𝐐𝐔𝐀𝐑𝐀𝐍𝐓𝐄-𝐇𝐔𝐈𝐓
— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —
𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.
𝟏𝟔 𝐌𝐚𝐫𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟒
𝐓𝐡𝐞𝐚𝐭𝐫𝐞 𝐋𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞
𝐓𝐨𝐮𝐥𝐨𝐧 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞
Debout face au grand miroir de la salle de bain, Hélène ajuste les derniers détails de sa tenue et termine d'enfiler les bijoux qui complètent le rendu final. Délicatement, elle accroche le fermoir de la paire de boucles d'oreilles que Charles lui a offert en janvier dernier pour fêter leurs un an de relation.
Presque deux ans se sont écoulés depuis ce jour-là, au Castellet, le jour où sa vie a basculé dans l'inconnu.
Quand elle y repense, la Toulonnaise à l'impression que c'était hier, les choses se sont enchaînées, tellement vite que parfois, en se réveillant le matin, elle a l'impression d'avoir rêvé.
Mais, pour le meilleur et pour le pire, c'est la vie qu'elle a choisie, et même si les six premiers mois ont été plutôt catastrophiques sur bien des aspects, elle n'a jamais regretté ses décisions.
Soucieuse du détail, elle s'examine une nouvelle fois dans la glace, la robe en satin couleur perle qu'elle a choisie épouse parfaitement les courbures de son corps, sublimées par un joli dos nu qui la met parfaitement en valeur.
Sa chevelure brune, qui retombe habituellement dans le milieu de son dos, est remontée dans un chignon simple et élégant d'où quelques mèches folles s'échappe, lui donnant un petit air décoiffer qui vient casser le sérieuse de sa tenue.
Hélène se trouve belle, vraiment belle pour un jour aussi important que celui-ci. Subtilement, son regard accroche son épaule gauche sur laquelle demeure, malgré le temps qui passe, le fantôme de sa cicatrice, blanche et lisse au milieu, comme une tâche sur sa peau claire.
Il y a bien longtemps que la brune ne redoute plus d'afficher les traces de ses blessures au grand jour et si elle sait que la plupart des gens la dévisagent curieusement, elle se contente de garder le silence et d'y ajouter un petit sourire énigmatique que Charles s'amuse à appeler son sourire de Mona Lisa.
Quand on parle du loup, Hélène esquisse un sourire amusé en voyant passer une touffe de cheveux Châtains dans l'encadrement de la porte.
- Est-ce que l'héroïne de la journée est prête ? Il demande doucement.
La brune hoche la tête silencieusement avant de se retourner vers lui, le découvrant à tomber dans son costume sombre logoté Ferrari.
- T'es beau, elle souffle.
- Il faut bien que je fasse un effort, il plaisante. Si je veux t'arriver à la cheville.
- Charmeur, elle lève les yeux au ciel.
Taquin, il s'avance jusqu'à elle et l'épingle contre l'évier, glissant ses mains sur sa taille à travers le tissu fluide.
- Je sais, il ricane. Mais tu adores que je répète sur tous les toits à quel point ma copine est la plus belle.
Hélène éclate de rire avant d'être interrompue par les lèvres du Monégasque qui se pose sur les siennes, revendiquant un territoire conquis il y a bien longtemps.
- J'avais mis du rouge à lèvres, elle râle faussement lorsqu'il s'écarte quelques secondes plus tard.
Tendrement, elle essuie les traces de maquillage sur les lèvres du pilote avant de lui tourner le dos, plaquant son dos contre son torse brûlant et se penche en avant pour saisir son collier, un diamant solitaire, un autre cadeau de Charles qui la gâte définitivement un peu trop.
- Tu veux bien m'accrocher ça ? Elle demande innocemment.
- Je veux surtout te retirer cette robe, il grogne, les yeux fixés sur son dos dénudé.
- Pas le temps, elle rit. Je ne veux pas être en retard.
- Je peux être rapide, il souffle contre sa nuque.
Hélène lève les yeux au ciel, venant d'un homme pour qui ne supporte pas de ne pas être à l'heure, c'est une grosse prise de risque.
Joueuse, elle relève les yeux pour le regarder dans le miroir.
- Il me semble que tu as eu tout ton temps cette nuit et ce matin, avant et après le petit-déjeuner, elle fait semblant de compter. Et aussi dans la douche...
Charles lève les yeux au ciel.
- Ne fais pas comme si tu n'avais pas participé et puis il me semble que tu as beaucoup aimé que je te montre à quel point tu m'as manqué.
Hélène laisse échapper un rire amusé et entrelace ses doigts à ceux de Charles, toujours agrippé à sa taille.
- J'ai adoré, elle sourit de toutes ses dents. Mais je ne veux pas arriver en retard pour une occasion aussi importante.
Le Monégasque pousse un soupir faussement malheureux avant d'acquiescer et d'attraper le collier qu'elle lui tend.
Hélène les admire tous les deux dans le miroir durant un instant, Charles concentré sur sa nuque, la langue coincée entre ses dents pour parvenir à refermer le bijou du premier coup et elle, dans sa robe de gala prête à monter les marches d'un tapis rouge imaginaire.
Ils sont beaux, heureux, complets.
La saison vient tout juste de débuter et la Ferrari de Charles est plus que prometteuse, avec quelques améliorations elle lui permettra de concurrencer les Red Bull pour la première marche du podium et l'effet sur le moral et sur la confiance de Charles est déjà visible en comparaison avec la saison 2023 dont Hélène préfère ne pas parler.
Quant à elle, la brune a officiellement terminé ses études avec mention en juillet dernier. Hélène a fait le choix de ne pas immédiatement chercher de travail malgré plusieurs propositions toutes plus ou moins intéressées. À la place, elle a suivi le pilote à chacun des Grand Prix de la deuxième partie de la saison, leur offrant à tous les deux une proximité dont ils auraient été incapables de se passer.
Depuis le début de l'année, elle gère la collection d'une galerie d'art automobile basée à quelques pas de leur appartement Monégasque. Ce n'est pas exactement ce à quoi ses études l'on préparées, mais Hélène est heureuse de pouvoir lier passion et travail dans sa vie de tous les jours en plus de bénéficier d'une certaine flexibilité et d'un soutien sans borne de ses patrons qui la laisser s'éclipser pour rejoindre Charles sur quelques Grand Prix.
Ce n'est qu'un début, mais il est prometteur et c'est tout ce dont elle a besoin pour être heureuse.
- Eh, voilà, il soupire de soulagement. Mademoiselle est prête !
Amusée, elle se retourne et enroule ses bras autour du cou du pilote qui agrippe de nouveau ses hanches.
- Prête à casser la baraque, elle dépose ses lèvres sur les siennes.
Ils se séparent au bout de quelques secondes et Charles se penche vers le miroir pour vérifier qu'il n'a pas de trace de rouge à lèvres avant d'esquisser un sourire fier de lui.
- Tant mieux, il valide. Parce qu'il nous reste encore un peu de temps et j'ai un cadeau pour toi.
- Charles, elle lève les yeux au ciel. Tu sais ce que l'on a dit à propos des cadeaux. Tu as promis de te calmer.
- Mais c'est ce que je fais, il lève les mains au ciel pour se dédouaner. Je t'assure qu'il ne m'a presque rien coûté.
- C'est déjà ce que tu avais dit pour les boucles d'oreilles, elle lève les yeux au ciel.
- Mais elles étaient toutes petites et toutes mignonnes, rétorque-t-il. J'ai pensé à toi tout de suite en les voyant.
- Ce sont des Cartier, Charles, je peux payer le loyer de l'appartement avec.
Devant son air obtus, elle pose les mains sur ses hanches et lève un sourcil.
- D'accord, elle change d'angle d'attaque. Et qu'est-ce que tu dis de la fois où Daniel nous à soi-disant invité à venir faire un barbecue chez un copain Australien pendant le Grand Prix de Melbourne ? Je me suis presque noyé dans la piscine de Chris Hemsworth, je te rappelle.
Piégé, le Monégasque détourne le regard et gonfle les joues comme un enfant que l'on dispute.
- Je n'ai pas d'excuse pour celui-là, il capitule. Mais je savais que tu étais fan de lui et je te jure que cette fois-ci, c'est différent.
Amusée par avance, Hélène se laisse tirer à travers l'appartement jusqu'au salon et la table basse sur laquelle trône une boîte de la taille d'une boîte à chaussure recouverte d'un torchon pour en dissimuler le contenu.
Curieuse, la brune s'assied et tend une main hésitante vers la boîte avant de se rétracter.
- Ça ne va pas me sauter dessus ? Pas vrai ? Elle demande.
- Normalement, non, il lui offre un grand sourire.
- Très rassurant...
- N'aie pas peur Hélène, tu me fais confiance, non ?
Poussée par sa confiance aveugle envers le pilote Ferrari, la Toulonnaise tend la main et soulève le drap.
- Mais qu'est-ce que c'est que... oh mon Dieu ! Un cri lui échappe.
- Surprise ! La famille s'agrandit ! Il rit.
Dans la petite caisse de transport, roulé en boule sur lui-même, un tout petit hamster blond profondément endormi.
Le cœur d'Hélène fond immédiatement pour la petite créature dorée et les larmes d'émotion lui montent aux yeux alors qu'à quelques mètres de là, Hamilton galope furieusement dans sa roue sans se douter une seconde du changement qui l'attend.
- Ne pleure pas, souffle Charles à son oreille. Tu vas ruiner ton maquillage.
- Mais il est tellement adorable, elle renifle. Merci Charles.
Précautionneusement, elle passe la main dans la boite et caresse la petite tête du rongeur qui se laisse faire, parfaitement acclimaté à la présence humaine.
- Ne me remercie pas trop vite, il ricane. Je m'offre surtout un cadeau à moi-même.
Curieuse, elle quitte la boule de poil des yeux une seconde pour tomber dans ceux, rieurs de son amoureux.
- Comment ça ? Elle questionne.
- Eh bien, ta bestiole me déteste, il glisse un regard vers Hamilton. Donc j'aimerais bien avoir au moins un hamster qui m'aime et ensuite, je me dis que tu culpabiliserais moins de le laisser à Charlotte ou à Bruno quand tu viens me rejoindre s'il a un copain pour s'amuser.
- Oh, elle sourit, amusée. Alors tu essaies de te débarrasser de ton concurrent ?
- C'est exactement ça, j'en avais marre de me sentir menacé par un autre homme dans ma propre maison.
Hélène laisse échapper un rire avant de se relever, le hamster dans les mains, pour se diriger vers la grande cage aménagée tout confort avec toboggan, tunnels, vue panoramique sur l'appartement et nourriture grand luxe, le tout acheté par Charles qui ose prétendre détester Hamilton.
- C'est un mâle ? Elle demande pensivement.
- C'est ce qu'a dit le vendeur en tout cas. C'est un hamster blond angora, c'est pour ça que ses poils sont un peu plus longs et ébouriffés, c'est un pur race, il se vante.
- Je rêve où tu sous-entends que ton hamster est mieux que le mien ? Elle ricane.
- Je te donne juste les faits.
Hilare, elle dépose la petite créature à proximité d'Hamilton qui descend immédiatement de sa roue pour venir renifler son nouveau camarade.
Sous les deux scrutateurs de Charles et Hélène, les deux hamsters échangent un long regard empli d'une rivalité millénaire avant de finalement totalement s'ignorer.
- Tu lui as choisi un nom ? Elle demande, un peu déçue que les deux ne fassent pas plus ami-ami.
- Non, il secoue la tête. C'est ton cadeau, tu as une idée ?
Concentrée, la jeune femme regard les deux rongeurs s'éloigner l'un de l'autre s'ignorant royalement avant qu'une idée ne germe dans son esprit.
- Qu'est-ce que tu penses de Rosberg ?
Elle pointe tour à tour le hamster noir, Lewis Hamilton puis le hamster blond, Nico Rosberg.
- Je pense, il éclate de rire. Que tu es géniale Hélène et que c'est pour ça que je t'aime.
- Va pour Rosberg alors !
Elle lui offre un sourire ravi avant de se pencher en avant pour lui offrir un baiser de remerciement. Charles s'écarte quelques secondes plus tard, un air comique sur le visage.
- Hm, je pense qu'il va nous falloir une deuxième roue de hamster, il suggère.
- Pourquoi ?
Sans dire un mot, il pointe la cage du doigt la cage et les deux hamsters tous les deux en train de courir dans la petite roue, le seul problème étant qu'Hamilton court dans un sens et que Rosberg court dans l'autre, s'empêchant l'un et l'autre d'avancer.
- Je parie que Nico va gagner, ricane Charles.
- Dans tes rêves, elle lève les yeux au ciel.
Assise dans le fond du siège passager de la Ferrari 812 Competizione de Charles en route pour Toulon, Hélène fait défiler les notifications qui s'affichent sous ses yeux. Quelques mails du boulot, deux ou trois journalistes qui refusent de lâcher l'affaire même après tout ce temps et la défense plutôt solide que Ferrari à bâtie autour d'elle.
Rien de nouveau sous le soleil des réseaux sociaux en somme.
- J'ai reçu un message de Luisa, elle déclare sur le ton de la conversation. Elle va venir quelques jours à Monaco cet été, elle a proposé que l'on se voie.
- Donne-lui nos dates de vacances, il valide. Que l'on puisse s'accorder. Tu sais comment ça se passe avec Lando ?
- Non, Hélène secoue la tête. Elle n'en parle pas beaucoup et c'est pareil de son côté, mais Charlotte m'a dit qu'ils s'étaient revus en début d'année pour discuter et comme aucun des deux n'est mort, j'imagine que ça s'est bien passé ?
- Franchement, ça me dépasse, soupire le Monégasque. Aucun des deux n'arrive à trouver la page et pourtant, ils refusent de se remettre ensemble.
La brune hausse les épaules.
- Ils sont grands, ils finiront bien par trouver une solution, si possible une qui ne nous oblige pas à faire un choix entre l'un des deux.
- Refile le bébé à Charlotte, il suggère. Elle adore s'occuper des problèmes de cœur.
Hélène secoue la tête et ne répond pas, Charles à raison, s'il y a bien une personne qui puisse arranger la situation, c'est Charlotte.
Le reste du trajet se déroule tranquillement, entre les accords de piano des morceaux de Dreamers dont elle ne pourra jamais se lasser et la main de Charles posée sur sa cuisse, Hélène se laisser bercer jusqu'à Toulon.
Elle rayonne dans sa toge d'étudiante, la cérémonie de remise de diplôme se passe comme dans un rêve, monter sur l'estrade, recevoir son sésame, croiser les regards fiers de Charles, Christine et Pierrot dans la foule.
- J'ai pris une photo de toi sur scène, tu étais la plus belle ! Pleure Christine en lui tombant dans les bras.
- Merci, elle souffle en glissant son visage dans le cou de sa presque mère.
- On est fiers de toi, petite, la grosse voix de Pierrot tremblote alors qu'il lui tapote la tête avec douceur.
Charles se tient quelques pas derrière eux, un sourire fier plaqué sur les lèvres alors qu'il refuse poliment les demandes d'autographe et de photos. Ce n'est pas lui la star du jour, c'est Hélène.
Un autre diplômé accepte gentiment de les immortaliser tous les quatre pour une photo de famille qui ira sans aucun doute trôner sur la cheminée de Christine et Pierrot dès qu'elle aura été développée.
Pendant que la foule se dirige vers la salle de réception dans laquelle se tiendra le repas et la soirée, ils marchent tranquillement vers la sortie, Charles à d'autres plans pour la soirée et les deux retraités les raccompagnent à leur voiture.
Sur le chemin, Christine enroule son bras autour de celui d'Hélène pendant que les deux hommes discutent Formule 1 devant et glisse dans un chuchotement :
- Maude a appelé ce matin, elle voulait venir à la cérémonie.
Crispée par l'information, la brune hoche la tête pour montrer qu'elle a bien entendu.
- Je lui ai dit que c'était encore trop tôt et que tu lui ferais savoir quand tu serais prête à la revoir, mais elle s'impatiente.
- Elle aurait surtout fait une scène au bar, maugrée la jeune femme.
Christine secoue la tête, peinée.
- Elle dit qu'elle ne boit plus, elle aurait fait une sorte de cure l'été dernier et depuis elle serait abstinente.
- C'est tout le mal que je lui souhaite, soupire la brune. Mais je ne suis pas prête à pardonner.
- Je sais bien, ma chérie, souffle la petite femme. Personne ne te force à le faire, surtout pas moi, mais tu as le droit de savoir que ta mère fournit des efforts pour se soigner et retrouver une place dans ta vie.
- Elle m'envoie des messages, confie la plus jeune. De temps en temps, quand quelque chose lui fait penser à moi. Je ne lui réponds pas, mais je les lis.
- C'est très bien, il faut aller à ton rythme. Tu n'es pas obligé de la pardonner, mais n'oublies pas que tu as une mère et que pour la première fois depuis longtemps, tu es une priorité pour elle.
Hélène hoche la tête, pensive, elle n'a pas revu Maude depuis près de deux ans, un temps qui lui semble très court et en même temps terriblement long. Elle ne dirait pas que sa mère lui manque, à proprement parler, elle lui a fait trop de mal pour qu'elles puissent un jour avoir une relation mère/fille normale, mais parfois, elle aimerait bien avoir une personne plus âgée à qui se confier.
Maintenant qu'elle s'est totalement détachée de cette femme dont elle a tant cherché l'affection durant son enfance, Hélène a parfois l'impression de ressentir un manque, le besoin d'une présence maternelle que même Christine ne peut incarner. Quoi que sa mère ait pu faire, au fond d'elle Hélène l'aime toujours et elle sait qu'elle l'aimera toujours.
Alors oui, peut-être qu'un jour elles pourront reconstruire quelque chose ensemble, mais pour l'instant, il y a encore trop de colère dans le cœur d'Hélène. Elle ne se sent pas encore prête.
- Ne t'en fais pas pour ça, tu auras tout le temps d'y penser plus tard, rassures Christine. Ce soir, c'est la fête ! Tu sais où Charles va t'emmener ?
La brune hausse les épaules.
- Il a parlé d'un restaurant en bord de mer sans m'en dire plus, mais le connaissant, c'est sans doute hors de prix, elle soupire.
Christine laisse échapper un petit rire amusé devant la persévérance de Charles à toujours vouloir le meilleur pour Hélène.
- Vous rentrez à Monaco après ?
- Non, elle secoue la tête. On a réservé une chambre à l'hôtel pour le week-end, afin de profiter un peu avant qu'il ne parte pour Melbourne la semaine prochaine.
- Tu n'y vas pas avec lui ?
- J'étais à Bahreïn et Djeddah et puis Melbourne es si loin, n'y aller que pour le week-end serait stupide et je ne peux pas m'absenter du travail aussi longtemps. Je le rejoindrais à Miami dans plus d'un mois.
Elle ne peut s'empêcher de grimacer en y pensant, Miami lui semble affreusement loin et rester seule à Monaco ne l'enchante pas particulièrement, mais ils en ont longuement discuté tous les deux avant d'en venir à la conclusion que c'était la meilleure solution.
- Tu sais que tu peux rentrer passer le week-end à la maison quand tu le souhaites, proposes la retraitée. Ta chambre n'a pas bougé.
- Je le sais, elle sourit. Je prévois de passer du temps avec Charlotte et Pascale a aussi besoin d'aide pour repeindre le salon de coiffure, je te tiens au courant ?
L'autre femme lui offre un sourire d'assentiment avant qu'elles ne rejoignent toutes les deux la Ferrari de Charles contre laquelle les deux hommes sont adossés depuis quelques minutes.
- Prête à y aller ? Demande le Monégasque.
Prévenant, Pierrot aide Hélène à retirer sa toge d'étudiante et son chapeau typique avant de les ranger dans le coffre. Ils déposent une bise sur la joue de sa protégée, sa moustache la chatouillant au passage.
- Passe une bonne soirée, ma grande, il grogne pour masquer son émotion.
Hélène sourit devant le spectacle du grand homme si peu émotif au bord des larmes.
- Tu sais Pierrot, je suis techniquement diplômé depuis presque un an, rien ne va vraiment changer.
- Tu crois que je ne le sais pas ? Il ronchonne. C'est juste que te voir dans ta belle robe m'a rappelé l'époque où tu n'étais qu'un petit bébé à peine plus haut que trois pommes. Ça m'a mis un coup, mais ça va, pas la peine d'en faire tout un plat.
Touchée, Hélène esquisse un beau sourire lumineux avant de se pencher vers lui pour l'enlacer, ses bras faisant à peine le tour de l'homme qui l'a accompagné toute sa vie.
- Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, elle souffle à son oreille. Je t'aime papa.
Pierrot la serre de toutes ses forces dans son étreinte d'ours.
- Moi aussi ma grande, de tout mon cœur.
Hélène retient à peine ses larmes en montant dans la voiture où Charles l'attend, un mouchoir déjà prêt dans la main. Elle lui adresse un petit sourire et tapote le dessous de ses yeux dans une tentative vaine de ne pas détruire le reste de son maquillage.
- Je ne pleure pas, elle souffle.
- Bien sûr que non, il ricane.
Amusée, elle se retourne vers le pilote qui n'a pas encore démarré et plisse les yeux.
- Charles, mon amour, elle prononce sur le ton de la séduction.
- Oui ? Il lève les yeux au ciel.
- C'est mon grand jour aujourd'hui, pas vrai ?
- Tu as raison, il commence à voir où elle veut en venir.
- Je me dis qu'exceptionnellement, je pourrais conduire la Ferrari jusqu'au restaurant ?
Tout en parlant, elle lui offre son plus pour sourire et un véritable regard plein d'étoiles jusqu'à ce qu'il ne lève les yeux au ciel et pousse un long soupir, résigné.
- D'accord, il râle. Mais tu retires tes chaussures.
- Tout ce que tu veux ! Merci Charles ! Merci, merci !
Hélène bondit hors de la voiture pendant qu'il s'en extrait avec plus de résistances.
La brune pose les mains sur le volant et se tourne vers le Monégasque qui ressert son harnais un maximum pendant qu'elle ricane.
- Tu sais que je t'aime ? Elle lui sourit.
- Bien sûr que je le sais, il râle. Même si parfois, je me demande si tu ne sors pas avec moi juste pour mes voitures.
- Awn, Charles, elle sourit. Tu sais très bien que c'est pour tes voitures, mais aussi pour ton énorme...
- Stop ! C'est bon, j'ai compris, roule, il passe une main sur son visage rougit.
- J'allais dire compte en banque, mais c'est comme tu préfères, elle lui offre un clin d'œil.
- Hélène...
Cette fois-ci, elle éclate définitivement de rire en lançant le bolide dans les rues du Toulon et il n'en faut pas plus à Charles pour s'agripper à la poignée.
Le trajet passe à toute vitesse pour Hélène qui s'amuse comme une folle, faisant vrombir le moteur de la Ferrari à chaque occasion. Il est en revanche beaucoup plus long pour Charles qui s'accroche comme il peut à ce qui l'entoure, se retient de toutes ses forces de tirer sur le frein à main et calcul mentalement le montant des réparations si par malheur Hélène abîme la carrosserie.
Arrivés au restaurant, c'est Charles qui se propulse en dehors de la voiture et en fait le tour tout aussi rapidement pour venir ouvrir la portière d'Hélène comme un gentleman et accessoirement récupérer les clés.
- C'était génial ! Elle s'extasie. Il faudra que l'on refasse ça !
- Tout ce que tu veux, trésor, il grince.
Une main posée dans le bas des reins de la jeune femme, il la guide vers l'entrée du restaurant, un portier leur ouvre élégamment la porte et ils pénètrent dans une grande salle ouverture sur la mère. Autour d'eux, de grands chauffages d'extérieur disséminent une douce chaleur qui vient contrebalancer la fraîcheur de l'hiver méditerranéen et des lanternes éclairent la pièce d'une lueur tamisée très intime.
Presque immédiatement, un détail alerte Hélène et lui fait froncer les sourcils.
Pour un endroit aussi prestigieux, le restaurant lui semble étonnamment vide. À vrai dire, ils sont les seuls dans la pièce.
- Charles...elle grince.
- Oui amour ? Il feint l'innocence.
D'un geste fluide, il la guide vers la terrasse ouverte d'où elle peut déjà percevoir un magnifique panorama sur la mer Méditerranée.
- S'il te plaît, ne me dis pas que tu as privatisé le restaurant.
Le Monégasque lève les yeux au ciel.
- Ne t'inquiète pas, il ricane. Je n'ai pas eu besoin de le faire.
- Quoi ? Comment ça ?
Sans lui laisser le temps de creuser plus, il la pousse sur la terrasse.
- Ah ! Mais on dirait que ma plus grande fan est enfin arrivée !
Sous ses yeux écarquillés, Hélène découvre une grande table autour de laquelle se trouve Carlos, Lando, Pierre avec qui elle a fini par faire la paix, George et Carmen, Daniel, Max, Charlotte, Pascale et les frangins Arthur et Lorenzo, tous ceux qui étaient là première fois que Charles lui a présenté son monde.
Tous ceux qui ont compté.
- Vous êtes fous, ses yeux brillent de larmes. Qu'est-ce que vous faites tous là ?
- On n'est pas beaucoup à être diplômés ici, sourit Carmen. Alors quand une copine obtient son master, il faut fêter ça !
Touchée au-delà des mots, Hélène se retourne vers Charles qui lui sourit en retour et hausse les épaules comme si de rien n'était.
- Merci, elle souffle.
- C'est Charlotte qui à tout organisé, il secoue la tête.
Le sourire d'Hélène s'agrandit, elle sait parfaitement que c'est faux.
- Bon, vous venez vous asseoir ou vous attendez que l'on meure tous de faim ? Râle Lando.
Il laisse échapper un couinement vexé quand Carlos lui met un coup de pied sous la table et Hélène éclate de rire avant de prendre place, assise entre l'Espagnol et Charles avant d'être immédiatement prise à partie par le premier.
- Alors ? Qu'est-ce que ça fait d'être adulte ? Il demande, sournois.
La brune ne se laisse pas faire et répond immédiatement.
- Et toi ? Qu'est-ce que ça fait d'être vieux ?
Quelques rires éclatent autour de la table avant que les conversations ne reprennent bon train.
- Plus sérieusement ? Comment va mon pilote préféré ? Confiant pour ta dernière saison chez Ferrari ?
- J'ai bon espoir en tout cas, il sourit, carnassier. Et toi ? Toujours la belle vie sous le soleil de Monaco ?
- Je t'ai déjà dit de venir me voir plus souvent, elle râle. Je t'assure que la ville te plairait si tu me laissais te faire visiter.
- Et voir tous les jours leurs sales têtes ? Il pointe les autres du regard. Désolé Carlita, mais je préfère de très loin mon Espagne.
- Ce que tu peux être casse-pieds, elle lève les yeux au ciel.
- Je ne suis pas casse-pieds, je suis têtue et les femmes trouvent ça particulièrement séduisant en général, il lui fait un clin d'œil évocateur.
Hélène s'esclaffe devant les tentatives plutôt lourdes de drague et ne perd pas son sourire lorsque Carlos se penche un peu plus vers elle, abaissant volontairement sa voix pour ne pas être entendu.
- Tu as eu des nouvelles de tu-sais-quoi ? Il demande, soucieux.
La Toulonnaise comprend immédiatement de quoi il parle et secoue la tête, désolé.
- Pas depuis le procès. Les avocats que Ferrari m'a donnés pour me représenter personnellement ont insisté pour faire appel en soutenant qu'une peine de prison avec sursis n'était pas suffisante, mais j'ai refusé.
Carlos hausse les sourcils.
- Pourquoi ?
- Parce que j'avais envie de tourner la page et ce n'est pas en envoyant quelqu'un de malade en prison que j'allais réussir à avancer.
- Mais elle a été reconnue responsable pénalement, il fronce les sourcils.
Hélène secoue la tête, un petit sourire triste aux lèvres.
- Tu n'étais pas là, au procès, elle souffle. Même si elle était consciente de ce qu'elle me faisait, de ce qu'elle nous faisait au moment des faits, la femme que j'ai vue au tribunal n'avait plus rien à voir. C'est sa vie qu'elle a détruite, elle a perdu tout ce qu'elle avait, son travail, son couple, ses amis, sa réputation. J'ai trouvé qu'elle avait déjà été suffisamment punie.
- Je ne pouvais pas être là, la voix de l'Espagnol tremble. Je n'en étais pas capable.
- Je sais, je comprends, elle attrape sa main sous la table. J'y suis allée pour nous deux Carlos, il faut que tu ais confiance en mon jugement.
- Toujours Carlita, il plante son regard dans le sien.
Hélène lui sourit de toutes ses dents, essayant de lui insuffler le courage et l'affection qu'elle ressent.
- Tu sais que tu peux m'appeler quand tu veux ? Elle insiste. J'aimerais que tu m'appelles quand ça ne va pas, ne reste pas dans ton coin comme un beau ténébreux.
Hélène sait parfaitement à quel point les mois qui ont suivi leur voyage en Espagne ont été durs pour Carlos. Entre la culpabilité d'avoir trompé Isabel, la colère de la voir reporter sa haine contre Hélène et la fin de leur relation longue de sept ans.
Il pilote s'est totalement refermé sur lui-même et il lui a fallu plusieurs mois avant de pouvoir se trouver en présence d'Hélène et encore plus pour pouvoir la regarder dans les yeux.
Dans son malheur, la Toulonnaise est heureuse d'avoir pu prendre du recul, de s'être échappée quelques mois loin de tout ce tourbillon médiatique là où Carlos a dû faire face et prendre la vague de plein fouet.
Elle s'est donc donnée pour mission de le soutenir autant que possible, aussi, longtemps, qu'il le faudra.
C'est ce que l'on fait quand on aime.
La conversation reprend sur un ton plus léger et Hélène est rapidement accaparée par les autres convives. Ils ont tous bien changé depuis la première fois qu'elle les a rencontrés.
Par exemple, elle soupçonne George et Carmen de penser à se marier, Lando fait pousser sur son menton une barbichette qui ne convainc Hélène qu'à moitié, Daniel a quitté la F1 et est revenu, Arthur a décidé de passer à autre chose, Max est trois fois champion du monde et toujours aussi décidé à le rester.
Le temps a passé et pourtant, Hélène est toujours là, elle n'aurait pas parié là-dessus.
Mais il faut croire qu'elle est plutôt douée pour déjouer le destin.
La main de Charles se fraie un chemin sous la table et attrape la sienne, la pressant doucement pour attirer son attention.
Lui aussi a beaucoup changé. Quand Hélène le regarde, elle le trouve plus mûr, plus sûr de lui et en même temps, cette étincelle dans son regard, elle, n'a pas changé d'un pouce.
Ils sont passés par tant de tempêtes, tant de tourments, ils auraient pu baisser les bras, se briser mille fois.
Mais ils sont toujours là.
Alors, oui, Hélène doit relativiser, peut-être qu'il fallait passer par un si terrible malheur pour pouvoir embrasser un si grand bonheur, à vrai dire, elle ne se pose jamais vraiment la question.
C'est arrivé un jour de juillet qu'elle n'est jamais parvenue à regretter.
Charles lui lance un regard amusé qui la fait sortir de ses pensées.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Elle sourit.
- Tu n'arrêtes pas de me regarder.
Les yeux d'Hélène pétillent et son sourire s'élargit tandis qu'elle efface l'espace entre eux et souffle contre ses lèvres, projetant dans son chuchotement tout l'amour du monde :
- Jamais.
════════
Merci d'avoir assisté à la Collision de Charles et Hélène ♡
Wouah, je me sens toute drôle à l'idée d'en avoir terminé avec ces deux-là. Leur dire au revoir après autant de temps passé ensemble, je crois que je ne me rends pas vraiment compte.
Mais il est temps, leur histoire est terminée pour nous et elle ne fait que commencer pour eux et vous pouvez être certains que je n'y vois qu'un immense bonheur et beaucoup de joie pour tous les personnages de Collision.
J'ai essayé de vous apporter autant de réponses que possibles dans ce dernier chapitre, de refermer toutes les portes et d'ouvrir un futur à chacun, j'espère que vous y aurez trouvé votre compte.
Merci infiniment à vous tous qui avez trouvé la volonté d'aller au bout de cette histoire, si l'on m'avait dit, il y a plus d'un an, que Collision irait aussi loin et trouverait autant de « fans » je n'y aurais pas cru une seconde ! Alors merci, merci d'avoir fait vivre Charles et Hélène, merci de vous être accrochés même quand je disparaissais sans prévenir, merci de m'avoir encouragé et donné envie de continuer quand j'en arrivais à détester ce que j'écrivais.
J'ai rencontré beaucoup de personnes incroyables en écrivant Collision, trop pour toutes les cités, mais je suis certaines que vous vous reconnaîtrez, merci à vous aussi de me faire sentir aussi appréciée dans cette belle communauté qu'est le Wattpad F1, vous êtes des anges.
L'histoire pourrait se terminer ici, mais il y a encore une scène que j'aimerais beaucoup écrire et que j'ai en tête depuis très longtemps, je me demande si vous saurez trouver ce que s'est haha :')
C'est pour ça que je vous donne rendez-vous mardi (ou mercredi si je suis en retard) pour terminer en beauté avec la conclusion et un petit saut dans le temps pour découvrir les Charles et Hélène du futur !
Et pour toutes celles et ceux qui craindraient de ne plus savoir quoi faire de leur mardi, n'ayez pas peur, il se pourrait qu'une toute nouvelle histoire arrive très prochainement ;)
Bye les copains ♡
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