𝐄́𝐏𝐈𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄
— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —
𝐋𝐚 𝐜𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐥'𝐢𝐫𝐫𝐮𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝'𝐮𝐧𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐭𝐢𝐜𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐥𝐦𝐞 𝐩𝐥𝐚𝐭 𝐝𝐞 𝐥'𝐞𝐱𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧𝐜𝐞; 𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐞𝐭 𝐣𝐨𝐮𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞, 𝐛𝐨𝐮𝐫𝐫𝐚𝐬𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐫𝐞𝐬𝐬𝐨𝐮𝐫𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐛𝐫𝐮𝐥𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐟𝐮𝐦.
Hélène s'avance seule sur la petite scène du média center, elle est parfaitement calme et transpire l'assurance, aidée par le petit badge accroché à sa poitrine sur lequel est inscrit fièrement : Directrice de course.
Sans qu'elle n'ait besoin d'élever la voix, le calme se fait progressivement dans la foule de commissaires de piste du circuit Paul Ricard réunis spécialement pour la dernière réunion avant le lancement du Grand Prix.
La brune peut sentir dans son dos la présence impressionnante de Pierrot, les bras croisés sur son immense poitrine et les yeux fixés sur la foule, mettant quiconque au défi d'interrompre le discours de sa fille chérie.
Hélène grimace, elle n'est pas encore habituée à prendre la parole devant autant de monde. Le fait qu'elle soit bien plus jeune que la plupart des personnes présentes dans la pièce n'aide pas non plus, mais elle n'est pas connue pour se laisser facilement intimider et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle compte laisser cela arriver.
Pour ménager le suspense, elle prend une grande inspiration et balaie la pièce du regard.
Il s'en est écoulé, du temps, depuis le dernier Grand Prix de France, des années plus tôt.
- Bonjour à tous, elle sourit gentiment. Vous me connaissez, je ne suis pas une adepte des longs discours, alors je vais aller droit au but.
Un rire collectif prend possession de la salle et Pierrot soupire, agacé, on ne changera pas Hélène.
- Nous avons tous énormément travaillé au cours des dernières années afin de permettre le retour du Castellet dans le calendrier des Grand Prix, elle reprend. Chacun d'entre vous s'est investi bénévolement, sur son temps libre et c'est ce travail collectif qui nous a permis de revenir dans la course, vous pouvez être fiers de vous.
La jeune femme marque une pause, laissant le temps à l'émotion d'imprégner les cœurs.
- Nous sommes prêts, elle martèle avec force. Les premiers spectateurs arrivent tôt demain matin. Chacun d'entre vous a reçu sa feuille de mission avec son rôle tout au long du Grand Prix et les affectations des équipes autour du tracé du circuit.
Un murmure d'assentiment parcourt la foule, il faut dire qu'Hélène est passée à deux doigts de faire tatouer à chacun son rôle.
- Peu de circuits ont la chance de revenir après une si longue absence, elle confie d'une voix grave. Il faut donc s'attendre à être scruté et à ce que la moindre erreur soit relayée partout dans les médias, je compte sur vous pour donner votre maximum, pour vous amuser et pour montrer à ces crétins de la FIA ce qu'ils ont manqués pendant toutes ces années où ils ont refusé le retour du Grand Prix de France !
Des cris et des sifflets montent de partout, Hélène sourit, elle a l'impression de motiver ses troupes pour la bataille, elle peut presque voir Pierrot lever les yeux dans son dos.
Elle attend quelques secondes que le calme revienne dans la salle avant de reprendre la parole, un sourire amusé plaqué sur ses lèvres.
- Alors aucun faux pas, interdiction de laisser des pilotes se cracher ou s'immoler eux-mêmes dans leurs monoplaces en feu et surtout pas celui que je suis censé épouser le mois prochain.
Dans la salle de pause après une énième conférence avec les gestionnaires médias et les préposés de la FIA, Hélène s'autorise à souffler un peu. Le Grand Prix commence dans trois heures, Charles a la pole position, mais Max est deuxième et l'avance de Charles au championnat ne lui permet pas de commettre la moindre erreur.
Adossé, contre le mur en face de la table sur laquelle elle s'est assise, Bruno la regarde d'un air amusé.
- Déjà fatiguée d'être la grande patronne ? Il se moque gentiment.
- C'est toi qui me dis ça ? Elle grimace. Tu es celui qui ressemble à un mort-vivant. D'ailleurs, où sont Anne et mon neveu préféré.
- À la maison, le petit fait une poussée de fièvre à cause de ses dents, ça fait deux jours qu'il nous fait vivre un enfer.
- Les enfants, elle lève les yeux au ciel. Quel merveilleux cadeau.
- Tu ne devrais pas te moquer, il ricane. Tu sais que Lando et Carlos ont lancé un pari sur le temps qu'il vous faudra pour mettre un bébé Leclerc en route après le mariage.
La jeune femme lève les yeux au ciel, elle est toujours épatée de voir à quel point ces deux idiots peuvent être plus investis dans leurs relations que Charles et Hélène eux-mêmes.
- Je ne sais pas de quoi tu parles, elle râle. Nous sommes les parents de deux adorables hamsters en pleine santé.
- À propos de ça, je ne sais pas comment vous faites pour qu'ils ne s'entretuent pas. Ces deux bestioles se détestent.
Hélène laisse échapper un petit rire amusé, elle ouvre la bouche pour répondre, mais est interrompue par la sonnerie de son téléphone professionnel.
Agacée par avance, elle le sort de sa poche.
- Je te jure que si c'est encore un journaliste qui me demande où Charles et moi partons en lune de miel, je vais commettre un meurtre...
Mais contre toute attente, elle reconnaît immédiatement le numéro qui s'affiche sur l'écran. Soucieuse, elle lève les yeux vers Bruno qui secoue la tête.
- File, il lui ordonne. Je m'occupe de régler les détails, mais ne sois pas en retard tout à l'heure.
- Qu'est-ce que je ferais sans toi, Bruno ? Elle sourit. Je te retrouve tout à l'heure !
Sans demander son reste, la jeune femme quitte la pièce en trombe avant que le colosse n'ait le temps de changer d'avis.
Les sourcils froncés, elle compose le numéro qu'elle vient de manquer, mais tombe immédiatement sur le répondeur.
Sans faire attention aux flashes des appareils photo qui crépites à chaque fois qu'elle met un pied dehors, Hélène file à travers le Paddock en direction du motor home de l'écurie au cheval cabré dans laquelle la laisse entrer sans la moindre résistance.
Après tout, elle y est chez elle.
Connaissant les couloirs par cœur, elle s'engage dans le labyrinthe sans hésiter et pile net lorsqu'elle aperçoit au détour d'un couloir, une silhouette familière trottinant dans sa direction.
- Holla Carlita, résonne une voix à l'accent chantant.
Tout en parlant, il se penche pour déposer une bise sonore sur la joue de la jeune femme.
- Carlos, elle sourit. Tu sais où il est ?
- Je te le dis uniquement si tu fais de moi le parrain de votre bébé.
Hélène lève les yeux au ciel, ils sont intenables.
- Bonne journée Carlos, elle soupire.
- Allé Hélène, tu sais que je suis ton meilleur choix.
- Combien de fois il va falloir vous le dire, elle s'exaspère. Je dois rentrer dans ma robe de mariée dans moins d'un mois et il est hors de question de devoir faire reprendre toutes les mesures. Il n'y a pas de bébé.
- Pas encore, il lui lance un regard suggestif.
La brune soupire, exaspérée.
- Si tu veux à ce point un bébé, Carlos, elle râle. Tu n'as qu'à en faire un toi-même.
- Ne parle pas de malheur, il s'horrifie. Je suis beaucoup trop jeune pour être père !
Le regard qu'elle lui lance en dit long sur ce qu'elle pense et le pilote Espagnol baisse les bras, pour le moment.
- D'accord, il soupire. Il est dans sa driver room, il t'attend.
- Merci Carlos, elle lui adresse un rictus.
Il lève les yeux au ciel tandis qu'elle le dépasse et ils se séparent là, de toute façon, ils ont prévu de manger au restaurant ce soir après la course, il aura tout le temps de la faire chier à ce moment-là.
Il faut encore quelques secondes à l'ancienne Toulonnaise pour parvenir devant la porte de la driver room qu'elle ouvre sans frapper découvrant à l'intérieur un Charles, combinaison de pilote nouée autour de la taille, en train de faire les cent pas.
Doucement, elle referme la porte derrière elle et enclenche le verrou, on n'est jamais trop prudent.
- Hey, elle souffle. Tu m'as appelé ?
- Oui, il lève ses sublimes yeux clairs dans sa direction. Est-ce qu'on peut le faire ?
Hélène hausse les sourcils, surprise.
- Charles, elle hésite. On n'a dit pas en public.
- Je sais, il expire. Juste cette fois, s'il te plaît, cinq minutes.
La brune se mord la lèvre, jette un coup d'œil en direction de la porte avant de hocher la tête rapidement. Si Charles n'avait pas eu l'air aussi désespéré, elle aurait dit non sans hésiter.
Mais le sourire heureux qu'il lui lance vient à bout de tous ses doutes. Doucement, il tapote la place à côté de lui sur le canapé.
Hélène s'installe, le dos contre le dossier et immédiatement, Charles pose la tête sur ses genoux, le nez contre son ventre et enroule un bras autour de la taille de la jeune femme qui enfonce ses doigts dans les mèches brunes désordonnées.
Immédiatement, elle peut le sentir se détendre alors qu'il prend de lentes inspirations contre sa peau, la faisant frissonner au passage.
- Est-ce que ça va ? Elle demande.
- Tu t'es levé cette nuit ?
Hélène ne relève pas le changement de sujet évident, elle se contente de hocher la tête.
- J'avais faim, j'ai terminé les cornichons et le tube de crème chantilly, elle répond.
- Les deux en même temps ?
Même sans regarder, elle devine sa grimace dégoûtée.
- J'avais vraiment très faim, elle rit. Désolé de t'avoir réveillé.
Il secoue la tête, frottant sa joue sur les cuisses de la brune.
- Tu ne m'as pas réveillé, je ne dormais pas.
Les caresses dans les cheveux du pilote Monégasque s'arrêtent un instant avant de reprendre de plus belle.
- Tu veux en parler ? Elle demande doucement.
- Pas vraiment, il souffle. C'est juste étrange de se dire que c'est la première fois que je vais reconduire ici depuis l'accident. J'y ai beaucoup pensé ces derniers jours.
- Ça t'inquiète ?
Elle pince les lèvres.
- Non, mais je ne peux pas dire que ça ne me fait rien. Le fait d'être là, avec toi, même après tout ce temps...
- Les choses sont différentes aujourd'hui, elle essaie de se montrer rassurante.
- Pas vraiment, une erreur est vite arrivée.
- Mais non, elle le dispute doucement. Pour commencer, tu n'étais pas double champion du monde la dernière fois, tu n'étais pas non plus en tête du championnat comme aujourd'hui et enfin, tu ne me connaissais pas, ce qui fait définitivement une énorme différence.
Le pilote laisse échapper un rire amusé, oui, les choses sont bien différentes de ce jour-là, il n'est certainement pas celui qui dira le contraire.
- Tu as raison, tout va bien se passer, il essaie de se convaincre.
- Laisse-moi le rôle de celui qui s'inquiète et concentre-toi sur ta course, elle encourage. Je te ferai dire que tu es obligé de gagner d'ailleurs, sinon je serais très en colère et tu n'as pas envie de me mettre en colère.
- Oh non, il rigole. Je me rappelle encore la dernière fois.
- Je t'ai déjà dit que j'étais désolé, elle râle. Tu sais parfaitement que j'ai du mal à gérer mes émotions en ce moment.
- Je sais, trésor, il sourit. C'est pour ça que je ne m'énerve pas quand tu t'énerves contre moi parce qu'il pleut alors que tu voulais te balader.
Hélène rougit furieusement à la pensée de ce moment dont elle a particulièrement honte avec du recul.
- Tu sais que j'y serai, là-bas, dans le virage 11, elle souffle à la place.
- Je sais, je te ferai coucou en passant.
- Je préférerais autant que tu gardes les mains sur le volant, elle rit. Je ne pourrais pas venir te chercher cette fois si tu te crashes.
- Je serai très en colère si tu le fais.
- Alors nous avons un accord, deal ?
- Deal.
Hélène esquisse un sourire, rassurée, avant de retirer ses mains des cheveux de l'homme de sa vie.
- Tes cinq minutes sont passées, monsieur Leclerc, elle souffle. Il faut que tu me laisses retourner travailler.
- Tu ne veux pas rester encore un peu ?
Elle pousse sa tête sans ménagement pour se redresser et s'étirer, debout au milieu de la driver room.
- Moi aussi, je suis une personne importante maintenant, il y a des gens qui m'attendent, ils seront perdus sans moi.
- Tu as toujours été importante à mes yeux, il souffle en l'enlaçant par derrière.
Touchée, elle se retourne pour lui rendre son étreinte.
- Je sais bien, elle sourit avec de poser ses lèvres sur les siennes.
Ils s'embrassent pendant de longues minutes avant de finalement se séparer et de se regarder longuement.
- Gagne la course, je suis là pour assurer tes arrières.
- Ah vos ordres, madame Leclerc, il rit.
- Ah ! Elle ferme les yeux de bonheur. J'adore quand tu dis ça.
- Je sais, il glousse avant de l'embrasser à nouveau.
Il faut à Hélène un gros effort de courage et de volonté pour parvenir à s'extirper des bras de son fiancé. Lentement, elle marche jusqu'à la porte qu'elle ouvre avant de se retourner et de croiser son regard clair fixé sur elle.
- Tu sais que je t'aime ? Elle sourit. Que tu gagnes ou pas.
- Bien sûr et je t'aime aussi.
Ils échangent un nouveau sourire complice avant qu'Hélène ne s'éclipse, non sans envoyer un baiser volant au pilote qui fait semblant de l'attraper et de la plaquer contre son cœur de la plus clichée des manières, arrachant un rire à la jeune femme.
C'est à ça que ressemblera chaque journée à présent, jusqu'à la fin des temps.
Quelques heures plus tard, depuis l'endroit où leur vie a basculé, Hélène regarde Charles franchir la ligne d'arrivée le premier, le cœur battant la chamade, une main sur son ventre et dans la tête, l'idée que cette vie de bonheur, ils l'ont bien mérité.
𝑯𝒆𝒍𝒆𝒏𝒆 𝑪𝒉𝒆𝒗𝒂𝒍𝒊𝒆𝒓 𝒙 𝑪𝒉𝒂𝒓𝒍𝒆𝒔 𝑳𝒆𝒄𝒍𝒆𝒓𝒄
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Ce qui a commencé au Castellet, termine au Castellet ♡
Cette fois-ci, la boucle est définitivement bouclée, la dernière page de Collision se tourne pour Charles et Hélène, mais beaucoup d'autres se sont ouvertes vers un avenir radieux fait de voiles de mariée, de rires d'enfants et de championnats du monde.
Merci d'avoir suivi Collision, d'avoir souffert avec Charles, versé des larmes avec Hélène, détesté Isa et adoré Pascale de Charlotte.
Cette histoire, c'est mon bébé, ma première vraie histoire, quarante-huit chapitres, 370 pages Word, plus de 166 000 mots, des dizaines de milliers de lecteurs dans plus de soixante-douze pays, des milliers de commentaires et beaucoup, BEAUCOUP d'amour.
Même si ça a parfois été dur, je me suis accroché, parce que je voulais donner à Charles et Hélène la fin heureuse qu'ils méritaient et parce que je vous devais bien ça à vous qui avez surmonté tous ces retournements de situation sadiques que j'ai adoré écrire.
J'ai déjà beaucoup parlé dans les chapitres précédents alors je vais m'arrêter là.
Cette histoire sera pour toujours ma merveille et je suis contente que nous ayons pu la vivre ensemble.
Collision vous fait ses adieux ♡
Bye les copains ♡
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