𝐃𝐈𝐗-𝐒𝐄𝐏𝐓











— 𝐂 𝐎 𝐋 𝐋 𝐈 𝐒 𝐈 𝐎 𝐍 —









𝐂𝐨𝐥𝐥𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 : (𝐧.𝐟) - 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐨𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐝𝐞, 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐨𝐛𝐬𝐭𝐚𝐜𝐥𝐞.









𝐒𝐚𝐦𝐞𝐝𝐢 𝟏𝟑 𝐀𝐨𝐮𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐

𝐀𝐮𝐭𝐨𝐫𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐀𝟖

𝐅𝐫𝐞𝐣𝐮𝐬 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞



Le silence est assourdissant dans la voiture lancée à grande vitesse sur l'autoroute. La tête tournée vers la fenêtre, Hélène regarde Fréjus disparaître dans le rétroviseur, insensible à la musique entraînante qui s'échappe pourtant des haut-parleurs, playlist quelconque, diffusée par une radio locale pour les quelques rares automobilistes encore debout à cette heure pourtant avancée de la nuit.

Frénétiquement, ses doigts tapotent contre la surface de son téléphone, relançant appels sur appels, envoyant messages après messages, toujours plus pressé, désespéré. Le son monochrome du répondeur sur lequel elle tombe à chaque fois lui vrille les oreilles alors que la peur coule dans ses veines à la manière d'un serpent glacé, s'emparent d'elle tout entière, compressent ses organes, privant progressivement ses poumons d'oxygène.

Machinalement, elle s'agrippe à la portière alors que Bruno effectue un dépassement par la droite des plus risquée.

- Toujours rien ? Il demande.

- Non.

Il n'ajoute rien, mais il n'a pas besoin de parler pour qu'elle ses pensées et une partie d'elle culpabilise de savoir qu'il a peut-être raison. Que tout ça, c'est trop gros pour elle, qu'elle aurait dû laisser Carlos gérer, rester chez elle et attendre des nouvelles, ne pas se lancer dans une course désespérée à la poursuite d'un homme qu'elle a pourtant juré de laisser s'en aller. Quand elle repense à sa discussion avec Christine quelques heures plutôt, elle a presque envie de rire. Se laisser du temps ? Quelle terrible blague.

Bruno glisse un regard soucieux sur son amie, avise son genou tremblant frénétiquement et le regard hagard qu'elle porte sur l'horizon. Reportant son regard sur la route, il pousse un soupir avant d'enfoncer un peu plus la pédale de l'accélérateur.

- Tu n'as qu'un mot à dire, il souffle. Et je fais demi-tour.

La brune lève vers lui un regard curieux avant de le reporter sur l'extérieur.

- Merci, mais je dois savoir. S'il a besoin d'aide, je dois être là pour lui.

- Rien ne t'oblige à porter le poids du monde sur tes épaules, Hélène. Il n'y a rien de mal à laisser les autres s'en occuper.

Hélène ferme brièvement les yeux avant de laisser retomber son crâne l'appuie-tête.

- Je sais tout ça, elle soupire. Mais, quand il s'agit de Charles, il y a cette petite voix dans ma tête qui me souffle de m'accrocher, de ne pas le laisser tomber, d'être là pour lui.

- Même si lui n'est pas là pour toi ?

Hélène baisse les yeux, ne sachant que répondre à cela, à cette vérité crûe.

- Depuis le début, dès qu'il va mal, tu accours pour le soutenir sans faire attention à la manière dont ça te blesse à chaque fois. Mais quand toi, tu vas mal qu'est-ce qu'il fait ? Il te dit qu'il veut parler pour finalement prendre la fuite.

Elle pince les lèvres, les yeux fixés sur l'écran de son téléphone et sa main bandée juste en dessous.

- Tu n'es pas celle qui devrait être blessée, Hélène. Au contraire, Leclerc devrait passer le reste de sa vie à s'assurer que tu sois heureuse et à être là pour toi.

- Un jour, il le sera, elle souffle.

- Quoi ?

Elle déglutit, incertaine de ce qu'elle vient elle-même d'affirmer. Mais il est trop tard pour revenir en arrière maintenant. Elle inspire lentement pour se donner du courage.

- Un jour, il sera là pour moi, elle affirme. Je ne peux pas te dire comment je le sais, mais je le sais, je le sens, c'est comme ça. Pour l'instant, je suis forte, je peux supporter ça pour nous deux, je peux le supporter pour lui.

- Comment est-ce que tu peux être aussi sûr que...

Mais ils sont tous les deux interrompus par la sonnerie du téléphone de la brune qui perce dans d'habitable à la manière d'une sirène. Incrédule, elle fixe le numéro qui l'appelle avant de jeter un regard incertain à Bruno. C'est Charles. Charles l'appelle.

Avec précipitation, elle accepte la communication avant de porter l'appareil à son oreille.

- Allô ? Sa voix tremble. Charles ?

Mais seul le silence lui répond de l'autre côté du combiné. Le corps glacé malgré la chaleur ambiante, elle s'éclaircit péniblement la voix avant de reprendre un peu plus fort :

- Charles ? C'est Hélène, est-ce que tu...

- Hélène...? C'est toi ?

La voix à l'autre bout du fil est faible et hésitante, mais c'est bien celle du Monégasque.

Un poids immense se retire des épaules de la jeune femme et ses yeux s'emplissent de larmes de soulagement alors qu'elle se laisse glisser au fond de son siège et bascule l'appel en haut-parleur.

- Oui, c'est moi, elle soupire. Tu peux me dire où tu es, tout le monde te cherche et...

- Hélène...? Où est-ce que tu es ?!

La panique qui perce clairement dans la voix lointaine du jeune homme lui fait immédiatement froncer les sourcils. Quelque chose ne va pas.

- C'est moi, Charles. Je suis là. Tu m'entends ?

Tout en parlant, elle jette un regard inquiet à Bruno qui lui indique silencieusement qu'il va s'arrêter à la prochaine aire d'autoroute.

- Charles ?

- J'entends ta voix, mais tu n'es pas là... Tu n'es pas là...

Une série de sons brouillés lui parviennent difficilement et Hélène se redresse, tous ses sens en alerte, les sourcils froncés au-dessus de son téléphone.

- Je suis là, au téléphone. Dis-moi ce qu'il se passe Charles, elle ordonne presque.

Plusieurs autres sons lui parviennent et il faut presque une éternité à Hélène pour comprendre que ce qu'elle entend, ce sont des sanglots, les sanglots de Charles. Charles pleure.

En elle, la peur crève le plafond et son cerveau se fige totalement alors qu'elle relève des yeux écarquillés vers Bruno dont les mains sont agrippées si fort au volant que ses jointures en deviennent blanches.

Charles est en train de pleurer. Pendant quelques longues secondes, Hélène se sent totalement dépassée, perdue, anéantie. Elle ne sait plus quoi dire, ni ce qu'elle doit faire, comme si toute pensée cohérente l'avait totalement abandonnée.

Et puis sans qu'elle ne s'en rende compte, le calme revient, la peur disparaît comme si elle n'avait pas sa place dans son corps, emportant avec elle toute appréhension, toute émotion, négative ou positive, ne laissant qu'une intense sérénité et la certitude absolue que Charles a besoin d'elle et qu'elle est la seule à pouvoir l'aider. Exactement comme ce jour-là, quelques instants avant qu'elle ne plonge dans les flammes. Quelque part dans sa mémoire, la voix du docteur Perchenet refait surface, lui rappelant la discussion qu'elles ont eu à propos de l'adrénaline et de ses effets.

De nouveau en pleine possession de ses moyens, Hélène inspire lentement, faisant le vide dans son esprit.

- Charles, elle souffle. Tu entends ma voix n'est-ce pas ?

Toute trace de panique ou d'autorité a disparu de son timbre, ne laissant qu'un calme olympien à mesure que sa conscience et ses émotions refluent lentement, écrasées par la certitude que sa peur n'aidera pas le garçon à l'autre bout du fil.

- Oui...Il sanglote de nouveau. J'entends tout le temps ta voix...

Le cœur d'Hélène se brise en mille morceaux, mais elle n'y prête pas attention.

- D'accord, elle acquiesce. Il faut que tu m'écoutes attentivement, okay ?

- T'es pas réelle, il gémit. C'est juste une hallucination...

Elle grimace douloureusement.

Leur voiture s'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence et Bruno allume le plafonnier avant de se tourner vers elle, arborant une mine tout aussi inquiète que la sienne. D'un mouvement, elle lui intime de garder le silence.

- Hey...elle souffle. Ce n'est pas parce que je ne suis pas réelle que je ne m'inquiète pas moins pour toi, tu le sais ça ?

Un nouveau bruit de frottement lui parvient et elle l'imagine en train d'acquiescer contre le téléphone.

- Et tu ne veux pas que je m'inquiète, pas vrai Charles ?

Elle a l'impression de parler à un enfant.

- Non...il gémit.

- C'est très bien, elle sourit doucement. Tu pourrais peut-être me dire où tu es ?

- Je ne sais pas...

Elle fronce un peu plus les sourcils.

- Tu ne sais pas où tu es, ou tu ne veux pas me le dire ?

- J'étais dans la voiture, il geint. Je voulais te voir, tu n'arrêtais pas de me dire de venir te voir et maintenant, la voiture ne veut plus avancer du tout et je ne sais pas où je suis...

Dans ses veines, le sang d'Hélène ne fait qu'un tour alors qu'elle lève un regard inquiet vers Bruno.

- Charles, est-ce que tu as eu un accident ? Tu es blessé ?

Malgré tous ses efforts, la voix de la brune monte dans les aiguës à mesure que ses mains recommencent à trembler et qu'elle est obligée de poser le téléphone sur le tableau de bord pour ne pas le faire tomber.

Et Charles n'arrête toujours pas de pleurer, ajoutant à son angoisse.

- Je ne sais pas, il pleure. Je ne sais plus, la voiture ne veut plus avancer...

- Est-ce que tu as mal quelque part ?

Il semble réfléchir une seconde avant de répondre entre deux reniflements.

- J'ai mal à la tête...Hélène...Je ne me sens pas très bien...Je ne suis pas sûr que ça soit réel.

- D'accord, elle frissonne. Charles, il faut que tu m'écoutes.

- J'ai l'impression de perdre la tête, je me sens horrible, il admet.

- Écoute ma voix Charles, elle intime. S'il te plaît, écoute ma voix, je te promets que c'est réel, je suis avec toi, je vais venir te chercher.

De nouveau, seul le silence lui répond et elle se mord violemment la lèvre pour ne pas céder à la panique quand elle insiste.

- Charles ? Tu dois m'écouter d'accord, est-ce que tu peux faire ça pour moi ?

- J'ai tellement mal, il gémit.

- Je sais trésor, elle souffle. Je sais que tu as mal, mais il faut que tu m'écoutes juste encore un peu, s'il te plaît. Il faut que tu prennes ton téléphone et que tu m'envoies ta localisation, tu peux faire ça pour moi ?

- Tu vas venir ? Tu vas vraiment venir ? Pour de vrai ?

Elle n'hésite pas une seconde.

- Je te le promets, elle affirme.

L'instant d'après, le téléphone vibre sur la console et elle a à peine le temps de lever la main que Bruno s'en est déjà emparé pour entrer l'emplacement dans le GPS de la voiture. Puis il coupe le micro et se tourne vers son amie.

- On est à vingt minutes de route, je ne sais pas ce qu'il a, mais tu devrais t'assurer qu'il reste éveillé jusqu'à ce qu'on y soit.

Perturbée, elle se contente de hocher la tête avant de réactiver le micro.

- Je serai là dans vingt minutes Charles, tu m'entends, je viens te chercher.

Aucune réponse ne lui parvient et elle doit s'y reprendre à deux fois à cause de ses doigts tremblants pour s'assurer qu'elle n'a pas accidentellement mis fin à l'appel. Mais non, les secondes continuent de défiler sur l'écran sous ses yeux et elle doit se résoudre à conclure que si elle n'entend rien, c'est parce qu'il n'y a plus aucun bruit à entendre.

- Accélère, elle souffle.

- Je suis déjà au maximum, contredit Bruno. Au-delà, c'est trop dangereux.

- Je m'en fou de ça ! Elle craque. Accélère !

- Hélène...il grogne.

- S'il te plaît Bruno. Juste tais-toi et accélère.

L'autre ne dit rien, se contentant de marmonner brièvement dans sa barbe avant d'enfoncer un peu plus la pédale de l'accélérateur pendant que la brune se cramponne à son siège.

Durant les vingt minutes qu'ils avalent à toute vitesse, Hélène garde le téléphone collé contre son oreille, murmurant tout ce qui lui passe par la tête. Un tas de choses décousues et banale, son repas du midi, les tentatives de drague du barman du Macumba, elle parle si vite qu'elle en oublie parfois de reprendre sa respiration, manquant de s'étouffer lorsque la voiture prend un dos d'âne un peu trop rapidement.

Ces vingt minutes lui semblent être les plus longues de sa vie, son cerveau repassant encore et encore les paroles de Charles, sa confusion, ses propos incohérents. L'adrénaline ne suffit plus à lui faire garder son calme alors que la peur se fraye un passage implacable dans ses entrailles à la simple idée qu'il puisse lui être arrivé quelque chose. Les pires scénarios lui explosent dans la tête, défilant devant ses yeux, plus réalistes que dans ses pires cauchemars.

- On y est.

Bruno active les pleins phares et elle se redresse, bien droite dans son siège à la recherche de la Ferrari 488 Pista de Charles sur cette petite route de campagne perdue au milieu du parc naturel des Préalpes d'Azur.

Ils finissent par la trouver, deux virages plus loin, arrêtée en plein milieu de la route, la portière conducteur ouverte en grand. Bruno n'a même pas le temps de se garer qu'Hélène a déjà sauté en dehors de la voiture, se précipitant vers la silhouette du pilote qu'elle distingue, adossée contre l'une des deux roues arrière.

La brune se jette à ses côtés avec tellement d'empressement qu'elle s'écorche les genoux sur l'asphalte.

- Charles ? Elle murmure.

Elle n'ose pas le toucher, il est tellement blanc, aussi pâle qu'un mort. Le monégasque la regarde pendant quelques secondes, de trop longues secondes et l'appréhension d'Hélène redouble d'intensité, courant le long de sa colonne vertébrale comme un grand serpent glacé.

- Charles... ? Sa voix tremble.

- T'es là, il rit.

Il parle si lentement qu'elle doit se concentrer pour le comprendre et oser le regarder dans les yeux. Ses yeux, immenses et écarquillés dont les pupilles bougent à peine dans leurs orbites rouges et luisantes.

- On dirait que t'es vraiment là, il ajoute dans un rire.

- Mais je suis là... Je suis vraiment là, Charles.

Sa voix tremble, elle est désemparée, choquée par le spectacle qu'il lui offre. La peau presque translucide, l'air hagard, à peine conscient de ce qui l'entoure. Elle ose à peine le toucher, de peur de lui faire mal. Il ne semble pas blessé mais son front luisant de sueur, les tremblements compulsifs de ses jambes et sa respiration hachée ne lui disent rien qui vaille.

Doucement, elle laisse couler ses doigts autour du visage tiré et transpirant du jeune homme qui étire un peu plus la nuque pour venir à son contact. Le froid de la peau de la jeune femme semble lui faire du bien puisqu'il lâche un soupir de soulagement qui dévoile sa lèvre mordue jusqu'au sang.

- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive, elle souffle.

Se faisant, elle frotte délicatement la pulpe de ses doigts sous ses yeux cerclés de noir, faisant de son mieux pour effacer les sillons de larmes séchées.

- Je n'arrive plus à dormir, sa voix tremble.

Le cœur de la brune chute dans sa poitrine alors que toutes les vannes semblent s'ouvrir pour le jeune homme dont les yeux s'humidifient à nouveau alors que sa lèvre tremble et qu'un sanglot lui arrache presque les cordes vocales.

- Je n'arrive plus à dormir. Je te jure que j'essaie, je prends des somnifères tout ça, mais à chaque fois que je ferme les yeux, je revois l'accident et ensuite, tu meurs, je n'arrive pas à te sauver. Tu meurs et je meurs aussi, je ne peux plus dormir.

Sa voix craque à mesure que les paroles se déversent comme un flot de poison sur la jeune femme qui ouvre de grands yeux choqués.

- Oh, Charles...

Elle voit bien qu'il aimerait la prendre dans ses bras, mais que ses mains ne répondent pas, tremblant lamentablement sur le sol de goudron. Hélène laisse son corps basculer en avant alors qu'elle tire le pilote contre elle, déposant sa tête brûlante contre son épaule glacée.

- J'arrive plus à dormir. Pourquoi j'arrive plus à dormir ? Est-ce que c'est la réalité ?

Hélène est bouche bée, soufflée par la détresse du garçon qu'elle n'ose pas serrer trop fort de peur de le briser. Doucement, elle passe une main dans son dos, caressant lentement ses épaules tremblantes et sa colonne vertébrale secouée de frissons avant de murmurer faiblement contre son oreille.

- C'est la réalité Charles, je te jure que c'est la réalité, je suis là avec toi.

Mais il ne semble pas l'entendre, perdu trop loin dans son délire lorsqu'il répond :

- Si c'est un rêve, alors c'est un très beau rêve...

Elle aimerait le contredire, mais Bruno, qui était jusqu'à présent occupé à inspecter la voiture du pilote, vient s'accroupir à ses côtés, l'obligeant à reculer légèrement le corps de Charles pour pouvoir lui parler.

- La voiture n'a rien, il explique. Il est simplement tombé en panne. Comment est-ce qu'il va ?

- Il n'arrive pas à dormir, elle bredouille. Je ne sais pas quoi faire, Bruno.

Il la regarde une seconde avant de porter son regard sur le corps secoué de spasmes du pilote.

- Je peux ? Il lui demande.

- Vas-y.

Avec une douceur qu'elle lui a rarement vue, Bruno enroule délicatement un bras autour des épaules de Charles avant de le tirer contre son torse massif.

- Salut mon pote, j'ai beaucoup entendu parler de toi, tu sais ? Il commence.

- Ah bon ?

Charles à l'air un peu perdu dans les bras du grand maçon, mais elle voit aussi qu'il n'a pas la force de lutter, ni même de réfléchir.

- Eh oui, tu vois, Hélène n'arrête pas de me dire à quel point t'es un type bien.

- Elle dit vraiment ça ?

Un sourire heureux fleurit sur les lèvres du Monégasque quand le Toulonnais acquiesce et elle ne peut s'empêcher d'être émue par la scène.

- Eh ouais, c'est vraiment une amie pour la vie que tu t'es fais là, j'espère que tu t'en rends compte ?

La mine de Charles redevient sérieuse alors qu'il semble réfléchir profondément avant de donner sa réponse.

- Je sais, oui. Je ne suis pas sûr de la mériter, il avoue candidement.

- Ça mon pote, c'est à elle d'en décider, commente l'autre.

Bruno lui jette un regard curieux et Hélène se rend compte qu'elle contient ses larmes depuis plusieurs minutes déjà, tirant frénétiquement sur son bandage endommagé. La mâchoire de Bruno se durcit et ses yeux font un bref aller-retour entre son amie et le jeune homme à demi conscient dans ses bras.

- Hélène, il commente tout bas. Si tu ne peux pas gérer, rien ne t'oblige à rester ici, tu peux aller nous attendre dans la voiture.

Elle a du mal à décrocher son regard de Charles toujours aussi pâle pour relever les yeux vers son ami, elle se contente de hausser les épaules simplement.

- Je veux rester. Je ne peux pas le laisser tout seul, tu comprends ?

- Non, justement, je ne comprends pas. Tu ne lui seras d'aucune aide si tu fonds en larmes. La dernière chose dont lui et moi on a besoin en ce moment, c'est de te voir te briser en mille morceaux. S'il te plaît, va t'asseoir dans la voiture, respire un coup, appelle Carlos, je te l'amène dans cinq minutes.

La brune hésite, elle sait que Bruno a raison, elle ne peut pas aider Charles dans son état actuel. Elle est clairement dépassée par la situation, elle ne sait pas comment l'aider, ce qui ne semble pas être le cas de Bruno qui a l'air d'avoir fait ça toute sa vie.

Pourtant cela n'empêche rien au fait qu'elle se sent blessée de ne pas pouvoir aider Charles. Elle ne s'est jamais autant sentie dépassée et inutile qu'à présent, alors que Charles à vraiment besoin d'elle. Sa bouche se tord en une grimace douloureuse et elle secoue la tête pour chasser les larmes de ses yeux engorgés.

Lentement, elle se redresse sur ses genoux et se penche en avant pour venir déposer un baiser tremblant sur le crâne de Charles qui ne semble même pas la voir.

- Je suis juste à côté. Je ne pars pas, je reviens.

Et puis, comme si elle craignait d'être brûlée par le regard égaré du Monégasque, Hélène s'écarte rapidement et se redresse avant de marcher en direction de la voiture qu'ils ont laissée quelques mètres plus loin. Elle s'effondre presque contre la portière qu'elle ouvre à grand-peine et se laisse tomber sur la banquette arrière.

Soudainement glacée par la réalisation brutale de la situation actuelle, la Toulonnaise ramène ses deux bras contre elle, faisant de son mieux pour se réchauffer tant bien que mal.

Une part d'elle a envie de pleurer, de hurler et de s'enfermer dans son esprit jusqu'à ce que tous les souvenirs de ces dernières semaines aient définitivement disparu de sa mémoire et qu'il ne reste à la place qu'un rassurant trou noir.

Depuis le départ, elle est directement affectée par l'état de Charles tout comme lui est affecté par le sien. Entre eux, tout est passé par le regard, depuis le tout premier instant, depuis qu'elle a soulevé la visière de son casque dans cette voiture en flammes pour tomber dans son si beau regard bleuté.

Et pour la première fois depuis qu'Hélène à croisé le regard de Charles, elle s'est sentie parfaitement impuissante, incapable de comprendre la douleur qui le ronge bien plus profondément et depuis bien plus longtemps que tout ce qu'elle aurait pu imaginer.

Un soupir tremblant s'échappe de ses lèvres alors qu'elle se redresse pour appuyer son front contre le siège, luttant désespérément contre le tremblement de son corps.

De là où elle se trouve, seule des bribes de la conversation entre les deux hommes lui parviennent, elle fait de son mieux pour tendre l'oreille.

- ... Crois bien que je t'aurais à l'œil maintenant, ricane Bruno. Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi gamin ?

- Quel jour est-ce que l'on est ?

- Samedi matin, tôt.

Charles ne répond pas tout de suite et la brune se retient de passer la tête par la fenêtre pour être sûr de bien l'entendre. Cependant, il ne lui en laisse pas le temps :

- Peut-être trois ou quatre heures depuis dimanche, je ne sais plus vraiment, tout avait l'air si irréel. Tout ce que je pouvais faire, c'était d'écouter Hélène et d'essayer, mais j'y arrivais pas.

- Hélène t'a parlé ?

- Elle n'arrêtait pas, Charles rit. Elle n'arrêtait pas de me disputer et de me dire de dormir...

Bruno ne répond pas, mais elle distingue sans mal la courbure tendue et inquiète de ses épaules dans l'obscurité décroissante de la campagne environnante.

Hélène se sent prise en étaux par les révélations du pilote, évidemment, elle n'était pas à ses côtés durant les derniers jours, trop occupée à essayer de le reléguer au plus profond de son esprit. Mais savoir qu'elle lui a servi de garde-fou, de barrière contre ses hallucinations, elle se sent à la fois coupable d'être fière de ça.

- Je suis content de savoir qu'elle était là pour toi alors, souffle Bruno.

- Elle l'est toujours, répond-il naturellement.

Entre ses mains, le téléphone de la brune se met à vibrer soudainement, la brune baisse les yeux pour découvrir le nom du deuxième pilote de l'écurie au cheval cabré. Elle pince légèrement les lèvres avant de décrocher.

- Oui Carlos.

- Je suis allé chez lui, tu n'étais pas là donc je suis entré et il n'y était pas...

- Je l'ai trouvé, elle coupe.

Il y a une seconde de silence de l'autre côté du fil, le temps que Carlos intègre l'information.

- Comment as-tu fait ? Où est-ce qu'il est ? Comment il va ?

Elle esquisse un bref sourire devant la précipitation de l'espagnol, les yeux toujours fixés sur les deux hommes aux pieds de la Ferrari noire.

- Il m'a appelé, il est tombé en panne au milieu de la campagne en essayant d'aller jusqu'à Toulon, elle explique.

Elle entend distinctement le soupir de soulagement résonner dans ses oreilles avant qu'il n'éloigne le téléphone pour parler à une tierce personne à côté de lui, sans doute Isabel qui ne l'aurait jamais laissé rentrer à Monaco en catastrophe tout seul. La brune est rassurée que lui non plus ne soit pas seul, à voir la manière dont sa voix trahissait la peur et la culpabilité quelques heures plus tôt.

- Tu ne m'as pas dit comment il allait, commente-t-il finalement.

Elle pince les lèvres, hésitant quant à la réponse à donner, mais Carlos sait déjà qu'il y a un problème, lui mentir ou ne pas dire toute la vérité n'arrangera rien.

- Il n'a pas dormi depuis des jours, elle souffle. Quand on est arrivé, il divaguait complètement, il était incapable de dire s'il s'agissait de la réalité ou d'une autre hallucination. Il ne va pas bien, termine-t-elle.

- Bordel.

La voix de Carlos tremble.

- C'est le mot, elle grimace.

- Il faut qu'on l'emmène à l'hôpital, qu'il voit un professionnel ou quelque chose du genre.

Hélène hésite, évidemment Charles ne va pas bien, mais elle n'est pas sûre que le fait de se réveiller dans un lit d'hôpital, entouré de médecins qui connaissent sa notoriété et pourraient facilement glisser quelques mots à la presse, soit une solution.

- Je ne pense pas que ça soit une bonne idée pour l'instant, elle avoue. Il est tellement épuisé, je pense qu'il va dormir plusieurs jours, nous en discuterons avec lui à son réveil.

- Parce que tu crois qu'il acceptera de se faire soigner ?

- Peut-être pas, pas tout de suite en tout cas, mais c'est toujours mieux que de le faire hospitaliser contre sa volonté, elle argumente.

Carlos soupire de nouveau, elle comprend son trouble, à vrai dire, elle ressent le même. Elle n'est pas certaine de prendre la bonne décision, ni même d'aider Charles à vrai dire, mais c'est ce que son cœur lui dicte de faire et elle en a assez de ne pas l'écouter lorsqu'il lui hurle littéralement ce que son cerveau refuse d'accepter.

- Qu'est-ce qu'on fait alors ? Abdique l'Espagnol. On le ramène à Monaco et on le surveille ?

- Non, elle contredit. Je vais le ramener chez moi.

- Hélène...Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée de...

- De quoi ? De le ramener à Monaco où tout un tas de fans et de journalistes pourrons nous voir en train de le traîner chez lui, complètement à côté de la plaque ? Charlotte est dans sa famille et alerter sa mère maintenant ne ferait qu'empirer les choses pour lui, mais si tu as une meilleure solution, je t'écoute.

Hélène regrette immédiatement son ton dur et tranchant. Carlos n'y est pour rien, au contraire, sans lui, elle serait peut-être toujours dans cette boite de nuit à boire et danser. Mais le ramener à Monaco lui semble être la pire des idées pour le moment. Charles à visiblement besoin d'une pose, de calme et de quelqu'un qui puisse veiller sur lui autant de temps qu'il le faudra.

- Écoute, je suis en vacances, je peux rester avec lui et l'obliger à se reposer le temps qu'il reprenne le dessus. Je peux le faire, Carlos, vraiment, elle insiste.

De l'autre côté du combiné, le pilote hésite un long moment, marmonnant son hésitation dans un Espagnol qu'elle ne peut pas comprendre.

- Hélène, j'ai confiance en toi, mais vous êtes des bombes à retardement tous les deux et je ne suis pas sûr que vous laisser seuls soit la solution à notre problème.

- Au contraire, elle souffle. Je crois qu'on a besoin de faire le point, d'arrêter de tourner autour du pot et de dormir.

La voix de la jeune femme tremble alors qu'elle doit presque arracher à ses tripes l'aveu qu'elle s'apprête à faire :

- J'ai besoin de dormir, Carlos... J'en ai marre de me réveiller la nuit en hurlant son nom parce que j'ai l'impression qu'il est le seul à pouvoir me tirer des flammes...

Il n'en faut pas plus pour que ses yeux s'embuent à nouveau et la brune prend une grande inspiration pour chasser les larmes avant de changer de sujet sans aucune subtilité.

- Est-ce que tu peux venir chercher sa voiture ? Elle n'a plus d'essence, mais on ne peut pas la laisser en pleine campagne. Il y tient vraiment beaucoup et je ne veux pas que quelqu'un la vole ou qu'elle soit abîmée.

- Pas de problème ma belle, je vais la récupérer dès que j'aurais dormi un peu. Envoie-moi sa localisation.

Elle acquiesce silencieusement, oubliant qu'il ne peut pas la voir.

- Hé, Hélène. Je viendrais vous voir à Toulon quand tout ça ce sera un peu tassé.

Elle esquisse un bref sourire, Carlos est un bon ami, personne ne peut douter de cela.

- Tu es toujours le bienvenu Carlos. Mais tu sais, ce n'est que l'affaire de quelques jours.

- Je sais, il valide. Mais j'ai bien le droit de vouloir revoir ma meilleure fan ? Et puis Isa n'arrête pas de me tanner pour que l'on passe te voir.

Le cœur d'Hélène se réchauffe doucement dans sa poitrine, elle ne pensait pas que des personnes qu'elle n'a rencontrées qu'une seule fois puissent autant lui manquer.

- Vous êtes toujours les bienvenus chez moi, elle sourit.

- Je le sais. Rentrez chez vous maintenant et repose-toi carlita, je t'appelle demain.

- Bonne nuit Carlos, embrasse Isa pour moi.

Elle conclut l'appel et envoie la localisation de la voiture au pilote Espagnol avant de relever la tête pour voir les deux hommes avancer vers la voiture, Charles presque porté par Bruno et sa carrure imposante.

Délicatement, le grand homme ouvre la portière arrière de son côté et Hélène s'écarte légèrement pour accueillir Charles entre ses bras.

Il a l'air d'une poupée de chiffon ainsi allongée contre elle, un pantin désarticulé et sans vie si bien qu'elle doit même se retenir de prendre son pouls pour s'assurer qu'il respire toujours. Elle le tire contre elle sans s'encombrer de la ceinture de sécurité, trop avide du contact entre leurs deux corps. Le sien glacé et celui du brûlant du pilote.

Avant de refermer la portière sur eux, Bruno ajoute quelques mots à l'intention de Charles qui intriguent Hélène qui ne s'attarde pourtant pas sur leur signification :

- Rappelle-toi mon pote, tu es en sécurité avec Hélène et moi. Il ne peut rien t'arriver avec nous.

Puis il prend de nouveau place derrière le volant et leurs deux regards se croisent rapidement dans le rétroviseur avant qu'il n'ajoute.

- Je me suis occupé de sa voiture, où est-ce que l'on va maintenant ?

Le regard de la brune voyage un instant entre son ami et Charles dont la tête repose à présent sur ses cuisses, le nez enfoncé dans le ventre de la jeune femme, l'un bras solidement enroulé autour de sa taille.

- On rentre à la maison, elle confirme.

Bruno se contente d'acquiescer et de démarrer le véhicule avant de reprendre le chemin de Toulon.

Machinalement, Hélène pose son regard sur l'horizon à travers la fenêtre, ses doigts enfoncés dans les cheveux du Monégasque, massant doucement son crâne. Ils n'échangent pas un mot du voyage, sûrement parce que Charles est trop épuisé, peut-être aussi parce qu'ils savent que parler maintenant n'aurait aucun sens.

À la place, Hélène se contente de gestes tendres et même s'il ne parvient pas à s'endormir, elle le sent se détendre progressivement, s'abandonnant à elle.

Le trajet du retour passe presque comme dans un rêve et la brune ne voit pas le temps passer jusqu'à ce que Bruno se gare devant son appartement aux petites heures du jour. Ensemble, ils transportent un Charles presque inconscient jusqu'à l'unique chambre de son appartement.

Elle abandonne les deux hommes quelques minutes après avoir sorti du placard des vêtements volés à Pierrot, beaucoup trop grands pour elle et sans doute beaucoup trop grands pour Charles aussi, mais ils feront l'affaire cette nuit.

En attendant, elle prépare le canapé dépliant sur lequel elle va passer le reste de la nuit et sans doute les prochaines. Machinalement, Hélène fait ensuite bouillir de l'eau et infuse des feuilles de verveine. Hélène prépare également deux ibuprofènes, un pour Charles et l'autre pour elle lorsque la porte de la chambre s'ouvre de nouveau et qu'un Bruno aux traits tirés en sort, visiblement rattrapé par la fatigue.

- Je l'ai couché, il demande à te voir, il explique.

- D'accord, je vais y aller. Il est tard, tu veux dormir ici ?

Il secoue la tête pour marquer la négation.

- Je travaille tout à l'heure, il vaut mieux que je rentre chez moi.

Hélène pince les lèvres de culpabilité.

- Je suis désolé, elle souffle.

- Ne t'excuse jamais d'avoir fait quelque chose de bien, gamine. Allez, vas-y, il t'attend, je fermerais derrière moi.

La jeune fille acquiesce avant de tourner la tête vers la porte de la chambre entrouverte d'où filtre un faible trait de lumière. Avec appréhension, elle se saisit de la tasse et du médicament avant d'entrer, distinguant difficilement la tête du Monégasque emmitouflé sous une montagne de couverture.

Il est toujours aussi pâle, mais les traits de son visage ne traduisent plus aucun tourment. Silencieusement, elle fait le tour du lit pour venir s'asseoir à ses côtés.

Ses cheveux châtains collent à son front à cause de la transpiration, délicatement, elle les repousse du bout des doigts, dégageant son beau visage.

- Hélène... ?

Sa voix est rauque, lointaine, elle sent qu'il lutte pour ne pas sombrer.

- Je suis là, Charles, je t'ai apporté un médicament pour ta tête. Tu veux bien le prendre ?

Il hoche la tête après quelques instants et elle l'aide à se redresser suffisamment pour qu'il puisse prendre le médicament et boire un peu de tisane.

- Tu restes là ? Tu ne t'en va pas ?

Ses yeux bleus sont embués de larmes contenues, Charles à l'air d'un enfant ainsi et Hélène ressent un violent pincement au cœur fasse à toute cette peur, toute cette douleur qu'un simple regard parvient à lui transmettre. Naturellement, elle s'approche juste assez près pour déposer ses deux mains contre les joues du pilote, venant recueillir les larmes du bout des doigts.

Avec toute la douceur du monde, elle glisse une multitude de baisers le long de son front, dans ses cheveux, sur ses pommettes seyantes jusqu'à ce que la respiration du pilote s'apaise et qu'elle parvienne à le recoucher sans difficulté.

- Je ne vais nulle part Charles, je reste avec toi.

Il se contente de hocher la tête simplement, ses yeux mettent de plus en plus longtemps à s'ouvrir et une vague de soulagement la traverse en se rendant compte qu'il est en train de s'endormir. Hélène lui caresse doucement la tête, extirpant la tasse qu'elle dépose sur la table de chevet.

- Tout va bien, Charles, tu peux dormir. Je suis là, elle murmure.

- On peut laisser la lumière...?

Un mince sourire étire les lèvres de la jeune femme alors qu'elle acquiesce silencieusement. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant qu'il ne sombre, elle poursuit ses douces caresses sur son visage, continuant de l'apaiser.

- Reste...

Ses doigts s'enroulent délicatement autour de l'une des mains d'Hélène, refusant de la laisser s'éloigner bien qu'elle n'en ait pas envie. Tendrement, elle l'aide à nouer leurs doigts avant de les porter à sa bouche pour embrasser une à une ses phalanges blanchâtres.

Hélène regarde les yeux de Charles se fermer, sa respiration s'alourdir, s'espacer et sa main se fait plus lourde dans la sienne alors qu'il s'abandonne aux bras de Morphée. Elle reste là, à l'observer dormir paisiblement, guettant les prémisses d'un cauchemar qui semble ne pas vouloir venir.

Puis, après de longues minutes de contemplation, elle repose la main du pilote sous la couverture, le bordant avec attention. Hélène se penche une dernière fois au-dessus de lui, embrassant tendrement son front avant de sortir de la chambre, laissant la porte entrouverte derrière. Elle s'effondre dans le canapé à quelques pas de là et sombre à son tour presque immédiatement dans les affres d'un sommeil bien trop longtemps repoussé.



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 Nous avons donc retrouvé Charles, mais dans quel état ?

Un très (trop ?) long chapitre sur le manque de sommeil qui n'est pas un mal à prendre à la légère, au-delà de soixante-douze heures sans sommeil l'être humain commence à souffrir de graves troubles cognitifs (hallucinations, problèmes de coordination, difficultés à parler et raisonner, apathie, paranoïa...). Charles n'est donc pas au meilleur de sa forme actuellement, il a pendant trop longtemps repousser le problème et les répercussions de ses traumatismes, ignoré les signaux d'alerte et dérivé lentement jusqu'au point de non-retour que nous venons juste d'atteindre. Maintenant, il a besoin de repos et d'une solution pour éloigner ses cauchemars.

Nos héros sont donc de retour à Toulon, là où tout a commencé. Reste maintenant à voir quelle sera la réaction de Charles au réveil et s'ils sont tous les deux capables de cohabiter sans que cela ne vire à la catastrophe.

Je suis curieuse, pensez-vous qu'Hélène aurait dû emmener Charles à l'hôpital ? Que le ramener chez elle était la chose à faire ? Cette décision irréfléchie et prise sous le coup de l'émotion, est-elle vraiment une solution viable pour eux deux ?

Je profite aussi de ma petite notoriété croissante pour vous inviter à aller lire ma nouvelle histoire « Afterlife » qui est de très loin la plus jolie chose que j'ai jamais écrite. Si vous aimez Charles et Hélène, vous allez adorer Charles et Casilia !

En attendant, je vous retrouve mardi prochain pour un réveil mouvementé et quelques beaux moments de complicité entre nos deux nouveaux colocataires !

See ya~~

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