37 - Un retour ?
Je rentrai chez moi, la porte se fermant dans un bruit sourd derrière moi, comme pour marquer la fin d'une journée qui n'en finissait pas. Je me laissai tomber contre la porte, un instant, mes mains crispées sur la poignée.
Je jetai mon manteau sur le canapé, sans même y prêter attention. Mes pensées étaient ailleurs.
Je me dirigeai vers la chambre, l'esprit toujours en ébullition. La lumière tamisée de l'appartement me donnait une impression de calme, mais tout en moi était en désordre. Je me débarrassai de mon manteau, puis de mes vêtements, les faisant tomber négligemment sur le sol. Ma peau, marquée par la tension de la journée, semblait réclamer un peu de répit.
Je m'arrêtai un instant devant le miroir, me regardant brièvement. Le reflet me paraissait presque étranger, comme si tout ce que j'avais vécu jusqu'à ce moment m'avait transformée en quelqu'un d'autre. Mais il fallait que je prenne une douche. Je ne voulais pas rester là, figée dans ces pensées qui tournaient en boucle.
Je retirai mon dernier vêtement, une culotte simple et noire. Le contact frais de l'air sur ma peau me fit frissonner légèrement. Un soupir m'échappa. Si seulement la douche pouvait effacer ce sentiment de chaos qui m'envahissait.
Je me glissai sous l'eau chaude, fermant les yeux pour laisser la chaleur apaiser mes muscles tendus. Mais même là, dans ce silence relatif, mon esprit ne cessait de tourner. Isaac. Huit mois. Son retour. Il n'avait rien d'un fantôme. Il était bien réel, et plus encore, il portait des secrets que je n'étais pas prête à découvrir.
Je sortis de la douche, une serviette enroulée autour de moi, laissant la vapeur se dissiper lentement dans la pièce. L'eau avait emporté la crasse de la journée, mais pas ce poids qui pesait encore sur mes épaules. Je m'essuyai rapidement, tirant des vêtements propres de la commode : un short en coton noir et une brassière gris clair. Simple, pratique.
En passant devant le miroir, je notai la tension encore visible sur mon visage, mais je n'avais pas le temps de m'attarder là-dessus. J'avais faim, et mon estomac grogna pour me le rappeler.
Je traversai le couloir pour entrer dans la cuisine, pieds nus sur le carrelage frais. L'appartement était silencieux, trop silencieux. Pourtant, je ne m'attardai pas sur cette sensation étrange. Je tirai la porte du frigo avec un léger grincement, cherchant quelque chose de rapide à grignoter.
C'est alors que je le sentis. Un frisson parcourut ma nuque, glacé, instinctif. Quelque chose clochait. Ce n'était pas juste une impression : il y avait une présence. Derrière moi.
Mon cœur rata un battement, mais mes réflexes prirent le dessus. Sans réfléchir, ma main glissa sur le comptoir à ma droite et s'empara d'un couteau. Dans un mouvement fluide, je me retournai, lançant la lame avec précision. Elle fendit l'air avant de se planter dans le mur, à quelques centimètres de l'épaule d'un homme.
Il était grand, vêtu de noir, et son visage était masqué. Ses yeux brillants trahissaient une surprise mal dissimulée. Pas le temps de réfléchir davantage. Je me lançai sur lui avant qu'il ne puisse réagir pleinement, mes pieds glissant légèrement sur le carrelage humide.
Il tenta de me saisir, mais je me baissai juste à temps, envoyant un coup de poing rapide dans ses côtes. Un grognement s'échappa de ses lèvres. Il répliqua avec un mouvement rapide, cherchant à m'attraper par le bras, mais je pivote, utilisant mon élan pour lui asséner un coup de genou dans l'estomac.
Il vacilla, mais il était rapide, et son poing fendit l'air, visant mon visage. Je levai un bras pour parer, le choc résonnant dans mes os. La douleur était vive, mais je l'ignorai. Mon pied droit frappa sa cheville, et il perdit brièvement l'équilibre.
Je profitai de cette ouverture pour le projeter contre le comptoir, utilisant mon poids pour le maintenir en place. Son souffle était court, et je pouvais sentir sa frustration grandir. Sa main chercha à attraper quelque chose dans sa ceinture, mais je fus plus rapide, attrapant un autre couteau sur le plan de travail et le plaçant contre sa gorge.
— Qui es-tu ? soufflai-je, le souffle court, mes yeux brûlant de colère.
Il ne répondit pas immédiatement, mais je sentis son corps se tendre sous ma prise. Ses yeux brillèrent d'un éclat de défi, et un sourire fugace passa sur ses lèvres.
— Impressionnant, lâcha-t-il d'une voix rauque, presque amusée.
Mon poing s'écrasa contre son visage avant qu'il n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit. Pas de jeu, pas de questions inutiles. Je renforçai ma prise sur le couteau, la lame pressée contre sa gorge.
— Qui es-tu et qu'est-ce que tu fais chez moi ? grondai-je, ma voix basse mais menaçante.
Il cracha un peu de sang sur le sol, son sourire effacé. Il semblait hésiter, peser ses options. Je ne lui laissai pas le temps de réfléchir davantage.
— Parle, ou je t'étripe ici et maintenant.
Il grimaça, puis finit par lever une main dans un geste de reddition.
— Calme-toi, ok ? Ce n'est pas personnel.
— Pas personnel ? répétai-je, ma colère montant d'un cran. Tu t'introduis chez moi, et ce n'est pas personnel ? Qu'est-ce que tu veux ?
Son regard se durcit, mais il resta silencieux. Mon instinct me hurlait qu'il mentait, ou qu'il cachait quelque chose. Sa main libre bougea imperceptiblement, cherchant quelque chose à sa ceinture. Je remarquai le mouvement à la dernière seconde.
Je fis un pas en arrière juste avant qu'il ne sorte une petite lame dissimulée. Il tenta de m'attaquer, mais j'évitai le coup d'un mouvement vif, le couteau effleurant mon bras. La douleur était vive, mais elle ne fit qu'alimenter ma rage.
Je bondis sur lui, le frappant violemment au visage avec le manche de mon couteau. Il tituba en arrière, heurtant la table de la cuisine. Avant qu'il ne puisse se reprendre, je le désarmai d'un coup précis, envoyant sa lame glisser sur le sol.
Je ne lui laissai aucune chance de riposter. D'un mouvement rapide, je lui tordis le bras dans le dos et le plaquai au sol, mon genou pressé contre sa colonne vertébrale. Il grogna de douleur, incapable de bouger.
— Dernière chance, dis-je, le souffle court. Si tu ne veux pas que je te laisse ici en morceaux, tu vas me dire qui t'envoie et pourquoi.
Il lâcha un rire étouffé, amer.
— On a des connaissances en commun, et il semblerait que la seule manière de l'atteindre c'est de passer par les gens qu'il a fréquenté, murmura-t-il, presque comme une menace.
Je serrai davantage son bras, le faisant crier de douleur.
— Ah oui ?
Mon esprit se mit à tourner. Mais pour l'instant je devais savoir qui l'envoyait et à quel point j'étais en danger.
— Qui t'envoie ? demandai-je, mais il secoua la tête, un sourire désespéré aux lèvres.
— Tôt ou tard, ils viendront eux-mêmes.
Je le frappai à la tempe, suffisamment fort pour l'assommer, et son corps s'affaissa, inerte. Je restai un instant au-dessus de lui, le souffle rauque, le cœur battant à tout rompre.
Le temps semblait s'étirer à l'infini. Je jetai un coup d'œil vers l'homme inconscient, toujours attaché solidement sur le sol de ma cuisine. J'avais fini par lui retirer son masque bien que son visage ne me disait absolument rien. Chaque bruit dans l'appartement me faisait sursauter. Puis, enfin, j'entendis trois coups secs à la porte. Je me précipitai pour ouvrir.
Mon père se tenait là, imposant, entouré de trois hommes de main. Ils portaient des costumes sombres et des regards déterminés. Mon père, dans son manteau long, me toisa de son regard perçant, balayant rapidement la pièce avant de poser ses yeux sur moi.
— Camila, dit-il doucement, mais son ton était chargé d'autorité. Tu vas bien ?
— Oui, répondis-je, même si ma voix tremblait légèrement. Je vais bien.
Il posa une main ferme sur mon épaule, un geste à la fois protecteur et calculé. Puis, il entra dans l'appartement, ses hommes le suivant de près. Il se dirigea immédiatement vers la cuisine, où l'homme commençait à remuer, reprenant lentement conscience.
— Attachez-le correctement, ordonna-t-il d'une voix froide à ses hommes. Et faites-le sortir d'ici.
Ils s'exécutèrent sans un mot, attrapant l'intrus comme un sac de linge sale. L'homme grogna faiblement, mais il était trop sonné pour opposer la moindre résistance. Je les regardai l'emmener, une tension que je ne réalisais même pas avoir quittant mon corps.
Mon père se retourna vers moi une fois que la porte se referma derrière eux. Il croisa les bras, son visage dur mais teinté d'une pointe de préoccupation.
— Tu as bien fait de m'appeler, dit-il. Ton appartement n'est plus sûr.
Je serrai les bras autour de moi, consciente que sa colère n'était pas dirigée contre moi, mais contre la situation.
— Je vais être plus vigilante.
Il secoua lentement la tête.
— Ce n'est pas suffisant. Je veux que tu rentres à la maison. Avec nous. Là-bas, tu seras en sécurité.
Je relevai les yeux vers lui, surprise.
— Papa, je ne peux pas... Je ne veux pas, corrigeai-je rapidement. Je ne vais pas fuir juste parce que quelqu'un a essayé de m'intimider.
Son regard se durcit, mais il ne répondit pas immédiatement. Il semblait peser mes paroles, chercher une solution.
— Très bien, dit-il enfin, bien que je sentais une pointe de frustration dans sa voix. Mais si tu restes ici, ce sera sous mes conditions.
— Lesquelles ? demandai-je, méfiante.
— Je vais t'assigner deux hommes. Ils resteront dehors, veilleront à ce que personne ne s'approche de toi. Si quelque chose d'inhabituel se passe, ils interviendront immédiatement.
Je fronçai les sourcils.
— Papa, je n'ai pas besoin de gardes. Je roulais des yeux, et voilà qu'il m'assignait encore et encore des gardes.
— Ce n'est pas une discussion, trancha-t-il, son ton laissant peu de place à l'opposition. Tu peux garder ton indépendance, mais tu ne peux pas m'empêcher de m'assurer que tu es en sécurité.
Je soupirai, sachant qu'il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis.
— D'accord, concédai-je finalement. Mais je veux qu'ils restent discrets.
Il hocha la tête, satisfait.
— Ils le seront.
Il me regarda encore un instant, comme pour s'assurer que j'allais vraiment bien, puis il s'approcha pour poser une main sur ma joue.
— Fais attention à toi, Camila. Si quoi que ce soit arrive, tu m'appelles immédiatement.
— Promis, répondis-je doucement.
Il quitta l'appartement quelques instants plus tard, son ombre imposante et celle de ses hommes disparaissant dans le couloir. Je restai seule, le silence revenant dans mon espace. Mais cette fois, il n'était pas apaisant.
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