𝐒𝐇𝐎𝐓𝐎 𝐗 𝐅.𝐑𝐄𝐀𝐃𝐄𝐑
E T E R N E L L E M E N T
— V O T R E —
cw — lemon (aged up shoto)
• c o m m a n d e s •
par CAPOKAMI
critique du film
Les Éternels
"Tu" + smut
LE SOLEIL ILLUMINE la rue jalonnée d’arbres et passants. D’un pas tranquille, tu franchis les derniers mètres te séparant du cinéma marquant ton point de rendez-vous. Une certaine allégresse rend le moindre de tes pas plus léger. Aujourd’hui est un jour que tu as attendu avec impatience au cours de la semaine.
Quelques années auparavant, tu as posé pied dans le lycée Yuei et intégré la filière héroïque. D’abord méconnue car étant membre de la seconde B, tu as rapidement tissé des liens avec certains camarades de la classe A qui t’ont aujourd’hui invitée à te joindre à leur réunion d’anciens élèves.
Lorsque Mina t’a fait suivre le message donnant l’heure et le lieu du rendez-vous, tu en as été aussi surprise que réjouie. Ils avaient pensé à toi.
Alors, aujourd’hui, c’est l’estomac léger que tu franchis le seuil du cinéma, posant pieds sur le sol feutré anthracite et faisant face aux larges écrans fixés aux plafonds où les séances du jour sont listées. Bien vite, tes yeux repèrent le nom du film ainsi que l’horaire.
Marvel : Les Eternels. 14h30.
Tu n’as le temps de regarder plus longuement l’écran ni même de jeter un œil aux caisses alignées en dessous et ruban noir formant la ligne de queue à suivre en cas d’affluence. Une voix te tire de tes pensées :
— (T/P) ! YOUHOU ! ON EST LÀ !
Immédiatement, ta tête se tourne ainsi que celles des dizaines d’autres clients éparpillés dans le hall, intrigués par ce raffut. Légèrement embarrassée, tu souris maladroitement.
A quelques mètres de toi, dans un coin de la salle, deux splendides yeux jaunes baignant dans une sclère noire te fixent, formant un contraste éblouissant avec la peau rose les entourant. Mina. Une fille qui t’avait naturellement abordée en première année et amenée à connaitre quelques autres membres de sa classe.
Ceux-là étaient d’ailleurs amassés derrière elle. Rapidement, tes yeux balayèrent le petit groupe et repérèrent une crinière de cheveux rouges, une tête de corbeaux, de longues mèches vert émeraude, un visage parsemé de taches de rousseur, une coupe carré châtain et quelques autres visages familiers.
Ils devaient être quasiment au complet.
— Salut ! lances-tu à la cantonade en arrivant à leur hauteur.
Certains te répondent, d’autres se contentent d’un signe de tête ou de la main. Il n’y a guère qu’un blondinet à la figure rude qui, les mains dans les poches, t’ignore royalement. Tes sourcils se haussent légèrement face à ce comportement et tu te tournes vers Mina, interrogative.
Bien sûr, tu n’es pas sans savoir que Katsuki Bakugo est un abruti de première catégorie qui a toujours un pet de travers mais tu serais bien curieuse de savoir ce qui, cloche, aujourd’hui.
Et la jeune femme, aujourd’hui vêtue d’une robe à imprimé léopard qui aurait l’air hideuse sur n’importe qui mais ressort simplement magnifiquement sur elle, sublimant sa peau rose, se contente d’un haussement de sourcils agacé.
— Pour faire un clin d’œil à la filière héroïque on a choisi un film Marvel parce que Marvel et super-héros, c’est dans le thème mais monsieur trouve que…
— J’aime pas votre trucs de nerds, j’aime pas vos trucs de nerds, vous allez pas me forcer ! vocifère le blond d’un air furieux avant de tourner la tête sur le côté, vous signifiant qu’il ne souhaite plus vous parler.
Abasourdie, tu ne réponds rien, interloquée.
Les années passées t’ont appris que le mieux dans ce genre de situation reste encore d’ignorer le fauteur de trouble. Alors, naturellement, tu changes de sujet, profitant de la venue d’une jeune fille aux lobes d’oreilles particulièrement longs dont tu n’es pas sûre du nom — Kyoka Jiro, si ta mémoire ne te fais pas défaut.
— Tout le monde est là ? tu demandes en promenant les yeux autour de toi.
— Non, il ne manque que deux personnes, répond la noiraude.
— Qui ?
Mina tourne une seule fois sur elle-même, analysant la foule autour d’elle avant de reporter son attention sur toi.
— Je dirais Momo et Sh…
— Nous sommes là.
Une voix grave et calme résonne dans ton dos. Immédiatement, tu te retournes et découvres deux visages qui te sont effectivement familiers, de vieilles connaissances que tu n’as pas revues depuis ton départ du lycée — contrairement à des personnes comme Mina, Ochaco, Katsuki ou même Eijirô.
Tout d’abord, un doux visage rond traversé de fins yeux en amandes étirés par une queue de cheval particulièrement volumineuse et haute t’offre un agréable sourire. Vêtue d’une combinaison élégante et visiblement onéreuse, celle que tu te souviens être Yaoyorozu Momo te fait face, un air amical et accueillant sur le visage.
A sa droite, l’homme s’élevant assez haut au-dessus de la taille de la jeune femme ne se montre pas aussi chaleureux.
Sous une rangée de cheveux bicolore — tantôt givre, tantôt flamme —, deux yeux verrons te fixent, glaciales. Celui de gauche, brun, te dévisage intensément tandis que l’autre, bleu, s’étend sur une peau brûlée qui ne rend son regard que plus ferme et étreignant.
Malgré toi, tu déglutis péniblement, mal à l’aise qu’il te regarde avec insistance mais aussi gênée naturellement pas sa présence.
Shoto Todoroki.
Il n’a jamais été qu’une connaissance vague, une tête que tu croisais dans les couloirs et reconnaissais aisément de par l’incongruité de sa chevelure ou même un simple nom cité parmi ceux des élèves les plus doués. Seulement jamais tu n’as vraiment cherché à l’approcher et, à l’époque, les rares fois où tu t’es retrouvée à proximité de lui, seules des politesses et banalités ont été échangées.
Si tes souvenirs sont bons, le plus de mot que tu l’as entendu dire en ta présence furent « Peux-tu t’écarter du chemin, s’il-te-plaît ? » lorsque Mina, parlant avec entrain dans un couloir, l’empêchait de marcher jusqu’à la salle de classe.
Autant dire que tu ne le connais quasiment pas.
Et, en cet instant précis, alors que tu te tiens debout devant lui, la façon qu’il as de te fixer avec insistance, sans ne jamais rompre le contact visuel te saisit. Seulement, assez vite embarrassée et ne souhaitant que qui que ce soit ne remarque cette scène, tu détournes bien vite le regard pour saluer Momo, un sourire aux lèvres :
— Ça fait un bail qu’on s’est pas vues ! lança-t-elle.
— Depuis le lycée !
Ouvrant les lèvres, elle semble réfléchir quelques instants avant d’acquiescer et, malgré toi, tu te tournes à nouveau vers l’homme. Seulement, lorsque tu réalises qu’il a profité de ton moment de distraction où tu te concentrais sur Momo pour baisser les yeux et que ceux-là détaillent à présent ton corps entier, slalomant entre différentes zones, ta gorge se serre brusquement et tes entrailles se soulèvent.
Même si son regard n’a rien d’animal ou sexuel, qu’il semble juste t’observer comme il l’aurait fait avec n’importe quel autre humain ou objet, l’attention particulière qu’il vient de te vouer te saisis.
Tournant les talons, tu refais face à Mina qui attendait patiemment la fin des présentations. Comme tous les autres à vrai dire. Car tu remarques tout juste que tous les regards sont tournés vers vous trois.
Déglutissant péniblement, tu fais abstraction de ton embarras ne cessant de croitre. Mais la jeune fille à la peau rose semble le remarquer et, avec un sourire, décides immédiatement de distraire tout le monde pour t’offrir un peu de répit.
— Allez ! Allez ! Tout le monde en salle ! lance-t-elle.
Aussitôt, le groupe se met en route à petits pas. Les plus pressés dirigent la marche tandis que quelques retardataires trainent des pieds.
Alors Mina redouble d’intensité, accompagnant ses paroles de grands gestes pour les pousser à accélérer la cadence :
— Allez, allez ! Je veux voir les pubs, moi !
— Ah, parce qu’en plus va falloir se fader les pubs !?
— La ferme, Bakugo.
Et, sur cette note positive, le groupe entre dans la salle de projection.
ꕥ
La salle s’illumine doucement tandis que le générique de fin continue de défiler sous les yeux des spectateurs les plus patients. Certains se lèvent déjà, prêts à quitter le cinéma mais, assis sur l’un des derniers rangs de la vaste pièce, toi et les quelques anciens élèves de Yuei s’étant réunis ici attendent patiemment.
La plupart des regards sont rivés sur la grande toile blanche où les crédits ne cessent de passer sous forme de lettres blanches que vous ne prenez pas la peine de lire. Il n’y a guère qu’une tête blonde à la moue boudeuse pour vous interrompre dans votre contemplation.
— On attend quoi, là !? rugit-il avec exaspération. C’est fini, bande de nerds ! Déjà que je voulais pas aller voir votre film de super-héros nul, on se casse maintenant !
A côté de lui, une tête brune aux reflets verts traversée de taches de rousseur laisse échapper un rire léger avant de répondre avec gentillesse :
— Avec les films Marvel, il faut attendre la fin pour avoir des scènes post-génériques.
— Des scènes quoi !? répète le blond avec force, s’attirant des regards courroucés dans l’assistance. Tu regardes quoi, toi, la vioque !?
La vieille dame qu’il vient d’agresser verbalement au premier rang se concentre à nouveau sur le film en rouspétant, visiblement très peu réjouie d’avoir été prise à partie de la sorte. De ton côté, tu te contentes de lever les yeux au ciel, à demi-exaspérée par la capacité du garçon à se faire remarquer dans un lieu public et à l’autre demie-exaspérée d’avoir dépenser de l’argent pour ce que tu viens de voir.
Ignorant les tentatives d’Izuku pour le calmer ou même Ochaco qui, sereinement, tente de lui expliquer que cela ne durera pas longtemps, Katsuki persiste à se tordre sur son fauteuil, parlant toujours plus fort et attirant l’attention de plus en plus de personnes.
La plupart des anciens élèves de la seconde A de Yuei se sont réunis aujourd’hui afin de fêter leurs retrouvailles, peu de temps tout de même après s’être séparés. Mais, si tu avais sincèrement pensé, en te préparant avant de te rendre ici, que tu passerais un agréable moment, tu es aujourd’hui plutôt déçue.
Le film vous a empêché de tous dialoguer et s’est révélé beaucoup moins divertissant que ce à quoi tu t’attendais.
A vrai dire, après avoir passé plusieurs heures dans cet endroit exigüe, dans des fauteuils si inconfortables que des brûlures froides triturent ton dos et face à un film si redondant, long et décevant que tu n’as pas arrêté de regarder l’heure sur ton portable pour savoir quand la séance se finirait, toutes tes forces t’ont quittées.
Et ton agacement est tel que, sans plus de cérémonie, tu te lèves alors même que la première scène post-générique commence sur l’écran.
Quelques mouvements de tête suivent ton geste, intrigués. Y compris le blondinet colérique qui, dès lors que tu te lèves, t’imite immédiatement.
— (T/P) ? Tout va bien ? s’enquit une voix dans ton dos.
Te retournant, tu découvres le visage souriant quoi qu’un peu soucieux de Mina. Et, levant les yeux, tu remarques que toute la classe te dévisage et jurerais même pouvoir sentir le regard d’Hagakure sur ta personne.
Aussitôt, tu t’en veux de perturber la séance et, avec un sourire poli, fais le choix de ne révéler qu’une partie de la vérité :
— Les scènes post-génériques sont cruciales mais j’ai vraiment mal au dos, je dois me dégourdir les jambes.
A cela, tous hochent la tête et tu continues ton chemin, te tournant dos à l’écran pour mieux passer dans l’étroit couloir formé par les dossiers de fauteuils et genoux de tes camarades qui ont en plus bien grandis. Ne voulant les perturber dans leur visionnage, tu évites le plus possible de les regarder, ne supportant toi-même pas qu’on te fixe lorsque tu tentes de te concentrer.
Seulement la tâche ne s’avère pas chose aisée et, bien vite, tu te cognes à leurs jambes.
Soudain, au moment où tu t’imaginais afin sortie de la zone occupée et tentes de te retourner, ton pied heurte un obstacle particulièrement robuste. Avant même que tu ne réalises ce qu’il se passe, ton corps bascule soudain en avant et, prise de court, tu n’as pour seul et unique réflexe que de fermer les yeux et tendre les bras devant toi pour amortir le choc.
Tu atterris rapidement. Trop rapidement. Tu te serais attendu à une chute plus longue avant de tomber sur le sol. Mais la position de ton corps te fait bien vite réaliser que tu n’es pas du tout sur le sol.
— Tu veux de l’aide, peut-être ? résonne la voix calme et indéchiffrable d’un homme au-dessus de ta tête.
Tes yeux s’écarquillent et, soudain, tu distingues une rangée de fauteuil devant toi, dont le plus proche se trouve sous ton menton. Et, lentement, tu réalises que la surface sur laquelle tu as atterrie est non seulement robuste, chaude, mais se trouve aussi en mouvement.
Tu es à plat ventre sur les genoux d’un être humain.
Lentement, à la manière d’une machine aux rouages mal huilée, tu te tournes, ton sang pulsant avec tant de force dans tes tempes qu’un vacarme assourdissant résonne en toi. Ton cœur bat bien trop rapidement et tes mains se font moites.
Lorsque tes yeux tombent sur l’identité de la personne sur laquelle tu es tombée, tes moindres muscles se raidissent. Non. Non. Non, songes-tu. De toutes personnes, pourquoi faut-il que ce soit lui ?
Là, quelques centimètres au-dessus de toi, deux yeux te fixent. L’un n’est qu’une ammonite et, l’autre, un saphir. En leur centre, tel un puit sans fin, une pupille dilatée te regarde avec une telle intensité que sa puissance semble rouler sous ta peau en volutes denses. Ta gorge se serre face à ces ténèbres dont la profondeur n’est que renforcée par la longueur de ses cils recourbés.
Au-dessus de ceux-là, des mèches tombent sur son front, tantôt givre, tantôt flamme. Sous cette dernière partie, la marque du passé s’étend en une brûlure large. Puis, son nez fin surplombe des lèvres réunies en une position indéchiffrable, droites et inexpressives.
Shoto Todoroki.
Ce garçon qui t’embarrassait tant, à l’époque, te mettant mal à l’aise par sa simple présence. Cet homme silencieux qui t’a poussée dans une situation si inconfortable, tantôt, t’épiant de haut en bas sans sembler en éprouver la moindre gêne.
— Tout va bien ? insiste-t-il, voyant que tu ne lui réponds pas.
Légèrement abasourdie, tu mets plusieurs secondes avant que ses mots n’atteignent ton cerveau. Secondes durant lesquelles tu le fixes, les yeux écarquillés. Secondes qui achèvent de la convaincre que la réponse à sa question est non.
Alors, au moment où tu ouvres la bouche, prête à t’excuser et te relever, forte est la stupeur qui te frappe, sentant sa paume fraiche sur ton front. Ou plutôt, glaciale. Au moment où elle entre en contact avec ta peau, un frisson te fait tressaillir et tes dents se montrent douloureuses, comme si tu avais croqué à pleine dent dans un glaçon.
— Qu’est-ce que tu fais !? tu t’exclames aussitôt, reculant la tête vivement, les yeux écarquillés.
— Je vérifiais ta température, ma mère faisait comme ça, se justifie-t-il, ramenant sa main devant son visage et la regardant avant de reconcentrer sur toi, légèrement désarçonné par ta réaction.
Et, en entendant cette explication, tu te sens soudain bien bête.
Non seulement tu as dérangé tout le monde en te levant avant la fin du film mais tu es tombée sur les genoux d’un spectateur, générant exclamations et bruits qui ont perturbé la séance et, maintenant, tu t’en prends injustement à un homme qui ne souhaite que t’être utile alors que tu viens tout de même de le perturber en chutant sur lui.
Tes joues chauffent ainsi que tes entrailles. L’embarras de la situation ne fait qu’empirer à chaque instant.
— Désolée, j’avais pas compris, lâches-tu à voix basse en te levant rapidement, quittant ses jambes en toute hâte. C’était très gentil mais ça va super ! Super !
Puis, une fois debout, désarçonnée par le regard insistant qu’il pose toujours sur toi et le fait qu’il ne te sourit pas pour te rassurer ou même ne proteste, se contentant de garder son expression indéchiffrable, tu ne sais quoi ajouter. L’envie pressante de quitter les lieux te ronge mais, face à ses yeux toujours posés sur toi, tu te sens impolie de t’en aller de la sorte.
Alors, succombant à la panique, tu exécutes ce que tu jugeras plus tard être l’action la plus stupide de toute ta vie.
Sur la cuisse de l’homme, à l’exact endroit où tu es tombée, comme s’il s’agissait de la tête d’un animal, tu tapotes gentiment à plusieurs reprises sa jambe à la manière d’une maitresse félicitant son chien et, dans un sourire forcé et angoissé, tu lâches :
— Très, très gentil, Todoroki.
Tu n’as le temps de réaliser ce que tu viens de faire que la voix bourrue et grognonne de Katsuki résonne dans ton dos, lui qui est assis une rangée devant toi :
— Mais t’as complètement craqué, (T/P) ?
Là, ton cerveau comprend enfin ce que tu viens de faire, dans la panique.
Aussitôt, tes yeux s’écarquillent et ton cœur se met à battre plus intensément. N’y arrangeant rien, l’homme devant toi continue de te fixer et, à cause du cri du blond, toutes les autres têtes de la rangée sont tournées dans ta direction. Ton embarras ne fait que croitre.
Brutalement, tu te redresses, empoignant Katsuki derrière toi et le tirant à ta suite avec précipitation. D’abord, surpris, ses pieds te suivent instinctivement durant les deux premiers mètres. Puis, soudain, il semble revenir à lui.
— C’EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLÈME !? résonne sa voix dans ton dos.
L’ignorant, tu poursuis ta route d’un pas ferme, décidée à mettre le plus d’espace entre toi et le garçon bicolore. Entre ce qu’il s’est passé avant la séance, lorsqu’il t’a analysée puis maintenant, où ton corps a rencontré le sien avant que tu ne le câline à la manière d’un chiot, tu ne sais plus comment agir vis-à-vis de lui et n’est traversée que d’une seule envie : qu’il disparaisse de ta vue et toi de la sienne.
Derrière toi, le blondinet continue de vociférer, s’attirant toujours plus de regards courroucés dans l’assistance. Et, ton malaise ne faisant que croitre, tu t’arrêtes brutalement avant de plonger dans sa direction, arrêtant ton visage à quelques centimètres à peine du sien et vociférant à voix basse, ta main fermée sur son pull :
— Ecoute-moi bien, tu saoules tout le monde à crier comme un bourrin depuis tout à l’heure donc maintenant que je te donne une chance de t’en aller avant les autres, boucle-la.
Sa réaction est immédiate. Empoignant à son tour ton tee-shirt, il te soulève de quelques centimètres, prenant une grande inspiration et se fichant royalement des gens à qui vous bloquez la vue, arrêtés dans cette salle, ou même de toutes les têtes tournées en notre direction — y compris celle de Todoroki.
— POUR QUI TU TE PRENDS SALE NER…
Brutalement, sa voix meurt dans sa gorge. A la surprise générale, il se tait en un instant, la bouche pourtant encore ouverte et articulant encore des mots. Le spectacle qu’il offre est d’ailleurs des plus saisissants : s’époumonant tout seul, te grondant avec force tandis qu’aucun mot ne franchit ses lèvres.
Mais toi, tu n’es pas étonnée. Après tout, c’est de ta faute s’il est dans cet état.
Ton alter repose sur les cinq sens. La vue, l’odorat, le goût, le toucher et l’ouïe ou plutôt sur les membres liés à ces cinq sens : les yeux, le nez, la gorge, les membres et les oreilles. A l’origine, tu ne pouvais que contrôler les cinq premiers mais, en travaillant d’arrache-pied sur ce pouvoir, tu as découvert que tu pouvais aussi, par extension, influencer les cinq autres.
Alors, paralysant les cordes vocales de Katsuki tout en jouant sur son ouïe pour lui donner l’illusion auditive qu’il était encore capable de parler, tu poursuis ta route tout en le laissant se déchainer sans déranger les autres.
Le blondinet n’est pas au courant de ce développement de ton alter. Au lycée, tu ne pouvais que créer des hallucinations visuelles, odorantes, gustatives, auditives et tactiles. Et elles étaient loin d’impressionner ce gamin imbu de lui-même. Surtout que ton pouvoir présente une contrepartie signifiante : si tu sacrifie deux sens chez ton adversaire, tu dois faire de même chez toi.
Maintenant donc, tu as choisi d’immobiliser tes capacités à sentir et à goûter. C’est d’ailleurs ce que tu fais, la plupart du temps. La chose se complique néanmoins quand ton adversaire peut se débrouiller avec seulement trois de ses sens ou encore quand tu te présentes à un être dépourvu de cerveau — ce qui t’es d’ailleurs arrivé suite à une mission dans un laboratoire de chimie où un savant fou avait réussi à donner vie à un monstre gélatineux.
En de brefs termes, Katsuki Bakugo a toujours considéré ton alter comme inutile. Et n’a pas manqué d’ailleurs de te le signifier.
Avec un pincement au cœur, tu te souviens soudain de la seule conversation que tu as failli avoir avec Shoto Todoroki. Dans les couloirs, une de tes amies l’avait interpellé, lui demandant s’il était vrai qu’il pouvait contrôler le feu et l’eau sous ses différentes formes. Il avait acquiescé puis, remarquant sans doute ton air intimidé — car il t’embarrassait déjà, à l’époque — t’avait demandé deux simples mots, anodins, simplement pas volonté de te détendre légèrement, un geste qu’il n’avait pas à l’égard d’autrui généralement, ne se préoccupant jamais de ce genre d’état d’âme :
— Et toi ?
Tu n’avais pas répondu. Pas par impolitesse ou même timidité. Simplement par honte. Il avait un alter puissant qui faisait parler de lui depuis l’examen d’admission tandis que, toi, tu avais un pouvoir qui ne faisait que distraire autrui et ne serait jamais vraiment utile en période de combats.
Alors, secouant lentement la tête, embarrassée, tu leur avais à tous les deux fait un signe de main avant de rejoindre une amie qui t’interpellais à l’autre bout du couloir, profitant de l’occasion qu’elle t’offrait.
Tu t’efforces de mettre de côté ces mauvais souvenirs tandis que tu arrives jusqu’à la dernière marche des escaliers séparant les sièges, le blond derrière toi te suivant pour continuer de t’enguirlander. Bientôt, vous atteignez enfin la porte que tu pousses et, une fois à l’intérieur du couloir, joignant le pouce de ta main droite à ton index puis celui de ta main gauche à ton auriculaire, tu lèves discrètement les deux pouvoirs exercés sur lui.
— …ROIS MALIGNE À M’IGNORER COMME ÇA, ABRUTIE ! ET NON JE VAIS PAS ME TAIRE ! DE TOUTE FAÇON T’AS BIEN VU DANS LE CINÉMA QUE ÇA SERT À RIEN D’ESSAYER DE ME FAIRE TAIRE, ILS L’ONT COMPRIS ET C’EST EUX QUI SE SONT TUS ET C’EST EXACTEMENT CE QUE TU FAIS DONC…
— Oh et puis merde, lâches-tu en touchant une nouvelle fois ton index droit de ton pouce.
Aussitôt, sa voix se tait. Mais, cette fois-ci, tu ne prends pas la peine de créer une hallucination pour compenser. Il faut aussi qu’il saisisse que le monde ne tourne pas autour de lui et que tous ne sont pas prêts à se jeter à ses pieds dès qu’il ouvre la bouche pour s’exécuter sous prétexte qu’il est intimidant.
Profitant de son silence, tu te permets d’expliquer ce qu’il va se passer, maintenant :
— Mina a prévu une soirée dans un bar donc on va sortir les attendre. Si tu ne changes pas de comportement, je t’assure que tu resteras comme ça toute la soirée. Cela ne me demande pas d’efforts de concentration particulier donc il se pourrait même que j’oublie et parte sans te délier la langue.
Progressant dans le couloir aux murs noirs très faiblement éclairés menant vers le hall, tu ignores sa main se refermant sur ton épaule pour te retenir et t’en dégage faiblement, tendant simplement ton pouce droit et faisant perdre à Katsuki faculté de ressentir ce qu’il touche. Immédiatement, ses doigts se détendent, surpris, et tu parviens à t’en aller.
Aussitôt, tu plis de nouveau ton pouce pour lui rendre ses capacités sensorielles, histoire qu’il continue à marcher derrière toi. Mais tu restes aux aguets.
Sortant ton téléphone, tu vérifies l’heure tandis que vous atteignez bientôt la porte vous séparant du hall où vous attendrez le restant de vos camarades.
— Ils devraient arriver très bientôt.
ꕥ
Lorsque apparaissent à tes yeux les cheveux bruns auréolés de reflets émeraudes d’Izuku, toi et Katsuki vous levez immédiatement. La porte noire, plantée au milieu de ce mur rouge et illuminée par la baie vitrée donnant directement sur la rue dans ton dos s’est ouverte. La séance est terminée.
Relativement rapidement, le couloir auparavant désert se trouve envahi de visages familiers et d’autres, inconnus. Si tes anciens camarades restent, quelques passants s’éclipsent loin de vous. Au terme d’une poignée de secondes seulement, vous vous retrouvez donc seuls, un brouhaha dense naissant entre vous.
— S’il-vous-plaît… S’IL-VOUS-PLAÎT ! retentit la voix de Mina.
Tous se tournent vers la jeune femme qui, montée sur l’un des sièges que toi et Bakugo avez occupés agite les mains afin d’attirer leur attention.
— Je vous propose d’aller boire un verre, maintenant, histoire qu’on discute un peu. On est resté très silencieux, tout de même !
— Parles pour toi, Katsuki a beuglé toute la séance ! s’exclame Kirishima, ses cheveux encore écarlates noués en une demie queue de cheval. D’ailleurs il est bien silencieux, là.
Toutes les têtes se tournent vers le blond qui, immédiatement, bondit hors du banc noir, frappant son poing dans sa main et commençant à rugir avec véhémence, son nez retroussé bougeant au rythme de ses paroles. Seulement, même s’il semble très investi dans ses cris, rien ne sort de sa bouche.
Bien vite, quelques exclamations surprises se font entendre et, un léger sourire taquin aux lèvres, tu ne dis rien de ce qu’il se passe.
Evidemment, le blond étant muet, même s’il agite les bras avec férocité et te pointe continuellement du doigt, signifiant aux autres que tout cela est de ta faute, ils n’y prêtent pas attention, trop époustouflés pour réellement réfléchir. Leurs yeux demeurent fixés sur lui.
Seul Mineta, un petit homme aux cheveux se résumant en boules de gomme violettes pourpre suit les gestes de Katsuki qui, le doigt pointé vers toi, suinte de rage. Seulement, Mineta étant Mineta, celui-ci regarde attentivement ce que son ancien camarade désigne.
Et il se trouve que son index est dirigé sur ta poitrine.
— Tu es en train de nous dire que tu aimerais voir les seins de (T/P) ? demande-t-il avec un sourire qui t’arrache un frisson de terreur malgré sa petite taille. On doit être connecté parce que je pensais exactement la même chose.
Debout devant lui, tu n’oses bouger, médusée. Ses pupilles dilatées fixant ton corps comme s’il ne s’agissait que d’un morceau de viande, ses doigts s’agitant au bout de ses mains tandis qu’il s’imagine clairement palper tes membres, son sourire carnassier trahissant le profond rêve dans lequel il s’enlise, tu déglutis péniblement.
— Le professeur Aizawa ne t’avait pas forcé à une thérapie ? demande Izuku, les sourcils haussés en direction du garçon.
— Le psychologue a démissionné le jour où il est venu avec sa femme et que j’ai volé son soutien-gorge dans son sac, lâche-t-il dans un rire profondément malsain, continuant à fixer ton torse.
Là, tous reculent d’un pas, plaçant un périmètre de sécurité autour du garçon.
Quant à toi, tu ne réagis pas, prise de court.
Là, léthargique devant ses avances plus qu’insistantes, alors que tu ne cesses de te dire que tu devrais faire quelque chose, toucher ton index droit de ton pouce afin de le faire taire ou même créer une hallucination visuelle d’une femme nue pour qu’il se concentre sur elle au lieu de toi, tu ne dis rien. Et, intérieurement, tu ne cesses de t’insulter de ne pas effectuer le moindre geste.
Mais ton corps semble enliser dans une profonde panique.
Ce n’est pourtant pas digne d’une héroïne. Tu t’es déjà débrouillée dans des situations plus compliquées. Tu as même réussi à te rendre utile lors de catastrophes naturelles, là où ton pouvoir ne semblait pourtant d’aucune utilité.
Mais, en cet instant précis, tu ne parviens plus à faire le moindre mouvement.
Soudain, sous tes yeux, le sourire carnassier de Mineta s’évanouit et ses yeux s’écarquillent. Bien vite, son visage perd toutes ses couleurs et, déglutissant péniblement, il se met à trembler violemment. Son regard quitte ta poitrine, se concentrant sur le vide et ses dents claquent l’une contre l’autre.
Etrange. Personne ne l’a pourtant touché ni même approché.
Tous le fixent, légèrement surpris par ce soudain revirement de situation. Et leur stupéfaction ne fait que croitre lorsque, plaquant brutalement ses mains sur son entrejambe, il pousse un long cri aigu, des larmes roulant sur ses joues.
Puis, sans demander son reste et ne lâchant pas sa prise sur son organe génital, il se met à courir à toute vitesse loin de vous, un hurlement continu et douloureux franchissant le couloir et s’évanouissant à mesure qu’il s’éloigne.
Tous le suivent du regard sans ne rien dire ou faire, même Katsuki. L’intégralité des personnes présentes est en réalité bien trop sonnée par les différents évènements qui viennent de se dérouler pour dire quoi que ce soit.
Et, lorsque le silence revient, il faut encore quelques secondes avant que quelqu’un ne reprenne ses esprits et le brise.
— Bon… ON Y VA ! s’exclame Mina, le poing levé et marchant à pas ferme et décidé.
Relativement vite, tous la suivent. Mais, toi, tu restes debout dans le couloir quelques instants, encore saisie par ce qu’il s’est passé.
Tu n’arrives pas à croire que tu n’as rien fait. Il était là, devant toi, à se comporter de la manière la plus écœurante qu’il soit, te traiter comme un morceau de viandes et toi, après des années passées à maitriser les arts martiaux, repousser les limites de ton alter, arrêter des malfrats bien plus impressionnants… Tu n’as rien fait.
La honte te cuit. Tu te déçois.
— Navré de ne pas m’être interposé, résonne soudain une voix dans ton dos.
Dans un sursaut, tu reviens à toi. Tes yeux balayent le couloir du regard, constatant que le groupe a déjà bien avancé et que la plupart d’entre eux sont dehors, la fin du troupeau s’apprêtant à franchir le seuil de la porte du cinéma.
Puis, te tournant vers l’homme, ton cœur se fige. Une ammonite et un saphir te fixent sous des mèches de givre et flamme. Le dos droit et les mains rangées dans les poches de son sweat noir, Shoto est le seul à être resté.
Il te regarde calmement, une expression indéchiffrable sur les traits.
— J’aurais dû parler, déclare-t-il d’une voix ferme. Depuis plusieurs années, à vrai dire.
Tu ne sais trop quoi répondre, ne voulant lancer que, toi aussi, tu aurais dû le faire. T’opposer à ce comportement déplacé.
— Mais cela fait tellement longtemps que je me dis qu’il serait temps que son entrejambe refroidisse que, quand j’ai vu ce qu’il faisait, je n’ai pas pu m’en empêcher au lieu de parler calmement pour expliquer le problème, continue-t-il, ses yeux allant se poser sur les lieux où Mineta a disparu.
Aussitôt, tes muscles se figent et tu te raidis, saisie. As-tu bien compris ce que tu crois avoir compris ?
— C’est toi qui lui as fait mal comme ça ? tu t’exclames, abasourdie.
— Je sais, ce n’était pas digne d’un héros. Je ne devrais blesser autrui qu’en cas d’absolue nécess…
— Tu as fait germer de la glace dans son caleçon ? tu insistes, un sourire déformant tes lèvres malgré toi.
Il ne répond pas tout de suite, les yeux légèrement écarquillés, désarçonné par ton apparente joie. Lui qui se sentait si idiot pour son coup bas et être resté silencieux, au point qu’il a ressenti le besoin de venir s’en excuser auprès de toi ne sait maintenant plus où donner de la tête.
Quant à toi, réalisant pleinement le geste de Shoto, tu ne parviens à refreiner ton sourire qui se mue très rapidement en un rire sonore. Il dit vrai, cela fait bien longtemps que tu attendais — que tous, à vrai dire, attendaient — que quelqu’un fasse quelque chose contre Mineta.
Mais là où certains avaient peur de passer pour des rabat-joie, d’autres craignaient de s’attirer les foudres des camarades si signaler le comportement du garçon le menait à l’exclusion. Pourtant, des années plus tard, tu te rends bien compte aujourd’hui que cela n’aurait en réalité gêné personne.
Aizawa a bien tenté de faire quelques actions. Qu’il s’agisse de veiller de loin sur les filles, fermer les yeux sur les punitions très sévères que Mina infligeait au garçon ou même le punir un nombre incalculable de fois et l’envoyer en thérapie.
Rien n’y avait fait et, au bout du compte, entre ses trois emplois, sa fatigue constante et le fait de devoir autant s’occuper de ses élèves, il avait oublié le problème.
Ce que Shoto, lui, ne semble pas avoir fait.
— J…, tentes-tu de parler entre quelques rires, je… j’arrive pas à croire que…
— Désolé, répond-t-il simplement. Je n’ai pas été à la hauteur du métier d’hé…
— Qu’est-ce que tu racontes ! tu t’exclames, arrivant à reprendre ton souffle, des larmes perlant tout de même au coin de tes yeux. Tu es le seul qui a concrètement fait quelque chose pour me débarrasser de lui.
Le calme revient peu à peu dans ton corps. Tu souris.
— Ne t’excuse pas.
Shoto demeure muet en face de toi, légèrement surpris par ta réaction. Le schéma dans son esprit est simple : un héros doit résoudre les situations où quelqu’un se trouve en danger en se servant de ressources à la hauteur de ces situations. Et, en cet instant précis, il lui semble avoir commis une erreur.
Seulement, en regardant ton visage détendu, tes yeux rieurs et le sourire, vestige de ton hilarité, sur tes lèvres, il ne peut s’empêcher de sentir son cœur battre légèrement plus fort. Il a la certitude d’avoir mal agit.
Alors pourquoi cela lui fait-il tant de bien, maintenant qu’il voit ta réaction ?
Ses entrailles se tordent douloureusement et, tentant d’y faire abstraction, il pointe la porte au bout du couloir du doigt.
— Il ne nous ont pas attendus, souligne-t-il.
Te retournant, tu lances un regard vers la porte vitrée au loin et constate qu’en effet, plus personne de ta connaissance ne se trouve derrière elle. Ils n’ont sans doute même pas remarqué que deux personnes étaient restées en retrait.
Mais tu réalises tout juste que tu n’as aucune idée du bar dans lequel ils se sont rendus.
— Euh… Tu sais où les rejoindre ? tu demandes.
— Non, répond-t-il.
Te tournant vers lui, tu surprends son regard sur tes lèvres avant qu’il ne le remonte brutalement jusqu’à tes yeux mais n’en dis rien. Tes entrailles se tordant dans ton ventre, tu te contentes d’un léger sourire gêné.
Tu réalises à peine avec qui tu es, ce garçon qui t’embarrassais tant et te mettais si mal à l’aise, avant.
Il est là, juste devant toi et vient de te sortir d’un mauvais pas. Malgré lui, il t’a arraché un rire, égayant cette mauvaise journée et te faisant presque oublier ta déception quant au film que tu as vu. Cela semble presque surréaliste.
— Si on sort, peut-être qu’on les croisera ? demande-t-il.
Tu acquiesces sans réellement savoir pourquoi et te mets en route, Shoto sur les talons.
A vrai dire, vous deux pourriez prendre votre téléphone et contacter Mina ou n’importe qui d’autre afin d’obtenir le lieu de rendez-vous. Mais, sans qu’aucune raison compréhensible ne se dessine distinctement dans votre esprit, vous ressentez le besoin de ne pas le faire, se contenter de marcher l’un à côté de l’autre.
Gentiment, presque trop lentement pour des personnes souhaitant en rattraper d’autres, vous progressez jusqu’à la porte, silencieusement. Puis, une fois celle-ci poussée, la fraicheur de ce jour te fait frissonner.
A côté de toi, il brise le silence :
— Je ne vois pas pourquoi tu ne m’as pas parlé de ton alter, au lycée. Il est vraiment impressionnant et utile.
Légèrement surprise, tu te tournes vers lui. Il te regarde déjà, marchant lentement. Autour de vous, quelques têtes se retournent, reconnaissant ce célèbre héros aux cheveux bicolores et murmurant sur son passage.
Tu te sens relativement intimidée par cette attention et les yeux de l’homme posés sur toi alors, le menton relevé, tu regardes à nouveau devant toi.
— Mon alter ? tu répètes.
— La capacité de manipuler les cinq sens et cinq membres liés à ces sens, explique-t-il. Je trouve ça très intéressant.
Il marque une brève pause tandis que tu réfléchis à ses paroles. Tu pensais pourtant avoir été discrète et ne pas avoir laissé à quiconque l’opportunité de voir quoi que ce soit de tes pouvoirs.
— Et puis Katsuki avait bien besoin d’être moment de silence, ajoute-t-il.
— Je ne pensais pas que quiconque aurait deviné que cela venait de moi.
— Je n’ai rien deviné, explique-t-il. Lorsque tu as refusé de me donner ton alter, au lycée, ça m’a rendu curieux et je suis allé voir de quoi il s’agissait.
— Tu as fait des recherches sur moi ? je demande, surprise.
Il ne répond pas tout de suite, ses yeux s’écarquillant en réalisant de quoi son comportement a l’air. Lui, agacé de ne pas avoir eu de renseignements sur toi, parti les collecter dans ton dos au lycée et y pensant encore aujourd’hui au point d’avoir fait des recherches plus récentes sur l’évolution de ton alter…
Disons que ce qu’il a pu trouver normal — un simple camarade se renseignant sur une potentielle concurrence — lui semble aujourd’hui déplacé.
Peut-être car il te trouve particulièrement jolie, en réalité. Et qu’il le savait déjà mais l’a pleinement réalisé tout à l’heure, quand il a posé les yeux sur ta personne et qu’il n’a pu les retenir de te fixer longtemps, inspectant les moindres détails de ta silhouette.
De ton côté, face à son mutisme, tu comprends la soudaine gêne que ta question a causé chez lui. Mais loin de toi est l’idée de l’embarrasser. Tu étais simplement surprise. Quoi qu’il en soit, ce comportement ne te dérange pas vraiment.
Ce n’est pas comme s’il avait écumé tes réseaux sociaux puis fouillé tes poubelles avant de se tapir dans un buisson en face de chez toi pour te reluquer à travers la fenêtre de ton appartement. Non. Il s’est simplement renseigné sur ton alter, curieux de ton silence à propos de ce dernier.
Si tu as exprimé de façon aussi flagrante ta surprise dans une exclamation sonore, cela est plus lié au fait que, au cours de tes années de lycée, tu considérais Shoto Todoroki comme l’un des meilleurs de l’école, trop avancé pour te remarquer. Alors apprendre maintenant qu’il l’a non seulement fait mais est allé jusqu’à faire des recherches sur toi te saisit.
Tu sens tes entrailles se soulever et une dense chaleur se répandre en toi. De la fierté.
Comprenant que tu l’as mis dans une situation embarrassante, tu décides soudain de changer de sujet.
— Sinon, les scènes coupées étaient pas mal ? tu lances pour le distraire.
— Mmmm…, répond-t-il entre ses lèvres serrées.
Tu te tournes vers lui en mordant les tiennes, remarquant son regard rivé vers le bout de la rue, droit devant lui et ignorant ta personne. Il ne t’en faut pas beaucoup pour réaliser que ta remarque l’a mis dans un tel embarras qu’il n’ose plus vraiment discuter. Tu t’en veux et ne sais comment réparer ce que tu as fait.
En face de toi, quelques visages continuent de se tourner en votre direction et des cliquetis mécaniques retentissent, t’informant que des photographies ont été prise de vous deux, marchant côte à côte.
A cela, tu te raidis.
Les autres anciens élèves s’étant perdus loin de vous, il est compliqué d’imaginer en vous voyant de la sorte que vous n’êtes pas purement en tête à tête. Et, te rappelant de la sublime Momo avec qui il est venu, tu réalises soudain la catastrophe se profilant à l’horizon.
— On devrait prendre des chemins différents, tu lances soudainement, t’arrêtant de marcher.
Surpris, Shoto t’imite presque aussitôt, les mains rangées dans les poches de son sweat. Et, se tournant vers toi, il t’offre un haussement de sourcil interrogateur.
— Je sais pas où ils sont donc on peut juste rentrer chez nous et mettre fin à cette journée, tu continues. C’était vraiment sympa de te revoir en tout cas !
Puis, dans un signe de main, tu tournes brutalement les talons, prête à rentrer dans la première boutique venue afin d’échapper aux passants insistants ou même au regard tétanisant de Shoto.
Seulement tu n’as le temps de faire le moindre pas que, du coin de l’œil, tu le vois émerger de derrière toi. Te montrant le dos, il te dépasse sans peine et, sans un regard pour ta personne, continue sa route en saisissant ta main pour te tirer à sa suite. Le toucher et délicat, non ferme. Tu sens bien qu’il ne te force en rien à la suivre et t’enjoins simplement.
A vrai dire, au moment où il fait un pas de trop loin de toi et sens que tu ne marches pas derrière lui, ses doigts relâchent aussitôt les tiens, t’assurant silencieusement qu’il respecte ton choix.
Et c’est donc précisément là que tu prends sa suite.
Ses pas le mènent en direction du mur et non vers une autre rue. Bientôt, il atteint quelques marches d’escalier bordées de buissons menant à une double porte de bois. Il les gravit et tu fais de même. Il tape quelques chiffres sur le digicode avant d’entrer. Tu le fais à ton tour, appréhensive.
Mais la crainte laisse place à de la stupeur quand tu réalise que tu ne te trouves pas dans un hall d’immeuble mais une maison. En plein milieu d’une ville, non loin d’un centre commercial, dans le quartier des affaires.
Sous tes pieds, un sol noir s’étend jusqu’au salon devant tes yeux. Au fond, tu distingues un escalier fait de planches sombres menant aux étages supérieurs et, face à toi, un appartement à la décoration minimaliste dans les tons sobres s’étend.
A ta droite, devant des canapés blancs, une table basse de verre fait face à un écran plat. Derrière elle, une cuisine ouverte superbement rangée se distingue et un couloir disparaissant laisse supposer que d’autres pièces se trouvent au fond du rez-de-chaussée.
Ton cœur rate un battement. Shoto ne t’a pas emmené chez lui, tout de même ?
Si ?
Ce dernier, posant son téléphone sur le meuble de l’entrée et avançant de quelques pas pour te distancer, lance simplement tout en rejoignant son réfrigérateur noir high-tech muni d’un écran et d’un distributeur de boisson sur la porte :
— Ecoute je suis désolé d’avoir fouillé et pris des renseignements sur toi et je suis tout aussi désolé que les passants se soient permis de prendre des photos. Je pensais qu’en tant qu’héroïne tu étais déjà habituée.
— Je ne voulais simplement pas que Momo se fasse de fausses idées en voyant son mari se balader seul avec une autre, tu réponds tandis qu’il tire deux bouteilles d’eau du meuble.
A ces mots, tu le vois nettement se raidir. Un faible froncement de sourcils le prend tandis qu’il tient les flacons dans les mains, perplexe. Au bout de quelques instants, ils lèvent les yeux vers toi, t’attirant une vague de chaleur face à son regard attentif focalisé sur ta personne.
— Momo n’est pas ma femme, répond-t-il simplement.
Tes sourcils se haussent. La gaffe.
— Comme vous êtes venus ensemble, je croyais que…
— Elle savait que si elle venait elle-même me chercher je ne parviendrais pas à esquiver cette réunion d’anciens élèves. Mais elle est heureuse dans son véritable mariage et je n’ai jamais eu l’intention d’en faire partie, lâche-t-il.
Légèrement surprise par cette révélation, tu ne parviens pas tout de suite à expliquer l’allégresse qui se répand en toi à ces mots. Mais la façon dont tes entrailles se sont soulevées aujourd’hui à chaque fois qu’il t’a regardée et la fierté que tu as éprouvé à l’idée qu’il se soit intéressé à ton alter te rattrapent bien vite.
Il t’attire.
Légèrement gênée, tu le regardes jeter un œil à son sweat avant de marcher jusqu’à un mur adjacent à la cuisine, derrière le canapé et qui s’avère être une porte coulissante donnant sur une armoire. Il l’ouvre tandis qu’un élan de courage soudain te prenant, tu lances :
— Tu n’es pas marié à elle mais est-ce qu’il y a quelqu’un d’au…
Ta voix meurt subitement dans ta gorge quand celle-ci s’assèche. Tes yeux s’écarquillent, figés sur le garçon qui vient soudainement de retirer son sweatshirt sans sembler préoccuper plus que cela par ta présence.
Abasourdie, tu bloques un instant sur son dos travaillé, ne pouvant t’empêcher de remarquer la façon que ses omoplates ont de rouler sous sa peau pâle mais, bien vite, tu te retournes, les joues chaudes.
Et, les yeux rivés sur l’écran plat à présent devant toi, tu réalises que ton geste est tout à fait inutile car le reflet noir de l’objet te renvoie à nouveau l’image du garçon.
Celui-ci, visiblement surpris par la façon dont tu t’es si brutalement tue, se retourne. Et, bien vite, ses yeux tombent sur ta silhouette de dos. En te voyant ainsi, droite comme un « I » et le regard fuyant la télévision afin de ne pas le regarder, un rictus lui vient, étirant ses lèvres et il penche la tête sur le côté comme pour mieux te voir.
Abandonnant l’idée de saisir un tee-shirt sur l’étagère pour s’habiller et laissant le sweat noir tâché — qu’il a d’ailleurs retiré par gêne de se présenter devant toi dans des vêtements souillés — il marche simplement jusqu’à toi, ne quittant son léger sourire.
Habituellement, ses expressions faciales sont assez peu communicatives et il peine à montrer ses émotions.
Mais, en cet instant précis, quiconque le regarderait devinerait l’amusement sur ses traits. Amusement qui ne fait que se renforcer à mesure qu’il s’approche de toi à pas de loup, le bruit de sa démarche étouffé par la moquette.
Immobile au centre de la pièce, légèrement gênée par le silence s’éternisant, tu ne dis rien. Mais, lorsque tu sens soudain une présence chaude dans ton dos, tout proche de toi, et que tu jettes un œil dans le reflet de l’écran plat et y découvre Shoto, juste derrière ton corps, un léger cri de surprise franchit tes lèvres.
Par le biais de la télévision, vous vous fixez tous les deux tandis qu’il s’arrête à quelques centimètres de ton corps. Assez proche pour que tu sentes sa dense aura et son parfum musqué mais trop loin pour que le moindre contact physique ne s’établisse.
— Si je suis marié ? résonne soudain sa voix grave juste derrière toi, propageant des frissons le long de ta colonne vertébrale. Eh bien, non.
Tu ne réponds pas, ton cœur battant à tout rompre et tes yeux ne parvenant à se défaire du contact visuel qu’il entretient avec toi, par-dessus ton épaule.
Jamais tu ne l’as vu ainsi — si ferme dans ses gestes, ses intentions, si confiant — autrement que lors de combats. Mais il ne bouge pas comme dans ce contexte, au contraire. Il demeure immobile, te fixant avec ardeur.
Son souffle s’échoue sur ta nuque lorsqu’il se rapproche de toi. Il est brûlant, transcendant.
— Et toi ? demande-t-il simplement.
— Je…, commences-tu, la gorge sèche. Non.
— Personne en vue ? poursuit-il.
— Non, tu insistes, ébranlée par la façon qu’il a de se pencher vers ta nuque sans rompre un instant le contact visuel avec toi.
— Pas même Katsuki ? Tu avais l’air plutôt pressée de partir avec lui…
Déglutissant péniblement, tu t’efforces de ne pas trembler. Et, face à son ton grave et autoritaire, malgré toute la retenue dont tu tentes de faire preuve vis-à-vis de ton ventre se tordant et ton entrejambe pulsant, tu ne parviens à te taire et te sens obligée de répondre.
— Je voulais simplement quitter la salle, je n’ai pas aimé le film et comme lui non plus, j’ai trouvé le prétexte de vouloir mettre fin à ses cris, tu chuchotes, incapable d’utiliser toute ta voix.
— Ah oui ? demande-t-il dans un sourire carnassier, posant ses lèvres derrière ton oreille de sorte à l’effleurer.
Tu frissonnes à ce presque contact.
— Oui, tu réponds.
— J’avoue que moi non plus, je n’ai pas trouvé ça très…intéressant. Deux heures quarante, c’est un peu long pour simplement expliquer que Arsihem ne sait pas s’il doit tuer des humains ou non.
Tu acquiesces faiblement et t’apprêtes à rétorquer quand, soudainement, ses lèvres chaudes et mouillées se presse sur ton cou, juste sous ton lobe d’oreille. A ce contact, ton corps sursaute et, sentant une vive décharge électrique dans ton entrejambe, tu bascules la tête en arrière en fermant le plus possible la bouche pour ne laisser entendre aucun gémissement.
— Heureusement que j’avais une autre vision pour combler tout ce temps, chuchote-t-il dans ton oreille.
Attrapant ta lèvre inférieure entre tes dents, tu fais de ton mieux pour ne pas laisser entendre un cri de plaisir. Les yeux clos, tu ne parviens à te concentrer sur autre chose que sa respiration incandescente sur ta peau.
— Mais même si je suis d’accord avec toi, je ne sais pas si je te crois. Je vais avoir besoin de plus d’explications.
Tu ne réponds pas, trop groggy et embrumée. Sa main se pose sur ton ventre au travers de ton sweat. Sa paume chaude irradie une douce torpeur qui te fait trembler. Tes jambes se serrent par réflexe.
— Dis-moi, (T/P), susurre-t-il avant d’attraper ton lobe entre ses dents. Sois une bonne fille et montre-moi que je peux te croire.
Respirant difficilement, tu peines à ordonner tes idées. Ton clitoris pulse trop entre tes jambes et il s’est vivement contracté aux mots « bonne fille ».
— Je… Les flashbacks…, tentes-tu, les traits serrés. Il y en avait trop… On perdait le fil… Je…
A ces mots, tu le sens rire doucement contre ta peau, soufflant dessus. Tes entrailles se tordent et, malgré toi, un gémissement file entre tes lèvres.
Dès qu’il entend ce bruit, usant de sa main sur son ventre, il te plaque contre son torse. Aussitôt, la chaleur en toi grimpe et les formes de son torse sculptés épousent celles de ton dos. Mais tu remarques très vite la bosse qui presse la chute du creux de tes reins.
— Comme tu peux le sentir, murmure-t-il en se frottant légèrement à toi pour appuyer son érection contre ton corps, je ne demande qu’à te croire.
Ses doigts auparavant sur ton ventre saisissent ton menton et le tournent, te forçant à te confronter à ses yeux bicolores aux pupilles dilatées. Il te regarde intensément, une fièvre débordante de désir allumant ses iris.
Le contact de ses phalanges sous ta mâchoire te grise.
— Dis-moi, je peux te croire ? demande-t-il.
— Oui, tu réponds.
Un faible sourire le prend.
— Bonne fille.
A ces mots, ses lèvres s’écrasent sur les tiennes. Chaudes, brûlantes même, elles pressent avec ardeur ta bouche et, bien vite, tu fais de même. Sa main libre vient se poser de l’autre côté de ton visage tandis que tu te retournes pour lui faire face.
Lorsque vos langues entrent en contact, tes doigts se posent sur sa nuque et courent dans ses cheveux. Lui, de son côté, fait glisser ses paumes partout sur ton corps, pressant tes seins et t’arrachant un gémissement qui meurt dans sa bouche, attrapant tes hanches fermement pour te rapprocher de lui et te frotter à son érection puis agrippant tes fesses avec force.
Sous son toucher, tu faiblis entièrement. Sa langue continue de danser contre la tienne tandis que tu gémis avec force, ivre de ses mains dansant sur ton corps.
Quand vous vous séparez, tes jambes cèdent entièrement sous ton poids et tu chutes sur le canapé de cuir. Un instant, il s’arrête pour te regarder, ta poitrine se soulevant avec peine au rythme de sa ta respiration saccadée, tes bras en vrac autour de ton visage où tes yeux clos semblent se noyer dans le désir.
A cette vision, il sent son érection devenir encore plus imposante. Et, faisant le tour du canapé, laisse ses doigts glisser sur ta cuisse en s’éloignant, t’arrachant un gémissement.
Allongée sur ce canapé, les paupières fermées, tu réalises bien vite qu’il n’est plus là. Légèrement surprise, tes sourcils se froncent après une poignée d’instants et, rouvrant les yeux, tu te redresses et te tournes vers la salle.
Là, tu tombes sur son corps sculpté avec minutie, revenant de l’armoire ouverte plus tôt. Un jogging gris couvre ses jambes, épousant tout de même les formes d’une très imposante érection. De sa ceinture, un fin « V » marque le prolongement de l’endroit convoité et est surplombé par des abdominaux précisément tracés entre lesquels coulent des gouttes de sueur.
Te voyant redresser, il laisse un sourire déformer son visage tandis que le carré argenté dans sa main brille. Tu réalises alors qu’il est allé chercher un préservatif.
— Tu ne peux vraiment pas attendre deux minutes ? commente-t-il en arrivant à ta hauteur.
Assise et lui debout, il te surplombe. Le dossier vous sépare mais, passant sa main par-dessus, il n’y prête pas attention quand il presse l’intérieur de ta cuisse, te faisant courber le dos violemment et gémir.
— Regardez-moi ça…, commente-t-il. Très réactive…
Ses doigts, se faufilant sous ton sweat, vienne jouer avec la ceinture de ton pantalon. Il rit faiblement lorsque ton ventre se met à trembler au contact de ses phalanges brûlantes. Et, tirant légèrement sur le tissu, il se délecte de ton expression frustrée quoi que traversée de légers cris.
Bientôt cependant, il met terme à tes souffrances en le faisant glisser le long de tes jambes. Puis, contournant le canapé, il vient se poser devant toi, de sorte à voir ta culotte auréolée d’une large trace de cyprine.
Grimpant de chaque côté de ta personne de sorte à se retrouver à quatre pattes au-dessus de toi, il sourit légèrement à cette vue.
— Tout ça pour moi, chérie ? demande-t-il en posant deux doigts sur la tâche et les remuant faiblement.
Le cri que tu pousses à ce contact est encore plus bruyant. Ton dos se courbe et tu bascules la tête en arrière, il profite de ce mouvement pour saisir ton haut et le faire glisser par-dessus ta tête, découvrant ton torse déjà dénudé.
Légèrement intimidée, tu ne peux t’empêcher d’observer sa réaction.
Et, lorsque ses yeux s’écarquillent légèrement, détaillant tes seins et ton torse couverts de sueur, une certaine gêne te prend. Gêne qu’il balaye d’une simple phrase, se penchant sur ta poitrine.
— Tu es encore mieux que dans mon imagination, murmure-t-il avant d’attraper un de tes tétons durcis entre tes dents et de tirer dessus.
Tentant de serrer tes jambes, tu gémis. Mais le genou de Shoto posé entre tes cuisses t’empêche de soulager la pression dans ton vagin. Sa langue vient ensuite lécher la partie qu’il mordait, un instant auparavant avant de l’aspirer, la relâchant dans un bruit de succion.
L’esprit embrumé, tu ne parviens à réagir aux paroles de l’homme qui ont pourtant éveillée ta curiosité.
Et il semble le deviner.
— Quoi ? demande-t-il tout en descendant ses lèvres sur ton ventre qu’il embrasse. Tout le monde à des envies et il est normal pour un être qui a vu la plus belle femme du monde de se l’imaginer dans de plus simples appareils, tu sais.
Tu ne sais pas quoi répondre, te contentant de plaquer ta main sur ta bouche en gémissant bruyamment quand il embrasse l’intérieur de ta cuisse. Ton ventre se soulève à ces mots si profondes et sincères, cette façon si douce de te sublimer.
Son souffle se fait ressentir contre ton vagin habillé, une larme de plaisir coule le long de ton crâne, tombant dans tes cheveux.
— Dis-mon nom, ordonne-t-il fermement, son doigt attrapant la ceinture de ta culotte et jouant avec.
Tu n’arrives pas à te contenir. Et, dans un gémissement, obtempère :
— Shoto…
Il émet un rictus satisfait.
— Bonne fille.
Puis, il pose ses lèvres sur ton entrejambe encore couvert, envoyant de fortes décharges dans ton clitoris et t’arrachant un cri. Par réflexe, tu tentes de fermer les jambes mais il les garde fermement ouverte, agrippant tes cuisses.
— Redis-le.
— Shoto…
Il embrasse de nouveau ton clitoris habillé.
— Plus fort.
— Shoto, gémis-tu bruyamment sans pudeur.
Tirant sur la ceinture de ta culotte, il la fait glisser le long de tes cuisses. Tu sens un filet de cyprine s’étendre depuis le tissu jusqu’à ton vagin, t’arrachant un frisson. L’air ambiant de la pièce se plaque à ton organe, le saisissant.
Tes lèvres pulsent entre tes jambes.
— C’est moi qui te fais mouiller comme ça ? demande-t-il dans un rire sans attendre vraiment de réponse.
— Oui, rétorques-tu tout de même.
Se redressant pour se mettre à genoux entre jambes, il t’observe mieux tout en rangeant ton sous-vêtement dans la poche de son jogging. Ses yeux balayent les courbes de ton corps et, plaçant sa main sur ton ventre, il la laisse se promener sur tes seins, ta gorge qu’il presse faiblement, tes épaules puis revient sur tes cuisses.
Il aime te toucher, te sentir.
— (T/P) étendue comme ça, juste pour moi, souligne-t-il de sa voix grave. Quel homme chanceux je fais…
Tu gémis à ces paroles. Il sourit pour la énième fois, amusé de ta réaction avant de se redresser, retirant son jogging et son caleçon.
— Regardes-moi, prononce-t-il d’un ton ferme.
Ouvrant les yeux, tu l’observes. Lui et son corps finement sculpté, à présent entièrement nu. Le « V » sur son torse se finit autour d’un imposant pénis qu’il tient en te fixant, allant et venant autour de lui en regardant ton corps.
Puis, saisissant le préservatif abandonné sur le canapé, il le défait avant de l’enfiler sans te quitter des yeux, appréciant l’ardeur avec laquelle tu fixes son entrejambe. Tu as hâte qu’il te pénètre, cela se voit.
Et il ne pourrait davantage aimer une vision s’offrant à lui que celle de ta poitrine dénudée se soulevant difficilement, tes yeux mi-clos dévorant son pénis du regard et ton vagin brillant sous une épaisse couche de cyprine.
Se redressant, il place son gland juste à ton entrée, te pénétrant à peine.
— Demandes-moi.
— Shoto…
— Dis-le.
Ton ventre tremble. Tu ne peux attendre plus longtemps.
— Prends-moi, s’il-te-plait, Shoto.
Il sourit, satisfait.
— Bonne fille.
Aussitôt, il te pénètre. Tes yeux s’écarquillent tandis que chacun de tes murs s’écartent sur son passage. Tu te sens remplie, comblée. De tes dents, tu attrapes ta lèvre inférieure tandis que, posant une paume sur ton ventre, il appuie sur celui-ci légèrement.
— Tu me sens en toi, là ?
Une larme de plaisir coulant sur ton visage, tu acquiesces en toute hâte.
— Tes mots, tonnent-ils entre ses dents serrées, se penchant juste au-dessus de toi et attrapant ta mâchoire pour te forcer à le regarder.
Tu respires difficilement face à la vue de ses yeux bicolores figés sur ta personne. Il te sonde de son simple regard, pénétrant.
— Utilise. Tes. Mots.
Déglutissant péniblement, tu le laisses muer sa prise sur ta mâchoire en une douce caresse attendrie sur ton visage lorsque tu réponds :
— Oui, Shoto.
Puis, attrapant à son tour son visage pour le rapprocher du tien, tu murmures contre lui :
— Je ne me suis jamais sentie aussi complète.
Le prenant au dépourvu, tu l’embrasses alors. D’abord surpris, il ne réagit pas. Puis, fermant les yeux en fronçant les sourcils légèrement, concentré sur la douceur de ton toucher, il approfondit bientôt le baiser, caressant tes épaules et glissant les mains sous tes omoplates pour te maintenir contre lui.
Puis, sans quitter tes lèvres, sa langue dansant avec la tienne, il commence à se mouvoir, ses testicules frappant avec vigueur tes fesses entre lesquelles coulent ta cyprine. Et, les jambes refermées autour de son dos, tu gémis tandis que le bruit de vos chair claquant emplie bientôt la pièce.
Gémissant dans sa bouche, tu gardes les mains sur son visage pour le maintenir près de toi tandis qu’il fait de même en plaquant sa paume sur la chute du creux de ses reins.
Bientôt, alors que ses coups de reins s’intensifient, tu sens les vapeurs de l’orgasme naitre en toi avant de s’intensifier, formant une boule condensée qui finit par exploser. Tu tentes de laisser ta tête basculer en arrière pour crier mais, ne cessant de t’embrasser avec toujours plus d’ardeur, Shoto t’en empêche et avale ton ultime cri.
Puis, accompagnant ta jouissance jusqu’au bout en continuant ses coups de reins, il finit par se redresser, interrompant votre baiser. Et, haletant en tu te laisses choir sur le canapé, ton corps toujours secoué.
Lui, de son côté, sent à son tour l’orgasme venir quand ses yeux se posent sur tes seins bougeant au rythme de ses intenses coups de boutoir. Ta respiration compliquée ne l’aide pas et, quand il sent ton vagin se resserrer autour de son pénis, signe qu’un deuxième orgasme s’apprête à te traverser, il ne parvient à se contenir davantage.
Soudain, ton ventre se contracte et tu hurles, un autre orgasme te foudroyant tandis qu’il éjacule, ralentissant ses mouvements.
Retombant lentement sur toi et saisissant ton visage entre ses mains, il exécute encore quelques mouvements avant d’arrêter complètement, sa respiration se faisant difficile.
Entre tes paupières quasiment closes, tu vois son visage trempé de sueur et ses cheveux collant à son front juste au-dessus du tien. Faiblement, tu souris. Il fait de même. Mais son rictus n’est plus moqueur comme tantôt, simplement particulièrement doux.
Doucement, il caresse ton front, laissant trainer son pouce sur tes tempes.
— J’en ai rêvé mais je pensais pas que ça deviendrait réalité, commente-t-il.
— Rêvé ? A ce point ? tu demandes.
Se redressant, il se retire de toi avant de se lever et aller jeter le préservatif dans la poubelle de la cuisine, ne répondant pas. Tu as froid, sans lui. Puis, au bout de quelques instants sans que tu ne le regardes, encore essoufflée par les deux orgasmes t’ayant traversée, tu le vois à nouveau apparaitre à tes pieds, une couverture dans une main et un gant mouillé dans l’autre.
Avec un sourire timide, tu le regardes poser le premier au sol avant de diriger le deuxième sur ton entrejambe. Puis, lentement, il essuie tes lèvres imbibées de cyprine et, saisissant la couverture au sol, il t’en recouvre et se lève à nouveau. Le tissu sur toi te réchauffe mais tu aimerais qu’il te rejoigne.
— Tu as faim ? demandes-t-il depuis la cuisine. Ou soif ?
Te redressant, tu poses les bras sur le dossier du canapé avant de placer ton menton sur tes mains jointes, soucieuse. Lui, de son côté, se trouve dos à toi devant les placards, ses fesses rondes attirant ton regard.
— Non, merci, tu réponds.
Il acquiesce en rinçant le gant avant de l’étendre non loin. Puis, rebroussant chemin, il te rejoint et grimpe sur le canapé de la même manière que tantôt, à quatre pattes au-dessus de toi. Une fois à ta hauteur, il lève la couverture et se glisse à ton côté, entre ton corps et le dossier.
Son corps chaud contre le tien te provoque des frissons. Il entoure ton buste de ses bras musclés, plaçant ton dos contre son torse et embrasse tendrement ton crâne, reposé. Tu sens ton ventre se détendre à ses gestes mais demeure soucieuse.
— Désolée pour ce que je t’ai dit, si ça t’a vexé, tu lances.
— Comment ça ? demande-t-il en te serrant davantage.
— Quand je t’ai demandé si tu avais vraiment rêvé de faire ça… Avece moi.
Ses bras quittent ton corps afin de lui permettre de se redresser sur l’un deux. A ce geste, tu te tournes sur le dos, observant son visage au-dessus du tien. Il te sourit faiblement et, de sa main libre, caresse tendrement ta joue.
— Il en faut plus pour me vexer, lâche-t-il. J’étais juste en train de penser au fait que ça faisait vraiment longtemps que je voulais t’approcher. A la base si je t’avais demandé ce qu’était ton alter c’est parce que tu avais attiré mon regard et je voulais en connaitre plus sur toi. Je me souviens que quand tu es partie je me suis même senti très vexé.
Ton cœur se serre dans ta poitrine quand tu entends cela.
— Je suis désolée, j’avais juste honte d’être devant un héros si en vogue dans l’école avec un alter minable.
— Minable ? répète-t-il en haussant les sourcils, son index s’égarant sur tes lèvres. Il est extrêmement utile, au contraire.
— Oui mais Katsuki dit que…
— Bakugo est un con, te coupe-t-il fermement.
Sans parvenir à te retenir, tu laisses filer un rire. En voyant ton visage fendu d’un sourire, son regard se fait attendrissant et il penche la tête sur le côté, caressant ta pommette tendrement.
— Quand tu as fait équipe avec lui et qu’il y a eu des rumeurs sur vous, j’avoue que j’ai serré le poing devant les magazines, commente-t-il. Je me disais qu’un abruti toujours en train de brailler te méritait pas, que tu valais mille fois mieux.
— Mais tu ne me connais même pas, tu réponds avec un sourire doux. Si ça se trouve tu viens de t’envoyer en l’air avec la pire personne du monde.
— Tu sais, même si je n’ai jamais osé t’approcher après que tu m’aies « rejeté » j’écoutais quand même lorsqu’on était en groupe et que tu parlais. Crois-moi, tu es loin d’être la pire personne du monde.
Se penchant vers toi, il presse quelques secondes ses lèvres sur les tiennes. Tu fermes les yeux à ce contact, grisée.
— Tu es même très loin de l’être, si tu veux mon avis.
Puis, se redressant, il pose une main sur ta joue. Tu réalises qu’il aime te toucher le visage, sentir tes traits sous sa paume. Il trouve cela réconfortant.
— En revanche, toi, tu ne me connais pas. Ce n’est pas très prudent de coucher avec un inconnu, blague-t-il doucement.
— Tu faisais parti des élèves les plus en vue et il y a des centaines d’articles écris par jour sur tes exploits. Crois-moi j’ai lu assez de choses en plus des discussions auxquelles j’ai été témoin pour savoir que tu es sincère et simple, ce qui change des héros habituels.
— Ah oui ? Tu te tiens à ce point informée ? Je suis flatté.
— Je me renseigne sur tous les anciens élèves, tu tentes de te justifier.
Il hausse un sourcil, ne semblant pas en croire un mot.
— Tous les anciens élèves méritant un coup d’œil, tu précises.
— Ah oui ? Et ils sont combien ?
Tu fronces les sourcils en regardant le plafond, faisant mine de réfléchir.
— Et bien… Il y a un mec qui manipule la glace et le feu, il est vraiment canon, tu serais vert de jalousie si tu apprenais combien j’ai pu fantasmer sur lui. Et puis un autre avec ses cheveux bicolores, c’était le plus beau du lycée. Et celui qui a fini deuxième au championnat de Yuei alors lui… Mon cœur battait tellement fort quand je l’ai vu se battre.
Avec un sourire amusé, il se penche sur tes lèvres.
— Arrêtes, tu vas me rendre jaloux, murmure-t-il avant d’écraser ses lèvres sur les tiennes.
Approfondissant le baiser, tu passes tes bras derrière sa nuque afin de le rapprocher de toi. Il se laisse guider contre ton torse et, tandis que vos langues entrent en contact, passe ses mains sous ton dos pour mieux te presser à lui.
Bientôt, vous vous écartez légèrement avant de poser vos fronts l’un contre l’autre.
— Du coup, pour les rumeurs sur toi et Bakugo…, commence-t-il, hésitant.
Tu ris légèrement face à son évidente jalousie.
— Le diner en tête-à-tête que les journalistes ont pris en photos c’était juste une salade mangée sur le pouce, histoire de faire une pause parce que nos « collaborations » ça a juste été nous qui prenions en stage des abrutis sur la demande d’Aizawa. Il a passé le repas à brailler que l’avortement devrait être rendu obligatoire, aucun mot doux n’a été échangé.
Le sourire de Shoto s’agrandit. Il te serre davantage dans ses bras avant de rouler sur le côté pour s’allonger à côté de toi, te faisant face. Aussitôt, tu te rues contre son torse et il te presse encore plus fermement contre lui, posant son menton sur ta tête.
Tu te sens vraiment bien, là.
— Et mettons que je t’emmène diner, ce soir, déclare-t-il, sa voix provoquant des vibrations à son oreille contre son torse. On mangerait autre chose que de la salade et discuterait pas de boulot, ça te va ?
Un sourire étire tes lèvres.
— Monsieur me proposerait-il un rencard ?
— Après avoir couché avec toi, répond-t-il. Je suis pas foutu de faire les choses dans l’ordre.
Basculant la tête en arrière pour mieux le regarder, tu le vois baisser les yeux en ta direction pour faire de même. Tu souris.
— On pourra toujours se rattraper en le refaisant après, tu sais.
— Ça veut dire que tu acceptes ?
Pour toutes réponses, tu fermes les yeux avant de plaquer à nouveau tes lèvres contre les siennes, savourant sa chair tendre et lisse.
Ces retrouvailles entre anciens élèves n’ont pas été une si mauvaise idée, finalement.
11 577 mots
voici l'OS de cette semaine
j'espère qu'il vous aura
plu :)
j'ai eu pas mal de demandes
sur shoto donc même
si ce n'est pas forcément
votre commande, j'espère
que vous aurez apprécié
:)
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