effet, comme si il m'attendait, il était installé dans un sofa feuilletant un journal. Señor Cares tout craché. Qui lit un journal à cette heure de la soirée?

Il ne semble pas remarquer ma présence puisqu'il reste très concentré dans sa lecture. Je m'apprêtais à racler ma gorge sauf qu'il m'interrompt dans mon élan.

Mon père: ¡sientate! (Assieds-toi)

Je fais ce qu'il me dit docilement, ce n'était qu'un simple ordre. Mais si il cherche à aller dans les extrêmes ça risque très vite dégénérer. Et ce n'est pas pour cette raison que je suis là.

Il ferme son journal et le dépose sur la table basse. Il avait la jambe croisée et le regard rivé sur moi.

Mon père: je pensais que ta rébellion allait durer plus longtemps, qu'est-ce qui t'emmène?

- Ce n'est pas une rébellion j'ai tout bonnement décidé de mener le style de vie que je menais avant qu'on ne vienne ici.

Mon père: espérons que cette fois-ci tu ne rentreras pas le nez en sang et nous ordonnant de quitter le pays de toute urgence.

- Justement...je dois quitter la ville.

Mon père: tu as tué qui cette fois? Un trafiquant d'armes?

- Non, une bonne-à-rien. Apparemment sa famille est très influente et ils n'hésiteront pas à m'éliminer lorsqu'ils sauront que j'ai tué leur fille.

Mon père: je dois faire réveiller ta mère pour qu'on prépare nos valises?

- Non, je partirai seule cette fois, mais je ne sais pas encore où ni comment je vais m'en sortir. C'est pour ça que j'ai besoin de ton aide papa.

Il hoche la tête et sourit. Il décroise les jambes et se penche vers l'avant.

Mon père: je croyais que le jour où tu viendrais à moi pour me demander mon aide n'arriverais jamais. Quand est-ce que tu dois partir?

- Demain soir au plus tôt, après-demain tôt le matin au plus tard.

Mon père: c'est un petit soucis, j'espère que tu n'as pas peur des nuits blanches parce qu'on a du boulot querida.

[•••]

Appartement de Youssef...

20h29...

Je mire mon reflet dans la glace et je porte ma main à mes cheveux, cette nouvelle coloration est horrible. Du rouge. Sérieusement? Si je n'y avais pas été contrainte de le faire, mes cheveux auraient gardé leur couleur originale.

Je hais les colorations.

La porte de la chambre s'ouvre sur Youssef, qui reste tenu à l'encadrement de la porte les bras croisés.

- Tu peux exprimer le fond de ta pensée si tu le souhaites.

Youssef: tu comptes vraiment faire ça hada?

- C'est de ta faute si une idée pareille m'est venue à l'esprit. Je ne veux pas que Layla paie pour une histoire qui ne la concernait même pas.

Je lève les yeux vers lui et un sourire était scotché à ses lèvres. Il va sortir une connerie de sa bouche.

Youssef: finalement tu tiens beaucoup à cette petite Layla à ce que je vois.

Je le savais.

Je ramasse mon sac posé sur la table de chevet et je quitte le tabouret dans lequel j'étais installée pour le rejoindre.

- On doit vite arriver si on ne veut pas manquer le spectacle.

Il ricane et il me tend son bras, je passe le mien autour et on quitte l'appartement dans cette position. On prend sa voiture et il roule en destination de la villa des Williams.

Finalement la soirée de tía Léana tombe plutôt bien, malgré le fait qu'elle risque se terminer de façon tragique.

Après une quinzaine de minutes de route on finit par arriver à destination. Il gare derrière la villa au lieu de le faire dans le parking comme tout le monde.

On passe par la porte arrière qui donne directement sur la cuisine. Milan nous y attendait, il était tenu devant celle-ci les mains dans ses poches.

Youssef: la soirée a déjà commencée?

Milan: depuis une heure déjà

Je pose mon regard sur lui en fronçant les sourcils, en fin de compte il parle! Je pensais qu'il était muet.

Il nous fait entrer et nous guide sur un chemin à l'abri des regards, qui nous mène directement à l'étage du haut, là il y avait un long couloir où se trouvait une grande baie vitrée qui donnait sur le jardin, notamment le lieu où se tenait la soirée.

Parfait. Je tire une chaise qui se trouvait dans un coin et je la dispose devant la baie.

- Il n'y a aucune chance qu'on nous voie de l'extérieur n'est-ce-pas?

Milan: j'ai pris le temps de vérifier moi-même et il n'y a aucune chance

- Parfait.

Je m'installe dans ma chaise et je balaie tout le jardin du regard. J'espère que notre plan se déroulera à merveille.

Youssef: bon hada, on doit y aller, fais attention à toi, s'il-te-plaît.

- Ne t'inquiètes pas. Tout va bien se passer.

Ils s'en vont et je reste assise dans ce couloir sombre toute seule.

Je sais que je risque très vite m'ennuyer ici toute seule. Celle qui joue mon rôle à cette soirée doit vraiment s'amuser. Mauvaise actrice. On sait tous que je déteste ce genre d'évènement.

Je ne sais pas où mon père a déniché cette femme en si peu de temps. Je ne sais pas si elle a conscience du rôle qu'elle doit tenir ici, je ne sais pas si elle sait qu'il y a des risques qu'elle meurt.

Mais j'ai l'impression que vu la façon dont elle avale ses verres de champagne, dont elle marche en se contemplant chaque secondes, dont elle flirt avec tous les hommes chics de la soirée...elle ne sait pas à quoi s'attendre.

Je finis par soupirer d'agacement et je me tourne pour voir si il y a quelque chose à avaler ici. Et il n'y avait qu'une bouteille de whisky sur un coffre derrière moi. Tant mieux.

Je vais me verser un verre, je regrette juste qu'il n'y ait pas de glaçons. Ce n'est pas le moment pour moi de choper une gueule de bois.

Un coup de feu, me fait rater ma trajectoire et je verse le whisky par terre. Je pose promptement la bouteille et le verre et je me rapproche de la baie vitrée.

Les invités ayant pris peur, tentait de s'échapper peu à peu en criant plus qu'ils ne fuyaient. Pourtant tout était redevenu très calme.

Je balaie les lieux du regard et il a très vite été attiré par un hélicoptère qui se dirigeait tout au dessus de la petite réception. Je voulais bien m'éloigner de la baie vitrée mais quelque chose m'en empêchait. Je voulais à tout prix voir ce qui allait se passer.

Et il n'a pas fallu plus d'une minute pour qu'un coup de feu retentisse et que l'hélicoptère s'en aille aussitôt. Après son départ un silence assez pesant s'installe sur l'assemblée.

Je baisse les yeux et je vois la fille qui devait incarner mon rôle à même le sol. Les gars se rapprochent peu à peu à d'elle et regarde si elle respire encore

Moi je reste immobile pendant un bon moment, je n'ai pas pris le temps de regarder qui se trouvait au commande de cet hélicoptère.

Mais ce qui me fait le plus réfléchir c'est le fait que mon père avait décrit exactement ce qui allait se passer. Il savait comment je devais me comporter, pour m'en sortir indemne de cette histoire.

Il savait ce que je devais faire pour que les Guirao croient que je suis morte.

J'avoue qu'à moi seule je n'aurais jamais pu élaborer un plan pareil...

Je suis dans l'incompréhension la plus totale.

Comment il l'a su?

Je finis par sortir de ma torpeur et je marche d'un pas alerte pour le jardin. Je ne m'attendais pas qu'ils agissent aussi rapidement.

Dans le jardin, les parents Williams étaient en train de réconforter les derniers invités qui étaient encore troublés par la peur.

Daliyah pleurait dans les bras de Lila. Je n'avais pas la tête à faire une remarque là dessus.

Je me rapproche du cercle que les gars avaient formé autour de mon double.

- Elle est morte?

Isaac: non, juste inconsciente il faut dire que l'impact de la balle a eu raison d'elle. On dit merci au par-balle offert par ton père.

Par mon père.

Je suis la seule à trouver ça bizarre le fait que le plan de mon père ait marché à ce point?

Je sens une pression sur mon épaule je me tourne et je tombe nez à nez avec mon père. Il me sourit et me tend un visa et un passeport.

Mon père: j'ai réussi à t'en fabriquer des faux sous ta fausse identité, tu as un vol pour Chicago dans une heure querida...

Oui toute cette histoire est vraiment bizarre.

Très bizarre.

A suivre...

































Cartel.

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