14- Là où ça a commencé 4.5/5



Après le brunch avec Lara, je rentre chez moi, en proie à une agitation intérieure que j'essaie de maîtriser. La rencontre avec Isaac m'a profondément troublée, plus que je ne l'admets. Ses paroles résonnent dans ma tête. Mon père, a toujours souligné l'importance de la discrétion dans nos affaires, mais ce qui s'est passé hier soir a bouleversé toutes mes certitudes.

Dès que j'arrive chez moi, je m'effondre sur le canapé et allume la télévision, cherchant une distraction. Zack à mes côtés silencieux sur sa tablette. Les nouvelles locales défilent sans grand intérêt jusqu'à ce qu'un reportage retienne soudainement mon attention.

« En exclusivité, nous venons d'apprendre l'arrestation de David Ferez, un associé de longue date du tristement célèbre Fred , chef de la mafia italienne. Les autorités ont lancé une opération coup de poing pour démanteler son réseau criminel. »

Mon cœur rate un battement. Diego arrêté ? C'est très mauvais. S'il parle, je suis en danger.

Je sors mon téléphone pour appeler mon père, mais une sensation étrange me saisit, comme si quelqu'un m'observait. Je me retourne lentement et perçois un mouvement furtif dans l'ombre du couloir.

— Qui est là ? demandai-je, ma voix tremblante.

Sans prévenir, deux hommes masqués surgissent, déterminés. Ils se jettent sur moi avant que je ne puisse réagir, plaquant ma bouche avec un chiffon imbibé d'un produit chimique. Tout devient flou et mes forces me quittent rapidement. Avant de sombrer dans l'inconscience, j'entends l'un des hommes murmurer :

— Elle est à nous maintenant. Emmenez-la.

Je me réveille, la tête lourde et la vue trouble. Je réalise que je suis étendue sur un sol en béton froid, mes mains attachées derrière mon dos et ma bouche bâillonnée. J'essaie de bouger, mais les liens sont trop serrés.

En prenant une profonde inspiration, je tente de rassembler mes pensées. Les hommes... ils m'ont kidnappée. Mais où suis-je maintenant ?

La porte s'ouvre brusquement, et je reconnais immédiatement Saul. Il entre, suivi de deux autres hommes. Son visage est impassible, mais je peux voir une lueur de préoccupation dans ses yeux.

— Bonjour princesse, je suppose que tu ne t'attendais pas à te retrouver ici, dit-il en retirant le bâillon de ma bouche.

— Pourquoi suis-je ici ? demandai-je, ma voix tremblante de peur.

— Diego a parlé, ou va le faire, Camila. S'il divulgue des informations, ils sauront pour toi, pour nos affaires, et ce n'est pas ce qu'on veut, n'est-ce pas ? dit-il en s'accroupissant devant moi.

— Saul, je te promets que je ne dirai rien. Tu sais que je ne suis pas impliquée, suppliai-je.

Il se redresse et se tourne vers les deux hommes derrière lui.

— Laissez-nous, ordonne-t-il.

Les hommes obéissent et sortent de la pièce, nous laissant seuls. Saul s'approche de moi et s'accroupit à nouveau, son expression se radoucissant légèrement.

— Camila, je vais essayer de te sortir de là, mais tu dois me prouver que je peux te faire confiance. Diego aurait dû s'en occuper, mais comme il n'est plus là, c'est à moi de m'en charger. Je fais preuve d'indulgence pour les jolies filles, surtout si elles s'appellent Camila. Les gens pour qui je travaille veulent des réponses, et ils sont prêts à tout pour les obtenir, dit-il en baissant la voix.

— Donc tu ne vas pas me tuer ? demandai-je, méfiante.

— Non, car j'ai besoin de toi pour atteindre un certain Isaac, dit-il, sa voix se faisant plus douce. Les rumeurs disent qu'il est le prochain sur la liste.

Mon cœur s'emballe à la mention d'Isaac.

— Saul...

— On dit que vous êtes proches... c'est ce que mes hommes rapportent.

— Je ne...

— Si j'entends un seul mensonge, je te jure que tu vas le regretter.

Je hoche lentement la tête, réalisant que je n'ai pas d'autre choix. La situation devient de plus en plus dangereuse, et je dois trouver un moyen de survivre.

— D'accord. Que veux-tu que je fasse ? demandai-je, résignée.

— Tu vas contacter Isaac. Lui dire que tu as besoin de le voir, de lui parler en privé. Une fois que tu l'auras attiré dans un endroit isolé, nous nous occuperons du reste, ordonne Saul, ses yeux brillant de détermination.

Un frisson de panique m'envahit. Piéger Isaac ? Il pourrait être ma seule chance de sortir de ce cauchemar, mais maintenant je dois le trahir ?

L'idée de trahir Isaac me tord l'estomac. Il a été distant, mais malgré tout, je sais qu'il est ma seule véritable chance. Pourtant, Saul est impitoyable, et ses menaces résonnent trop fortement pour que je les ignore.

— Je refuse, Saul, dis-je en essayant de garder ma voix ferme. Je ne peux pas faire ça. Isaac... Il ne mérite pas ça.

Saul se redresse, ses yeux se plissant d'un regard dangereux.

— Tu n'as pas vraiment le choix, princesse. Si tu ne coopères pas, je n'hésiterai pas à tout dévoiler sur toi. Les conséquences seront bien pires que de simplement attirer Isaac dans un piège, dit-il, la voix glaciale.

— Tu ne comprends pas... soupirai-je, désespérée. Isaac peut nous aider. Il peut nous sortir de là.

Saul s'approche de moi, sa silhouette imposante se découpant dans la pénombre de la pièce.

— Tu dois voir les choses sous un autre angle. Isaac est un obstacle, un danger pour notre organisation. S'il n'est pas neutralisé, il détruira tout ce que ton père et moi avons construit, dit-il en se penchant vers moi.

— Saul, s'il te plaît, essayai-je de plaider, les larmes aux yeux. Il doit y avoir une autre solution.

— Non, il n'y en a pas, répond Saul, catégorique. C'est Isaac ou toi, Camila. Choisis bien, car tu n'auras pas de seconde chance.

Le poids de ses mots s'abat sur moi. La panique m'envahit. L'idée de trahir Isaac me révulse, mais les menaces de Saul sont trop réelles. S'il me laisse en vie, il détruira tout ce qui m'est cher, exposera mes secrets et rendra ma vie insupportable.

— D'accord, murmurai-je enfin, résignée. Je le ferai.

Saul esquisse un sourire satisfait.

— Bien, Camila. Je savais que tu prendrais la bonne décision. Et ne t'inquiète pas, nous ferons ça rapidement, promet-il, mentant sans vergogne.

Je ferme les yeux, essayant de contenir mes larmes et de contrôler ma respiration. Mon esprit tourne à plein régime, cherchant désespérément une solution pour me sortir de ce piège sans condamner Isaac.

— Bien, tu sais quoi faire maintenant. Reprends contact avec Isaac, fais-lui croire que tu as besoin de lui. Utilise n'importe quel prétexte, mais fais-le venir, ordonne Saul en se redressant.

— Oui, je... je comprends, répondis-je, ma voix tremblante.

Saul me libère enfin de mes liens, et je me lève lentement, les jambes encore engourdies. Je sais que ce n'est que le début des ennuis. La suite promet d'être encore plus dangereuse, et je dois être prête à affronter ce qui m'attend. Plus important encore, je dois trouver un moyen de sauver Isaac et moi-même de ce piège mortel.

Je prends une profonde inspiration, la pièce sombre autour de moi amplifiant la gravité de la situation. Les souvenirs de Saul et de ses menaces résonnent dans ma tête, me poussant à l'action. Je dois tendre un piège à Isaac. C'est la seule façon de me sauver, du moins pour l'instant.

Je saisis mon téléphone et compose son numéro, ma main tremblante. Après quelques sonneries, sa voix familière et froide résonne à l'autre bout.

— Camila ? Qu'est-ce que tu veux ?

— Isaac... J'ai besoin de te parler. C'est urgent, tentai-je de masquer la panique dans ma voix.

— De quoi s'agit-il ? demande-t-il, méfiant.

— Pas au téléphone. On doit se voir en personne, dis-je, espérant qu'il n'accepte pas.

Un silence s'installe de l'autre côté de la ligne. Finalement, Isaac soupire.

— Très bien. Où et quand ?

Je lui propose un rendez-vous dans un entrepôt abandonné à la périphérie de la ville, un lieu isolé qui permettra à Saul de mettre son plan à exécution sans complications. Je raccroche, le cœur lourd de culpabilité.

QUELQUES HEURES PLUS TARD

L'entrepôt est plongé dans une obscurité oppressive, et le silence semble avaler le moindre bruit, comme si le monde extérieur avait disparu. Je sens mon cœur battre à tout rompre, chaque pulsation résonnant comme un tambour dans ma poitrine. Une anxiété sourde m'envahit, mon esprit se débattant entre l'espoir et la terreur. Saul et ses hommes sont tapis dans l'ombre, prêts à se jeter sur Isaac dès qu'il franchira le seuil.

Les minutes passent, interminables. Chaque tic-tac de l'horloge résonne comme un glas, marquant le temps qui s'égrène vers un dénouement tragique. Finalement, le bruit de pas se fait entendre, puis Isaac entre dans l'entrepôt, scrutant l'obscurité avec une intensité qui me transperce le cœur.

— Camila ? Où es-tu ? Sa voix, empreinte d'inquiétude, résonne dans le vide.

— Ici, Isaac, murmurai-je, émergeant lentement des ombres.

Il avance vers moi, ses yeux cherchant désespérément les miens, l'angoisse mêlée à une lueur de soulagement. Mais je sais que ce soulagement est fugace, et une boule se forme dans ma gorge.

— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi cet endroit ? demande-t-il, son regard scrutant le vide, se méfiant des ténèbres qui l'entourent.

— Je... je voulais qu'on se retrouve loin des regards, dis-je, ma voix tremblante trahissant ma peur.

Soudain, le bruit de pas résonne derrière lui, et Saul apparaît avec ses hommes, chacun d'eux portant un visage impassible mais menaçant. Mon cœur se serre alors qu'Isaac se tourne brusquement, l'horreur se peignant sur son visage.

— Tu m'expliques? s'exclame Isaac, réalisant qu'il est piégé.

Saul sourit d'un air satisfait, et avant qu'Isaac puisse réagir, ses hommes l'entourent et le désarment avec une rapidité froide et précise. Je suis paralysée, figée par la peur, observant le visage d'Isaac se déformer sous le choc.

— Alors, c'est lui, le célèbre Isaac. On m'a beaucoup parlé de toi, dit Saul en s'approchant, sa voix douce et sarcastique.

— Et toi, qui es-tu ? demande Isaac, son regard déterminé mais vulnérable.

— Peu importe qui je suis. Ce qui compte, c'est que tu es devenu un obstacle. Et les obstacles, on sait comment s'en débarrasser.

Saul se tourne vers moi, me tendant un pistolet. Un frisson glacé me parcourt.

— Camila, c'est à toi de jouer. Avant que tu ne fasses une bêtise, souviens-toi que c'est lui ou toi. Un de ses hommes pointe également son arme sur nous.

— J'ai fait ce que tu m'as demandé, je l'ai attiré ici ! suppliai-je, évitant de croiser le regard d'Isaac. Laisse-moi partir, maintenant.

— Tue-le, ordonne Saul d'une voix ferme, comme s'il parlait d'un vulgaire objet.

Mon cœur se brise. Je reste figée, l'arme entre mes mains. Les yeux d'Isaac s'enflamment d'une douleur mêlée à une incompréhension. Je détourne le regard pour ne pas croiser le siens.

— Camila, fais-le maintenant ! rugit Saul, sa voix coupant l'air comme un coup de fouet.

Je serre l'arme, luttant contre le torrent d'émotions qui menace de me submerger. J'élève celui-ci, mais une vague de désespoir me paralyse.

Saul fait signe à son homme, qui déverrouille le cran de sécurité. Mon souffle se bloque dans ma gorge.

— Très bien, tu l'auras voulu, dis-je d'une voix glaciale, mon regard verrouillé sur Isaac.

D'un geste rapide, j'empoigne l'arme. Mes mains ne tremblent pas. Pas cette fois. Je vise avec précision et tire deux balles pas pour tuer.

Isaac s'écroule dans un cri étouffé, ses traits se tordant de douleur. Pourtant, son regard reste fixé sur moi, non pas de colère, mais de stupeur, comme s'il ne croyait pas que j'avais osé.

Une alarme stridente éclate soudain dans l'entrepôt, brisant le silence. Le chaos s'installe aussitôt : des voix qui hurlent, des pas précipités, et des hommes armés surgissant de tous les côtés. Les hommes d'Isaac.

Je m'approche calmement de lui, le canon toujours pointé sur son corps affaibli. Pas de larmes. Pas de tremblements. Juste une résolution froide.

— Je suis désolée, Isaac, dis-je, ma voix tranchante. Pitié ne m'en veux pas.

Il me fixe, la douleur et la colère se mêlant à son regard, avant que je ne puisse continuer, une main ferme agrippe mon bras. Je me retourne brusquement. C'est Éric, que j'avais emmenée avec moi pour ne pas affronter seule Saul.

— Camila, on doit partir maintenant, ils arrivent, souffle-t-il, jetant des regards affolés autour de nous.

Je hoche la tête et recule, sans lâcher Isaac des yeux avant de me détourner.

Éric et moi disparaissons dans l'obscurité, nous faufilant à travers une porte latérale alors que les cris et les tirs envahissent l'espace. Je ne me retourne pas. Pas une fois.

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