𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐂𝐈𝐍𝐐











— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —









𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.









𝟏𝟏 𝐒𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟐

𝐀𝐮𝐭𝐨𝐝𝐫𝐨𝐦𝐞 𝐍𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐃𝐢 𝐌𝐨𝐧𝐳𝐚

𝐋𝐨𝐦𝐛𝐚𝐫𝐝𝐢𝐞 – 𝐈𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞



En regardant Max Verstappen brandir son trophée, debout sur la première marche du podium admirant depuis les hauteurs la marée humaine écarlate venue en acclamer un autre, Hélène n'arrive pas à ravaler la boule qui pèse dans le fond de sa gorge.

Elle ne lui en veut pas d'avoir gagné, après tout, le meilleur gagne et aujourd'hui, il était meilleur, c'est ainsi qu'est la Formule 1, douce-amère.

Les hymnes s'enchaînent et la brune ne parvient pas à détourner son regard du Néerlandais, non pas parce qu'elle l'admire, mais plutôt parce qu'elle cherche à tout prix à éviter le regard défait d'une autre pilote, du seul pilote qu'elle aurait aimé voir s'élever sur la première marche du podium.

Parce qu'elle a vu, Hélène à vue ses épaules basses, le casque qu'il refuse de retirer pour aller saluer son équipe qui, encore une fois, l'empêche d'atteindre le sommet. Quel déchirement d'entendre la frustration dans la voix du Monégasque alors qu'il termine le Grand Prix sous Safety car, éloignant définitivement toute chance de victoire.

Hélène ose à peine imaginer la tempête qui doit faire rage dans son esprit alors que des milliers de confettis aux couleurs de son écurie pleuvent autour d'eux, célébrant une victoire qui aurait dû lui revenir.

Les maigres tentatives de consolation de Georges et Carlos brisent le cœur de la jeune femme alors que Charles quitte le podium, la tête basse et l'expression défaite. Sans perdre une seconde, elle tourne le dos aux célébrations et zigzags dans la foule agglutinée jusqu'à rejoindre, à grand-peine, le garage Ferrari.

Désormais familière avec l'endroit, elle retrouve son chemin jusqu'à la Driver Room de son petit ami. Elle ne s'attend pas à l'y trouver, la brune sait parfaitement qu'une série de débriefings sur les événements de la journée attendent le pilote avant qu'elle ne puisse le retrouver. En attendant, elle va simplement l'attendre en se préparant mentalement à réparer les dégâts.

La main sur la poignée de la porte, Hélène ce stop net, un bruit sourd vient de résonner de l'autre côté du battant inquiétant la jeune fille qui n'a croisé personne dans le garage.

- Charles ? Elle demande.

Aucune réponse ne lui parvient et le stresse d'Hélène crève le plafond, imaginant les pires scénarios.

- Charles, c'est toi ?

Son cerveau fonctionne à toute vitesse, le nombre de personnes ayant accès à la clé qui déverrouille la porte de la Driver Room du Monégasque est limité, uniquement des proches et des responsables de l'écurie, c'est forcément quelqu'un qu'elle connaît.

- J'entre, elle prévient.

Doucement, elle pousse le battant pour découvrir la pièce ravagée, les meubles sans dessus-dessous, les papiers répandus sur le sol et au milieu de tout ce désordre, prostré à même le sol, Charles tremblent et hagard.

En l'entendant entrer, il lève vers un regard perdu, trempé de larmes qui refusent de s'arrêter.

- Je n'ai pas réussi, il souffle dans un sanglot.

- Oh Charles...

Le cœur d'Hélène se brise alors qu'il baisse à nouveau la tête vers le sol, en pleurs, et qu'elle découvre ses phalanges rougies par les coups qu'il a portés dans le mur sous le coup de la colère, laissant l'empreinte de ses mains dans le plâtre.

Rapidement, la Toulonnaise verrouille la porte derrière elle avant de s'agenouiller à ses côtés, le dos appuyé contre le lit et de l'attirer à elle, enroulant ses bras autour des épaules secouées de tremblements du pilote.

- J'aurais dû gagner, Hélène, j'aurais dû gagner, il répète inlassablement.

Les mots réconfortants restent bloqués dans la gorge de la jeune femme qui ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec le Charles qu'elle a retrouvé désorienté et apeuré quelques semaines plutôt. La situation est bien différente aujourd'hui, mais la fragilité évidente de l'homme qu'elle tient entre ses bras est la même, astucieusement dissimulée sous la surface lorsqu'il maintient les apparences.

Elle aimerait lui dire que ce n'est pas sa faute, que c'est ainsi qu'est la Formule 1, cruelle et qu'encore une fois, il a été desservi par son équipe, la même équipe qui devrait lui donner des ailes et pourtant s'acharne à accrocher des boulets à ses pieds.

Mais Hélène sait qu'il ne l'entendrait pas, que tout ce qui anime Charles, c'est la culpabilité, la sensation profonde qu'il a tout raté, qu'il est, encore une fois, le fautif de cet échec et elle n'a pas envie qu'il se serve de ses paroles réconfortantes pour se flageller.

Alors, pendant longtemps, elle se contente de garder le silence, les lèvres pressées contre le front du jeune homme, ses bras caressant doucement son dos jusqu'à ce que la respiration de Charles s'apaise lentement et reprenne un rythme normal.

- Tu es un très grand pilote, amour, elle souffle finalement. Mais tu ne peux pas tout maîtriser.

- Mais je...

- Écoute-moi, elle coupe. Est-ce que tu descends de ta voiture pour changer toi-même les roues ? Non. Est-ce que tu es sur la pit lane à analyser les données et à prendre des décisions stratégiques ? Non plus. Est-ce que tu es même dans la voiture des autres pilotes pour les empêcher de se cacher ? Je ne pense pas. Tu n'es pas un surhomme Charles, tout ce que tu peux faire, tout ce que tu dois faire, c'est te concentrer sur la course, sur les sensations que tu as et faire confiance à ceux qui sont censés t'aider et s'ils merdent, c'est leur faute, pas la tienne.

Tout en parlant, elle englobe le visage du pilote entre ses doigts prenant son menton en coupe pour obliger la rencontre de leurs prunelles, celles de Charles humides et désemparées contre les siennes admiratives et réconfortantes.

- Tu m'as demandé de te regarder et je n'ai fait que ça, elle poursuit. Je n'ai fait que ça de toute la course et tout ce que j'ai vu, c'est un pilote exceptionnel, talentueux et brave qui s'est battu comme un lion jusqu'à la dernière minute pour remporter la victoire et rendre fiers tous ces gens qui se sont déplacés pour te voir. Tu les as rendus fiers Charles, tu n'as peut-être pas gagné la coupe, mais l'unique vainqueur pour eux, c'est toi.

Elle termine sa tirade pour un sourire encourageant, brossant la pulpe de ses pouces sous les yeux mouillés de l'homme de sa vie.

Silencieusement, ses yeux plongés dans ceux de Charles, elle se fait la promesse de toujours lui dire à quel point elle est fière de lui, pour qu'il n'oublie jamais à quel point il est merveilleux, talentueux et digne d'être soutenu et aimé.

Parce que Charles est de ces personnes qui croient qu'elles doivent réussir pour qu'on les aime. Pour une raison qu'elle ignore, le Monégasque pense qu'il doit être le meilleur pilote pour que ces fans puissent l'aimer vraiment et il n'accepte pas leur admiration s'il ne se pense pas à la hauteur.

- Est-ce que ça va mieux ? Elle demande doucement.

Charles hoche silencieusement la tête et elle comprend sans mal que la fatigue de cette course où il s'est dépassé au-delà de ses limites le rattrape finalement, rien qu'à voir la manière dont ses yeux ne brillent plus de larmes, mais de fatigue.

Doucement, elle le tire jusque sur le canapé pour qu'il ne soit plus à même le sol et tendant doucement les doigts dans sa direction.

- Montre-moi tes mains.

Si un éclair d'hésitation flash dans les yeux du Monégasque toujours silencieux, il finit cependant par acquiescer et dévoiler ses mains qu'il gardait dissimulées depuis le départ. Avec toutes les précautions du monde, Hélène ausculte les phalanges meurtries avant de pousser un soupir de soulagement.

Si la peau est éraflée par endroit et qu'un peu de sang tâche les manches de la combinaison jaune, les phalanges ne semblent pas abîmées et aucune n'a gonflée éloignant l'inquiétude sourde d'une fracture.

En prenant son temps, elle humidifie un mouchoir et tapote les doigts du pilote jusqu'à faire disparaître toute trace de sang et ne laisser que la peau meurtrie, mais saine. Charles la regarde faire, toujours aussi silencieux, détaillant chacun de ses mouvements sans s'y soustraire alors même qu'Hélène est certaine qu'il a mal.

Il finit par ouvrir la bouche de nouveau après une éternité, surprenant presque la brune :

- Allons en Espagne, ce soir, il demande.

Elle ne relève pas la tête, concentrée sur sa tâche.

- Nous prenons l'avion demain matin.

- On peut l'avancer, je ne veux pas attendre.

Hélène laisse échapper un léger soupir avant de déposer son mouchoir souillé sur la table.

- Ce que tu veux, c'est prendre la fuite et ce n'est pas la bonne solution. Tu as une réunion demain matin, pour préparer Singapour, c'est important.

Délicatement, Charles attrape ses mains, les enveloppant des siennes.

- Je ne veux pas fuir, je veux simplement passer du temps avec toi.

- Et je veux passer du temps avec toi aussi, mais si nous partons ce soir, demain lorsque nous aurons dormis et que tu te seras calmé, tu regretteras d'être parti. Tu auras la sensation de trahir ceux qui t'entourent, tu te sentiras coupable et je ne veux pas que cette culpabilité gâche le premier moment que nous aurons tous les deux depuis des mois.

Il pince les lèvres avant d'ouvrir la bouche pour la contredire, mais elle ne lui en laisse pas le temps.

- Tu as le droit de ne pas aller bien, Charles, tout comme tu as le droit de te reposer sur moi. Ça ne me fera pas fuir et puis de toute manière, je ne te laisserai pas m'éloigner sous prétexte d'essayer de me protéger. S'il te plaît, laisse-moi prendre soin de toi ce soir, demain à la même heure, nous serons en train de boire des cocktails à côté de la piscine.

Du bout des doigts, elle relève le visage du pilote d'une pression sous son menton et efface l'espace entre leurs lèvres pour y apposer un baiser doux et sincère. Leurs lèvres ne bougent pas, ne font que se presser l'une contre l'autre dans une douce pression réconfortante qui dure de longue et délicieuses secondes avant qu'elle ne se décide à reculer, reprenant lentement son souffle.

De petits coups contre la porte les font tous les deux sursauter et Hélène se redresse pour aller voir de qui il s'agit. En ouvrant la porte, elle hausse les sourcils, surprise.

- Luisa ? Qu'est-ce que tu fais là ?

La Portugaise lui adresse un gentil sourire avant de répondre.

- J'ai demandé l'autorisation de passer voir comme vous alliez, Lando et moi, on était inquiet et Carlos n'avait pas de nouvelles alors me voilà.

Les épaules d'Hélène se décontractent de soulagement.

- Oh, elle souffle. C'est gentil de votre part, ça va aller, c'est un peu compliqué pour Charles, mais une bonne nuit de sommeil et tout ira mieux demain matin.

- D'accord, je suis rassurée, elle laisse échapper un petit rire. Est-ce que vous voulez que l'on vous ramène à votre hôtel ? Il reste de la place dans notre voiture et puis sinon on laissera Lando rentrer à pied.

- Je crois que je préférerais rester un peu seule avec Charles, je vais conduire jusqu'à l'hôtel. Je pense que l'on va rester dans la chambre toute la soirée et dormir, elle plaisante.

- C'est totalement OK pour moi de toute façon Lando va certainement faire la même chose une fois que l'on sera rentré. Envoie-moi un message si tu veux que l'on mange ensemble ce soir.

- Merci beaucoup d'être passée voir comment on allait Luisa, ça me touche vraiment beaucoup.

La mannequin sourit gentiment et hausse les épaules comme si de rien n'était.

- Pas de soucis, c'est normal. Moi aussi, je m'inquiétais de savoir comme va Charles. Bon, j'y vais, Lando va m'attendre sinon, on se voit plus tard.

- À plus tard !

Hélène referme la porte, le sourire aux lèvres et retourne s'asseoir à côté du Monégasque qui regroupe ses affaires dans un sac à dos.

- C'était qui ? Il demande.

- Luisa, elle venait prendre des nouvelles.

Charles fronce les sourcils, surprit.

- Comment est-ce qu'elle a fait pour entrer dans le garage Ferrari ?

- Aucune idée, elle hausse les épaules. Elle est connue et on passe beaucoup de temps ensemble ces derniers temps, quelqu'un a dû la laisser passer.

- Je suis contente que tu te sois fait une amie avec qui rester sur le paddock, il sourit.

- Moi aussi. Je ne sais pas comment je ferai sans elle, toute seule. La plupart des copines de pilotes ne participent qu'à quelques Grand Prix, il n'y a que Luisa qui soit présente à chaque fois, elle devait beaucoup s'ennuyer avant. Je me demande ce qu'elle fera quand j'aurais repris les cours.

Ils restent silencieux un petit moment avant de changer de sujet, de toute façon, il reste du temps avant octobre et Hélène sait très bien que Luisa ne l'a pas attendue pour se faire une place sur les paddocks.

Une fois les affaires de Charles récupérées et un rapide coup de propre fait dans la pièce pour effacer les traces du combat du pilote contre lui-même, les deux amants se faufilent discrètement jusqu'au parking et Hélène prend tout juste le temps d'envoyer un court message à Andrea et Sofia pour les prévenir qu'elle subtilise les clés du véhicule prêté par Ferrari pour le week-end, le tout sous le regard surpris et vaguement amusé de Charles qui esquisse un petit sourire.

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Ça ne se voit pas ? Elle rit. Je conduis la voiture.

Tout en parlant, elle fait le tour de la Ferrari 812 GTS de prêt qui, elle doit bien l'admettre, la fait saliver d'envie depuis la première fois qu'elle l'a vue dans le parking de l'hôtel.

- Je peux savoir en quel honneur ? Il demande, amusé.

Hélène hausse un sourcil, joueuse.

- Parce que j'en ai envie, elle ouvre la portière. Et aussi parce que mon petit ami, peut-être que tu le connais, un type charmant, gentil et terriblement sexy a décidé de détruire le mobilier à mains nues en s'explosant les doigts au passage et qu'il est hors de question qu'un paparazzi gagne son salaire de l'année en prenant une photo de ses mains posées sur le volant de ce bijou.

Charles grimace devant la pique à peine dissimulée.

Taper sur des trucs, pas bien.

- OK, il soupire. Tu gagnes, mais pas de bêtise, c'est moi qui paie si tu abîmes la voiture.

- C'est moi qui choisis la musique !

La brune se glisse derrière le volant sans trop oser y croire, depuis le temps qu'elle rêve d'une occasion pareille.

- Je crois que je vais pleurer, elle souffle.

- Évite, trésor, tes larmes et mes phalanges abîmées, c'est le scandale de l'année garantit, râle Charles.

Elle lève les yeux au ciel, rassurée par le ton plus léger du pilote qui dépose une main sur sa cuisse.

- Oh non, imagine, elle rit. Ça tuerait Sofia, quel dommage vraiment.

Le Monégasque secoue la tête, à la fois amusé et désespéré.

- Je ne comprendrais jamais pourquoi tu la détestes autant.

- Parce que c'est une sorcière ? Elle demande innocemment.

- Très drôle. Allez Fast and Furious, ramène-nous à l'hôtel sans tuer personne et sans nous faire arrêter par la police.

- Ton manque de confiance me brise le cœur Charles et puis, de toute façon, la police Italienne t'aime trop pour t'arrêter.

- Mais bien sûr. Allez, c'est ton moment arrête de nous faire perdre du temps.

Hélène lève les yeux au ciel, oui, définitivement, son Charles est bel et bien de retour cependant, il est beaucoup trop tentant de s'amuser à ses dépens encore une fois, une toute petite fois. Elle n'y résiste pas.

- Charles chéri, tu veux bien mettre « Super Max » s'il te plaît ?

- Hélène !

Et les quelques supporters qui ont la chance d'apercevoir le couple quitter le paddock ce soir-là ne retiennent que le rire retentissant de la jeune fille et le sourire éclatant de son pilote. 



════════



Hé ! 24 heures de retard ce n'est pas si mal non ?!

Je vous jure que ce goulot aura ma peau :')

Revenons à Charles et Hélène, ou comment on rattrape une situation mal barrée haut la main en y mettant beaucoup d'amour et de réconfort.

Monza reste un souvenir terrible et Charles me faisait tellement de peine que je me suis toujours dit qu'il avait dû passer une triste soirée après ça.

Toujours est-il que pour le prochain chapitre, on retrouve nos héros sous le soleil Espagnol dans la villa des pilotes hihihi

Alors, quelles péripéties peuvent bien nous attendre maintenant ?

À mardi prochain !

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