24- Fragments d'intimité




Je m'assis sur le canapé, observant la décoration du salon. Je pouvais sentir la chaleur du foyer, un contraste frappant avec la tension qui régnait encore dans l'air. Camila s'installa à côté de moi, son expression oscillant entre nervosité et curiosité.

— Alors, qu'est-ce que tu veux savoir ? demanda-t-elle, les mains jointes sur ses genoux.

Je pris un moment pour réfléchir. Je savais que ce serait délicat d'aborder certains sujets, mais je voulais en apprendre davantage sur la vie de Camila et sur sa famille.

— Parle-moi un peu de ton enfance, dis-je finalement. Comment c'était de grandir ici ?

Elle hésita un instant, son regard se perdant dans les souvenirs.

— Eh bien, c'était... chaotique, mais d'une certaine manière, c'était agréable. J'ai passé une majeure partie de mon enfance en pensionnat comme tu le sais pour me « protéger » mais en dehors de ça ma mère était toujours très impliquée, parfois trop. Elle voulait que tout soit parfait.

Je hochai la tête, essayant d'imaginer la petite Camila, entourée d'une mère protectrice et exigeante.

— Et ton père ? Il est souvent là ?

Elle se renfrogna légèrement, une ombre passant sur son visage. Elle regarde derrière elle hésitante..

— Mon père est un peu... absent. Il a toujours été très occupé par son travail. On ne le voyait pas souvent. Quand il est là, il est distant, comme s'il était toujours préoccupé par autre chose.

Je pouvais sentir que ce sujet la dérangeait, alors je décidai de changer de cap.

— Et ton petit frère, Zack ?
Un sourire éclaira son visage à la mention de son frère.

— Zack est... unique, dit-elle en riant. Il a une imagination débordante et il adore jouer des tours. Mais il sait aussi être sérieux quand il le faut. C'est agréable d'avoir quelqu'un comme lui pour alléger l'atmosphère à la maison.

— Tu dois le protéger, alors.

Elle acquiesça, un regard tendre sur son visage.

— Oui, je fais de mon mieux. Je veux qu'il ait une enfance différente de la mienne. Je veux qu'il se sente libre d'être lui-même, sans pression.

Je l'observai, admirant son dévouement envers son frère. C'était un aspect de sa personnalité que je commençais à comprendre.

— Klara que tu connais aussi est un peu comme un modèle pour moi. Et avec Elio ils sont tellement parfait...et insouciants..

À cet instant, Zack, le petit frère de Camila, fit irruption dans le couloir, les yeux pétillants de curiosité.

— Camila ! Isaac ! Vous ne devinerez jamais ce que j'ai trouvé dans le jardin !

Il se tourna vers moi avec une expression pleine d'espoir.

— Isaac, est-ce que c'est toi l'amoureux de ma sœur ? demanda-t-il, avec l'innocence caractéristique des enfants de son âge.

Camila se mit à rougir, tandis que je restai silencieux, réalisant que la situation venait de prendre une tournure inattendue.

— Euh, ce n'est pas vraiment ce que... je ne sais pas si c'est comme ça qu'on peut le dire, dis-je prudemment, cherchant à ne pas mettre Camila mal à l'aise.

Zack ne semblait pas se laisser intimider par ma réponse.

— Zack, tu es trop jeune pour comprendre ces choses-là !

Mais je vis la lueur d'excitation dans ses yeux, comme s'il se plaisait à imaginer des histoires entre nous.

— Tu sais, quand je serai grand, je vais avoir une copine, et elle va être la plus cool du monde, comme camila, s'exclama-t-il.

Je levai un sourcil, intrigué.

— Ah oui ? Et pourquoi ta sœur est-elle si cool ?

Zack ne se fit pas prier et commença à énumérer avec fierté.

— Elle sait trop bien se battre ! Je l'ai vue s'entraîner avec un de ses amis. Elle est super forte, plus forte que beaucoup de gens, même des adultes !

Camila, visiblement amusée, croisa les bras et lança un regard faussement défiant à son frère.

— Vraiment, Zack ? Tu exagères un peu, non ?

Zack secoua la tête, déterminé à défendre son point de vue.

— Non, je ne rigole pas ! En plus, elle est super intelligente. Elle sait des trucs que même moi, je ne comprends pas !

Je ne pus m'empêcher de sourire à cette description enthousiaste. Il était clair que Zack admirait sa sœur.

— C'est vrai, ça fait beaucoup de qualités, dis-je, en feignant d'être impressionné. Je suppose que je devrais me méfier, alors.

Zack se mit à rire.

— Oui ! Mais tu sais, tu peux toujours t'entraîner avec elle si tu veux apprendre. Elle pourrait te montrer quelques mouvements.

Camila rougit légèrement, puis se moqua gentiment de son frère.

— Comme si Isaac avait besoin de mes leçons de combat. Il a l'air déjà assez capable de se défendre tout seul, non ?

Je ne savais pas si c'était un compliment, mais cela me fit sourire.

— Eh bien, je ne suis pas un expert, mais je me débrouille, dis-je en restant évasif.

Zack semblait prendre ça très au sérieux.

— Mais vraiment, Isaac, tu devrais voir comme elle est forte. Un jour, je vais même lui demander de m'apprendre à me battre.

Camila leva les yeux au ciel, amusée mais touchée.

— Oui bon pour l'instant tu en as pas besoin. Et j'espère que tu en auras jamais besoin.

La conversation était légère, mais j'avais l'impression de découvrir un peu plus sur Camila à travers les yeux de son petit frère.

— Vous ne croirez pas ce que maman prépare pour le dîner. Ça sent super bon !

Il se précipita vers la cuisine, laissant Camila et moi échanger un regard complice.

— Ton frère a l'air d'avoir une haute opinion de toi, dis-je, brisant le silence qui s'était installé.

— Oui, il est mignon, même s'il exagère parfois, répondit-elle en souriant.

Je pouvais voir une lueur de fierté dans son regard, et cela me confortait dans l'idée que la famille était très importante pour elle.

— Ah, vous voilà ! s'exclama Lana en nous apercevant. Isaac, tu veux boire quelque chose ?

Je hochai la tête, un peu hésitant.

— Je veux bien, merci.

Lana se dirigea vers le réfrigérateur, sortant une bouteille de limonade maison.

— Tu vas adorer ça. C'est frais et fait maison !

Elle versa un verre et me le tendit. En prenant le verre, je ressentis un petit frisson de bien-être. C'était un simple geste, mais il faisait du bien de sentir cette hospitalité.

Alors que je buvais une gorgée, Lana se tourna vers moi, l'air curieux.

— Alors, Isaac, parle-moi un peu de toi et de ta famille. Je ne sais pas grand-chose, à part que Franck D'Amico est ton oncle.

Camila, attentive, se rapprocha, ses oreilles grandes ouvertes. Je pouvais sentir son intérêt pour ma réponse.

— Eh bien, je suis enfant unique, répondis-je. Mon père est mort quand j'étais très jeune, donc Franck a toujours été un peu comme un père pour moi.

Lana écouta attentivement, son expression se faisant plus douce.

— Ça a dû être difficile. Je sais que Franck tient beaucoup à toi. C'est un homme .. hors du commun.

Je baissai les yeux, ne sachant pas quoi ajouter. Parler de Franck était un mélange de gratitude et de douleur, et je n'étais pas sûr de vouloir approfondir le sujet.

— Et Franck, il t'a appris des choses intéressantes ? demanda Lana.

Je pris une gorgée de ma limonade, me demandant si je devrais mentionner le camp militaire. Finalement, je me contentai de répondre :

— Il m'a appris à me débrouiller, à être autonome.

Camila acquiesça, visiblement attentive à tout ce que je disais.

— C'est super. Les compétences de survie, c'est important, surtout aujourd'hui, dit-elle avec un sourire.

La conversation devint plus légère, et je réalisai que je commençais à me détendre. Peut-être que parler de ma vie ne serait pas si difficile.

— Et donc, qu'est-ce que tu fais dans la vie, Isaac ?

Je me figeai un instant, conscient que Camila m'observait attentivement. Révéler que j'étais agent de la DEA n'était pas une option, alors je tentai de garder mon calme.

— Je suis...consultant en cyber sécurité, dis-je, feignant la désinvolture.

Lana leva un sourcil, l'air surprise.

— Ça a l'air passionnant ! Je n'aurais jamais pensé qu'un jeune comme toi ferait ça.

Camila ne lâcha pas prise, son regard perçant sur moi. Je pouvais voir qu'elle n'était pas convaincue par mon mensonge.

— Vraiment ? demanda-t-elle, son ton trahissant un mélange d'amusement et de défi.

Je haussai les épaules, essayant de jouer la carte de la nonchalance.

— Oui, tu sais, chaque jour est différent.

— Bon, assez parlé de ce côté de ta vie ! Qu'est-ce que tu aimes faire en dehors de ton travail, Isaac ?

Je pris une grande inspiration, soulagé qu'elle change de sujet.

— J'aime le sport..

— Je vois ça, dit-elle en me regardant de haut en bas, un sourire malicieux aux lèvres. Ça doit t'aider dans ton travail, non ?

Je me sentis légèrement flatté. Camila, en revanche, se mit à rougir, visiblement gênée par la tournure de la conversation.

— Maman, arrête, s'il te plaît ! s'exclama-t-elle, l'air de quelqu'un qui aurait voulu disparaître.

Lana éclata de rire, visiblement amusée par la réaction de sa fille.

— Oh, allez, je ne fais que complimenter Isaac ! Je vais pas te le voler tu sais avec ton père...

— Maman stop...

— Bref tout ça pour dire qu'il n'y a rien de mal à le dire.

Camila croisa les bras, son exaspération palpable, mais je pouvais voir une pointe de sourire sur ses lèvres.

— Oui, mais... je veux dire, tu n'as pas besoin de le dire comme ça !

Lana leva les yeux au ciel, un sourire espiègle aux lèvres.

— Que veux-tu que je dise, ma chérie ? Quand on voit un beau jeune homme comme Isaac, il faut le dire !

Je me sentais de plus en plus gêné, mais je tentai de prendre ça à la légère.

— Merci, je suppose, dis-je en tentant de sourire.

— Bon, je crois qu'on a assez traîné dans la cuisine, déclara Camila en me jetant un regard appuyé. On ferait mieux d'aller voir ailleurs avant que ça ne devienne encore plus... intense.

Je hochai la tête, reconnaissant de l'excuse. Camila guida le mouvement en direction du salon, et je la suivis, profitant de l'éloignement pour relâcher un peu la tension.

— Bon, je crois qu'on a assez traîné dans la cuisine, déclara Camila en me jetant un regard appuyé. Allez, viens, je vais te montrer quelque chose.

Elle m'entraîna hors de la cuisine et, au lieu de prendre la direction du salon comme je m'y attendais, elle monta les escaliers, se dirigeant vers ce qui semblait être sa chambre. Je la suivis, intrigué par son soudain changement d'itinéraire et heureux de m'éloigner des questions indiscrètes de Lana.

— Désolée pour ça, lança-t-elle, visiblement embarrassée. Je sais que ma mère peut être... ma mère. C'est plus fort qu'elle, elle se fait toujours des idées.

Je parcourus la pièce du regard, prenant conscience que j'étais dans l'espace le plus intime de Camila. Les murs, ornés de photos et de souvenirs, semblaient raconter des fragments de sa vie. C'était étrange de voir cet endroit qui reflétait tant d'elle, là où elle baissait enfin sa garde. Elle s'assit sur le bord du lit, jetant un coup d'œil vers moi, comme si elle mesurait la distance qui nous séparait.

— Elle s'en fait des idées... vraiment ? dis-je d'un ton froid, esquissant un léger sourire. Peut-être qu'elle a raison.

Un frisson sembla la parcourir, et elle détourna les yeux un instant avant de croiser de nouveau mon regard, visiblement troublée.

— Et toi, tu en penses quoi ? murmura-t-elle, le regard incertain mais audacieux.

Je m'avançai lentement, comblant l'espace entre nous, la tension électrique et palpable. Mes doigts frôlèrent doucement les siens, comme une question silencieuse. Elle ne bougea pas, mais son souffle se fit plus court, et je vis une lueur de défi dans ses yeux, une invitation muette. Lentement, je m'inclinai, mon visage à quelques centimètres du sien. Nos regards s'entrelacèrent, et, sans un mot, je l'embrassai, mes lèvres trouvant les siennes, d'abord hésitantes, puis plus pressantes.

Le monde extérieur sembla s'évanouir, et sa main glissa dans mon dos, comme pour m'attirer plus près. L'instant s'étira, et la chambre de Camila devint une bulle de chaleur, un refuge hors du temps.

Puis, soudain, un bruit sec résonna dans le silence de la chambre. Un coup frappé contre la porte, interrompant brutalement notre moment. Camila s'écarta, le souffle court et les joues rosies, alors que la poignée tournait.

— Camila ? C'est presque prêt en bas, on vous attend, annonça la voix de Zack, comme une brise glaciale rappelant la réalité.

— On... on arrive tout de suite, répondit-elle, essayant de reprendre contenance.

Je l'observai, tentant de dissimuler ma propre frustration derrière un masque impassible. La tension de l'instant précédent flottait encore dans l'air, mais l'interruption nous avait ramenés, malgré nous, à la réalité.

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