47 - Meilleurs potes
Je m'assieds sur mon lit, les jambes croisées, mon téléphone entre les mains. Ça fait cinq minutes que je fixe l'écran, hésitant à appuyer sur le bouton d'appel. Finalement, je me décide. La tonalité retentit. Une fois. Deux fois.
Puis sa voix, familière, presque rassurante :
— Allô ?
Je prends une grande inspiration avant de répondre.
— Hey, c'est moi...
— Camila ? répond Kai, un peu surprise. Wow, je pensais pas t'entendre si tôt. Ça va ?
Je sens ma gorge se nouer.
— Écoute... je suis désolée. Pour tout. Je t'ai repoussée, et j'ai été trop dure. Je savais pas comment gérer ce qui s'est passé.
Un silence s'installe. Je redoute sa réaction.
— Tu m'as inquiétée, finit-elle par dire, sa voix plus douce. Mais... tu vas mieux ?
Je ferme les yeux, cherchant les mots justes.
— Je crois. Enfin... un peu. J'ai compris pourquoi Isaac est parti. Ça m'a pris du temps, mais maintenant je sais.
Elle ne répond pas tout de suite. Je continue, ma voix presque tremblante :
— Et... j'aimerais te voir.
— Bien sûr, répond-elle presque immédiatement. On se voit quand tu veux.
Un poids semble quitter ma poitrine.
— Merci, murmuré-je avant de raccrocher.
Je reste immobile un moment, puis je me lève, attrape mes clés, et sors de l'appartement. Je devais absolument aller voir mon père pour qu'il me donne plus de renseignements sur l'homme qui s'était introduit chez moi. Et puis à mon réveil Isaac n'était plus là donc j'allais pas encore m'apitoyer sur mon sors. Il allait finir par me rendre dingue.
Le manoir de mes parents était exactement comme je l'avais quitté : imposant, froid. Le jardin est impeccablement entretenu, les rosiers taillés à la perfection.
Je pousse la porte et suis accueillie par une domestique qui m'informe que ma mère est dans le jardin. Je traverse le hall immense, et bientôt, je l'aperçois.
Ma mère est assise à une table en rotin, une tasse de thé entre les mains et son ordinateur poser sur ses genoux. Elle se redresse manquant de renverser sa tasse sur celui-ci dès qu'elle me voit.
— Camila ! s'exclame-t-elle, son visage s'illuminant.
Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle est déjà debout, m'entourant de ses bras.
— Ma chérie, ça fait tellement longtemps ! Pourquoi tu ne viens pas plus souvent ?
— Salut, maman, dis-je en m'efforçant de sourire.
Mon petit frère, Zack, est là aussi, plongé dans son téléphone.
— Salut, Zack.
Il lève brièvement les yeux.
— Ouais, salut.
Elle me guide vers une chaise à côté d'elle.
— Assieds-toi. Tu veux un thé ? Un jus ? Quelque chose à manger ?
— Non, ça va, merci.
Elle me scrute, comme pour s'assurer que je vais bien. Toujours trop protectrice, mais c'est une facette d'elle que j'ai appris à apprécier, même si ça m'agace parfois.
— Alors, raconte-moi. Comment ça va ?
Je m'apprête à répondre, mais quelque chose attire mon regard. Au loin, près des haies, une silhouette familière se dessine. Je plisse les yeux.
— Bordel..mais..qu'est-ce que...?
Ma mère tourne la tête et sourit doucement.
— Oh, Isaac. Je l'ai croisé ce matin pendant que je faisais des courses. Alors je l'ai invité ça faisait longtemps.
Je fronce les sourcils, incrédule.
— Toi, faire les courses ?
Elle rit doucement. Je reste figée. Isaac, ici ? Dans le jardin de mes parents ? Mon cœur s'emballe.
— Maman, pourquoi tu fais ça ? murmurais-je.
— Je savais pas que tu viendrais aujourd'hui mais ça me fait plaisir de vous voir tous les deux.
Je n'ai pas le temps de répondre. Isaac se dirige vers nous, accompagné de mon père. Super. Regardez moi ses deux là à se pavaner ensemble comme s'il était des supers potes. Je m'arrête un instant, hésitant entre faire demi-tour et avancer. Mais avant que je puisse décider, mon père me remarque.
— Tiens donc, dit-il en me voyant. Isaac revient dans nos vies, et toi, tu fais une apparition surprise. Coïncidence ? Il se tourne vers Isaac puis vers moi.
Je croise les bras, essayant de masquer ma nervosité.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? demandais-je.
Il me regarde calmement.
— Je discute avec ton père.
Je regarde le concerné qui esquisse un sourire amusé, croisant les bras à son tour.
— Justement, on parlait de toi.
— Oui. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? demande-t-il brusquement.
Je fronce les sourcils.
— Te dire quoi ?
— Qu'un homme s'est introduit chez toi, répond-il, sa voix plus forte qu'il ne l'aurait voulu.
— Parce que ça ne te regarde pas.
— Pas me regarder ? Camila, c'est sérieux. Quelqu'un a essayé de te faire du mal, et tu ne m'as rien dit.
Je ris, un rire amer.
— Et pourquoi je t'aurais dit quoi que ce soit ? Peut-être parce que tu as disparu pendant un an ? Alors ne viens pas jouer les héros maintenant, c'est un peu tard pour ça.
— Ça n'a rien à voir, rétorque-t-il.
— Tu n'avais pas à être au courant, répétais-je, plus pour lui que pour mon père.
— Vraiment ? intervient James, un sourire narquois sur les lèvres. Et Jake, alors ? Il était où cet imbécile, pendant que ma fille se battait pour sa vie ?
La mention de Jake me fait l'effet d'une gifle. Isaac arque un sourcil, mais reste impassible.
— Laisse le en dehors de tout ça, dis-je d'une voix froide.
— Et qui est Jake ? demande-t-il soudain, sa voix étrangement calme, presque innocente.
Mon cœur se serre. Je sais exactement ce qu'il est en train de faire. Il joue un rôle, comme s'il n'avait jamais prononcé son nom, comme s'il ne m'avait pas demandé de choisir.
Je plisse les yeux, mes lèvres se serrant en une fine ligne.
— Personne.
Le silence qui suit est lourd, presque étouffant. Mon père éclate de rire, un rire qui résonne comme une provocation.
— Personne, hein ? Intéressant.
Je serre les poings, sentant ma patience s'effriter.
— Papa, commence pas, dis-je d'une voix froide, mon regard passant de lui à Isaac, qui reste silencieux, l'air presque... complice.
Je déglutis, les souvenirs remontant malgré moi.
— Pourquoi vous faites ça ? demandé-je, le ton acerbe.
— Faire quoi ? répond mon père avec une fausse innocence.
Je le fixe, essayant de maîtriser ma colère. Isaac, toujours aussi calme, semble observer la scène avec un intérêt qui m'agace. Il n'a rien à dire, il laisse mon père faire le travail sale.
— Isaac et toi, vous redevenez meilleurs amis, et vous me laissez de côté, comme si rien n'avait changé, rétorquais-je, la voix tremblante d'une colère mal contenue.
— J'etais venue pour qu'on puisse parler de l'homme qui s'était introduit chez moi mais je vois que vous avez d'autre chose de prévu alors je vais vous laisser.... je vais reporter cette discussion à plus tard, dis-je d'une voix tranchante.
Sans attendre leur réponse, je tourne les talons et me dirige vers la porte. Mon cœur bat fort, mais je ne me retourne pas. J'ai besoin d'air, de calme, de prendre du recul.
La clé tourne dans la serrure, et je monte dans ma voiture en toute hâte, fermant la porte derrière moi avec un bruit sourd. Je laisse échapper un soupir de frustration, mes mains serrant le volant.
Mais à peine ai-je démarré que je vois une silhouette se profiler dans le rétroviseur. Isaac. Il s'est faufilé derrière moi, apparemment décidé à ne pas me laisser partir si facilement. Sans surprise, il se place du côté passager, s'installant sans dire un mot.
Je ferme les yeux un instant, le cœur lourd. Je n'ai même plus la force de m'énerver contre lui. Il a réussi à m'agacer, à me faire douter de tout, et maintenant il me suit, comme si de rien n'était. Le silence dans la voiture devient oppressant.
Je tourne la tête lentement vers lui, mon regard empli de confusion et de lassitude.
— C'était pour ça que tu es parti ce matin, quand je me suis réveillée ? lui demandai-je d'une voix calme, mais qui trahit ma fatigue. Pour venir ici, chez mes parents, et jouer à ce petit jeu avec mon père ?
Il me fixe un moment sans répondre, puis, enfin, il soupire, comme s'il hésitait à parler. Son regard est distant, presque comme s'il avait pris une décision qu'il n'était pas prêt à assumer.
— Non.
Je sens mon cœur se serrer. J'ai l'impression d'être prise dans un tourbillon de confusion, et je ne sais plus quoi penser de tout ça.
— Alors qu'est-ce que tu veux de moi, Isaac ? demandais-je, presque lasse de cette situation. Tu veux quoi exactement ? Parce que je ne comprends plus rien.
Il reste silencieux pendant un long moment, les yeux fixés sur le paysage qui défile devant nous. Puis il finit par soupirer de nouveau.
— Je... je ne sais pas, Camila.
Je serre les poings sur le volant, mon regard fixé sur la route. Isaac est à côté de moi, silencieux, mais je peux sentir son regard peser sur moi, presque lourd, comme une pression invisible. Je n'ai pas la force de le regarder.
— Si tu me laisses une chance, Camila... je ferai tout pour ne pas te décevoir.
Je fronce les sourcils, jetant un coup d'œil rapide dans sa direction, avant de me concentrer de nouveau sur la route.
— C'est ça, tu veux qu'on officialise ? Que ce soit clair entre nous ?
Il hoche la tête, sans hésitation, comme s'il savait exactement ce qu'il voulait.
— Exactement. Je veux être celui qui te fait rire, celui qui te fait sourire. Pas juste un mec parmi d'autres, pas une relation qui traîne. Je veux que ce soit nous, Camila. Je veux qu'on arrête de faire semblant.
Je reste silencieuse, mon cœur battant un peu plus vite, mais je n'ai aucune idée de ce que je ressens. Tout ça me semble trop soudain, trop lourd. Après tout ce qu'il a fait, après tout ce qu'il m'a laissée traverser toute seule, comment il peut revenir comme ça, en espérant que tout soit réglé d'un coup ?
— Et tu crois vraiment que ça va marcher ? demande-je finalement, ma voix plus calme, mais l'agacement perçant à travers mes mots.
Je jette un coup d'œil vers lui. Isaac détourne les yeux, puis il soupire, comme si ça le fatiguait d'avoir à justifier quoi que ce soit.
— Je sais que j'ai merdé. Je sais que je t'ai laissée seule. Mais je veux que ça change.
J'inspire profondément, tentant de garder mon calme. Ses mots me frappent de plein fouet.
Il me fixe, et je peux presque voir la déception dans ses yeux, mais il ne dit rien. Le silence se fait lourd, et je me concentre sur la route, incapable de lui répondre.
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