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Ohayo !
Aujourd'hui c'est un Os sur SNK intitulé
Toute ta vie
Il est écrit par Flashbang-
Bonne lecture !
◖◗

Toute ta vie, tu as lutté.

Toute ta vie, tu as crié.

Toute ta vie, tu t'es battu.

Mais à quoi sert-il de se battre si de toute manière tu vas mourir ?

|| 24 décembre 1938 ||

Des flocons de neige tombaient depuis des heures sur le marché lumineux où resplendissaient la joie des retrouvailles de Noël.
A l'écart, Livai regardait les passants excités par cette magie qui n'apparaissait qu'une fois par année.
Sortir était censé lui être bénéfique,c'était ce qu'avait dit le médecin, mais voir toute cette naïve gaieté ne lui inspirait que dégout et mélancolie.

Tous ces gens qui se pensaient heureux sans se soucier des autres, du reste, des personnes comme lui qui, bloqués par la maladie, ne pouvaient parler à leurs proches.
Tous ces gens qui avaient été choisis par la vie, laissant sur le banc de touche les personnes comme lui qui, emplis de jalousie, ne pouvaient que les regarder s'enjailler.

Livai aurait aimé vivre la même journée que ces gens, en achetant le bonheur avec des tickets de patin à glace ou du vin chaud.
Livai aurait aimé vivre les mêmes sensations que ces gens, en rêvant devant des objets artisanaux et rigolant devant de potentiels cadeaux.
Mais Livai, lui, ne pouvait rien de tout cela, scellé par sa maladie qui l'empêchait de se déplacer de manière autonome.

"- On rentre ? Proposa Erwin.

Livai secoua négativement la tête. Bien que la jalousie avait empli une partie de ses yeux, il restait une touche de positivité qui le poussait à vouloir continuer cette activité constituée uniquement à regarder les passants s'amuser.
Et puis, il était toujours mieux de profiter de l'air frais que de retourner dans cette chambre hospitalière respirant la mauvaise odeur de déprime et de morbidité.
Non, décidément, il voulait rester.

- Je déteste l'hôpital, répondit Livai.

Erwin poussa un long soupir qui se transforma en buée blanche sous l'effet du froid et de la neige.

- Je comprends."
Livai promit, s'empara du briquet et se mit à fumer.
Ce n'était pas pour rien qu'Erwin était son assistant préféré.

Il s'affaissa dans son siège roulant et reprit une bouffée.
Pourquoi n'avait-il le droit de rien faire alors que de toute manière, il allait mourir ?
Pourquoi le privait-on de ses désirs alors que tous les efforts du monde n'arriveraient pas à le sauver ?
Pourquoi les gens continuaient de voir un espoir dans sa vie alors qu'elle n'était que ténèbres et obscurités ?
Pourquoi les gens s'y mêlaient ?
Ne pouvait-il pas mourir en paix ?

Erwin comprenait son désespoir, comprenait, comprenait tout, savait que rien ne servait de lutter. Et il était bien le seul.

"- Gamin, souffla-t-il.

- Oui ?

- C'est bientôt fini ?

- De quoi ?

- La vie.

Le regard d'Erwin s'adoucit et il prit la main froide de son blessé.

- Oui."

Livai posa la tête contre le coussin qui servait de dossier à son fauteuil roulant.
Sa vie avait été composée d'horreurs, d'absurdités, et maintenant que tout était terminé, il revivait encore et encore ces éléments du passé.
Tout ce qui aurait pu paraitre normal et basique pour une personne normalement constituée.
lu inspirait principalement dégout et rejet, sa vie entière était devenue glauque, et les médicaments ne faisaient qu'empirer l'état de son âme.

"- Gamin, murmura-t-il.

- Oui ?

- Tu connais la guerre ?

- Non.

- Je t'en ai déjà parlé ?

- Non."
le jeune homme mentait. Bien sur, évidemment qu'il lui en avait déjà parlé, des milliers et des milliers de fois même, mais l'amnésie était chose fréquent pour un blessé de son âge, alors il le faisait parler, pour extérioriser, Livai en avait besoin.
Après tout, c'était son travail de faire parler les vieux, d'écouter les vies sombres et désespérées des malades, de comprendre et compatir avec leurs détresses et de les dissuader de leurs envies de suicide.

"- Tu sais, gamin, il me disait de me relever, de ne pas abandonner, que si je ne faisait rien, j'allais le regretter. Et aujourd'hui, j'en suis presque à regretter de ne pas être mort sur le front.

- Qui ça ?

- Mon commandant, Eren Jaëger. Un grand homme.

- Ha, oui.

- Il m'avait toujours réconforté, et il parlait de bonheur proche, de retrouver sa sœur bien-aimé dont il parlait tant. Il était persuadé que ses efforts allaient être récompensés. Et moi, je le croyais.

Livai soupira avant de continuer.

- Et malheureusement, ses efforts n'ont pas été récompensés. Il est mort le 30 mars 1918. Un grand homme, Jaëger, avec un grand cœur. Des gens aussi optimistes, ça court pas les rues.

- Mais son but était que la guerre finisse, non ? Donc, au final ses efforts ont quand même été récompensés, remarqua Erwin.

- Gamin, souffla Livai. Tu crois vraiment que la guerre est terminée ?

- Oui.

- C'est faux, continua le vieil homme, sa voix baissant dans le grave au fur et à mesure qu'il parlait. La guerre n'est pas terminée.
Tous les jours, toutes les nuits, je les vois encore, qui me parlent avec espoir, je les vois se faire tuer, je les entends crier, sans pouvoir faire, et on me dit que c'est terminé ? Tous les jours, toutes les nuits, je les vois nous pointer, nous tirer dessus, je les vois nous tuer, et on me dit que c'est la paix ? Alors comme ça, je suis obligé de vivre chaque seconde cet enfer, pour pouvoir permettre à d'autres un paradis ? Qu'ais-je fait pour mériter ça ?"
Erwin avait du en conclure que l'état de l'hospitalisé se dégradait quand il reprit les poignées du fauteuil pour se rediriger vers l'hôpital.

Livai s'était mis à crier, crier sa douleur, crier l'injustice, crier qu'il voulait juste crever, et le jeune homme accéléra le pas.
Sa voix rauque de vieux fumeur retentissait comme un écho, sans vraiment atteindre de but, dans les paysages enneigés de la ville de Nuremberg.

"- TU SAIS, GAMIN, CE QU'ON VIT ACTUELLEMENT, CE N'EST PAS DE LA PAIX ! CETTE VICTOIRE POUR LAQUELLE IL S'EST BATTU CORPS ET ME, ON NE L'AS PAS EUE ! GAMIN, DIS-MOI SI CETTE PAIX FACTRICE TE CONVIENT, A TOI ? HO, ELLE TE CONVIENT SUREMENT, TOI QUI N'A PAS LES FANTÔMES DE TES COMPAGNONS QUI TE HANTENT CHAQUE SECONDE ! TOI QUI FAIT PARTI DE CES PRIVILÉGIÉS A QUI UN CALME PROSPÉRÉ A ÉTÉ OFFERT SUR UN PLATEAU ! TOI QUI..."

Tandis que le blessé de guerre continuait de s'époumoner, Erwin léguait la tache aux autres infirmier.e.s plus expérimentés, qui se hâtèrent de l'endormir et de le remettre dans sa chambre, sous surveillance.
Des fous de ce style, ils en avaient vus des centaines, mais pour le blondinet qui venait d'arriver, c'était une première.

Il s'était attaché au vieil homme, et voir de près son état dégrader l'affectait beaucoup.
Il ne pouvait pas y remédier ; la fin proche de Livai combinée aux atrocités qu'il avait vécues lui faisaient perdre la tête, c'était triste mais normal, s'inquiéter ne pouvait rien résoudre.

Le jeune infirmier était entré dans un hôpital pour sauver des vies, mais tout ce qu'il voyait pour l'instant, c'était des gens déprimés qui avaient été submergés de malchance.
Peut-être que ce métier n'était finalement pas fait pour lui...

Il salua Annie, la secrétaire, et sortit de l'hôpital, ses heures de travail derrière lui.
Toute journée prenait fin, peu importe sa durée ou sa complexité.
Ainsi que toute vie avait un point, peu importe le nombre de mots ou de déprimes.

Et celle de Livai était surement à son dernière accent.
|| 25 décembre 1938 ||

Erwin fut réveillé par sa compagne, Hanji, et ne traina pas sous la couette ; il se leva et s'habilla immédiatement, mangea rapidement les petits pains qui reposaient sur la table de cuisine, enfourcha son vélo et fila vers l'hôpital.

L'état de Livai s'était-il empiré ? L'ancien combattant était-il en état de lui reparler, comme avant ? Pouvaient-ils encore fumer, tous deux dehors ? Ou allait-il continuer à lui crier dessus ?
Toutes ces questions dont la réponse se trouvait dans la chambre du vieil homme tourbillonnaient dans la tête de l'infirmier, et il accéléra.

Arrivé au rez-de-chaussée de l'hopital, il ignora le discret signe de main que lui adressait Annie et s'élança vers les escaliers, afin d'accéder au plus vite à la chambre 208.

Arrivé sur le palier du couloir, il ralentit l'allure pour ne pas déranger les patients en faisant trop de bruit, et se retrouva né-à-né avec une porte surmontée d'un écriteau portant le nombre qu'il attendait.

Il toqua.
Personne ne répondit.

Il tourna la poignée.
Personne ne réagit.

Il entra.
Personne ne le lui en empêcha.

Il regarda.

Il n'y avait personne.

Personne ?
Livai avait-il été changé de chambre ?

Ou...

Les yeux d'Erwin s'écarquillèrent d'eux-même.
Il n'était pas possible que...

Erwin descendit l'escalier, alla rendre visite à Annie et commença à lui conter ses soucis. L'avantage, avec elle, c'était qu'il pouvait être sur qu'elle ne l'interrompe pas, vu le peu de mot qu'elle lui adressait par semaine.

"- Annie, dit-il en s'assurant qu'elle soit bien à l'écoute. Tu connaissais Livai ? Le vieux, salle 208. Celui que tout le monde appelait le "Modique combattant". Tu sais, celui qui n'arrêtait pas de se plaindre. Tu vois de qui je parle ?

Annie secoua négativement la tête, l'incitant à continuer.

- Eh bien, je l'adorais, ce petit vieux. Il était peut-être... Il était, certes, pessimiste, aigri, acrimonieux, et tout ce que tu veux, mais je l'aimais bien. Et p-

- Pourquoi tu me racontes ça ? Il est mort ?

Erwin baissa la tête.
Elle l'avait interrompu. Il y avait une chance sur mille qu'elle parle d'elle-même, et c'était sur ce jour maudit qu'il avait fallu qu'elle s'exprime.

- C'est ce que j'étais venu te demander.

- Il fallait commencer par là."

Elle ouvrit son livre inspecta la liste des événements qui avaient eu lieu (tout était noté à la lettre)

"- Livai, tu dis ? ... Hmm... En effet, il est mort aujourd'hui à 3h17 du matin. La cause n'est pas déterminée, donc une crise cardiaque je suppose, vu que... hier, il a du aller sous anesthésiants. C'est ça que tu voulais comme informations ?"

Erwin hocha la tête, un air grave soudainement gravé sur le visage.
Mais un détail cependant ne lui échappa pas.

"- Vous avez lâché vos cheveux, Mlle Annie... Et... Une barrette rose ? C'est nouveau ? Interrogea-t-il.

- Oui. C'est mon mari qui me l'a offert. Car je suis officiellement enceinte, voyez-vous...

- Je comprends mieux. Vous avez choisi le nom du bébé ?

- Jean."

|| 1 Janvier 1939 ||

Erwin attrapa une cigarette et s'empara du briquet, de la même manière singulière qu'utilisait Livai lorsqu'il était encore en vie.

Il salua Hanji, et partit mélancoliquement le long du chemin de fer abandonné. Il menait jusqu'à l'Eglise, et, bien que le jeune homme était athée, le corps de Livai y était enfoncé dans la terre granuleuse, à l'intérieur d'une boite de pierre semblable à du marbre.

Erwin s'y rendait tous les jours.

Il inspira un grand coup.

❝ Tu sais, Livai, des gens comme toi, j'en croise tous les jours, mais mourir le jour de son anniversaire, c'est quelque chose que seul toi aurait pu faire ❞

|| F I N ||

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