36 - Une quête
Le bâtiment Orion Tower s'élevait au cœur de la ville, une structure imposante de verre et d'acier qui dominait l'horizon. Tout dans cet endroit respirait le pouvoir et l'opulence, des portes automatiques en verre fumé aux éclats de marbre noir dans le hall. Une atmosphère feutrée, presque intimidante, imprégnait les lieux.
Je pénétrai dans le hall, mon sac en cuir bien calé sur mon épaule. Deux hommes en costume impeccablement taillé m'attendaient près des ascenseurs.
— Mademoiselle, Monsieur Montse vous attend, dit l'un d'eux, un sourire professionnel figé sur son visage.
Sans un mot, je le suivis jusqu'à l'ascenseur privé. Les portes s'ouvrirent sur un intérieur en acajou poli, et la montée jusqu'au sommet fut silencieuse. L'air était chargé d'une tension subtile, une sorte d'avertissement non-dit.
Au dernier étage, les portes s'ouvrirent sur un bureau digne d'un roi. La vue panoramique sur la ville, les meubles modernes, et une collection d'œuvres d'art dispendieuses suffisaient à annoncer la stature de Mike Montse.
Il était là, debout près de son bureau, une main dans la poche de son pantalon sombre, l'autre tenant un verre de bourbon. Grand, élancé, et parfaitement rasé, Montse avait cette aura naturelle d'autorité. Ses yeux clairs se fixèrent sur moi dès que j'entrai.
— Camila, dit-il d'une voix grave et posée. Je vous remercie d'être venue.
Je m'approchai, gardant une posture détendue mais vigilante.
— Monsieur Montse, répondis-je avec un léger sourire. Quand quelqu'un comme vous appelle, on ne dit pas non.
Un sourire effleura ses lèvres, mais son regard resta sérieux.
— Prenez un siège, dit-il en désignant une chaise en cuir devant son bureau.
Je m'installai, croisant les jambes et attendant qu'il commence.
— Vous savez pourquoi je vous ai appelée ? demanda-t-il après un moment de silence.
— Je suppose que ce n'est pas pour discuter de vos œuvres d'art, répliquai-je en jetant un regard vers une sculpture moderne dans un coin de la pièce.
Il eut un petit rire avant de redevenir sérieux.
— Vous portez un nom qui attire l'attention, Camila. Harley. Cela signifie que vous comprenez les rouages du pouvoir et, disons, des affaires... complexes.
Je fronçai légèrement les sourcils, mon instinct déjà en alerte.
— Je suis détective privée, pas politicienne ni stratège criminelle, répondis-je froidement.
— Et pourtant, votre nom ouvre des portes que peu de gens peuvent franchir. C'est précisément pour cela que je fais appel à vous, dit-il en posant son verre sur le bureau.
Il s'adossa à son fauteuil, croisant les doigts devant lui.
— Une situation délicate s'est présentée. Une fuite d'informations critiques menace mon entreprise. Cela concerne non seulement mes intérêts, mais aussi des personnes haut placées qui ne peuvent se permettre de voir leurs noms associés à cette affaire.
Je penchai légèrement la tête, attentive.
— Vous pensez qu'une taupe est impliquée ?
— Je suis sûr qu'il y en a une, répondit-il d'un ton glacial. Mais ce n'est pas une simple question de loyauté. Les informations en jeu concernent des projets classifiés. Si elles tombent entre de mauvaises mains, cela pourrait provoquer des... conséquences internationales.
Je pris une seconde pour digérer ses mots. C'était sérieux, bien plus sérieux que je ne l'avais imaginé.
— Et vous êtes certain que je suis la personne qu'il vous faut pour ça ? demandai-je, jouant avec le stylo que j'avais sorti de mon sac.
— Vous avez un accès unique. Votre réseau, vos compétences, et, disons-le franchement, votre nom, peuvent me donner l'avantage dont j'ai besoin.
Je restai silencieuse un instant, pesant le pour et le contre. Accepter ce genre de mission signifiait marcher sur une corde raide. Mais refuser, c'était peut-être passer à côté d'une opportunité rare.
— Très bien, dis-je enfin. Mais je vais avoir besoin de toutes les informations. Pas de zones d'ombre, pas de secrets.
Montse acquiesça, son expression grave.
— Vous aurez tout ce qu'il vous faut. Mais sachez que cette mission est dangereuse. Les personnes impliquées ne reculeront devant rien pour protéger leurs intérêts.
— Ça tombe bien, dis-je en me levant. Moi non plus.
Il sourit légèrement, se levant à son tour pour me tendre la main.
J'avais accepté de travailler avec des gens comme Mike Montse, des hommes puissants, influents, prêts à tout pour protéger leurs intérêts. Mais j'avais aussi appris à garder mes distances. Parce que, plus je m'enfonçais dans ce monde, plus je réalisais que chaque décision avait son prix. Et moi, je n'étais pas prête à sacrifier tout ce que j'avais construit.
— Il pense que tu peux arranger la situation et par ça je crois qu'il veut dire ce que toi et moi on s'est.
Fais la voix de Kai dans mon oreille.
— Et qu'est ce que tu crois que ça veut dire ?
— Retrouve la taupe et liquide la. Dit-elle sans me ménager.
— Je suis détective pas tueuse à gage.
Je jetai un coup d'œil à l'heure. Il était déjà tard. Pas de temps à perdre. Ce soir, je devais rencontrer quelqu'un.
— Hum. C'est tout comme.
Je raccroche et fourre mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Une mission apparemment banale au départ, mais qui, comme souvent, cachait bien des choses sous la surface. Une fuite d'informations dans une entreprise de haute technologie. Un vol de données sensibles. Et, comme d'habitude, j'étais celle qui devait démêler le tout.
Je pris mon sac, vérifiai que mon arme était bien en place à l'intérieur, et me dirigeai vers la porte. En chemin, mon téléphone vibra. Un message de Kai. Je décide de l'ignorer pour l'instant.
Je sortis de l'appartement, prenant une profonde inspiration en voyant la ville s'étendre devant moi. Je n'étais plus cette fille perdue, accrochée à un passé qui ne lui appartenait plus.
Je garai la voiture dans une ruelle sombre, loin des regards indiscrets. Je traversai la rue, me faufilant dans une petite porte latérale qui donnait sur les étages supérieurs du bâtiment.
— Camila Harley, murmura-t-il, une lueur d'intérêt dans son regard. Vous êtes bien plus jeune que je ne l'avais imaginé.
Je lui adressai un sourire glacial. Les compliments, ou les sous-entendus, je savais les ignorer.
— Vous m'avez demandé, j'espère que ce n'est pas pour discuter de ma jeunesse.
Il me tendit une clé USB.
— Les informations volées se trouvent ici, expliqua-t-il. Je veux que ça soit clair, je n'ai rien avoir avec ça.
Je pris la clé sans un mot, observant le moindre mouvement.
Je pris la clé sans un mot, la glissant dans ma poche intérieure. Je l'avais observé, chaque mouvement, chaque hésitation, mais il semblait sincère. S'il voulait vraiment se racheter, pourquoi me la donner maintenant, après tout ce qu'il avait fait ? Je savais qu'il ne m'offrait pas ça par bonté, mais parce qu'il avait ses propres raisons. Peut-être qu'il avait un compte à régler, un fardeau à se débarrasser.
— Pourquoi tu fais ça ? demandai-je enfin, mon regard ne quittant pas son visage, cherchant la vérité dans ses yeux.
Il resta silencieux un moment, l'air accablé par ses propres pensées. Finalement, il soupira, l'air fatigué, et se passa une main dans les cheveux.
— Je... Je suis allé trop loin. Et je n'ai pas envie de mourir. Cette affaire est allée trop loin.
Sa voix tremblait légèrement, trahissant la peur qu'il essayait de dissimuler. Je pouvais le voir dans ses yeux.
— Eh bien j'espère pour vous qu'il ne vous trouverons pas.
Je partis rapidement, l'esprit déjà absorbé par la tâche à accomplir. Un bruit de pas résonna derrière moi. Instinctivement, je me retournai, mes yeux se fixant sur une silhouette qui avançait dans l'ombre.
Sans réfléchir, je fis un mouvement brusque et l'attrapai par le col, le plaquant violemment contre le mur.
— Qui vous envoie ? murmurai-je, le souffle court, mais la voix glaciale.
L'homme releva difficilement la tête. Lorsque son visage apparut sous la lumière, mon cœur se serra.
Lance.
Je le relâchai immédiatement, troublée. Je reculai d'un pas, détournant les yeux un instant, avant de briser le silence d'une voix tendue :
— Est-ce qu'il est ici ?
Tout en posant la question, je balayai les alentours du regard, inspectant chaque coin sombre et chaque ruelle déserte, à l'affût du moindre signe de présence.
Lance secoua lentement la tête.
— Non.
Je ne savais pas si c'était une réponse qui m'apaisait ou si le doute de son absence me troublait encore davantage.
— Enfin..Oui...il est de retour, dit-il, sa voix basse.
De retour ? Je reportai mon regard sur lui, mes yeux cherchant des réponses dans les siens.
— Vraiment, répondis-je d'un ton détaché. Pourquoi tu me suivais lance ?
Il sembla hésiter, ses mains nerveusement croisées devant lui.
— Il... il a quitté la DEA, il y a huit mois. Finit-il par dire.
Cette fois, je ne pus empêcher un bref éclat de surprise de passer dans mon regard, mais je le masquai aussitôt, me contentant de hausser les épaules.
— Et alors ? Tu veux une médaille pour m'avoir appris ça ?
— Il a été contraint de partir, poursuivit Lance, comme s'il ne m'avait pas entendue. Sanctions disciplinaires. Ils disent qu'il a enfreint les règles, qu'il est allé trop loin.
Je plissai les yeux, mais gardai mon masque d'indifférence. Est-ce que c'était ma faute ?
— Si tu veux que je pleure pour lui, tu perds ton temps. Les règles sont là pour une raison, non ?
Lance s'agita, jetant un coup d'œil nerveux autour de nous.
— Ce n'est pas aussi simple. Tu sais qu'Isaac n'était pas du genre à respecter les règles.
Je croisai les bras. Lance me fixa, le regard désespéré.
— Fais attention, c'est tout.
Je détournai les yeux, comme si ses paroles glissaient sur moi.
— Merci pour l'avertissement, mais je sais me débrouiller.
Il lui aura fallu huit mois. Huit mois de silence, de rien, comme si tout avait disparu.
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