31- Les pieces du puzzle


Je retrouvai Kai au fond du bar. Trois jours c'était écoulé depuis la libération de David. Elle était déjà installée, comme d'habitude, calme et concentrée. Je m'assis en face d'elle, sans perdre de temps.

J'étais pas là pour perdre mon temps alors j'allais droit au but avec elle. Il fallait d'abord retrouver Valeria.

Elle haussait un sourcil, manifestement surprise.

— Valeria ?
Je hochai la tête.

— Oui. Elle est la meilleure dans ce qu'elle fait. Ses compétences en hacking seront cruciales pour ce que je prévois de faire.

Kai ne répondit pas tout de suite, comme si elle pesait mes mots. Puis, elle acquiesça.

— Je vois. Mais Valeria... Elle ne va pas être facile à convaincre.

— Je sais comment m'y prendre, répondis-je d'un ton assuré.

— Et il nous faut aussi Simone. Elle a travaillé dans les forces spéciales. C'est une vraie spécialiste du terrain. Elle saura comment réagir à tout, et on va en avoir besoin.

Kai sembla réfléchir un moment avant de répondre.

— Tu penses vraiment qu'elle va nous suivre, avec tout ce qu'il s'est passé ?

— Oui, elle sait ce dont je suis capable, tout comme moi de ce qu'elle peut faire. Elle a ses propres raisons, mais elle nous aidera.

Kai finit par acquiescer.

— D'accord, Valeria et Simone. On part là-dessus.

Je pris un instant, consciente de ce que ça impliquait. Nous allions devoir renouer des liens avec des filles que nous avions perdues de vue depuis trop longtemps.
Quelques minutes plus tard, Kai et moi nous levions pour partir, mais je remarquai soudain quelqu'un dans le bar. Je tournais la tête et, au fond, je reconnus immédiatement Lance. Sans même y réfléchir, je compris que c'était Isaac qui l'avait envoyé.

Je fis un signe à Kai pour attirer son attention, et elle suivit mon regard. Lance avait déjà repéré mon regard. Je savais que, peu importe ce qu'il faisait ici, il était là pour me surveiller, comme Isaac lui avait sûrement demandé. Je prends sur moi pour ne pas aller le confronter et sors du bar.
J'en avais marre de me faire surveiller par tout les hommes que je côtoyais.

Quelques jours après ma rencontre avec Kai, je réussis à retrouver Valéria, qui semblait avoir pris soin de disparaître de la circulation. Elle était là, dans un petit café à l'écart, les yeux fixés sur son portable, comme si elle attendait quelque chose. Elle leva les yeux lorsque je m'assis en face d'elle.

Elle me fixa, puis haussant un sourcil.

— Comment tu m'as retrouvée ? Je pensais que j'avais pris toutes les précautions.

— Bonjour à toi aussi Valéria.

— C'est toi XOcrew96 ? Dit-elle en me dévisageant.

Je souris, sachant quelle n'attendait réellement pas de réponse de ma part.

— Je le savais. Dis moi au moins que tu es une fan de The weeknd par pitié.

— Je connais pas mal de ses chansons. Ça te va comme réponse ?

— Comment ?

— J'ai des contacts, répondis-je d'un ton calme, sans en dire plus.

C'était vrai, j'avais mes sources, mais Valéria n'avait pas besoin de tout savoir.

Elle secoua la tête, légèrement déconcertée.

— T'as toujours cette manie de tout gérer, hein ?

Je lui souris.

— On ne change pas. Mais j'ai une proposition pour toi.

Elle croisa les bras, le regard suspicieux.

— Je t'écoute, mais ne me dis pas que tu veux encore me faire une faveur dans le genre tu me donnes un coup de main et je t'arrange un truc.

Je la regardai, un sourire malicieux aux lèvres.

— Est-ce que je suis si prévisible que ça ?

Je sortis lentement deux billets de concert de ma poche, les faisant glisser sur la table entre nous.

— Je t'offre ça. Deux places VIP pour toi et la personne de ton choix. Accès à la loge de l'artiste. Une rencontre privée, en tête à tête.

Valeria fixa les billets, incrédule. Ses yeux passaient de leur brillant éclat argenté au sourire que j'arborais fièrement.

— Tu plaisantes ? murmura-t-elle en les prenant du bout des doigts, comme si elle n'y croyait toujours pas.

— Tu me connais mieux que ça, répondis-je en croisant les bras.

Elle tourna les billets dans ses mains, scrutant les moindres détails comme pour vérifier leur authenticité. Puis elle leva les yeux vers moi, ses lèvres s'étirant en un sourire qu'elle semblait tenter de réprimer.

— ... c'est quoi l'arnaque ?

— Pas d'arnaque. Juste un cadeau pour une amie qui aime autant cet artiste que moi.

Valeria éclata d'un petit rire sceptique, secouant la tête.

— Toi, offrir un truc sans arrière-pensée ? T'as besoin de quelque chose. Allez, dis-moi ce que tu mijotes.

Je pris un instant, faisant mine de réfléchir, puis me penchai légèrement vers elle.

— Tu sais que j'ai besoin de toi, Valeria. Mais tu sais aussi que je ne te demanderais pas ça si ce n'était pas important. Alors oui, j'ai une idée derrière la tête. Mais crois-moi, c'est une question de vie ou de mort.

Elle soupira, regardant les billets une dernière fois avant de les ranger dans son sac.

— Très bien. Je suis de la partie. Mais ne crois pas une seconde que je vais poser des questions ou vouloir savoir tous les détails.

Je souris, satisfaite.

— Ça me va. Fais juste ce que tu sais faire de mieux, et tout ira bien.

Valeria se leva, ajusta sa veste et me lança un regard entendu.

— Et après ça, tu me devras quelque chose. Parce que VIP ou pas, je suis sûre que ce que tu prépares, c'est beaucoup plus risqué qu'un simple concert.

— Deal, répondis-je avec un clin d'œil.

Elle secoua la tête et quitta les lieux. Je la regardai partir, consciente que l'une des pièces de mon plan venait de se mettre en place.

Quelques heures plus tard, je retrouvai Simone dans un petit parc. Elle était assise sur un banc, les bras croisés, l'air toujours aussi fermé, comme à l'époque. Simone et moi, ça n'a jamais été facile. Elle m'avait toujours détestée, mais je savais que ses compétences étaient indispensables. Elle savait comment me remettre à ma place, et ça, dans une équipe, c'était exactement ce dont j'avais besoin.

Je me dirigeai vers elle, sans attendre. Elle leva à peine les yeux lorsqu'elle me vit arriver.

— Toi, murmura-t-elle, la voix froide.

Je restai calme, me tenant droite devant elle.

— Simone, j'ai besoin de toi.

Elle me dévisagea un moment, ses yeux noirs emplis de méfiance.

— Pourquoi je t'aiderais, Camila ? Toi et moi on n'a jamais été amie.

Je restai impassible.

— Je sais. Mais je sais aussi que tu es la meilleure sur le terrain. Et j'ai besoin de quelqu'un de terre à terre, qui pourra me tenir tête quand ça dérape.

Simone éclata d'un rire amer.

— Tu veux quelqu'un pour te remettre à ta place, c'est ça ? Je ne réagis pas.

—Ce n'est pas juste ça. C'est plus que ça. Quand tout autour de moi s'effondre, j'ai besoin de quelqu'un qui sache garder son calme. Et qui sache comment agir quand la situation devient... complexe.

Elle me fixa longuement, l'expression dure, mais je voyais dans ses yeux qu'elle réfléchissait. Puis elle soupira, relâchant un peu la pression.

— T'es vraiment en train de me demander ça, Camila ?

Je lui lançai un regard déterminé.

— Oui.

Simone prit un moment pour réfléchir avant de répondre.

— D'accord. Mais je veux être claire : je n'ai aucune envie de faire partie de tes jeux.

Je lui offris un sourire, reconnaissante qu'elle accepte.
Elle se leva sans un mot de plus, ses pas résonnant sur le pavé. Je la laissai partir, consciente que l'équipe se formait, lentement mais sûrement. Le plan était en marche. Et cette fois, je n'allais pas le laisser échouer.

Je montai les marches qui menaient à l'appartement de Lara, mon sac en bandoulière me cognant légèrement la hanche à chaque pas. Quand j'arrivai devant sa porte, je pris une profonde inspiration avant de frapper trois coups secs. Des bruits de pas précipités résonnèrent de l'autre côté, suivis par le cliquetis de la serrure.

La porte s'ouvrit sur Lara, visiblement débordée. Une serviette de cuisine était jetée sur son épaule, et ses cheveux attachés à la va-vite dégageaient un visage marqué par la fatigue. Derrière elle, je vis un mélange de cartons ouverts, un canapé encombré, et quelques vêtements éparpillés sur le sol.

— Oh, Camila. Désolée pour le désordre, je suis un peu... débordée en ce moment, dit-elle en poussant un soupir.

Avant que je ne puisse répondre, un petit chien surgit de derrière elle, remuant la queue avec enthousiasme. Il vint immédiatement se frotter contre mes jambes, et je m'accroupis pour lui dire bonjour.

— Salut, toi, murmurai-je en passant une main dans son pelage doux. T'es toujours aussi collant, hein ?

Lara se pencha pour attraper un carton qu'elle posa sur une table déjà surchargée.

— Il adore les visites surprises, lui. Moi, un peu moins, plaisanta-t-elle avec un sourire fatigué. Allez, entre. Fais pas attention au chaos.

Je me redressai et pénétrai dans l'appartement. L'atmosphère était à la fois familière et étouffante. C'était un espace qu'elle avait transformé en véritable repaire, mais aujourd'hui, il ressemblait davantage à une zone sinistrée.

— Tu veux de l'aide pour ranger ? demandai-je, en observant une pile de magazines qui menaçait de s'écrouler.

— Non, non, c'est rien. Juste des trucs qui traînent. Je trouverai le temps de m'en occuper... un jour.

Elle s'assit sur le bord du canapé et me fit signe de la rejoindre. Je pris place en face d'elle, dégageant un coussin pour m'asseoir.

— Alors, qu'est-ce qui t'amène ? demanda-t-elle en croisant les bras. Mais ne me dis pas que c'est juste pour une visite amicale.

Je pinçai les lèvres, hésitant à répondre tout de suite. Lara, avec son regard perçant, attendait. Je savais qu'elle n'était pas du genre à accepter les demi-vérités, mais je ne pouvais pas tout lui dire non plus.

— J'ai besoin de toi, répondis-je finalement.

Son expression se durcit légèrement, et elle hocha la tête comme si elle savait déjà où cette conversation allait mener.

— Ça a un rapport avec David, pas vrai ?

Je détournai les yeux, cherchant mes mots.

— Je ne peux pas tout te dire, Lara. Pas parce que je ne veux pas, mais parce que ça te mettrait en danger.

Elle se passa une main dans les cheveux, visiblement nerveuse.

— Camila... Je sais ce dont il est capable. Et je sais de quoi toi, tu es capable. Mais je t'avoue que ça me fout la trouille.

Je posai une main sur son genou, essayant de capter son attention.

— Écoute-moi. Je ne te demande pas de prendre des risques inconsidérés. J'ai besoin de ton aide, oui, mais uniquement au début. Rien de plus.

Elle resta silencieuse un moment, fixant le sol comme si elle pesait le pour et le contre. Puis elle releva la tête, une détermination timide dans les yeux.

— Tu veux vraiment faire tomber David, hein ?

— Pas juste le faire tomber. Lui faire comprendre que c'est terminé.

Elle soupira profondément avant de hocher la tête.

— D'accord. Je vais t'aider. Mais après ça... plus de plans, plus de revanches.

— Promis, répondis-je avec un sourire sincère.

Le petit chien bondit sur mes genoux à ce moment-là, comme pour sceller l'accord. Lara esquissa un sourire, et pour la première fois depuis mon arrivée, l'atmosphère sembla un peu plus légère.

— Oh, une dernière chose.

Elle leva un sourcil, méfiante.

— Quoi encore ?

Je me redressai légèrement, posant doucement le chien sur le sol.

— Je vais avoir besoin que tu me prêtes ton appartement.

Son sourire disparut instantanément, remplacé par un mélange d'étonnement et de mécontentement.

— Quoi ? Camila, attends... Mon appartement ? Pourquoi ?

— J'ai besoin d'un endroit où les filles et moi pouvons nous réunir en toute discrétion. Personne ne connaît cet endroit, et c'est parfait pour ce qu'on a à faire.

Elle se massa les tempes, visiblement agacée.

— Donc, non seulement je t'aide à faire tomber un type dangereux, mais maintenant tu veux transformer mon appart en quartier général ?

Je croisai les bras et plantai mon regard dans le sien.

— Lara, c'est temporaire. Et je te promets qu'on ne laissera rien traîner. Et franchement, est-ce que tu préfères qu'on se réunisse dans un endroit public où tout le monde pourrait nous voir ?

Elle soupira longuement, appuyant son dos contre le canapé, les yeux levés au plafond.

— T'es incroyable. Tu sais ça ?

Je souris doucement, presque amusée.

— Je sais.

Elle resta silencieuse un moment, visiblement en pleine réflexion, avant de finalement céder.

— Très bien. Mais si quelqu'un casse quoi que ce soit, c'est toi qui rembourses.

— Très bien, répondis-je immédiatement.

Lara secoua la tête, mi-exaspérée, mi-résignée.

L'atmosphère dans la pièce se détendit à nouveau, mais je savais que Lana avait encore des doutes. Pourtant, elle venait de franchir une ligne. Désormais, l'appartement devenait notre repaire, et la première étape de ce plan fou que je refusais de laisser échouer.

Deux jours plus tard, elles étaient toutes là, rassemblées autour de la petite table de la cuisine, l'air sérieux. C'était un moment crucial, et je savais qu'une fois qu'elles seraient impliquées, il n'y aurait pas de retour en arrière.

Je posais mon regard sur chacune d'entre elles, Valéria, Simone, Kai et enfin Lara, avant de me lancer.

— Je ne peux pas vous dire exactement ce que je compte faire. Pas encore. Parce que si je vous en parle trop, je vais vous mettre en danger. Vous devez juste savoir que tout ce qui va se passer n'est pas sans risque.

Simone hocha la tête, sans poser de questions. Elle me connaissait, et savait que je n'agissait jamais sans une bonne raison. Valéria, elle, semblait plus hésitante, mais sa curiosité prit le dessus. Lara, par contre, attendait patiemment, ne prononçant aucun mot, mais l'intensité de son regard en disait long.

— Valéria, tu t'es renseigné sur ce que je t'ai demandé ?

Je me rapprochais d'elle, assise devant son ordinateur portable, les doigts dansant sur le clavier avec une précision presque effrayante. Elle releva la tête et poussa l'écran vers moi.

— J'ai fait ce que tu m'as demandé, dit-elle en croisant les bras. Et oui, j'ai compris de qui il s'agissait.

Son ton était calme, mais je pouvais sentir une pointe de reproche dans ses mots. Elle savait que je ne lui avais pas tout dit, mais elle n'avait pas posé de questions.

— Alors, qu'est-ce que tu as trouvé ?

Elle pointa une image sur l'écran. Une photo de David entouré de plusieurs hommes lourdement armés.

— Il fait une fête ce samedi, dans une villa hyper sécurisée. Il y aura des tonnes de gardes. Des caméras partout. Approcher ce type, c'est mission impossible.

Je m'assis à côté d'elle, étudiant les plans qu'elle avait affichés. Elle avait trouvé tout ce qu'il y avait à savoir sur l'endroit : l'agencement de la villa, les points d'entrée et de sortie, les horaires des gardes mais surtout les caméras et leurs positions.

— C'est parfait, murmurai-je.

Valéria fronça les sourcils.

— Parfait ? Camila, tu te rends compte que même avec ça, c'est un piège mortel ?

Je lui adressai un sourire reconnaissant.

— Merci, Valéria. C'est exactement pour ça que j'ai besoin de Lara.

— Lara ? répéta-t-elle, visiblement confuse.

— Quoi ?

— Samedi soir, j'ai besoin que tu te rendes à la fête de David.

L'expression sur son visage changea instantanément.

— Non, non, non. Il est hors de question que je mette les pieds là-bas.

Je levai une main pour tenter de calmer sa panique.

— Écoute-moi. Tu n'auras pas à faire quoi que ce soit. Juste entrer, montrer ton visage et partir.

— Montrer mon visage ? s'écria-t-elle, la voix tremblante. Camila, tu te rends compte de ce que tu me demandes ? David est dangereux ! S'il me voit, il...

— Il ne te fera rien, la coupai-je. Il sera occupé avec sa fête. Et puis, il ne se méfiera pas de toi. Il me connaît. Si c'est moi qui entre, il sentira tout de suite que quelque chose ne va pas.

Lana secoua la tête, reculant d'un pas.

— Camila, je... Non. Je ne peux pas.

Je posai une main sur son bras, plongeant mon regard dans le sien.

— Tu n'as pas à rester longtemps. Je te promets que dès que tu seras entrée, tu pourras partir. Mais j'ai besoin de toi pour franchir cette première barrière.

Elle semblait hésiter, son regard oscillant entre peur et colère. Je savais qu'elle voulait dire non, mais je savais aussi qu'elle comprenait l'importance de ce que je lui demandais.

Après un long moment, elle soupira profondément, évitant mon regard.

— D'accord. Mais une fois que je suis sortie, c'est terminé.

— Merci, Lara. Ça sera fini avant que tu t'en rendes compte.

La tension montait alors que nous étions toutes rassemblées dans le salon de Lara, discutant des derniers détails du plan. Valéria continuait de montrer les plans sur son ordinateur, Lana se tenait près de la fenêtre, les bras croisés, et Simone, fidèle à elle-même, était assise en retrait, son regard perçant fixé sur moi.

Je venais à peine de terminer d'expliquer comment nous allions utiliser Lara pour pénétrer dans la fête quand Simone fronça les sourcils et se redressa sur sa chaise.

— Attends une seconde, dit-elle en levant une main.

Toutes les têtes se tournèrent vers elle.

— Si j'ai bien compris, on va se faufiler là-dedans en espérant ne pas être vues, mais il y a des caméras partout, non ?

Valéria hocha la tête, pointant du doigt plusieurs zones sur le plan.

— Oui, elles couvrent presque tout. Surtout l'entrée principale et les couloirs principaux.

Simone se retourna vers moi, le visage fermé.

— Donc, je repose ma question : qu'est-ce qu'on fais si quelque chose tourne mal ? Parce que je ne veux pas savoir ce que tu comptes faire, Camila, vraiment pas, mais si ce que tu prévois arrive, on sera toutes fichées. Tu comptes nous sortir de ce pétrin comment, si ça foire ?

Un silence pesant s'installa. Je sentis les regards des filles peser sur moi. Je pris une inspiration profonde, croisant les bras pour ne pas montrer mon propre stress.

— Je suis déjà sur le coup, répondis-je calmement.

— Sur le coup ? répéta Simone, arquant un sourcil. Ce n'est pas une réponse.

Je fis un pas vers elle, plantant mes yeux dans les siens.

— Valéria est en train de travailler sur un système pour neutraliser les caméras.

Valéria releva la tête à mon signal.

— En fait, ce n'est pas aussi simple, dit-elle avec un soupir. Je peux pirater le réseau de sécurité pour couper les caméras ou les mettre en boucle, mais seulement pour une fenêtre de temps limitée. Genre, dix minutes, peut-être une trentaine maximum. Et je vais devoir rester dans la voiture, à l'extérieur, pour surveiller le flux en temps réel.

Simone grogna, secouant la tête.

— Génial. Donc si quelque chose prend plus de temps ou si un garde remarque que les caméras sont déconnectées, on est foutues.

— On ne prendra pas plus de temps, répondis-je fermement.

Simone éclata d'un rire sec.

— Parce que tout va se dérouler exactement comme tu l'as prévu, c'est ça ? C'est bien beau de jouer les stratèges, Camila, mais on parle de vrais risques ici. On est pas dans un film.

Je me penchai vers elle, ma voix basse mais tranchante.

— Je le sais. Mais c'est pour ça que je vous ai toutes réunies. Je n'ai pas prévu de me planter.
Je jetai un regard vers Valéria, puis Lara, puis Kai avant de revenir à Simone.

— Plan A : droit constitutionnel. Si jamais quelqu'un se fait arrêter, il suffit de réclamer un avocat. Vous n'avez qu'à prononcer cette phrase : « Je demande à parler à mon avocat, Geordy Austen. » Plan B : J'ai un contact qui nous couvrira si jamais ça tourne mal.

Simone fronça les sourcils, incrédule.

— Un contact ? Qui ?

— C'est mieux que tu n'en saches pas plus, répondis-je, mon ton catégorique.

La vérité, c'est que je comptais sur Isaac, sans lui en avoir parlé. Je savais qu'il surveillait mes faits et gestes, qu'il était quelque part en arrière-plan. Si tout foirait, je misais sur lui pour intervenir et nous tirer de là. Mais c'était une part du plan que je ne pouvais partager avec personne, surtout pas avec elles.

Simone soupira, se pinçant l'arête du nez.

— Ça me dépasse, lâcha-t-elle finalement. Mais si tu nous fais plonger, je te préviens, je te traîne avec moi, ajouta-t-elle, un sourire narquois au coin des lèvres.

Je ricanai.

— Crois moi on aura pas à sortir nos plans.

Je pris un long soupir, puis me tournai vers Kai.

— Kai, il faut que tu sois à cette soirée.

Elle leva les yeux vers moi, perplexe.

— Pourquoi ?

— Parce que tu dois approcher David, répondis-je. Tu dois le séduire et l'amener quelque part, seul.

Kai fronça les sourcils, mais acquiesça sans discuter.

— Compris.

Je me tournai ensuite vers Simone.

— Simone, toi, tu dois être comme mon ombre. Si quelque chose m'arrive, tu dois me protéger.

Simone croisa les bras, me scrutant un moment avant de répondre.

— Ton armure, hein ?

— Oui, murmurai-je.

Elle hocha la tête avec un léger soupir.

— Ça marche.

C'était tout. Pas besoin de plus. Je savais qu'elles feraient ce qu'il fallait.

— Je sais que vous avez vos propres vies, vos propres raisons, mais ce que vous faites maintenant, ça va compter. Et croyez-moi, vous en aurez besoin. Je serai là pour vous, pour vous rendre la pareille. Une fois tout ça terminé, on sera quittes. Chacune de nous.

Elles avaient déjà pris leur décision, et cela allait les mener là où elles n'avaient jamais imaginé aller.

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