I'ᴠᴇ sᴇᴇɴ ᴛʜᴇ ᴅᴇᴠɪʟ﹐ I'ᴠᴇ sʜᴀᴋᴇɴ ʜɪs ʜᴀɴᴅ

On s'aimait à s'en altérer, on se détruisait mutuellement. Pourtant, on ne pouvait pas se résoudre à respirer l'un sans l'autre. Incapables de vivre sans se briser, incapables de vivre sans s'aimer.

J'sais pas ce qu'il m'a trouvé, mais moi, j'ai vu quelque chose en lui, comme une étincelle, une sorte de fragment d'espoir peut-être. Y avait son sourire éclatant, son humour un peu con, ses humeurs légèrement bancales, mais aussi, il était tellement beau rayonnant. Ça faisait parti de lui, ce côté assez chill, sans se prendre trop la tête, ce regard hypnotisant qui m'a clairement fait chavirer.

On a installé cette histoire, cette romance bien propre à nous, c'était notre aventure, notre pente glissante, mais j'sais pas, on devait être un peu trop téméraire pour oser l'escalader à la seule force de notre amour. On y a cru, et ça, c'était beau. Parce qu'on a su tenir bon, enfin, il a su tenir bon, j'ai pas fait grand-chose et c'était sans doute le problème. J'ai rien branlé, je nous ai regardé sombrer. Même pire, j'ai entretenu cette descente dans les abysses, j'l'ai moi-même créée. Et c'était lui qu'en payait le prix, il supportait le poids de mes fautes.

Y avait des nuits où je l'entendais pleurer, et j'savais bien que c'était à cause de moi, mais j'faisais rien, j'l'écoutais sangloter sans oser m'approcher. J'restais à l'extrémité du lit, pendant que son dos me faisait face, et j'attendais que le temps sèche ses larmes. Je pouvais attendre des heures ainsi, sans esquisser le moindre geste. De temps à autre, ma main se dirigeait lentement vers lui, pour s'arrêter à mi-chemin, parce que j'étais tout bonnement incapable de le toucher sans le brûler.

Je possédais cette forte sensation de ne plus être en capacité de l'effleurer sans le faire frémir, et ça, ça m'effrayait. Lui aussi, il avait peur. Et pourtant, j'savais qu'il m'aimait autant que moi je l'aimais, mais c'était plus fort que nous. On s'anéantissait mutuellement, sauf qu'on été tout bonnement incapable de vivre sans cet amour.

Y avait ces démons qui brûlaient en nous, ils nous consumaient. J'me rappelle cette manière qu'il avait de me dire que c'était comme un monstre dans ma tête qui me disait que j'en avais besoin, mais que j'étais plus fort que lui. J'ai essayé, Dieu que j'ai essayé de résister aux appels de cette créature démoniaque s'étant incrustée au fond de mon crâne. Et je comprends toujours pas comment il peut encore être là, à attendre que je revienne au véritable moi, mais ce moi qu'il cherche, j'crois bien qu'il est plus là, et qu'il sera plus jamais là. C'est comme une poursuite de l'impossible.

Malgré nos tempéraments si différents, sa douceur affolante, cette manière que j'ai eue de la plaquer contre le sol, il reste terriblement plus fort que moi, parce que lui, il est toujours là, et j'ai bien l'impression qu'il ne partira pas. Alors que, putain, faut qu'il se décide à me laisser partir. Parce que, Sicheng, si tu m'abandonnes pas, j'vais finir par t'anéantir, et ça, j'le supporterais pas.

Donc, s'il te plaît, j'te le demande une ultime fois, laisse-nous en finir.