20- Manigances et menaces



Le matin de notre visite à David, une tension palpable flottait dans l'air. Isaac semblait déterminé, les traits de son visage marqués par une concentration froide.

Je savais qu'il se préparait mentalement à ce que nous allions affronter, mais moi, je me sentais tiraillée entre la nécessité d'obtenir des informations et le doute qui m'accompagnait depuis notre dernière conversation.

Nous arrivâmes au complexe pénitentiaire, un bâtiment massif et austère. Le chemin que nous empruntâmes vers l'entrée était bordé de barbelés et de vigiles, un rappel constant que nous étions sur le territoire de la loi.

Nous passâmes par plusieurs contrôles de sécurité avant d'entrer dans la salle de visite. La pièce était sombre, avec des tables en métal et des chaises fixées au sol. L'odeur d'une désinfection trop forte s'installait dans l'air, rendant l'atmosphère encore plus oppressante.

David entra, vêtu de l'uniforme pénitentiaire, l'air un peu désorienté. Il leva les yeux et se figea en nous voyant. Son regard passa rapidement de l'un à l'autre, une lueur de méfiance se peignant sur son visage.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? demanda-t-il, à la fois surpris et méfiant.

— Bonjour, David, dis-je en essayant de garder un ton léger, malgré la gravité de la situation.

Isaac se contenta de le fixer, impassible.

— On a des choses sérieuses à te dire.

— Comme quoi ?

Je pris une grande inspiration, sachant que les nouvelles allaient le frapper de plein fouet.

— Saul est mort, dis-je, ma voix ferme. Il a été tué par Nico.

Le choc sur le visage de David fut instantané. Il se figea, puis plissa les yeux, comme s'il cherchait à comprendre.

— Nico ? C'est une blague, n'est-ce pas ? C'est toi ?

Isaac s'avança, sa voix glaciale.

— Non, ce n'est pas une blague. Et tu ferais bien de prendre ça au sérieux.

David haussait les épaules, feignant l'indifférence.

— Vous pensez vraiment que ça me touche ? Je suis ici, enfermé. La mort de Saul ne change rien pour moi.

Je savais qu'il jouait sur son arrogance, mais il y avait une vérité dans ses mots.

— Si tu ne fais pas tes aveux, tu vas perdre tout ce que tu as, David, continua Isaac. Tu dois savoir que l'heure des choix approche.

David se mit à rire, mais il y avait une nervosité sous-jacente à son amusement.

— Et vous pensez que je vais me balancer ? Vous vous trompez lourdement.

J'échangeai un regard avec Isaac, déterminée à rester forte.

— Écoute, David. Si tu ne te retournes pas contre ceux qui t'ont vraiment utilisé, tu vas payer le prix fort. C'est ta dernière chance.

David se renfonça dans son siège, un sourire arrogant sur les lèvres.

— Ah, Camila. Tu penses vraiment que tu peux me faire peur ? La vie ici n'est rien comparé à ce que je suis capable de faire une fois sorti.

Je sentis un frisson d'angoisse me traverser, mais je ne laissai rien paraître.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu es enfermé. Ta seule option pour avoir une chance est de parler.

Il pencha la tête, un air de défi dans le regard.

— Et pourquoi je ferais ça ? Pour vous ?

Isaac se pencha en avant, le regard fixe.

— Parce que tu sais que si tu restes sur cette voie, ce sera la fin pour toi. Nico ne rigole pas, et tu n'es pas en sécurité ici.

David rit encore une fois, mais cette fois, il y avait un brin de nervosité.

— Vous croyez que vous pouvez me manipuler ? Que je vais faire ce que vous dites ? Je ne vous dois rien.

Je me pinçai les lèvres, tentant de garder mon calme face à ses provocations.

— Si tu veux vraiment protéger ce qui te reste, tu ferais bien de te réveiller. Ta famille n'est pas à l'abri des conséquences de tes actes.

David blêmit un instant, mais reprit rapidement son air hautain.

— Vous ne savez pas à quel point j'ai des protections ici. Si je tombe, ça ne sera pas seulement ma chute.

Je pouvais sentir l'agressivité monter, et je ne voulais pas qu'il prenne le dessus sur la situation.

— Tu n'as aucune idée de ce qui t'attend, David. Si tu es si sûr de toi, alors prouve-le.

Un silence pesant s'installa, et je savais qu'il fallait agir rapidement avant qu'il ne bascule dans des menaces.

— La réalité, c'est que la mort de Saul change la donne. Nico est en position de force, et tu dois comprendre que tu es en danger.

David croisa les bras, un sourire sarcastique au coin des lèvres.

— Et si je refuse de coopérer ? Que se passera-t-il alors ?

— Tu seras oublié ici, dis-je, ma voix dure. Tu dois faire ce qu'il faut pour te sauver, David. C'est ta seule chance.

Je vis un éclair de réflexion dans son regard, mais il se reprit rapidement.

— Vous n'avez pas les pouvoirs que vous pensez avoir.

Isaac se leva brusquement, l'agacement palpable.

— Assez de jeux. Tu es en train de jouer ta dernière carte, et je ne te laisserai pas manipuler Camila comme ça.

David regarda Isaac, l'arrogance remplaçant soudainement la nervosité.

— C'est elle qui a besoin de moi. Tu n'es qu'un fardeau pour elle, tu le sais, n'est-ce pas ?

Je sentis ma colère monter, mais je fis un pas en avant, prête à couper court à ses insinuations.

— Je ne suis pas ici pour jouer à tes jeux. Tu sais quoi, amuse toi bien en enfer une fois que tu seras mort.

Nous avions fait notre part, mais je savais que ce
serait pas la dernière fois que nous verrions David. La tension ne faisait que commencer, et je me préparais à affronter ce qui nous attendait.

Après la visite à la prison, je me retrouvai dans un petit restaurant au coin de la rue, un endroit où je pouvais me cacher des regards curieux. Isaac était retourné au travail et nous nous étions lâchés sans parler de ce qui était arrivé hier.

L'atmosphère pesante de la journée m'accompagnait, et je cherchais désespérément une échappatoire. J'avais besoin de parler à ma grande sœur, Klara. Je sortis mon téléphone et composai son numéro.

La tonalité se répétait, et j'espérais qu'elle décrocherait rapidement. Après quelques sonneries, sa voix familière résonna à l'autre bout.

— Allô ? Camila ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Klara, j'ai besoin de te parler, mais pas au téléphone. C'est trop dangereux.

Un silence s'installa. Je pouvais presque sentir son inquiétude à travers le fil.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Il y a des choses que je ne peux pas discuter ici. Tu sais que papa m'a assigné des gardes, et ils ne me quittent jamais des yeux.

Elle poussa un soupir audible.

— C'est toujours le cas ? Je pensais qu'il t'avait laissé un peu de liberté.

— Non, pas vraiment. Je dois être prudente, Klara. Je suis au centre de tout ça, et je n'ai aucune idée de ce qui va se passer ensuite.

— Ok, alors où veux-tu qu'on se retrouve ?

Je réfléchis un instant. Un endroit où je pourrais parler librement, sans crainte d'être écoutée.

— Que dirais-tu du restaurant italien près de chez toi ? Je sais que ce n'est pas idéal, mais c'est un endroit où on peut discuter sans être dérangées.

— Très bien, je peux être là dans une demi-heure.

Je pris une profonde inspiration.

— Merci Klara.

Après avoir raccroché, je restai un moment assise, mes pensées tourbillonnant. Mon esprit était envahi par les événements récents. David, sa manipulation, et la menace omniprésente de la mafia. Une seule idée persistait : je ne pouvais pas laisser cette situation continuer ainsi.

En sortant du café, je vérifiai discrètement autour de moi. Les gardes de mon père n'étaient pas loin, et je pouvais sentir leur présence pesante, comme des ombres surveillant chacun de mes mouvements. Je ne pouvais pas me permettre d'être trop exposée.

Je marchai rapidement vers le restaurant, mes pensées se concentrant sur ce que j'allais révéler à Klara. Les mots de David résonnaient encore dans ma tête : « Si tu continues à jouer avec le feu, tu finiras par te brûler. » Mais je savais que je ne pouvais pas reculer. Le moment de prendre des décisions difficiles était arrivé.

Lorsque j'arrivai au restaurant, je pris une grande inspiration avant d'entrer. L'endroit était chaleureux, mais l'ambiance me sembla lourde. Je repérai Klara dans un coin, ses yeux scrutant la pièce comme si elle attendait un danger. Elle me fit signe d'approcher.

— Camila, qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air stressée, dit-elle en me prenant par le bras pour m'attirer à sa table.

— Je... J'ai beaucoup réfléchi depuis notre dernière conversation et je pense que les choses ne font qu'empirer.
Klara fronça les sourcils, impatiente d'entendre la suite.

— Raconte-moi tout.

Je lui exposai la situation, des détails sur ma visite à la prison jusqu'à mes craintes concernant David et la mafia. Je ne lui cachai rien, même mes pensées sombres sur ce que cela signifierait pour moi si les choses continuaient ainsi.

— Je sais que c'est mal de le dire, mais pour arranger tout ça, il faudrait que tous ceux qui sont dans la mafia de David disparaissent. Je ne veux pas que papa soit impliqué, mais je sais que Nico a les informations dont j'ai besoin.

Klara me regarda, horrifiée.

— Camila, tu ne peux pas penser sérieusement cela. Prendre des vies pour régler ce problème, c'est insensé !

— Peut-être. Mais je n'ai pas d'autres options. Nico pourrait tuer David, et moi, je pourrais tuer Nico. C'est le seul moyen d'en finir une bonne fois pour toutes.

Les mots sortirent comme un cri de désespoir. Je voyais l'inquiétude dans les yeux de ma sœur, et je savais qu'elle avait raison, mais je me sentais piégée, coincée entre les menaces et mes propres désirs de liberté.

Klara était toujours la voix de la raison, l'opposée de moi. Je savais qu'elle n'adhérerait jamais à mes idées même soutenait toujours dans mes plans.

Je scrutai la pièce autour de moi, me perdant dans mes pensées, quand elle reprit la parole.

— Écoute, je sais que ça ne te plaira pas, mais si tu ne veux pas en parler à papa, la seule personne qui pourrait potentiellement t'aider, c'est Vadim.

Mon cœur se serra à la mention de son nom. Vadim, l'ami de notre père, celui qui avait toujours été là pour nous, même quand nous avions dépassé les limites. Il avait cette façon de couvrir nos bêtises, de nous soutenir sans jamais rien dire à notre père. Mais l'idée de lui demander de l'aide me faisait hésiter.

— Vadim ? Je ne veux pas le mêler à ça, Klara. Il a sa propre vie, ses propres problèmes. Je ne peux pas lui imposer ça.

Elle soupira, insistant, sa voix se durcissant légèrement.

— Je sais, mais regarde la réalité en face. David est une menace, et tu es dans une situation délicate. Si tu veux éviter que les choses ne s'aggravent, Vadim est l'homme qu'il te faut. Il connaît bien ce milieu, et il a toujours eu un certain sens de la loyauté envers nous.

Je secouai la tête, le dégoût mêlé à l'angoisse. Impliquer Vadim dans tout ça était risqué. Il était plus gentil que notre père, mais cela ne voulait pas dire qu'il serait prêt à me couvrir si je prenais des décisions dangereuses.

— Tu penses qu'il me ferait confiance ? Je ne suis pas sûre qu'il ait envie de se mouiller pour moi, surtout avec tout ce qui se passe.

— Peut-être pas, mais il respectera ta détermination. Et il sait que tu es dans une situation difficile. S'il y a quelqu'un qui peut t'aider sans compromettre notre père, c'est bien lui.

Je pris un moment pour digérer ses paroles. Le nom de Vadim flottait dans l'air comme une promesse d'aide et de protection, mais je savais qu'il ne reculerait pas devant des actions douteuses pour atteindre ses objectifs.

— Je vais y réfléchir, dis-je finalement, la fatigue s'installant dans ma voix. Mais je ne te promets rien. Je ne suis pas prête à me compromettre encore plus.

Klara marqua une pause avant de répondre.

— Fais attention, Camila. Je sais que tu es forte et que tu peux te défendre, mais ce monde est plus compliqué que tu ne le penses. Je veux juste que tu restes en sécurité.

— Je sais. Merci d'avoir pris le temps de m'écouter, même si tu ne peux pas vraiment comprendre.

Klara avait peut-être raison, mais faire appel à Vadim était un pas que je n'étais pas prête à franchir. Pourtant, il semblait que je n'avais pas vraiment d'autres options.

Alors que je marchais vers la voiture, mon téléphone sonna. En voyant le nom d'Éric s'afficher, un sourire se dessina malgré moi.

— Eh, Camila ! T'es vivante, toi ? lança Éric de sa voix joyeuse, comme s'il devinait le besoin urgent que j'avais de décompresser.

— Toujours vivante, oui, répondis-je en essayant de masquer la fatigue dans ma voix. Quoi de neuf, Éric ?

— Rien de trop sérieux, t'inquiète. Je suis avec Lara, et on est en train de se dire qu'il est temps de te sortir de ta grotte. On organise une soirée pour Halloween dans trois jours, et pas question que tu nous plantes, ok ? C'est une invitation exclusive !

À côté d'Éric, j'entendais Lara rire et crier dans le téléphone.

— On a un déguisement parfait pour toi ! cria-t-elle en riant. Et t'as pas d'excuse, cette année, c'est la nôtre pour s'amuser !

Je ris malgré moi. Éric et Lara savaient bien comment alléger l'atmosphère, et cette soirée d'Halloween commençait à me sembler être une bonne idée.

— Ok, ok, je viendrai ! Mais à une condition : rien de trop ridicule, promis ? plaisantai-je, bien que leur enthousiasme me mettait déjà du baume au cœur.

— Promis ! répondit Éric d'un ton faussement solennel. Enfin, tout dépend de ce que Lara a prévu pour toi...

Lara éclata de rire.

— Juste prépare-toi, Camila ! Tu vas adorer !

Un instant, toutes les préoccupations qui tourbillonnaient dans mon esprit s'apaisèrent. Je réalisai que j'avais vraiment besoin de cette pause, de retrouver Éric et Lara pour quelques heures d'insouciance.

— Bon, vous avez gagné, je viendrai. Mais vous avez intérêt à ce que ce soit aussi drôle que vous le promettez, répliquai-je en riant.

— Parfait ! Tu vas voir, ça va être épique, dit Éric. Et ne t'inquiète pas, on s'occupe de tout. Allez, on te laisse, mais rendez-vous dans trois jours !

Quand je raccrochai, je me sentis étrangement légère. Cette soirée, entourée de mes amis, serait peut-être l'occasion de relâcher la pression, de retrouver un peu de normalité, et de me rappeler que j'avais une vie en dehors de cette histoire tendue. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais quelque chose de léger à attendre, et cela me donnait l'énergie de continuer à avancer.

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