24

Ce chapitre est consacré à Tae et à ses différents soucis et traumatismes, j'espère qu'il vous plaira, on retrouve kook la semaine pro !

Après avoir eu cours ce matin, je suis allé rendre visite, si on peut le dire comme ça, à madame Cha. Madame Cha est mon ancienne psychologue. Disons que ça fait depuis bien 10 ans que je ne suis pas retourné la voir. A cette époque là, mes parents et elle avaient conclus que ma thérapie était terminée et qu'il n'y avait donc plus aucunes raisons que l'on se revoit.

Je n'avais rien dit parce que je n'avais que 8 ans seulement.

Je n'ai jamais réellement raconté ma vie à madame Cha. J'étais petit alors elle me posais des questions, me faisait dessiner ma famille ou des endroits, elle me faisait jouer et elle analysait comment je percevais les choses pour en tirer la solution à mon problème.

J'avais 8 ans et la seule chose que je voulais, c'est qu'on me fiche la paix. Qu'on me laisse tranquille.

A l'école, il y avait des enfants qui n'avaient pas de papa ou de maman, d'autres qui avaient des membres de leurs familles malades, et je voyais bien que pour eux c'était dur. Parce que quand on est petit on comprend tout et on ressent tout, plus que ce que les adultes ne peuvent le croire.

J'ai ainsi été éduqué par la chance. Mes parents me disaient que j'avais de la chance car j'avais une chambre que pour moi, parce que j'avais mes deux parents amoureux, mes deux parents à la maison. Et tellement d'autres choses. Alors quand ils m'ont envoyés chez le psychologue, bien conscient que j'avais clairement un soucis, moi je me suis senti mal. Parce que j'avais de la chance. Ma vie était bien meilleure que d'autres enfants. Mais moi j'embarrassais mes parents avec mes problèmes idiots et ils étaient obligés de me payer un psy.

J'avais honte. Très honte. J'avais l'impression de ne pas les mériter, de ne pas mériter cette chance que j'avais.

Parce que j'avais de la chance et qu'on n'avait pas arrêter de me le répéter.

Mais quand on parle de chance, tout est relatif.

En grandissant je me suis juste rendu compte que je n'avais pas à me sentir si coupable. Qu'avoir de la chance ne voulais rien dire.

Que même si j'ai toujours eu une belle vie et des parents aimants, j'avais aussi le droit d'avoir des problèmes. Parce que c'est humain.

Mes yeux étaient plongés dans le vide, quand j'entendis une voix familière.

« Monsieur Kim ? »

Mes yeux se levèrent et rencontrèrent ceux de Madame Cha. Elle avait un peu vieillie et avait plus de rides, mais elle avait toujours ce beau visage et cette gentille voix joviale qui mettait en confiance.

J'ai toujours aimé madame Cha. Bon d'accord, c'est pas ce que j'ai dit la dernière fois.

Elle me fais signe de la main et je la suis jusqu'à son petit bureau. Depuis la dernière fois, tout a changé. Elle a changé de lieu et de cabinet, ce qui fait que j'ai un petit peu galéré à la retrouver.

Son bureau est petit et joli. Les murs sont peins en blanc, elle a des petits cadres de vieilles photos en noirs et blanc sur les murs, un citronnier dans le coin près de la grande fenêtre en baie vitrée, de beaux rideaux beiges et de beaux fauteuils de la même couleur.

Je m'installe sur un fauteuil, fasse au sien et elle sort un petit carnet.

« J'ai été surprise d'apprendre que vous reveniez me voir, Taehyung.

- je sais. Vous avez changé de cabinet, j'ai dû chercher.

- très bien. Qu'attendez vous de cette seance, Taehyung ?

- est ce que... vous avez toujours mon dossier ?

- probablement... dans mes archives.

- j'aimerais... j'aimerais qu'on le ressorte, j'aimerais revoir mes dessins, vos analyses, j'aimerais... recommencer ma thérapie.

- recommencer ?

- recommencer. Du début.»

Madame Cha ouvre légèrement la bouche puis se lève avant de s'éclipser quelques minutes.

Elle revient avec une pochette violette que je connais bien et la pose sur la table basse.

« Voilà votre dossier, Taehyung. A vous de commencer par ce que vous voulez »

Commencer.

Commencer par le commencement.

Pour pouvoir avancer.

Et ne plus se retourner.

Mes doigts s'échouent sur le papier. Rien n'est plus dur que de revoir ces dessins du petit Taehyung qui avait mal. J'ai l'impression qu'ils sont tellement forts que j'en ai les larmes aux yeux.

« je suis désolé... dis je en reniflant.

- prenez votre temps Taehyung.

- mais... je ne comprends pas...

- qu'est ce que vous ne comprenez pas Taehyung ?

- pourquoi ces dessins font si mal... et pourquoi... vous ne m'avez jamais aidé. Avec ça. Vous le voyiez, vous le voyiez que j'allais mal, qu'il y avais des raisons a mes problèmes... pourquoi avoir fait l'aveugle.

- parce que je ne savais pas comment vous aider Taehyung. Parce que vous ne parliez pas, vous ne faisiez que dessiner votre famille et ces grands gribouillages rouges et jaunes sur vos feuilles et je ne trouvais pas pourquoi. Et il était évident que vos parents ne pensaient pas que vous alliez mal. Ils ne croyaient pas en cette thérapie, voulaient que ça se finisse le plus vite possible.

- je sais... quel honte pour eux d'emmener leur fils chez la psychologue.

Madame Cha arrêta de parler pendant quelques secondes puis repris tranquillement :

- vous étiez petit, et j'avais beau essayer de vous avoir en entretien seul, vos parents ne voulaient pas. Et il etait évident que vous n'alliez rien me dire s'ils étaient à côté.

- oui. Mes parents n'ont jamais voulus de cette thérapie. Ils disaient que j'allais bien, que c'était une phase. Ils ont arrêtés la thérapie à cause de mes posts it, parce que j'arrêtais de les coller partout, alors ils se sont dit que j'allais mieux et que c'était fini. Mais j'écrivais juste dans mes carnets à la place.

- je n'en ai jamais douté, Taehyung. Vos parents ont arrêtés la thérapie pour eux et pas pour vous.

- ce sont de mauvaix parents alors ?

- non. Ils avaient peur.

- de quoi ?

- de savoir que vous alliez mal. Ils avaient peur que ce soit de leurs fautes, peur de découvrir qu'est ce qui vous avait rendu si mal.

- c'est ma maison.

- votre maison ?

- avant d'arriver à Séoul, j'habitais à Daegu. Je suis la bas. Je suis venu vous voir peut de temps après avoir déménagé.

- oh. Vos parents ne me l'avaient pas dit.

- non. A Daegu, j'étais très heureux. J'avais un ami qui habitait à côté de chez moi, et j'allais jouer chez lui parfois. On faisait de la balançoire. C'était mon meilleur ami, je pense, et alors un jour on a voulu faire quelque chose ensemble. On était petits , on avait pas trop de capacités et on ne pouvait pas faire grand chose, alors on a chacun pris notre doudou, on la ouvert et dedans on a glissé un cœur. J'ai glissé dans mon doudou son cœur et lui a mis dans le sien mon cœur. On était très content. Ma maman a recousu mon doudou, pensant qu'il s'était abîmé et on a pu avoir un doudou d'amitié.

- c'est très beau.

- oui.

Madame Cha me passe un verre d'eau et je bois quelques gorgées.

- j'avais un chien aussi. Il s'appelait Ramen parce que c'était mon plat préféré. Je l'aimais beaucoup.

- je ne savais pas non plus mais je suppose que c'est ça la tâche noir que vous mettiez sans cesse en haut de votre dessin ?

Elle me pointe du doigt la tâche de couleur noir dans les nuages, que possède chacun de mes dessins.

- c'est exact.

Elle me sourit.

- la suite n'est pas facile à raconter...

- prenez votre temps Taehyung. Rien ne presse.

- mais je veux le faire, je peux le faire. Je ne l'ai jamais raconté à personne mais je m'en sens capable.

- prenez votre temps je vous écoute.

- une nuit, mes parents m'ont réveillés très vite, j'étais surpris, ils m'ont portés et m'ont fait sortir de la maison. Je ne comprenais pas pourquoi et j'avais très peur. Quand ils m'ont enfin déposé dehors sur la route, je me suis retournée et ce que j'ai vu c'était juste... des flammes. Je ne voyais que ça. Elles étaient énormes. Prenaient toute la maison, il faisait chaud, très chaud et... j'étais mal, tellement mal. Et j'avais tellement peur de ce qu'il se passait que je ne comprenais pas. Ma maison brûlait. Ma maison a emporté mon doudou, ce jour . Ma maison a emporté mon chien que mes parents n'ont pas sauvés. Ma maison a tué les deux choses que j'aimais le plus au monde, moi le petit Taehyung de 7 ans, et je me sentais tellement inutile. 

Il y eu un silence.

- après ça j'ai fais des cauchemards. Des tonnes. Il y avait du feu, de partout, je me réveillais en sueur. Mes parents n'ont jamais été au courant. Je ne voulais pas les embêter avec ça alors qu'ils cherchaient en vitesse une nouvelle maison. C'est comme ça que je suis arrivé à Séoul. Et puis je n'ai jamais revu mon ami de la maison d'à côté.

- je vois. Je comprends. Je ne peux pas tout analyser, Taehyung, mais je pense que l'incendie de votre maison est un traumatisme. Ce n'est pas quelque chose à négliger. Vos parents n'ont pas du penser que ça vous touchait mais contrairement à ce que l'on peut penser, les enfants peuvent aussi mal vivre les choses, aller mal et parfois les parents ont du mal à le concevoir.

- hmm.

- la séance va devoir se terminer,  Taehyung, mais je vous remercie de m'avoir raconté cela. Je réouvre votre dossier ne vous en faites pas .

J'acquiesce d'un signe de tête, puis demande :

- madame Cha ?

- oui Taehyung ?

- alors pourquoi ? Pourquoi j'ai fais ces trucs bizzare avec les posts it... pourquoi j'ai sans cesse besoin de faire des listes et ces trucs bizzares... et pourquoi ça m'arrive d'avoir des...obsessions ?

- Un traumatisme s'exprime très souvent par un trouble de stress post-traumatique, pour votre part , d'un trouble anxieux généralisé. Vous avez de l'anxiété et vos listes peuvent s'expliquer par le besoin de tout prévoir, puisque ce jour , rien n'était prévu. Et je... vous avez des problèmes d'obssession ? Vous ne m'en avez jamais parlé, et vos parents non plus d'ailleurs.

- ils ne le savaient pas et ils ne le savent pas.

- quel type d'obssession avez vous ?

- pour les listes mais heu... aussi pour les personnes. Pour une personne en particulier et je... il la découvert et je crois qu'il m'en veut, jamais il ne reviendra vers moi, mais j'ai tellement besoin de lui moi ! Je m'effondre, en larmes.

- Taehyung, madame Cha se lève avant de venir frotter mon dos. Vous êtes un garçon formidable, et nous devons tous nous accepter comme nous sommes. Je suis sûr que cette personne reviendra vers vous. Il lui faut juste du temps. De plus, je pense que vous avez en effet pleins de choses dont vous avez besoin de parler, et que vous ne devriez pas garder avec vous mais... prenez votre temps.

- merci madame Cha.

- il n'y a pas de problèmes Taehyung,  c'est tout à fait normal. Je suis .

- oui, merci madame Cha.

- à bientôt Taehyung. »

Madame Cha me raccompagne jusqu'à à sa porte, puis je rentre chez moi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top