𝐐𝐔𝐀𝐑𝐀𝐍𝐓𝐄-𝐒𝐄𝐏𝐓
— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —
𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.
𝟐𝟕 𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑
𝐑𝐞𝐬𝐭𝐚𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐏𝐚𝐯𝐲𝐥𝐥𝐨𝐧
𝐌𝐨𝐧𝐭𝐞-𝐂𝐚𝐫𝐥𝐨 – 𝐌𝐨𝐧𝐚𝐜𝐨
Hélène à les mains tremblantes lorsque le chauffeur vient lui ouvrir la portière du taxi, elle sursaute légèrement lorsqu'il lui tend une main pour l'aider à en descendre.
Elle lui retourne un sourire crispé, lisse un pli imaginaire sur sa robe avant de se rappeler subitement du pourboire qu'elle a gardé pour la course et de sortir un billet de son petit sac à main pour le tendre à l'homme qui lui adresse un sourire reconnaissant.
Le chauffeur, un homme dans la quarantaine, la remercie poliment avant de lui adresser un sourire de connivence.
- Il a de la chance, vous savez, il souffle sur le ton de la confidence. Le garçon que vous allez retrouver.
Hélène lui adresse un regard surpris avant qu'un magnifique sourire ne vienne éclairer son visage, accompagnant joliment la rougeur qui prend place sur ses joues.
- C'est moi qui ai beaucoup de chance, répond-elle, complice.
Le regard de l'homme pétille une seconde d'amusement avant qu'il ne s'incline poliment et ne lui souhaite une bonne soirée.
De nouveau seule, le sourire de la brune faiblit doucement alors qu'elle examine une dernière fois sa tenue, une robe en coton blanc près du corps, une paire de collants noirs et des bottes à talons carré en cuir noir. Simple et joliment assortie à sa crinière brun foncé et à son maquillage discret, une tenue dans laquelle elle se sent belle, elle-même est confiante.
C'est très étrange pour elle, de revenir ici, l'endroit où elle a rencontré pour la première fois Charlotte et la famille de Charles presque sept mois plus tôt.
Pour Hélène, c'est comme si toute une vie avait passée depuis cette époque et pourtant, elles sont parvenues à la conclusion, Pascale, Charlotte et elle, qu'il s'agit du meilleur endroit pour retrouver Charles, tout comme ils s'étaient retrouvés cette fois-là.
Les choses ne se sont pas faites en douceur, convaincre Charles n'a pas été facile et il a fallu toute la délicatesse de Pascale et l'insistance de Charlotte pour qu'il accepte de se plier à la demande d'Hélène de se retrouver ici et pas ailleurs.
Ici, cet endroit qu'ils connaissent tous les deux, neutres et pourtant tellement symboliques.
Elle sait qu'il est déjà à l'intérieur, Lando lui a envoyé un message il y a quelques minutes, juste après avoir déposé Charles avec qui il a passé toute la journée.
Hélène prend une grande inspiration, elle ne veut pas reculer et pourtant, cela ne l'empêche pas d'être terrifiée.
Elle sourit gentiment au portier qui lui ouvre l'accès, loin de la méfiance de sa première venue et donne le nom de Charles à l'hôtesse d'accueil qui lui sourit et accède à sa demande sans aucun jugement, peut-être parce que contrairement à la première fois, Hélène a enfin l'air à sa place ici.
Inconsciemment, elle se triture les mains sur le chemin jusqu'à la table, cela n'a plus rien de douloureux, certaines habitudes ont simplement la vie dure.
La Toulonnaise a eu beau se faire le film de cet instant des centaines de fois au cours de la semaine qui vient de s'écouler, elle sait que rien ne peut la préparer à croiser de nouveau ses yeux couleur d'orage.
Et pourtant, il est là, assit à table comme si les quatre derniers mois n'avaient été qu'un mirage.
Hélène s'arrête pour le regarder, Charles ne l'a pas encore vue, il est si beau. Rasé de près, sa coupe de cheveux a légèrement changé et pourtant, il est toujours la plus belle chose qu'il ait été donnée à Hélène de voir.
Son souffle se bloque dans sa gorge et son cœur tambourine violemment alors que tout devient subitement très réel après des mois à en avoir rêvé.
- Mademoiselle ? Est-ce que tout va bien ?
La question de l'hôtesse la fait sursauter et elle détourne le regard avant de s'éclaircir la voix.
- Désolé, elle souffle. Allons-y.
En quelques enjambées, elle rattrape la femme qui reprend sa route vers leur table et Hélène ne peut toujours pas quitter Charles du regard, elle veut saisir l'instant précis où il l'apercevra, capter l'émotion dans son regard et savoir.
Savoir si, après tout ce temps, après toute cette souffrance, il leur reste une chance.
Elle n'a pas besoin d'attendre longtemps pour avoir sa réponse, l'attention de Charles est toujours fixée sur sa mère avec qui il est en grande discussion avant de finalement capter l'arrivée silencieuse d'Hélène et de relever les yeux sur elle.
Ils se font face, un instant, les yeux dans les yeux et si le visage de Charles ne transmet aucune chaleur, elle s'accroche de toutes ses forces à la lueur qu'elle croit voir briller au fond de ses yeux.
- Hélène, ma chérie, se réjouit Pascale. Pile à l'heure, viens, nous t'attendions.
Tout en parlant, la petite femme claque un baiser sur la joue de la brune qui prend place sur la chaise restante sans oser s'approcher de Charles.
La présence de Pascale au repas de ce soir a été mûrement réfléchie par le petit groupe d'amis au cours de la saison. Il leur est assez vite paru évident que mettre Charles et Hélène face à face n'aurait pas été le meilleur choix pour des retrouvailles alors ils ont commencé à chercher une troisième personne pour nourrir la conversation lors du repas et potentiellement modérer les propos de chacun.
Charlotte était éliminée d'avance, non pas que sa douceur aurait été d'une grande aide, mais amener une ex à un repas entre amoureux n'est pas vraiment indiqué. Lando n'était pas non plus le meilleur choix, n'ayant pas une assez grande influence sur Charles et Pascale a exclu d'office Arthur et Lorenzo qui n'aurait pas été capable de faire preuve d'impartialité.
Comme Pierre n'était pas une option pour Hélène, à qui leur dernière rencontre reste en travers de la gorge, il ne restait plus que la mère de famille, d'abord réticente à accepter, mais finalement facilement convaincue.
- Tu as fait bonne route ? S'inquiète Pascale. Comment se sont passés tes partiels ?
L'étudiante glisse un regard discret en direction du pilote qui n'a toujours pas laissé échapper un mot et la regarde attentivement, semblant tout comme sa mère, attendre la réponse à la question.
- Bien, elle force un petit sourire. Le taxi est venu me chercher directement à l'école et mon dernier partiel était ce matin, je pense que ça devrait aller.
- Tant mieux, approuve Pascale. C'est important les études, tu as réfléchi à ce que tu veux faire après ?
Hélène se dandine sur sa chaise et pince les lèvres, la situation est très gênante et Charles n'a toujours pas ouvert la bouche, mais la mère de famille semble savoir ce qu'elle fait.
- Pas encore, il me reste un peu moins de six mois et je suis plutôt en retard sur mon mémoire alors je me concentre là-dessus pour l'instant, elle hausse les épaules.
- Ah, les mémoires d'écoles de commerce, soupire la femme. Je me rappelle quand Lorenzo devait écrire le sien, il était tellement stressé.
- J'avoue que pour l'instant, j'essaie plutôt de lutter contre la procrastination, elle grimace.
- Accroche-toi, encourage la blonde. C'est la dernière ligne droite. Sur quoi est-ce que tu bases ta problématique ?
Hélène hésite une seconde et glisse un nouveau regard hésitant en direction de Charles, toujours silencieux.
- L'influence économique des médias dans le sport de haut niveau, elle avoue timidement.
Le regard de Pascale brille de surprise avant de s'adoucir encore plus si cela est possible et elle tend la main pour attraper celle d'Hélène, posée sur la table.
- C'est un sujet qui te touche de près ma belle, je suis certaine que tu feras du très bon travail.
Hélène acquiesce et accepte la carte que lui tend un serveur pendant que Pascale se penche sur la carte des vins.
- Il faut fêter ça, pétille Pascale. Apportez-nous une bouteille de Taittinger 2008.
Hélène s'étouffe en attendant le nom du champagne et le prix sans doute faramineux de la bouteille que vient de commander la Monégasque.
- Maman, soupire Charles.
- Quoi ? Pascale feint l'innocence. Nous avons des choses à fêter après tout.
- Peut-être, il grince. Mais je dis juste que c'est peut-être un peu exagéré.
- Je ne suis pas d'accord, contredis sa mère.
Avant que Charles n'ait le temps de s'opposer davantage, un serveur revient avec la bouteille de champagne dans un seau à glace et trois coupes qu'il dispose face à eux.
Pascale lève sa coupe, les invitant à faire de même et tout en trinquant, elle leur sourit à tous les deux.
- À la nouvelle saison de Charles, elle sourit. Aux études d'Hélène et à vous deux.
Ils trinquent tous les trois en silence et Hélène porte la coupe à ses lèvres sans quitter Charles du regard.
- Je sens que cette année sera plus que positive, ajoute la coiffeuse.
La brune hoche la tête en silence, de plus en plus agacée par le mutisme prolongé de Charles qui semble être sur le point de lui dire quelque chose à chaque fois qu'elle le regarde, mais n'arrive pas à se décider.
Hélène sait très bien qu'elle n'a rien à exiger de lui, après tout, c'est elle qui est partie, elle est déjà reconnaissante qu'il accepte de dîner avec elle et sa mère, même si elle ne peut s'empêcher d'être déçue.
Cette situation lui donne l'impression d'être de retour en arrière, lors de leur premier repas ici, quand il se contentait de la regarder à la dérobée sans jamais oser lui adresser la parole.
La brune baisse les yeux sur les bulles qui miroitent dans la coupe en cristal avant de relever la tête subitement.
Elle vient de penser à quelque chose.
Sans attendre, elle avale les dernières gorgées de champagne avant de se lever et de s'excuser :
- Il faut que j'aille aux toilettes.
Sans attendre de réponse, elle file jusqu'aux commodités dont elle connaît parfaitement l'emplacement. Comme dans ses souvenirs, l'endroit transpire le luxe, les serviettes sont toujours aussi blanches et moelleuses, mais cette fois, Hélène n'est pas venue là pour fuir une situation tendue.
Rapidement, elle vérifie qu'aucune des cabines n'est occupée.
Alors qu'elle est en train de refermer la dernière lorsque la porte s'ouvre dans son dos et qu'elle se fige. Un sourire immense fleurit sur ses lèvres alors qu'elle se retourne, le cœur débordant d'espoir et ouvre la bouche :
- Ce sont toujours les toilettes des femmes, ses yeux pétillent.
Un rire lui échappe lorsqu'il la soulève du sol, exactement de la même manière qu'il y a quelques mois, dans ses mêmes toilettes et la dépose sur le bord de l'évier, retrouvant sa place contre elle trop longtemps abandonnée.
Hélène agrippe ses épaules avec force, sans s'arrêter de rire et enroule ses jambes autour du pilote pour le garder contre elle. Submergée par le bonheur, elle enfonce son nez dans le cou du Monégasque qui enfonce ses doigts dans la chevelure brune de la jeune femme qui fredonne de plaisir.
- J'ai bien cru que tu ne t'en rappellerais jamais, il souffle contre son cou.
- Pardon, pardon d'avoir oublié.
Contre elle, Charles ne semble plus vouloir s'écarter, il respire dans sa nuque l'odeur qui lui a tant manqué, agrippe la taille dont il a rêvé, s'imprègne de son rire qu'il désespérait de ne plus pouvoir écouter.
- Tu n'es pas fâché ? Elle demande doucement après plusieurs minutes.
Charles finit par s'écarter au bout de quelques minutes supplémentaires, esquissant un sourire lorsqu'elle le ramène contre elle et l'empêche de partir. Il esquisse une moue amusée et trace de la pulpe du pouce le contour du visage de la jeune femme, s'arrêtant sur ses lèvres et la forme de son sourire.
- Non, il souffle. Je ne le suis plus depuis longtemps.
- Tant mieux, elle sourit encore. Parce que j'aurais été déçue de ne pas pouvoir faire ça...
Elle joint leurs lèvres en un baiser simple, tendre et tellement attendu, pressant ses lèvres contre celle du pilote qui ne tarde pas à répondre, prenant son visage en coupe pour approfondir l'échange.
Ils s'embrassent lentement, profitant du contact de l'autre avec tendresse, redécouvrant des sensations qu'ils croyaient perdues à jamais.
Charles la maintient plaquée contre lui, une main sur sa taille traçant des arabesques imaginaires et l'autre dans sa nuque, caressant son cou avec dévotion tandis qu'Hélène perd ses doigts dans ses cheveux doux et emmêlés.
- Reste avec moi, il souffle contre ses lèvres. Ne t'en va pas.
La jeune femme secoue la tête et sourit encore, ramenant ses doigts sur le visage du garçon dont elle admire la perfection.
- Je suis revenue pour toi, elle promet.
Il n'y a rien de plus beau au monde que le sourire de Charles à cet instant, alors qu'il efface de nouveau l'espace entre leurs lèvres pour l'embrasser à en perdre haleine.
- Si tu savais à quel point je me suis retenu de t'appeler, il glousse doucement. Tu fais vraiment ressortir le meilleur de moi, trésor.
L'utilisation du surnom la fait frissonner de plaisir, depuis le temps qu'elle attendait qu'il l'appelle comme ça de nouveau, à quel point elle a espéré pouvoir reprendre cette place dans son cœur, être son trésor.
Et maintenant qu'elle est là, au chaud dans ses bras, Hélène sait que tout cela en valait la peine, elle sait qu'elle a eu raison de tenir.
- J'avais besoin de temps, je voulais attendre d'être forte, elle chuchote. Je voulais que tu sois fier de moi.
- Je sais, il embrasse sa joue. Lando m'a raconté et je suis tellement, tellement fier de toi Hélène, si tu savais comme je suis heureux.
Un rire échappe à la jeune femme lorsque les lèvres du pilote chatouillent son cou et elle le repousse doucement pour reprendre possession de sa bouche, l'entrainant dans un nouveau baiser.
- Qu'est-ce que tu aurais fait ? Elle s'amuse entre deux baisers. Si je ne m'étais pas souvenue pour les toilettes ?
Toujours occupé à embrasser chaque parcelle de son visage, Charles fait semblant de réfléchir une seconde.
- J'étais sûr que tu t'en rappellerais, il sourit. Sinon, j'imagine que j'aurai fini par t'embrasser entre le plat et le dessert.
La brune glousse consciente qu'encore une fois, elle a eu peur pour rien. Depuis le départ, elle n'avait aucune chance de perdre Charles.
- En parlant de manger, elle taquine. Peut-être que l'on devrait y aller, je pense que ta mère doit nous attendre.
Le Monégasque secoue la tête, amusé.
- Tu rigoles ? Elle m'a presque poussé elle-même dans les toilettes.
Hélène rit, oui, ça ressemble bien à quelque chose que Pascale Leclerc pourrait faire.
- Et puis de toute façon, j'ai d'autres projets pour nous, il poursuit avec un peu plus de sérieux.
- Ah ?
L'expression d'Hélène vire à la curiosité pendant qu'elle l'aide à descendre du rebord de l'évier. Qu'est-ce que Charles peut avoir de si important à lui montrer ? Elle dresse une liste mentale, mais ne trouve rien qui pourrait justifier de poser un lapin à Pascale.
- C'est quelque chose dont je ne sais pas quoi faire, il explique vaguement. Et je pense que tu as aussi ton mot à dire dessus.
La Toulonnaise fronce les sourcils, elle ne voit absolument pas de quoi Charles est en train de parler.
- Est-ce que c'est quelque chose de grave ? Elle s'inquiète.
Comprenant qu'il s'est sans doute montré un peu trop énigmatique, pour la rassurer, il saisit sa main et noue leurs doigts ensemble avant de venir y déposer un baiser délicat.
- Pas du tout, il souffle sur ses phalanges. Je vois plutôt ça comme une page à tourner pour prendre un nouveau départ.
Hélène hoche la tête, toujours pas totalement convaincue, mais la confiance qui irradie Charles termine de la convaincre.
- OK, elle approuve. Je te suis.
Le sourire profondément heureux qu'il lui offre confirme à la jeune femme qu'elle a fait le bon choix.
Impatient, il la traîne jusqu'à la porte des toilettes, esquissant une grimace tout sauf désolé lorsqu'il manque de bousculer une vieille dame sur le point d'entrer. Sans pouvoir s'empêcher de rire, ils prennent la fuite pendant qu'elle peste à l'encontre des jeunes et de leur génération perdue, attirant quelques regards curieux dans le restaurant.
- Maman, appelle Charles en arrivant à hauteur de la table.
Une coupe de champagne pleine à la main, Pascale les regarde un instant, heureux et main dans la main avant d'esquisser un hochement de tête satisfait.
- Allez-y, elle valide. Je viendrais bien à bout de cette bouteille de champagne moi-même.
Elle ponctue sa phrase d'un clin d'œil typique de la famille Leclerc qui arrache un autre gloussement à Hélène avant qu'ils ne prennent tous les deux la fuite, passant sans se retourner par les grandes portes.
Arrivés dehors, il leur faut attendre quelques minutes que le voiturier ramène la Pista et Charles frictionne doucement le dos et les épaules de la brune, plaquée contre lui pour se protéger du froid mordant de l'hiver Monégasque.
Il ne faut pas plus de quelques instants pour que des passants ne reconnaissent Charles et ne l'approche, désireux de prendre une photo après la star de la principauté. Hélène esquisse un petit sourire amusé et propose de prendre les photos pour eux avant d'être invité à les rejoindre pour poser. Le sourire aux lèvres, elle sourit quand il lui ouvre la portière, saluant encore des fans venus à sa rencontre.
Hélène sait pertinemment que d'ici quelques heures les images de Charles et elle, ensembles, auront fait le tour du monde, mais elle n'appréhende pas, ou du moins plus autant qu'avant. Après tout, elle est plus forte maintenant et ils ne peuvent pas lui faire plus de mal que ce qu'ils ont déjà fait.
La balle est dans son camp maintenant.
- Tu peux dormir un peu si tu veux, annonce Charles en prenant place derrière le volant. On a un peu de route à faire.
L'horloge de la voiture annonce 22h30.
- OK, elle baille. Dis Charles ?
- Oui ?
- Quand est-ce que tu me laisseras conduire la Pista ?
Le pilote laisse échapper un petit rire et pose une main sur sa cuisse tout en s'engageant sur la route qui mène à la sortie de la principauté.
- Peut-être un peu, en revenant, il propose. Si tu es sage.
- Attention, elle menace. Je n'oublierai pas ce que tu viens de dire.
- J'espère bien, il rit. Dors maintenant, je te réveille quand on arrive.
Tout en terminant sa phrase, il presse le bouton de l'autoradio qui diffuse instantanément une douce musique Italienne qui termine de bercer Hélène.
Lorsqu'elle ouvre les yeux, quelques heures plus tard, il fait toujours nuit noire à l'extérieur et elle est seule dans la voiture. Malgré les phares de la Pista qui éclairent l'extérieur, Hélène ne trouve pas Charles.
Les lèvres pincées par l'idée de se trouver dans un endroit inconnu, elle récupère la veste que le Monégasque a dû poser sur elle pendant qu'elle dormait et s'enroule à l'intérieur. Lentement, elle s'extrait de la voiture, prêtant l'oreille au moindre son pour essayer de retrouver la trace de son compagnon.
- Charles ? Elle l'appelle.
Aucune réponse ne lui parvient et Hélène fronce les sourcils, pas franchement rassurée avant de s'enfoncer un peu plus dans ce qu'elle croit reconnaître comme étant une décharge.
D'autre d'endroit pour un rendez-vous romantique si vous lui demandez son avis.
Au détour d'une pile de carcasses de voiture, elle sursaute violemment et laisse échapper un hurlement strident lorsqu'une ombre bouge sur sa droite et lui saisit le poignet.
- Hélène ! C'est moi !
- Espèce de grand malade ! Elle lui hurle dessus. Non, mais ça ne va pas ? Tu ne regardes jamais de documentaire sur les tueurs en série ?!
- Aie ! Aie ! Hélène aie ! Arrête de me taper, je suis désolé !
À bout de souffle et le cœur battant à tout rompre, elle se décide enfin à relâcher Charles au bout de quelques minutes, non sans lui avoir tiré les cheveux un bon coup.
- Ne me refais plus jamais un coup comme ça, elle menace.
- Je te jure que je ne voulais pas te faire peur, il chouine. Je ne pensais pas que tu allais te réveiller juste après que je sois parti.
Elle pousse un long soupir pour essayer de se calmer tout en refermant le col de la veste de Charles.
- Où est-on d'ailleurs ? Elle peste. C'est un vrai dépotoir ici.
- C'est le cas, il grimace un sourire. Bienvenue à Castelmeca Auto.
Tout en parlant, il ouvre les bras comme pour présenter une œuvre d'art, mais Hélène ne bronche pas.
- Charles, mon amour, elle râle. Je vais vraiment finir par croire que tu essaies de te débarrasser de moi.
Il éclate d'un rire franc avant d'attraper sa main, l'entrainant entre les allées de voitures pour ou moins endommagées.
- Je te jure que non, il rigole. Viens, tu vas comprendre.
Ils marchent encore quelques minutes, s'éclairant uniquement à la lumière du téléphone avant d'arriver dans un coin plus clairsemé de la casse et Charles lâche sa main pour se pencher sur une grande bâche qu'il tire pour dévoiler ce qu'il y a dessous.
Le choc se mélange à la surprise dans le sang d'Hélène alors qu'elle écarquille les yeux devant le spectacle qui s'offre à elle.
- Est-ce que c'est...
- Oui, il confirme. C'est la mienne.
Une fois la bâche retirée, Charles la rejoint, passant un bras autour de ses épaules alors qu'ils font tous les deux face au cadavre à moitié carbonisé d'une monoplace de F1.
La voiture de Charles.
- Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai gardé tout ce temps, il avoue dans un souffle. Tout ce qui pouvait être sauvé a été récupéré par l'équipe juste après l'accident, mais quand ils m'ont dit qu'ils allaient détruire le reste, je n'ai pas pu m'y résoudre.
Perturbée, Hélène laisse ses doigts filer le long de ce qui fut, un jour, le halo de la voiture, s'attendant presque à ce qu'il la brûle. Mais ce n'est plus que du métal froid.
Une partie non-négligeable est noire et carbonisée, mais çà et là, on parvient encore à reconnaître des touches du mythique rouge Ferrari qui ornait autrefois la monoplace.
C'est étrange de la voir là, après tout ce temps, comme un fantôme du passé alors que leurs vies ont tant changé depuis ce jour-là.
- Je reviens la voir, poursuit Charles. De temps en temps. Elle me rappelle la chance que j'ai eue de survivre à cet accident. La chance que tu viennes me sauver.
Tout en parlant, il passe un bras autour de sa taille, plaquant son torse contre le dos de la jeune fille et appuyant sa tête contre son épaule.
- Elle est à toi cette voiture, Hélène, il souffle dans son oreille. Elle l'a toujours été. C'est à toi de décider ce que tu veux en faire.
Surprise, elle tourne la tête dans sa direction.
- Tu ne veux pas la garder ? Elle questionne.
Le sourire sur le visage de Charles ne fane pas tandis qu'il secoue la tête.
- Je te l'ai dit, il la serre contre lui. Je tourne la page.
Doucement, elle hoche la tête et se retourne face à la monoplace, cherchant la meilleure chose à faire.
Il lui faut de longues minutes de silence avant d'ouvrir la bouche, enfin certaine de son choix.
- Je veux qu'on la brûle, elle annonce.
Derrière elle, le pilote laisse échapper un petit rire heureux.
- C'est marrant, il s'amuse. J'étais sûr que tu dirais ça.
Lorsque les premières lueurs du jour se lèvent sur le sud de la France, apportant avec lui les rayons du soleil, Charles et Hélène se tiennent serrés l'un contre l'autre, inséparable devant les braises de leur passé.
Ce qui est né dans les flammes meurt dans les cendres.
Une page est prête à être tournée.
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Coucou tout le monde, j'espère que vous allez bien !
Tout d'abord désolé pour la semaine dernière, j'ai eu besoin d'un peu plus de temps que prévu pour me décider de la juste fin à donner à cette histoire et à la manière de l'organiser.
Parce que oui, toutes les bonnes choses ont une fin et c'est le cœur lourd, mais très fière de moi que je vous annonce qu'il n'y aura plus qu'un seul chapitre après celui d'aujourd'hui et la conclusion arrivera peu après.
Collision arrive presque à son terme et, coïncidence, nous venons tout juste de dépasser les 100 000 lectures alors merci infiniment à vous tous pour ce cadeau magnifique, vous pouvez être sûrs que vous avez fait de moi l'auteure la plus heureuse de tous les temps ♡
J'ai déjà l'impression de vous dire au revoir, mais ne partez pas, il y aura bien un chapitre la semaine prochaine haha !
Charles et Hélène se sont enfin retrouvés, la boucle est bouclée, mais il y a encore quelqu'un dont on n'a pas parlé hehe
Rendez-vous pour les dernières réponses mardi prochain !
Bye les copains ♡
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