𝐉 • 𝟎𝟏 • ♠️
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𝐂 𝐀 𝐒 𝐈 𝐍 𝐎
───── ❛ 𝐭𝐡𝐞𝐲'𝐫𝐞 𝐥𝐨𝐮𝐝𝐞𝐫 𝐭𝐡𝐚𝐧 𝐛𝐨𝐦𝐛𝐬 ➤
❡ ❨ . ℍ𝕆𝕌𝕊𝔼 𝕆𝔽 𝔸ℂ𝔼𝕊 . ❩ •
« H E L L I S E M P T Y
A L L D E V I L S A R E H E R E »
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J U N G K O O K ▾ vodka
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H Ô T E L
W A N G
Le bâtiment est imposant, écrasant les autres édifices qui paraissent petits face à son immensité, avec des grandes vitres et une façade dorée, ornée de sculptures et de motifs complexes. Ça se voit que c'est conçu par les trouducs de riches qui veulent se vanter d'avoir le meilleur confort, et d'être sur les plus hautes branches du marché commercial et de l'hiérarchie sociale. Et moi qui fait tâche au décor sophistiqué dû à mon ascendance peu recommandable, j'ai l'intention de les côtoyer pour me faire du blé.
Mon mégot entre les lèvres que j'extirpe, l'air meurt par mon halo de fumée, savourant la moindre particule toxique qui s'empreint dans mon cerveau, pour agiter mes récepteurs afin de me transmettre le bien-être que procure la nicotine, réduisant mon anxiété.
Faut bien l'avouer, lors de l'entretien d'embauche, peu sont ceux qui restent de marbre. Et puis, si on voulait avoir du gros pactole, fallait bosser d'arrache ongle. Bien évidemment, il y avait plusieurs options peu honnête pour gagner facilement du gain. Mais pour plusieurs raisons, j'avais des principes à respecter, donc m'efforcer à me blanchir, avec mes nombreuses poursuites juridiques dû au fait que je suis hostile et agressif.
Du coup, pour revenir sur le droit chemin, j'avais été recommandé auprès d'un homme d'affaire hyper blindé en tant que garde du corps. Mes principaux atouts : je savais me défendre, manipuler, utiliser des méthodes violentes à mon avantage, être sans scrupule. Je pouvais faire n'importe quoi, et surtout pour n'importe qui, si on me payait suffisamment.
En tout cas, je n'aurai jamais pensé que j'allais bosser pour une figure publique. D'habitude, mes clients sont des personnes trempants dans la corruption, qui savourent les magouilles de la pègre dans les bras de l'ombre. Mais me voilà devant mon nouveau taf bien légal, bien dans les règles du travail professionnel pour « s'épanouir » comme me rabâche mon connard de recruteur du travail Hong Tan, et faire partie de la société en tant que adulte responsable, malgré moi. Tout ça pour une promesse que je fus obligé de faire à quelqu'un.
C'est en fumant un dernier coup que je jette ma clope au sol, l'écrasant du talon, avant d'arranger légèrement ma chevelure argentée d'une main et ma cravate noir qui m'étouffe. Je mets ensuite un pas dans le milieu qui me sépare socialement des ploutocrates. J'avoue que ça fait assez chier de devoir autant me peaufiner pour protéger le derche d'un fils de pute que je vais certainement détester, au vu de leurs désagréables manie de péter plus haut que leur fion. Comme si mon accoutrement allait lui sauver la vie, ça n'a pas spécialement aidé Kennedy lors de son assassinat. C'était juste de la gueule en fait.
Je finis par entrer à l'intérieur, je me vois accueilli par un hall spacieux. J'épargne les détails du décor, je n'ai jamais été doué pour trouver les bons mots aux descriptions. Au fond de la salle, il y a une réception, avec des employés souriants prêts à m'aider au vu de mon costard soigné. Peut-être que ça a ses avantages, comme draguer les gonzesses au stand. L'une d'elle accepte même de m'accompagner jusqu'au bureau de monsieur Wang Taejun, le propriétaire même de l'hôtel qui a un planning chargé. Et comme on m'a engagé pour le défendre d'une menace, j'avais droit de brûler certaines étapes qu'en temps normal, personne ne pouvait.
Échos de pas dans un long couloir. Trois coup à la porte, quelques secondes ou minutes de silence éternisant, on m'autorise enfin à entrer. En foulant le vide qui nous sépare lui et son bureau spacieux et chic, je me retrouve à attendre devant deux marches, qu'il tire son nez de ses papiers. J'en ai vu des businessman dangereux dans ma vie, des types qui imitent un air sérieux et consterné alors qu'ils sont constipés du cerveau. Mais de lui, une sorte d'aura écrasante s'en dégage.
Il lève son regard vers moi. Doucement, sa main ferme l'écran de son ordi avant de croiser ses doigts pour s'enfoncer dans son siège et observer silencieusement le portrait se présentant à lui. D'après les infos que j'ai à son sujet, il avait la réputation d'être catégorique et parfois despotique si on le contredisait. Le mot « non » ne figurait pas dans son vocabulaire apparemment.
ㅡ Je lui avais pourtant dit de ne pas m'envoyer quelqu'un avec une belle gueule, il soupire en me fixant.
Cette remarque a eu le don de provoquer mes frissons. J'avais l'impression d'être bizarrement tombé dans un piège malsain, et le fait de savoir qu'il me trouve plutôt beau gosse ne me rassure pas. Satané Hong Tan, s'il m'a fourré dans une affaire de gigolo, j'lui plante un pieux dans la poitrine, ce suceur de sang qui en profite à la moindre occasion.
Il cherche quelque chose sur son bureau, puis finit par attraper un papier qui trainait dans un de ses documents entassés sur le coin de la table. En reprenant une pose décontracté, la pression de son silence irrite ma peau qui me démange.
ㅡ Donc tu étais dans une escouade, il vérifie dans mon dossier. À quelle unité tu appartenais ?
ㅡ Au régiment de tirailleurs, Monsieur.
Je me tiens droit, bras dans le dos, encerclant mon poignet de ma main. Lui, il réfléchit en se grattant le sourcil du pouce. Je me demande quel genre de questions il va encore me poser et si seulement j'aurai une quelconque chance, vu que mon physique n'était pas conforme à ses attentes.
ㅡ Tu sais te battre ?
Me battre ? Il a l'intention de me faire participer à des combats clandestins ou quoi ? Le boug dirige des complexes et centres commerciaux, c'est pas non plus un boss du Cartel, sinon je le saurai. On demande plutôt si on sait se défendre, ça parait plus légal en cas d'attentat. Bon, dans tous les cas, je ne sais pas si je dois jouer la carte de la prudence.
ㅡ J'ai des compétences dans le domaine de la défense, Monsieur.
Il penche la tête, je ne sais pas si il me jauge en se demandant à quel catégorie j'appartiens. Une tête brûlé sans aucune notion d'intelligence, ou quelqu'un qui sait parfaitement bien manipuler à sa guise ceux qu'il a pris pour cible. Et je dois bien l'admettre que je penche plus pour la deuxième observation. Je sais bluffer, j'ai grandi dans le bluff, je me nourris de ça.
ㅡ Qu'est-ce qui t'as poussé à devenir garde du corps ?
ㅡ L'envie de me rendre utile, Monsieur.
ㅡ Pourquoi je devrais t'engager ? il demande.
ㅡ Parce que je suis suffisamment qualifié pour assurer votre sécurité.
Je le vois lâcher un rire, sûrement dû au fait qu'il est sidéré par mon arrogance, pourtant c'est une évidence à laquelle il sera bientôt confronté. Bien sûr, si j'ai le poste. Et putain que j'en ai besoin. Je devrais vraiment pas frimer si j'veux bosser dans les règles.
ㅡ Qu'est-ce qui te fait dire que tu réussiras là ou les autres ont échoués ?
ㅡ Nous pouvons connaitre l'échec lorsqu'on a peur de perdre quelque chose. Pour ma part, je ne possède rien. Je fais ce qu'on me dit de faire, et je le fais bien. Sans poser de question. Alors qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de réussir ?
Il hoche la tête lentement, sortant une cigarette de la boite posé sur le bureau. Il s'en grille une, me laissant écouter le son de la combustion de l'extrémité de la clope. Et la fumée s'en exhalant me nargue, j'aimerai aussi m'en griller une.
Cet homme a le regard noir, tranchant - comme une lame aiguisé d'un samouraï en proie de meurtre - ceux qui ont l'audace de lui tenir tête. Je vois à travers chacun de ses gestes, qu'il sait comment gérer des situations à risques. Il a peut-être grandi dans un milieu où la loi du plus fort était la seule façon de survivre contre les autres.
ㅡ Tu maitrises bien l'éloquence. Mais est-ce que tu t'en sortiras aussi bien sur le terrain ?
ㅡ C'est à vous d'en juger, Monsieur, dis-je sans perdre la fermeté de mon visage.
Il fait remuer sa clope entre les doigts, se débarrassant des cendres du rouleau. Et j'attends là, à deux marches de son bureau, qu'il finisse avec sa paperasse. Chaque seconde semble une éternité. Debout dans un silence lourd, je sens un sentiment preste d'irritation monter en moi, et des crampes aux pieds surgissent après une heure à ne pas bouger, tandis que Monsieur Wang savoure chaque instant de ce suspens, prolongeant délibérément l'attente pour tester ma résolution.
Alors que l'attente semble interminable, je m'accroche à chaque parcelle de concentration qui reste. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, revisitant les erreurs passées. Je sens le regard scrutateur de Monsieur Wang peser sur moi, évaluant mon endurance et mon calme.
Finalement, il rompt le silence. Sa voix résonne dans la pièce, empreinte d'autorité.
ㅡ Un mois d'essai, dit-il sans m'adresser un regard, comme s'il se préparait déjà à mon échec, me comparant au nombre d'incompétent qu'il avait surement dû éjecter. Si tu réussis à passer mes épreuves, alors tu deviendras mon garde du corps personnel. En attendant, tu devras suivre un entraînement avec tes ainés.
Ça veut dire que je ne suis ni engagé, ni recalé. Au dessus de ma tête y a une balance qui définira mon avenir en fonction de mes action. J'avais intérêt à bien faire les chose. C'est une opportunité que je ne peux pas laisser passer, une chance de reconstruire ma vie sur des bases solides. Même si l'idée de passer par des entraînements pour faire mes preuves ne m'enchante pas spécialement, j'en ai déjà assez fait comme ça.
Après cet entretien, j'suis conduit vers un sorte de dortoir un peu délabré, qui évoquait les souvenirs de mes années à l'armée. Les murs éraflés et les lits simples m'ont rappelé les casernes où j'avais partagé une grande chambre avec des soldats, chaque soir marqué par le bruit des ronflements. Au début, j'étais réticent à l'idée de partager un espace si intime avec des inconnus. Mais faut dire que cette gêne m'a été arraché des entrailles par le commandant qui dirigeait notre escouade. Les rigueurs de ses aboiements et la persécution de mes congénère m'ont fait perdre toute envie d'être solidaire.
L'ambiance était tendue, marquée par des querelles incessantes et des rivalités. Dans cet environnement de merde, j'ai dû apprendre à me méfier de mes compagnons autant que des ennemis extérieurs. Les conversations étaient rares, limitées à des échanges essentiels, et les nuits étaient souvent agitées par les paries, les bruits de bagarre et la plus importante des pièces dont dépendait la confiance en soi, le bizutage. Ça a forgé en moi, un comportement provocateur, perpétuant des conflits mesquins. Ils ont tous regrettés de m'avoir sous-estimé...
C'est en regardant les tatouages des symboles d'As sur mon poing, qu'une série de combat éclaboussèrent violemment mon esprit. Des batailles très interessantes cela dit, empilant mon compte en banque. Assis sur ce lit composé d'un matelas dur, un coussin ordinaire et une couverture grise, j'analyse le décor fade, mais prouvant que des hommes y vivaient depuis un certain temps, au vu des objets et photos érotiques exposés.
ㅡ Hé, tu dois être le petit nouveau, se planta un chêne devant moi, faisant planer tout autour la poussière de son crâne.
Qu'il prenne une douche, c'est illégal d'être sale comme ça. Cette remarque me fait sourire. C'est exactement ce qu'aurait dit Jimin, s'il m'entendait.
ㅡ Tu te moques de moi là ? il pencha sa tête à ma hauteur, arquant tout son corps.
Au contact de son haleine, j'ai failli gerber. Si les mots avaient une odeur, les siens sentiraient probablement la défaite... et le fromage malodorant.
Encore un bouffon qui essaie de marquer son territoire, pour qu'on le respecte. Je devrais essayer de jouer le jeu et me faire passer pour une victime, juste pour m'amuser un peu. Puis j'avais besoin de me faire petit, si je voulais être engagé. Alors je me redresse comme un poteau, mains derrière le dos, jambes écartés, dos droit.
ㅡ Pardon Chef, je ne voulais pas vous manquer de respect, ce n'était pas mon intention !
Les mains dans les poches, prenant un air hautain, il inspira.
ㅡ T'as été au service militaire ? il demanda.
ㅡ Oui Chef, j'étais Soldat en première classe ! je mens, regardant dans le vide.
Et là, son visage prit une forme d'expression satisfaisante, car le grade était banal. Alors qu'en réalité, j'étais au 1er Régiment de Tirailleurs qui est une unité militaire faisant partie de l'armée de Terre. Nous étions connus comme étant des soldats d'élite, formés pour mener des opérations dans des environnements variés, allant des zones urbaines aux terrains montagneux. Notre rôle principal et autres d'assurer la sécurité, la protection et la défense des intérêts coréens, tant sur le territoire national qu'à l'étranger. Nous étions souvent déployés dans le cadre de missions de maintien de la paix, de lutte contre le terrorisme, ou encore d'opérations humanitaires.
Et lors des entraînements la discipline stricte régnait en maître. Chaque jour commençait avec des exercices physiquement et mentalement épuisants, sous la férule d'instructeurs impitoyables qui m'avait pour cible, parce que je ne répondais pas aux critères de « l'obéissance » alors les autres prenaient un malin plaisir à me mettre dans le pétrin. Mais faut dire que cette expérience à forger mon mental en acier. Rien ne peut maintenant m'ébranler.
Mais ça, je préfère ne pas le dévoiler pour le moment, je veux voir ce qu'ils feront.
Quelqu'un éclate de rire en se rapprochant de ce dernier et le prenant par l'épaule.
ㅡ Alors Changbin, tu commences déjà à bizuter le bleu ? Je crois qu'il en a bien bavé lors de son service, dit-il sous le ton de la plaisanterie avant de tourner le visage vers moi. Excuse le, il a tendance à prendre la grosse tête. Moi c'est Bangchan, il me tend la main. Le « Chef » c'est moi en fait. Je suis le responsable de tous les agents qui veillent sur Monsieur Wang. Donc je te souhaite la bienvenue dans l'équipe.
ㅡ Merci Chef, je m'incline.
ㅡ Haha, pas de ça entre nous, sois zen, ici on est tous comme une famille. Si tu as des questions, tu peux me les poser.
Ce gars semble être facile à vivre. Mais je me demande quelles sont ses limites, si on le met à bout. Je ne fais pas confiance aux gars qui sourissent avec tout le monde, à n'importe quelle situation. Le genre à vouloir détendre l'atmosphère mais qui te la fait plus tard à l'envers. J'en ai connu des sales types bien hypocrites, pour ensuite te l'enfoncer bien profond.
ㅡ Qu'est-ce que je vais devoir faire pendant cet essai ? je l'interroge tandis que, le dit Changbin s'en va pour calmer le boucan de l'extérieur. Sur quoi je serais juger exactement ?
ㅡ Tu seras dans l'équipe B de Changbin et...
Je l'écoutais parler, mais je rageais de devoir faire équipe avec un type qui voulait trop se la jouer autoritaire. J'avais l'impression qu'on allait jamais s'entendre, en plus il allait me superviser et noter mes faits et gestes.
Je le sens, je suis déjà en travers de sa gorge à cause des nombreuses fois où j'ai du l'affronter sur un ring parce que j'avais eu l'audace de désobéir. C'était un événement qu'ils organisaient chaque fois que quelqu'un ne suivait pas les ordres. C'était aussi pour détendre leurs nerfs.
Le gong retentit, et le combat commence. Je me déplace avec agilité, chaque mouvement calculé, chaque pas affirmant ma domination. Mes poings s'élancent avec une vitesse fulgurante, esquivant les attaques de Changbin avec aisance. Alors que ses camarades le taquinent avec des remarques cinglantes. Je sais que cela le perturbe, le pousse à commettre des erreurs. Le combat est un ballet violent, une danse brutale entre deux hommes déterminés à sortir vainqueurs. La sueur perle sur mon front, mêlée à l'excitation de l'affrontement.
Cette décharge d'adrénaline électrise mes nerfs, faisant monter en moi une rage sourde qui propulse mon poing droit vers le flanc de mon supérieur. Un cri de douleur s'échappe de ses lèvres alors qu'il serre les dents pour réprimer toute manifestation de faiblesse. Les encouragements enflammés de mes collègues amplifient l'animosité le poussant à redoubler d'efforts pour me mettre à terre.
Je prends une profonde inspiration, gonflant mes poumons de toute l'air disponible. Je concentre alors toute mon énergie dans mon bras, laissant ma paume entrer en contact avec sa trachée. Il recule précipitamment, agrippant sa gorge dans une tentative désespérée de retrouver son souffle, mais il est déjà trop tard. Je profite de sa vulnérabilité pour le déséquilibrer d'un croche-pied bien placé, le projetant brusquement parterre.
Il s'étale de tout son long, désorienté, et je ne perds pas un instant pour saisir son bras, le tordant cruellement vers sa colonne vertébrale, pliant son poignet dans une prise impitoyable. Alors que le combat atteint son apogée, je puise dans mes dernières réserves de force pour en finir avec, mais si je gagne, je ne pourrai pas m'amuser à jouer au faible. Alors je le laisse reprendre le dessus, en réduisant mon emprise. Il s'adapte à la situation et d'un coup sec du coude, me propulse en arrière.
Mon dos est heurté violemment par le sol, et je crache sur le côté du sang, gémissant de douleur, ma mâchoire hanté par la fureur de son poing. Sans crier gare, Changbin oublie ses responsabilités en tant que chef d'équipe et m'assène des coups dans la mâchoire. La brûlure se perpétue, et ils se jettent tous sur lui pour le séparer de moi.
Je suis incapable de dire si j'ai mal, ou j'apprécie cette souffrance car j'ai réussi à le faire sortir de ses gonds. Je réprime un sourire qui se voudrait fou, simulant des jérémiades. Certains d'entres eux essayaient de calmer leur coéquipier, d'autres vérifiaient si je n'avais rien de casser. Sinon il allait devoir répondre devant Bangchan qui suscitait en eux, une terreur m'étant encore inconnu.
En m'efforçant de me relever tant bien que mal, mes yeux rencontrent ceux de Monsieur Wang qui se tint non loin de la cage, à nous observer depuis un certain temps j'imagine. Lorsque la pièce se vide, je me tiens les côtes puisque Changbin n'a pas raté l'opportunité de m'en foutre des coups de pieds. Je me tiens au grillage, face à celui devant qui j'essaie de bien me faire valoir. Mais c'est raté, s'il me voit échouer devant son homme, alors comment je tiendrai le coup devant l'ennemi.
ㅡ Pourquoi tu fais semblant ? il me demande, fumant une clope. Tu te prends des coups, alors que t'es capables de tous les mettre à genoux.
ㅡ Je trouve ça stimulant, dis-je en effaçant de la paume le sang qui s'écoule de mes gencives. Puis leur révéler mon niveau importe peu. Celui que je dois impressionner, c'est vous.
ㅡ Jusqu'à maintenant, tu n'as pas été très effective.
ㅡ Je n'ai même pas encore essayé.
Il se tait, m'observant, lâchant un halo sur mon visage qui l'accueille presque avec jalousie.
ㅡ Tu sais jouer au poker ? il m'interroge, ce qui invoque des frissons dans ma nuque.
ㅡ Je me débrouille.
ㅡ Suis-moi.
Perplexe, je le vois partir sans même m'attendre. Je soupire, m'efforçant de récupérer après cette avalanche d'attaques. Je crache à nouveau, sentant le coin de ma lèvre légèrement déchiré. C'est vrai que j'aurais pu m'épargner autant de douleur. Faut croire que je suis maso à me laisser frapper volontairement.
N E X U S
J'avance d'un pas assuré à l'entrée d'un majestueux établissement qui déborde d'une lumière tamisée, réchauffée par les éclats dorés des chandeliers et les reflets projecteurs. Les tables de jeu, encerclées par des joueurs avides et désespérés, résonnent des bruits de jetons et des murmures excités. Les rires cristallins des femmes en robes étincelantes et le cliquetis des verres de cristal emplissent l'air. Malgré ma façade impassible, je ressens chaque pulsation de cette ambiance bouleverser mes veines. Chaque roulette tournant, chaque carte abattue, ravive en moi des souvenirs jouissif. Le frisson du pari et la promesse d'un gain facile donnait l'eau à la bouche.
Monsieur Wang avance, distribuant des poignées de main à divers personnes qu'ils semblent connaitre. En inspirant sa nicotine, il l'expirait tout en marchant pour se frayer un chemin entre tous ces joueurs du hasard. Je le suis de près, mes yeux balayant la salle, analysant chaque visage, chaque mouvement. Ma vigilance est à son comble, chaque fibre de mon être tendue vers la maîtrise de mes propres démons intérieurs.
Les bruits, les lumières, les rires – tout cela pourrait me happer à nouveau, me tirer dans les abysses de la dépendance. Mais je reste stoïque, mes poings discrètement serrés sous le tissu de mon costume. Je sais que céder ne mènerait qu'à la ruine.
Le décor du casino est somptueux, chaque détail conçu pour éblouir et séduire. Les miroirs reflètent une infinité de mondes où tout semble possible, mais je vois au-delà des illusions.
Il y avait du monde ce soir.
Les barmans bossaient d'arrache-pied, les serveurs n'avaient pas de répit à devoir constamment remplir les plateaux et servir. Certains débarrassaient le bordel, d'autres employés surveillaient qu'il n'y ait pas de tricherie. Les agents de sécurité veillaient les entrées et parfois faisaient sortir des clients ayant perdu la raison. J'entendais l'argent glisser des machines à sous. Des jetons misés sur une partie, des joueurs s'excitaient sur les jeux de billes, ou de cartes. Le croupier était chargé de prendre et de payer les paris. Il y avait un tas de moyens de gagner ou perdre l'argent.
Parmi ces convives, une personne étudiait le moindre petit détail de la pièce. En penchant sur le côté ma tête, je vois des gardes répondre à leur communicateur avant de se mettre à courir vers la sortie. Je continue à observer le monde, tentant de discerner une personnalité complètement différente, peut-être même similaire à tous ceux qui venaient se divertir. Personne ne résistait à l'envie de miser sur le hasard, par espoir de remporter ne serait-ce qu'une petite somme.
Monsieur Wang s'installe à une table de poker, l'air suffisant et le regard froid. Il fait un mouvement de doigt, rappelant un de mes collègues à l'ordre qui se précipite à ouvrir une mallette en cuir sur le meuble et en sort une liasse de billets que le croupier accueille avec un sourire professionnel.
Les joueurs, certains à l'apparence négligée, d'autres parés de bijoux ostentatoires, observent avec curiosité cette scène. J'ai l'impression que chaque geste qu'il fait, chaque regard qu'il lance, est calculé pour asseoir son influence.
Les cartes sont distribuées, et Wang les reçoit avec un calme qui me glace. Ses doigts longs et fins les manipulent avec une dextérité qui trahit des années d'expérience. Il jauge ses adversaires, ses yeux perçants analysant chaque mouvement, chaque tic nerveux.
Je suis jaloux, être dans ce genre de lieu et ne pas profiter de ses vices. Le poker n'est pas un simple jeu, c'est un champ de bataille où chaque coup est une stratégie, chaque mise un risque soigneusement évalué. Il faut être sûr d'en sortir vainqueur si on ne veut pas être détruit.
Les jetons s'accumulent devant lui au fil des tours. Wang joue avec une assurance déconcertante, il pousse une mise importante au centre de la table. Les autres joueurs se sentent pris dans un tourbillon d'incertitude et de fascination. Ils comprennent vite qu'ils ne sont pas seulement en train de jouer contre un homme riche, mais contre un maître du jeu.
À chaque main, la tension monte, la pile de jetons devant Wang croît, et les regards autour de la table deviennent de plus en plus nerveux. Il ne montre aucun signe de fatigue, aucun signe de doute. C'est un prédateur en pleine chasse, et ses proies, ces joueurs moins aguerris, ne peuvent que se soumettre à son implacable logique. Je me tiens en arrière-plan, observant la scène avec un grand intérêt. Je sais que, pour Monsieur Wang, cette partie de poker n'est qu'une autre extension de son pouvoir, une démonstration silencieuse de sa suprématie.
J'avais envie de jouer contre lui, ça devait être tellement piquant de se mesurer à lui et essayer de déchiffrer son jeu.
Soudain, j'entends des hurlements provenir de derrière, des cris tellement forts qu'un nombre d'humains se mettent à courir dans tous les sens dans le but de quitter l'établissement. En me tournant pour comprendre ce qu'il se passe, afin de m'assurer qu'il n'y avait pas d'attentat, je m'approche de la source qui a manifestée cette animation. Je slalome entre ceux qui se poussent pour arriver vers un cercle qui s'écarte. Deux agents de sécurité tiennent quelqu'un à distance. En sortant de cette assemblée, mon expression se déforme sous la surprise.
Je vois une femme se tenir là debout, nue et complètement recouverte de sang. Je ne peux même pas dire si c'est sa couleur de peau ou si elle a été renversée dans de la peinture. Ses cheveux sont également imprégnés. Je ne peux même pas distinguer les traits de son visage.
Elle tient une arme à la main, tournant autour d'elle-même, une paume fermant son tympan. Elle me paraît déboussolée, criant une onomatopée étrange. Un agent essaie de lui sauter dessus, mais elle le vise brusquement et il se fige. Je distingue parmi cette tumulte qu'elle a la main qui tremble. Je perçois même qu'elle a des plaies ouvertes encore saignantes.
Les clients, choqués, reculent, d'autres se précipitent pour sauver leur peau. Moi, je fronce les sourcils, tentant de comprendre ce qu'il se passe. Cette fille n'a pas l'air de comprendre non plus ce qu'elle est en train de faire.
— Mademoiselle, nous ne vous ferons aucun mal, mais s'il vous plaît, baissez cette arme, j'entends un des agents dire à cette dernière.
Elle respire anormalement, son corps est si fébrile, elle a froid, et hurle juste des bruits. Je tourne ma tête dans tous les sens avant de retirer ma veste Je fais signe à un des agents de créer une diversion et à un autre d'évacuer tous ceux qui, malgré leur peur, sont curieux de savoir ce qu'il se passe.
Il faut que quelqu'un la recouvre et puisse saisir son arme le plus calmement possible, afin d'éviter un incident qui passera en boucle sur toutes les chaînes d'infos, et le nom de établissement sera alors piétiné. Cette personne me paraît incapable de réagir à nos paroles, elle est trop terrorisée.
Je vois alors mon patron attraper mon bras en fixant l'intruse avec un regard ébahi. Il n'était pas aussi troublé au poker comme maintenant.
ㅡ G-Gyuri ? il essaya de l'approcher.
Monsieur Wang semblait la connaitre visiblement. Dans tous les cas, je l'empêche de l'approcher.
Lorsque l'agent tente de restreindre les mouvements de cette fille qui recule, je m'avance par derrière, mais brusquement, elle se tourne vers moi et pointe son arme dans ma direction. Je m'immobilise en levant les paumes. Le gars veut se jeter sur son dos, mais je l'en empêche d'un geste de main. Elle n'est pas une criminelle, non, je crois qu'elle est une victime. Et elle a besoin d'être rassurée.
— Je vais juste te donner cette veste, d'accord ? Et toi, tu me donnes en échange ton arme ? Ensuite, je te laisse tranquille, ça marche ? dis-je, mais elle n'a pas l'air de me comprendre. Tiens, je m'approche très lentement d'elle, tendant le tissu. Mets ça...
Elle dit quelque chose, je ne sais pas quoi, ça n'a aucun sens. L'agent de sécurité finit par perdre patience et s'empare d'elle par derrière. Elle lui donne une claque d'un réflexe qui me surprend avant de tirer dans le vide, ameutant encore plus de panique chez les clients. Je me dépêche de saisir le poignet de la fille, qui est elle-même choquée d'avoir tiré, avant de le tordre et retourner le pistolet contre elle.
Je l'arrache de sa main, retire la charge, tire sur la culasse pour libérer une balle et décompose le flingue que je balance dans les mains de mon collègue qui tente de l'attraper maladroitement. Comme ça, personne ne pourra s'en servir. Et cette fois, je la regarde à nouveau, elle tremblote, se tenant les bras, dévisageant toutes les personnes présentes. Du sang coule abondamment de ses plaies.
Elle me regarde, me fixe, me supplie du regard de l'aider à saisir ce qu'elle veut dire jusqu'à ce qu'elle se mette à chanceler, fronçant le front, perdant l'équilibre, avant de complètement s'écrouler. Je me dépêche de la rattraper en la recouvrant de la veste.
— Appelez les ambulances ! crie Monsieur Want en se retrouvant au sol avec moi.
Je vérifie son pouls, il est lent, maintenant imperceptible. Je vérifie sa respiration, elle commence à ne plus en avoir.
Putain !
— Je vais lui faire un massage cardiaque, appelez les putains d'ambulances ! Hyun So, je m'adresse à mon collègue, apporte-moi de quoi arrêter son hémorragie !
— D-D'accord, comme quoi ?
— Des compresses propres, trouduc ! Bouge ton derche !
Sur ces mots, je place la jeune fille sur le dos avant de m'agenouiller pour commencer à faire des compressions sur son buste. J'appuie rudement et avec précision contre son thorax, avant de soulever son menton pour insuffler deux bouffées d'air dans sa bouche. Je continue à contracter mes muscles, encore et encore et encore, introduisant de l'oxygène, puis renouvelant mes mouvements.
Je ne comprends pas moi-même ce qu'il me prend. Pourquoi je tiens tant à la sauver.
Allez, putain, réveille-toi !
Monsieur Wang m'aide à plaquer les compresses sur ses plaies pour arrêter l'écoulement de son sang. Mais elle ne réagit pas à mon massage. C'est trop tard ? Elle va crever là ? Je continue d'appuyer, avant d'insuffler à nouveau de l'air dans ses poumons. Des bourdonnement du passé viennent d'assaillir mes pensées que m'efforce d'effacer en me concentrant sur mes mouvements nets.
ㅡ Hhhhh, elle inspire subitement.
Putain de merde.
Je glisse ma main sur son cou avant de vérifier ses yeux qui bougent partout lentement. Et là, je vis ses prunelles abyssales sonder mon âme, comme me transmettant un message, une missive qui provenait du plus profond des enfers.
Et à cet instant précis.
J'avais regretté d'avoir sauvé Wang Gyuri.
𝐈𝐅 𝐈𝐌 𝐘𝐎𝐔𝐑 𝐒𝐀𝐋𝐕𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍,
║▌♥️│█║ █ ♠️║▌│█ ♦️ █║▌│ █║▌♣️ █ ║
𝐖𝐄𝐋𝐂𝐎𝐌𝐄 𝐓𝐎 𝐇𝐄𝐋𝐋
ÇA VA BARDER J'VOUS DIS
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