𝐍𝐀𝐍𝐀𝐌𝐈 𝐗 𝐅.𝐑𝐄𝐀𝐃𝐄𝐑
L E J O Y A U D U
— N É P O T I S M E —
• c o m m a n d e s •
par
elle
ua
patron to lovers
je
MES PAUPIERES SONT lourdes et ma nuque me tiraille. Un bâillement force l’entrée de mes lèvres tandis que je pianote sur mon ordinateur. Je peine à demeurer concentrée sur mon écran mais je persiste à pianoter, ne cessant de me dire que tout cela sera bientôt finit.
Autour de moi, les bureaux sont vides. La nuit est tombée sur la ville et les vitres ne laissent voir que le ciel illuminé de lanternes. Je ne peux m’empêcher de le regarder quelques instants, mon esprit errant au fur et à mesure de mes pensées.
Je donnerais bien des choses pour n’avoir qu’à claquer les doigts, là, et que mon corps se téléporte dans mon lit.
— Je hais les assistantes qui savent pas faire leur taffe, je grommelle en posant mon front sur le bureau.
Mes paupières se ferment. Je profite quelques instants de ce repos. Je suis si exténuée que je me surprends à songer que je n’ai jamais trouvé de lieux plus confortable pour m’assoupir.
— Putain, Manon, je te hais…
Il y a peu, mon entreprise a eu la brillante idée d’engager une femme aux longues années d’expérience derrière elle et se targuant d’être un atout majeur pour n’importe quelle équipe. Je venais de recevoir une promotion doublant mon travail alors elle m’a été remise afin d’alléger mon emploi du temps.
Depuis lors, je ne fais que rattraper la moindre de ses bourdes. Sans cesse, j’apparais en quatrième vitesse afin de résoudre ses bévues.
— Je suis sûr qu’elle a menti. Elle peut pas avoir 6 ans d’expérience déjà.
Je ne sais quel moment à ses côtés a été le plus mémorable.
Il y a eu le jour où elle m’a communiqué le nom et prénom d’une cliente en omettant le fait que celle-ci venait de divorcer. Sur tous nos contrats, elle portait encore le patronyme de son ancien mari. La réunion a été particulièrement… longue.
Puis, elle a eu la merveilleuse idée d’organiser un déjeuner d’affaire. Je m’y opposais alors, sans mon accord, elle a pris rendez-vous dans un restaurant pour mes clients et moi et m’a mise devant le fait accompli le jour même, assurant que « je connais mon boulot, les clients préfèrent signer le ventre plein, c’est plus convivial ».
La « convivialité » n’a pas été de mise lorsque, assis dans ce restaurant de grillades, la femme devant moi m’a demandé ce qu’elle pourrait manger, étant végétarienne.
Avant cela, elle a tenu à relire la lettre que je devais envoyer à un partenaire. Sur les six fautes d’inattention que j’avais écrit, elle n’en a relevé aucune. En revanche, elle a réussi à modifier mon « il s’était fourvoyé » en « il c’était fourvoyé ».
Et cela ne serait que des broutilles si elle ne passait pas le plus clair de son temps à parler du fait que j’étais une patronne « tyrannique ».
— J’aimerais tellement avoir le pouvoir de la virer, je soupire en pinçant l’arête de mon nez, fermant les yeux.
Aujourd’hui, elle m’a pris deux rendez-vous en même temps. L’ayant fait sans l’ajouter sur mon agenda, elle m’en a parlé ce matin, deux heures avant l’heure fixée. Confuse, je me suis faite sermonnée par mon client pour mon « manque de professionnalisme ». Le client a exigé que je vienne tout de même le voir, le jour-même, alors je suis sortie de notre entrevue à 22h00.
Manon, pour sa part, est chez elle depuis 17h00.
Je suis épuisée de devoir me trainer ce boulet partout où je vais. Lorsque je lui ai demandé de cesser de m’assister, d’aider quelqu’un d’autre, elle a fait courir la rumeur selon laquelle je la faisais travailler pour moi et pour les autres, lui faisant faire un nombre incalculables d’heures supplémentaires non rémunérées.
Mon téléphone sonne soudain, attirant mon attention. Je m’en empare et décroche :
— Allô ? Maki ? Désolée, je rentrerais tard, ce soir.
Ma collègue soupire. Ce n’est pas la première fois que je manque à l’appel lors de nos soirées plateaux-télé.
Mais la raison est toujours la même.
— Elle commence à me faire chier, ton assistante.
Je souris, épuisée. Cela fait quelques jours maintenant que je rentre tard pour rattraper ses bourdes. Je suis exténuée, elle a drainé chaque once d’énergie de mon corps.
— Je comprends pas pourquoi tu l’as pas dénoncée.
— Oh, j’ai essayé…, je soupire. J’ai envoyé un mail au PDG de l’entreprise puisque mon supérieur direct m’a dit qu’elle avait été recrutée par le grand patron en personne. J’ai compris que je m’engageais sur un terrain glissant et qu’elle était sans doute proche de lui donc au lieu de dire qu’elle était une très mauvaise assistante, je lui ai simplement dit qu’elle n’était peut-être pas faite pour assister mon poste.
— Et ?
— Il m’a répondu que lorsque j’avais accepté cette promotion, j’avais accepté la travail qui allait avec et que c’était inutile de mettre ça sur le dos de Manon.
— Quel connard.
Je ferme les yeux, trop épuisée pour acquiescer.
— J’ai voulu aller le voir directement. Mais je suis tombée sur Nobara, son assistante. Elle m’a empêché d’aller dans son bureau. J’ai failli me mettre en colère mais elle a assuré qu’elle faisait cela pour mon bien. Que Manon était la nièce chérie de Nanami et qu’il valait mieux ne pas mal parler d’elle sous peine de mal finir…
— Népotisme chérie, quand tu nous tiens.
Je lève les yeux au ciel dans un geste qui mobilise toute mon énergie.
— Bon, bonne chance, ma belle. Je te garde une assiette au chaud.
Je dois vraiment être exténuée car la simple idée qu’elle veille sur moi fait germer des larmes dans mes yeux. Je pose une main sur ma bouche, tentant d’étouffer le bruit de ma profonde respiration et laisse une goutte couler le long de ma joue.
— Au revoir, je chuchote d’une voix étranglée.
Je raccroche. Puis, de mes yeux rendues flous par les pleurs, j’observe à nouveau mon écran. Je ne vois quasiment rien mais continue de taper mon rapport, me disant que je pourrais toujours le relire plus tard.
Cette femme mériterait de se faire virer à coup de pieds au cul.
ꕥ
— Oula…
Il est très probable que j’assène une claque monumentale sur la joue de cette garce dans les plus brefs délais.
Devant moi, Manon hausse un sourcil. Ses longs cheveux blonds noués en un chignon plaqué encadrent un visage relativement peu maquillé, mais avec soin, et éclatant de beauté. Sous ses yeux en amande ne sont visibles aucun cerne. Son nez fin surplombe une bouche qu’aucune morsure ne gerce. Sous sa peau blanche n’ont éclaté aucun vaisseau à cause du stress.
Elle s’est manifestement reposée et s’est sans doute levée assez tôt ce matin pour prendre soin de son apparence.
— Mêmes vêtements qu’hier… Vous avez dormi ici, ou quoi ? lâche-t-elle dans un rire en posant son sac sur sa table.
Grosse conne.
Ne parvenant à me retenir, la fatigue inhibant chaque rempart entre mon moi et mon ça, je me contente de tirer une grimace, fronçant le nez en affichant un faux-sourire :
— Hein hein, on se marre, hein !? Pétasse.
— Mais enfin ! s’exclame-t-elle, posant une main sur son cœur, ses yeux s’écarquillant.
Elle semble sincèrement outrée et je suis sûre qu’elle l’est. Mais sa stupeur n’égalera jamais ma colère ni mon usure. Je suis exténuée. Ereintée. Cette abrutie m’a lessivée.
— J’aimerais savoir ce qu’il vous prend !
— Ce qu’il me prend ? je répète. CE QU’IL ME PREND !?
— Je peux savoir ce qu’il se passe ici ?
Je me fige, mes yeux toujours posées sur la jeune fille devant moi. Du coin de l’œil, j’aperçois les jambes d’un homme drapées d’un pantalon hors de prix. Immobile, je déglutis péniblement.
Pour l’avoir déjà entendue auparavant dans des interviews, je reconnais la voix de Nanami Kento, le PDG de cette entreprise.
— Alors ? Vous comptez me répondre ? insiste sa voix.
— Ce n’est rien, tonton. Nous discutions d’une histoire et elle imitait un personnage…
— Inutile de mentir, Manon.
Je me sens soudain mal. Elle vient de tenter de me défendre.
Je m’en veux légèrement. Mais il est vrai qu’elle est extrêmement incompétente. Et elle a tout de même été à l’origine de bien des rumeurs à mon encontre.
— Alors ? Madame euh… Vous ? Pouvez-vous m’expliquer pour quelle raison vous hurler sur ma nièce ?
Soupirant, je tourne la tête. Là, mon cœur tombe dans mon ventre telle une pierre.
Il est bien plus séduisant que dans ses interviews.
Deux yeux bruns me fixent sous des sourcils d’or finement tracés. Ceux-là sont de la même couleur que les cheveux soyeux surplombant son visage émacié. Son allure austère fait planer une aura ténébreuse autour de son corps.
Je déglutis péniblement.
— Allons. Je n’ai pas la journée devant moi. Je vous ordonne de répondre.
Sa phrase me fait l’effet d’une claque. Si violente que j’en oublie ma fatigue. Je me tends brutalement, lui lançant un regard éloquent et serre les poings.
Il m’ordonne ?
— Il se trouve que je vous ai déjà répondu. Il y a quatre mois, quand je vous ai envoyé un mail pour vous signaler que le travail fait par votre nièce me ralentissait plus qu’il ne m’avançait, je crache.
La fatigue a eu raison de mes derniers remparts. Je sais que je devrais faire preuve de retenue, ne pas dire à haute voix tout ce que je pense et garder la plupart de mon opinion pour moi. J’ai conscience que je le regretterais sans doute plus tard.
Mais putain, qu’est-ce que je suis furieuse. Si furieuse que j’en oublierais presque mes jambes flageolantes.
— Et cela fait quatre ans. Quatre ans que je travaille dans votre entreprise et répare les bévues de tous les services alors je vous prierais d’avoir la décence d’au moins LIRE LE NOM INSCRIT SUR CETTE PORTE ET FAIRE SEMBLANT DE SAVOIR COMMENT JE M’APPELLE !
Une larme perle sur ma joue. Je l’essuie d’un geste rageur.
— Maintenant, je vous prie de m’excuser mais comme votre nièce est une superbe assistance, elle m’a pris un rendez-vous à 8h30 sous prétexte qu’il est à une demi-heure en voiture sans prendre en compte le fait que je n’ai pas de véhicule et que la ligne de bus desservant ce lieu est en travaux.
Je m’empare de mon manteau et dépasse le PDG. Celui-ci se retourne sur mon chemin sans rien répondre. Qu’importe. Je sais que je le paierais plus tard, de toute façon.
Mes talons cognent le sol tandis que je me maudis d’en avoir mis. Voilà plus de vingt-quatre heures que je marche avec ces horreurs aux pieds. Il me semble que mille et une aiguille me percent à chaque pas.
Atteignant l’ascenseur, je hèle un homme pour qu’il garde la porte ouverte. Il le fait. Je le remercie.
L’étage suivant, il s’en va. Je me retrouve seule dans l’appareil. J’en profite pour téléphoner à Maki. Quelques tonalités à peine résonnent avant qu’une voix résonne :
— Je ne sais pas si j’ai envie que tu me dises que tu as enfin finis de travailler ou pas. Parce que si à 7h00 seulement tu rentres, c’est un énorme foutage de gueule. Mais si tu ne rentres pas, j’appelle les tribunaux et demande n’importe quelle femme de droit décente en matière de code du travail.
— Je… Je ne rentre pas…
— PUTAIN MAIS C’EST UNE BLAGUE !?
— Je… Je suis désolée…
J’éclate en sanglots. Maladroitement, je presse la bouton d’arrêt de l’ascenseur. Maki ne répond pas tout de suite, se contentant de m’écouter pleurer. Des larmes coulent le long de mes joues et je hoquète bruyamment.
Je dois me maitriser. Vite. J’ai un rendez-vous.
— Je suis désolée, je…
— Arrêtes. C’est pas toi la fautive. Allez, ma belle… Sèches tes larmes et demande à un collègue de te remplacer pour ce coup-là.
— Je… Je peux pas. C’est trop tard, je gémis. Excuse-moi, je dois te laisser. Je peux vraiment pas me mettre en retard. Adèle est gentille comme cliente mais j’ai déjà décommandé plusieurs rendez-vous avec elle à cause de Manon. Au revoir.
— Att…
Je raccroche.
Quelques secondes durant, je fixe le vide. Puis, essuyant mes yeux, je finis par me relever. Mon corps tremble, parcouru de mille et un frissons tandis que je désenclenche le bouton d’arrêt de l’ascenseur.
Les portes s’ouvrent sur le parking. Un soupir franchit mes lèvres et je ferme les yeux. Putain, je me suis trompée d’étage. Je voulais aller au rez-de-chaussée pour sortir à pied.
— C’est pas vrai, je chuchote en prenant mon visage dans mes mains. Mais c’est pas vrai, putain, c’est pas…
— Madame (T/N).
Je me redresse brusquement. Mes mains essuient mes yeux en toute hâte tandis qu’un homme se plante devant moi.
Mon estomac se soulève.
Il s’agit de Nanami Kento.
Le même PDG sur lequel je viens d’hurler.
Un sourire épuisé étire mes lèvres et je pousse un soupir en laissant ma tête tomber en arrière.
— Allons. Vous ne pouviez même pas attendre la fin de mon rendez-vous avant de me renvoyer ? je demande.
— Si je suis venu dans votre bureau, ce matin, c’est parce que mon assistante hier m’a prévenu qu’une employée n’avait pas utilisée sa carte pour sortir du bâtiment et que les caméras montraient qu’elle y était encore. Je voulais savoir pourquoi vous avez passé la nuit ici.
Je l’observe sans répondre, trop épuisée pour dire quoi que ce soit.
— Nous reparlerons de ce que vous m’avez dit ce matin, c’est sûr. Mais allez-vous reposer. Je vais m’occuper de votre rendez-vous avec Adèle. J’étais parti vous intercepter au rez-de-chaussée mais le système informatique de l’entreprise a montré que l’ascenseur dont vous vous serviez descendait ici. Alors remontez maintenant et allez dormir.
— V… Vraiment ? je demande, surprise.
— Allez-y.
Je ne me fais pas prier.
— M… Merci énormément !
Sortant de la cage d’ascenseur, il me faut faire quelques pas avant de réaliser que je n’ai pas de voitures et ne suis donc toujours pas au bon étage. Là, je me retourne. Je surprends le regard de Nanami sur moi.
Ses sourcils sont froncés et il regarde mes jambes.
— Je sais que mon pantalon est tâché. Je vais me changer, vous inquiétez pas.
— Ce n’est pas pour ça que je vous fixe, répond-t-il.
Je mets quelques secondes avant d’enregistrer le sens de sa phrase.
— Ah oui ? Et pourquoi alors ? je rétorque.
— Parce que vous ne marchez pas droit.
Je n’ai pas le temps de répondre que mes jambes cèdent entièrement sous mon poids et je m’effondre, inconsciente.
ꕥ
Les tintements réguliers d’un cardiogramme résonnent dans le silence de la salle. Je mets quelques instants avant de réaliser que mes paupières sont closes et les ouvrir.
Mon regard se promène autour de moi. Je suis dans une chambre d’hôpital.
— Navré que (T/P) n’est pas pu faire ce rendez-vous mais je suis sûr qu’Eve a été très professionnelle. N’est-ce pas ? Bien sûr que ce sera (T/P), la prochaine fois.
Je me tourne vers la voix résonnant.
Un homme se tient debout devant une fenêtre et me montre le dos. Ses cheveux blonds brillent légèrement autour du téléphone qu’il a posé sur son oreille. Il congédie son interlocutrice avant de raccrocher.
Se tournant vers moi et remarquant que je suis réveillée, il s’avance :
— Vous allez rester ici encore quelques heures, le temps d’assez récupérer. Puis mon chauffeur vous ramènera chez vous et je compte bien ne vous revoir que lundi prochain.
Légèrement surprise, je hausse les sourcils.
— J’ai jeté un œil à vos mails et votre agenda. Je suis vraiment désolé de ne pas vous avoir écouté, à propos de ma nièce. Je gèrerais personnellement les clients en colère et rendez-vous déplacés auquel vous faites face depuis plusieurs mois.
— Je dois vous avouer que c’est un immense soulagement. Je ne m’en sortais plus, je chuchote.
Le problème est que, même s’il règle tout maintenant, je ne suis pas prête à revivre les dernières semaines face à de nombreux problèmes qu’elle me causera.
Il semble deviner quelles pensées m’animent car il déclare :
— Je vais engager une nouvelle assistante. Et vous participerez vous-mêmes aux entretiens pour la choisir, d’accord ?
Un sourire étire mes lèvres et j’acquiesce. Il s’installe sur le fauteuil à côté de moi.
— Ecoutez, je suis désolée pour ce que j’ai dit. J’étais juste…
— A bout ? Je m’en suis douté quand vous vous êtes évanouie dans mes bras.
Mes entrailles se retournent et je regarde sur le côté. Je me suis évanouie avant l’atterrissage donc je n’avais pas conscience qu’il m’avait empêché de m’effondrer sur le sol.
Prenant une tasse qu’il avait déposé sur ma table de chevet, il en boit une gorgée.
— Je peux vous dire que marcher dans ce parking, vous dans les bras, en regardant votre visage endormi a été assez embarrassant…
— Je suis sûre que personne ne vous a vu vous la jouer prince charmant, je ris doucement.
Il fixe un point sur le mur, ses sourcils se fronçant. Puis, il finit par lancer en se tournant vers moi :
— Ma honte venait du fait que j’ai réalisé ce que je vous avais fait en ignorant votre alerte quand vous m’avez envoyé ce mail. Mais je vous en prie, expliquez-moi quel aspect de la situation vous donne à penser que je suis un prince charmant.
Mes yeux s’écarquillent et je détourne le regard.
Bon sang… Ai-je vraiment dit cela ?
Un rire résonne dans la salle. Je lève les yeux et mon cœur se fige quand mes yeux croisent les siens. Les lèvres cachées par sa tasse, il me fixe avec malice.
Ma gorge se fait soudain sèche.
— Ne vous en faites pas. Je m’assurerais que vous n’ayez plus jamais besoin d’un prince charmant.
ꕥ
Debout devant l’immense immeuble de l’entreprise, je fixe celui-ci. Doucement, je prends une inspiration. Mes poumons se remplissent d’air et je me concentre sur cette longue inspiration. Quelques instants durant, je le garde en moi.
Puis, j’expire.
Aujourd’hui est le grand jour. Je reviens enfin après une semaine passée en retrait. Nanami m’a accordé ce temps pour que je me requinque. Et je reviens enfin.
— J’espère que vous n’avez pas trop peur ? retentit une voix, dans mon dos.
Me retournant, je découvre les yeux fins du blond. Mon patron m’observe, impeccable dans son costard onéreux.
— Peur ? je répète, légèrement surprise.
— Vous fixez ce bâtiment comme s’il était sur le point de vous dévorer.
Ces mots, il les déclare en regardant la bâtisse. A ce geste, j’aperçois ses yeux, illuminés de la lueur du soleil. Je ne peux m’empêcher de remarquer que ses iris marronnes apparaissent vertes, en pleine lumière.
Un détail assez joli.
— Je dois vous avouer que je suis effectivement assez nerveuse…
— Nerveuse ? répète-t-il.
Un léger rictus étire le coin de ses lèvres et mon estomac remue à cette vision.
Il est vraiment attrayant.
— Je crois que oui… Vous savez, je ne suis pas sûre qu’on accepte bien le fait que Manon ne travaille plus pour moi.
Il faut dire qu’elle a déjà entreprit, au cours des derniers mois, de me brosser un portrait de cheffe tyrannique.
— Je vois… Si cela peut vous rassurer, vous n’êtes pas dans votre service, aujourd’hui.
— Vraiment ? je demande, légèrement surprise.
— Les entretiens pour le poste de votre assistante débute aujourd’hui. C’est d’ailleurs pour ça que je viens vous cueillir ici.
— Oh…
Ma gorge s’assèche.
Nous ne nous sommes rencontrés qu’une seule fois. Un moment assez douloureux durant lequel je l’ai insulté avant de m’évanouir dans ses bras. Maintenant, après une semaine passée à battre l’air des pieds en resongeant à la honte que j’ai ressentie, je vais passer la journée en sa compagnie.
— Bon, venez. Je n’aime pas être en retard.
Je le suis aussitôt. Nous franchissons le seuil du hall sous les regards intrigués de mes collègues. Je baisse la tête, embarrassée. Je n’aime pas être le centre de l’attention.
Seulement des hôtesses d’accueil aux clients en passant par les vigiles, tous semblent très attirés par nos personnes.
Bientôt, nous atteignons les ascenseurs. Appuyant sur le bouton d’appel, il se recule de quelques pas.
— La première candidate arrivera dans une trentaine de minutes. D’ici là, nous aurons le temps de potasser l’entretien et les questions que vous comptez lui poser.
— Bien.
Les portes s’ouvrent dans un tintement sonore. Putain… Il est plein à craquer.
Quelques personnes descendent mais il reste encore deux rangées d’hommes et femmes au fond de la cage. Un instant, je m’imagine que Nanami préfèrera attendre un autre ascenseur pour être plus libre de ses mouvements.
Mais il rentre. Je le suis. Nous prenons place en silence. Il fait un signe de tête aux quelques personnes qui se penchent en avant pour le saluer. Puis, il appuie sur le bouton du dernier étage.
Les portes se referment. Le silence revient. Le sol tressaute.
Nous montons.
— Mais en plus, il parait qu’elle la faisait faire tous ses rendez-vous à se place !
— Ah ouais ? Quand je pense qu’elle a eu le culot de la faire virer, en plus !
— Comment le directeur Nanami a pu la laisser faire ? Sa propre nièce !
Je me raidis brutalement. A ma gauche, le blond ne réagit pas.
Elles parlent de moi. Comme nous sommes nombreux dans l’ascenseur et qu’elles sont au fond, elles n’ont pas dû nous voir arriver. Je déglutis péniblement.
— Manon m’a dit qu’elle avait merdé avec un client, organisé un diner dans une grillade alors qu’elle était végétarienne. Et tu sais quoi ? Manon l’avait prévenue qu’elle était végétarienne mais l’autre a pas voulue l’écouter ! Et après, elle a accusé Manon d’être responsable de cela !
Dites-moi que je rêve !
Manon a royalement merdé, ce jour-là. Je l’ai sauvée in extremis en assumant la responsabilité de ses actes. Mais elle prétend maintenant que l’inverse s’est produit !?
L’ascenseur s’arrête. Les portes s’ouvrent.
— Ah ! C’est notre étage ! Excusez-nous !
— Excusez-nous ?
Derrière nous, des personnes s’animent. Comprenant que les pestes tentent de partir, je bouge à mon tour. Je tente de me décaler pour les laisser passer.
Soudain, une main s’empare fermement de mon bras. Ses doigts s’enfoncent à peine dedans, pas assez pour me faire mal. Mais on me maintient en place, m’empêchant de bouger.
Etonnée, je tourne la tête vers Nanami qui m’a empêchée de me décaler.
— Ne prenez pas la peine de vous déplacer pour elles.
Surprise, j’obtempère néanmoins.
Dans notre dos, les femmes arrivent. Je sens leur parfum fouetter mes narines.
— Euh… Excusez-moi. Madame ? Pourriez-vo…
— Non, elle ne peut pas, répond la voix de mon patron.
— Oh ! Monsieur le directeur ! Je suis désolée mais nous devons aller trav…
— Taisez-vous. Vous travailleriez sans doute mieux si vous ne passiez pas vitre temps à saper le morale de vos collègues en racontant des mensonges éhontés à leurs propos.
Les portes se referment devant nous. Elles n’ont pas pu sortir à leur étage.
— J… Je suis vraiment désolée.
— Oui ! Nous sommes désolées !
— Vous le serez encore plus lorsque vous prendrez la parole pour déclarer que vous avez répandu des rumeurs sur (T/P) (T/N).
— Qui ?
Un sourire sans joie étire les lèvres de l’homme, presque terrifiant.
— Vous passez votre temps à cracher sur elle mais n’avez même pas pris la peine d’apprendre son nom ? crache-t-il. EST-CE QUE VOUS VOUS FICHEZ DE MOI !?
Il se retourne en hurlant, arrachant à sursaut aux gens dans l’ascenseur. Celui-ci s’arrête à nouveau. Il se vide entièrement, cette fois-ci.
Je suppose qu’ils veulent à tout prix s’éloigner de leur patron furieux.
Même les filles qui ont raté leurs étages décident de s’en aller. Elles préfèrent s’éloigner.
Bientôt, nous nous retrouvons seuls. Les portes se referment. Le silence prend place dans l’ascenseur. Celui-ci s’anime à nouveau. Nous montons sur quelques étages.
Les secondes s’éternisent et je finis par murmurer :
— Merci.
Il tourne la tête vers moi mais ne répond pas. Je baisse la tête, tentant d’effacer le sourire charmé qui étire mes lèvres. Je me sens grisée. Un frisson parcourt mon échine.
Un tintement retentit. Les portes s’ouvrent à nouveau à son étage.
— Tout le plaisir est pour moi.
ꕥ
Aucune de ces personnes n’est correcte.
Cela fait plusieurs jours que nous enchainons les entrevues. Nanami Kento et moi ne nous en sortons pas. Aucun candidat ne nous a tapé dans l’œil. Nous n’avons de cesse de les travailler mais cela ne mène à rien.
— Je suis épuisée, je grommelle en basculant la tête en arrière, m’étirant.
Le côté positif de ces entretiens est que je me sens de plus en plus à l’aise au contact de mon chef. A vrai dire, chaque matin, je suis maintenant heureuse à l’idée de passer une journée avec lui.
La perspective de l’entendre parler avec son ton sérieux et sa retenue, demeurer à mes côtés sans sourciller, évaluer avec précision et demeurer assez froid mais en s’occupant toujours de moi m’apaise.
Ce ne sont que de petites attentions. Mais celles-ci ne restent pas inaperçues.
Il a décliné une candidature car la femme s’était inclinée devant lui seulement et non moi. Puis, il a recherché sur mes réseaux sociaux mon restaurant favori et a commandé chez eux chaque midi. Il est aussi venu me chercher chaque matin et m’a raccompagnée.
— Je suis vraiment désolé. Quand j’étais employé, j’avais horreur de travailler en heures supplémentaires et je déteste imposer cela à mes employés.
— Nous sommes bien obligés, avec tout le travail que nous avons parallèlement aux entretiens. Et puis, je suis sûre que vous êtes habitués aux heures supplémentaires.
— Pas du tout. Je hais cela.
Mes sourcils se haussent. A la lueur des lampes, sa silhouette m’apparait délicate. Il est assis sur les canapés au centre de la pièce.
— Vraiment ? Mais vous avez passé vos soirées avec moi, cette semaine ?
— Oh, ça ? C’est différent…
— Différent ? je répète, surprise.
Ses yeux se posent sur moi. Mes entrailles se retournent. La façon qu’on les lampes alentours de sublimer ses iris me dérangent. Je me sens capiteuse face à cette vision.
— Oui, différent.
Sur cette réponse énigmatique, il retourne aux profiles des différentes candidates qu’il épluche. Nous avons passé plus d’une cinquantaine d’entretiens, sans dénicher la perle rare.
— Si vous êtes épuisée, rentrez chez vous, lance-t-il au bout d’un bref moment de silence.
— Non, ça va aller. Je peux très bien…
Mais ma voix meurt dans un gémissement de douleur quand je bascule la tête sur le côté et qu’un craquement sinistre résonne dans la pièce. Aussitôt, il se redresse.
— Tout va bien ?
— Je…
— Vous n’avez pas mal ? Je dois appeler une ambulance ? Je vais appeler une ambulance. Restez immobile. Restez avec moi, je…
— Monsieur.
Ma voix est ferme. Il cesse de parler et me regarde. Je lui offre un sourire.
— Je vous assure que tout va bien. Vraiment. Je vous le promets.
Un instant, il semble réticent à accepter cette réponse. Mais il finit par acquiescer.
— Bien. Si vous le dites.
Il m’observe quelques instants. Ses yeux analysent mes traits, à la recherche d’une quelconque trace de souffrance.
Puis, ils dérivent sur mes lèvres.
Mes entrailles se soulèvent et mes joues chauffent. Il ne semble même pas réaliser son geste, me fixant avec insistance. Je déglutis péniblement.
— Quoi qu’il en soit, reprend-t-il au bout d’un moment, je vais vous raccompagner chez vous. Suivez-moi.
— Non, je peux…
— Ce n’est pas une demande. Il est hors de question que je vous laisse rentrer à cette heure toute seule.
— Mais…
— J’ai dit ! s’exclame-t-il soudain. Ce n’est pas une demande.
Hébétée, je le dévisage. Il se lève, catégorique, et marche jusqu’au porte-manteau où il saisit ma veste. Là, il la brandit, attendant que je le rejoigne.
Je finis par m’exécuter, refermant mon ordinateur. Il m’aide à l’enfiler. Quelques capitons de chaleur éclosent dans mon ventre devant cette attention.
— Vous savez, vous n’êtes pas obligé de jouer le gentleman avec moi… Nous commençons à nous connaitre alors…
— Vous avez raison. Je pense que nous nous connaissons assez pour que vous me tutoyez.
— Ce n’est pas ce que…
— Tutoyez-moi. Ce n’est pas une question.
Là-dessus, il ouvre la porte de son bureau et s’en va. Hébétée, je regarde sa silhouette s’éloignée, légèrement désarçonnée par ce qu’il vient de se passer.
Je finis par m’en aller à sa suite. Nous nous retrouvons dans l’ascenseur et les portes se ferment. Le sol tremble. La cage commence à descendre.
— Vous…
— Non, me contredit-t-il aussitôt.
Je pousse un soupir, légèrement exaspérée.
— Très bien, tu…
— C’est exact.
Est-ce qu’il compte me laisser finir mes phrases un jour ?
— Tu peux me tutoyer aussi.
— Non, merci. Je ne tutoie que les personnes dont je suis proche.
— NON MAIS VOUS VOUS FICHEZ DE MOI !?
Je n’ai pas pu me retenir. Cependant il ne s’en formalise pas. Il commence à être familier de mes coups d’éclat, après plus d’une semaine à ses côtés.
— Pas le moins du monde. Et tutoyez-moi, je vous prie.
— Alors là ! je lâche dans un ralliement gras. Hors de question.
— Je suis votre supérieur et je vous ordonne de me tutoyer.
— Vous vous rappelez de ce que je vous ai dit à propos de vos ordres !? je crache en me retournant vers lui.
Son torse se gonfle et il grimace de colère.
— Ne soyez pas grossière ! Je vous juste vous montrer que je vous considère ! Quel mal y a-t-il à cela ?
— Et bien, ça m’embarrasse.
L’un de ses sourcils se dressent.
— Je vous embarrasse.
— Non, votre façon de me traiter.
— Vous n’aimez pas mon affection ? s’indigne-t-il.
— Ce n’est pas de l’affection !
— Bien sûr que si !
— Non !
— Je sais quand même mieux que vous que je vous aime ! s’exclame-t-il.
Là, le silence tombe comme une claque sur nous. Mes yeux s’écarquillent. L’ascenseur s’arrête. Les portes s’ouvrent. Nous ne descendons pas.
Que vient-t-il de dire ?
— Alors, non… Je sais de quoi ça avait l’air mais c’était pas ce genre de… Enfin… Pas exactement…
Jamais je n’aurais imaginé avoir un jour l’occasion de voir le grand Nanami Kento balbutier, embarrassé.
Il est absolument adorable.
— Ce que je voulais dire, c’est que je vous aime bien. Je vous estime et j’aime travailler avec vous alors je voulais marquer notre rapprochement en vous demandant de me tutoyer. C’est tout.
Il s’éclaircit la gorge avant de regarder au loin. Il ne descend toujours pas de l’ascenseur.
— Calmez-vous. Moi aussi, je vous aime.
Je pince mes lèvres avec violence, m’empêchant d’éclater de rire. Il me lance un regard en coin et finit par lâcher, agacé :
— Vous êtes d’une immaturité… Quand je vous dis que ma langue a fourché !
— Moi aussi ! La mienne fourche ! Elle fourche bien, même ! Je suis amoureuse de vous ! J’aimerais passer l’éternité avec v…
— Vous êtes d’un puéril, ma pauvre ! s’exclame-t-il, furieux, en quittant l’ascenseur.
— NON ! NE PARTEZ PAS ! MON AMOUR !
— VOTRE AMOUR VOUS EMMERDE !
— COMMENT PARLEZ-VOUS A VOTRE EPOUSE !?
— JE LUI PARLE COMME BON ME SEMBLE ! ET… ET VOUS N’ETES PAS MON EPOUSE !
Je lui cours après pour le rattraper. Le remarquant, il marche de plus en plus vite, tentant de me distancer. Quand, soudain, il se met à courir. Je pousse un cri, furieuse de le voir tenter de me distancer.
— POURQUOI ESSAYER DE PARTIR ? VOUS M’AVEZ DIT QUE J’ETAIS L’AMOUR DE VOTRE VIE !
— CE N’EST SUREMENT PAS LES MOTS QUE J’AI EMPLOYE !
Je m’arrête de courir. Nous nous sommes enfoncés au rez-de-chaussée et sommes arrivés à un pêle-mêle d’openspace. Je n’ai absolument aucune idée d’où il peut bien se cacher.
L’obscurité est omniprésente, ici. Je n’y vois pas grand-chose.
— Monsieur ? j’appelle.
Aucune réponse. J’avance prudemment.
Le silence se fait vite tendu. La seule chose le perturbant est celui de mon intense respiration. Je n’ose pas trop parler, me sentant soudain observer.
— Monsieur, s’il-vous-plaît, ce n’est pas drôle…
Mais nul ne dit rien.
Soudain, un dossier tombe. Je sursaute en poussant un cri. Mon cœur bat à toute vitesse dans ma poitrine.
— Mons…
Un hurlement franchit mes lèvres quand deux mains saisissent mes épaules. Le cri griffe ma gorge tandis que je me retourne, frappant de mon coude le visage de mon agresseur.
Sa tête bascule et mon poing s’écrase sur sa tempe. Mon genoux tape son ventre et, quand il s’effondre sur le sol, je dirige mon coude sur lui, prête à sauter en enfonçant l’articulation dans sa poitrine.
— ARRÊTEZ, ARRÊTEZ ! C’EST MOI !
Je cesse aussitôt tout mouvement. La chaleur de la rage me quitte, laissant place à un vide glacial.
— Je… Monsieur Nanami ?
— Je voulais juste vous faire peur, je…
L’estomac noué, je le regarde se lever. Là, il m’apparait à la lumière des lampadaires filtrant à travers les fenêtres. Avec horreur, je constate du sang couvrant sa pommette et son menton.
— Vous êtes vraiment pas commune, vous.
ꕥ
— Arrêtez de bouger.
— Vous m’avez quasiment tué.
— Vous pensez pas que vous exagérez ? je réponds en fronçant les sourcils.
Nous sommes retournés dans le bureau du blond. A présent debout entre ses jambes, je me penche sur son visage pour pouvoir le soigner. Mais il se plaint tellement que je peine à appliquer le désinfectant.
— Ce ne sont que de petits bobos. Tout ça parce que vous n’avez pas supporté une petite blague, je vous jure.
Il soupire, exaspéré. Je passe avec soin une compresse sur ses plaies.
Maintenant que je les observe avec soin, il est vrai que celles-ci sont particulièrement… Présentes.
Essuyant le sang sur sa joue, je me concentre dans ma tâche. Quand, soudain, mes yeux croisent les siens. Je réalise alors avec quelle intensité il me regardait.
Je déglutis péniblement, détournant aussitôt le regard.
— Ce serait si mal que ça ?
Je sursaute presque en entendant sa voix. Celle-ci résonne comme un vrombissement. Calme. Grave. Presque assourdissante.
— D… De quoi ?
— Que je vous aime. Ce serait si mal que ça ?
Mes mouvements cessent brutalement. Mes yeux se plongent à nouveau dans les siens. J’y lis un grand sérieux et non une blague pour me perturber. Il semble résolu, ferme.
Debout entre ses jambes, je frissonne. Son aura me happe tel un halo. Mes nerfs se détendent, chacun de mes muscles se reposent. Je me sens toujours bien, en sa présence.
Revenant à moi je recommence à éponger le sang.
— Je suppose que non, je chuchote sans oser le fixer dans les yeux.
Le coin de ses lèvres se hausse. La lumière tamisée des lampes autour de nous réhausse son teint.
— Alors ce serait mal si je vous embrassais, là ?
Je me fige à nouveau. Mon cœur bat à tout rompre. Ma gorge se fait sèche. Je secoue la tête de droite à gauche.
— Dites-le. En me regardant.
— Dire quoi ? je chuchote, mes yeux se posant dans les siens.
Son regard m’avale et ma poitrine se soulève. Je peine à respirer, mon cœur battant avec ardeur. Il m’observe, penchant la tête sur le côté.
Puis, il caresse ma tempe du bout du doigt.
— Demandez-moi de vous embrasser.
Je déglutis péniblement.
— Em… S’il-vous-plaît.
— Pardon ? répète-t-il.
— …S’il-vous-plaît.
— Navré mais je n’ai pas b…
— Embrassez-moi !
Là, ses sourcils se haussent. Il esquisse un sourire. Un instant, je manque de m’effondrer, songeant qu’il ne s’agissait peut-être que d’une revanche pour ma blague.
Mais, là, ses mains saisissent mon visage et m’attire contre lui. Mes lèvres touchent les siennes tandis que mes paupières se ferment.
Nos bouches remuent l’une contre l’autre, le baiser s’intensifiant. Puis, sa langue s’enroule autour de la mienne. Il saisit mes hanches et je m’assois autour de lui, sur le canapé. Chacun de mes genoux entoure ses cuisses.
Nous respirons bruyamment, nous perdant dans notre baiser. Des gémissements s’en mêlent, jusqu’à ce que nous nous séparions.
Nos fronts se posent l’un contre l’autre. Ses yeux se plongent dans les miens.
— Redites-le.
— Vous dire quoi ? je demande, étourdie par notre baiser.
— Redites que cela ne serait pas mal, si j’étais amoureux de vous.
ça fait un moment que je vous
le promettait ! il y aura
sûrement une partie 2 car
la commande d'origine contenait
du smut !
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