[22]
Villa des Williams...
12h17...
Ça fait une quinzaine de minutes que j'essaie de me rappeller où j'ai laissé mes clés de voiture, mais je n'y arrive pas. Je cherche surtout aux alentours du bar parce que c'est le seul endroit où je me suis installée.
Mais jusque là, rien.
Je finis par m'installer dans une chaise haute du bar, lassée de toutes ces recherches inutiles. J'attrape une bouteille de whisky et je m'en verse un verre, cette fois-ci je n'en abuserais pas.
J'étais en train de siroter mon verre en penchant quelques fois la tête pour pouvoir apercevoir mes clés mais toujours rien.
...: Jamila!
Oh non. Pas elle.
Je tourne légèrement la tête en sa direction, elle venait d'achever les escaliers et elle de dirigeait vers moi.
Tía Léana: je ne m'attendais pas à te trouver là, ça va?
Je hoche juste la tête positivement et je me reconcentre sur mon verre. Elle vient s'asseoir en face de moi en croisant majestueusement sa jambe.
Tía Léana: ça tombe bien comme tu es là, je m'apprêtais à rendre une petite visite à ta mère. Elle est à la villa présentement?
- Je n'en sais rien.
Elle fronce les sourcils.
Tía Léana: tu y étais pourtant, est-ce que quand tu sortais de la maison, elle était encore là?
- Je n'y étais pas, je n'en sais rien. Elle doit être à l'un de ses ateliers de couture ou alors ailleurs.
Elle n'ajoute rien de plus et se contente de quitter sa place, néanmoins elle reste tenue en face de moi.
Tía Léana: j'organise un évènement ici demain soir, je voulais en discuter avec elle pour qu'on le fasse toutes les deux, mais bon. Je vais l'appeler pour savoir où elle se trouve pour qu'on puisse se rencontrer.
Je ne lui ai jamais demandé de me raconter tout ça, mais elle le fait quand même. Et en plus, depuis le début elle pouvait l'appeler mais il a fallu qu'elle m'embête.
Elle s'apprêtait à s'en aller sauf que je me suis souvenue de mes clés de voiture et je l'ai stoppé.
- J'ai laissé mes clés de voiture ici hier, est-ce que tu sais où elles se trouvent?
Tía Léana: ah, celles qui avaient comme porte-clés une liasse de billets scintillante?
- Oui.
Tía Léana: je les ai laissé dans la boîte à clés posée sur le coffre devant la porte centrale.
Je hoche la tête et elle s'en va. Je vide mon verre d'une traite et je le laisse là, je vais là où elle m'a indiqué et en effet ma clé y était posée en évidence. Je me demande comment j'ai fait pour ne pas la remarquer en entrant.
J'enfile mon par-dessus et je vais chercher ma voiture. Elle a même été nettoyée. Ils ne font pas les choses à moitié ici, dis donc!
Je mets ma ceinture de sécurité et avant de démarrer je sors mon téléphone, Youssef m'avait envoyé son adresse au cas où j'en ai besoin et actuellement j'ai besoin de le voir.
Je démarre après l'avoir mémorisée et je roule jusqu'à chez lui. Je finis par garer devant un immeuble plutôt luxueux, Youssef et le goût du luxe une vraie histoire d'amour. Je gare dans le parking souterrain, et je vais emprunter l'ascenseur jusqu'à son étage.
Une fois devant la porte de son appartement, je sonne à la porte et au bout de quelques secondes elle s'ouvre. Mais pas sur Youssef.
Je fronce les sourcils, sors mon téléphone pour vérifier l'adresse de nouveau, et c'était bien ici.
- Euh...vous êtes?
C'était un jeune homme qui pouvait avoir le même âge que Youssef, un peu plus petit de taille. Un petit brun aux yeux noirs.
...: Un ami de Youssef, je suppose que c'est lui que vous êtes venue voir.
Un ami de Youssef, décidément son niveau de sociabilité m'étonnera toujours.
- Oui, maintenant tu peux libérer le passage?
Il se décale afin de me laisser passer, ce que je fais. Une fois que mon pied a traversé le seuil de la porte, le vent frais m'a directement frappé au visage.
Il fait plutôt bon vivre ici.
J'avance tout en détaillant le lieu du regard, plutôt bien décoré. Ce qui m'étonne fortement venant de lui, ses goûts laissent vraiment à désirer.
...: Hada? Qu'est-ce que tu fais là?
Je pose mon regard sur lui et je finis par rouler des yeux.
- Quoi? Je ne suis plus la bienvenue c'est ça?
Youssef: non, juste que je ne m'attendais pas à te voir ici
Je me rapproche de lui et lui prends le pot de glace qu'il avait dans les mains avant de le dépasser et d'aller m'installer dans le sofa en continuant à scruter les lieux.
Une belle salle de séjour avec d'énormes baies vitrées par lesquelles la lumière du jour s'incrustait. Pour être éclairée elle l'est vraiment. Trois sofas en cuir blanc et au milieu une table en verre où ne reposait aucun grain de poussière. Des tableaux d'art accrochés un peu partout, une salle à manger juste magnifique.
Je crois que je devrais venir chez lui beaucoup plus souvent.
Son ami vient s'installer dans un autre sofa, une bouteille de soda à la main. Je le reluque pendant quelques secondes avant de poser mon regard sur Youssef qui était venu s'installer près de moi.
- Je peux savoir qui c'est celui-là?
Youssef: il est là, tu peux lui demander qui il est.
- C'est à toi de le faire.
Il roule des yeux et poser sa tête sur le dossier du sofa et de me regarder.
Youssef: quelqu'un que j'ai rencontré dans l'avion quand je suis venu ici à New-York te chercher, il est plutôt intéressant.
- D'accord.
Je pose mon regard sur l'homme intéressant et sentant un regard sur lui il tourne la tête vers moi.
- Tu peux nous laisser?
Il ne se fait pas prier avant de quitter la pièce. Après m'être rassurée qu'il soit parti je pose de nouveau mon regard sur Youssef en portant une cuillérée de glace à ma bouche.
- Il faut qu'on parle.
Youssef: je l'ai deviné. Miss Cares ne se déplace jamais pour rien.
- Tu vois la petite noire qui travaillait avec les frères Williams?
Youssef: la psychopathe? Oui je vois.
- Hier Layla l'a tuée.
Je porte de nouveau une cuillérée de glace à ma bouche, il se redresse légèrement et m'incite à le regarder.
Youssef: tu prends Layla comme prétexte pour couvrir ta connerie, ou tu me dis la vérité?
- Tu crois vraiment que j'aurais perdu mon temps à me salir les mains avec cette cinglée? Bien-sûr que non. C'est vraiment Layla qui l'a fait.
Youssef: et pourquoi?
- Elle se défendait c'est tout. Mais plus tôt dans la journée elle a surpris Célia en train d'écouter ma conversation avec Evrad, une conversation inutile d'ailleurs. Et apparemment elle aurait proféré des menaces de mort à mon égard. Et elles se sont même disputé pour ça.
Youssef: donc si je comprends bien Layla l'a tué pour se défendre elle, mais aussi pour te défendre toi.
Je fronce les sourcils, qu'est-ce qu'il raconte?
- Moi?
Youssef: oui, toi. Tiens, celui qui vient de sortir de la pièce. Je le connais depuis un mois ou plus mais tu crois vraiment que si on le menace de mort là tout de suite, je vais me prendre la tête?
- Justement, elle et moi on se connait seulement depuis quelques jours je ne vois pas pourquoi elle s'est prise la tête avec Célia pour moi. Après tout, je peux me défendre toute seule.
Youssef: Jamila, tu n'as quasiment jamais su ce que ça fait d'avoir une vraie amie. Cette fille doit vraiment t'apprécier au point de se chamailler avec une fille parce qu'elle a menacé une autre qu'elle connait juste depuis quelques jours. Ouvre les yeux hada, et ne sois pas si ingrate.
La cuillérée de glace que je voulais porter à ma bouche s'arrête en cours de route et je détourne le regard. J'ai du mal à l'avouer mais il a raison. Depuis le début Layla me témoigne sa sympathie à mon égard, et tellement je me suis habituée à ce qu'on me déteste que je ne m'en suis pas rendue compte assez tôt.
Et toi Jamila, tu ne me laisseras pas, non?
[•••]
Appartement de Evrad...
18h20...
Je remue le carton de biscuits et me rend compte qu'il y en a plus, qu'est-ce qui va m'aider à me détendre maintenant?
Je quitte le balcon et je me dirige à la cuisine, je fouille quelques placards jusqu'à ce que je trouve toute une cargaison de biscuits, tant mieux.
J'en prends une grande quantité et je retourne au balcon les mains pleines. Je dépose mon butin sur la table et je me réinstalle dans la chaise en empoignant un paquet de biscuits que j'essaie d'ouvrir mais qui fait des siennes en refusant de s'ouvrir.
J'essaie encore sauf que cette fois-ci je n'ai pas le temps de le faire que quelqu'un me le prend des mains.
Je lève les yeux, et le paquet se trouvait dans les mains de Evrad. Il ouvre le paquet plutôt aisément et me le rend, je le saisis sans le remercier tandis que lui s'installe en face de moi.
Evrad: des soucis?
- J'en ai depuis ma naissance.
Il n'ajoute rien et le silence s'installe peu à peu. Mis à part les bruissements du paquet de biscuits.
Evrad: tu exagères, tu ne dois pas quand même avoir des soucis depuis ta naissance!
- C'est vrai j'abuse un tout petit peu. Mais il y a une part de vérité dans ce que je dis.
Evrad: je suis toute ouïe
Je reste un moment silencieuse et je finis par poser mon paquet de biscuits sur la table.
- Quand on vivait encore au Mexique, les choses n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui. Tu sais, ma famille avait une réputation à tenir, ma mère devait honorer chacune des invitations qu'on lui envoyait et mon père n'était quasiment jamais au pays, mon frère, lui était constamment mêlé à des affaires de bagarre à l'école. On convoquait tout le temps nos parents, mais ils n'y allaient jamais c'était à notre nounou de plaider pour lui.
Je reste silencieuse un moment, nostalgique.
- Cette bonne vieille Pilar, je devais avoir quel âge à cette époque. Cinq ans? Ou plus je ne sais plus. Ce soir là, comme d'habitude Pilar avait dû représenter le parent de Tiago à l'école. Elle ne voulait pas me laisser entre les mains des servantes de la maison alors elle m'a emmené avec elle. Elle m'avait laissé près des airs de jeux comme ça je n'allais pas me sentir seule.
- Mais moi je ne voulais pas jouer avec les autres enfants, je voulais plutôt des sucreries et puisqu'elle ne voulait pas m'en acheter j'allais les acheter moi-même. Et justement, en face de l'école il y avait une boulangerie, on achète même pas de sucreries dans une boulangerie. De l'autre côté de la route. Je croyais que j'étais assez grande pour traverser une route. J'aurais dû savoir que c'était une mauvaise idée.
- Inconsciemment je me suis mise à traverser la route, le regard rivé vers la boulangerie prête à tout pour mes sucreries mais...en un seul cri je les ai vu s'éloigner encore plus loin.
Evrad: qu'est-ce qui s'est passé? Tu t'es fait renverser?
Je ne dis rien pendant un moment avant de secouer la tête négativement.
- Elle m'a sauvé la vie en y laissant la sienne. Tu t'imagines? Si seulement je ne m'étais pas mise dans la tête que je pouvais traverser la route, elle serait peut-être encore vivante. Mon tout premier meurtre en fait.
Evrad: arrête ça Jamila
- Arrêter quoi? C'est pourtant la vérité, mes parents n'ont pas cessé de me le répéter. A tel point qu'ils m'ont retiré de l'école et que j'ai dû suivre l'école à la maison. Ils m'ont privé d'une vie sociale, de peur que je fasse du mal à mes petits camarades.
Evrad: je comprends maintenant d'où vient la haine que tu voues à tes parents
Je tourne la tête vers lui.
- Comment...
Evrad: j'ai bien vu la façon dont tu te comportait avec eux â la soirée de ta mère et la façon dont tu parles d'eux trahi tes ressentiments.
C'est incroyable la façon dont il a étudié mes réactions, après tout ce n'était pas un secret.
- Tu sais quoi? Assez parlé d'eux alors que le temps presse. J'ai pris une décision
Evrad: laquelle?
- Demain tu iras voir les Guirao et tu leur annonceras la mort de leur fille
Evrad: Jamila tu...
- Et tu leur diras que c'est moi Zafiro Jamila Cares qui l'a tué
Evrad: quoi?
A suivre...
Cartel.
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