𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐃𝐄𝐔𝐗











— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —









𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.









𝐌𝐞𝐫𝐜𝐫𝐞𝐝𝐢 𝟏𝟕 𝐀𝐨𝐮𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐

𝐉𝐚𝐫𝐝𝐢𝐧 𝐀𝐥𝐞𝐱𝐚𝐧𝐝𝐫𝐞 𝟏𝐞𝐫

𝐓𝐨𝐮𝐥𝐨𝐧 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞



Sortir incognito avec Charles Leclerc est beaucoup plus compliqué que ce qu'Hélène avait imaginé. Surtout quand, à chaque fois qu'il la regarde, elle ne pense qu'à l'embrasser.

Même caché derrière une casquette et de grosses lunettes de soleil, sa beauté est tellement évidente qu'elle en devient difficile à dissimuler. Aussi, elle se donne pour mission de trouver un bar peu fréquenté, à l'écart des rues commerçantes et des sites touristiques qui constellent la ville baignée de soleil.

Le long du chemin qui les mène au petit restaurant en bord de plage, la main du pilote ne la quitte pas, glissant depuis son épaule à sa nuque puis le long de sa colonne vertébrale jusqu'à saisir sa main et entrelacer leurs doigts tandis qu'ils marchent l'un à côté de l'autre.

- C'est si calme, il glisse. Il y avait longtemps que je n'avais pas connu une telle tranquillité.

Hélène tourne la tête vers lui, le regard interrogateur.

- Ce n'est pas trop dur, d'être célèbre ?

Le garçon hausse les épaules simplement.

- Pas vraiment, je n'ai jamais connu autre chose et puis, ce n'est pas comme si j'étais un acteur ou un chanteur, j'ai quand même une certaine liberté.

- Mais les gens te reconnaissent non ?

- De plus en plus. La formule 1 gagne en popularité alors forcément nous aussi, mais la plupart des fans restent correctes alors je ne me plains pas vraiment.

- Je ne sais pas comment tu fais, elle souffle, pensive. Je ne pourrais pas supporter de voir mon visage partout, tout le temps, que les gens m'arrêtent dans la rue ou me poursuivent comme ceux de l'hôpital.

- Ce genre de chose ne m'était jamais arrivé avant si ça peut te rassurer.

- Pas du tout, elle rit. Je croise ses infirmières toutes les semaines, je ne les avais jamais vues dans un état pareil, c'était terrifiant.

Charles n'ajoute rien, pensif. Il fixe le goudron brûlant sous leurs pieds avant d'affirmer tout en pressant doucement sa main dans la sienne.

- Tu n'as pas à t'en faire, je ne laisserais pas ça t'arriver.

Hélène rougit joliment et ne répond pas tandis que le Monégasque arbore un sourire moqueur.

À la place, elle le tire jusqu'à la table d'un petit café reculé où ils s'assoient tous les deux à l'ombre d'un immense palmier. Charles commande deux bières qu'il règle immédiatement, après tout, c'est lui qui invite, et ils entrechoquent leurs verres avant de déguster un peu de la désaltérante boisson alcoolisée.

- Alors ? Il sourit. Tu vois que ce n'était pas si horrible.

- La journée n'est pas terminée, elle grimace.

Il esquisse une grimace à son tour, uniquement détrompée par son sourire enthousiaste avant de se moquer :

- Pessimiste.

- Prudente, elle contredit.

Ils échangent un sourire complice avant de prendre une nouvelle gorgée et Hélène ne retient pas une petite grimace douloureuse lorsque son pied glisse dans sa basket. Le visage de Charles prend immédiatement une allure sérieuse et inquiète alors qu'il se redresse et attrape sa main au-dessus de la table.

- Est-ce que ça va ?

- Tout va bien, répond-elle. Ce sont de nouvelles chaussures, je ne m'attendais pas à courir un marathon avec.

Elle ponctue sa remarque d'un pauvre sourire comique et l'inquiétude du Monégasque redescend légèrement avant qu'il ne décale sa chaise et ne tapote son genou d'un geste de la main, sûr de lui.

- Donne-moi ton pied, il demande.

- Quoi ?!

Il lève les yeux au ciel, un léger sourire aux lèvres avant de réitérer son geste.

- Laisse-moi regarder si tu t'es fait mal.

- Je peux aussi attendre jusqu'à ce que l'on rentre à la maison.

Elle ne bute même pas sur le mot maison, c'est tellement évident. Son appartement est devenu leur maison même petite, bordélique et dirigée par un hamster tyrannique. Leur maison à elle et Charles.

Cependant, Hélène ne peut retenir le pincement qui lui comprime le cœur alors qu'une petite boule de forme au fond de son estomac à l'idée que ce rêve éveillé doive bientôt prendre fin.

Après tout, Charles devra bien partir un jour et que fera-t-elle à ce moment-là ?

- Pourquoi attendre quand je te propose de vérifier maintenant ?

Elle lève les yeux au ciel avant d'accepter, contrainte et forcée, un petit sourire timide et charmé aux lèvres. Avec toute la délicatesse dont elle est capable, la brune dépose ses deux pieds sur le genou du pilote, veillant à ne pas salir le pantalon qu'elle lui a acheté.

Avec adoration, cachée derrière son verre de bière, elle le regarde dénouer les lacets et la déchausser avant de déposer les chaussures par terre avec autant de douceur que s'il s'agissait de soulier de verre.

La Toulonnaise parvient à peine à dissimuler le frisson qui la traverse lorsque les grandes mains brûlantes du Monégasque s'enroulent autour de ses chevilles, massant doucement la zone de peau entre la malléole et le tendon d'Achille.

Hélène n'aime pas particulièrement que l'on lui touche les pieds, mais sous ses yeux, Charles les manipule avant tant d'attention, de dévotion qu'elle ne peut pas lui résister.

Délicatement, il dévoile ses talons malmenés et pince les lèvres lorsque ses chaussettes ensanglantées révèlent deux ampoules rouges enflées.

- On devrait rentrer pour désinfecter ça, il souffle.

- Je peux attendre, nous n'avons pas encore terminé.

- Non. Tu es blessée.

La crispation du Monégasque s'accentue et elle remarque enfin la pression qu'il applique sur ses chevilles engourdies, imprimant la trace de ses doigts dans la chair rougie.

Il est réellement inquiet pour elle.

Il faut quelques secondes à Hélène pour s'apercevoir du malaise du pilote qui n'ose plus bouger à côté d'elle. Les sourcils de la jeune femme se fronce d'inquiétude et elle se redresse dans sa chaise avant de venir délicatement poser une main sur l'épaule du Monégasque qui sursaute légèrement.

- Charles, je vais bien. Ce n'est qu'une cloque, tout va bien.

Elle frotte doucement sa main contre la peau du jeune homme qui ne la regarde toujours pas, glissant la pointe de ses ongles contre la peau de son bras, jusqu'à lui arracher un frisson.

Hélène sent bien qu'ils sont un peu trop inquiets l'un pour l'autre, que la moindre griffure déclenche une inquiétude disproportionnée.

Elle sait aussi qu'elle est la seule à réveiller de tels instincts chez lui, tout comme il est le seul capable de faire s'embraser son cœur.

Presque pliée en deux sur la table, elle se rapproche jusqu'à coller leurs fronts l'un contre l'autre et l'oblige, d'une pression de la main à la base de sa nuque, à relever les yeux vers elle. L'azur de ses yeux fiévreux.

- Je vais bien. Je n'ai pas mal. N'espère pas te débarrasser de notre sortie comme ça, elle sourit.

Il fronce immédiatement les sourcils, prêt à la contredire.

- Je n'essaie pas de...

- Je sais, elle coupe. Alors profite, je te laisserais mettre tous les pansements que tu veux à l'appartement, mais j'ai envie que tu sois présent avec moi, maintenant.

Il la regarde encore, les yeux dans les yeux, profondément, avant de finalement acquiescer et d'abdiquer. La Toulonnaise s'enfonce dans sa chaise, un sourire à nouveau plaqué sur les lèvres et les pieds toujours posés sur la jambe du pilote qui ne semble pas gêné.

La pulpe de ses doigts poursuit ses douces caresses le long des chevilles de la jeune fille qui fait de son mieux pour ne pas y prêter attention.

- J'ai tellement de questions à te poser, elle commence. Sur ton métier, sur la course, sur les autres pilotes.

- Pose tes questions, mais si je te réponds, je devrais te tuer, il se moque.

- Je vais prendre le risque, monsieur Bond.

Ils esquissent tous les deux un sourire, amusés et Hélène prend le temps de réfléchir à sa première question.

- Quelle est ta couleur préférée ?

- C'est ça, ta grande question top secret ? Il ricane.

- Oui, elle ne se démonte pas.

Il esquisse un bref sourire avant de répondre du bout des lèvres, comme s'il s'agissait d'un secret.

- Je devrais dire rouge, il souffle. Mais j'aime le bleu et toi ?

- Le jaune. À ton tour.

Il hausse un sourcil et elle s'explique :

- J'ai posé une question, maintenant, c'est à toi.

- Est-ce que je peux t'inviter à manger au restaurant ?

- Ce n'est pas vraiment une question, elle rougit.

- Mais j'attends une réponse.

Tout en parle, les doigts du pilote remontent le long de sa jambe, sous la barrière de son pantalon en toile et Hélène détourne les yeux, le rouge aux joues, incapable de soutenir le regard brûlant que le pilote pose sur elle.

- Oui, elle souffle.

Il esquisse un sourire rayonnant et ses doigts reprennent leur place d'origine sur ses chevilles, faisant doucement redescendre la pression.

- À ton tour, il sourit.

La brune grimace légèrement, ce n'est pas vraiment la tournure qu'elle avait imaginée, mais puisque Charles est le premier à avoir contourné les règles, elle peut en faire autant.

- Est-ce que tu es triste ? De ne plus être avec Charlotte ?

Sans se presser, il prend le temps de réfléchir à sa question et d'y répondre honnêtement.

- Oui, je suis triste de savoir que je lui ai fait du mal et de lui avoir fait sentir qu'elle ne pouvait pas m'aider. Charlotte est ma plus longue relation, je l'aime réellement et pendant un temps, j'ai pensé à faire ma vie avec elle, il poursuit.

Hélène hoche la tête doucement, faisant de son mieux pour oublier la petite boule qui enfle dans son ventre encore et encore.

- Je pense que tu devrais aller la voir, elle conseille. Vous avez besoin de parler et peut-être que tout n'est pas perdu.

- C'est ce que tu penses ?

La Toulonnaise ne sait pas vraiment ce qu'il attend d'elle. Évidemment, elle a envie qu'il soit heureux avec une personne qui l'aime et si cette personne est Charlotte alors Hélène doit faire de son mieux pour écraser la jalousie qui pointe dans son esprit.

- Oui.

Charles ne répond rien, il la scrute simplement du regard derrière ses lunettes sombres, ses doigts traçant des formes abstraites le long de sa cheville, comme s'il cherchait quelque chose dans les yeux de la jeune fille.

Finalement, il baisse les yeux et esquisse un bref sourire qu'Hélène ne saurait comment interpréter.

- À ton tour, il reprend.

- Quoi ?

- Tu as répondu à ma question, à toi d'en poser une.

Hélène hoche la tête et réfléchit un instant.

- La première fois que tu m'as appelé, pour m'inviter à venir te voir au Grand Prix. Pourquoi est-ce que c'était avec le téléphone de Carlos ?

C'est à Charles de pince les lèvres et la jeune femme note tout de suite le changement d'ambiance. Elle a mis le doigt sur quelque chose.

- Charles ? Elle insiste.

- À ce moment-là, je pensais que quelqu'un avait peut-être piraté mon téléphone, il souffle. J'essayais de l'utiliser le moins possible, le temps de trouver quelqu'un qui puisse faire une expertise.

Le sang d'Hélène se glace dans ses veines. Trop choquée, elle peine à trouver les mots.

- Comment ça ? Tu penses que quelqu'un te suit ?!

Charles hausse les épaules simplement, pour montrer qu'il n'en sait pas plus.

- Il n'y avait rien dans mon téléphone, mais j'ai préféré en changer par précaution.

- Qu'est-ce qui t'a fait douter au départ ?

- Des petits détails d'abord, je me suis aperçu que les journalistes me suivaient beaucoup plus facilement qu'avant, ils savaient où j'étais et avec qui. Et puis les questions en interview ont commencé à devenir plus personnelles, sur des choses qu'ils n'auraient pas dû connaître alors je me suis douté de quelque chose.

- Ça me fait froid dans le dos, elle frissonne. Mais si ce n'est pas dans ton téléphone alors...C'est quelqu'un que tu connais ?

- Je ne sais pas, j'ai eu d'autres problèmes plus urgents après ça, je n'ai pas cherché plus.

Il balaie l'annonce distraitement comme si de rien n'était et Hélène ne peut pas s'empêcher de le trouver inconscient.

- Charles ! C'est très grave, tu ne devrais pas prendre ça à la légère, elle insiste.

Il lui adresse un nouveau sourire amusé, comme s'il était le seul à saisir une situation particulièrement amusante, elle est agacée.

- Je le sais très bien, il apaise. Mais pour l'instant, je veux juste profiter d'être ici, avec toi. Je m'occuperai de ça une fois que la saison aura repris.

Hélène pince les lèvres, soudainement suspicieuse.

- Et si les journalistes savaient que tu es ici ? Elle demande, inquiète.

Elle ne pourra jamais supporter une deuxième vague de haine, c'est au-dessus de ses forces. Toute cette colère à son égard simplement parce qu'elle a l'audace de respirer à proximité de Charles, c'est inhumain.

Le pilote semble comprendre son inquiétude puisque l'emprise de ses mains autour des chevilles de la jeune fille se resserre, protectrice. Il lui a promis de la protéger, il ne laissera pas cela se reproduire une nouvelle fois, peu importe les moyens qu'il devra mettre en œuvre pour y parvenir.

- Ça n'arrivera pas, il affirme. On a fait très attention et personne ne sait que je suis ici.

- Mais à l'hôpital tout à l'heure...

- Même si les journalistes savent que j'étais à l'hôpital, ils ne pourront jamais me retrouver en ville.

Hélène n'ose pas trop y croire. Elle sait parfaitement à quel point les fans peuvent se montrer intrusifs, elle en a eu un aperçu très dissuasif et ne parlons pas des journalistes qui auraient campé sur le pas de sa porte s'ils l'avaient pu.

Mais Charles à l'air tellement sûr de lui, elle n'a pas la force de le contredire. Au contraire, elle aimerait sincèrement croire qu'il va la protéger, qu'il sera présent cette fois-ci et qu'il ne la laissera pas affronter tout ça seule.

Hélène esquisse un demi-sourire encourageant qui rassure le Monégasque avant de reprendre.

- De toute manière, la liste des personnes au courant que tu es là est très limitée. Si les journalistes finissent par l'apprendre, il n'y aura pas beaucoup de suspects.

Charles opine, pensif, elle a l'impression que cette situation ne l'affecte pas, mais Hélène sait qu'elle a tort.

Le pilote face à elle est simplement très doué pour dissimuler ses émotions et les intérioriser jusqu'à l'implosion.

- Carlos est au courant, il commence.

- Isabel aussi, elle approuve.

- J'ai prévenu Andrea.

- Et Bruno était avec moi quand je t'ai retrouvé.

- Je l'ai dit à ma mère et à Pierre, mais ça ne pourrait jamais être eux, il affirme.

Hélène n'a aucun mal à croire ce qu'il lui dit. Aucune des personnes qu'ils ont citées n'aurait d'intérêt à lancer les paparazzi à la poursuite de Charles.

- Personne d'autre ? Quelqu'un chez Ferrari ? Elle demande.

- Pas que je sache. J'ai répondu à des messages de Lando et George, mais je ne leur ai pas dit où j'étais.

Ils se regardent tous les deux un instant avant de hausser les épaules. Ils n'auront sans doute pas la réponse à cette épineuse question aujourd'hui.

Hélène n'est pas rassurée, elle jette quelques regards autour d'elle, cherchant un éventuel appareil photo tourné dans leur direction, mais elle ne trouve rien.

Charles lui caresse doucement la jambe et elle fait de son mieux pour concentrer toute son attention sur lui.

- C'est à ton tour de poser une question, elle soupire.

- Qui est ton pilote préféré ?

- Carlos.

Elle répond du tac au tac, sans hésiter une seconde et l'air frustré qu'affiche Charles est si drôle qu'elle se retient de rire.

- Mais pourquoi ?!

- Il me semble que ça fait deux questions, c'est à mon tour.

Il ronchonne doucement, mais elle ne se laisse pas démonter, c'est si drôle de le faire enrager.

- Est-ce que tu as eu peur en Hongrie ?

- Non, j'étais en colère, il répond. Pourquoi Carlos ?

Elle fronce les sourcils légèrement.

- C'est le premier pilote que j'ai vraiment suivi. Il est drôle, talentueux et je m'identifie à lui, sans parler du fait qu'il est très beau et que j'ai eu un crush sur lui pendant longtemps.

- Quoi ?!

Charles s'étouffe avec sa bière et Hélène ne lui accorde qu'un clin d'œil moqueur pour seule réponse.

- Pourquoi tu étais en colère en Hongrie ?

- Je me suis disputé avec ma chargée de communication et tu n'étais pas là. Tu as eu un crush sur Carlos ?

Hélène aimerait ralentir un peu le rythme, elle n'aime pas du tout ce qu'elle entend, mais le Monégasque à l'air bien plus occupé par ses histoires de crush.

- Oui, il y a quelques années, mais c'est fini maintenant et puis ce n'est pas comme si j'avais une chance, elle souligne.

Charles croise les bras sur sa poitrine, les sourcils haussés et la brune regrette la perte du contact entre les mains du pilote et ses chevilles.

- Je ne pouvais pas venir en Hongrie.

Il ne s'agit pas d'une question.

- Je sais, il répond. Mais ça ne change rien au fait que j'étais en colère que tu n'y sois pas avec moi.

- Charles....Je....

- N'en parlons plus, c'est du passé, il coupe. Viens avec moi au prochain Grand Prix.

Elle est soufflée par sa demande. Le prochain Grand Prix, c'est celui des Pays-Bas début septembre.

Elle ouvre la bouche pour répondre, mais il ne lui en laisse pas le temps :

- Je ferais en sorte que personne ne te voit si c'est ce que tu veux, mais viens. S'il te plaît, viens, je monterai sur le podium si tu es avec moi.

Hélène se tait, touchée. Elle sait bien que sa présence n'a rien à voir avec les résultats du pilote, mais cette promesse de podium qu'il lui fait si elle est là pour le regarder y monter, comment y résister.

Elle n'a même pas envie d'y résister.

- Tu n'auras rien à payer, il poursuit, empressé. Tu es mon invité et je te donnerais le meilleur...

- Charles...

- Ne dis pas non ! Je pourrais même t'arranger une rencontre avec Carlos si c'est vraiment ce que tu veux...

- Charles ! Elle rit.

Il se tait, les yeux brillants d'espoir et elle ne peut plus le torturer.

- Si tu peux me promettre que tout va bien se passer alors c'est d'accord, elle sourit.

- Vraiment ? Pour de vrai ?

- Oui ! Elle rit.

La seconde d'après il s'est jeté sur elle, soulevant la jeune femme de sa chaise comme si elle ne pesait rien.

Hélène éclate de rire alors qu'il la fait tournoyer dans les airs pendant de longues secondes, ses mains fermement accrochées aux larges épaules du garçon qui a enfoui son visage dans son cou.

- Charles ! Mes pieds ! Je suis pieds nus !

- Oh ! Désolé !

Délicatement, il la repose sur sa chaise avant de s'asseoir à son tour, un immense sourire aux lèvres. Hélène s'en veut un peu de l'avoir fait mariner, elle comprend un peu tard que ce n'était pas une demande, Charles à besoin qu'elle l'accompagne au prochain Grand Prix.

Alors elle lui sourit, parce qu'elle est heureuse malgré toutes les alarmes qui hurlent dans son esprit qu'elle arrive à peine à sortir de chez elle sans paniquer et qu'elle vient de dire oui pour l'accompagner à l'étranger, là où elle sera le centre de l'attention, seule face à ses démons.

C'est comme ça, Hélène ne peut pas dire non à Charles. Elle n'a jamais pu et peut-être ne le pourra-t-elle jamais, mais ce n'est pas grave parce qu'elle pourrait accepter n'importe quoi juste pour voir son lumineux sourire encore une fois.

Il commande de nouvelles boissons et suffisamment de plats pour nourrir une équipe de foot, bien plus que ce qu'ils ne pourront jamais manger tous les deux, mais il est tellement heureux, elle n'a pas le courage de l'arrêter.

Les serveurs se succèdent autour de la table, ajoutant toujours de nouveau mets à déguster et le temps de quelques heures, Hélène se surprend à oublier le monde extérieur. Charles la fait rire, il lui fait lâcher prise et elle se sent vivante.

Avec un faux air agacement, il décortique les gambas qu'il a insisté pour lui commander et lui commande la meilleure bouteille de la carte avant de s'offusquer quand Hélène propose de partager l'addition en deux.

La soirée passe en un éclair, si vite qu'ils ne voient pas le soleil se coucher à l'horizon et les étoiles resplendir de mille feux au-dessus d'eux.

Et puis de toute manière, les étoiles, elle les a dans les yeux lorsqu'il s'agit de Charles, de le regarder, de lui dédier son cœur.

Parce qu'Hélène est amoureuse, elle le sait, elle le sent.

Elle le comprend dans les palpitations de son cœur, dans les frissons qui agite sa peau lorsqu'il l'effleure, dans les centaines de papillons qui font danser ses entrailles à chaque fois qu'il la regarde et à la manière dont elle ne peut plus décoller son regard de ses lèvres tentatrices qui ne cessent jamais de lui sourire.

Hélène est amoureuse de Charles et c'est à la fois beau et terrifiant.

Elle n'a pas de mal à l'accepter, c'est tellement évident, comment y résister ? Tomber pour Charles, c'était une fatalité, aussi certain qu'elle a besoin d'air pour respirer. Personne ne la fait se sentir aussi vivante que lui, Hélène vit à travers le regard de Charles, elle aime par ses mots, existe dans ses gestes.

C'est tellement évident, alors qu'elle le regarde, merveilleux ange, centre de son monde, rayonner dans la lumière des étoiles. Elle le regarde lui sourire et elle sait qu'il est trop tard pour nier la vérité.

Hélène aime Charles comme elle n'a jamais aimé auparavant.

Il la sort de ses pensées lorsqu'il dépose sa serviette sur la table, le repas est terminé, la soirée touche à sa fin.

- On rentre à la maison ? Il demande.

La maison. Il en parle si naturellement, leur maison, son cœur fond.

Hélène hoche la tête et un bâillement lui échappe.

- Tu es fatiguée ?

- C'était une longue journée, elle confirme. Je ne pensais pas qu'elle serait aussi mouvementée.

Il hoche simplement la tête et récupère ses lunettes et sa casquette qu'il a déposée. Hélène se redresse pour récupérer ses chaussures, mais il l'en empêche rapidement.

- Monte sur la chaise, il indique simplement.

La brune hausse les sourcils, intriguée.

- Quoi ? Pourquoi ?

Il lui adresse un beau sourire malicieux avant d'insister.

- Monte dessus, s'il te plaît.

La Toulonnaise le regarde un instant, étonnée, avant de finalement céder. Sous les yeux étonnés des autres clients du petit restaurant, elle monte sur la chaise et fait face au pilote, attendant la suite des événements.

Il lui tend ses chaussures qu'elle attrape du bout des doigts avant de lui tourner le dos et de se pencher légèrement en avant.

- Monte sur mon dos.

- Tu veux que je fasse quoi ?

Dire qu'Hélène est surprise est un euphémisme.

- Tu ne vas pas remettre tes chaussures par-dessus tes cloques, il explique naturellement. Monte sur mon dos, je vais te ramener à la maison.

- Je ne peux pas faire ça, elle refuse. C'est trop loin, je vais te faire mal.

Charles se redresse légèrement, un sourire désabusé plaqué sur son visage.

- Trésor, je peux t'assurer qu'Andrea me fait soulever des poids plus lourds que toi. Tu ne vas pas me faire mal alors ne me force pas à te porter comme un sac à patates.

Hélène hésite, mais il ne semble pas décidé à la laisser rentrer autrement aussi elle finit par abdiquer et se laisse glisser contre le dos de Charles qui passe une main sous ses cuisses pour la maintenir pendant qu'elle s'accroche à la manière d'un koala.

- Les gens nous regardent, elle souffle à son oreille.

- C'est parce qu'ils nous trouvent mignons.

Elle n'ose pas lui dire qu'elle n'est pas convaincue et passe plutôt un bras autour du cou du pilote tandis qu'il se met en marche, veillant à ne pas l'étrangler.

Ils ne parlent presque pas de tout le trajet, Hélène concentrée sur le fait de ne pas être trop lourde et Charles plongée dans ses pensées. Elle espère juste qu'il ne peut pas sentir son cœur qui palpite à toute allure dans sa cage thoracique.

Au bout d'un moment, la jolie brune laisse retomber sa tête dans le cou du Monégasque qui frissonne légèrement. Elle respire doucement contre sa peau, la frôlant du bout des lèvres à chacun de ses pas, elle a envie de l'embrasser.

Hélène se sent apaisée, ses yeux papillonnent de sommeil et elle ne relève la tête que lorsque Charles s'arrête devant la porte de l'appartement pour sortir le double des clefs qu'elle lui a donnée.

Délicatement, il la dépose dans le lit et désinfecte ses pieds avant de les bander, veillant à ne pas la brusquer dans son demi-sommeil.

Hélène n'ouvre les yeux que lorsqu'elle le sent se redresser pour quitter la chambre.

- Charles ?

- Oui ?

- Reste avec moi, s'il te plaît.

Déjà à moitié endormie, elle ne se rend pas vraiment compte de ce qu'elle demande, Hélène à juste envie que cette journée ne prenne jamais fin et que Charles reste toujours avec elle.

Cependant, il ne répond pas et elle a soudain peur d'avoir commis un impair, d'avoir dépassé la ligne, d'avoir trop espéré.

- Charles... ?

- Je suis là.

Doucement, sans un bruit, il se glisse à ses côtés sous la couverture. Hélène lâche un soupir de contentement lorsqu'il enroule un bras autour de sa taille et colle son torse dans son dos, elle mêle leurs jambes et ajuste l'oreiller pour qu'il puisse en bénéficier.

Apaisée, elle se laisse glisser dans un sommeil réparateur, il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien dans les bras de quelqu'un, le fait que ce soit ceux de Charles y est certainement pour beaucoup.

Elle soupire légèrement lorsqu'il enfonce son visage contre son épaule et y dépose un léger baiser par-dessus la barrière du tissu.

- Dors trésor, je suis là. Je ne bouge pas.

Et Hélène ferme les yeux.  



════════



Alooooooooors ?

J'ai promis un chapitre tout doux et voilà !

J'ai terminé de mettre en place mes éléments pour la suite et la deuxième partie de l'histoire peut enfin commencer !

Les sentiments d'Hélène évoluent et elle reconnaît enfin qu'elle est attirée par Charles. Il était temps qu'elle fasse le point, mais il y a encore un long chemin à faire entre admettre les choses mentalement et réellement tenter quelque chose. Il va falloir prendre son mal en patience, mais ces deux-là avancent dans la bonne direction !

On commence à entrevoir un nouveau problème qui se profile à l'horizon ! En effet, quelqu'un veut du mal à Charles ou peut-être que non ? La suite va lentement se mettre en place et elle promet d'être mouvementée ! Alors, qui est la taupe huhu ?

Je vous laisse profiter de la douceur de cette relation naissante sous le soleil de Toulon et je vous retrouve mardi prochain pour le retour de la pluie ! Les problèmes ne sont jamais bien loin et qui dit problème dit Paparazzi !

À la semaine prochaine ! 

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