𝐐𝐔𝐀𝐓𝐎𝐑𝐙𝐄
— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —
𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.
𝐃𝐢𝐦𝐚𝐧𝐜𝐡𝐞 𝟕 𝐀𝐨𝐮𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐
𝐀𝐯𝐞𝐧𝐮𝐞 𝐒𝐚𝐢𝐧𝐭-𝐂𝐡𝐚𝐫𝐥𝐞𝐬
𝐌𝐨𝐧𝐭𝐞 𝐂𝐚𝐫𝐥𝐨 – 𝐌𝐨𝐧𝐚𝐜𝐨
À son réveil, Hélène est seule dans le canapé. Encore groggy, elle remarque à peine qu'on a placé un oreiller sous sa tête et qu'on l'a bordée avec la couverture. Elle se redresse lentement pour éviter l'étourdissement et s'extirpe du cocon de chaleur qui l'étouffe légèrement.
Profitant de ce moment paisible, juste avant que toutes ses peurs et ses incertitudes ne la rattrape, elle s'étire tranquillement et prend le temps d'émerger. Il y a longtemps qu'elle n'avait pas dormi autant. Le soleil déjà haut dans le ciel lui apprend que la matinée est déjà bien avancée et elle tâtonne maladroitement autour d'elle pour trouver son téléphone aux abonnés absents quand un bruit venant de la cuisine lui fait relever la tête.
Debout devant les fourneaux d'où s'élèvent une délicieuse odeur, Charlotte s'affaire vêtue d'une brassière de sport et d'un legging qui la mettent si bien en valeur qu'Hélène n'arrive pas à écraser la pointe de jalousie qui lui pince la gorge.
La Monégasque ne semble pas encore l'avoir remarquée et si Hélène tend l'oreille, elle peut entendre le bruit de la douche qui coule quelque part dans l'appartement. Un peu plus alerte, Hélène se lève pour aller prendre place sur l'une des chaises hautes qui entourent le plan de travail, toujours enroulée dans la couverture qui réchauffe un peu son corps glacé. Depuis quelque temps, elle a toujours froid malgré la chaleur de l'été, un peu comme si son corps se figeait lentement dans la glace.
- Bonjour, elle marmonne lentement.
Surprise, Charlotte sursaute légèrement avant de se retourner, une spatule à la main et un sourire parfait plaqué aux lèvres. Si Hélène n'avait pas elle-même été le témoin de son état déplorable de la nuit dernière, elle aurait pu douter qu'il s'agisse seulement de la même personne.
Pas une trace de fatigue, même pas l'ombre d'une cerne sur son visage sculpté et finement bronzé contrairement à la Toulonnaise qui a depuis plusieurs jours déjà abandonnée l'idée d'être présentable.
- Bonjour ! Tu as faim ? J'ai fait des pancakes.
La brune hausse les épaules, elle n'ose pas refuser même si elle n'a pas faim. Le repas d'hier soir pèse encore sur son estomac pour elle qui s'est inconsciemment sous-alimentée des jours durant.
Avec un enthousiasme à la limite du dérangeant, Charlotte dépose une assiette pleine de pancake qu'elle agrémente de fruits et de miel et Hélène à bien plus l'impression de se trouver devant un poste Instagram que devant quelque chose qu'elle a le droit de manger.
- Tu es debout depuis longtemps ? Elle demande à la place.
- Je suis allé courir ce matin, explique l'autre. Je suis rentrée et j'ai fait un peu de yoga avant de prendre ma douche et j'ai répondu à quelques mails professionnels. Rien de transcendant.
Hélène écarquille les yeux au-dessus de son assiette. Rien de transcendant, vraiment ? Est-ce que Charlotte vit seulement dans le même monde qu'elle ? Bouche bée, elle se contente d'acquiescer bêtement et de baisser les yeux sur la nourriture qui lui fait de moins en moins envie. Cela ne semble pas perturber Charlotte qui continue son petit monologue.
- Pascale a appelé pendant que tu dormais, nous avons convenu de nous retrouver pour boire un café après avoir mangé puis d'aller faire les magasins. À quelle heure est-ce que tu dois prendre le train ?
- Elle ne prendra pas le train. Je la ramène.
Surprise, la brune tourne naturellement la tête vers l'origine de la voix pour tomber sur un Charles Leclerc torse-nu, le corps encore humide de sa douche en train de se frictionner les cheveux avec une serviette, le regard fixé sur elle.
Rouge de gêne, Hélène détourne la tête alors que Charlotte trottine jusqu'à lui pour aller déposer un chaste baisé sur ses lèvres.
- C'est une bonne idée, elle valide. Le voyage sera sûrement plus confortable pour Hélène.
Il lui adresse un bref sourire qui n'atteint pas ses yeux avant de se détourner tout en ajoutant :
- Je vais m'habiller, je sors avec les gars cette après-midi.
Puis il disparaît comme il est arrivé, c'est-à-dire sans un mot pour Hélène qui se sent de plus en plus mal à l'aise. Vont-ils vraiment faire semblant que tout va bien ? Elle a l'impression de nager en plein rêve ou plutôt en plein cauchemar. Tout dans leurs interactions, entre eux et avec elle, sonne faux, fabriqué, un peu comme si maintenir les apparences était plus important que tout le reste.
Hélène est sidérée. Elle qui pensait pouvoir mettre les choses à plat, discuter et peut-être alléger un peu sa conscience, elle a l'impression de s'être bercée d'illusions. Où est passée la Charlotte tendre et compréhensive de cette nuit ? Celle qui se trouve en face d'elle n'est qu'une coquille vidée de toute substance ornementée d'un sourire commercial.
- Est-ce que tout va bien, Charlotte ? Elle demande.
- Oui pourquoi ?
- Pour rien, soupire Hélène.
- Tu ne manges pas tes pancakes ?
Elle baisse les yeux sur son assiette à peine entamée avant de lever un regard sombre sur son hôte.
- Toi non plus ?
Et elles s'affrontent du regard pendant quelques instants, bien loin de leur sororité de la nuit dernière. Hélène se demande s'il est seulement possible de changer autant en seulement quelques heures et si oui, pourquoi.
Cette situation la peine profondément, alors qu'elle se lève pour prendre la direction de la salle de bain. Elle hésite tout en repliant avec précaution la couverture qu'elle dépose sur le dossier du canapé.
- Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Demande-t-elle finalement.
Le regard de la Monégasque se fait encore plus pointu et elle sent qu'elle vient de mettre le doigt sur quelque chose que l'autre ne veut pas avouer, elle insiste légèrement.
- S'il y a quoi que ce soit, tu sais que tu peux me le dire.
Les yeux de Charlotte se plissent alors qu'elle la dévisage de haut en bas, comme si elle cherchait à s'assurer de quelque chose. Finalement, elle pousse un soupir avant de se détourner, prenant Hélène au dépourvu.
- Quand je me suis levé ce matin, c'est toi qu'il serait dans ses bras, elle souffle finalement.
Le souffle d'Hélène se bloque dans sa gorge alors qu'elle écarquille les yeux, surprise par son aveu, elle ne sait pas quoi dire à cela. Après leur conversation de la nuit, elle pensait que les tensions autour de la nature de sa relation avec Charles s'étaient apaisées, à croire que non.
- Peut-être, elle bégaie. Enfin, ça ne veut rien dire et je...
- Tu ne comprends pas, insiste Charlotte. Il était littéralement accroché à toi et vous vous teniez la main en dormant.
Hélène tente au mieux de contenir le rougissement instinctif de ses joues, sans succès. Elle ne sait plus où se mettre et clairement elle n'a aucune explication à donner. Cependant, la Monégasque ne lui donne pas le temps d'argumenter.
- Je sais que j'ai dit que je comprenais l'importance que tu as pour lui et qu'il a pour toi, elle soupire. Mais n'oublie pas qu'il m'a moi aussi et qu'il n'est pas célibataire.
- Ce n'est pas du tout comme ça entre nous, balbutie-t-elle. Tu n'as pas à t'inquiéter de ça.
Hélène recule, mal à l'aise, jusqu'à l'encadrement de la porte, presque comme pour fuir cette conversation qu'elle ne veut pas avoir. Charlotte esquisse un bref sourire soulagé, comme si un poids invisible quittait ses épaules maintenant qu'elle a fait passer le message qui la tracassait.
Distraitement, elle attrape l'assiette de pancakes pleine qu'elle jette à la poubelle sous les yeux d'Hélène avant d'ajouter :
- De toute façon, vous ne vous reverrez pas donc les choses vont se tasser, mais merci pour l'effort.
La brune se fige sur le seuil alors que son regard croise celui de Charles, silencieusement adossé au mur d'en face et les paroles de Charlotte semblent se répercuter sur les murs autour d'elle.
C'est vrai, après ce week-end, ils n'auront plus aucune raison de se revoir. À vrai dire, Charles n'a pas demandé à la voir, c'est Pascale qui l'a invitée à venir passer le week-end avec eux. Initialement, il était prévu qu'elle passe le week-end complet avec la mère de famille, il n'a jamais été question d'inclure Charles à leurs plans, Hélène est simplement arrivée à la conclusion qu'il serait là.
Elle n'arrive pas à détourner les yeux alors que dans son cœur, le doute s'invite. Charles, a-t-il seulement envie qu'elle soit là ? Peut-être qu'après l'avoir raccompagné ce soir, il lui demandera de prendre ses distances avec lui et avec sa famille, qu'il lui dira que ce week-end était une mauvaise idée, qu'ils doivent essayer d'avancer chacun de leur côté et s'oublier.
Hélène à l'impression qu'on la poignarde alors que l'idée qu'elle ne reverra plus jamais le pilote se fraye un chemin dans son esprit. Et Charles qui la regarde toujours alors qu'à cet instant elle aurait voulu qu'il détourne les yeux, qu'il arrête de la regarder comme si elle était une énigme qu'il n'arrive pas à décrypter, mais il n'arrête pas, il la regarde et elle le regarde.
- Hélène ? Demande Charlotte depuis la cuisine. Est-ce que tout va bien ?
La brune sursaute et baisse les yeux, confuse.
- Tu as raison, pas la peine de s'inquiéter puisqu'on ne se reverra jamais.
Puis elle marmonne un rapide « Je vais à la douche » avant de filer, passant devant le pilote sans oser lever les yeux avant de filer s'enfermer dans la salle de bain. L'idée qu'il puisse avoir tout entendu de leur conversation la met profondément mal à l'aise et la dernière chose qu'elle souhaite, c'est qu'il se fasse des idées sur la nature de ses sentiments.
Déjà épuisée par cette journée qui vient pourtant à peine de commencer, elle se glisse sous la douche, veillant à ne pas mouiller sa main encore bandée. Machinalement, elle évite de regarder les miroirs lorsqu'elle se déshabille et fait face au mur pour éviter de croiser son reflet dans les parois vitrées de l'immense douche à l'Italienne.
Il y a bien longtemps qu'Hélène ne prend plus aucun plaisir sous l'eau chaude, se frictionnant énergiquement les cheveux puis le corps sans s'attarder sur les produits qu'elle utilise. À peine quelques minutes plus tard, elle s'enroule dans l'une des grandes serviettes disposées à côté de la cabine de douche.
Machinalement, elle enfile un pantalon en toile beige et une chemise bleu qui vient couvrir les traces de ses brûlures sans lui coller à la peau. Elle a beaucoup de mal avec les vêtements moulants maintenant qu'elle doit composer avec cette partie de son corps qui ne lui appartient plus vraiment.
Elle essaie de s'apprêter un peu, parvient tant bien que mal à discipliner ses courts cheveux bruns et applique le mascara sur ses yeux en espérant qu'il réussisse l'exploit de dissimuler les stigmates de sa nuit agitée.
En réalité, elle reste bien plus longtemps que nécessaire dans la salle de bain, sûrement parce qu'elle sait que personne ne peut venir la déranger ici. De l'autre côté de la porte, l'appartement est bien silencieux et elle ne parvient pas à entendre les voix de ces deux occupants, l'ambiance est lourde, elle déteste ça.
Assise sur le rebord de la baignoire, Hélène fouille dans son sac à la recherche de son téléphone qu'elle ne trouve toujours pas. Elle se rappelle soudainement l'avoir laissé dans la chambre à coucher hier soir.
En désespoir de cause, elle laisse échapper un soupir las avant de se décider à sortir de la salle de bain, elle rassemble ses affaires et passe discrètement une tête dans l'ouverture de la porte pour vérifier que le couloir est bien vide avant de filer jusque dans sa chambre.
Avec un soupir de soulagement, elle referme silencieusement la porte et s'y adosse avant d'être prise d'un violent sursaut.
Devant elle, assis sur le lit, se tient Charles Leclerc qui ne la quitte pas du regard. Les coudes posés sur ses genoux, il a enfilé un polo beige et un jean noir avec une paire de converses. Hélène le détail un instant avant d'aviser son téléphone portable entre les mains du pilote. Avec incompréhension, elle fronce les sourcils, prête à le questionner, mais il ne lui en laisse pas l'occasion.
- Qui est Bruno ?
- C'est un ami. Pourquoi tu as mon téléphone ?
- Il sonnait, élude-t-il. Bruno a appelé, trois fois.
- J'étais censé l'appeler, il doit s'inquiéter. Pourquoi tu as mon téléphone Charles ?
Hélène n'a rien à cacher, mais elle déteste que l'on fouille dans ses affaires sans son autorisation et plus que tout l'idée que Charles fouille dans ses affaires comme si elle lui devait quelque chose la met hors d'elle.
- Il n'a pas de raison de s'inquiéter, il ne va rien t'arriver, grimace le pilote.
- Donne-moi mon téléphone Charles.
La voix d'Hélène se fait tranchante, cette situation l'agace, cette manière qu'il a de lui faire des reproches implicites alors qu'il l'ignore depuis le début du week-end soufflant le chaud et le froid comme bon lui semble et sans tenir compte de ses sentiments à elle.
Devant son absence de réponse, elle se décide à abandonner, la dernière chose qu'elle souhaite, c'est se disputer avec lui. Pas alors qu'elle est toujours incapable de détourner le regard lorsqu'il entre dans une pièce, pas quand elle peut presque le sentir sous la peau et que chaque parole qu'il lui adresse l'électrise, pas quand il est le seul à pouvoir la faire se sentir vivante.
- Où est Charlotte ? Je pense qu'il est temps que l'on aille retrouver ta mère.
Et elle l'ignore, rassemblant ses affaires dans son sac à main. S'il veut garder son téléphone, très bien, qu'il fasse comme bon lui semble, elle le récupérera tout à l'heure.
- Pourquoi es-tu là, Hélène ?
Elle grince des dents sans relever les yeux vers lui.
- Ta mère m'a invitée.
Il secoue la tête d'un air désabusé.
- Non, pourquoi tu es venue.
Elle pince les lèvres, remplissant frénétiquement son sac à main pour éviter de penser à ses mains tremblantes. Elle n'a pas envie d'aller à la confrontation, pas envie qu'il la mette devant ses émotions, devant ses insécurités et ses doutes.
Mais Hélène est faible lorsqu'il s'agit de Charles, il pourrait lui demander le monde qu'elle lui offrirait sur un plateau. Elle soupire et lui tourne les dos, levant les yeux au ciel pour contenir les larmes qui déjà emplissent ses yeux.
- J'avais envie de te voir, elle avoue, balbutiante. Et j'ai pensé que... J'ai pensé que peut-être, tu aurais envie de me voir aussi...
- Je ne t'ai pas envoyé de message.
Elle ferme les yeux et essuie rapidement la larme orpheline qui vient s'échouer sur sa joue avant d'enfin oser le regarder. Charles est toujours assis sur le lit, Hélène debout à quelques pas de lui.
- Alors, tu n'avais vraiment pas envie de me voir ?
Malgré ses efforts, sa voix craque et monte dans les aiguës alors qu'elle a du mal à respirer normalement. Surtout quand un voile de douleur mêlé de regret traverse les beaux yeux bleus de celui qui a changé le cours de sa vie. Il ne la contredit pas et elle peut presque sentir son cœur chuter dans sa poitrine.
- Toi et moi, on se fait du mal trésor, ce n'est pas sain ce qu'on a, il souffle.
- Mais je ne vais jamais bien, elle gémit. Depuis Toulon, j'y arrive plus, j'essaie de passer à autre chose, de me dire que ça va aller, qu'il me faut juste du temps, mais c'est un mensonge.
Charles laisse tomber sa tête dans ses mains tandis qu'Hélène tire compulsivement sur son bandage pour ne pas fondre en larmes. Elle a envie de l'approcher, de l'enlacer et en même temps, il est en train de la repousser. La simple idée qu'il ne veuille plus d'elle la terrorise et elle a soudain du mal à respirer.
Tremblante, elle titube jusqu'au mur contre lequel elle se laisse glisser, ramassant son corps sur lui-même, son cœur lui fait mal.
- Alors on fait quoi, elle sanglote. Je rentre chez moi et ont fait comme si tout cela n'était jamais arrivé ?
Il secoue la tête pour marquer la négation, mais il est en pleine contradiction. Avec négligence, il tire sur ses cheveux jusqu'à lâcher une plainte sourde et Hélène plonge le visage dans ses mains pour dissimuler ses larmes.
- Tu n'aurais pas dû venir, il marmonne. Et en même temps, j'ai l'impression de ne pas pouvoir respirer quand tu n'es pas là. Je fais du mal à ce que j'aime, à ma mère, à Charlotte, je te fais même du mal à toi. Je sais que je dois trouver une solution, j'essaie d'avancer, d'oublier et puis tu reviens et je comprends que tout ce que j'ai fait, c'est me voiler la face parce qu'il suffit que tu me regardes pour que je me retrouve à nouveau projeté à l'instant même où tout a commencé.
Hélène le sait au fond d'elle-même, elle sent qu'il ne lui reproche rien, mais ses mots la frappent avec violence et ses sanglots redoublent.
- Je suis désolé, elle pleure. Je n'aurais jamais dû venir, je suis désolé.
L'instant d'après il a traversé la chambre pour s'agenouiller devant elle et saisir son visage à pleine main, forçant le contact entre leurs prunelles larmoyantes.
- Ne t'excuse pas, il souffle. Tu ne pouvais pas savoir, j'aurais dû appeler ou envoyer un message. On a tous les deux merdé sur toute la ligne, on aurait dû prendre le temps d'en parler, de faire le point, à la place de ça, j'ai pris la fuite et je t'ai laissé gérer ça toute seule.
- Tu avais aussi besoin d'espace, elle renifle.
- Oui, mais pas comme ça, il esquisse un sourire.
Perdue, Hélène recule légèrement sans pour autant sortir de l'emprise rassurante de doigts de Charles sur son visage.
- Je n'arrive pas à te suivre, elle souffle. Tu es froid et distant et l'instant d'après tu me regardes comme si j'étais la personne la plus précieuse au monde.
Il ne semble pas savoir quoi répondre à cela, incapable de lui donner une réponse qui risquerait de la briser en mille morceaux.
Pourtant, il n'arrête pas de la regarder, ses yeux plein d'hésitation plongés dans les siens où s'affrontent un dangereux mélange de peur et d'espoir. Et Hélène se surprend à incliner la tête légèrement. Pas assez pour constituer une prise de risque ou un acte inconsidéré, juste assez cependant pour qu'elle puisse distinguer chacune des nuances de bleu, de gris et de vert avalées par les pupilles dilatés du pilote.
Pas assez proche pour sentir son souffle sur sa peau rougie par l'envie, mais suffisamment pour que son cœur hurle à l'agonie de cette attente infinie.
Et Charles ne bouge toujours pas, retranché sur ses positions, la pulpe de ses doigts solidement arrimée à elle. L'esprit de la brune se vide alors qu'elle n'ose plus bouger, avide de ce sentiment inconnu qui pulse dans ses veines comme un délicieux poison.
En son for intérieur, une petite voix lui susurre que peut-être... Quelques centimètres à peine et peut-être...
- Je peux savoir ce que vous faites ?
Prise sur le fait, Hélène recule violemment et gémit lorsque sa tête heurte le mur dans sa tentative de mettre de la distance entre elle et Charles qui n'a toujours pas bougé, le regard fixé sur Charlotte.
- Charlotte ! Attends, laisse-moi t'expliquer, je...
- Tais-toi. Carla attend en bas de l'immeuble, sort de chez moi.
Hélène tressaille devant le calme glacial de la Monégasque qui, en réalité, ne la regarde même pas, les yeux figés sur son compagnon silencieux.
- Je t'assure que ce n'est pas du tout...
Avant même qu'elle puisse terminer sa phrase, le regard de la jeune femme se porte sur elle, blessé et déçu, il l'empêche d'aller plus loin.
- Ne m'oblige pas à répéter, sors de chez moi. Dehors !
L'instant d'après, Hélène est debout, dos à la porte qui se referme derrière elle dans un claquement sinistre, le cœur en miette et la conviction d'avoir absolument tout fait foirer.
════════
S'il vous plaît, ne me tapez pas !
Il fallait bien que les choses dégénèrent à un moment, Hélène et Charles jouaient un jeu dangereux depuis plusieurs chapitres de la patience de Charlotte à ses limites. Alors, que pensez-vous qu'il va bien pouvoir arriver à nos héros maintenant ?
Pas de panique si je ne réponds pas à vos menaces à mon égard tout de suite, votre humble serviteur est actuellement en Italie, partir chasser le Leclerc sauvage ! Ce chapitre a d'ailleurs été partiellement écrit dans un train, dans un avion, dans tout un tas de restaurants et je publie en retard parce que j'ai galopé sur des kilomètres pour trouver un cybercafé.
Alors je retourne profiter des Spritz et des Italiens pendant que vous vous plaignez des choix catastrophiques de Charles et Hélène hihi !
Ciao !
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