34 - Un nouveau départ
Je fais un dernier tour dans le loft, observant chaque recoin avec satisfaction. Un mois s'était écoulé. C'est immense, plus grand que ce dont j'avais besoin, mais ça me plaît. L'espace, la lumière qui entre par les grandes fenêtres, le parquet sombre et les murs blancs. Ça me donne l'impression de respirer, d'avoir de la place pour moi, pour tout.
Je m'assois sur le canapé du salon, un endroit déjà un peu plus intime. Il reste des cartons un peu partout, mais je me sens à ma place ici. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. C'est moi, ça. Cette liberté.
Lara et Éric arrivent alors, un peu essoufflés après avoir monté tous mes cartons. Éric, toujours aussi calme et réfléchi, dépose une boîte sur la table basse tandis que Lara, pleine d'énergie, me fait un clin d'œil.
— C'est vraiment un palace, ce truc, me lance Lara, en observant autour d'elle. T'as vraiment pas lésiné sur la taille !
Je ris, légèrement moqueuse.
— Disons que j'aime l'espace. Je suis bien ici.
— La prochaine fois que tu m'appelles pour me demander de venir t'aider. Rappelle moi que c'est un piège et que sa signifie que je vais faire tous le boulot. Dis Éric.
— Il faut bien que tes muscles te servent à quelques choses. Dis-je en lui rapportant une bouteille d'eau.
— T'as vu la taille du canapé ? Tu pourrais y faire une fête entière.
Je lève les yeux au ciel et me laisse tomber dans un fauteuil.
Lara s'assoit près de moi, toujours aussi enthousiaste, et j'apprécie sa présence. Elle est un peu comme un rayon de soleil, tout le temps. Éric, lui, est plus calme, mais il capte tout ce qui se passe autour de lui. Il a cette capacité à comprendre quand les gens ont besoin d'espace et quand ils ont besoin d'être bousculés.
— Alors, c'est quoi ton plan maintenant ? demande Lara, me fixant avec un sourire taquin. T'as trouvé ton coin pour te poser et maintenant ?
Je me lève, m'approchant de la grande fenêtre. Je la pousse légèrement pour laisser entrer un peu d'air frais. La vue sur la ville est impressionnante, presque apaisante.
— Et maintenant on essaye de se débrouiller comme une grande.
Éric hoche la tête, posant une boîte de verres sur le comptoir de la cuisine ouverte.
— Ouais, c'est sûr avec tout cet espace. C'est pas donné, mais t'as le droit de profiter de ta richesse, après tout. Tu l'as mérité.
Lara me regarde, un peu plus sérieuse maintenant.
— Tu sais, c'est un grand changement. T'es bien installée ici, mais ça doit être un peu bizarre aussi. Non ?
Je marque une pause. Elle n'a pas tort. Ça fait un mois, mais même si l'espace est magnifique et que je m'y sens bien, il y a encore des choses qui me tracassent. Des questions qui restent sans réponse. Isaac, par exemple. Mais je ne veux pas y penser maintenant. Pas devant eux.
— Ça va, vraiment, je suis juste... je suis bien ici.
Lara hausse les épaules, un sourire en coin.
— Tant mieux, alors.
Je souris, un peu amère.
Elle se lève d'un bond et se dirige vers la cuisine, pleine d'énergie, tandis qu'Éric me rejoint près de la fenêtre. Il ne dit rien pendant un moment, comme s'il attendait que je brise le silence.
— Tu penses qu'il reviendra, hein ?
Je le fixe, un peu surprise. C'est direct, mais ça ne m'étonne pas. Éric n'a jamais été du genre à tourner autour du pot.
— Je sais pas. Je sais plus ce que je veux. Mais ça fait partie du passé, je crois.
Éric hoche lentement la tête, un air sérieux sur le visage.
— C'est bien, ça. Parce qu'avancer, c'est ce qu'il faut faire.
Lara revient avec un sourire malicieux.
— On peut commencer à boire un verre maintenant ? Parce que, franchement, j'ai soif après toute cette histoire de cartons.
Je ris et les rejoins, prête à oublier un instant tout ce qui me pèse. Peut-être que, finalement, ce loft n'est pas qu'un décor. C'est un endroit où je peux vraiment me reconstruire. Pas de pression. Pas de questions. Juste de l'espace.
Six mois se sont écoulés de plus. C'est drôle comme le temps file quand on essaie de s'échapper de ses pensées, quand on fait tout pour ne pas regarder en arrière. Isaac ? Il est là, dans un coin de ma tête, un peu flou.
Ma vie a pris un autre tournant. J'ai enfin trouvé ma place, mon vrai chemin. Je travaille maintenant comme détective privée, et franchement, j'adore ça. C'est exactement ce que j'attendais. Chaque enquête, chaque mystère à résoudre me garde occupée. J'adore cette adrénaline. Le monde criminel m'attire, mais je suis bien consciente de la ligne à ne pas franchir. Je veux de l'action, mais jamais au détriment de mes principes.
Je n'ai pas l'impression d'être la même personne qu'avant. Je me sens plus forte, plus mature. C'est un boulot qui exige une certaine dureté, et je l'ai développée au fil des mois. Je m'occupe de disparitions, parfois de gens qui veulent se venger. Parfois, ça me met en danger, mais je gère.
Je ne franchis pas la ligne.
Je suis chez moi, seule, plongée dans l'enquête du jour, quand la sonnette de l'entrée brise le silence. Je sursaute, mon regard se pose sur l'horloge. C'est tard. Je ne m'attendais à personne. En me dirigeant vers la porte, un petit sourire se dessine sur mes lèvres.
Je n'ai même pas le temps de poser ma main sur la poignée que la porte s'ouvre doucement sous sa pression. Il est là, dans le cadre de la porte, avec son regard qui brille de malice et ce sourire que je connais bien. Il a ce truc, cette présence qui capte toute l'attention. Avec ses cheveux blonds presque dorés qui tombent légèrement sur son front, ses yeux d'un bleu intense qui me fixent avec cette confiance désarmante. Un corps sculpté, comme s'il sortait d'une affiche de magazine, habillé simplement d'une chemise qui met en valeur sa silhouette athlétique.
— Salut, dit-il, sa voix profonde, pleine de cette chaleur qui m'apaise instantanément.
Il franchit le seuil de la porte sans attendre de permission, comme si cet endroit était aussi le sien. Je ferme la porte derrière lui et, avant même de dire un mot, il m'attrape doucement par la taille, m'attirant contre lui.
Il m'embrasse. Un baiser léger, mais qui me réchauffe tout de suite. Je me laisse aller un instant, me détendant dans ses bras, avant de m'écarter légèrement, un sourire un peu hésitant aux lèvres.
— Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? je demande, une pointe de taquinerie dans la voix.
Jake n'a pas besoin de réponse. Il me fixe un instant, puis hausse les épaules.
— Tu passes trop de temps sur ce travail, Camila. Allez, je t'emmène. On sort. Pas d'excuses.
Je ris doucement, mais je sais qu'il a raison. Je suis prise dans mes enquêtes, absorbée par mes recherches. Je pourrais passer des jours entiers sans m'arrêter, mais il a raison de vouloir m'éloigner de tout ça, même pour une soirée.
Jake est simple, sans mystère, sans passé compliqué. Il est un peu l'antithèse de ce que j'ai connu, et pour un soir, j'ai envie de me laisser aller à cette simplicité.
Je le regarde, un léger sourire aux lèvres, en m'apprêtant à répondre. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, il m'embrasse à nouveau, plus longuement cette fois. Ce baiser me fait oublier, pendant un instant, toutes les préoccupations qui m'assaillent.
Jake, c'est simple. C'est facile. Et c'est tout ce dont j'ai besoin ce soir.
Il me prend par la main, m'entraîne doucement vers la porte.
— Allez, viens. Je t'emmène loin de tout ça, dit-il en souriant.
Je le suis sans hésiter. Une fois dehors, il me guide vers sa voiture, un modèle luxueux mais pas ostentatoire. Il m'ouvre la portière, comme toujours, ce petit geste qui me fait sourire, mais qui me rappelle aussi qu'il est loin d'être le type d'homme que je connais d'habitude.
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