𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒











— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —









𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.









𝐕𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞𝐝𝐢 𝟐𝟐 𝐣𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐

𝐂𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐏𝐚𝐮𝐥 𝐑𝐢𝐜𝐚𝐫𝐝

𝐋𝐞 𝐂𝐚𝐬𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞𝐭 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞



Une fois accroupi au milieu des flammes, il est trop tard pour faire marche arrière et tout en essayant de se repérer malgré la fumée, Hélène enfonce l'interrupteur de sa radio.

- Pierrot ! J'ai besoin qu'on me guide jusqu'à la voiture de Leclerc !

Elle sait pertinemment que l'hélicoptère qu'elle entend au-dessus d'elle est équipé d'une caméra et qu'il n'y a que lui qui puisse lui indiquer la route à suivre pour rejoindre la monoplace de Charles Leclerc.

- Hélène ! Où es-tu ?

Elle grimace en entendant la panique qui perce au fond de la voix de Pierrot, elle déteste lui faire peur, mais il s'agit d'un cas de force majeure.

- Je suis de l'autre côté de la McLaren, j'ai besoin qu'on m'indique la route pour rejoindre la voiture de Leclerc !

- Sors de là immédiatement ! Hurle-t-il.

- Pas avant d'avoir retrouvé Leclerc ! Elle tousse à cause de la fumée.

La situation est à peine vivable, immobile au milieu des flammes, elle peut sentir sa tenue chauffer et coller à sa peau, lui arrachant une grimace douloureuse. Près du sol, la fumée est moins dense, mais elle doit faire vite. Aussi, elle ajoute :

- Je ne reculerai pas Pierrot.

Les quelques secondes qui s'écoulent ensuite lui paraissent durer des heures entières avant que la voix de celui qu'elle considère comme son père ne résonne à nouveau dans le conduit audio.

- Il faut que tu continues vers l'intérieur du virage, la voiture de Leclerc est encastrée dans la barrière de sécurité.

- Merci, elle soupire.

- Fais attention à toi, Hélène, s'il te plaît.

Son cœur la picote douloureusement et elle lutte pour contenir les larmes qui emplissent ses yeux, elle secoue la tête pour se reprendre et met fin à la communication.

Le dos courbé en direction du sol, elle quitte la protection de fortune que lui procure la McLaren et s'élance en direction des barrières de sécurité, comptant sur sa connaissance du circuit pour se repérer. Après quelques mètres, elle est obligée de faire un détour pour contourner une nouvelle voiture en flamme et la fumée devient tellement opaque qu'elle est obligée de relever la visière de son casque pour pouvoir continuer d'y voir clair. Immédiatement, ses yeux la piquent et elle porte une main à son visage pour couvrir son nez et sa bouche du mieux possible. Accroupie, elle longe le véhicule accidenté, veillant à ne pas poser les mains sur le métal brûlant. L'opération lui prend plus de temps que prévu et lorsqu'elle atteint une nouvelle zone dégagée, elle laisse filtrer un bref soupir de soulagement.

Soupir qui se coince presque aussitôt dans sa gorge lorsqu'elle découvre à quelques mètres à peine, la silhouette écarlate d'une monoplace à demi enfoncée dans le muret. Son sang ne fait qu'un tour, Hélène se redresse et court aussi vite que ses jambes le lui permettent. Elle est soulagée de découvrir que la monoplace dans le bon sens et, assis derrière le volant, un Charles Leclerc parfaitement immobile.

Précipitamment, elle se penche dans sa direction, posant une main sur la carrosserie brûlante qu'elle retire dans un gémissement douloureux. Elle tend le bras à l'intérieur de l'habitacle jusqu'à toucher du bout des doigts l'épaule du pilote qui ne réagit pas. Le stress la prend de nouveau lorsqu'elle comprend qu'il est inconscient. Physiquement, il ne lui semble pas blessé, mais toutes ses formations premier secours lui reviennent par flash alors qu'elle entreprend d'arracher le volant qu'elle jette de l'autre côté du mur de pneus.

Essayer de déplacer une victime d'accident de la route sans assistance médicale est vivement déconseillé et la dernière chose dont elle a envie, c'est d'aggraver un potentiel traumatisme, mais elle n'a pas vraiment le choix. Hélène avise d'un œil critique l'arrière fumant de la monoplace, ce n'est qu'une question de minutes avant qu'elle ne prenne feu à son tour. Elle ne peut pas attendre l'arrivée des secours.

Méthodiquement, elle retire les sécurités du halo qui la sépare du pilote toujours inconscient. L'opération lui semble durer des heures surtout qu'elle ne peut pas compter sur sa main brûlée. Occupée à rager contre elle-même, la brune ne remarque pas immédiatement les mouvements du monégasque qui s'agite légèrement jusqu'à tourner la tête dans sa direction.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Trop surprise, elle en oublie de lui répondre, obligeant le pilote à répéter.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Bonjour monsieur Leclerc ! Vous avez eu un accident !

Hélène a envie de se gifler, littéralement. Heureusement pour elle, Charles semble encore groggy et il ne relève pas.

- Un accident ?

- Oui ! Mais tout va bien ! Il ne faut pas vous inquiéter, je m'occupe de vous !

Elle ne peut pas voir son visage caché par son casque alors elle se contente d'un examen sommaire tout en terminant de retirer le halo et le harnais de sécurité. Un peu brusquement, elle l'empêche de remonter sa visière et s'excuse rapidement.

- Vous devez garder votre visière pour l'instant à cause de la fumée.

- La fumée ? Il y a le feu ?

Elle veut à tout prix lui éviter plus de stress, mais dans les faits, elle est sûrement bien plus stressée que lui.

- Oui, mais pas sur votre voiture, tout va bien. Est-ce que vous avez mal quelque part ?

Il ne répond pas pendant un instant et elle pense qu'il a de nouveau perdu connaissance, mais il finit par relever la tête vers elle.

- J'ai mal aux côtes et à la tête...

Hélène serre les dents, l'état de sa tête la préoccupe, mais elle sait que contrairement à elle, il peut voir son visage alors elle affiche son sourire le plus rassurant pour lui répondre.

- D'accord, c'est tout à fait normal, pas de raison de paniquer. Est-ce que vous pouvez vous lever ?

- Je ne sais pas...

- C'est pas grave d'accord ? Je m'occupe de vous.

Elle le sent au bord de l'inconscience, il n'y a pas une minute à perdre. Souplement, elle prend appui sur la voiture avec sa main brûlée, retient une grimace et se hisse sur le toit de la monoplace jusqu'à se tenir à genoux derrière Charles Leclerc.

- Bien ! Charles, vous m'entendez ?

Elle capte du regard le mouvement de sa main et hoche la tête pour elle-même.

- Je vais passer mes bras autour de votre torse et vous tirer vers le haut. Quand je vous le dirais, il faudra pousser sur vos jambes pour sortir de la voiture, c'est d'accord ?

Pas de réponse, la peur lui tord les entrailles, elle prend une grande inspiration avant de se pencher pour passer les bras autour de lui et coincer sa tête sur son épaule.

- Vous êtes prêt ? Un, deux trois, maintenant !

Elle tire de toutes ses forces, occultant la plainte douloureuse que pousse le pilote et le tire vers le haut. La manœuvre est particulièrement compliquée et elle ne le sens pas bouger d'un pouce, à bout de souffle elle lui hurle dessus.

- Bordel qu'est-ce que vous êtes lourd !

Décidant d'utiliser son propre corps comme contrepoids, Hélène se laisse glisser vers l'arrière hurlant sous le poids de l'effort et contre la morsure de la chaleur qui lui broie l'épaule. Une fois le bassin du pilote extrait de la voiture, elle se laisse glisser sur le côté, l'entraînant avec elle et tous les deux tombent sur le flanc de la voiture.

Allongé au sol, coincé entre son sac à dos et le corps du pilote qui l'écrase complètement, le souffle coupé, Hélène met quelques instants à se rendre compte qu'il ne bouge plus du tout. L'adrénaline afflue de nouveau dans ses veines avec force et elle le repousse, le faisant rouler sur le dos. Penchée au-dessus de lui, elle n'a d'autre choix que de soulever la visière de son casque pour découvrir ses yeux clos, un juron lui échappe.

Comme un avertissement, derrière elle la Ferrari s'enflamme soudainement et elle a tout juste le temps de faire barrière de son corps entre le pilote et les flammes. Un cri lui échappe lorsqu'elle sent distinctement une douleur cuisante se ficher juste sous son épaule gauche et les larmes de douleur trempent son visage.

Tremblante, elle arrache sa paire de gants, couinant à nouveau lorsque le tissu brûlé s'arrache à sa main abîmée. Délicatement, elle place ses doigts dans la nuque du pilote, juste sous son casque et malgré la cagoule, parvient à sentir un pouls saccadé, un soupir de soulagement lui échappe.

Rassurée de le savoir vivant, il faut à présent qu'elle trouve un moyen de les sortir de là tous les deux. Dans son état, jamais elle ne pourra le traîner jusqu'au poste de secours, elle balaie rapidement l'endroit du regard et repère, à quelques mètres de là, une ouverture dans le muret de protection certainement destinée au passage des véhicules de maintenance. C'est sa chance.

Hélène se relève, elle ne peut plus enfiler ses gants alors elle les jette sur le côté et avise le corps immobile du garçon. Avec le plus de délicatesse possible, elle attrape ses bras et les croisent sur son torse de manière qu'ils ne traînent pas au sol puis elle se saisit de ses chevilles et commence à le traîner avec une lenteur infinie.

Hélène est en nage, ses vêtements lui collent à la peau, la douleur dans sa main est insoutenable et Charles est bien plus lourd que les mannequins qu'ils utilisent à l'entraînement. Elle aurait sans doute moins de difficultés à le traîner par les bras, mais elle ne veut pas prendre le risque de lui abîmer les côtes alors elle se contente de ses chevilles, les doigts fermement agrippés aux bords de ses chaussures de course.

La distance à parcourir n'est pas énorme, à peine cinq ou six mètres, mais l'adrénaline qui quitte progressivement ses veines brouille la vision d'Hélène qui a de plus en plus de mal à ne pas trébucher à chaque pas. La fumée lui provoque des quintes de toux et ses yeux, gonflés par les larmes, la brûlent douloureusement. La seule chose à laquelle elle puisse se raccrocher est le battement frénétique de son propre cœur qui résonne dans ses oreilles comme un tambour de guerre.

Lorsqu'ils arrivent enfin à l'ouverture, Hélène traîne sur encore quelques mètres, terminant de les éloigner des flammes puis se laisse tomber au sol. Avec ses dernières forces, elle pousse Charles contre la paroi et l'allonge correctement. Elle ne retire jamais son casque, consciente que cela risquerait d'aggraver un potentiel traumatisme crânien. Au lieu de ça, elle retire le sien, libérant ses cheveux rendus poisseux par la sueur et entrouvre la combinaison du pilote, dégageant son torse et laissant apparaître le sous-pull ignifugé de la même couleur que sa tenue.

Avec toutes les précautions du monde, Hélène colle son oreille à sa cage thoracique, essayant de mesurer au mieux le rythme cardiaque du pilote. Elle a d'abord du mal à l'entendre puis, au bout de quelques secondes, un soupir de soulagement lui échappe en découvrant un pouls rapide, mais régulier. Soulagée, elle se redresse et referme la combinaison avant d'ouvrir son sac à dos et d'en sortir une couverture de survie avec laquelle elle le recouvre entièrement. La brune est morte de froid, mais elle sait que ce n'est qu'une impression causée par le choc et la chute de l'adrénaline dans ses veines. Pour éviter la somnolence, elle sort une petite bouteille d'eau, engloutit presque entièrement avant de vider le reste sur sa main brûlée. Elle sort du sac la petite trousse de secours et en extirpe difficilement un paquet de compresses et une bande qu'elle enroule autour de sa main blessée.

Les secondes passent et Hélène a de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts malgré sa lutte acharnée. Elle sait que le contrecoup joue beaucoup, mais elle ne peut pas se permettre de perdre connaissance tant que les secours ne seront pas arrivés. Avec ses dernières forces, elle se traîne jusqu'au muret et s'y adosse avec un soupir de soulagement. La tête du pilote est juste à côté de sa cuisse et elle peut toujours voir ses yeux clos de là où elle est.

La tête penchée vers l'arrière, la brune fait rapidement le point, fixant vaguement le ciel à travers les tâches noires qui flottent devant ses yeux. Elle est brûlée, elle sent le cramer et son épaule lui fait un mal de chien, mais à part ça le bilan lui semble plutôt positif.

Sa tête roule vers l'avant et son regard se fixe sur le casque immobile de Charles Leclerc avant qu'elle n'appuie de nouveau sur l'interrupteur de son casque.

- Chevalier et Leclerc près de la sortie intérieure... Besoin d'une assistance médicale...

Elle a la bouche pâteuse et de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts si bien que quand la voix de Pierrot résonne dans le casque posé sur ses genoux, elle lui paraît extrêmement lointaine et incompréhensible.

Ses yeux la piquent et elle les ferme une brève seconde pour les reposer en attendant que l'on vienne les chercher. Si bien qu'elle les ouvre à peine lorsque les gyrophares bleus des véhicules de secours flashent devant ses yeux, ni même lorsque l'hélicoptère des pompiers décolle, les emportant elle et le pilote monégasque jusqu'à l'hôpital le plus proche.



════════



J'ai craqué ! Le chapitre trois était terminé depuis quelques jours et il me faisait de l'œil, je n'ai pas tenu bien longtemps.

Charles et Hélène sont sauvés, prochaine étape, l'hôpital où ils pourront avoir leur première vraie conversation !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Hélène est une tête brûlée mais elle parvient quand même à ses fins et sans trop de casse, pour l'instant. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top