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Dᴏɴ'ᴛ ʟᴇᴛ ᴍᴇ ɢᴏ
Hᴏʟᴅ ᴍᴇ ɪɴ ʏᴏᴜʀ ʙᴇᴀᴛɪɴɢ ʜᴇᴀʀᴛ
Sicheng, j'ai peur, j'ai mal, ça brûle, c'est comme si ma tête allait exploser en millions de particules. Pourquoi j'suffoque ? Pourquoi j'ai l'impression qu'mon cœur est prêt à éclater ? Pourquoi j'suis là ? Pourquoi j'crève pas directement ?
J'vous en supplie arrêtez ce vacarme, semblable à un perpétuel sifflement aux creux de mes oreilles.
J'ai mal.
Je suffoque.
J'l'ai cherché.
J'vais crever.
Sicheng !
J'vais crever.
Putain.
J'veux plus.
Une violente remontée acide me brûle la gorge, mon estomac se révulse, j'rejette l'alcool que j'ai consommé le long de la nuit, mon bras gauche enroulé autour de mon ventre douloureux, comme si on y plantait la même lame plusieurs fois d'affilé. Mes genoux tremblent contre le sol, ma main droite n'est plus en capacité de me porter, je tremble beaucoup trop. Mon corps s'échoue lamentablement sur l'herbe tandis que je me recroqueville sur moi-même.
OK, respire.
Ma respiration s'accélère, mes inspirations deviennent sifflantes. J'ai mal.
Respire, putain !
Combien j'en ai pris ? J'sais pas. Combien de rails j'ai pris ? J'sais pas, bordel. J'sais plus. J'sais plus rien. J'ai mal.
J'suis désolé, Sicheng. J'suis tellement désolé. J'ai peur. J'suis affreusement terrorisé. J'sais pas si j'veux vraiment mourir en fait.
La mort c'est un peu comme la clope tout compte fait. On se rend compte qu'on aurait pas dû commencer au moment où on veut arrêter.
Comment j'ai pu en arriver là ? Pourquoi c'est à l'instant où j'me trouve à quelques pas de la Faucheuse que j'me rends compte qu'en fait j'veux pas clamser ?
Faible.
Tellement faible.
J'suis tellement faible. Même pas capable de supporter la douleur en attendant mon heure.
Mon pouls bats fortement contre mes tempes, me donnant cette impression que mon crâne peut exploser à tout moment. Ça fait mal. J'peux sentir mes lèvres trembler, mon estomac se tord douloureusement, mon dos est trempé, j'ai mal, j'ai peur.
Sicheng, m'laisse pas là.
M'laisse pas comme ça.
M'laisse pas crever comme un chien.
Mon corps est comme secoué de soubresauts, l'herbe paraît fraîche contre mes doigts s'agrippant aux brins. Et j'entends ta voix. J't'endends mais c'est pas possible. C'est mon cerveau qui disjoncte. C'est moi qui perds le peu de lucidité qui me restait. Pourquoi ta voix hurle dans mes oreilles ? Pourquoi tu t'évertues à me crier dessus ? Ça fait mal, arrête de braire mon prénom ça n'arrangera rien. J'vais crever.
J'vais clamser et c'est ce que je voulais.
Et tu te réveilleras seul. Et mon visage pâle au ton cadavérique intensifié par mes mèches ternes hirsutes sera la dernière image que tu garderas de moi. Moi, celui qui t'a offert un monde utopique, jusqu'à ce qu'il se métamorphose en une sorte de dystopie. Tu crieras parce que t'auras mal, tu voudras pas y croire, tu me maudiras autant que tu m'aimes, mais faudra que t'ouvres les yeux, et seulement après, tu te rendras compte que c'est mieux ainsi.
Oui, voilà, c'est mieux comme ça.
Alors maintenant, arrête de pleurer, arrête d'hurler contre moi, et laisse-nous partir.
Puis pourquoi t'es encore là ? Pourquoi tu m'lâches pas ? Pourquoi tu continues d'essayer d'me sauver ? Tu vois pas qu'j'vais claquer ?
J'hallucine. Je deviens fou. Non, je l'étais déjà. C'est que dans ma tête. T'es pas là.
T'es pas là.
Faut que j'ouvre les yeux. Faut que j'y arrive, faut que j'vois les étoiles une dernière fois. C'est le seul élément physique qui m'raccroche à toi, à lui, à nous. Mais j'peux pas. C'est beaucoup trop dur. Les aiguilles du temps tournent bien trop lentement, j'attends le dernier tac, celui qui fera exploser mon cœur une ultime fois.
Tic-Tac...
Faut que je les ouvre. Faut que je respire.
Tic-Tac...
J'fais que cracher mes poumons, comme s'ils allaient se décoller.
Si j'ouvre les yeux, seras-tu là, Sicheng ? Seras-tu à mes côtés ? Peu importe la manière, réelle ou irréelle. J'me souviens de la première brûlure, j'me souviens avoir essayé de reprendre mon souffle, j'me souviens avoir essayé de sortir la tête de l'eau, j'y avais mis toutes mes forces, et j'me suis noyé.
Je tremble. Il me reste probablement que quelques minutes pour trembler. J'arrive plus à éviter le chaos dans ma tête.
Un.
J'veux que tu sois là, avec moi. J'peux pas mourir seul. J'ai froid, j'ai peur, j'ai mal. M'laisse pas seul. Tout mon corps s'effondre. J'peux sentir mes larmes couler, comme si mes joues étaient déjà pas assez trempées. Parce qu'après tout, moi aussi j'suis humain, j'ai vu la tristesse, j'ai vu le côté sombre d'la vie, mon esprit l'a pas supporté, il a pas été assez fort pour encaisser. J'ai été mis en pièces, dilacéré par ma propre amertume.
Deux.
M'laisse pas partir. J'veux que tu me sers dans tes bras. J'veux que tu me caresses les cheveux comme tu faisais avant. J'ai besoin de le ressentir une dernière fois. J'ai besoin que tu sois le contrôle que j'ai pas.
J't'en supplie. J'ai cru voir une lumière de survie, mais ce n'était qu'onirique. Étendu sur cette herbe verte, j'ai vu la mort asphyxier mes pensées rhapsodiques.
Trois.
Ouvre les yeux.
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