𝐎𝐈𝐊𝐀𝐖𝐀 𝐗 𝐅.𝐑𝐄𝐀𝐃𝐄𝐑









L  '  A  T  T  R  A  I  T   D  E   L  A
—    H    A    I    N    E    —











• c o m m a n d e s •
par rin_satoru
alors je n'ai pas eu
le temps de faire du smut
navrée
mais une partie 2
sortira sans doute



































           UN JOUR, je le tuerais sûrement.

           Sous mes yeux, le bulletin télévisé de cette chaude soirée défile. Assise sur mon canapé, j’observe les images filant à toute vitesse. Ma gorge se serre et mes yeux se remplissent de larmes. J’agrippe la couverture couvrant le meuble que j’occupe.

           A l’écran apparait soudain un jeune homme. Je le reconnais bien. Ses cheveux châtains, ses yeux bruns et son air hautain ne l’ont pas quitté depuis notre toute première rencontre. A l’époque, il venait de fêter son vingt-et-unième anniversaire. Deux années se sont écoulées depuis et il n’a pas changé.

           Il n’est toujours qu’un salaud de connard arrogant. Un arriviste.

— Oikawa Tooru, vos impressions sur le match de ce soir ? Certains sur les réseaux sociaux aiment à dire que vous l’avez sauvé, que votre équipe n’aurait jamais rien gagné sans vous, lance un homme aux cheveux coupés à rat, un micro à la main.

— Il s’agit d’un sport collectif. Nous sommes une équipe. Ce match n’aurait pu être remporté si un seul parmi nous avait manqué à l’appel.

           Quel crétin. Quel hypocrite. Quel connard.

           Aucun des mots ne sortant de ses lèvres sont sincères. Il a juste appris à mieux dissimuler son complexe de supériorité avec le temps. Mais je ne tolèrerais pas une seule seconde de plus ce spectacle affligeant. Alors, saisissant mon portable, je pianote avec vitesse et hargne quelques mots.

A : Oikawa.

Evidement, tu t’en ficheras éperdument. Mais j’espère que tu te pèteras les genoux et ne pourras plus jamais jouer de ta vie. Tu mérites de perdre ta capacité à exercer ta passion. Ne me contacte plus jamais, connard.

           Là-dessus, je le bloque.

           Je ne suis pas surprise de voir, sur l’écran de la télévision, qu’il ne répond pas à son téléphone. Il doit être dans les vestiaires. Tant mieux. Il aura tout le loisir de profiter de ma haine et s’en réjouir, auprès de ses amis. Il leur montra sans doute le message en me traitant de folle, se débarrassant de moi.

           J’éteins ma télévision. Je me lève ensuite, me décidant à manger quelque chose. Cela fait trois jours que je n’ai rien avalé. Mais je me contente d’éclater en sanglots. Mes épaules se secouent et j’enfouis mon visage entre mes mains avant de me laisser tomber au sol.

           Je ne peux m’empêcher de me demander combien ma vie serait sans doute plus belle si je ne l’avais pas rencontré.

           Je revois encore le bar où je l’avais abordé pour lui demander un autographe, à l’époque. Je me souviens de son sourire charmeur quand il a signé le papier. Mais surtout, je me rappelle quand, dix minutes plus tard, en sortant pour prendre l’air, j’ai surpris sa conversation au téléphone avec quelqu’un d’autre.

           Il expliquait à la personne — ou plutôt, se vantait — d’être affreusement désiré. Il racontait le fait que même en allant dans un bar paumé, portant un masque et une casquette, il avait trouvé le moyen de se faire arrêter par une « groupie ».

           La groupie en question étant moi.

           Je suis retournée dans le bar. J’ai demandé un verre d’eau en disant que j’avais besoin de digérer quelque chose. Le serveur me l’a donné. Je suis ressortie. Il était encore au téléphone. Je l’ai appelé. Il s’est retourné. Je lui ai lancé le verre à la figure. Sous le choc, il n’a pas réagi.

— La groupie t’emmerde, j’ai ajouté en fourrant l’autographe dans sa main libre avant de tourner les talons.

           Je ne pensais pas le recroiser un jour après cela. A vrai dire, je pensais ne garder comme vestige de cette soirée que le verre dans laquelle trainent maintenant des roses. Ces dernières m’ont d’ailleurs été offertes par Oikawa lui-même.

           Je souris tristement. A chaque fois qu’il venait chez moi et voyait le bocal vide, il ressortait et revenait avec des fleurs pour « célébrer notre première rencontre ». Cela me faisait systématiquement rire.

           Je me lève et prends le verre que je projette, avec son contenu, sur le mur.

— Espèce d’enfoiré de connard de merde, je crache.

           Un rire sans joie secoue mes lèvres.

— Putain, je lui ai tout donné. Tout. Absolument tout.

           Marchant jusqu’au réfrigérateur, j’en sors une énième bière que je descends. Des larmes coulent sur mes joues. Et je réalise que tout aurait dû s’arrêter à cet instant. Que jamais je n’aurais dû chercher à aller plus loin.

           Quelques jours après notre première rencontre, mon patron m’a appelée dans son bureau. Il m’a dit que nous avions un nouveau dossier. Que le client en question trempait dans un scandale et que, comme nous étions une agence de communication réputée, il s’était tourné vers nous pour redorer son image.

           Je me suis rendue dans la pièce d’à côté pour le rencontrer. Il s’agissait de lui. De cet abruti. Mais il n’a pas semblé me reconnaitre. Il a simplement expliqué son problème.

           Une vague de personnes sur les réseaux sociaux cherchaient à le boycotter parce qu’il n’était qu’un connard arrogant.

           J’ai accepté le dossier. Je n’avais aucune raison de ne pas le faire. Pourtant, je lui ai bien fait comprendre que je ne l’appréciais pas. Il s’en fichait éperdument. Nous avons travaillé ensemble nuit et jour. Je l’accompagnais mener des actions qui le pousseraient à être aimée du public. Et ce, même si je savais qu’il ne s’agissait que d’une tripotée de mensonges.

           Un soir, il m’a avoué qu’il se souvenait de moi. Il s’est excusé. Nous nous sommes rapprochés. Et, depuis lors, il était mon ami.

           Depuis ce moment, je croyais sincèrement qu’il n’était pas le connard arrogant que tous décrivaient. Qu’ils s’étaient simplement tous trompés à son sujet.

— C’est toi qui t’es trompée, ma vieille, je ris sans conviction.

           Après les miracles que j’avais fait avec le dossier Oikawa, de plus en plus de clients se sont dirigés vers mon agence et m’ont demandée. Oui. Grâce à lui, j’étais devenue extrêmement connue dans la profession. Le grand public ignorait mon nom mais chaque célébrité m’engageait après un scandale. Tous s’arrachaient mes services.

           Tous. Jusqu’à ce que Oikawa, dans un accès d’égoïsme qui lui est habituel, décide qu’il était venu pour moi de dire adieu à ma carrière.

           Mon téléphone sonne. Je regarde l’écran. Une photographie d’un brun aux sourcils droits que je ne connais que trop bien s’affiche. Mon cœur s’emballe. J’essuie avec hâte mes yeux et m’éclaircit la voix.

           Peut-être que tout n’est pas fini. Peut-être veut-t-il m’engager ?

— Iwaizumi ! Que puis-je faire pour toi ? je lance avec entrain.

— Non, ce… Ce n’est pas lui… C’est moi.

           Les traits retombent. Ma gorge se serre. Je reconnais la voix d’Oikawa. Des larmes remplissent mes yeux. Mon euphorie retombe drastiquement. Moi qui croyais m’être enfin trouvé un client…

           J’aimerais lui répondre des insultes. J’aimerais le traiter de tous les noms. J’aimerais lui dire ses quatre vérités. J’aimerais lui donner rendez-vous dans un parc sombre et débarquer avec une batte pour lui péter les genoux.

           Mais ma gorge est serrée et je suis éreintée. Alors je raccroche.

           Mon téléphone recommence à sonner aussitôt. Il s’agit du numéro d’Iwaizumi. Mais je ne réponds pas. Je bloque son numéro aussi. Peu de temps après, un autre nom s’affiche. Un membre de l’équipe d’Oikawa. Je ne décroche même pas et le bloque. Puis un autre. Et encore un autre.

           Je hoquète bruyamment. J’ai beau les bloquer, de nouveaux surgissent. Tous m’appellent. Sans arrêt.

           Je me lève, le cœur lourd. Puis, marchant jusqu’à la cuisine, je ne réfléchis pas réellement avant de balancer mon téléphone portable dans le mixeur. J’appuie sur le bouton dé démarrage. Le bruit est effroyable.

           Mais libérateur.

           Un sourire mouillé de larmes étire mes lèvres. Il ne sonne plus, à présent.

           Je marche jusqu’à mon ordinateur que je rallume. Avant de le fermer brutalement, tout à l’heure, je consultais les tarifs des peintres en bâtiment. Je dois repeindre la façade de ma maison. Je trouve un numéro que je compose. Au bout de quelques tonalités, une voix me répond :

— Cabinet Park Construction, j’écoute ?

— O… Oui, allô ? je demande d’une voix légèrement enrouée. Je vous contacte pour savoir s’il serait possible de repeindre la façade de ma maison, s’il-vous-plaît.

— Bien sûr. Ce serait quel genre de prestations ? Un rafraichissement parce que la couleur a mal vieillie ou un changement total de style ?

— Euh… Ni l’un ni l’autre… Quelqu’un a simplement marqué des mots en rouge sur la façade… Des insultes. Je voudrais juste qu’elles disparaissent.

           Il y a un court silence.

— Je vois. Si je puis me permettre, vous devriez surtout vous tourner vers la police, pour ce genre de choses, mademoiselle. Ceux qui ont fait ça seraient obligé de me payer la prestation.

— J… Je sais mais…

           Mais je crains d’aggraver mon cas. Que le fait de porter plainte engrange encore plus de haine.

— Bien, me répond-t-il, comprenant que je peine à en parler. Je vous en prie, donnez-moi votre adresse mail et je vous enverrais un devis.

           J’obtempère et m’exécute. Lorsqu’il entend mon nom et mon prénom, il semble comprendre le fond de la situation mais ne fait aucune remarque. Je raccroche et mes yeux se remplissent de larmes.

           Puis, je tombe sur ce que je regardais, tout à l’heure. Ce qui m’a poussé à fermer violemment mon ordinateur. Une vidéo cartonnant sur les réseaux sociaux. On y voit une fille faisant mine de rire, la main plaquée sur ses lèvres, les yeux écarquillés, accompagné d’un texte :

« Est-ce qu’on peut parler de l’efficacité des fans d’Oikawa svp ? Une heure après qu’il ait parlé, l’autre c0n4ss3 était VIREE DE SON AGENCE MDRRRR »

           Des larmes remplissent mes yeux. Je ne devrais pas mais je défile pour voir une autre vidéo. On m’y voit, avec un masque et un chapeau, marchant pour aller faire mes courses.

« Je suis allé faire mes courses, regardez qui j’ai croisée… Ne serait-ce pas la groupie en chef ? »

           Une autre.

« D’habitude je suis conte le harcèlement mais… Sometimes bullying is okay »

           Encore une autre. Je souris en lisant les premières lignes, me sentant enfin soutenue.

« Franchement, on voit combien vous êtes misogynes. Un mec accuse une femme de harcèlement et sans enquêter une seconde, vous la harcelez en retour ? Franchement, commettre un délit en réponse à une autre délit c’est pas la solution… C’est ce que j’aurais dit si j’étais une pute. »

           Je ferme mon ordinateur. Une larme coule sur ma joue.

           Ma sonnerie retentit. Pour la énième fois depuis plusieurs jours. Elle résonne avec force dans la pièce principale. Je tremble. Je suis agacée. Je ne réponds même pas. Les premières fois, j’ouvrais la porte. Les autres, je leur demandais simplement de partir mais maintenant… Mes lumières sont éteintes et mes rideaux, tirés.

           J’agis comme si personne n’habitait ici.

— (T/P) ! Je sais que tu es là ! (T/P) !

           Je me fige en reconnaissant la voix d’Oikawa. Un instant, j’hésite à continuer et l’ignorer, mais lorsqu’il se met à tambouriner violemment contre la porte, je ne tiens plus. Je me lève brutalement.

           M’emparant de la poignée de la porte, je l’ouvre brutalement et, furieuse, lui crache :

— Ne me dis pas que tu oses venir ici après ce que tu m’as fait !

           Il ne répond pas tout de suite. Il semble sous le choc. Lui qui m’a toujours vue fraiche et pimpante, apprêtée… Cela doit lui faire un choc de constater mon état, maintenant.

           Mais il finit par revenir à lui et déclarer :

— Je suis vraiment désolé. J’ai voulu m’excuser publiquement mais mon manager me l’a interdit. Il m’a dit que ce ne serait pas bien pour…

— …Pour ton image, c’est ça ? je raille.

           Il m’observe quelques instants. J’éclate d’un rire sans joie.

— Tu veux que je te montre ce qu’elle vaut, ton image ? Ce qu’elle me coûte ?

           Il ne répond pas. J’appuie sur un interrupteur. Dans la nuit noire, ma maison s’allume. La façade de cette dernière s’illumine, laissant voir l’état de ma maison. Et les yeux d’Oikawa s’écarquillent en voyant que les murs jadis blancs sont couverts d’écritures rouges.

« Sale pute » « Salope » « Grosse conne » « Sorcière » « Sale harceleuse » « Groupie de merde » « Va crever » « T’as fait du mal à Oikawa, tu vas payer »

           Il semble hébété. Ses yeux sont écarquillés. Sa gorge est serrée, je le vois à la façon qu’il a de peiner à déglutir. J’éteins les lumières. Mais il continue à fixer les murs.

— Tu vois où tu peux te la fourrer, ton image, Oikawa ? je gronde.

           Il se tourne vers moi au moment ou je referme ma porte. Posant son pied dans l’interstice, il m’empêche d’aller au bout de mon geste.

— Laisse-moi entrer. Je t’en supplie.

           Je le regarde. Il semble navré. Et je suis sûre qu’il est désolé. Mais je m’en fiche complètement. Oui. C’est le cadet de mes soucis.

           Seulement je hausse les épaules et quitte la porte. Il me suit avant de refermer derrière lui. Et il me semble voir une ombre passer sur son visage quand il voit les fleurs qu’il m’avait offertes, au sol, parmi les débris du verre.

— Je ne voulais pas tout ça.

— Alors t’aurais mieux fait de fermer ta putain de gueule, Oikawa, je gronde.

           Il me regarde quelques instants. Je tourne la tête. Je ne veux pas me laisser attendrir par son visage affligé.

— Ne fais pas ça, je lance d’une voix tremblante. Ne me regarde pas comme si tu étais celui qui avait le plus perdu dans cette histoire !

— Je t’ai perdu, toi, lance-t-il.

— LA BONNE BLAGUE ! D’APRES CE QUE J’AI COMPRIS, CA FAISAIT LONGTEMPS QUE TU REVAIS DE ME PERDRE !

— Non, j’étais juste énervé quand j’ai dit ça, je savais pas que j’étais filmé, je…

           Cela fait un moment que les choses ne vont plus, entre Oikawa et moi. A vrai dire, depuis que je me suis inscrite sur une application de rencontre. Auparavant, chaque semaine, nous mangions ensemble dans un restaurant chinois. Les paparazzis avaient pris une quantité astronomique de photos de nous et des rumeurs disaient qu’on était en couple.

           Avec le temps, ces diners se sont espacés. Souvent, j’ai annulé à cause de rencards. Au départ, il est juste devenu froid. Puis, quand je l’appelais pour décommander un diner, il s’est mis à se mettre en colère. De plus en plus souvent.

           Nous nous disputions régulièrement. Jusqu’à la dernière fois. Ici même, alors que nous regardions la télévision, je lui ai dis que le lendemain, je ne pourrais pas manger avec lui. Que je comptais revoir l’un de mes rencards. Cela ne lui a pas fait plaisir. La situation a dégénéré. Je lui ai hurlé dessus qu’il n’était pas mon mec et qu’il ferait mieux de rester à sa place.

           Il n’a rien dit. Il a mis ses chaussures. Il est parti. Il a cessé de répondre à mes messages ou mes appels.

           Je n’ai plus eu de nouvelles de lui.

           Jusqu’au jour où mes messages et notifications ont quadruplé de volumes. Surprise, j’ai regardé de quoi il s’agissait. Une vidéo avait fuité. On y voyait Oikawa, dans les vestiaires, discutant avec un de ses coéquipiers. Ils ne savaient de toute évidence pas qu’ils étaient filmés.

« Alors, avec ta meuf, comment ça se passe ? «

« J’ai pas de meuf. »

« Tu te fous de moi ? Celle avec qui tu manges tout le temps. »

« Ah, (T/P) ? Je… Non, c’est pas ma meuf. »

« Je vois, haha… Une groupie, c’est ça ? »

« Ouais, une putain de groupie qui me fait bien chier. »

« Sérieusement ? T’avais l’air de bien l’aimer, pourtant. »

« Ouais… J’avais l’air. Mais la vérité c’est que je suis bien content qu’elle me lâche enfin la grappe. »

           Internet étant internet, les conclusions ont été tirées. Ce ne pouvait pas être une dispute. Non, j’étais la « groupie ». La femme qui harcelait le grand et beau Oikawa. Celle qui s’en était pris à lui. Qui refusait de « lui lâcher la grappe ».

           Je me suis d’abord dit qu’il suffisait d’attendre. J’ai feint de ne pas avoir remarqué ce qu’il se passait, je ne répondais pas aux insultes que je recevais. Il me semblait qu’il ne faudrait que quelques jours pour que cela s’essouffle.

           Mais en quelques jours, j’ai perdu tous mes contrats. Comment espérer redorer son blason si la femme censée s’en occuper à l’image d’une harceleuse ? Alors j’ai perdu mes clients. Je ne servais plus à rien et faisait mauvaise presse à l’entreprise. Elle m’a donc poliment invité à quitter les lieux.

           Je suis rentrée ce soir-là et ai trouvé ma maison dévalisée. J’ai voulu m’acheter de quoi manger pour me remonter le moral mais des gamins avec des portables m’ont suivi pendant que je faisais mes courses et m’ont postée sur les réseaux sociaux. Qu’à cela ne tienne ! J’ai décidé de garder la tête haute et de continuer à vivre malgré tout.

           J’ai cherché un emploi. Avec ma réputation, je songeais que je l’obtiendrais bien vite. Mais j’ai essuyé vingt-et-un refus.

           Car je n’ai plus la réputation d’une femme douée dans ce qu’elle fait mais d’une harceleuse de célébrités. Et les célébrités… Ce sont mes clients.

           J’ai réalisé que je ne pourrais plus jamais exercer mon métier ni vivre normalement. Je n’ose plus sortir de chez moi, depuis.

— Je suis vraiment désolé, (T/P). Même si je sais que cela ne rattrape en rien le mal que j’ai pu te faire, je…

— Tu l’as dit toi-même : cela ne rattrape rien.

           Ses épaules s’affaissent. Il fixe le sol.

— Je te promets que je ne savais pas que j’étais…

— MAIS JE M’EN COGNE, PUTAIN ! je hurle en lui arrachant un sursaut. Que tu dises des conneries sous le coup de l’énervement, je m’en fous ! Mais ça fait trois jours que cette vidéo est sortie, que je me fais harceler ! Tu avais trois jours pour expliquer la vérité sur ce qu’il s’était passé !

— Je sais et j’ai voulu le faire mais mon manager… Il m’a dit que personne ne me croirait. Grâce à toi, j’ai l’image d’un homme bon et si j’avais demandé de ne pas t’harceler, les gens se seraient dit que je ne faisais cela que par gentillesse et ne m’auraient pas cru. T’aurais simplement été encore plus harcelée…

           J’éclate de rire. Un rire entremêlé de larmes. Je me fous de sa gueule sous ses yeux hébétés. Il me dévisage, n’osant dire quoi que ce soit.

— Et qu’est-ce que ton manager connait en communication ? Hein ? je demande. Ton manager est tellement nul que ça fait des années que tu m’engages, moi ! Pour faire son taffe de merde en plus ! Il est payé à rien foutre, ton manageur !

           Il ne répond pas tout de suite. Il attend que je cesse de rire. Le silence revient et il chuchote :

— Je sais que j’ai mal agis. J’étais énervé parce que tu m’avais mis un râteau mais je… Je n’aurais jamais cru qu’on me filmerait à mon insu. C’était simplement des insultes de gars frustré et vexé. J’ai dit que tu me lâchais enfin la grappe parce que je pouvais pas digérer le fait que c’était à moi de le faire, en réalité.

           Mes traits retombent. Mais de quoi parle-t-il ? Je ne lui ai pas mis de râteau ? Il débloque complètement, ce type !

           Sans plus de cérémonie, il tourne les talons. Sans même un aurevoir, il s’en va.











           Je ne cherche pas à le suivre et le laisse partir.




































           Mes yeux s’ouvrent et je m’étire. Machinalement, je me lève et fais mon lit avant de tirer les rideaux de ma chambre. Puis, je marche jusqu’à mon salon et sors quelques ingrédients du placard. Du curcuma, du gingembre, de la cannelle, du poivre noir, du lait de coco et…

           Mon sang se fige. Mes yeux viennent de tomber sur le contenu du mixeur. Mon téléphone portable. A la hâte, je retourne dans ma chambre.

           Putain la conne ! J’ai ouvert les rideaux ! J’avais oublié !

           Je plonge au sol pour ne pas être vue depuis l’extérieure. Mais trop tard. Des milliers de lumières éclairent ma chambre par intervalles réguliers. Bien qu’ils n’aient pas le droit, ces connards ne se gênent pas pour me photographier dans mon intimité. Les flashs des paparazzis se déchainent.

           Rampant sur le sol, là où je ne peux être vue, je me glisse sous la fenêtre. Là, j’attrape un rideau que je tire. En voyant le mouvement, les journalistes s’excitent. Ils ont compris que j’étais revenue dans ma chambre.

— (T/P) ! (T/P) ! UNE DECLARATION, S’IL-VOUS-PLAIT !

— AVEZ-VOUS QUELQUE CHOSE A DIRE A OIKAWA APRES CE QU’IL VOUS A FAIT !

— (T/P), NOUS SOMMES UNE REVUE INDEPENDANTE FEMINISTE ! NOUS VOULONS VOTRE TEMOIGNAGE !

           Mes sourcils se froncent. Ce qu’Oikawa m’a fait ? Mon témoignage ? Mais de quoi parlent ces connards du dimanche ?

           Soudain, mes traits retombent.

           Putain mais quelle abrutie ! Comment n’ai-je pas pu l’envisager avant ? Cela fait des années qu’il travaille avec moi. Il connait mes méthodes. Putain, la conne ! J’aurais dû réagir hier, quand je l’ai entendu faire !

« J’étais énervé parce que tu m’avais mis un râteau mais je… »

           Pourquoi mentir sur quelque chose lorsque nous deux connaissons la vérité ? Tout simplement car nous n’étions pas deux, dans cette conversation. Et qu’il souhaitait convaincre des milliers de personnes. Pas moi.

           Rampant jusqu’à ma table de chevet, je ferme l’autre rideau. Puis, j’attrape ma tablette. Je me connecte sur un faux-compte et ouvre un réseau social quelconque. Je tombe immédiatement sur ce que je cherche.

           La vidéo compte des millions de vues. Il s’agit d’un enregistrement. Et il est légendé.

« Bravo le girl power ! On a toutes harcelé une fille parce qu’elle avait repoussé les avances d’un mec, là ? »

           Une pierre tombe dans mon estomac.

— Non, non, non, non, non ! Dis-moi que t’as pas fait ça, espèce de con !

           Je lance l’enregistrement.

« Que tu dises des conneries sous le coup de l’énervement, je m’en fous ! Mais ça fait trois jours que cette vidéo est sortie, que je me fais harceler ! Tu avais trois jours pour expliquer la vérité sur ce qu’il s’était passé ! »

« Je sais et j’ai voulu le faire mais mon manager… Il m’a dit que personne ne me croirait. Grâce à toi, j’ai l’image d’un homme bon et si j’avais demandé de ne pas t’harceler, les gens se seraient dit que je ne faisais cela que par gentillesse et ne m’auraient pas cru. T’aurais simplement été encore plus… »

« Et qu’est-ce que ton manager connait en communication ? Hein ? Ton manager est tellement nul que ça fait des années que tu m’engages, moi ! Pour faire son taffe de merde en plus ! Il est payé à rien foutre, ton manageur ! »

« Je sais que j’ai mal agis. J’étais énervé parce que tu m’avais mis un râteau mais je… Je n’aurais jamais cru qu’on me filmerait à mon insu. C’était simplement des insultes de gars frustré et vexé. J’ai dit que tu me lâchais enfin la grappe parce que je pouvais pas digérer le fait que c’était à moi de le faire, en réalité. »

           J’ouvre l’espace commentaires. Il est rempli d’insultes envers lui. Des centaines de personnes qui jurent m’avoir défendu depuis la première heure. Je secoue la tête, furieuse.

           Quels connards de menteurs.

— Putain, Oikawa, t’es vraiment un demeuré !

           Je passe la tête sur mes traits. Qu’est-ce que je peux bien faire, maintenant ? Mes yeux s’écarquillent. Mais quelle question idiote.














           Ce que je peux faire ? Mon travail, tout simplement.





































— Madame, vous n’avez plus le droit d’être ic…

— Va coucher, Amélie. 

           Mon ancienne assistante recule aussitôt. Derrière moi, une horde de journalistes me suit. Ils ne m’ont pas lâché depuis que je suis sortie de chez moi. Tant mieux, j’avais besoin de public. Ils m’ont vu faire une apparition, propre, maquillée et manucurée. Tirée à quatre épingles.

           Je passe le portique de sécurité. Aucun des vigiles ne m’arrête. Ils sont trop occupés à contenir les journalistes.

— MADAME (T/N) ! UN COMMENTAIRE ? résonne la voix de l’un d’entre eux tandis que je les sème, pénétrant le hall.

           Sans même me retourner, je lance à la cantonade :

— LA MORALE DE L’HISTOIRE C’EST QUE VOUS ETES TOUS UNE SACRE BANDE D’HYPOCRITES QUI FERAIENT MIEUX DE SE MÊLER DE LEUR CUL ! VOUS NE CONNAISEZ RIEN DE CETTE HISTOIRE !

           Première étape amorcée.

           Les gens adorent les femmes fortes. Ou plutôt, depuis quelques années, les personnes sensibles aux histoires de harcèlement ont tendance à avoir d’autres centres d’intérêt. Et les dames élégantes et puissantes en font partie.

           Je dois leur montrer que tout cela ne m’a pas atteint. Cela amoindrira légèrement la haine contre Oikawa.

           Maintenant, deuxième étape.














           Récupérer ce qui m’appartient.





































           J’ouvre la porte de mon ancien bureau sans toquer. Les personnes dedans sursautent, surprises de me revoir alors que j’ai été virée, il y a moins d’une semaine. Enfin, pour ce qui est des employés… Pour les autres, la stupeur trouve une autre source.

— Pourquoi je ne suis pas surprise de te voir ici ? je lance à l’intention d’Oikawa. Peut-être parce qu’après un bad buzz pareil, tu as besoin d’aide.

— Madame (T/N), vous ne travaillez plus ici…, commence mon patron.

— C’est exact alors je peux te demander de fermer ta gueule sans craindre d’être virée.

           Tous se figent dans la pièce. Oikawa m’observe. Une lueur allume son regard. Je ne sais s’il s’agit de l’excitation de me voir de retour dans la peau de la femme que j’ai toujours été. Ou s’il s’agit de soulagement car il sait pertinemment pour quelle raison je suis ici.

           Je suis venue lui sauver la mise.

— Madame (T/N), Oikawa n’a pas besoin de se faire harceler dav…

— Elle ne m’a jamais harcelé.

           La voix de mon ami est ferme. Mais je regarde plus longuement ses yeux rougis et remarque qu’il a pleuré. Il y a de quoi. La vague de haine qu’il vient de se prendre… Disons que j’ai eu l’occasion d’en vivre une, dernièrement.

— Lève-toi. Je reprends le dossier.

— Madame (T/N), vous n’avez pas le dr…, commence mon patron.

— Qu’est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis de fermer ta gueule ? je répète.

           Il ne répond pas. Et je sais exactement pour quelle raison.

— Tu n’oses pas m’engueuler parce que tu sais que tu m’as virée quand j’étais au plus mal et que j’ai des raisons de t’en vouloir. Mais maintenant, les gens m’apprécient à nouveau et les clients vont revenir… Sachant que je faisais le plus gros chiffre de ton entreprise, tu espères pouvoir me réembaucher.

           Je fais signe à Oikawa de se lever. Il obtempère. Son manager l’attrape par le bras mais il se dégage de sa prise. Il me rejoint.

— Et bien je vais te dire une chose, je lance à mon patron. Je vais ouvrir ma propre boite et dans un an maximum, tu me supplieras de te racheter.

           Je ferme derrière moi. Oikawa me regarde. Nous sommes seuls dans le couloir. Là, mon masque fond. Je perds mon allure de femme forte et déterminée.

           Des larmes imbibent mes yeux. Il fuit mon regard, embarrassé.

— La seule chose qui me fait plus mal que d’être le centre de la haine est que tu le sois. Je n’ai pas consacré une partie de ma carrière à montrer au monde que tu es quelqu’un de bien pour que tu gâches tout.

— Tu m’étonnes, lance-t-il acerbe. Je suis ton client le plus connu alors comment lancer ta boite si j’ai un scandale au cul, hein ?

— Non, espèce de con !

           Une larme roule sur ma joue. Il la regarde quelques instants avant de l’essuyer de son pouce. Le geste est doux. Mes entrailles se soulèvent.

— Ce que j’ai vécu, au cours des derniers jours, je ne veux juste pas que tu le vives… Et encore moins à cause d’un mensonge.

— Je n’ai pas menti.

           Je le fusille du regard. Il affiche un sourire joueur.

— Espèce d’abruti, j’ai aucun dictaphone sur moi et cette conversation n’est pas enregistrée donc inutile de continuer à mentir.

           Ses épaules retombent. Je le fixe.

— Bon sang mais… Pourquoi tu t’es fait ça ? Tu réalises que tu pourrais perdre ta carrière ? Des sponsors ? Regarde ce qu’il m’est arrivé, quand j’ai été accusé des mêmes choses.

— Si ça m’arrive, je l’aurais mérité.

           Je secoue la tête. Il se trompe. Il est débile mais ce n’est pas une mauvaise personne. Il ne mérite pas tout cela.

— Sérieusement, Oikawa… Pourquoi ? je demande.

           Il m’observe quelques instants.

— Où est le Oikawa qui ferait tout pour sa carrière ? j’insiste.

— Tu vaux plus que ma carrière.

           Mes sourcils se haussent. Il a laissé échapper cela. Mais il ne le retire pas. Il fuit simplement mon regard.

— Oikawa…

— C’est pas entièrement faux, en plus, se justifie-t-il. Tu m’as pas mis de râteau mais j’ai agis comme un con par jalousie.

           Il me regarde enfin.

— Je ne veux plus que tu manges avec eux… S’il-te-plaît. Dine avec moi. Seulement moi.

           Il prend mon visage en coupe. Mes yeux se ferment quand il pose son front sur le mien. Sa chaleur m’apaise.

— Je ferais tout pour toi…, murmure-t-il.

— Je sais.

           Ce n’est pas la première fois qu’il fait quelque chose de stupide pour moi. L’un des scandales que j’ai dû gérer, il y a quelques années, émanait du poing qu’il avait collé dans le visage d’un chanteur. Ce dernier m’avait traitée de pute après que j’ai refusé ses avances.

           Encore avant, il avait refusé de prendre une photographie avec une fan. Les gens l’avaient trouvé arrogant alors qu’il avait simplement reconnue cette fille : elle faisait partie d’une communauté de fan qui m’insultaient car j’étais trop proche de lui.

           Peu de temps après, il avait insulté un de ses sponsors. La fameuse marque de boisson avait posté une vanne sur moi : « Oikawa aime boire notre jus comme (T/P) aime boire le sien ». Cela avait fait rire bien des personnes qui ont tendance à apprécier quand les marques se montre insultantes, rompant avec l’image lisse qu’elles doivent avoir.

           Ils avaient beaucoup moins apprécié, en revanche, le menace de mort qu’Oikawa leur avait répondu, sur un coup de tête.

— Je voulais vraiment pas te faire du mal, chuchote-t-il. Je comptais vraiment démentir mais à chaque fois que je t’ai protégée, tu t’es mise en colère à cause de mes réactions démesurées. Tu me disais de te laisser gérer… Alors j’en ai parlé à mon manager et il m’a demandé d’effectivement te laisser gérer.

           Je vois les larmes roulant sur ses joues. Je les essuie en toute hâte.

— Oikawa, je…

           Je ne sais même pas quoi dire. Mais mon cœur se serre en le voyant pleurer. Des larmes dévalent nos joues et nous nous regardons. Nos nez se frôlent. Nous fondons l’un sur l’autre.

           Quand il m’embrasse, il me semble que tout disparait. Ma colère fond quand sa langue s’enroule autour de la mienne. Tout ne devient que des mots sans importance quand ses bras s’enroulent autour de mon corps. Nos torses se plaquent l’un à l’autre.

           Nous nous embrassons comme si nous en dépendions. Nos langues s’entrechoquent. Ses mains caressent mon dos.

           Nous nous séparons, respirant difficilement. Nous nous observons.

— Et maintenant ? chuchote-t-il.

— Et maintenant, nous allons faire ce que nous avons toujours fait et mettre de l’ordre dans ce bordel, je déclare.

           Ma main s’enroule autour de la sienne. Il sourit en me voyant faire. De son pouce, il essuie mon maquillage ayant coulé. Je dépose un baiser sur sa joue avant de lancer :










 

— Mais d’abord, nous allons diner ensemble.





























j'espère que cet os
vous aura plu !
j'essaye de m'y remettre
doucement
:)

je n'ai pas encore
assez regarde haikyuu
donc comme pour l'os
avec suna, désolée
si vous le personnage
ne correspond pas
à sa version canon

<3

une partie deux
sortira peut-être
~

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