44 - Entre refus et tentation
En rentrant chez moi ce soir-là, je m'attendais à l'obscurité habituelle, au silence pesant de mon appartement vide. Mais dès que j'ouvris la porte, je vis que les lumières étaient allumées. Une tension familière se mit à serrer ma poitrine. Je posai ma main sur la poignée, hésitante.
En entrant, je trouvai Isaac assis nonchalamment sur mon canapé, les cheveux encore mouillés. Il portait un t-shirt noir qui épousait parfaitement sa silhouette, comme s'il s'était confortablement installé ici depuis des heures. Mon regard se posa sur une serviette humide posée sur le dossier du canapé, puis sur le sol impeccablement sec. Il avait pris une douche.
— Sérieusement ?! m'écriai-je.
Il leva les yeux vers moi, visiblement calme, comme si tout cela était parfaitement normal.
— Je ne te vois pas pendant un an et maintenant je dois te voir tous les jours ?
— J'ai laissé les lumières allumées pour que tu ne sois pas surprise, répondit-il simplement, avec un demi-sourire.
Je fermai la porte avec un peu trop de force et croisai les bras.
— Et tu veux que je te remercie, peut-être ? Tu t'introduis chez moi comme si c'était chez toi, et maintenant tu t'installes pour une petite soirée détente ?
Il haussa les épaules, visiblement peu affecté par ma colère.
— J'ai pris les devants.
— Les devants ?
Je tentai de ne pas m'attarder sur ses cheveux encore humides, sur l'odeur subtile de savon qui flottait dans l'air. Mais tout chez lui semblait conçu pour capter mon attention, même quand je ne voulais pas.
— Pourquoi tu es encore ici, Isaac ? lançai-je, agacée.
Il se redressa légèrement, son expression devenant plus sérieuse.
— Parce qu'on doit parler.
Je plissai les yeux, méfiante.
— J'ai vraiment pas envie de te parler, va voir Lance ou je ne sais pas..quelqu'un d'autre sauf moi.
— Lance ?
Il se leva complètement, et je reculai d'un pas malgré moi. Sa stature imposante combinée à son regard intense me donnaient l'impression qu'il remplissait toute la pièce.
— Il est venu te voir ?
Je ne répondis pas tout de suite, mais mon silence fut suffisant pour qu'il comprenne.
— Putain, Camila, gronda-t-il, sa mâchoire se crispant. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Parce que je ne savais pas que tu allais t'emporter comme ça, répondis-je en essayant de garder mon calme.
Il secoua la tête, clairement frustré.
— Ça me regarde, Camila. Tu n'as aucune idée de ce dans quoi il est impliqué. S'il est venu te voir, c'est qu'il veut te tirer dans ce merdier. Méfie toi de lui.
— Et toi, Isaac ? Tu es venu pour quoi ? Tu te rends compte que tu es exactement comme lui ?
Il se figea, comme si mes mots l'avaient frappé en plein cœur.
— Non, je ne suis pas comme lui, répliqua-t-il d'une voix plus grave.
Je haussai un sourcil, incrédule.
— Il faut que tu partes.
Je jetai un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur. Jake devait arriver d'un moment à l'autre. Mon cœur accéléra à cette pensée, pas parce que j'étais impatiente de le voir, mais parce que l'idée qu'il tombe sur Isaac ici était une complication dont je n'avais absolument pas besoin.
Je me tournai vers Isaac, qui était toujours planté là, les bras croisés, son regard sombre rivé sur moi.
— Isaac, tu dois partir. Maintenant.
Il haussa un sourcil, visiblement peu impressionné par ma tentative de le faire bouger.
— Pourquoi ? Parce que Jake va débarquer ?
Je croisai les bras, essayant de masquer mon irritation.
— Oui, exactement. Parce que Jake va débarquer. Et je n'ai pas envie qu'il te voie ici.
Isaac laissa échapper un rire amer, se passant une main dans les cheveux encore humides.
— Ah, bien sûr. Monsieur parfait ne doit surtout pas savoir que j'existe.
Je fermai les yeux une seconde, priant pour garder mon calme. Avant que je puisse répondre, la sonnerie de la porte retentit. Mon cœur se serra.
— C'est Jake, murmurai-je, comme une évidence.
Je jetai un regard suppliant à Isaac.
— S'il te plaît, pars.
Il resta figé un instant, son regard se faisant plus sombre.
— Ce type n'est pas fait pour toi. Tu sais quoi je vais rester histoire de mettre mes avertissements en pratique.
— Isaac, arrête, chuchotai-je, sentant ma patience s'effilocher.
— Arrêter ? Pourquoi ? Parce que tu veux continuer à jouer à cette vie parfaite avec lui ? Je ne suis pas là pour ça, Camila.
Je fis un pas en avant, mon regard cherchant le sien, désespérée de trouver une lueur de compréhension dans ses yeux sombres.
— Ce n'est pas une question de lui ou de toi, Isaac. C'est une question de moi. De ce que je veux.
Il haussa un sourcil, ses bras croisés sur sa poitrine.
— Et tu veux quoi, exactement ? Une vie simple, tranquille ? Avec Jake ? Parce que si c'est ce que tu cherches, Camila, tu es en train de te mentir à toi-même.
Je sentis la colère monter, ma voix se durcissant malgré moi.
— Ce n'est pas à toi de décider ce qui est bon pour moi. Tu n'as plus ce droit.
Son sourire disparut, remplacé par une expression froide, presque douloureuse.
— Tu dis ça maintenant. Mais on sait tous les deux que ce n'est pas fini. Pas entre nous.
Je secouai la tête, le cœur serré.
— Sors, Isaac. S'il te plaît.
Je me dirigeai vers la porte, l'ignorant délibérément, mais je pouvais sentir son regard peser sur moi. Je pris une profonde inspiration et ouvris la porte.
— Salut, dit-il d'une voix chaleureuse.
— Salut, répondis-je, essayant de cacher ma nervosité.
Il fronça légèrement les sourcils.
— Ça va ? Tu as l'air... préoccupée.
Je secouai la tête, forçant un sourire.
— Oui, tout va bien. C'est juste que je suis un peu fatiguée ce soir.
Jake me regarda avec attention, son sourire s'effaçant légèrement.
— Fatiguée ? Ça va vraiment, Camila ? Tu as l'air... ailleurs.
Je pinçai les lèvres, m'efforçant de garder un ton léger.
— Oui, vraiment. J'ai juste eu une longue journée, rien de grave.
Jake entra dans l'appartement, son regard scrutant rapidement la pièce. Je sentais la tension monter en moi, une vague de panique m'envahissant. Je le suivis, essayant de cacher mon trouble, mais une étrange sensation persistait. L'endroit semblait vide, pourtant quelque chose me disait que ce n'était pas le cas.
— Tu sais que tu peux tout me dire, non ? Si quelque chose te tracasse...
Je baissai les yeux, jouant avec une mèche de mes cheveux.
— Je sais, Jake. Mais il n'y a rien à dire.
Il croisa les bras, me dévisageant, son ton devenant un peu plus sérieux.
— Camila, tu n'es pas obligée de faire semblant avec moi. Je te connais assez pour savoir que tu caches quelque chose.
Je levai les yeux vers lui, cherchant les bons mots pour le rassurer sans qu'il pose plus de questions.
— Jake, je t'assure que je vais bien. C'est juste une de ces journées où tout semble pesant. Je ne veux pas t'inquiéter.
Il resta silencieux un instant, puis hocha lentement la tête, bien que je pouvais voir qu'il n'était pas convaincu.
— D'accord. Si tu le dis.
Il esquissa un sourire, mais son regard restait grave.
— ...tu préfères qu'on remette ça à un autre jour...
Je haussai les épaules, jouant l'indifférence.
— Si ça ne te dérange pas, oui. Je suis vraiment fatiguée, Jake.
Il fronça légèrement les sourcils, visiblement surpris par ma réponse. Je n'étais pas du genre à écourter nos rendez-vous, et il devait le sentir. Mais il hocha la tête, respectant ma demande.
— Bien sûr, Camila. Je ne veux pas te forcer si tu n'es pas en forme.
Il esquissa un sourire, mais je pouvais voir qu'il était un peu déçu. Ça m'arrangeait pourtant qu'il parte, même si je ne voulais pas qu'il pense que je me désintéressais de lui.
— Merci, murmurai-je en croisant les bras pour cacher mon malaise.
Jake prit une légère inspiration, comme s'il voulait ajouter quelque chose, mais il se contenta de poser sa main sur le dossier du canapé.
— Tu es sûre que tout va bien ? Parce que tu es... différente, ce soir.
— Tout va bien, insistai-je rapidement. Je suis juste... dans ma tête. Beaucoup de choses à penser.
Il hocha la tête, mais je voyais qu'il n'était pas totalement convaincu.
— Ok. Mais promets-moi de m'appeler si tu veux parler. Je suis là pour toi, Camila. Toujours.
Je fis un léger sourire forcé, mais je n'avais qu'une envie : qu'il sorte avant qu'Isaac ne réapparaisse ou que ma nervosité ne me trahisse davantage.
— Merci, Jake. On se voit demain, d'accord ?
Il s'approcha, comme pour m'embrasser, mais je reculai légèrement, feignant un mouvement distrait.
— Bonne nuit, Jake.
Il me regarda, un mélange d'étonnement et de déception traversant ses traits, mais il n'insista pas.
— Bonne nuit, Camila.
Je l'accompagnai jusqu'à la porte, m'efforçant de paraître calme, bien que mon cœur battait à tout rompre. Quand il franchit enfin le seuil, je refermai la porte derrière lui et me retourna rapidement scrutant la pièce.
Je fis lentement le tour de l'appartement, chaque pièce me semblant plus silencieuse que la précédente. Le salon, la cuisine, la salle de bain... Rien. Isaac semblait être parti, et une part de moi se détendit. Mais une autre, plus méfiante, refusait de croire qu'il avait lâché l'affaire aussi facilement.
Je soupirai et me dirigeai vers ma chambre. Peut-être que, pour une fois, il avait compris que je voulais qu'il me laisse tranquille. Mais en franchissant le seuil de la porte, je m'arrêtai net.
Debout, de dos, face à mon armoire. Ses épaules larges, son dos tendu.
— Tu plaisantes, murmurai-je, la voix tremblante de frustration.
Isaac ne bougea pas immédiatement. Puis, lentement, il se retourna.
— Où est Jake ? demanda-t-il.
Je croisai les bras, tentant de garder mon calme malgré la tension qui pesait dans l'air.
— Il est parti. Tout comme toi, tu devrais être parti. Peut-être que tu pourrais suivre son exemple.
Il esquissa un sourire sans joie, un rictus presque cruel.
— Parti, hein ? Intéressant.
Il s'avança lentement vers moi, et je reculai instinctivement.
— Vous avez couché ensemble ? lâcha-t-il soudain, son ton plus dur, plus direct.
Je le fixai, abasourdie par sa question.
— Quoi ?
— Tu m'as très bien entendue, Camila. Vous avez couché ensemble ?
La brutalité de sa question me fit bouillir de rage.
— Tu es jaloux, Isaac ?
Il rit doucement, un rire froid et sans humour.
— Jaloux ? Non. Je suis simplement curieux de savoir combien de balles je dois tirer.
Je serrai les poings, refusant de le laisser me manipuler avec ses mots.
— Tu n'as aucun droit de me poser ce genre de questions. Ma vie privée ne te regarde pas.
Isaac s'approcha encore, si près que je pouvais sentir la chaleur de son corps. Ses yeux étaient noirs, remplis d'une colère contenue.
— Écoute-moi bien, Camila. Si jamais je le revois ici, avec toi... si je le revois poser un doigt sur toi, je te jure que je vais m'en prendre à lui.
Sa voix était calme, mais chaque mot était chargé d'une menace glaciale.
— Oh, vraiment ? Je levai un sourcil, le défiant du regard. Tu crois que je vais te croire ? Tu bluffes, Isaac. Tu ne ferais jamais ça.
Il sourit, mais c'était un sourire qui me donna froid dans le dos.
— Tu penses que je bluffe ? Tu oublies qui je suis.
Il fit un pas de plus, et je me retrouvai dos au mur, littéralement et figurativement.
— Si je dis que je vais le faire, je le ferai. Tu sais ce que ça veut dire, n'est-ce pas ?
Mon souffle se bloqua dans ma gorge.
— Tu es malade, murmurai-je, tentant de reprendre le contrôle de la situation.
Il se pencha légèrement, son visage à quelques centimètres du mien.
— Essaie-moi, Camila. Fais-le revenir, et tu verras.
La tension entre nous était palpable, presque suffocante. Je refusais de détourner les yeux, même si une part de moi voulait fuir.
— Quitte-le, répéta-t-il, sa voix basse et tranchante.
Je serrai les mâchoires, le regardant droit dans les yeux.
— Et si je ne veux pas ?
Un silence lourd s'installa.
— Alors, tu assumes les conséquences, dit-il finalement, sa voix plus froide que jamais.
— Les conséquences ? répétai-je, ma voix tremblante d'un mélange de colère et de défi.
Cette arrogance, ce calme glacial, c'était insupportable. Je fis un pas en avant, mon cœur battant à tout rompre.
— Toi et moi c'est fini depuis longtemps Isaac. Tu n'as rien à faire ici.
Il ne bougea pas d'un centimètre.
— Et si je ne veux pas ? répliqua-t-il, ses lèvres s'étirant en un sourire suffisant.
Ma patience explosa. Sans réfléchir, je levai la main pour le pousser, mais il attrapa mon poignet avant que je ne puisse le toucher.
— Lâche-moi, grognai-je, tirant sur mon bras.
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, la colère et quelque chose d'autre. Je tirai plus fort sur mon bras, mais il me tenait fermement.
— Lâche-moi, répétai-je, ma voix plus forte cette fois.
Je le poussai de l'autre main, mais au lieu de céder, il recula juste assez pour me déséquilibrer, m'attirant un peu plus près de lui. Il finit par lâcher mon poignet, mais je ne reculais pas. Au lieu de ça, je posai mes mains sur son torse, le poussant violemment.
— Bouge, Isaac, rugis-je, le cœur battant à tout rompre.
Il attrapa mes poignets à nouveau, les plaquant contre son torse, son regard brûlant plongeant dans le mien.
— Tu crois vraiment que c'est ce que tu veux ? demanda-t-il, sa voix rauque.
Sa proximité, la tension dans l'air, tout cela me faisait perdre le contrôle. Mon souffle s'accéléra, et je sentis mes joues chauffer.
— Arrête de faire ça, murmurai-je, ma voix faiblissant malgré moi.
— Faire quoi ? souffla-t-il, un sourire narquois sur ses lèvres.
Je me débattais encore, mais il ne lâchait pas. Au lieu de cela, il baissa légèrement la tête, son visage si près du mien que je pouvais sentir son souffle contre mes lèvres.
— Tu me rends fou, Camila, murmura-t-il.
Mon cœur manqua un battement.
— Isaac...
Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase. Le silence entre nous devint insoutenable, chargé de tout ce que nous n'osions pas dire. Je savais que je devais reculer, briser cette tension, mais je restais là, figée, incapable de bouger.
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