༄ Chapitre 47

Un long silence tomba sur l'assemblée.

Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Quand est-ce que quelque chose comme ça avait été décidé ? Et quand est-ce que quelqu'un avait songé que cela puisse être une bonne idée ? Lentement, mes yeux dévièrent jusqu'à trouver la fauteuse de troubles, placée près d'un des conseillés, que j'imaginais était son père, et qui me toisait d'un regard vicieux alors qu'un sourire sournois étirait ses lèvres. Cette garce avait bien réussi son coup. C'était réellement une vipère qui attendait toujours le meilleur moment pour frapper et inoculer son poison de manière à être certaine qu'il fasse mouche. Elle savait parfaitement que la majorité du conseil marcherait dans son sens et elle qui voulait me voir disparaître, elle avait la solution parfaite, tout en sachant que je ne faisais pas le poids contre elle.

Même si nous venions à nous battre à mains nues, elle aurait certainement l'avantage sur moi juste de par le fait qu'elle contrôlait parfaitement son corps contrairement à moi qui avais encore du mal à réaliser la véritable force que je possédais et surtout une peine pitoyable à contrôler mes pouvoirs. J'étais la grande perdante de cette histoire. Non, faux, Kori avait aussi gros à perdre si je perdais ce combat. Chose qui allait très certainement se produire, il faudrait un miracle pour que je parvienne à la vaincre.

— Et qu'est-ce que le gagnant en tirera ? finis-je pas demander.

— Le trône tout simplement, me dit Emäris. Si tu gagnes, Kori deviendra la reine de l'Atlantide, mais si tu échoues...

— Dagon conservera sa place de souverain et Kori sera emprisonnée pour le restant de ses jours comme la traitresse qu'elle est, termina la rouquine de malheur d'un ton qui m'horripila. C'est on ne peut plus simple.

Effectivement, c'était on ne peut plus simple comme issue. Surtout pour celle qui se savait déjà vainqueur à la toute fin.

— Je refuse ! tonna soudainement Dagon.

— Tu n'as pas ton mot à dire, Dagon, trancha Kori d'une voix si froide que j'en eus la chair de poule.

La suite me confirma que nous n'avions effectivement pas le choix. Alors qu'il s'apprêtait encore à donner de la voix comme il savait si bien le faire, le prince se ravisa face au regard indescriptible que lui envoya son aînée.

— Et si, moi, je refuse ? intervins-je à mon tour même si j'avais conscience que cela était vain.

— Alors ce sera considérer comme une défaite tout simplement, répondit Emäris.

Il n'y avait donc aucun moyen de refuser, avec ce peuple, la demi-mesure n'existait pas après tout. C'était tout ou rien comme on disait. Et j'avais beau me creuser les méninges, je ne trouvais aucune solution viable qui puisse nous tirer de cette situation, enfin quoi que...

— Vous vous rendez bien compte que cette situation est complètement à mon désavantage, pas vrai ?

— Évidemment, cela ne va pas se faire demain, je suis bonne joueuse, alors que je donne un mois pour t'améliorer.

À chaque mot qui sortait de son infâme bouche, ma haine envers cette salope ne cessait de grandir. Elle avait vraiment pensé à tout, elle était la caricature même de la méchante dans les films, calculatrice et avide de pouvoir. Je crois qu'à cet instant précis j'aurais aimé être dans un film, parce que généralement dans les œuvres de fiction les gentils gagnaient toujours à la fin.

— Qui veut se charger d'elle pendant ce mois ? demanda-t-elle à l'attention de l'assemblée.

La plupart des conseillers, dans leurs beaux vêtements, firent mine de ne pas avoir entendu ou de ne pas voir Veerky les regarder. Évidemment que personne n'allait se porter volontaire pour m'aider, puisqu'ils ne voulaient pas que Kori reprennent le pouvoir, ils allaient tous se ranger du côté de ma future adversaire. Mais pour mon plus grand soulagement, le dernier de la famille royale leva la main depuis sa position.

— Je le ferai, annonça-t-il sans lâcher la garce des yeux.

Visiblement, Veerky n'avait pas prévu cela dans son plan, mais elle eut un petit sourire crispé et fit mine d'être détendue alors qu'elle ne l'était absolument pas, ce n'était pas difficile de deviner qu'une colère sourde devait brûler en elle.

— Très bien, alors le prince se chargera de sa formation ! Et avant que tout le monde ne soit d'accord, je demande à ce que Dagon soit placé en cellule.

— Pourquoi ?! m'exclamai-je en même temps que Kori.

Nous nous lançâmes un regard avant de revenir à l'Atlante responsable de toute cette maudite histoire.

— Cela évitera une fuite de sa part, mais surtout une intervention dans le but d'empêcher que tout ceci n'arrive, expliqua-t-elle comme si cela coulait de source. Il serait fâcheux que ses sentiments pour cette étrangère viennent interférer avec une décision que nous avons tous voté et accepté. Surtout qu'il a déjà exprimé son refus quelques instants auparavant.

— Allons, c'est complètement stup... !

— Très bien, concéda la reine à ma grande surprise, il sera placé en cellule en attendant.

Mais t'es du côté de qui à la fin ?!

Voilà ce que j'avais envie de lui hurler. J'allais forcément perdre alors... alors quoi ?! Son comportement n'avait aucun sens ! Du moins, c'était ce que je pensai, jusqu'à ce que je remarque la lueur dans son regard. C'était le genre de chose qu'on ne pouvait voir que dans les yeux d'une mère. Elle connaissait son fils, elle savait qu'il ferait forcément quelque chose qui nous porterait préjudice, qui lui porterait préjudice à lui. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, j'aurais fait la même chose si un de mes fils s'était retrouvé dans une situation comme celle-là.

— Emmenez-le, ordonna-t-elle sans poser les yeux sur lui.

Moi je ne pus m'en empêcher. Je voyais tous ses muscles bander, signe qu'il se forçait au calme pour ne pas réduire en bouillie les malheureux qui ne faisaient qu'obéir aux ordres qu'on leur avait donnés. Mes yeux restèrent braqués sur lui jusqu'à ce que les lourdes portes ne se referment derrière eux.

***

Cette mascarade venait de prendre fin, chacun avait quitté son siège pour s'en aller. J'étais restée plantée droite comme un « i » alors qu'ils me dépassaient, me gratifiant au passage de regard méprisant ou dégoûter. Et bien sûr, Veerky ne manqua pas de m'adresser un sourire empoissonné lorsque ce fut à son tour de passer à côté de moi. Dans la pièce, il ne resta alors que Kori, Emäris, Aurios et moi-même, un silence de mort régnait. Qu'aurions-nous pu dire de toute façon ? Non, il y avait bien quelque chose que je pouvais dire et en y pensant, un rire amer me glissa entre les lèvres.

— Est-ce que je ne t'avais pas prévenue, Kori ?

— Aesma...

— Non ! Je t'avais dit que ça se passerait forcément mal et tu... Ah ! Aurios, lâche-moi !

Il m'avait empoignée par le bras pour me forcer à marcher derrière lui, m'attirant loin de cette maudite pièce. Et j'avais beau essayer de m'extirper de sa prise, sa force était supérieure à la mienne, je ne pouvais, au mieux, que le ralentir un peu.

— Mais tu vas me lâcher, oui ?!

— Ferme-la, Aesma ! exigea-t-il d'un ton qui n'attendait aucune réponse de ma part. Tu crois que tu as le temps de faire des caprices d'enfant gâtée alors que tu n'as qu'un mois devant toi ?! Tu penses qu'un mois sera suffisant pour que tu puisses te permettre de gâcher la moindre miette de temps ?!

J'aurais voulu lui dire d'aller se faire foutre, mais ça aurait été immature de ma part, parce qu'il avait raison. Je manquais cruellement de temps et crier sur Kori ne changerait de toute façon rien à la situation. Voyant que je n'avais pas l'intention de provoquer une dispute entre nous, il se remit à marcher, m'entraînant dans une multitude de couloirs tous décorés de manière riche, entre marbres, or et pierres précieuses, cela jusqu'à une grande pièce. Celle-ci tranchait complètement avec le couloir jute avant, oui, le marbre était également présent, mais aucune décoration luxueuse. Non, ce qui décorait les murs ici, c'était principalement des armes, même si je remarquais bien vite qu'aucune d'elles ne possédait une lame de cobalt. Il y avait de tout accroché sur ces murs, des épées, des lames doubles, des lances, des poignards, des armes en demi-cercle, dont j'ignorai le nom, des dagues et plein d'autres que je ne pouvais nommés, car inconnue à mon registre. Une véritable armurerie. Je levais alors les yeux pour découvrir un plafond transparent, c'était bien là une des seules choses que cette pièce avait en commun avec les autres en dehors des chambres.

— C'est une salle d'entraînement ?

— Comme tu peux le voir.

Il referma les portes derrière nous, puis alla prendre place au centre de la salle en me regardant droit dans les yeux.

— C'est ici que tu vas passer ton temps pour le mois à venir, me dit-il en retirant son haut pour dévoiler un torse bien dessiné.

— Tu ne portes pas les tatouages de la famille royale...

— Pas envie.

C'était un détail que j'avais remarqué lors de notre première rencontre, c'était définitivement le portrait craché de sa mère. Je le regardai sans bouger, ne sachant pas à quoi m'attendre. J'avais déjà eu une expérience similaire avec Azura, mais justement, j'avais appris à connaitre Azura, lui, je ne le connaissais pas. Je n'avais aucune idée du genre de combattant qu'il pouvait être. Il me fit soudainement signe d'approcher d'un mouvement de la main, ce que je fis sans trop me poser de questions, je savais que je pouvais avoir confiance en lui. Lorsque je fus à sa hauteur, il s'abaissa et s'empara du tissu de ma robe pour brusquement le déchirer, je ne pus m'empêcher de tressaillir à ce geste surprenant. Il morcela le tissu jusqu'à ce que celui-ci m'arrive à mi-cuisse et envoya valser les tombées un peu plus loin.

— Tu peux pas te battre avec tout ça.

— Pourquoi tu prends ça tellement à cœur ?

— Je te l'ai déjà dit, je déteste cette fille, c'est un poison et je refuse qu'elle gagne. Et puis, je n'ai pas envie de te voir mourir et que ma sœur soit enfermée à vie malgré que je ne la connaisse pas vraiment.

Il était tellement humain que je me demandais si c'était vraiment un Atlante par moment. Parce que j'avais beau adorer Emäris, je ne pouvais nier qu'elle avait tout de même ce côté froid et agressif par moment, elle me l'avait prouvé lors de notre première rencontre lorsqu'elle avait froidement tué un de garde que j'avais poussé dans son bassin.

— Assez bavasser, fit-il en levant les poings au niveau de son visage, tu sais te battre de ce que j'ai compris.

— Vaguement, avouai-je en me mettant moi aussi en position, j'ai seulement les bases.

— Parfait, alors je te demande pardon d'avance dans ce cas.

Ça annonçait la couleur pour la suite. J'avais le pressentiment que les entraînements avec Azura seraient bientôt une partie de plaisir à côté de ce que me réservait Aurios.

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