𝐒𝐔𝐍𝐀 𝐗 𝐅.𝐑𝐄𝐀𝐃𝐄𝐑













—    R  E  T  R  O  U  V  É  S    —
cw — masturbation, pick
me, jalousie
















• c o m m a n d e s •
par juste_un_instant
elle
suna
haikyuu
friends to lovers
smut

















             LA PRESSION EST à son comble. Mes yeux peinent à se concentrer sur le moindre joueur tant les échanges se font rapides. Mais je m’efforce de rester focaliser sur l’attaquant central de l’EJP Raijin, l’homme dont le dos vêtu d’un maillot blanc est strié d’un large neuf jaune.

             Suna Rintaro.

             La soirée a déjà bien progressé tandis que le troisième set semble toucher enfin à sa fin. Ce match a été particulièrement serré. Et j’avoue que je ne suis pas certaine que la victoire puisse aller à mon ami. Quoi que lui et son équipe sont en position de supériorité, présentement.

             Le gymnase est particulièrement grand et les gradins, remplis. Les murs blancs apparaissent crème à la lueur des puissants néons jaunâtres et le lisse parquet noisette est traversé de diverses démarcations.

             Un seul match se joue encore. Les autres ont réussi à départager un gagnant après deux sets. Mais ce n’est pas le cas de ces deux équipes. Et les maillots jaunes traversés de chiffres violets faisant face à l’EJP Raijin commencent sérieusement à m’énerver.

             Là, assise en haut des gradins, me penchant du mieux que je peux par-dessus la rampe, je tente de comprendre ce qu’il se passe. Et, hormis le fait que les balles de match se soldent toujours en prolongation, je ne saisis rien des mouvements effectués, ils sont trop rapides.

             Les nombreuses personnes assises autour de moi et hurlant des encouragements ne font qu’accentuer le nombre de mes distractions. Je n’ai qu’une seule envie : attraper le mégaphone de l’abruti hurlant à ma droite et le taper avec.

— Allez, allez, allez Inferno Lion League ! lance-t-il.

— ALLEZ, ALLEZ, ALLEZ INFERNO LION LEAGUE ! répondent en chœur les abrutis supportant l’équipe adverse, avec leurs tee-shirts violets barrés d’un lion et les peintures de cette même couleur striant leurs joues.

— Allez, allez, allez Inferno Lion League ! répète-t-il.

— ALLEZ, ALLEZ, ALLEZ INFERNO LION LEAGUE !

             Les coudes posés sur la rampe, je saisis ma tête de mes mains. Tous les spectateurs leur lancent des regards appuyés, histoire de leur faire comprendre qu’il est sans doute neuves heures passées et que nous tous n’aspirons qu’à une seule chose : un peu de silence pour observer la fin de ce match.

             Mes yeux cherchent vainement les cheveux châtains et yeux verts de mon ami. Ou même simplement le large numéro dans son dos. Je connais pourtant sa position et son rôle. En tant qu’attaquant central, il est souvent dans la même zone et il n’y a pas non plus tant de personnes sur le terrain.

— Allez, allez, allez Inferno Lion League !

— ALLEZ, ALLEZ, ALLEZ INFERNO LION LEAGUE !

             Mais ces abrutis m’empêchent de me concentrer.

             Les EJP Raijin s’apprêtent à jouer la balle de match, celle qui scellera peut-être ce long jeu par une victoire et connard-en-chef n’arrête pas d’hurler depuis le début de la journée — même en dehors des matchs joués par l’équipe.

             J’avais déjà été furieuse lorsqu’ils s’étaient permis de faire leur chorégraphie alors que Suna et ses collègues étaient contre d’autres hommes totalement étrangers à l’Inferno Lion League, mais ma colère ne que fait que croitre, maintenant. Leurs bêtises déconcentrent tous les joueurs, même ceux qu’ils sont censés célébrer.

             Et bordel de merde, je n’arrive pas à voir Suna.

— Allez, alle…

— BORDEL DE MERDE TU VAS FERMER TA GUEULE OU JE DOIS TE FOURRER TON MÉGAPHONE DANS LE CUL ?

             Aussitôt, ses cris se taisent. Enfin, pas seulement eux. Le murmure des spectateurs, les pas des joueurs, le sifflet de l’arbitre, le son de la balle cognant, les rires échangés, tous cessent.

             Un silence dense s’abat sur les lieux.

             Devant moi, une vingtaine de paires de yeux me fixent, écarquillées. Des visages sont tournés en ma direction, tous peinturlurés de violet et traversés d’un air perplexe assez saisissant. Et je sens aussi sur mon corps le regard du restant de la salle.

             Je ne suis pas parvenue à m’en empêcher. J’ai craqué, exténuée.

             Mais, à présent au centre de l’attention, j’avoue regretter amèrement. Mon visage est en feu et j’aimerai disparaitre six pieds sous terre, histoire que plus personne ne puisse plus jamais me voir.

             Cependant, le pire demeure le moment où, me tournant de nouveau vers le match en tentant de reprendre un peu de constance, je réalise que toutes les têtes sont tournées en ma direction. Vraiment toutes les têtes.

             Y compris celles des joueurs.

             Douze paires de yeux sont braquées sur moi, en plus de celles des arbitres et coachs ainsi que remplaçants. La chaleur en moi achève de m’enliser entièrement quand mon regard croise enfin celui que je tentais de reconnaitre depuis le début.

             Deux iris émeraudes ressortant sous des cheveux châtains me fixent. Mon cœur rate un battement. Les années ont passé depuis la dernière fois que nos pupilles se sont croisées. Il garde le même nez fin, menton pointue, ses épaules se sont peut-être élargies et bras, épaissis. Mais je reconnais le visage de Suna Rintaro.

             Et je vois nettement ses sourcils se hausser très légèrement lorsqu’il reconnait mes traits.

             Car il ne savait pas que je serais là aujourd’hui. Tout comme je n’avais aucune idée du fait qu’il serait présent.

             Un ami se trouve être le coach d’une jeune équipe de garçons qui ont disputé un tournoi amical dans l’aile opposée du bâtiment. Par curiosité, après la fin de leurs matchs, je suis retournée dans le gymnase et ai observé un peu ce qu’il se faisait, en souvenir des jeux que j’avais pu voir au lycée et qui m’avait saisie tant ils étaient impressionnants.

             Mais, alors que je croyais passer en coup-de-vent, mon regard s’est attardé sur une équipe en maillot blanc strié de détails jaunes.

             Sans doute dans un réflexe stupide émanant de cette période où j’assistais à tous les matchs d’Inarizaki en compagnie d’amis qui étaient aussi ceux du garçon que nous venions alors voir, le numéro neuf, j’ai cherché celui-ci. Pourtant, j’étais convaincue de ne pas le voir.

             Alors dense a été ma surprise quand, trouvant sa silhouette, j’ai reconnu les cheveux mi-longs de l’homme et ses iris émeraudes. A un point tel que, m’asseyant dans les gradins, je l’ai fixé deux matchs durant avant de réaliser qu’il était bien cette vieille connaissance que je m’étais faite au cours de mes années de lycée.

             Suna Rintaro.

             Légèrement grisée par son jeu et aussi par la perspective de revoir le garçon qui m’avait sérieusement tapé dans l’œil, à l’époque, je me suis assise plus confortablement et, depuis lors tente d’observer calmement le jeu. Enfin, ceci sans compter les beuglements de ceux souhaitant montrer leur soutien à l’Inferno Lion League.

             A présent, ils se sont tus. Mais mon amour non-réciproque d’enfance a découvert ma présence et en semble même surpris. Ses iris fixées sur ma personne le démontrant.

             Un coup de sifflet nous interrompt.

— On reprend ! lance l’arbitre.

             Aussitôt, les joueurs se remettent en mouvement. Les conversations autour de moi reprennent de bon train tandis que les regards se désintéressent peu à peu de ma personne. Tout de même, je demeure sonnée parce qu’il s’est passé.

             A un point tel que, même si mes yeux suivent les mouvements de Suna quand il bouge soudain, frappant la balle avec force et que celle-ci vient cogner le terrain à l’autre bout du filet dans un sifflement strident, je n’ai même pas le temps de réaliser qu’il a obtenu la victoire.

             Aussitôt, des exclamations retentissent de part et d’autre du terrain. Des cris fendent le gymnase, acclamant la fin. Et, même s’il ne s’agissait que d’un tournoi amical, tous se montrent particulièrement sonore autour de moi.

             Revenant à la réalité, je me redresse. Au même moment, je remarque que parmi la cohue des joueurs et remplaçants discutant en contrebas, un visage est tourné en ma direction. Deux iris émeraudes me fixent.

             Suna Rintaro.

             Aussitôt, je recule en toute hâte, encore embarrassée par mon comportement de tantôt. Et, marchant jusqu’à la première porte que je croise je sors du gymnase. Quand elle se referme derrière moi, les applaudissements s’évanouissent immédiatement, engloutis. Maintenant, le silence se fait.

             Dans ce couloir aux murs vert criard déserté, je n’entends que le bruit de ma lourde respiration. Seule, je prends encore davantage conscience de ce qui vient de se produire.

             Mon hurlement. Les regards sur ma personne. Le silence. Les yeux de Suna.

             Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais, si je souhaitais attendre la fin de son match pour le retrouver, un sourire aux lèvres, et chaleureusement le féliciter. Ou même me planter devant les portes du gymnase jusqu’à ce qu’il les franchisse.

             Mais ce qui est sûr c’est que je ne souhaitais pas cela.

             Qu’importe, à présent, l’envie de lui parler a été écrasée par mon embarras et je n’aspire plus qu’à une seule chose : trouver la sortie.

             Le couloir semble aussi vaste que large. A intervalles réguliers, des portes coupe-feu sont visibles ainsi que des extincteurs. Mais je n’ai aucune idée de l’endroit où peut bien se situer la cage d’escalier.

             Au hasard, je progresse. Par endroit, les rumeurs du stade se font plus pressantes que d’autres. De mon mieux, je fuis alors ces zones. Il est tout à fait hors de question que je recroise quelqu’un qui s’est trouvé dans cette salle.

             Ni aujourd’hui, ni jamais.

             Seulement ma résolution tombe bien vite à l’eau lorsque, dans mon dos, de violents cris se font soudain entendre. Mes yeux s’écarquillent et je les pose par-dessus mon épaule. Les spectateurs des gradins. Ils sont en train de sortir.

             Aisément, je reconnais l’homme rond au crâne dégarni qui tenait le mégaphone. Son regard croise le mien. Aussitôt, ses traits se crispent et il brandit son index en ma direction :

— HÉ ! TOI !

             Evidemment, il n’a pas souhaité interrompre davantage le match, tout à l’heure. Mais il devait brûler d’envie de me remettre à ma place après que je me sois permise une telle prise de parole.

             Le voyant s’approcher de ma direction, j’accélère le pas. Vite. Une issue. Je dois me tirer d’ici en vitesse.

             Mes pupilles tombent sur une porte, à peine à un mètre de moi. Je ne cherche pas plus longuement et bondit devant celle-ci, refermant ma main sur la poignée métallique.

             Et c’est précisément à l’instant où la surface froide touche ma peau qu’un violent coup percute mon nez. Mes yeux s’écarquillent et, sonnés par l’impact, je ne réalise qu’un instant après que la porte vient de s’ouvrir de l’intérieur, me frappant, et que je tombe présentement en arrière.

             Mon cœur remonte dans ma gorge. Après un hurlement attirant les regards de la foule, une fuite pathétique se soldant par un coup, me voilà en train de tomber devant le public ? Même si je pose mes mains en arrière pour rattraper mon corps, je vais belle et bien finir fesses par terre.

             La poisse.

             Soudain, un contact chaud se presse sur la chute du creux de mes reins. Crispée, je réalise qu’à celui-ci, mon corps s’est arrêté de tomber. Il est maintenant immobile, dans les airs.

             Ouvrant les yeux, je sens mon cœur défaillir en découvrant deux iris émeraudes et quelques mèches châtains surplombant un visage fin. Une puissante odeur de sueur mélangée à du cuir s’insuffle dans mes narines et je saisis que ce point dans mon dos est sa main.

             Il a ouvert cette porte au moment où je m’apprêtais à le faire et vient de me rattraper dans ma chute.

             Hébétée, je ne dis rien tandis que, droit comme un « I » et une expression indéchiffrable sur les traits, il ne semble pas vraiment s’en préoccuper. Sa paume demeure de la chute du creux de mes reins et il se tait, se contentant de me regarder.

— Hé ! Toi ! La gamine ! cingle la voix de tantôt.

             Le regard de Suna se lève en direction de l’homme nous interpellant. Abasourdie, je ne bouge pas, pour ma part. Je ne peux lire d’expression sur le visage du châtain, ne sait ce qu’il pense. Mais, un instant après avoir lancer un coup d’œil à cet homme, la paume dans mon dos me presse brutalement en avant.

             Mon torse percute le sien. Je me retrouve plaquée à lui, son maillot et ses effluves, son corps chauffé par le match qu’il vient de disputer. Une dense torpeur m’enivre soudain. Mes entrailles se torde quand mes paumes et ma joue trouvent sa poitrine.

             Derrière nous, la porte se ferme. Le cliquetis du verrou résonne. Il nous a attiré, seuls, dans la pièce derrière la porte.

— Tout va bien ?

             Sa voix grave me fait tressaillir. Encore étouffée par la dense chaleur émanant de son corps, les yeux écarquillés et les mains ainsi que l’une de mes joues posées sur ses pectoraux, je n’ose répondre dans un premier temps. Ma gorge est nouée et mes yeux, écarquillés. Je ne parviens à exécuter le moindre geste.

             Sa paume demeure sur le bas de mon dos mais je suis trop sonnée pour réagir. Tout est allée trop vite.

— (T/P) ? insiste-t-il.

             Mon prénom. Dans sa bouche. Cela fait bien des années que je ne l’ai pas entendu.

             Aussitôt, je me redresse, m’écartant de lui. Mes joues sont chaudes et mes entrailles se tordent. Rarement je n’ai ressenti un tel embarras. Mon hurlement dans le gymnase, ma fuite ridicule, la porte percutant mon nez et mon moment de distraction alors que Suna me parlait… Tout cela vient de s’enchainer à une vitesse trop impitoyable pour mon égo.

             Relevant les yeux, je croise les iris émeraudes de Suna. Péniblement, je déglutis. Il me fixe ardemment. Entre ses longs cils, son habituel expression désintéressée plaquant ses traits, je manque de prolonger mon silence, soudain sonnée.

             Mais je me rattrape bien vite.

— Je… Oui ! Je pensais pas que tu serais derrière la porte ! Mais bon c’est logique que tu sois ici puisque c’est…

             Mon regard se promène rapidement autour de moi et, avec horreur, je remarque les deux rangées de casier bleus entourant le banc de bois devant lequel il se tient, le carrelage blanc composant les murs et sol ainsi qu’une arcade menant à ce qui m’apparait clairement comme étant des douches collectives. A l’exception de nos deux seules présences, le lieu est vide.

             Mes yeux s’écarquillent. De toutes les pièces, il a fallu que j’atterrisse dans celle-ci.

— …les vestiaires des hommes, je termine dans une inspiration particulièrement embarrassée.

— Et moi je ne m’attendais pas à te voir ici tout court, me répond-t-il simplement, son regard glissant sur moi.

             Me voilà assez déconcertée par la façon qu’il a de me détailler, soudainement. Ses iris, d’abord sur mon visage, s’arrêtent un instant sur mon cou avant de descendre sur mon buste puis mes jambes. Ma tenue d’aujourd’hui consistant en un simple jogging et un tee-shirt, je suis pour le moins gênée.

             Alors, tentant de combler le silence s’installant entre nous deux, je décide d’expliquer ma présence :

J’étais venue voir le tournoi amical des petits, dans l’autre aile. Et quand j’ai appris que des pros en faisaient aussi un amical et que l’entrée était donc gratuite, je me suis décidée à venir vous rendre visite.

— Tu ne savais pas que j’étais là ? demande-t-il. Et tu es restée pour moi ?

             Mal à l’aise à cause de cette formulation, j’acquiesce néanmoins légèrement la tête. A ce geste, ses yeux se plissent légèrement quand il les pose sur mes lèvres. Celles-ci me brûlent à ce regard.

             Seulement il s’en détourne bien vite.

— Ton équipe n’est pas là ? je demande pour relancer la conversation, regardant autour de moi en jouant nerveusement avec mes doigts.

— Ils fêtent la victoire.

— Sans toi ? je m’étonne en me tournant brusquement vers lui. Ils te la doivent, cette victoire !

— C’est moi qui ai demandé à partir plus tôt.

             Mes sourcils se froncent avant que je ne réalise qu’il porte un manteau par-dessus ses vêtements de sport, ce qui signifie qu’il n’a pas pris le temps de se doucher et qu’il tient son sac. Il était sur le départ. Je l’ai interrompu alors qu’il s’apprêtait à partir en urgence.

             Reculant d’un pas, je lui laisse la voie libre jusqu’à la porte.

— T’es attendu ! Je suis désolée de t’avoir freiné alors que tu partais ! J’avais pas compris !

             Mais il ne bouge pas d’un poil. Au contraire.

             Lâchant soudainement son sac, il laisse celui-ci s’écraser au sol avant de retirer son manteau. Perplexe, je le vois faire de même avec ses chaussures qu’il laisse à côté du banc. Je l’observe, médusée.

— Je suis pas attendu. Je t’ai vu partir au coup de sifflet et je voulais être sûr de t’intercepter. Mais maintenant que t’es là…

             Sans même me laisser le temps de réaliser ses actions, il retire son maillot blanc. Aussitôt, ses pectoraux et biceps développés par les nombreuses frappes qu’il a exécutées ainsi que ses abdominaux me sautent aux yeux. Sa peau pâle s’étend sur les formes de son torse.

— …J’ai tout mon temps et je vais prendre une douche.

             Ecarquillant les yeux, je me retourne vivement au moment où, saisissant sa ceinture, il abaisse son pantalon ainsi que son caleçon. Abasourdie, je me raidis.

— Mais tu vas pas prendre une douche alors que je suis là ! je m’exclame, abasourdie.

             Dans mon dos, un faible rire me répond seulement. Mon cœur rate un battement à ce son. Il n’est pas dans ses habitudes de se montrer si…expressif.

             Remarque, que puis-je connaitre de ses habitudes, à présent ?

— Je serais rapide, lâche-t-il. Mais j’ai pas envie de te laisser filer.

             Un faible silence suit avant qu’il n’ajoute :

— Pas cette fois.

             Mes entrailles se tordent et j’écarquille les yeux, abasourdie. Ai-je bien entendu ? Qu’entend-t-il par ces trois mots ? Pourquoi ne peut-il pas tout simplement me demander de l’attendre à l’extérieur ? Ou alors prendre mon numéro de téléphone pour être sûr de pouvoir me recontacter ?

             Mes questionnements sont interrompus par le son de la douche s’allumant soudainement. Mes muscles se raidissent et une chaleur monte en moi. Il est là. A quelque pas de moi. Entièrement nu. Et cela ne semble pas le déranger le moins du monde.

             Encore ce matin, quand je me suis levée et emparée des premiers vêtements me tombant sous la main, jamais je ne me serais attendue à revoir Suna dans le courant de la journée — sinon, qu’importe les années écoulées, j’aurais de toute façon choisi une tenue bien plus attrayante.

             Mes souvenirs de lycée remontent à la surface. Tout me revient distinctement. Mon excitation quand j’apprenais qu’un match allait avoir lieu. Mon sourire dans les gradins tandis que je le fixais, un mélange de fierté et d’admiration gonflant ma poitrine.

             Il était l’ami d’un ami, à cette époque. Je me suis toujours demandée s’il me considérait de cette façon ou comme une personne tout aussi proche de lui que ne l’était notre connaissance en commun. Car nous ne nous voyions que lorsque d’autres étaient présents.

             A plusieurs dans les gradins, nous l’encouragions. Une dizaine autour d’une table, nous mangions. Suna ne se montrait jamais bien bavard. Quant à moi, je ne l’étais que lorsqu’il était absent, craignant de me ridiculiser en discutant trop et trop fort.

             Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps avant de réaliser que mon regard le cherchait toujours lorsque je passais à proximité de son lycée ou même assistais à un match, quand bien même il n’y jouait pas. Il s’agissait d’un réflexe.

             Ses iris émeraudes me rassuraient. Quand bien même il ne m’adressait pas la parole et ne laissait voir aucune expression sur son doux visage, j’appréciais sa présence, le calme émanant de sa personne et l’élégance de son jeu lors de matchs.

             Avec un certain embarras, je me rappelle même des scènes que je m’imaginais le soir avant de dormir. Moi qui suis transférée dans son lycée et dans sa classe. Lui qui me propose de devenir sa manager même si je n’avais pas les compétences ni n’étais dans son école. Une tempête condamnant une porte et nous obligeant à passer des heures ensemble. Ou lui qui me regarde en train de faire une activité dans laquelle j’excelle, les yeux aussi admiratifs que les miens lorsqu’il se trouve dans un gymnase.

             J’étais bien ridicule, à l’époque. Mais rêveuse.

             Bien sûr, aucune de ces scènes n’est jamais arrivée. Les années se sont écoulées et j’ai pris la route de l’université avec la certitude de ne jamais le recroiser un jour. Parfois tout de même, mon cœur s’affolait en croyant le voir au détour d’une rue.

             Mais il s’avérait toujours être quelqu’un d’autre.

             Tant et si bien que, tout à l’heure, lorsque mes yeux se sont posés sur lui, je n’y ai d’abord pas cru. Atterrée, je l’ai bien fixé durant un moment, détaillant la sueur coulant entre ses muscles saillants, les quelques mèches humides plaquées à son front ainsi que l’ardeur de ses yeux émeraudes.

             Et c’est précisément ceux-là, ces iris inimitables, qui ont achevé de me convaincre.

— Tu vois, c’était pas si dur, retentit soudain une voix dans mon dos.

             L’intervention de Suna me tire de mes pensées. Je réalise soudain que le bruit de la douche s’est interrompu depuis un petit moment et qu’il s’est rapproché. Je me retourne alors, songeant qu’il s’est sans nul doute rhabillé depuis tout ce temps.

             Mais, lorsque je me retrouve face à lui, mes yeux tombent directement sur son torse dénudé. Ses muscles saillants me sautent aux yeux, ainsi que les quelques gouttes d’eau mal séchée roulant encore entre les sinus de son corps.

             Ma gorge se fait raiche.

— Je croyais que tu étais trop timide pour me voir nu ? résonne soudain la voix froide de Suna.

             J’écarquille les yeux à l’instant précis où il enfile son sweat.

— Je ne suis pas timide ! je rétorque.

             Saisissant son sac posé sur le ban, il avance jusqu’à moi. Rapidement, la distance entre nous s’efface et, s’arrêtant juste devant moi, son torse touchant presque le mien, il laisse une dense chaleur s’élever. Rapidement, l’air s’épaissit quand ses yeux émeraudes me fixent avec ardeur.

             Soudain, un rictus étire l’un des coins de ses lèvres. Infime. Moqueur. Le premier qu’il ne m’ait jamais adressée. Et même le premier que je le vois esquisser, lui qui a pour habitude de demeurer stoïque en toute circonstance.

             Malgré moi, mes cuisses se serrent quand, saisissant mon menton entre son index et son pouce, il lève légèrement mon visage en sa direction et lâche :

— J’espère bien que non.

             Pantoise, je ne rétorque rien durant quelques secondes.

             Puis, m’empêchant définitivement de répondre, quelques coups violents se font entendre, de l’autre côté de la porte. Des voix se mettent à hurler, quelqu’un tire la poignée afin d’ouvrir.

             Mes muscles se raidissent.

— SUNA ! PUTAIN POURQUOI T’AS FERMÉ !? retentit une voix.

— ON DOIT TOUS PRENDRE UNE DOUCHE, JE TE SIGNALE !

— ALLEZ ! MAGNES-TOI D’OUVRIR !

             Son équipe. Ils sont revenus de leur célébration.

             Si Suna s’exécute et ouvre la porte, les laissant entrer, une dizaine d’hommes transpirant de sueur vont débarquer et se déshabiller autour de moi pour aller aux douches. En revanche, s’il ne fait rien — choix pour lequel il n’optera pas, de toute façon —, ils vont sans doute tenter de défoncer la porte.

             Et même si nous nous contentons de nous en aller directement, je n’ai strictement aucune envie de passer devant une dizaine de paires de yeux braquées sur moi et doublées de rires gras qui vont se demander ce que je pouvais bien faire, seule, dans les vestiaires masculins avec un des joueurs qui a visiblement changé de vêtements.

             Suna semble remarquer mon désarroi car, soudain, la sensation d’une étoffe lâchée sur mon visage me fait sursauter. Celle-ci, emplie d’une profonde odeur mêlant sueur et déodorant, est blanche et ornée par endroit de jaune.

             Il ne m’est pas compliqué de reconnaitre le maillot du garçon.

— Gardes ça sur la tête et ils ne te reconnaitront pas, lance-t-il en enserrant soudain mes épaules de son bras, refermant sa paume sur l’une d’entre elle.

             De ce geste, il me rapproche brutalement de sa personne, nous forçant à nous presser l’un à l’autre. Ma respiration se coupe brièvement à ce contact.

             Le dos droit, il nous guide jusqu’à la porte et je me crispe lorsque, de l’index, il défait le verrou. Aussitôt, la porte s’ouvre à la volée sur des dizaines de visages hurlants et riants entre eux ou nous regardant. Les conversations vont de bon train. Beaucoup fête la victoire ou sont exaspérés de ne pas avoir pu accéder plus tôt aux vestiaires.

             Mais, bientôt, quand tous les yeux remarquent une silhouette à côté de lui, ils s’écarquillent. Les cris et rires se muent en paroles égarées puis en murmure et, enfin, en silence.

             Nul ne pipe mot. Tous se taisent. Et, sous le maillot de Suna, bien que je ne puisse rien voir, je sens aisément leurs regards sur ma personne. Mes entrailles se tordent et ma gorge se serre. Je vais sortir d’ici.

             Vite.

— Suna ? Qui c’est ? siffle une voix devant moi.

— C’est le rendez-vous dont tu as parlé tout à l’heure ?

— Pourquoi on peut pas voir sa tête ?

— T’as honte ? Elle est pas belle ?

             Les paroles se mettent vite à fuser autour de moi et, n’ayant pas refusé le maillot du châtain pour ne pas paraitre irrespectueuse, je me sens bien bête, à présent. Car me présenter, tête nue, aurait sans doute attirer bien des regards et blagues salaces.

             Mais là, je ressemble juste à une abrutie.

             Semblant sentir mon malaise, la main de Suna sur mon épaule me presse un peu plus contre lui. Aussitôt, une dense chaleur se répand en moi. La lycéenne que je suis exulte de l’intérieur.

             A l’époque, je n’ai jamais imaginé ce scénario avant de dormir mais je l’aurais adoré.

— Bien sûr que si, elle est jolie. Je veux juste passer sans encombre, lâche-t-il de son habituel ton flegmatique.

             Mes joues chauffent quand mon estomac se retourne. Il vient de dire qu’il me trouvait jolie. Et même que c’était évident. Les années ont passé mais mon cœur bat à tout rompre. Son odeur, sa chaleur, son bras autour de mes épaules, son geste protecteur, ses mots…

             Je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, sous le maillot blanc.

— Ah ouais, désolé, Suna…, retentit une voix masculine légèrement gênée, dans l’assistance.

             Mais l’intéressé ne le laisse pas continuer. Resserrant sa prise autour de moi, il me pousse légèrement pour m’indiquer d’avancer. Puis, en même temps, il se remet à marcher et nous quittons rapidement le petit groupe.

             Dans notre dos, quelques rires et remarques graveleuses nous suivent pendant que nous progressons. Bientôt cependant, j’aperçois devant mes pieds le début d’une porte coupe-feu bordeaux. Celle-ci s’ouvre. Je devine qu’il vient de la pousser.

             Bientôt, je la franchis et, quand il referme derrière nous, le maillot quitte aussitôt ma tête. Il vient de le retirer.

             Hébétée et encore embarrassée, je garde les yeux rivés sur les escaliers gris durant de brefs instants avant de me tourner à nouveau vers Suna. Ses iris émeraudes accrochent aussitôt les miennes et, l’estomac se nouant, je le vois les égarer un instant sur mes lèvres avant de se reconcentrer sur moi, jetant le maillot sur son épaule droite.

             Mon estomac se retourne.

— C’était pas le plan le plus ingénieux mais au moins ils te feront aucune remarque quand ils te recroiseront, lance-t-il en me dépassant, prenant le escaliers.

             Mes yeux s’écarquillent. Me recroiser ?

             Réalisant qu’il commence à descendre sans moi, je m’élance rapidement à sa suite. Pressant le pas, je dévale les marches afin d’atteindre sa hauteur. Légèrement embarrassée, je ne dis rien pendant un faible moment tandis que, les mains dans les poches, il fait de même.

             Quelle va être la suite, à présent ? Soit nous rentrons tous les deux chez nous, prenant des chemins séparés. Soit…

— Des ramens, ça te dit ? lance sa voix à ma gauche.

             Mes sourcils se froncent. Il remarque ma surprise.

— Pour manger, ce soir. Ramens ? Pizzas ? Sushi ?

             Une dense chaleur se répand en moi. Il compte bel et bien manger avec moi.

— Ramen ! je lance, décidée.

             Elle reste encore la moins chère des trois options et nous sommes en fin de mois, chaque centime est précieux.

             Il acquiesce lentement, ne me faisant aucune remarque sur mon geste évident pour économiser. Cela fait partie des choses que j’appréciais chez lui, à l’époque. Etant d’un naturel silencieux, il ne se prononce que rarement et ne se permet aucune remarque déplacée.

             Certains feraient bien d’en tirer des leçons.

             Posant son pied sur la dernière marche, il me distance de quelques pas avec ses grandes jambes, les mains toujours fourrées dans les poches et lâche de son habituel ton flegmatique – quoi qu’un peu plus jouasse qu’à l’accoutumée :










— Va pour des ramens, alors.



































             Les murs noirs de ce lieu sont traversés d’écriture japonaises blanches. Suspendus au plafond, des fils transparents si finissent en globes de cristal où vivent des fleurs et plantes particulièrement douces au regard. Des guirlandes d’ampoules illuminent les lieux et tous les meubles sont faits dans le même bois.

             Je ne connaissais pas cet endroit et y mets maintenant les pieds pour la première fois. Mais j’avoue me sentir bien dans ce lieu. Il est vraiment agréable à regarder et une délicieuse odeur y règne.

— Salut, Suna ! lance une voix derrière le comptoir.

— Salut, David ! rétorque-t-il.

— Accompagné, hein ? C’est la première fois que ça nous arrive, ça ! lance le rouquin avec un sourire aimable à mon attention.

             Aussitôt, mon corps chauffe et je n’ose risquer un regard en direction du châtain. La première fois ? Vraiment ? Je suis la première personne qu’il emmène dans ce lieu ? Mes entrailles se tordent.

             Ce n’est qu’un diner de retrouvailles entre amis. Alors pourquoi je me sens aussi troublée ?

— Toi, c’est l’habituel mais ton amie ? lance l’homme quand on atteint le comptoir avant de se tourner vers moi. Tu prendras quoi ?

             Mes yeux se posent sur les tableaux accrochés au-dessus de sa tête, dans son dos. Très vite, ils balayent le menu, craignant de les faire attendre. Quand, soudain, un nom spécifique attire mon attention.

             Je n’hésite pas longuement.

— Le Emerald Bowl, s’il-vous-plaît.

             Les yeux rieurs de David se posent sur moi avant de se poser sur les yeux de Suna qui, à côté, ne dit rien. Il a compris. Embarrassée à l’idée que le joueur ait, lui aussi, saisit la raison de mon choix, je lui lance un rapide coup d’œil.

             Son nez fin pointe en direction du caissier tandis que ses iris impassibles encadrés par de longs cils restent fixées devant lui. Il ne laisse rien deviner de ses émotions. Imperturbable. Fidèle à lui-même.

             Le rouquin insiste quelques instants avant de se résigner et simplement m’annoncer le prix avec un sourire.

             Aussitôt, je plonge la main dans ma poche, prête à sortir ma carte mais, avant d’avoir pu exécuter le moindre mouvement, Suna dégaine la sienne et la pose sur le débiteur noir que David me tendait. Quelques secondes après, une lumière verte s’allume, affirmant que le montant a bien été encaissé.

             Les sourcils de David se haussent.

— Euh…, hésite-t-il. C’était juste les ramens de ton amie, ça… Pas les tiennes…

— Alors je vais payer les miennes maintenant…

— Non, je vais les payer ! j’interviens aussitôt, embarrassée par l’erreur de Suna.

             Comme sa commande a été prise avant la mienne, il a logiquement cru qu’il était le premier à devoir payer. Ce qui n’était pas le cas. Notre plat coûtant le même montant, je n’ai plus qu’à le rembourser en prenant en charge son bol.

             Mais je n’ai le temps de faire un pas de plus que, sans même me lancer un regard, le châtain tend le bras vers moi et pose sa paume sur mon front, m’empêchant d’avancer davantage. Mes yeux s’écarquillant, j’exécute un pas de côté mais il garde sa main sur moi tout en tendant à nouveau sa carte.

— Suna ! je m’exclame en forçant vainement une action contre sa main. Suna, qu’est-ce que tu fais !?

— Je paye, ça ne se voit pas ? me demande-t-il.

— Mais t’as craqué !? T’as payé mon plat par accident, je paye le tiens !

             Mais la lumière verte s’allume de nouveau sur le débiteur. Le paiement a été accepté. Résignée, j’abandonne ma lutte contre la paume de Suna et laisse tomber mes bras de chaque côté de mon corps, le foudroyant du regard.

             Non seulement il m’embarrasse en payant à ma place mais il me traite comme une gamine turbulente.

             Ôtant enfin sa paume de mon visage, il acquiesce quand David lui informe que nous serons servis dans une dizaine de minutes et désigne une table au fond encadrée par deux banquettes. Légèrement gênée, je reste debout quelques secondes durant à les fixer.

             Un endroit reculé, dans la pénombre. Un coin qui semble être propice au rendez-vous galant.

             Bien vite néanmoins, Suna me tire de mes pensées.

— Je comptais payer quoi qu’il arrive, tu sais ? T’avais pas besoin de t’énerver.

— Je ne me suis pas énervée ! Mais t’avais vraiment besoin de m’arrêter comme si j’étais une gosse ? je le sermonne.

— Facilement susceptible, hein ? lâche-t-il avec malice en penchant la tête sur le côté.

             Puis, posant la main sur mon crâne, il ajoute :

— Comme au lycée !

             Mes sourcils se froncent.

— Comment ça, comme au lycée ? J’ai jamais été susceptible ! je m’exclame tandis qu’il me dépasse, rejoignant la table.

— Bien sûr que si, tu l’as toujours été, lance-t-il en s’asseyant. Quand Kita a fait cette remarque, sur tes vêtements.

— Quelle remarque ? je demande.

— La blonde, je me souviens plus de son nom, elle avait demandé à Kita ce qu’il pensait de tes vêtements et il avait dit que la combinaison de couleur ne lui plaisait pas. T’étais vexée comme un pou.

— N’importe quoi ! je rétorque en prenant à mon tour place en face du garçon. J’ai rien dit !

— Non mais t’as tiré une tronche de dix pieds de long le restant du repas.

             Son ton n’est même pas moqueur. Sa voix demeure stoïque et tenue, comme s’il se contentait d’énumérer des faits. Et là est le plus déroutant.

— Non, c’est faux.

— Je t’ai observé le restant du repas et tu faisais la tête, insiste-t-il. Tu parlais même pas.

— Et je peux savoir pourquoi tu m’observais si je parlais pas ? je demande dans un sourire malicieux, ravie de l’attraper à son propre piège.

— Je croyais que tu étais constipée.

             Quoi ?

             Mon rictus fane immédiatement face à son air sérieux. Moi qui ai cru, le temps d’un instant, que mon attirance avait pu être réciproque. Avec ses allusions sur son envie de ne pas me laisser filer et mon physique qu’il trouve attrayant en plus du fait de me payer à manger, je me suis laissée bercer.

             M’éclaircissant la gorge, je tente de reprendre un peu de contenance.

— Pour ta gouverne, ce n’est pas la remarque de Kita qui m’a blessée puisque ce n’était pas dit méchamment et il est juste du genre honnête. Akira aimait juste rabaisser les filles de notre groupe quand les joueurs de volley de votre école mangeaient avec nous, je lâche.

— Akira ? répète-t-il.

— Celle qui a demandé ce que Kita pensait de ma tenue ou encore qui t’avait fait remarquer pas mal de fois qu’elle se maquillait pas, contrairement à moi et Emiko.

             Ses yeux se lèvent un instant, comme s’il se plongeait dans ses souvenirs. Mais les secondes passent sans qu’il ne donne signe du moindre recouvrement de mémoire, à mon grand étonnement.

             Cette fille était tout de même assez clairement attirée par lui.

— Elle t’a demandé d’aller diner avec elle, un soir, j’insiste.

             Là, ses sourcils se haussent.

— Je m’en souviens, elle m’a traité de connard après. Je n’ai jamais compris pourquoi.

— Parce qu’elle te proposait un rencard, je lâche en retenant un rire au souvenir des messages vocaux furieux qu’elle avait envoyé sur notre groupe commun après la soirée. Et toi tu nous as tous prévenus donc on est tous venu.

— Un rencard ? demande-t-il. Mais pourquoi faire ?

             Mes sourcils se froncent face à son air sincèrement interrogatif. Est-il stupide ?

— Bah… Je vais quand même pas te faire un dessin… Elle t’aimait bien…

— Ah bon ?

— T’es vraiment long à la détente, toi, je fais remarquer en haussant un sourcil.

— Pourquoi tu dis ça ? Je peux me montrer rapide, rétorque-t-il, ses sourcils se fronçant légèrement. Je suis réactif.

— En volley, sans doute mais alors t’es franchement à la ramasse en termes de sentiments, je rétorque tandis qu’un serveur passant abandonne deux bols de chips et deux verres remplis d’eau fraiche. Merci.

             Suna acquiesce en direction de l’homme en guise de reconnaissance et reprend quand celui-ci s’en va.

— Tu crois ? insiste-t-il, sa mine toujours aussi sérieuse plaquée sur ses traits.

— J’en suis sûre, je rétorque. Elle était quand même assez clairement amoureuse. Tu l’as jamais remarqué ?

— Je faisais pas attention à elle. Elle était agaçante.

             Mes sourcils se haussent. Je pioche dans le bol noir.

— Vachement agaçante, effectivement, je ris doucement. C’est pour ça que vous passiez vos nuits à discuter par message.

— Je n’ai jamais fait ça, répond-t-il simplement.

             Aussitôt mes sourcils se froncent. Les yeux émeraudes du châtain me fixent, impassible. Son expression sérieuse ne me laisse pas savoir s’il ment ou blague. Mais je connais la vérité.

             Il y a quelques années, quand j’ai admis mon crush pour lui aux filles, Akira s’est empressée de me montrer leurs conversations plutôt intimes, assurant qu’elle voulait que je réalise pleinement qu’il n’était qu’un garçon frivole ne cherchant pas la stabilité.

             J’ai eu beau mémoriser les messages, les retourner dans tous les sens, tentant de trouver une explication, je me souviens avoir finalement renoncé à l’approcher en partie à cause d’eux, me retirant dans mon coin et me contentant de l’observer de loin. J’ai cessé d’essayer de lui parler. Il n’a pas non plus fait de gestes en ma direction.

             Une citation aussi banale que redondante apparait souvent sur les réseaux sociaux. « Si tu cesses d’envoyer le premier message, tu réaliseras que beaucoup ne souhaite pas engager la conversation, en fin de compte. » Et même si ce genre de compte inspirant pullulent et s’épanouissent dans la médiocrité, alignant des dizaines de photographies bateaux avec des phrases toute faites, celle-ci en est en réalité véridique.

             Alors, lorsque je me suis refroidie, suite à cette découverte, et n’ai pas cherché à aller lui parler à notre suivant rendez-vous, j’ai été d’abord soulagée qu’il ne vienne pas à ma rencontre, ne voulant songer de nouveau aux écrits très explicites et photographies déplacées.

             Mais, la fois d’après, mon moral s’en est trouvé miné alors je l’ai salué. Lorsque j’ai entendu le ton dénué d’intérêt avec lequel il m’a répondu, j’ai enfin pleinement réalisé que je ne l’intéressais pas.

             Et, ne voulant me ridiculiser en m’entêtant, je me suis alors contentée de renoncer et le laisser poursuivre sa relation sexuelle avec Akira.

             Voulant dissimuler mon trouble et aussi un soupçon de jalousie résiduelle de l’adolescente blessée que j’étais à ce moment-là, je me contente d’un pouffement amusé avant de secouer mollement la tête.

 Je sais que c’est privé donc t’inquiètes pas, je te charrierais pas là-dessus, t’as pas à en avoir honte.

— J’ai honte de rien du tout, rétorque-t-il simplement. Je n’ai juste jamais eu le numéro de cette fille.

             Je fronce les sourcils, suspicieuse.

— Alors comment elle a pu te contacter pour te proposer un rencard ? je demande, étonnée.

— Elle m’a ajouté sur Instagram pour le faire, répond-t-il.

             Me voici désarçonnée. Il semble honnête et sincère. Son ton est stable, il me regarde dans les yeux et demeure droit sans être raide.

             Si elle avait eu son numéro de téléphone à l’époque, pourquoi s’embêter à aller sur les réseaux sociaux ? Tout cela n’a aucun sens. Et surtout, s’ils avaient l’habitude d’échanger toutes les nuits comme je le crois, je ne saisis pas les raisons pour lesquelles ils ne se seraient pas mutuellement suivis sur Instagram depuis bien avant.

             Hébétée, je ne sais quoi répondre. En face de moi, Suna pianote sur son téléphone. D’abord légèrement vexée de ce flagrant désintérêt, je mords dans une chips. Mais, soudain, il me tend son écran.

             Intéressée, j’essuie rapidement mes doigts avant de le saisir. Sous mes yeux s’étend une conversation Instagram remontant à plusieurs années et assez longue. Le pseudo de la jeune femme m’est familier. Elle ne l’a pas changé depuis. Et son visage souriant se fait voir dans le cercle en haut, bercé de cheveux à présent méchés de rose.

             Un point vert m’indique qu’elle est actuellement connectée.

             Mon cœur se serre quand je remonte la conversation. Qu’importe ce qu’il en dit. Ils ont énormément parlé.

 @Akiiiira_

— Hey ! ^^ Jsp si tu voi ki je suis, je suis avc les personnes qui mange souvent avc toi aprè ts matchs UwU :3 et en parlant de mangé, un resto, sa te dit ? <333 (le prend pas amour, je suis qqun d’affective) ~

 @SunaRintaro

— *je ne sais pas *tu vois *qui *avec *les personnes qui mangent *après *tes *en parlant de manger *restau *ça te dit *ne le prends pas *amoureusement *quelqu’un d’affectif


             Brutalement, je relève le visage en direction de Suna, déjà terriblement embarrassée par le peu de contenu que j’ai pu voir dans cette conversation. Mais, aussitôt, ses iris sérieuses se font pressantes et le contact visuel est tellement insoutenable que je retourne à ma lecture.

             Quoi que ma gêne croisse en remarquant qu’après avoir corrigé la moindre faute, il n’a pas répondu et qu’elle a été obligé de le relancer.

 @Akiiiira_

— Ah oe dsl UwU ^^ g qq pb ortografique mai je travaille dessu :3

 @SunaRintaro

— *Ah, *ouais *désolée *j’ai *quelques problèmes *orthographiques *mais *dessus

— Pas assez visiblement.

             Mes yeux s’écarquillent. Je n’ai que rarement été aussi embarrassée par une conversation. Celle qu’Akira m’avait montrée était d’un tout autre niveau — les fautes étaient aussi conséquentes d’un côté que de l’autre.

             Alors j’avoue surprise. On ne dirait vraiment pas le même Suna.

 @Akiiiira_

— c ps grv :3 ducou tu voi ki je suis ? <33

 @SunaRintaro

— *ce n’est * pas *grave *du coup *vois *qui

— L’amie de (T/P), c’est ça ?


             Mon cœur rate un battement en voyant mon prénom. Jamais je n’aurais cru que Suna remarquerait davantage ma personne que la sienne. Elle était tellement plus jolie et extravertie.

 @Akiiiira_

— oeee !!!! je la conné UwU c 1 pote génial !! elle è magnifik mé à ps confience en el (c pr sa elle met bcp de makillage je lui di 2 faire kome moo pr etre + naturel mé elle veu ps)

             Mes sourcils se froncent. Qui sort une phrase pareille au garçon attirant son amie ? Et surtout que le sujet de la confiance en soi n’a pas été abordé, il lui demandait juste si elle me connaissait et était mon amie.

             La réponse est non, visiblement.

 @SunaRintaro

— *ouais *c’est *une *géniale *est *magnifique *mais *n’a *pas *confiance *elle *c’est *pour *ça *que elle *beaucoup *maquillage *dis *de *comme *moi *pour *être *plus * naturelle *mais *ne veut *pas

— Si ça lui plait je ne vois pas le problème.


 @Akiiiira_

— oe mai ls filles kome sa c superficiel c dommage elle e joli

 @SunaRintaro

— Aussi superficiel que tes cours d’orthographe ?


 @Akiiiira_

— hihi >_< tu me geneu !!!! haha t drole c ps bien d’etre mechan

— tu me tro rire t super drol !!!

 @SunaRintaro

— Ok.


 @Akiiiira_

— je té vexé ? faux-pas UwU !! jm bcp (T/P) je ve juste qu’el se sente bien

— elle met bcq makillage pcq elle se sent ps bien elle devrait faire kome moo. J’en met jms pcq jsuis pa dans sa, mkillage, ongles et tt

— jsuis ps kome ls autres meufsn ki parlent que de gas, pas comme (T/P) mé je ve le meilleur pour el donc j’essaye de l’aidé à chanG

 @SunaRintaro

— Elle est très bien comme elle est.

— C’est toi qui aurais besoin de prendre exemple sur elle.


 @Akiiiira_

— a dsl je savé ps ke monsieur été amoureu haha XD

 @SunaRintaro

— Maintenant tu le sais.

— Diner à l’endroit habituel à 20h mercredi.


             Mon regard se fige. J’écarquille les yeux et ma gorge se fait sèche. Est-ce que j’ai bien lu ce que je viens de lire ? Plusieurs fois, mes iris balayent le message, craignant de s’être trompées. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et je ne sais trop quoi dire.

« Maintenant tu le sais. »

             Il doit forcément y avoir une erreur, il a du mal s’exprimer.

             Hésitante, je relève le regard en sa direction. Il me fixe toujours de ses yeux émeraudes, imperturbable. Ses mains sont calmement posées sur la table tandis que, le visage aussi inexpressif qu’à l’accoutumé, il patiente.

— Satisfaite ? me demande-t-il.

— Euh…, je réponds, hésitante. Par rapport à ton dernier message…

             Ses sourcils se froncent. Visiblement, il ne s’en souvient pas. Je lui tends le téléphone, légèrement gênée. Et, à l’instant même où ses yeux tombent sur son écran, il verrouille celui-ci et dévie son regard.

             Atterrée, je vois soudain des tâches rougeâtres couvrir ses pommettes tandis que, évitant toujours un contact visuel, il lâche :

— Je voulais qu’elle arrête donc j’ai improvisé. T’inquiètes pas je veux pas te mettre mal à l’aise, il n’y avait rien.

             Aussitôt, la faible lueur d’espoir née dans ma poitrine s’éteint. Embarrassée, je penche la tête sur le côté.

— Ouais, t’inquiètes, je réponds dans un rire forcé. Je m’en doutais vu comment je te saoulais à chaque fois que je te saluais.

             Il m’observe, inexpressif et silencieux durant un bref instant.

— Tu ne me saoulais pas.

— Bien sûr que si ! je lâche en riant une nouvelle fois pour masquer mes yeux se brouillant sans que je ne sache réellement pourquoi. Quand je te parlais tu me répondais à voix basse et tu me regardais jamais. A un moment je me suis même dit qu’il valait mieux que j’arrêtes de te déranger ! Et t’es pas venue me voir donc…

             Aussitôt, ses lèvres s’entrouvrent et chaque trait de son visage retombe. Il semble avoir réalisé à l’instant quelque chose. Je le vois dans son air surpris.

— C’est pour ça que tu as arrêté de me parler ?

             Mon cœur rate un battement et je manque d’écarquiller les yeux. Je ne pensais même pas qu’il avait remarqué cela. Mais il semble s’être en réalité posé des questions sur mon silence-radio.

— Je… Oui…, je réponds, hésitante tandis qu’une serveuse dépose enfin nos deux bols sous nos yeux. Et j’avais l’impression que ça te convenait puisque tu… Enfin voilà, quoi… T’es pas venu me voir…

— C’était juste de la timidité, répond-t-il automatiquement.

— Toi ? Timide ? Une star du volley dans ton genre ?

— Oui. Timide.

             Il hésite un instant.

— Avec toi.

             Mes yeux s’écarquillent brutalement quand la voix grave de Suna prononce ces mots. Et mon cœur s’accélère face à ses joues rougies. Fuyant mon regard, il s’empare de ses baguettes tandis qu’un délicat fumet nous enveloppe.

             Est-ce réellement ce que je crois ?

— Je t’ai un peu menti quand je t’ai dit que j’avais dit ça pour faire taire Alina…, lance-t-il, hésitant.

             Je ne souligne même pas le fait qu’il ait affreusement mal prononcé son prénom, mon cœur battant trop vite dans ma poitrine en entendant ces mots. Se pourrait-il réellement qu’alors que je croyais cette attirance impossible, que j’ai explosée en sanglots en voyant les conversations qu’elle était censée avoir eu avec lui — alors qu’elle avait sûrement juste rebaptisé un autre contact —, que je suis restée figée sur son souvenir durant des mois après notre dernière rencontre, quelque chose aurait pu exister depuis tout ce temps ?

             Mais que, par la faute de l’obsession maladive de cette fille pour les garçons, j’en ai été privée ?

— Je craquais sur toi, admet-il. C’est pour ça que je t’observais pendant les repas et que je faisais en sorte que la chaise du fond soit libre parce que je savais que c’était ta préférée. C’est juste que j’étais assez timide à l’époque quand il s’agissait d’amour.

             Mon regard tangue. Je ne sais trop si cette nouvelle me déçoit profondément ou me rend euphorique.

             Ce n’est pas comme dans les films où les protagonistes éclatent de rire en réalisant qu’ils avaient eu, par le passé, une attirance l’un pour l’autre. Non. Cela n’a rien à voir. Car une amie voyant tous les jours mon air rêveur, m’ayant pris dans ses bras quand elle m’a montré ces soi-disant sextos, ayant insulté Suna de tous les noms, prétendant être furieuse du mal que cela me faisait savait.

             J’étais réellement amoureuse. Elle m’a vue très peinée par la situation.

             Mais elle n’a rien fait.

             Je pince mes lèvres, nerveuse. En face de moi, Suna n’ose toujours pas me regarder. Mon cœur blessé se réchauffe légèrement à cette vision si attendrissante de sa timidité. Ses iris fuyantes émeraudes s’harmonisant à ses joues rouges.

— Je t’aimais beaucoup aussi, je ne peux pas m’empêcher de répondre et le sens aussitôt se redresser. Akira le savait mais m’a dit que tu étais un playboy et m’a montré quelques photos d’une conversation avec un autre mec en disant que tu étais lui. Puis, le soir du diner, elle a raconté que t’étais qu’un connard égoïste qui fuyait les relations amoureuses et que c’était pour ça que t’avais transformé un rendez-vous galant en réunion amicale.

             Mon cœur se serre quand je vois l’éclair de douleur dans ses yeux. Il n’a toujours pas touché à ses ramens. Comme si son appétit était coupé.

— Tu pensais vraiment ça de moi ? demande-t-il, ses sourcils se haussant.

             Rares ont été les occasions pour moi de lire en lui comme dans un livre ouvert. Mais, présentement, sa peine est si explicite qu’une douleur aigue me prend à la poitrine. Je me sens minable d’avoir pu croire une vipère que je prenais pour une amie.

— Désolée…, je réponds simplement.

             Il baisse les yeux, faisant trainer ses baguettes entre les nouilles. Je l’imite, me sentant soudain minable quand une vibration retentit. Il a reçu un message.

             Voulant sans doute taire le moment d’embarras entre nous, il déverrouille son écran et saute sur cette distraction. Une note vocale a été laissée dans une conversation. A l’envers, je lis le prénom « Edward » sur son téléphone.

             Un rictus me prend. Je me souviens de lui. Le doigt de Suna appuie sur le triangle blanc. Aussitôt, nous ainsi que le reste du restaurant sursautons.

— PUTAIN ÇA C’EST MON POULAIN ! UN MATCH DE GAGNER ET TU RECROISES ENFIN LA MEUF QUE T’AIMES ! BORDEL T’ES UN LENT MAIS ÇA C’EST MON POULAIN ! ALLEZ SUNA ! LES MECS ?

— ALLEZ SUNA ! ALLEZ SUNA ! ALLEZ ! ALLEZ SUNA ! ALLEZ SUNA ! ALLEZ !

             Aussitôt la voix de dizaine d’hommes cantonnant des encouragements retentit-elle qu’il verrouille sans téléphone, rouge pivoine. Autour de nous, l’intégralité des personnes présentes nous dévisagent, un air réprobateur sur les traits. Et je ne peux m’empêcher de dissimuler en partie mon visage avec le menue.

             Quelques instants durant, les clients nous fixent. Puis, quand l’attention s’éparpille peu à peu, j’ose enfin lever les yeux vers le garçon assis devant moi. Toujours aussi cramoisie, il ne pipe mot, ses yeux concentrés sur son plat.











             Quelque chose me dit que le repas va être long.


































             L’atmosphère est plus détendue entre nous lorsque nous finissons par sortir du restaurant. Un sourire git sur nos lèvres et nous discutons de choses et d’autres. Ce que je craignais à l’origine après la conversation liée à Akira, à savoir que nous dinions dans un silence tendu, n’est pas survenu.

             Quelques questions sur le volley puis ce que je suis devenue ont suffi à relancer d’autres sujets de conversation.

             De plus, Suna s’est permis quelques questions intimes qui n’ont fait que tordre mes entrailles. Et je suis déjà pressée d’envoyer toutes sortes de messages à mes proches pour leur raconter ma soirée.

             Recroiser une vieille attirance de lycée encore plus belle qu’avant et découvrir qu’elle nous appréciait aussi est déjà particulièrement flatteur. Mais le voir tenter d’apprendre certaines informations sur moi est encore plus touchant.

— Donc tu as quitté le domicile parental ? résonne sa voix quand la morsure du froid plaque mes vêtements à mon corps.

             La nuit sombre est illuminée par les lampadaires. Je frissonne devant les voitures filant sur la route. Quelques passants traversent le trottoir. Nous faisons de même, côte à côte.

— Oui, je réponds en me tournant vers lui qui regarde au loin.

— Seule ? demande-t-il. Pas de colocation ou…de petit-ami ?

             Je n’ai le temps de répondre ou de prendre conscience de la signification d’une telle question. Une voix forte et éraillée résonne derrière nous.

— SUNAAAAAAAA !!!

             Mon sang se glace. Il se raidit à ma droite. Nous n’échangeons aucun regard. Mais nous avons compris. Et, serrant les dents, je fais de mon mieux pour canaliser ma main qui me démange sérieusement.

             Car des claques se perdent.

             Plaquant un sourire sur mon visage pour saluer la nouvelle venue que, malgré les années, j’ai reconnu, je réprime un rugissement de frustration. Sérieusement, même des années après, alors que notre groupe improvisé de potes n’existe plus, elle continue à nous emmerder ?

             Je n’ai le temps de voir ses longs cheveux blonds. Fondant à une vitesse ahurissante en direction du garçon, elle se jette sur lui, enroulant ses jambes autour de son corps et enfonçant son visage dans son cou. Se sentant basculer en avant à cause de ce nouveau poids et sans doute par réflexe plus qu’affection, il pose en retour ses mains sous ses cuisses.

             Mais mon cœur se serre à cette vision. Je suis atterrée.

             Eloignant son visage de son cou, elle le fixe quelques instants. Ses longs cheveux blonds semblent couler dans son dos tant ils sont soyeux, les quelques mèches roses ressemblant à des éclats. Sa peau, dépourvue d’imperfection, est tendue sur un visage parfait. Dans le genre de ceux visible sur les affiches publicitaires après de heures de montage.

             Mais, elle, elle n’a même pas de maquillage.

             Ses pommettes sont hautes et sa joue, légèrement creusée. Son nez en trompette surplombe des lèvres pulpeuses et son front est délicatement bombé. Son menton en absolument bien formé, remontant jusqu’à sa gorge sans s’affaisser légèrement comme chez n’importe qui.

             Mes entrailles se tordent. Quelques difficiles souvenirs me reviennent à cette vision. Comme ce soir de décembre où, pour fêter la fin d’années, elle avait pris une photo de nous deux nous faisant face, son profil fabuleux scintillant sous les lumières. Et, quand j’avais vu le mien, horrifiée par la différence entre nos deux visages, je lui avais demandé d’effacer la photographie.

             Mais elle l’avait tout de même publiée en affirmant que j’étais très belle et que cela m’aiderait à le comprendre.

             Quelques heures plus tard, une vingtaine de commentaires se moquaient de moi, disant que nous ressemblions à une publicité « avant / après » ou encore qu’il s’agissait d’une réécriture de La Belle et La Bête.

             Malgré mes demandes, elle n’a jamais supprimé ces commentaires ou même la photographie, se contentant de publier simplement dans ce même espace commentaire un petit mot disant qu’elle était profondément blessée par ces blagues. Ses fans l’ont alors félicité d’être empathique au point de ne pas aimer quand on la qualifiait de belle et décrédibilisait quelqu’un d’autre.

             Mais, au contraire, elle adore cela.

— Dès que j’ai vu ta story au restaurant, j’ai sauté ici ! s’exclame-t-elle. Je voulais tellement te revoir !

             Mon cœur se fige et mes yeux s’écarquillent. Elle l’a suivi jusqu’ici ?

— Tu peux descendre, s’il-te-plait ? demande-t-il en retirant ses mains de ses cuisses, maintenant sûr de ses appuis.

— Pourquoi, t’as peur que je te rende trop joyeux ? lâche-t-elle en fixant ses lèvres avant d’éclater de rire. Je rigole, je rigole ! Tu sais que je suis pas une fille comme ça, je me respecte !

             Mes poings se serrent. J’avais presque oublié que, dans l’esprit d’Akira, une femme perd de sa valeur si elle couche avec un autre homme. Et, selon elle, cette vision n’est pas misogyne mais, au contraire, féministe.

— Aucun risque, répond-t-il fermement. Mais cette position me plait pas et je suis avec quelqu’un.

— En couple ? répond-t-elle aussitôt en resserrant sa prise sur sa nuque de sorte à se plaquer à son buste. Mais c’est génial !

             Son rire est faux. N’importe qui peut le deviner.

             Ma douleur, quant à moi, est grande. Elle est parfaitement magnifique et sans aucune retouche, dégageant un parfum frais et naturel. Je me sens hideuse et inutile face à elle.

             Jalouse.

— Lâche-moi, ordonne-t-il alors, semblant avoir perdue patience.

             Feignant ne pas comprendre, elle éclate de rire. Alors, attrapant ses hanches, il tente de l’éloigner de lui mais son hilarité redouble d’intensité et, fermant plus franchement ses cuisses sur ses hanches elle se débat contre lui.

— Arrêtes, tu me chatouilles ! hurle-t-elle dans un gloussement.

             Je n’y tiens plus. Elle est beaucoup trop proche de lui. Et non seulement cela titillerait ma jalousie en temps normal. Mais je ne supporte pas qu’elle le touche de façon si déplacée alors qu’il n’est, de toute évidence, pas du tout d’accord avec ce qu’il se passe.

             Mon sang ne fait qu’un tour.

— Arrête ça tout de suite.

             Mon ton est froid. Ferme. Je ne hurle point ni ne hausse la voix mais cette dernière est si glaçante et retenue que tous deux se tournent en ma direction.

             Là debout devant elle, les poings serrés et mon regard fixé sur les mains de Suna essayant de la repousser, je n’en démords pas. Et je me fiche qu’il soit connu, que quelques personnes nous regardent déjà. Je ne tolèrerai pas qu’on manque de respect à qui que ce soit de la sorte.

             Et si je dois la tirer de là par les cheveux, je le ferais.

— Oh ! (T/P) ! lâche-t-elle aussitôt dans un sourire en quittant enfin Suna.

             Quand ses pieds se posent au sol, je suis d’abord surprise de constater que mon ordre a si bien fonctionné. Mais elle écarte vite mes quelques illusions en s’avançant vers moi, ses mains plaquées sur son cœur comme si elle était touchée.

             Son regard s’adoucit.

— Ça fait si longtemps qu’on s’est pas vues ! Tu m’as tellement manquée ! lance-t-elle. Je suis ravie de te voir mais qu’est-ce que t’as changée !

             Son regard se promène sur mon corps. Je me raidis en reconnaissant son habituel rictus moqueur qu’elle fait semblant d’essayer de déguiser. Puis, une fois arrivée à mon visage, elle fronce le nez, faussement joyeuse.

— Je suis contente de voir que tu te maquilles plus comme une voiture volée ! J’osais pas te le dire mais c’était tellement ridicule, ohlala ! Je me souviens quand t’avais essayé de mettre des faux-cils !

             A ces mots, elle éclate d’un rire sonore, posant une main sur sa bouche tandis que je me raidis, agacée et encore embarrassée.

             Ce jour-là, l’un de mes fameux faux-cils est tombé sans que je ne m’en rende compte. A cette époque, j’essayais d’oublier Suna. Et, sans même me prévenir du fait que l’un de mes accessoires manquait, elle m’a envoyé parler à un garçon pour me « changer les idées » et il s’est moqué de moi avec un de ses amis.

— J’en mets encore, je réponds froidement. Et ça me va très bien.

             Les années ont passé sans qu’elle ne change. Toujours aussi enclin à rabaisser les autres pour se mettre en valeur.

— J’en suis sûre, chérie ! me répond-t-elle en souriant de plus belle. T’as vu qui je viens de croiser ? Suna ! On devrait faire un truc ensemble, tous les trois ! Quelle chance qu’on soit comme par hasard tous ici au même moment !

             Je fulmine. Le fait-elle exprès ? Je me doute que Suna n’a pas précisé qu’il était avec moi dans sa story Instagram mais en nous voyant marcher côte à côte, elle a tout de même dû se douter que nos deux présences n’étaient pas anodines.

             Bien sûr qu’elle s’en doute. Elle joue juste l’abrutie pour saboter notre entrevue.

— On est venu ensemble et on aimerait le rester, répond durement la voix de Suna.

             Elle se tourne vers le châtain. Il la regarde en retour, les mains dans les poches et une expression fermement résolue sur le visage.

             A ces mots, les sourcils d’Akira se haussent et sa bouche se déforme à mesure qu’elle fait mine de réaliser ce qu’il se passe. Mon cœur se détend légèrement. Après cela, elle va sans doute comprendre que sa présence n’est pas la bienvenue et nous laisser tranquille.

             Seulement cela est sans comprendre la détermination de cette conne.

— Enfin, tu lui as proposé, (T/P) ! s’exclame-t-elle en se tournant vers moi, applaudissant légèrement d’un air excité. Je me souviens, t’étais obsédée par lui, au lycée ! On aurait dit le mec dans You, c’était flippant ! Mais je suis tellement contente que tu aies franchi le cap et lui ai proposé de sortir avec toi !

             Posant les mains sur ses hanches, elle adopte une moue malicieuse.

— D’ailleurs, petite cachotière, je savais pas que tu étais en couple avec un joueur de volley connu ! me nargue-t-elle, sachant précisément que ce n’est pas le cas et voulant me le rappeler.

             Mais je décide de jouer son jeu.

— Maintenant tu le sais.

             Derrière elle, je vois nettement les sourcils de Suna se hausser. Je fais de mon mieux pour ne pas flancher. Je ne sais trop ce qu’il vient de me prendre. Sans doute une envie profonde et prodigieuse de lui faire fermer son clapet.

             Pour la première fois depuis nos retrouvailles, elle laisse voir une expression sincère sur ses traits. De la surprise. Ses sourcils se haussent et ses yeux s’écarquillent.

— Oh, c’est… Magnifique ! lance-t-elle avec un engouement bien trop grand pour être honnête, cette fois-ci.

— Oui, je persiste d’une voix ferme malgré la chaleur intense que provoquent les iris de Suna encore braquée sur moi. 

             Acquiesçant à diverses reprises la tête, elle semble accuser difficilement le coup, prise à son propre piège. Quelques instants durant, un silence prend place suite à cela. Elle déglutit péniblement.

             Puis, souriant légèrement, elle lance en agitant la main en nos deux directions :

— On m’attend pour un contrat important. Les affaires, le succès, vous connaissez ! Enfin, pas toi, (T/P), t’es pas une célébrité ! Mais toi, Suna, t’as compris… Salut !

             Aucun de nous ne répondons.

             Médusée, je regarde sa silhouette s’en aller à mesure qu’elle tourne les talons. La connaissant, je me doute qu’elle a effectivement un rendez-vous sinon elle ne nous aurait pas laissé de sitôt. Mais je suis tout de même abasourdie que, jusque dans ses dernières phrases, elle ait tenté de montrer à Suna qu’elle vaut mieux que moi.

             Suna. Mes yeux s’écarquillent aussitôt que je réalise pleinement ce que j’ai fait.

             Sous ses yeux, j’ai affirmé être en couple avec lui. Et, même si je ne souhaitais alors que la faire partir, il a assisté à toute la scène.

— Ecoute, je suis vraiment désolée pour…, je commence en me tournant vers lui, affreusement embarrassée.

             Mais ma voix meurt aussitôt dans ma gorge. Deux mains fermes attrapent mon visage en se posant sur mes joues, me tournant vers lui. Et, avant de laisser filer le moindre mea culpa, deux lèvres pleines écrasant les miennes étouffent mes paroles.

             Surprise, je reste léthargique quelques secondes. Puis, l’odeur de Suna m’englobant, sa chaleur m’enivrant et le goût de ses lippes envahissant ma bouche, je cède entièrement.

             Mes paupières se ferment quand il commence à se mouvoir contre moi. L’une de ses mains glisse jusqu’au bas de mon dos pour me plaquer contre lui et, sentant sa langue entrer un contact avec la mienne, je passe mes doigts entre ses cheveux pour mieux l’approcher de moi et le savourer.

             Nos torses sont plaqués l’un à l’autre, ses mains sur ma joue et mes reins me transcendent. Sa bouche me complète et les vapeurs naissant en moi sont si fortes que je ne parviens pas à contrôler mon corps s’abandonnant dans ses bras.

             Enfin, nous reculons légèrement. Son front se pose contre le mien et je peux voir chaque détail dans son visage à la lueur d’un lampadaire. Ses yeux émeraudes parcourent mes traits. Je les détaille un instant, subjuguée par leur éclat.

             Une bille d’un noir profond marque la naissance d’un cercle de vitalité et éclat diverses se mêlant un une iris saisissante entourée d’un anneau. Un puit interminable de beauté.

             Sa paume sur mon visage est douce. Plaisante.











— Ne t’excuses surtout pas.



































— T’es sûre que ça te dérange pas ?

             La voix de Suna me tire de ma transe. Grave, elle me fait tressaillir.

             Depuis que je suis rentrée dans cette cage d’ascenseur, je n’ai eu de cesse de fixer la porte en marbre vert, nerveuse. Et il a dû le remarquer.

             Il y a peut-être une heure, nous nous sommes embrassés. Le moment a été une véritable délivrance pour moi, l’achèvement de longues années à me tordre à la simple pensée de son visage impassible. L’accomplissement de nombreux scénarios que je m’étais racontée avant de dormir.

             Mais jamais je n’avais songé à l’après.

             Après le baiser. Après les confessions. Après le regard langoureux. Après le premier pas.

             Une heure durant, nous avons marché sans oser nous tenir la main ni même nous regarder. Malgré l’intensité et l’intimité de notre baiser, une fois écartés l’un de l’autre et l’adrénaline retombée, nos gestes se sont faits nerveux.

             Alors sans doute a-t-il été étonné quand, au moment où nous sommes arrivés devant sa maison, quand il m’a dit que le plus judicieux serait sans doute de rentrer, je lui ai demandé si je pouvais le rejoindre.

             Il a accepté. Et me voilà maintenant. Dans cet ascenseur aussi onéreux que la façade détaillée de son immeuble le laissait deviner.

             Il a les moyens, maintenant.

— Tu sais, c’est pas parce que tu montes chez moi que ça implique des trucs, on est pas obligé de le faire, faut être un con pour penser ça, reprend-t-il face à mon silence.

             Je me tourne vers lui. Les rougeurs sur ses joues contrastent avec ses iris émeraudes fuyant les miens. Il est vraiment beau, sous cette lumière défaillante.

— On peut juste mater un film et prendre notre temps, continue-t-il. Va pas te mettre la pression mais ça veut pas dire que j’ai pas envie de le faire avec toi, hein ! J’ai très envie. Non pas que… Enfin, je te force en rien et…

             La vision d’un Suna bégayant et aussi loquace est inhabituelle pour moi. Mais plaisante.

— Ce que je veux di…

— J’en ai envie, je le coupe d’une voix ferme.

             Ses sourcils se haussent et la main qu’il passait dans ses cheveux s’immobilise soudain. Il me regarde enfin, hésitant. Mais ses traits embarrassés retombent bien vite en une moue sérieuse quand ses iris tombent sur mon visage catégorique et mes lèvres déjà gonflé.

             Il fait l’aller-retour entre mes lèvres et mes yeux plusieurs fois de suite, ses pupilles se dilatant à mesure qu’il me fixe.

             La chaleur dans cet espace confiné grimpe en moi. La tension épaissit tant l’air que celui-ci devient difficilement respirable. Et, même à un mètre de sa personne, j’ai la sensation qu’il peut entendre la vitesse à laquelle bat mon cœur dans ma cage thoracique.

             Mes cuisses se serrent à ce simple contact visuel.

             Enfin, il le rompt en basculant la tête en arrière, poussant un soupir et passant la main sur ses traits.

— Putain ce que je vais faire et très peu respectueux du voisinage, marmonne-t-il.

             Et, avant que je ne réalise ses paroles, son dos vient presser un bouton rouge à côté des portes et, aussitôt, la cage s’immobilise, interrompant son ascension. L’obscurité se fait. Là, ses deux mains viennent attraper mon visage et il plonge vers moi en un seul pas.

             Ecrasant ses lèvres contre mes lippes, il plaque son torse à ma poitrine et glisse sa jambe entre les miennes. Sa langue pénètre ma bouche avec force et, quand elle touche sa jumelle un bruyant gémissement s’échappe de ma gorge.

             Approfondissant notre baiser et avalant mes cris de plaisir, il attrape l’uen de mes fesses et la serre avec force. Une décharge pulse aussitôt dans mon clitoris et je bascule la tête en arrière.

             Aussitôt, ses lèvres glissent jusqu’à mon cou et, aspirant ma peau, l’embrassant, me pousse à lâcher quelques gémissements difficilement réprimable. Mon corps se cambre lorsqu’il lèche ma clavicule, forçant mon entre-jambe à se presser à ma cuisse. Aussitôt, mes yeux roulent dans mes orbites et je me laisse aller contre le mur de l’ascenseur, ne tenant plus en équilibre que grâce à lui et la jambe de Suna.

             Saisissant mes hanches fermement, il frotte mon corps contre sa cuisse sans cesser de m’embrasser, attrapant mon oreille entre ses dents puis léchant la zone en-dessous simplement pour me narguer.

             Mes sens sont chamboulé, je ne fais que gémir tandis que les mouvements du châtain sont si francs, presque brutaux, que mes cris se font aigues tandis qu’une boule dense s’amasse petit à petit en moi, comme si des vapeurs se condensaient en sphère.

             Les frictions ne cessent. Je sens ma culotte humide mouiller davantage à mesure qu’il fait pression de sa jambe sur mon clitoris palpitant.

             Saisissant mon tee-shirt, il le relève brutalement, exposant ma poitrine dénudée et mes tétons qui se durcissent à l’air libre. La température ambiante me saisit mais, aussitôt, ses lèvres se refermant sur l’un de mes seins et ses doigts, sur l’autre, me réchauffe.

             Un gémissement me prend. Les vapeurs en moi ne cessent de se multiplier. L’orgasme se fait proche. Ses mains ayant quitté mes hanches, je bouge seule sur sa cuisse tandis que, de sa paume libre, il s’empare de la ceinture de son pantalon.

             Comprenant ce qu’il compte faire, je le repousse légèrement. Ses lèvres quittent mon sein en un bruit de succion et il recule pour m’observer. Ses pupilles brillent dans l’obscurité. Il semble presque animal quand il me fixe ainsi.

— Assis, je lâche dans ma respiration difficile.

             Il s’exécute tandis que je retire mon pantalon, lui laissant voir la tâche large sur ma culotte grise qu’il ne manque pas d’observer, un sourire en coin. Allongé le sol, tenant sur ses coudes, il m’observe tandis que je m’agenouille autour de lui, chaque jambe l’encadrant.

— J’ai pas de prése…, commence-t-il, croyant deviner mes intentions.

— Non, t’inquiètes, je réponds aussitôt en posant mon doigt sur ses lèvres, sentant une décharge électrique à ce contact. On va s’occuper, l’un de l’autre, t’en dis quoi ?

             Avec un sourire, je me penche vers lui. Un rictus esquisse aussi ses lèvres quand elles rencontrent les miennes. D’abord un simple contact, nous mouvons bien vite l’un contre l’autre, fermant les yeux pour mieux savourer nos langues dansant ensemble.

             L’une de ses mains vient saisir ma nuque pour mieux me plaquer contre lui. Les miennes attrapent la ceinture de son pantalon et la tirent, dévoilant son caleçon dans lequel je plonge mes doigts.


             Bien vite, ceux-là attrapent son pénis rendu dur par l’excitation. Il se crispe à ce contact avant de faire de même.

             Sans interrompre notre baiser, il passe un doigt sur la fente de mon vagin au travers de ma culotte, me faisant frémir. Puis, l’écartant sur le côté, il dévoile mes lèvres mouillées qui se contracte à l’air ambiant.

             Bientôt, son index et son majeur trouvent mon clitoris. Je jouis bruyamment quand il commence à le stimuler tout comme il se tend à mes mouvements sur son pénis. Mais, sa main libre sur ma nuque me collant à lui, nous n’interrompons pas notre baiser.

             Bientôt, nos mouvements deviennent trop rapides et nos bouches ne font qu’étouffer nos cris de plaisir respectifs. Les vapeurs de l’orgasme s’amassent une nouvelle fois en moi, beaucoup plus rapidement. Je sens tout mon corps trembler et ma peau bouger au rythme de ses gestes. Mes genoux peinent à me porter mais je reste au-dessus, une larme de plaisir roulant sur ma joue.

             Tout est si intense. Si nouveau.

             Soudain, l’orgasme me frappe. Un hurlement jaillit de ma gorge tandis que mon vagin se contracte brutalement et qu’un liquide chaud jaillit sur ma paume glissée dans le caleçon de Suna. Long, déchirant, il m’accompagne plusieurs secondes durant et le châtain ne cesse ses mouvements.

             Notre ultime gémissement se confond dans notre baiser.

             Des larmes de plaisir roulent sur mes joues. Peu à peu, nous nous arrêtons, essoufflés. Puis, enfin, nous écartons nos lèvres l’un de l’autre pour mieux se voir.

             Ses pupilles brillent dans l’obscurité, me fixant. Quelques mèches collent à son front humide et sa poitrine se soulève difficilement. Son regard est euphorique. Il me fixe comme si j’étais la plus belle personne du monde.

             Mon corps s’emballe à cette vision.

             Nous restons là un moment, sans rien dire, nous regardant l’un et l’autre avec intensité. Puis, au bout de ce silence, il murmure tout bas, presque dans un murmure :

— Il n’y a personne à mon étage à part moi. Si tu veux tu peux rester comme ça et prendre un bain avec moi ?

             Je ne réponds pas tout de suite, encore trop choquée par l’orgasme intense qui m’a traversée pour réaliser ses paroles.

— Y’a un écran plat dans ma salle de bain, on pourra mater un film, ajoute-t-il.

             Touchée par cette proposition, j’acquiesce dans un sourire chaleureux. Il me le rend aussitôt, se redressant en entourant mes hanches de ses bras. Son menton se pose sur ma poitrine et il me fixe par en-dessous, ses yeux illuminés.

             Prenant son visage entre mes mains, je souris, euphorique.

— Me dis pas que tu vas me jeter demain, je ris doucement mais tout de même angoissée à cette idée.

— Je t’ai voulu depuis trop longtemps.

             Ses lèvres s’écrasent brièvement sur les miennes avant qu’il ne murmure, se séparant de moi :






— Alors pas moyen que je te lâche.

 

























12 390 mots

j'espère que cet os vous
aura plu même si je
ne sais absolument rien
sur la personnalité de
suna mdrrr

je suis pas encore à la
saison 4

en espérant ne pas avoir
fait de D

bisous bisous

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