3- Une triste réalité
CAMILA
— Cam ! Regarde-moi ! Oui, c'est ça. Respire, doucement. Voilà... Reste avec moi. Et surtout, n'ose pas refermer les yeux ! lança Isaac, sa voix tendue mais ferme.
Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre ses mots, mais tout était confus. Avant même que je puisse rassembler mes pensées, une douleur atroce me submergea, paralysant chaque fibre de mon corps. J'essayai de me redresser, mais un grognement m'échappa alors que je retombais lourdement. Mes bras, faibles, refusaient de me porter.
— Qu'est-ce qui se passe ? Bordel... soufflai-je entre mes dents, le souffle saccadé.
Mes yeux glissèrent vers mon ventre. Mes mains tremblaient, couvertes de sang. Je restai figée, choquée par l'étendue des dégâts.
— Continue d'appuyer sur la plaie, murmura Isaac, son regard concentré. Ok ? Tout va bien se passer.
Il se releva, s'éloignant de mon champ de vision. Mon visage ruisselait de sueur et de larmes, mes cheveux collaient à ma peau, et la douleur... elle était insupportable. Impossible de penser à autre chose.
— Je vais mourir... soufflai-je dans un sanglot incontrôlable.
— Non, tu ne vas pas mourir. Pas sous ma surveillance. Regarde-moi, Cam. Concentre-toi sur mon visage. Respire, ordonna-t-il, son ton se durcissant pour m'obliger à l'écouter.
Je déglutis, tentant de me raccrocher à ses mots, mais mes paupières devenaient de plus en plus lourdes. Isaac revint rapidement avec des bandages et une paire de ciseaux. Il s'accroupit à mes côtés.
— Qu'est-ce que tu fais, Isaac ? Amène-moi à l'hôpital, bon sang ! m'écriai-je, paniquée.
— La balle n'a touché aucun organe vital. C'est une bonne nouvelle, lâcha-t-il sans répondre à ma demande.
Je grognai, tentant d'appuyer plus fort sur mon ventre. La douleur me coupait le souffle, et je le regardai avec méfiance lorsqu'il approcha les ciseaux.
— Ne t'approche pas de moi, murmurai-je d'une voix faible mais déterminée.
— Reste tranquille, Cam. Si je ne te fais pas un premier soin maintenant, tu risques une infection. Alors arrête d'être bornée, grogna-t-il en serrant les dents.
— Bornée ? répétai-je, ma respiration haletante.
— Oui. Et crois-moi, tu n'as pas intérêt à mourir, pas maintenant, lâcha-t-il en appuyant sa main sur la blessure pour me remplacer. Je tremblais de tout mon corps.
— Tu dis ça parce que t'as peur de mon père ? Parce qu'il pourrait te tomber dessus si je meurs ? lançai-je, la voix chargée de défi malgré ma faiblesse.
Isaac se figea une seconde, puis son regard se durcit.
— Ton père ? ricana-t-il sombrement. Je me fiche de lui. Ce n'est pas de lui que j'ai peur, Cam. C'est de ce que ça signifierait si toi, tu venais à crever sous ma surveillance. Alors, épargne-moi tes questions débiles, ok ?
— Donc... tu fais tout ça juste parce que t'as peur des conséquences ? Rien d'autre ? tentai-je, cherchant à creuser malgré tout.
— Ferme-la, Cam, répliqua-t-il sèchement, son ton tranchant comme une lame. Tu as des questions ? Garde-les pour toi. Maintenant, concentre-toi sur ta respiration, et arrête de me distraire.
Je déglutis, sentant ma gorge se nouer, mais je n'eus pas la force de répliquer. La douleur finit par me submerger, et je m'évanouis dans ses bras.
Quand je repris connaissance, une lumière crue m'aveugla. Tout était encore flou, mais une douleur lancinante émanait de mon ventre. Mon bras, immobilisé, semblait peser une tonne. Je voulus bouger, mais même l'idée de me redresser me semblait insurmontable.
— Fais attention, murmura une voix grave à proximité.
Je clignai des yeux, distinguant peu à peu la silhouette d'Isaac qui s'approchait. Il posa une main ferme sur mon épaule, m'empêchant de bouger davantage.
— Doucement. Voilà. Ne force pas, dit-il d'un ton calme mais autoritaire.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? balbutiai-je, encore sonnée.
— Tu t'es fait tirer dessus. Et t'as dormi pendant deux jours, expliqua-t-il en ajustant la couverture qui me couvrait.
— Ne me touche pas ! crachai-je en repoussant sa main. Et épargne-moi tes explications, Isaac. Tu le connaissais, ce type, pas vrai ? Et tu l'as laissé me tirer dessus.
— Cam... soupira-t-il, son visage se fermant.
— Non ! Je veux que tu me laisses tranquille. C'est clair ? hurlais-je, la voix brisée par l'émotion et la douleur.
Il se redressa, me fixant avec un mélange d'exaspération et de colère.
— Tu veux que je te laisse tranquille ? Parfait. Mais rappelle-toi bien une chose : tu as déclenché tout ça. Si quelqu'un t'a mis dans cette situation, c'est toi, lâcha-t-il en croisant les bras.
— Tu veux remettre ça ! m'écriai-je. Parce que là, je viens de me faire tirer dessus, Isaac !
— Et ça, c'est ce qu'on appelle un retour de bâton, répliqua-t-il avec un calme glacial.
— Va te faire foutre, crachai-je, le regard noir.
Isaac plissa lentement les yeux, ses narines frémissant sous la tension. Il avança d'un pas, les poings serrés, et pendant un instant, je crus qu'il allait m'en coller une. Mais il se détourna brusquement, se dirigeant vers la sortie.
— Je saigne, Isaac. hurlais-je. ISAAC ! Tu n'as pas le droit de me laisser comme ça !
Il se retourna, visiblement furieux, et me lança un regard chargé de reproches.
— Je te demande pardon ? rugit-il en revenant vers moi.
— Ne me crie pas dessus, soufflai-je en grimaçant.
— C'est toi qui as commencé à hurler, Cam ! répondit-il sèchement.
— Tu ne comprends rien à ce que je vis, Isaac. Rien du tout, dis-je, la voix brisée.
— Par pitié, arrête de jouer les victimes, Cam. Tu t'es fait tirer dessus, oui, mais dans un mois, ça sera fini. Tu survivras. Et si tu veux savoir pourquoi ça t'arrive, c'est parce que tu es la personne la plus têtue que j'aie jamais rencontrée, grogna-t-il.
Je roulai des yeux, exaspérée. Il s'approcha avec des bandages propres et s'assit à côté de moi, reprenant son calme.
— Écoute. On est coincés ici pour une à deux semaines, et c'est à cause de toi. Je ne peux pas te ramener chez toi dans cet état. Alors, fais ce que je te dis, repose-toi, et arrête de me compliquer la tâche. Est-ce que je suis clair ?
— Oui, papa, ironisai-je en grimaçant.
— Ne m'appelle plus jamais comme ça, menaça-t-il, ses yeux lançant des éclairs.
Je soupirai, détournant le regard, résignée.
J'ai compris.
Il haussa un sourcil, mais ne dit rien. Je me laissai retomber doucement contre le dossier du lit, le souffle court. Mon corps tout entier était épuisé, vidé, et ma tête tournait légèrement. Je fermai les yeux un instant, espérant chasser cette sensation.
— Camila, reste éveillée. Pas de ça, pas maintenant, fit Isaac d'un ton sec, mais pas aussi autoritaire qu'il l'aurait voulu.
— Je vais bien, murmurais-je faiblement, sans ouvrir les yeux. J'ai juste besoin... de fermer les yeux une seconde.
— Non, Cam. Je te connais, et je sais que tu...Il faut que tu manges.
— Isaac, je vais bien, coupai-je doucement, ma voix à peine audible.
Un silence s'installa. Je sentis vaguement son regard peser sur moi, probablement pour vérifier que je ne perdais pas connaissance pour de bon. Mais je ne m'effondrais pas. Mon corps semblait juste réclamer un repos mérité, loin des disputes et des blessures.
— Prends ça comme une pause, murmurai-je dans un souffle, presque pour moi-même. Juste une pause...
— Mais tu viens juste de te réveiller...
Je ne l'entendis pas répondre. Tout ce que je perçus, c'était le son de ses pas s'éloignant légèrement, et le silence apaisant qui s'installa dans la pièce. Je m'enfonçai un peu plus dans l'assise, relâchant toute tension, et m'abandonnai enfin à un repos profond et calme, ma respiration devenant régulière.
Isaac resta à proximité, le regard rivé sur moi. Malgré son air renfrogné, il n'avait pas bougé trop loin. Juste assez pour me laisser respirer, mais pas assez pour ne pas intervenir si quelque chose arrivait.
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