𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐂𝐈𝐍𝐐
— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —
𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.
𝐌𝐞𝐫𝐜𝐫𝐞𝐝𝐢 𝟐𝟒 𝐀𝐨𝐮𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐
𝐆𝐞𝐥𝐚𝐭𝐞𝐫𝐢𝐚 𝐀𝐫𝐭𝐢𝐠𝐢𝐚𝐧𝐚 𝐃𝐨𝐥𝐜𝐞𝐜𝐫𝐞𝐦𝐚
𝐌𝐚𝐫𝐚𝐧𝐞𝐥𝐥𝐨 – 𝐈𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞
- Ce n'est pas vraiment ce que j'imaginais quand on a parlé d'un « plan », râle Hélène.
La brune jette un regard consterné à Charles qui se contente de hausser les épaules, un petit sourire compatissant plaqué sur le visage pendant qu'il leur trouve des places assises sur la terrasse du magasin.
- Non, mais franchement ? J'aurai dû me douter que Ferrari avait aussi des stratégies de merde en dehors des circuits, elle souffle.
- Trésor...
- Quoi ? Non mais tu ne vas pas me dire que tu trouves que leur idée est bonne ?
Charles à l'air légèrement désespéré par les râles de la jeune fille et il l'invite à s'asseoir sans prendre la peine de lancer un regard aux autres clients du glacier qui leur jettent d'étranges regards et commencent déjà à sortir leurs téléphones pour immortaliser l'instant.
- Je n'ai jamais dit ça, il soupire doucement. Mais tu leur as dit que tu étais d'accord et maintenant que la machine est lancée, il est trop tard pour faire marche arrière.
Hélène esquisse une grimace avant de planter sa cuillère en bois dans son pot de glace.
- Je n'ai pas dit que je voulais faire marche arrière, elle souffle. Je trouve simplement que contrôler tous nos échanges et nous traiter comme des enfants ou pire, comme des bombes à retardement, n'est pas un bon moyen d'éviter un nouveau scandale.
Tout en parlant, elle jette un regard noir à Sofia et Andrea, assit quelques tables plus loin, qui s'empressent de détourner le regard.
- Je suis adulte, je ne pense pas avoir besoin de quelqu'un pour me chaperonner quand je suis avec toi, elle geint.
La jambe de Charles qui s'étend discrètement sous la table jusqu'à toucher la sienne la force à relever les yeux vers le Monégasque qui enfourne une grosse cuillère de sa glace menthe chocolat avant d'esquisser une grimace lorsque le froid lui brûle les papilles faisant rire la jeune fille.
- Je sais parfaitement que cette situation ne te convient pas trésor, elle ne me convient pas non plus, il tempère. Mais pour le moment, Ferrari et ses équipes sont notre meilleur moyen de défense contre le taré qui nous traque. Alors si je dois me plier à leurs exigences pendant quelque temps pour l'attraper, je le ferai.
Hélène baisse les yeux vers son sorbet cassis framboise et pince les lèvres de découragement.
Évidemment, elle sait que c'est la meilleure solution qu'ils ont à leur disposition, la seule qu'ils ont à vrai dire, mais elle n'arrive pas à s'y résoudre et à l'accepter sans rechigner.
- Je sais que tu as raison, elle finit par capituler. Mais je pensais te voir en venant jusqu'en Italie, pas me retrouver enfermé, toute la journée, dans une chambre d'hôtel à repérer mes réponses pour une stupide interview qui sera de toute manière coupée pour arranger les intérêts de la Scuderia.
Charles esquisse un faible sourire moqueur.
- Je ne pense pas que l'on puisse qualifier « Drive to Survive » de stupide interview, plaisante-t-il.
Hélène lève les yeux au ciel avant de prendre une nouvelle bouchée de sa glace.
- Pour toi, non, parce que tu es pilote, elle rétorque. Mais les questions qu'ils vont me poser n'ont rien d'intéressant : Comment c'était de sauver Charles Leclerc ? Vous sortez ensemble ? Est-ce que ses cheveux sont aussi doux qu'ils en ont l'air ? Je n'appelle pas exactement ça intéressant si tu veux tout savoir.
Charles se recule dans sa chaise, de plus en plus amusé par la mauvaise humeur de sa partenaire qui n'en démord pas.
- Je ne sais pas qui vous êtes, madame, il souffle. Mais j'aimerais bien retrouver la fille adorable et drôle dont le hamster Hamilton est le plus rapide du monde et qui me laisse éplucher ses fruits de mer parce que je ne me rappelle pas d'avoir invité le Lutin Grognon à me rejoindre en Italie.
Surprise, Hélène ne trouve incapable de répondre et lui tire simplement la langue, ce qui lui vaut un clin d'œil du pilote et quelques chuchotis auxquels elle ne prête aucune attention.
- Comment va ce cher Hamilton d'ailleurs ? Demande Charles. Toujours le premier dans la petite roue ?
Elle esquisse un sourire et secoue la tête avant de répondre.
- Il est en vacances chez Bruno qui le nourrit beaucoup trop. Il m'envoie des photos tous les jours, je vais retrouver un hamster obèse.
- Mais non, c'est un Hamilton, on ne devient pas le hamster le plus rapide de l'animalerie en se laissant aller, je suis sûr qu'il va rebondir.
La Toulonnaise rit doucement en suçotant sa cuillère teintée de rouge cassis.
- Ça m'avait manqué, elle souffle.
- Quoi donc ? Il demande.
- Ça, toi, nous, elle indique. J'ai bien cru qu'ils ne nous laisseraient pas nous voir avant le départ pour la Belgique.
- Il me restait des séances de simulateur à faire et comme tu l'as dit, tu devais te préparer pour Netflix, on n'aurait pas eu le temps de se voir.
- Je sais ça, je comprends et je n'ai pas besoin d'être collée à toi tout le temps, au contraire. C'est juste, cette impression constante d'être surveillés, comme s'ils craignaient que nous laisser ensemble cinq minutes puisse déclencher la troisième guerre mondiale.
Charles esquisse un pauvre sourire penaud sans rien ajouter et Hélène décide de faire un effort pour ravaler sa frustration. Elle sait parfaitement que le pilote n'y est pour rien et que ce qu'elle a d'abord pris pour de l'inaction de sa part n'est en réalité que le fruit de plusieurs années à travailler avec et pour Ferrari qui lui ont permis d'acquérir une parfaite compréhension des méthodes de communication privilégiées par l'écurie.
Charles ne se laisse pas faire, il donne simplement l'impression de suivre le courant pour mieux le dévier à son avantage là où Hélène tente frénétiquement de nager à contresens dès qu'une situation lui déplaît.
- J'avais envie de te voir, finit-elle par avouer timidement.
- Tu sais bien que moi aussi trésor, c'était très dur de me concentrer sur le simulateur en te sachant dans le même bâtiment que moi, gronde-t-il doucement.
Hélène rougit doucement alors que la cheville de Charles continue de frotter contre la sienne. Elle ne peut pas nier la tension qu'il y a entre eux qui grimpe lentement, faisant s'affoler son cœur de plus en plus souvent. Ils ont convenu d'aller doucement, à leur rythme et d'attendre que toute cette histoire de Stalker soit passé pour approfondir leur relation, mais plus les jours passent et plus elle regrette de ne pas lui avoir sauté dessus la première fois qu'il l'a embrassé.
Il est indéniable qu'elle a continuellement envie d'être proche de lui, de sentir son regard sur sa peau, son toucher, ses lèvres qui l'appellent comme la plus irrésistible des tentations.
Hélène a envie de Charles, elle a envie de lui entièrement, intensément et à en juger par les regards qu'il lui lance comme à l'instant, cette envie est plus que partagée.
- Comment est-ce que je vais pouvoir me concentrer sur la course si je sais que tu m'attends dans le garage, murmure-t-il.
- Plus vite tu termines la course et plus vite tu pourras me retrouver, répond-elle, joueuse.
- Donc si je comprends bien, il faut que je gagne ?
- Mon hamster est septuple champion du monde, rétorque-t-elle. Je ne peux pas sortir avec autre chose qu'un vainqueur.
Et soudain elle écarquille les yeux et Charles la suit, quelques instants plus tard, parce qu'elle l'a dit.
Hélène a dit « sortir avec ».
Ils n'avaient jamais parlé du nom de leur relation jusqu'à présent et voilà qu'elle lâche ça comme un pavé dans la mare, parfaitement inconsciemment. Ils se regardent tous les deux, incrédules, pendant quelques secondes. Aucun des deux n'avaient prévu d'avoir cette conversation maintenant, pas à moins de quarante-huit heures du début d'un Grand Prix et encore moins alors que le mot d'ordre de leur relation depuis le départ est : Ne surtout rien précipiter.
Comme un ange tombé du ciel pour leur éviter une conversation des plus gênantes, Sofia se matérialise soudainement devant leur table, le regard vissé sur son téléphone dernier cri avec lequel elle vient sûrement de prendre plusieurs photos d'eux pour le prochain plan de communication de la Scuderia.
Comme prévu, la grande brune est toujours perchée sur de vertigineux Louboutin beiges vernis, qu'Hélène est allée rechercher sur Internet par pure curiosité et qu'elle sait avoisiner les douze centimètres de haut et les cent-sept euros, qui match à la perfection son jean bleu à coupe droite d'un grand couturier et la chemise blanche sur laquelle elle reconnaît le logo de la branche luxe de la marque Ferrari. Chic et absolument hors de prix, du grand Sofia, Hélène commence à s'y habituer.
- Bon, les tourtereaux, si vous avez fini de vous regarder avec les yeux de l'amour, nous avons un emploi du temps chargé donc finissez vos glaces et on retourne à l'hôtel.
Hélène lève les yeux au ciel, mais ne dit rien, deux jours au contact de cette Italienne caractérielle lui ont suffi à comprendre que Sofia est l'incarnation même de l'expression « aboie fort, mais ne mord pas ».
En effet, si la chargée de communication ne passe jamais par quatre-chemins lorsqu'elle a quelque chose à dire, une fois apprivoisée Hélène ne doute pas qu'elle soit une alliée redoutable, retors et inventive lorsqu'il s'agit de placer astucieusement les projecteurs sur eux pour faire ressortir leurs meilleurs côtés.
Le petit-déjeuner improvisé chez le glacier local de Maranello est d'ailleurs son idée et si la brune a du mal avec l'aspect mise en scène du moment, elle n'a pu que saisir l'occasion de se retrouver seule avec Charles, même pour quelques minutes, et même si de l'autre côté du magasin Andrea Ferrari s'arrache les cheveux en voyant Charles déguster son pot de glace menthe chocolat avec un surplus de pépite de chocolat sur le dessus.
- Merci pour ta délicatesse Sofia, ricane Hélène. On arrive.
- Toujours là pour ça, chérie, rétorque l'aînée. On vous attend à la voiture et n'oubliez pas, jamais à moins de cinquante centièmes l'un de l'autre, compris ?
Charles et Hélène lèvent tous les deux les yeux au ciel avec agacement, cette stupide règle des cinquante centimètres de distance, c'est une autre brillante idée de Ferrari pour tenter de maîtriser le flot de rumeurs autour de leur potentiel couple. Jusqu'à ce que le Stalker n'ait pas été attrapé, ils ne doivent jamais se retrouver à moins de cinquante centimètres l'un de l'autre en public pour éviter toute prise de photos compromettantes.
Plus de câlins, plus de balade main dans la main, plus de bisous, Hélène à l'impression d'être de retour à l'école primaire et de devoir s'en tenir à quelques sourires et à de petits saluts de la main pour ne pas se faire attraper par la maîtresse.
Mais comme l'a si bien rappelé Charles, c'est l'ultimatum que lui a fixé Ferrari pour lui permettre d'accompagner le Monégasque en Belgique et elle l'a accepté en toute connaissance de cause.
Docilement, ils jettent leurs pots de glace à la poubelle et quittent la boutique. Hélène file jusqu'à la voiture dans laquelle patientent déjà Sofia et Andrea pendant que Charles signe quelques autographes et prend des photos avec les fans présents dans le magasin.
Pendant tout le temps où Charles reste dehors, Hélène ne le quitte pas des yeux, observant chacun de ses gestes, les doux sourires qu'il adresse aux fans, tous très polis, qui souhaitent prendre des photos ou lui donner des cadeaux faits main. La Française est admirative de cet engouement que le pilote génère autour de lui, des fans de tout âge, hommes et femmes, se pressent autour de lui dans le seul espoir de pouvoir croiser son regard et Charles au milieu de toute cette foule, lui paraît solaire, épanouie et profondément reconnaissant de toute cette attention bienveillante dont il est le centre.
- Il va finir par prendre feu si tu continues de le fixer comme ça, plaisante Sofia.
Mais la blague n'a pas du tout l'effet escompté, au contraire, la simple évocation du feu suffit à figer Hélène dans son siège, transpercée sur place par ce vieux démon qui n'était pas venue la taquiner depuis longtemps.
Elle se sent obligée de détourner le regard et presque automatiquement, ses yeux écarquillés se fixent sur sa main brûlée. Un simplement pansement remplace à présent les grands bandages et Hélène n'est pas certaine de savoir comment gérer le fait que les bords de l'immonde brûlure sont à présent révélés au grand jour. Exposé à la critique, au jugement, au dégoût.
Son absence de réponse semble inquiéter Sofia qui se retourne pour lui demander si tout va bien et la brune se force tant bien que mal à relever la tête et esquisser un pauvre sourire qui ne convainc personne.
- Je vais bien, elle souffle. C'est juste que... Je n'aime pas vraiment le feu.
Elle n'ajoute rien et ce n'est visiblement pas nécessaire puisqu'un éclair de compréhension passe dans les yeux de l'Italienne et elle et Andrea affichent soudain une expression de culpabilité et une profonde compassion dont Hélène ne veut pas.
- Pardonne-moi chérie, je n'avais pas réalisé que...
Mais elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que Charles ouvre la portière et se glisse à l'intérieur de la voiture, tout sourire.
- On peut y aller ! J'ai manqué quelque chose ? Il demande.
- Rien du tout, souffle la Toulonnaise. Allons à l'hôtel.
Elle adresse un regard sans équivoque aux deux autres passagers de la voiture, elle ne veut pas en parler et plus que tout, elle ne veut pas en parler à Charles. Sofia et Andrea n'ajoutent rien et ils écoutent tous Charles qui fait la conversation sur à quel point ses fans sont les meilleurs du monde jusqu'à leur arrivée à l'hôtel.
Là, ils se séparent en deux équipes, Sofia et Hélène d'un côté pour aller chercher les affaires de la jeune femme et Charles et Andrea de l'autre pour récupérer la valise du Monégasque.
Dans la chambre que la Scuderia a gentiment accepté de lui allouer, Hélène s'affaire à plier ses vêtements qu'elle n'a, au final, même pas utilisés pendant que Sofia décroche et empile sur un chariot prévu à cet effet, de grandes housses qui protègent les tenues qu'elle devra porter durant tout son séjour en Belgique.
La brune ne se plaint pas vraiment, ce sont de beaux vêtements, sans doute hors de prix à en juger par les quelques étiquettes qu'elle a pu voir. Ce sont de beaux vêtements qui ne lui ressembles pas, bien loin du noir dans lequel elle aime se réfugier ces derniers temps, ils sont vifs, colorés, estivaux.
Elle a l'impression d'être une autre personne lorsqu'elle les portent, plus sûre d'elle, plus commerciale.
Dans son dos, la brune sent bien le regard insistant de Sofia qui semble hésiter à prendre la parole, mais il est bien connu que les Italiens et les Italiennes ne savent pas tenir leur langue bien longtemps aussi, Hélène n'est pas surprise lorsqu'elle prend la parole précipitamment.
- Écoute Hélène, à propos de ce qu'il s'est passé dans la voiture, je voulais te présenter mes...
- Tout va bien, Sofia, vraiment, elle coupe. Tu n'as pas besoin de t'excuser, tu ne pouvais pas savoir.
- Je le sais, mais ça ne m'empêche pas de m'inquiéter pour toi chérie. Tu semblais très perturbée.
Hélène secoue la tête, voilà exactement ce qu'elle voulait éviter.
- Je sais, elle répond. J'y travaille, c'est juste... Qui aurait imaginé qu'on le feu soit aussi présent dans nos vies ?
Elle esquisse un pauvre sourire, toujours dos à l'Italienne. Elle a compris depuis quelque temps déjà que ses réactions en présence ou à l'évocation du feu sont disproportionnées, incompréhensibles, mais c'est plus fort qu'elle. Rien que de dire le mot et elle sent l'aiguillon de la peur remonter le long de sa colonne vertébrale.
- Je ne veux pas en parler à Charles, elle poursuit. Il a déjà beaucoup de préoccupations avec la reprise de la saison et ce Stalker qui refuse de laisser tomber. Pas la peine de lui dire, ça finira par passer et on en rigolera tous ensemble quand ce sera de l'histoire ancienne.
Tout en parlant, elle se tourne et lance son regard le plus confiant à Sofia qui la regarde, dubitative. Hélène sait qu'elle a raison, qu'elle fait le meilleur choix, le feu lui fait peur, mais il ne peut pas la hanter pour toujours, il lui faut juste du temps, c'est tout ce dont elle a besoin pour aller mieux.
- Puisque tu y tiens, capitule Sofia. Mais s'il y a quoi que ce soit, tu dois me promettre de toujours me prévenir. Ne m'en veut pas de toujours revenir à ça, mais craquer en public est la pire chose qui pourrait t'arriver, les médias ne feraient qu'une bouchée de toi et toute notre stratégie tomberait à l'eau.
Hélène hoche la tête pour montrer qu'elle comprend. Évidemment, elle sait parfaitement que s'il devait arriver quelque chose, elle ne serait pas la seule à être impacté, qu'elle le veuille ou non son image et celle de Charles sont liées à présent, elle doit à tout prix éviter de lui causer le moindre problème.
Les deux femmes se font face, le temps d'une seconde, parfaitement consciente du poids des responsabilités qui pèse sur les épaules de l'étudiante, peut-être plus que ce qu'elle ne peut en supporter.
Une fois toutes les affaires de la Toulonnaise bouclées dans sa valise ou sur le grand portant, Sofia sort une housse qu'elle avait gardée de côté et la dépose sur le lit avant d'en tirer la fermeture éclair pour dévoiler la tenue qui se trouve dessous.
- Bien, elle sourit. Il faut que tu enfiles ça et nous pourrons y aller.
Hélène hausse les sourcils, surprise, il est à peine dix heures du matin et elle porte déjà sur elle l'une des tenues choisies par l'Italienne.
- On va juste prendre l'avion, elle fait remarquer. Pourquoi est-ce qu'il faut que je me change ?
Sofia secoue la tête et adopte la moue d'une professeure déçue par un enfant particulièrement lent.
- Tu te trompes, nous n'allons pas « juste prendre l'avion », elle martèle. Nous allons prendre le jet privé de Charles depuis Maranello jusqu'à Liège et tu sais ce que cela signifie ?
Hélène est clairement perdue, non, elle ne sait pas ce que cela signifie et la mine désespérée de Sofia lui donne l'impression d'avoir raté un examen capital.
- Ce que j'essaie de te dire Hélène, c'est qu'avant même que vous ayez posé le pied en Belgique, toute la communauté F1 saura que tu es dans cet avion avec Charles. Peut-être même avant que vous ayez quitté Maranello si ce satané Stalker est vraiment si doué qu'il en a l'air, elle peste. En résumé, c'est maintenant que les choses sérieuses commencent, tu dois être absolument irréprochable afin que personne ne puisse t'attaquer sur un détail aussi trivial que ton apparence dès le départ.
Hélène hausse les sourcils avant de rendre les armes. Toute cette histoire de vêtements et d'image est vraiment le cadet de ses soucis, elle trouve l'idée même de modifier la perception que l'on a d'une personne simplement en lui faisant changer de vêtement stupide, idiot, capillotracté et autant de synonymes qui lui viennent en tête, mais de toute manière, elle n'a pas vraiment de choix, elle a donné son accord après tout.
Elle laisse Sofia l'habiller sans rechigner, à la manière d'une poupée grandeur nature, tresser ses cheveux en deux nattes plaquées contre son crâne, opter pour un maquillage un peu plus travaillé que ce à quoi elle est habituée, flouer les contours de sa personnalité.
- Et voilà, déclare l'Italienne. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Je suis jolie.
Et c'est vrai, elle l'est, jolie, affublée d'un jean droit, d'un débardeur à bretelle émeraude qui met en valeur sa petite poitrine et un blazer oversize beige accompagné de sneakers Golden Goose qui complètement la tenue. Très chic, sobre, mais avec une touche de couleur qui met parfaitement en avant ses atouts.
- Tu es belle comme un cœur, chérie, confirme Sofia.
- Merci.
- Nous avons décidé de calquer ton style sur celui d'Isabel Hernaez pour le départ, le temps que les gens s'habituent à te voir aux côtés de Charles. Nous pourrions envisager de le personnaliser un peu par la suite, qu'en dis-tu ?
- C'est parfait Sofia.
La vérité, c'est qu'Hélène ne se sent pas vraiment Hélène dans cette tenue, c'est très joli, évidemment, mais ce n'est pas elle. Un sourire fatigué lui échappe, il y a des batailles qu'elle doit accepter de perdre.
- Très bien alors en route maintenant ! Nous ne sommes pas en retard, mais les garçons doivent déjà être prêts et je ne supporterais pas de les entendre se plaindre du fait de nous avoir attendues.
La Toulonnaise esquisse un bref sourire amusé avant de s'emparer de sa valise qu'elle traîne derrière elle jusqu'au parking où, comme l'avait prédit Sofia, les garçons attendent déjà.
- Eh bah ! Râle Andrea. C'est à se demander ce qui vous prend autant de temps.
Hélène rigole légèrement et ne répond rien pendant que Sofia se lance dans une tirade animée sur les clichés du genre féminin et le caractère inacceptable des remarques du préparateur physique, tout ça pour ne pas avoir à admettre qu'elles ont pris plus de temps qu'eux.
Assis à l'arrière de la voiture, Charles et Hélène échangent un regard amusé sans oser intervenir pour tirer le pauvre Andrea des griffes de la furie Italienne.
À la place, la brune profite de l'inattention de leurs deux chaperons pour laisser retomber sa tête sur l'épaule de Charles, tout contre son cou, pendant qu'il joint leurs mains en un étroit enchevêtrement de douceur.
Les vitres sont teintées, personne ne les verra, ils peuvent bien s'accorder quelques petites minutes de paix avant d'être lancés dans le la mêlée.
- Est-ce que tu as peur ? Il souffle à son oreille.
- Un peu et toi ?
- Toujours, mais je suis sûr que tout va très bien se passer.
Tout en parlant, il embrasse tendrement son front, juste à la lisière de ses cheveux et Hélène se cale un peu mieux dans l'étreinte du Monégasque, profitant du cocon de chaleur protectrice qu'il lui offre.
Les paupières lourdes, elle se laisse doucement couler dans une torpeur bienvenue et relève juste la tête pour embrasser délicatement le bas de la mâchoire du pilote qui baisse les yeux vers elle.
- J'ai envie que tu m'embrasses, il murmure.
- J'ai envie de t'embrasser, elle répond.
Mais ils ne vont pas plus loin, se contentant d'un regard prolongé, les yeux dans les yeux, ils se dévorent du regard avec tendresse, se languissant l'un de l'autre.
Ils ne se quittent pas des yeux de tout le voyage, profitant des irrégularités de la route pour frotter leurs nez l'un contre l'autre le temps de quelques secondes.
Lorsque la voiture entre au parking de l'aéroport et se stationne, Charles plisse un peu plus les yeux, comme pour graver le visage d'Hélène dans sa mémoire.
- Cinquante centimètres ? Il questionne.
- Cinquante centimètres, elle approuve.
Et ils sortent de la voiture, chacun de leur côté, jamais à moins de cinquante centimètres l'un de l'autre, fin prêts à affronter ce Grand Prix et toutes les péripéties qui se présenteront à eux.
La première bataille se profile à l'horizon et ils sont mieux préparés que jamais.
Ou plutôt, c'est ce qu'ils croient.
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Enfin un chapitre à l'heure ! Alléluia !
Charles et Hélène s'envolent vers la Belgique et vers plein de nouveaux problèmes, mais comme l'a dit notre cher Bruno il y a plusieurs chapitres de cale, plus facile d'envoyer chier la critique assise dans un jet privé. Il semble qu'Hélène l'a enfin pris au mot !
J'ai volontairement sauté plusieurs passages du temps passé en Italie, ils nous seront utiles par la suite et puis j'aime l'idée de garder un peu de mystère même si l'ombre de Mattia Binotto n'est jamais loin de nos deux héros.
Prochaine étape donc, la Belgique et Spa-Francorchamps, un endroit important pour Charles puisque c'est là-bas qu'il a remporté sa première victoire.
Nous entrons dans un arc un peu plus « criminel » si je peux dire. Chacun de nos protagonistes à des choses à cacher, des choses à perdre et un ennemi à débusquer. Ferrari est en train de lisser le personnage d'Hélène pour la faire rentrer dans le moule de la compagne de pilote lambda, le Stalker n'est toujours pas débusqué et il devient de plus en plus difficile pour nos deux héros de rester éloignés l'un de l'autre. Qui sera le premier à faire une erreur ? Réponse dans la suite !
Je vous retrouverai la semaine prochaine, même jour, même heure !
Bye Bye
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