𝐐𝐔𝐀𝐑𝐀𝐍𝐓𝐄-𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒











— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —









𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.









𝟐𝟎 𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

𝐊𝐄𝐃𝐆𝐄 𝐁𝐮𝐬𝐢𝐧𝐞𝐬𝐬 𝐒𝐜𝐡𝐨𝐨𝐥

𝐓𝐨𝐮𝐥𝐨𝐧 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞



Quatre mois plus tard



- Et n'oubliez pas de prendre contact avec vos tuteurs de mémoire, les problématiques doivent être approuvées au plus tard mi-février.

Silencieusement, Hélène hoche la tête pour montrer qu'elle a compris avant de vérifier qu'elle a bien enregistré son document et de ranger son ordinateur dans son sac à main. Elle rassemble autour d'elle stylo et polycopiés et quitte la salle de classe après avoir salué l'enseignante.

- Hélène !

Surprise, elle relève les yeux de l'écran de son téléphone et pose le regard sur la jeune femme qui trotte joyeusement jusqu'à elle. Brune, des lunettes immenses posées sur le bout d'un nez fin et deux yeux de biche couleur chocolat, Manon lui adresse un joli sourire en arrivant à sa hauteur.

- Avec Cintia et Julia, on va boire un verre et parler du mémoire, tu veux venir avec nous ?

Touchée, elle adresse à l'autre fille un gentil sourire.

- C'est gentil, merci, mais j'ai déjà quelque chose de prévu ce soir. Je pourrais peut-être passer plus tard si vous y êtes toujours ? Elle propose.

Un soudain air de compréhension mêlé de culpabilité passe sur le visage de la jeune femme en face d'elle et Hélène pince les lèvres en un petit sourire désolé.

- Oh, c'est vrai ! Excuse-moi, j'avais totalement oublié...

- Il n'y a pas de mal, elle sourit. Je vous envoie un message en sortant ?

- Oui ! On t'attendra, se reprend l'autre. N'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de parler.

Hélène esquisse un petit signe de tête avant de reprendre sa route, elle est toujours surprise de constater que malgré son absence totale d'effort pour créer et entretenir de nouvelles amitiés, Manon, Cintia et Julia semblent malgré tout déterminées à ne pas la laisser se refermer sur elle-même.

Rencontrées peu de temps après la rentrée, les quatre filles forment désormais un groupe hétéroclite et pourtant solide.

Hélène doit bien avouer que cette nouveauté dans sa vie lui fait le plus grand bien, elle qui n'a jamais eu beaucoup d'amis, souvent trop renfermée ou trop cru pour parvenir à nouer des liens, avoir un groupe d'amies de son âge est une première des plus surprenante.

Pour tout dire, la brune n'a pas l'impression d'avoir fait grand-chose, elle s'est retrouvée dans le même groupe que Manon lors du premier cours de l'année et c'est comme si l'autre fille l'avait adoptée, l'incluant tout naturellement à son groupe d'amie, sortant par la même occasion Hélène d'années de solitude scolaire.

La tête dans ses pensées, elle marche les quelques rues qui la séparent de son rendez-vous hebdomadaire du vendredi après-midi.

Ancrée dans la force de l'habitude, elle appuie sur l'interphone et se glisse dans la salle d'attente, s'asseyant toujours à la même place, dans un coin, dos au mur, face à l'entrée et loin des fenêtres, un automatisme traumatique développé à force d'être suivie, épiée par les journalistes et de se sentir continuellement en danger.

C'est quelque chose sur lequel elle travaille, mais les timides résultats peinent encore à se faire ressentir.

La brune relève la tête en entendant le son de la porte de cabinet s'ouvrir, une femme accompagnée de son enfant quitte la pièce après avoir salué le médecin et elle sait que c'est son tour.

Un sourire paisible et professionnel plaqué sur le visage, le docteur Laurie Allouard se tourne enfin vers elle, lui adresse un petit signe de la main pour l'inviter à entrer dans la salle de consultation.

- Bonjour Hélène, comment ça va aujourd'hui ?

Assise sur le canapé en velours bordeaux, son manteau sur les genoux pour se tenir chaud, la Toulonnaise prend une seconde pour réfléchir.

- Bien, elle souffle. Je n'ai pas fait de cauchemar depuis la dernière fois.

- C'est une bonne chose, approuve le médecin. Cela veut dire que le traitement fait effet et que nous avons enfin trouvé les bons dosages. Est-ce que tu as effectué les exercices dont je t'ai parlé ?

Elle retient son souffle un instant.

- Oui...hm, j'ai fait une liste ?

- C'est très bien, sourit la psychiatre. C'est un grand pas en avant de parvenir à mettre des mots et des noms sur les choses qui te hantent, tu peux être fière de toi.

Gênée, Hélène hausse les épaules avant de baisser les yeux.

- Ce n'est pas très compliqué, j'y pense tout le temps, elle souffle.

- Peut-être, mais il y a une différence entre ressasser et verbaliser les choses qui nous hantent. Souviens-toi de la première fois que tu es venue ici, tu étais persuadée d'être l'unique responsable de tous les malheurs qui te sont arrivés. Le fait de reconnaître que l'on t'a fait du mal sans raison valable, c'est un immense progrès.

- Mais je n'ai pas l'impression d'avancer, je me sens toujours coupable de toutes ces choses qui sont arrivées.

Les sourcils de la praticienne se froncent de compassion alors qu'elle se penche en avant avec une posture rassurante.

- C'est normal de penser de cette façon Hélène, les chocs et les traumatismes que tu as vécus pendant cette période et ceux de ton enfance t'ont obligé à te protéger avec les armes que tu avais. Tu as préféré culpabiliser et t'accabler plutôt que de voir toutes les relations que tu essayais de construire s'effondrer autour de toi.

Les yeux humides contre son gré, Hélène baisse les yeux sur ses mains et les doigts qu'elle tord dans tous les sens avant de se mordre les lèvres avec force.

- Est-ce que...elle hésite. Est-ce que vous pensez que je pourrais leur reparler un jour ?

Torturée par le doute, elle n'ose pas relever les yeux vers le docteur qui la dévisage avec circonspection.

- Ce n'est pas à moi de répondre à cette question Hélène, nous en avons déjà parlé, elle commence doucement. Durant ces derniers mois, tu as travaillé très dur pour dépasser tes craintes et redonner un cadre sécurisant à ta vie. Tu as passé presque un mois en institution spécialisé, tu suis ton traitement avec assiduité et tu ne crains plus de parler de cette période de ta vie. Personne n'est mieux placé que toi pour savoir ce qui te fera du bien et ce qu'il faudra laisser derrière toi.

- Je sais ce que je veux, affirme-t-elle. Mais j'ai peur que tout m'échappe à nouveau, j'ai peur de l'avoir déjà perdu...

Comprenant que la conversation prend un tournant plus sentimental que psychologique, le docteur Allouard se rassoit dans le fond de son fauteuil et croise les mains sur ses genoux avant de fixer son regard sur la jeune femme à l'allure fuyante assise en face d'elle.

De son côté, le cerveau d'Hélène carbure à plein régime, pesant le pour et le contre de sa situation.

Elle a fait tellement d'effort, travaillé si dur pour disparaître, pour effacer son nom des tabloïds et soigner son cœur brisé auprès de ses proches. La simple idée que tout ce qu'elle a construit puisse de nouveau s'écrouler à la manière d'un château de cartes la terrorise au-delà de l'imaginable.

Plus aucun contact avec le monde de la Formule 1 depuis quatre mois, Lando, Carlos, Charles... Ce n'est qu'à ce prix qu'elle est parvenue à retrouver un peu de paix et elle a beau espérer de toutes ses forces, elle sait qu'à la seconde où elle brisera cette distance de sécurité qu'elle a créée elle sera de nouveau propulsée tête la première dans ce monde de complots et de rumeurs.

Hélène n'est pas certaine de pouvoir supporter ça une deuxième fois.

Faire confiance et être trahi, aimer et blesser, fuir et être retrouvé.

- Il y a des réponses que tu ne pourras avoir qu'en franchissant la frontière que tu t'es imposée, mais je suis également convaincu qu'aucun de tes amis ne vous reproche d'être partie. Au contraire, je pense qu'ils sont mieux placés que quiconque pour savoir à quel point la célébrité est une chose dangereuse et que tout le monde n'est pas fait pour briller sous les projecteurs. Je ne peux pas parler pour quelqu'un d'autre, elle sourit. Mais je pense sincèrement que si Charles t'apprécie autant que tu me l'as décrit, il comprend ton choix et il le respecte.

Hélène tressaille violemment en entendant son prénom. Dire qu'après tout ce temps elle ose encore à peine le prononcer, comme s'il allait lui brûler la langue, comme s'il s'agissait d'un aveu qu'elle se refuse à faire.

L'entendre dans la bouche de quelqu'un d'autre, est un coup de canon qui ravive souvenirs heureux et cicatrices douloureuses.

Son épaule la démange et elle doit se faire violence pour ne pas gratter compulsivement la cicatrice qu'elle sait parfaitement visible sous le tissu de son chemisier.

Ça aussi, c'est une nouveauté qu'elle doit au docteur Allouard, même si elle n'est toujours pas totalement à l'aise avec ça, Hélène ne fait plus d'effort pour cacher ses cicatrices. Elle ne les exhibe pas, mais elle a arrêté de les cacher et de plus en plus souvent, elle parvient même à se trouver belle la trace indélébile de ces décisions qu'elle n'est jamais parvenue à regretter.

Le commencement de leur histoire, gravé dans sa chair par amour.

Malgré les flammes.

En dépit de tout.

- Je te trouve encore fragile, poursuit le médecin. Mais tu es la seule à savoir quand tu seras prête, si tu seras prête, personne ne peut prendre cette décision à ta place. Tu es le personnage principal de cette histoire Hélène, personne ne peut te retirer ça.

- Pourtant, j'ai déjà été dépassée par la situation, elle contredit. Plus d'une fois.

- Parce que tu n'étais pas armée pour vivre ces épreuves, souffle l'autre. Charles et Ferrari ont essayé de te protéger, mais tu n'étais pas correctement accompagné et surtout, tu n'avais pas conscience des enjeux de ce que tu étais en train de vivre.

Hélène hoche la tête en accord avec le médecin. Il lui suffit de repenser au stress permanent de Sofia, aux plans tous plus inconscients de l'équipe de communication Ferrari et aux risques inutiles qu'elle et Charles ont pris et la confiance aveugle qu'elle a donnée à des personnes qu'elle ne connaissait finalement pas.

- Il t'aura fallu près de trois mois pour parvenir à me raconter votre histoire et il te faudra sans aucun doute encore beaucoup de temps pour te remettre de cette expérience, elle prévient. Mais j'en suis arrivé à la conclusion que pour pouvoir aller de l'avant tu auras besoin de réponse à tes questions et ces réponses, vous ne les auras qu'en trouvant le courage d'aller les poser directement aux personnes concernées.

Un frisson agite la colonne vertébrale de l'étudiante alors que, pour la première fois depuis de longues minutes, elle ose enfin relever les yeux vers la femme qui lui fait face. Cette dernière lui sourit, positive malgré ses paroles dures de vérité.

- Prends ton temps Hélène, il est question de ta vie, pas d'une course de Formule 1, elle l'encourage. Les personnes qui t'apprécient réellement comprendront ton besoin de distance et pour ce qui est de la vie publique... Je pense que tu es bien mieux armée et beaucoup plus accompagnée que la première fois.

Après une seconde, nécessaire à la compréhension des mots de son médecin, Hélène lui adresse un sourire lumineux rendu sans hésitation par la psychiatre.

Le docteur Allouard a raison, quoi qu'il puisse arriver, Hélène est bien mieux préparée qu'il y a quelques mois pour vivre la vie qu'elle aura choisie. Qu'elle reste dans l'ombre à tout jamais ou qu'elle décide de retourner dans la lumière, elle a l'assurance d'avoir des proches pour la soutenir et elle saura exactement qui appeler en cas de besoin.

Reste maintenant à savoir si elle a envie de cette vie-là.

Si elle a encore une place dans la vie de Charles.

Le reste de la séance se poursuit sur ton apaisé, retournant aux sujets habituels et sur les ombres qui peuplent encore la vie de la Toulonnaise bien qu'elle tente chaque jour d'y apporter un peu plus de lumière.

À défaut du blanc, elle a appris à vivre de nuances de gris.

Les flammes lui font toujours peur, mais elles ne sont plus ses ennemies. Parfois dans la rue, Hélène à toujours la sensation d'être suivie, alors elle appelle Bruno ou ses amies. Hélène a recommencé à aimer la F1 aussi, différemment d'avant, à l'abri derrière un écran, elle aimerait être capable de remettre les pieds sur un circuit un jour, mais elle n'en est pas encore capable, pas pour l'instant.

Alors elle a suivi la fin de la saison à la maison avec Christine et Pierrot, le cœur palpitant à chaque apparition de celui qu'elle n'a jamais cessé d'aimer.

Elle a regardé Charles monter sur la deuxième marche du podium le cœur serré, déchirée par son envie d'aller le retrouver et la culpabilité de l'avoir blessé puis laissée.

Il ne lui a jamais envoyé de message, aucun d'entre eux, ils ont simplement disparu de sa vie, comme si tout cela n'avait été qu'un long rêve.

Rien de plus qu'un rêve qui vire au cauchemar.

Mais elle ne leur en a pas voulues, jamais et la partie d'elle qui se sentait abandonnée a fini par disparaître en comprenant que c'était la meilleure chose à faire. Tailler dans le vif avant qu'il ne reste rien à sauver, garder les bons souvenirs, effacer le reste. Ils ont fait ce qu'elle aurait été incapable de faire seule.

Pensive, Hélène quitte le cabinet du docteur Allouard, retournée par ses paroles et consciente que le choix est entre ses mains.

Mais, après tout, elle est partie de son plein gré, quelle légitimité a-t-elle pour vouloir revenir. La laissera-t-on seulement approcher de nouveau ?

Rien n'est moins sûr et pourtant, elle sait au fond d'elle-même qu'elle a besoin de ces réponses, pour avancer, pour tourner la page et guérir de cette maladie que l'on appelle doute.

Peut-être qu'elle trouvera des portes fermées, peut-être qu'on lui dira non, qu'elle s'est trop longtemps écartée de la lumière pour pouvoir espérer qu'ils se souviennent d'elle.

Plutôt que de rentrer chez elle, s'enfermer dans sa chambre gorgée de souvenir où le sang imprègne encore le matelas et où l'odeur de Charles a depuis bien longtemps quitté ses draps, Hélène prend la direction du bar indiqué par ses amies qu'elle rejoint la gorge serrée, mais l'esprit plus léger.

Ça aussi, c'est un progrès du temps, un timide signe de guérison.

Le lendemain matin, étendue sur les draps de son lit défait, Hélène regarde pensivement Hamilton gravir les montagnes de tissus de ses petites pattes, pourchassant activement les graines de tournesol qu'elle agite sous son nez.

Les yeux perdus dans le vide, elle suit la progression fulgurante du rongeur qui feinte habilement dans le dernier virage et se saisit de la graine qu'il agite dans ses petites mains à la manière d'un trophée avant de l'enfourner avec les autres dans l'une de ses deux joues rebondies.

- Qu'est-ce que tu penses de tout ça toi ? Elle soupire.

Le bout de son doigt vient délicatement frotter le haut de la tête du hamster qui se laisse faire pendant quelques instants avant de repartir en quête de nourriture, tirant un sourire à sa maîtresse.

- Tu ne te poses pas autant de questions, hm ? Manger, dormir, courir dans ta roue...J'aimerais bien que ma vie soit aussi simple de temps en temps.

Sans se préoccuper d'elle, Hamilton roule sur lui-même pendant quelques secondes avant de s'immobiliser pour une sieste digestive amplement méritée.

- Il faudrait peut-être que je te trouve un copain ? Déclare-t-elle, pensive.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie de son téléphone tirant la jeune brune de la contemplation de son hamster endormi et elle jette un œil à la notification avant de se redresser et de saisir délicatement le petit animal.

- Il semblerait que notre taxi soit arrivé, elle lui explique.

Avec précaution, elle le dépose dans sa cage de transport et saisit son manteau, prenant le temps d'inspecter sa tenue une dernière fois avant de quitter les lieux :

Un jean blanc cassé, un col roulé marron, des baskets crème et une veste en cuir brune doublée en mouton.

Hélène complète le tout avec un sac à main et une paire de lunettes de soleil pour parer aux rayons du soleil hivernal du sud de la France.

Rapidement, elle dévale les escaliers de son immeuble, veillant à ne pas trop secouer Hamilton et repère rapidement la voiture qui l'attend dans la rue. Un grand sourire aux lèvres, elle ouvre la portière et se glisse à l'intérieur.

- Salut beauté des îles ! Elle sourit.

- Hm, grogne l'autre.

- Ton inexplicable joie de vivre me ravit à chaque fois Bruno ! Elle me rappelle à quel point la vie mérite d'être vécue, se moque-t-elle.

- Arrête avec tes conneries et mets ta ceinture.

- Tu ne veux pas dire bonjour à ton neveu ? Elle s'offusque tout en soulevant la petite cage à hauteur de son visage.

Le regard dédaigneux du maçon s'adoucit légèrement lorsqu'il pose les yeux sur Hamilton dressé sur ses deux pattes arrière, celles de devant reposant contre les barreaux de la cage comme un petit prisonnier.

- Salut bonhomme, soupire-t-il finalement.

Satisfaite, la brune pose la boite sur ses genoux et consent enfin à mettre sa ceinture de sécurité, permettant au véhicule de repartir.

Silencieusement, elle regarde Bruno entrer leur destination sur le GPS avant de se tourner vers elle.

- Tu es sûre de toi ? Il s'assure.

Devant son ami, la décision qu'elle a prise lui semble soudainement moins bonne et elle hésite un instant avant de se reprendre et de hocher la tête avec conviction.

- Oui, elle valide. C'est par là que je veux commencer.

Pas convaincu pour deux sous, Bruno la dévisage avec insistance pendant une longue minute avant de finalement grommeler dans sa barbe et de lancer le GPS.

Il faut encore trente longues minutes avant que l'ourse humain qui lui sert d'ami ne reprenne la parole alors qu'ils filent à vive allure sur l'autoroute A57 en direction de la principauté Monégasque.

- Je sais que je te l'ai déjà dit, mais tu n'as qu'un mot à dire et je fais demi-tour. Si ce n'est pas encore le bon moment alors tant pis, tu n'as pas besoin de te forcer, tu ne dois rien à personne.

Touchée, Hélène esquisse un petit sourire, les yeux fixés sur la cage et Hamilton tournant comme un bienheureux dans sa roue.

- C'est gentil Bruno, merci, mais je crois que si je ne me décide pas à la faire maintenant, je ne pourrais jamais tourner la page, elle sourit.

Bruno laisse échapper un nouveau grognement, signe de contrariété chez lui.

- Je ne suis pas certain que tu aies vraiment envie de tourner la page morveuse.

Prise sur le fait, la Toulonnaise lève les yeux au ciel et grimace avant de hausser les épaules.

- Et sinon, comment ça se passe avec Anne ? Tu pensais vraiment pouvoir me le cacher ? Elle asticote.

- Ce n'est pas le sujet, il râle.

Malgré son air ronchon, Hélène ne peut pas manquer le rougissement immédiat des joues de son ami qui fuit son regard et se concentre d'autant plus sur la route devant eux.

Même si elle aimerait se moquer de lui encore un peu, la brune sait pertinemment que Bruno s'inquiète pour elle, elle lui doit bien une réponse, ne serait-ce que pour le soutien sans faille qu'il lui a apporté ces derniers mois.

- Je ne sais pas ce que je veux faire, elle souffle finalement. Une partie de moi sait que je ne suis pas faite pour ce monde-là et que je ne pourrais jamais le contrôler, mais en même temps...

Le silence pèse dans l'habitacle alors qu'elle cherche ses mots, le regard fixé sur Hamilton qui dort toujours paisiblement à des années-lumière de se douter des enjeux de cette conversation.

- Tu es amoureuse de lui, complète Bruno.

Dans sa poitrine, le cœur d'Hélène se serre violemment, mais elle ne peut démentir, elle n'a jamais douté de ses sentiments pour Charles.

- Oui, je l'aime.

Elle peut presque entendre Bruno grincer des dents.

- Si tu veux mon avis, c'est une belle connerie, il soupire. Qu'est-ce qui te fait croire que ça pourrait être différent cette fois, que ça pourrait marcher ?

- Rien, elle pince les lèvres. Mais je ne peux pas arrêter d'y croire, tu comprends ? J'y croirais tant que je n'aurais pas de réponse claire.

- Ouais, je peux comprendre ça.

Le silence retombe, moins pesant, mais toujours inconfortable pour Hélène qui, inconsciemment, recherche toujours l'approbation de son ami le plus précieux.

Finalement, après un long soupir et un coup d'œil indécis en direction de l'étudiante, Bruno se décide à rendre les armes :

- OK, il capitule. Alors quel est le plan ? On débarque à Monaco et on gratte à la porte de Leclerc jusqu'à ce qu'il se décide à nous ouvrir ? Ou on défonce sa porte pour l'obliger à te reprendre ?

Un rire surpris échappe à Hélène qui secoue la tête, rassurée au-delà des mots de savoir que Bruno sera à nouveau à ses côtés dans cette nouvelle épreuve.

- Ni l'un ni l'autre, elle sourit. Aujourd'hui est une première étape, je pense que c'est important de commencer par là et en fonction de comment les choses vont se passer, j'improviserais.

Bruno lève les yeux au ciel.

- Oh merveilleux ! Quatre mois à te torturer les méninges et tu décides d'improviser... Ça, c'est définitivement la sale gosse que je connais, il s'exaspère.

- Hé ! Si tu veux savoir ce qu'Anne m'a dit à ton sujet, tu ferais mieux d'arrêter de te moquer !

- Et maintenant du chantage ! Il accuse les joues rouges. J'aurais vraiment tout vu !

La brune éclate de rire et le reste du trajet se déroule entre rire et chamailleries, arrivant presque à faire oublier à Hélène le stresse de la rencontre qui l'attend.

Si bien que lorsqu'elle se plante devant la porte d'entrée, elle a toujours un petit sourire aux lèvres. Sourire qui disparaît rapidement cependant alors qu'elle avale sa salive avec difficulté et toque avec hésitation.

Elle a passé l'entrée en se glissant derrière un résident, la porte possède un judas, on pourrait très bien l'ignorer ou lui demander de partir. Elle comprendrait si on lui disait qu'elle n'est pas la bienvenue.

Son souffle se coupe dans sa gorge en entendant le bruit de pas derrière la porte, elle sent son cœur résonner dans son crâne alors que la poignée tourne, dévoilant le visage surpris du tout premier nom en haut de sa liste.

- Hélène ?

- Salut Charlotte.  



════════



Désolé, ce chapitre est en retard. J'ai attrapé la salmonelle en embrassant une grenouille que j'ai trouvée dans la piscine d'un ami...

Plus sérieusement, surprise ! Je suis toujours vivante et non, cette histoire ne sera pas une histoire inachevée de plus sur Wattpad, j'ai bien l'intention de la terminer même si ça doit me prendre toute une vie pour y arriver !

Hélène fait donc son grand retour, quatre mois après que nous l'ayons quitté au fond du gouffre et autant vous dire que beaucoup de choses ont changées durant ce lapse de temps, vous ne tarderez pas à le découvrir *insérer du suspense* mais vous avez déjà un petit aperçu, nouveaux amis, nouvelle psy et beaucoup moins de pensées noires, j'espère que ça vous plaît !

Désolé à celles et ceux qui pensaient retrouver Charles aujourd'hui, c'est promis, il reviendra très bientôt, mais comment pensez-vous qu'il réagira en voyant revenir dans sa vie une Hélène sauvage ?

Dans le prochain chapitre, Hélène VS Charlotte, le face-à-face final ! Qu'est-ce qu'Hélène a à dire ? Comment Charlotte réagira ? Est-il déjà trop tard pour réparer ce qui a été brisé ?

Je me doute que vous ne devez plus être beaucoup à suivre cette histoire, mais merci à ceux qui ont eu la patience de m'attendre, je promets de ne pas vous décevoir ♡

Bye les copains ! ♡

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